Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

je ne serai que damné. Cela est injuste, car je le suis un peu dans ce monde

 Damned ! Volti ...!

Damné :

http://www.deezer.com/music/track/3117963

damné1183.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A madame Marie-Elisabeth de FONTAINE
A Paris.

18 juin [1755]

Vraiment, ma chère nièce, vos ouvrages1 me consoleront bien des miens; nous les attendons avec impatience par M. Tronchin2. Plût à Dieu que vous eussiez pu les apporter vous-même ! Vous ornez notre solitude, en attendant que vous nous y rendiez heureux . Nous avons béni Dieu, et fait notre compliment au digne bénéficier 3. L’Église est sa vraie mère 4; elle lui donne plus qu'il n'a de patrimoine mais je ne serai point content qu'il ne soit évêque. Pour moi, je vois bien que
je ne serai que damné. Cela est injuste, car je le suis un peu dans ce monde. Quelle étrange idée a passé dans la tête de notre ami 5! Je suis bien loin du dessein qu'il m'attribue mais je voudrais vous envoyer la véritable copie6. Il est vrai qu'il n'y a pas tant de draperie que dans vos portraits mais aussi ce ne sont pas les figures de l'Arétin. Darget ne devrait pas avoir cet ouvrage. Il n'en est possesseur que par une infidélité atroce. Les exemplaires qui courent ne viennent que de lui. On en a offert un pour mille écus à M. de La Vallière, et c'est M. le duc de La Vallière lui-même qui me l'a mandé.
Tout cela est fort triste mais ce qui l'est bien davantage, c'est ce que vous me dites de votre santé7. Il est bien rare que le lait convienne à des tempéraments un peu desséchés comme les nôtres. Il arrive que nos estomacs font de mauvais fromages qui restent dans notre pauvre corps, et qui y sont un poids insupportable. Cela porte à la tête, les maudites fonctions animales vont mal, et on est dans un état déplorable. Je connais tous les maux, je les ai éprouvés, je les éprouve tous les jours, et je sens tous les vôtres. Dieu vous préserve de joindre les tourments de l'esprit à ceux du corps ! Si vous voyez notre ami, je vous supplie de le bien relancer sur la belle idée qu'il a eue ; c'est précisément le contraire qui m'occupe.
Je cherche à désarmer les mains qui veulent me couper la gorge, et je n'ai nulle envie de me la couper moi-même. Darget m'écrit8, à la vérité, que son exemplaire ne paraîtra pas; mais peut-il empêcher que les copies qu'il a données ne se multiplient ? Adieu je tâcherai de ne pas mourir de douleur, malgré la belle occasion qui s'en présente. Je vous embrasse, vous et votre fils 9, de tout mon cœur. »






 

1 Douée pour le dessin, cette nièce de V* lui offrit des pastels pour « ses petites Délices » . En ce temps-là, elle se partageait entre son domaine de Hornoy, et l'hôtel d'Herbouville à Paris . Voir lettre du 23 février : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/11/25/je-suis-de-toutes-les-nations.html

2 Jean-Robert Tronchin, banquier à Lyon qui s'occupait des affaires de V*, et que V* chargeait de nombreuses commissions .

3 L'abbé Mignot : Alexandre-Jean des Aunais reçu les ordres mineurs et obtint les bénéfices de l'abbaye de Scellières (près de Troyes).

4 Alexandre Mignot était avocat et conseiller clerc au Grand Conseil depuis 1750 .

5 Le marquis Claris de Florian, amant de Marie-Elisabeth de Fontaine depuis 1753, oncle du chevalier de Florian (que V* nommera Florianet, futur « neveu par ricochet », le futur fabuliste), qui était alors au berceau. Le marquis de Florian, appelé par Voltaire « grand écuyer de Cyrus » (V* lui avait montré son projet de char de guerre), dans plusieurs lettres, épousa Mme de Fontaine en 1762 après son veuvage de 1756 ; « vivez heureux neveu et nièce » leur dira V* .

6 De La Pucelle .

7 Elle tombera assez gravement malade aux Délices en 1756, et sera soignée par François Tronchin .

9 Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy, deuxième fils de Mme de Fontaine, l'ainé étant mort . V* le nommera « mon gros petit neveu » et le reçut adolescent aux Délices .

 

Lire la suite

11/02/2012 | Lien permanent

C'est une affaire que nous n'abandonnerons jamais

... Oui monsieur Sven Mary, avocat de Salah Abdeslam . Au fait qui vous paye, mon très cher avocat vedette ?

 Résultat de recherche d'images pour "nous n'abandonnerons jamais"

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Il faut apprendre à mes anges gardiens que la feuille de Fréron qu'on a traitée de bagatelle a eu les suites les plus désagréables . Un gentillâtre bourguignon voulait l'épouser (cette Corneille)1 ; il a vu la feuille ; il a vu que Mlle Corneille était fille d'un paysan qui subsistait d'un emploi de 50 livres par mois à la poste à deux sous . Il n' a jamais lu Le Cid ; il a cru qu'on le trompait quand on lui disait que Mlle Corneille avait deux cents ans de noblesse ; le mariage a été rompu . Il est bien étrange qu'on souffre de telles personnalités uniquement parce qu'on croit que j'y suis compromis . Nous demandons à M.2 de Malesherbes qu'il exige au moins une rétractation formelle du coquin, qu'il dise qu'il demande pardon au public d'avoir outragé un 3 nom respectable en disant que Mlle Corneille avait quitté le couvent pour aller recevoir une nouvelle éducation du sieur L’Écluse acteur de l'Opéra-Comique, qu'il avoue qu'il a été grossièrement trompé 4 et qu'il se repent d'avoir donné ce scandale .

M. de Malesherbes qui paye le Journal des savants du produit des feuilles de Fréron ne peut refuser cette justice . S'il la refusait il serait aussi coupable que Fréron . Nous supplions très instamment M. d'Argental de vouloir bien en parler à M. de Malesherbes . C'est une affaire que nous n'abandonnerons jamais, et M. de Malesherbes ne doit point pousser à bout cinq ou six personnes intéressées à demander une réparation si légitime 5.

Mon cher ange prenez le sort de Mlle Corneille à cœur, nous vous en conjurons . Je jure bien de ne jamais travailler pour le théâtre si on profane ainsi le nom de notre père .

Voici un mémoire bien bas,6 mais c'est aussi du plus bas des hommes dont il s'agit . Je le tiens de Thieriot . Cela paraît avoir un air de grande vérité . Est-il possible qu'on protège un pareil misérable ? Si M. de Malesherbes savait le tort qu'il se fait en autorisant Fréron, il cesserait de partager ses turpitudes . Il s'en repentira plus qu’il ne pense .

Ayez la bonté de m'apprendre ce que c'est que la déconvenue de cet abbé Coyer . Je m'y intéresse infiniment, c'est un de nos frères .

La littérature est trop déshonorée et trop persécutée à Paris, et mon aversion pour cette ville est égale à mon idolâtrie pour mes anges .

Je les supplie de me répondre sur Oreste, sur la pièce d'Urtaut 7, sur M. de Malesherbes . De la paix, je ne m'en soucie guère, je sais bien qu'elle ne se fera pas .

A Ferney 3 avril 1761 .8 »

1 Cette Corneille est ajouté par V* au dessus de la ligne .

2 V* avait d'abord écrit Mlle .

3 le remplacé par un sur le manuscrit .

4 Suivi de par, rayé sur le manuscrit .

5 Ce paragraphe, omis sur la copie Beaumarchais, manque dans les éditions . Il en est de même, deux paragraphes plus loin pour la phrase Il s'en repentira plus qu'il ne pense .

6 Une note de Condorcet sur le manuscrit précise : Anecdotes sur Fréron . Mais on ne connait pas d'édition en 1761 de cette œuvre, bien que cette annonce soit vraisemblable ; voir lettre du 20 août 1760 à Thiériot : « On peut tirer parti de l'histoire d'Elie Catherine né à Quimper-Corentin . »

7 Le Droit du seigneur .

8 Date complétée par d'Argental .

Lire la suite

22/03/2016 | Lien permanent

Nos infâmes ennemis se déchirent les uns les autres ; c’est à nous à tirer sur ces bêtes féroces pendant qu’elles se mor

... Stratégie gagnante , surtout ne pas s'en priver .

Afficher l'image d'origine

Cet homme est un modèle de combattant, n'en déplaise aux mollassons qui ne voient pas plus loin que leurs urnes .

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

26 janvier [1762]

Mes chers frères, je vous remercie au nom de l’humanité du Manuel de l’Inquisition 1. C’est bien dommage que les philosophes ne soient encore ni assez nombreux, ni assez zélés, ni assez riches, pour aller détruire, par le fer et par la flamme, ces ennemis du genre humain, et la secte abominable qui a produit tant d’horreurs.

M. Picardin me mande qu’il est assez content du succès du Droit du Seigneur : on dit qu’on l’a gâté encore après la première représentation 2. Il faudrait avoir un peu plus de fermeté, et savoir résister à la première fougue des critiques, qui fait du bruit les premiers jours, et qui se tait à la longue.

On ne peut que corriger très mal quand on corrige sur-le-champ, et sans consulter l’esprit de l’auteur : cela même enhardit les censeurs ; ils critiquent ces corrections faites à la hâte, et la pièce n’en va pas mieux.

Je vais écrire aux frères Cramer, et j’enverrai, par la poste suivante les deux exemplaires qu’on demande concernant le Despotisme oriental 3. Ce livre très médiocre, n’est point fait pour notre heureux gouvernement occidental ; il prend très mal son temps, lorsque la nation bénit son roi et applaudit au ministère. Nous n’avons de monstres à étouffer que les jésuites et les convulsionnaires.

M. Picardin demande absolument la préface 4 du Droit du Seigneur : cela est de la dernière conséquence : il y a quelque chose d’essentiel à y changer. Je supplie donc qu’on me l’envoie par la première poste, et M. Picardin la renverra incontinent.

On n’a point reçu de lettre de frère Thieriot ; cela n’a pas trop bon air ; il devrait, ce me semble, montrer un peu plus de sensibilité.

J’embrasse tendrement tous les frères. S’ils ne dessillent pas les yeux de tous les honnêtes gens, ils en répondront devant Dieu. Jamais le temps de cultiver la vigne du Seigneur n’a été plus propice. Nos infâmes ennemis se déchirent les uns les autres ; c’est à nous à tirer sur ces bêtes féroces pendant qu’elles se mordent, et que nous pouvons les mirer à notre aise.

Soyez persévérants, mes chers frères, et priez Dieu pour moi, qui ne me porte pas trop bien.

Élevons nos cœurs à l’Éternel. Amen. »

1 Le Directorium inquisitorum, compilé au XIVè siècle par Nicolas Eymerico, grand inquisiteur d'Aragon, et publié pour la première fois en 1558 ; V* n'en connait que l'abrégé anonyme (de l'abbé Morellet ) paru sous le titre Le Manuel des inquisiteurs à l'usage des inquisitions d'Espagne et de Portugal, 1762 [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64819s ]; la lecture attentive de cet ouvrage laissera des traces, notamment dans Les Lettres d'Amabed : https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Lettres_d%E2%80%99Amabed/Texte_entier

2Le 28 janvier 1762 .

3 Ouvrage posthume de B.I.D.P.E.C. c'est à dire Nicolas-Antoine Boulanger , ingénieur des Ponts et Chaussées, Recherches sur l'origine du despotisme oriental, 1761 [https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Antoine_Boulanger

] ; Sur l'exemplaire lui ayant appartenu, V* , à l'épigraphe figurant en page de titre, Monstrum horrendum, informes ingens (Virgile, L'Énéïde, III, 657 ), ajoute ces mots :  « emblème de cet ouvrage, de ce bon Damilaville et de Diderot ».

4 Cette préface du Droit du seigneur ne nous est pas parvenue .

 

Lire la suite

18/01/2017 | Lien permanent

La vie est trop courte, et les affaires trop longues

... Bel Regrettable exemple : vingt-deux ans pour juger l'affaire de fichage racial d'Adecco : https://www.streetpress.com/sujet/1695805410-geant-interi...

France, ta justice fout le camp !

guide_discris.jpg

https://www.gouvernement.fr/un-guide-interministeriel-et-un-livret-pour-lutter-contre-les-discriminations

 

 

« Au Conseil suprême de Montbéliard

A Ferney 17è janvier 1768 1

Messieurs,

J'ai reçu la lettre que vous avez bien voulu m'écrire en date du 10 février . La vie est trop courte, et les affaires trop longues . J'ai l'honneur de vous envoyer un mémoire net et facile qui peut tout terminer en un moment . Si l'absence du fermier dont vous me parlez dure encore, vous n'avez qu'à lui envoyer à signer le modèle de la soumission qu'il doit faire . Il vous enverra cette soumission pure et simple, et vous aurez la bonté de me la faire tenir en droiture, ces papiers ne faisant pas un paquet considérable .

Il ne tient qu'à vous, messieurs, d'arranger sur votre mémoire ce que chaque fermier doit me payer dans le courant de cette année tant pour la somme de 51242 livres à moi due aujourd’hui, que pour les quartiers suivants dont le premier écherra le dernier de mars prochain . Cet arrangement n'exige aucun frais que ceux d'un port de lettre .

À l'égard du service que j'ai le bonheur de rendre à Mgr le duc de Virtemberg, voici en quoi il consiste, s'il peut réussir .

Un Genevois qui se retire du commerce consent de prêter à Son Altesse Sérénissime soixante et dix mille livres à cinq pour cent pour deux années , l'intérêt de ces deux années prélevé sur le capital prêté . Il ne demande que deux billets de 35 000 livres de la main de Son Altesse Sérénissime payables au porteur ; l'un au 1er mars 1769, l'autre au 1er mars 1770 . Supposé que cet argent soit reçu au 1er mars 1768, il veut que je me rende caution saisissable, et il ne veut d'autre caution en effets que des délégations acceptées par vos fermiers et régisseurs.

Ce n'est donc que sur ces délégations et soumissions des fermiers que cet argent sera prêté . Tout ce que je crains c'est que ces longueurs que l'on met dans toute cette affaire ne rebutent le Genevois . Vous jugez bien, messieurs, de quelle importance il est que vous finissiez . Jamais Mgr le duc de Virtemberg ne retrouvera un pareil emprunt à Genève . M. Jeanmaire doit être instruit qui si l'on s'adressait aux banquiers de cette ville, il en coûterait douze à quatorze pour cent par an .

Si Mgr le duc de Virtemberg daigne entrer dans ces petits détails, je vous supplie de lui envoyer copie de ma lettre .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois,

messieurs,

votre humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

N. B. – Il faudra que Son Altesse Sérénissime ait la bonté de faire les deux billets en ces termes : Je paierai au mois de mars 1769 à l'ordre de M. Jacquelot trente-cinq mille livres de France valeur reçue comptant .

Plus, un autre billet, conçu de même pour le mois de mars 1770 . Vous pourrez, messieurs, me confier ces deux billets . Je les renverrai, si par hasard l'affaire manquait . »

1 L'édition Rossel date à tort cette lettre du 18 .

Lire la suite

29/09/2023 | Lien permanent

Sa présomption le rangea dans la classe de ces hommes odieux nés pour le malheur de leur patrie qui, à quelque prix que

 ... C'est le sentiment que j'ai eu en apprenant l'existence de Patrick Elineau, qui, directeur de l'ANPAA (association nationale de prévention en alcoologie et addictologie), tout nourri par nos impôts et imbu de son titre, se permet de descendre en flammes la consommation et publicité de tout ce qui est alcoolisé, donc sa production . Comment ? tout simplement si je peux dire, en mettant en place une censure de la publicité dont le modèle est, ni plus ni moins, copié sur la censure à la chinoise . Voir l'article d'Etienne Gernelle dans le Point du 17 octobre 2013 .

Ce type d'individus qui n'ont que leurs menaces à offrir pour se faire mousser sont de bien tristes sires  .

 

 

« A Charles-Louis-Auguste Fouquet, duc de Belle-Isle

A vous seul

Aux Délices près de Genève 4 septembre 1758

Monseigneur,

Mon devoir de sujet, mon estime et mon attachement pour vous dont j'ai donné plus d'une preuve publique m'obligent de confier à vos lumières et à votre prudence l'avis suivant :

« Il y a dans Bruxelles à présent un aventurier qui se nomme Maubert 1 . Cet homme a été capucin à Paris . Il s'est enfui de son couvent il y a longtemps . Il a été en Saxe avant la guerre, il a été mis en prison pour ses intrigues . Échappé de sa prison il est venu à Lausanne où il a fait imprimer un mauvais livre intitulé Le testament du cardinal Alberoni . Dans ce livre il déchire la France, il s'attaque à la personne sacrée du roi, et voici comme il parle de M. le maréchal de Belle-Isle, page 253 : Sa présomption le rangea dans la classe de ces hommes odieux nés pour le malheur de leur patrie qui, à quelque prix que ce soit, veulent être fameux etc . Ce misérable a été chassé de Lausanne ; et a passé en Angleterre depuis le commencement de la guerre présente . Il a écrit publiquement à Londres contre la France et il sert actuellement d'espion à la cour de Bruxelles, de la part des Anglais . On le croit chargé même de quelque négociation dangereuse . »

Je croirais, monseigneur, manquer à ce que je dois au roi et à vous si je ne vous communiquais pas cet avis qui peut être important .

Tout ce qu'on mande de cet homme est d'autant plus vraisemblable, que je viens de vérifier ce qu'on lui impute de la manière punissable dont il ose parler de votre personne .

Je sais que les injures personnelles ne vous touchent pas, mais l'intérêt de l’État vous touche, et vos soins infatigables en ont été la preuve dans un temps où il vous était permis de ne vous livrer qu'à la douleur 2.

Daignez recevoir ce témoignage de mon zèle avec autant de bonté, que je suis avec attachement et avec respect,

Monseigneur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi . »

1 Jean-Henri Maubert de Gouvest, auteur du Testament politique du cardinal Alberioni, et divers autres ouvrages . Sur les rai=sons de la haine de V* envers lui, voir lettre du 29 juillet 1755 à Clavel de Brenles : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/03/03/je-n-ai-jamais-rien-vu-de-plus-plat-et-de-plus-horrible-cela.html

Voir aussi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Henri_Maubert_de_Gouvest

2 Le fils unique de Belle-Isle, le comte de Gisors avait été tué à la bataille de Crefeld le 23 juin 1758 .

 

Lire la suite

17/10/2013 | Lien permanent

Tout est découvert, et constaté...

Avec Volti, il n'est pas difficile de trouver des lettres réclamant justice, -il a payé le prix de l'opposition-, mais mon petit challenge est d'en trouver qui se rapprochent de l'actualité avec des dates concordantes. M. K. finira-t-il KO ? ou OK ? Les paris sont ouverts . Je parie pour le blanchîment ( je devrais dire blanchissement, on a affaire à du linge sale et pourtant on peut dire qu'il est dans de beaux draps, oh joies de la langue française !) car il me semble avoir une bonne dose d'enzymes actifs sous la main, lui qui est un enzyme glouton.Tant pis dans ce cas, ou peut-être tant mieux dans le cas opposé, pour la morale. "Asinus asinum fricat" = l'âne frotte l'âne, "qui se ressemble s'assemble", donc les membres du gouvernement qui n'ont pas une âme sainte et qui n'ont pas la pureté du cristal, vont immanquablement apporter leur soutien au chouchou . Il est très mal vu de tirer sur les médecins en France. Je vais être, -encore, allez vous dire,- d'une mauvaise foi remarquable et d'un cynisme à toute épreuve ["tueur à sang froid" ma gentille Babeth !! ] : était-ce Dr Kouchner ou Mister K. qui fréquentait l'abbé Pierre en héritant au passage d'une aura de bienfaiteur, bon point pour franchir des portes de pouvoir et d'argent ? "Il est vrai qu’il est prêtre, il est vrai que je l’aime..." : Voltaire était sincère, M. K. aussi ?

 

 

 

 

« A Jacques-Abram-Elie-Daniel Clavel de Brenles

 

 clavel de brenles.jpg

         (secreto)

 

         Tout est découvert, et constaté, mon cher ami, aussi bien que le fameux vol de Genève [vol par Félix et Jean-Baptiste Pignatelli d’une grosse somme, ils sont arrêtés à Lyon et ramenés à Genève le 20 janvier 1759 ]. C’est un nommé Lervèche, ci-devant précepteur de M. Constant, qui écrivit le libelle [ Jean-Pierre Le Resche auteur d’une lettre non signée dans le Journal helvétique d’octobre 1758 ];il l’envoya aussi à Allamand pour le corriger, il l’envoya aussi à M. de Chavannes, à Vevey, et M. de Chavannes méprisa cette ordure [François de Chavannes, frère de Mme de Brenles, ministre à Vevey, que V*** avait cru être l’auteur du libelle ]. Mme de Brenles doit embrasser notre ami Polier et ne point juger contre lui . Il est vrai qu’il est prêtre, il est vrai que je l’aime, mais dans l’Europe il y a trois ou quatre prêtres honnêtes gens que j’aime de tout mon cœur .

        

         Ce n’est point lui qui m’a averti de tout ce tissu d’iniquités et de bassesses ; il a tout ignoré, et ses ennemis se sont cachés de lui. Les mêmes personnes très respectables qui m’ont donné avis de toutes ces horreurs m’ont averti aussi qu’on imprimait à Lausanne un livre scandaleux, intitulé La Guerre de M. de Voltaire [ La Guerre littéraire ou choix de quelques pièces de M. de V.*** ], dans lequel on renouvelle l’affaire de Saurin et celle de Servet, et cent autres horreurs . On [ le banneret de Berne : Freudenreich] en a été instruit à Berne et très indigné. On a écrit à M. le bailli de Lausanne ; il lui sera très aisé d’arrêter le cours de ces infamies qui peuvent troubler et déshonorer votre ville . Grasset est violemment soupçonné ; mais il y a  d’autres imprimeurs [ Arnay, ex-associé de Bousquet, libraire, soupçonné par V* et du Pan ]. Une visite chez eux, une défense de continuer, une saisie des exemplaires, ne sont pas chose difficile . Vous pourriez très aisément, mon cher ami, accélérer l’effet de la justice et les bontés de monsieur le bailli, en le pressant d’interposer son autorité, et d’agir vivement dans une affaire où il n’ya pas un instant à perdre ; je vous aurai une obligation qui égalerait la tendre amitié que j’ai pour vous . Je vous demande instamment de m’instruire de tout ce qui se sera passé et de n’en parler à personne .

 

         Je vous donne avis que Mme Denis ne sait rien de tout cela, et que je n’en ai écrit à âme qui vive à Lausanne excepté à M. de Tscharner [ Albrecht von Tscharner bailli de Lausanne ].

 

         Mille tendres respects à madame votre femme . Je vous embrasse tendrement .

 

         Voltaire

         Aux Délices, 7 février 1759. »

 

 

 

 

Pour connaître Jacques Abraham Elie Daniel Clavel de Brenles :

http://www.swisscastles.ch/vaud/chateau/ussieres.html

 

Amis bloggers, mille tendres respects à mesdames vos femmes

Amies bloggueuses, je vous embrasse tendrement.

 

Lire la suite

07/02/2009 | Lien permanent

les grâces et le bon goût sont bannis de France, et ont cédé la place à la métaphysique embrouillée, à la politique des

... L'histoire est un éternel recommencement, et les défauts français une constante ridicule . Comment peut-on être aussi bête au XXIè siècle qu'au XVIIIè ? Le progrès ne se serait-il donc limité qu'à nos moyens de locomotion , de télécommunication, de faire de l'esbrouffe ?

Pitoyable gouvernement aux mains de pitoyables fonctionnaires !

 http://www.contrepoints.org/2013/07/18/131119-pendant-que-la-maison-brule-letat-peint

pitoyable fonctionnaire.jpg

 Je vois aussi l'Etat feignant !

 

« A Marie-Anne Fiquet du BOCCAGE.

Aux Délices, 2 février 1759.



Qui les a faits, ces vers doux et coulants, 1
Qui comme vous ont le talent de plaire?
Pour moi, j'ai dit en voyant ces enfants :
A leurs attraits je reconnais leur mère.

Quoi! vous louez ma retraite, mes goûts,
Les agréments de mon séjour champêtre !
Vous prétendez que, même loin de vous,
Je suis heureux, et sage aussi peut-être.

Il est bien vrai que la félicité
Devrait loger sous l'humble toit du sage.
Je la cherchai dans mon doux ermitage;
Elle y passa; mais vous l'avez quitté.



Ou les vers en et en age que j'ai reçus de Paris sont de vous, madame, ou il y a quelqu'un qui vous ressemble et qui vous vaut bien. Pardonnez-moi si je vous ai soupçonnée sans hésiter. J'ai cru reconnaître votre écriture, et j'ai la vanité de croire que je ne me méprends pas à votre style; ce n'est point un jugement téméraire d'accuser les gens des actions qu'ils sont accoutumés de commettre.
Je ne trouve rien à dire contre ma retraite, sinon que vous habitez Paris. Je suis comme le renard 2 sans queue qui voulait ôter la queue à ses camarades.
Je voudrais que les personnes à grands talents me justifiassent, moi qui ai pris le parti de me retirer parce que je n'en ai que de petits. Je vois qu'en général petits et grands ne trouvent guère que des jaloux et de très-mauvais juges. Il me paraît que les grâces et le bon goût sont bannis de France, et ont cédé la place à la métaphysique embrouillée, à la politique des cerveaux creux, à des discussions énormes sur les finances, sur le commerce, sur la population, qui ne mettront jamais dans l'État ni un écu ni un homme de plus. Le génie français est perdu ; il veut devenir anglais, hollandais, et allemand. Nous sommes des singes qui avons renoncé à nos jolies gambades, pour imiter mal les bœufs et les ours. La Tocane et La Goutte 3 de Chaulieu, qui ne contiennent que deux pages, valaient cent fois mieux que tous les volumes dont on nous accable. On croit être solide, on n'est que lourd et lourdement chimérique.
Est-il vrai, madame, que le parlement 4 fait brûler le livre de l'Esprit ? Passe encore pour des mandements d'évêque; mais de gros in-quarto scientifiques ! Sont-ce là des procès à juger dans la cour des pairs ?
M. de Cideville est-il à Paris ? Je lui ai écrit dans sa rue de Saint-Pierre ; peut-être n'y est-il plus. Voyez-vous souvent le grand abbé du Resnel ? Ces deux messieurs me paraissent à moitié sages ; ils passent six mois au moins hors de Paris. Pardon, madame ; non, ils ne sont point sages du tout, ni moi non plus ; ils vous quittent six mois, et moi pour toujours !
Daignez m'écrire, si vous voulez que je ne sois pas à plaindre. Pardonnez, madame, à un malingre, s'il n'a pas l'honneur de vous écrire de sa main ; son corps est faible, mais son cœur est rempli pour vous des sentiments les plus vifs d'estime et d'attachement. Il en dit autant à M. du Boccage. »

1 Il n'y en a pas de trace dans le Recueil des œuvres de Mme du Boccage, 1770 .

3Sur la première attaque de goutte que j'eus : http://www.verse.fr/show.php?table=poems&id=1756

4 De l'esprit avait paru à la fin juillet 1758 ; le 10 août 1758 le privilège avait été retiré ; en septembre, Helvétius avait envoyé un exemplaire du livre à V* (voir lettre du 23 septembre 1758 à de Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/03/mon-grand-plaisir-serait-de-n-avoir-affaire-de-ma-vie-ni-a-u.html

L'ouvrage fut dénoncé à la Sorbonne mais la condamnation officielle n'intervint que le 9 avril 1759 ; la nouvelle dont fait état V* est donc prématurée . L'arrêt du parlement est du 6 février, mais le réquisitoire d'Omer Joly de Fleury est du 29 janvier 1759.

 

DSC04046 happy birthday.png

 Bon  anniversaire Monsieur François-Marie de VOLTAIRE

PS- J'ai failli oublier le premier 320è  anniversaire (car il y en aura un deuxième  cette année,  qui pourtant n'est pas bissextile ) de naissance du grand homme afin de respecter sa décision d'avoir le 20 février 1694 pour date de mise au jour .

Lire la suite

20/02/2014 | Lien permanent

Il paraît qu'on s'est mis dans un labyrinthe dont aucun fil ne peut nous tirer, et qu'on n'en peut sortir que l'épée à l

... Et qui pourrait dire le contraire dans les multiples conflits où la France est impliquée ?

Les rets sont serrés , la lumière est au bout

 DSCF8838 fil d arachne.png

 

 

« A M. Jean-Robert TRONCHIN,

à Lyon

Lausanne, 3 janvier 1758.

Voici ce que le confident de madame la margrave m'écrit 1« On croit, comme vous, qu'il faut faire la paix. Le roi de Prusse le désire, à ce qu'il paraît. Je voulais vous dire les obstacles que j'envisage; mais les ordres de Son Altesse royale m'obligent à renvoyer mes idées à une autre poste. Je ne sais si elle vous écrira par celle-ci mais je peux vous assurer que vous n'êtes oublié ni dans les succès ni dans les triomphes. »

Cette année sera peut-être celle de nos malheurs, comme 1757 a été l'année des vicissitudes. Si la victoire de Lissa est aussi complète que le roi de Prusse le dit; s'il a vingt mille prisonniers comme il s'en vante, malgré l'improbabilité du nombre; s'il est secouru des Anglais, comme il y a grande apparence, voilà en Allemagne une balance établie, et les deux plats de la balance seront chargés de cadavres et vides d'argent. L'Allemagne sera divisée et affaiblie, et, en ce cas, la France sera plus heureuse que si elle avait agrandi la maison d'Autriche par des victoires funestes. Mais aussi, d'un autre côté, s'il arrive de nouvelles infortunes aux armées de France; si les Hanovriens, aidés des Prussiens, font en 1758 ce que les pandours firent en 1742 ,s'ils nous chassent, si nos armées et notre argent sont dissipés, si enfin la Prusse victorieuse se réunit un jour avec l'Autriche contre la France, et si les anciennes haines l'emportent sur les nouveaux traités, la France aurait alors autant à craindre qu'à se repentir, et ce ne serait qu'en ruinant ses finances qu'elle pourrait résister sur mer et sur terre.

Prenons à présent la chose d'une autre face. Il peut se faire que le maréchal de Richelieu batte l'armée de Hanovre, que les Russes et les Suédois fassent la guerre sérieusement, que les Autrichiens, alors plus libres dans leurs opérations, pressent le roi de Prusse malgré toutes ses victoires.

Encore un autre cas plus vraisemblable. Que tous les succès soient balancés, que le roi de Prusse désire sincèrement la paix, comme je le crois, la France ne peut-elle pas alors conclure cette paix avec bienséance ? Mais, dans tous les cas possibles, le roi de Prusse peut-il se détacher des Anglais, qui lui érigent une statue, et qui vont lui donner des subsides? La France peut-elle se détacher de la maison d'Autriche, pour n'avoir plus aucun allié ? Il paraît qu'on s'est mis dans un labyrinthe dont aucun fil ne peut nous tirer, et qu'on n'en peut sortir que l'épée à la main. En effet, que proposer? Et à qui faire des propositions? Sera- ce aux Hanovriens, après la rupture de leur capitulation ? au roi de Prusse, après avoir été si honteusement battus par lui ? aux Autrichiens, après des traités si récents ? Peut-on négocier séparément avec quelque puissance ? Et n'est-on pas réduit à attendre que tous les partis, également affaiblis et déchirés, désirent une paix nécessaire?

La postérité aura peine à croire qu'un marquis de Brandebourg se soit soutenu seul contre la France, l'Autriche, la moitié de l'empire, la Russie, la Suède; mais enfin ce miracle est arrivé, il subsiste, et tout ce que la France peut faire aujourd'hui, c'est de se soutenir contre Hanovre. Cette humiliation est étrange et unique; mais il la faut dévorer.

Je suis très-persuadé que si la personne respectable 2 que vous connaissez, et qui connaît si bien l'Europe, avait été à la tête des affaires, elles ne seraient pas dans ces tristes termes. Plût à Dieu qu'il fit servir son génie et les ressources de sa prudence à finir glorieusement un tel embarras ?

Son Éminence aura incessamment une lettre de la sœur; mais que peut faire le frère? Il désire la paix, oui; mais à condition qu'il gardera toute la Silésie, à condition qu'il restera uni avec Hanovre, dont il est garant. Encore une fois, je ne vois qu'un nuage épais, et je n'espère que dans les lumières de l'homme supérieur qui peut percer ce nuage.
Je vous ai confié mes doutes et mon ignorance; c'est tout ce que j'ai à vous présenter pour vos étrennes.

J'écris mon cher monsieur à M. Cathala pour les cerisiers de la vallée de Montmorency qui doivent être arrivés . Je crois que vos pêchers de chartreux le sont aussi . Que la tribu Tronchin se souvienne un jour de moi en mangeant de gros gobets 3 et de grosses mignonnes 4. Mes compliments à M. de Gauffecourt, mais surtout à M. Camp et à vos neveux .

Mme Denis et moi nous faisons mille vœux pour votre bonheur .

V.

En voici bien d'une autre ! A bon jour, bonne œuvre.
Le jour de l'an, une couturière, lingère, apprentie femme de chambre de ma nièce, déclare qu'elle est grosse d'un laquais, nommé André . La fille est nièce d'un pasteur de Nyon , son père est un chirurgien et un très honnête homme . C’est le second enfant que nous faisons dans la maison . L'année passée un autre laquais augmenta encore la ville de Nyon d'un petit Suisse . Nous peuplons le pays . Nous devrions être en bénédiction . Mais un oncle ministre, et le consistoire, et le scandale, tout cela choque mes mœurs douces . Dîtes-moi franchement pourrait-on recevoir la pauvrette à Lyon? Elle a l'honneur d'être huguenote, et mon laquais celui d'être papiste. Franchement, il faudrait que monsieur le cardinal la convertit; elle est jeune, jolie; ce serait une œuvre pie mais, en attendant, il faut qu'elle accouche. Y a-t-il quelque âme honnête qui pût se charger d'elle et mettre son enfant chez les orphelins de Lyon ? On l'enverrait à cette personne charitable quand son ventre sera un peu rond . Je voudrais en savoir autant que mon faquin de laquais . Cela n'est-il pas abominable que ces drôles-là aient un plaisir que je ne peux avoir ? En un mot si sans vous commettre vous pouvez faire qu'on ait quelque soin de cette malheureuse enfant, Dieu vous bénira et Mme Denis qui est fort embarrassée vous aura grande obligation . »

1 Cette lettre n'est pas connue .

2 Le cardinal de Tencin .

4 Gosses pêches très rouges , à chair blanche : http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%AAche_%28fruit%29

 

Lire la suite

06/03/2013 | Lien permanent

Je viens enfin de rassembler mes idées et de les dicter

... Signé -ou presque- Claude Lelièvre , historien de l'éducation:

https://www.cafepedagogique.net/2023/12/05/claude-lelievre-rappels-historiques-pour-situer-les-resultats-du-pisa-nouveau/

et : https://www.cafepedagogique.net/author/lilia/

Notre siècle des Lumières se résume à celles des écrans, têtes baissées, bornées, assistées au-dela du raisonnable .

92245662.jpg

http://pointamine.canalblog.com/archives/2013/12/12/28648527.html

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

7 Avril 1768 à Ferney

Mon cher ami, j’ai été bien malade ; je m’affaiblis tous les jours. Je n’ai pu encore répondre à votre confiance qui a pénétré mon cœur. Je viens enfin de rassembler mes idées et de les dicter. Plus j’ai relu la pièce 1, plus j’ai été confirmé dans ces 2 idées que je soumets entièrement aux vôtres. Je m’intéresse à votre gloire comme vous-même ; c’est ce tendre intérêt qui m’a rendu sévère . Vous pardonnerez au motif en réprouvant mes critiques. Vous êtes capable de m’en aimer davantage, quand je me serais trompé par amitié. Je vous embrasse tendrement. 

V.»

2 V* a d'abord écrit mes .

Lire la suite

05/12/2023 | Lien permanent

Je peins le genre humain, et vous le jugerez

... Autre manière de dire "ne pas être juge et partie", avec cependant un bémol, le jugement dépend de ce que le peintre veut bien mettre en lumière ; sachant qu'il est impossible de tout montrer , que vaut alors le jugement ?

 genre humain.jpg


 http://www.katherinerey.odexpo.com/galerie_d.asp?galerie=18527&ng=GENRE%20HUMAIN

 

 

« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

Aux Délices près de Genève 12 mai [1758]

Si vous voulez plaider , madame, restez ; si vous voulez vivre tranquille, venez 1. La nouvelle proposition que vous faites pour la maison 2 n'est pas praticable . Mais quand vous voudrez bien sérieusement choisir une retraite dans un pays où des Français, des Anglais, des Hollandais, des Allemands, des Russes viennent vivre heureux, vous n'avez qu'à m’avertir et vous serez servie .

Je suis beaucoup plus affligé que cet homme supérieur que vous voyez quelquefois, car je ne vois point les ressources . Il les voit et il les fait .

Pour vous, madame, tachez de croire qu'un mauvais accommodement pourvu qu’il soit sûr, vaut mieux pour vous qu'un mauvais procès et même qu'un bon . Pardonnez surtout à mon tendre attachement si je vous dis la vérité .

J'ai cru la dire au moins dans une esquisse d'Histoire générale que vous daignez lire, mais les libraires de Genève l'ont remplie de fautes sans compter les miennes . Je voudrais que vous ne l'eussiez point lue . Vous verriez dans une édition que je prépare des choses qui pourront fournir des réflexions à un esprit tel que le vôtre . Je peins le genre humain, et vous le jugerez .

Que ne puis-je aller jusqu'à 1758 et dire ce que je pense ? que ne puis-je plaire à l'homme universel, au grand homme dont vous me parlez qui n'aura pas selon les apparences le temps de me lire ?

Vous me parlez d'un gouverneur pour un jeune homme . Ce gouverneur gouverne à présent à Strasbourg à moins qu'il ne soit parti pour Vienne avec son pupille . Il sera toujours fort aisé de s'informer soit à Vienne soit à Strasbourg, si on est content de l'éducation qu'il a donnée à son pupille autrichien .

Je crois connaître votre Strouganof 3. Du moins un jeune Russe en of m'a fait l'honneur de dîner dans mon ermitage en allant à Paris d'où il devait aller à Vienne .

Me voici actuellement dans mes Délices avec cette nièce qui dormait à Francfort entre quatre soldats la bayonnette au bout du fusil avec un sieur Freitag à leur tête, à peu près comme dort à présent la reine de Pologne à Dresde . Nous oublions nos petits mésaises dans une jolie maison avec de la musique, des amis, des livres, des jardins agréables et un bon cuisinier . Cet état vaut mieux que celui que vous m'avez vu . Cependant, madame, il s'en faut de beaucoup que je sois content et vous devinez bien pourquoi . Votre procès ne va pas bien . Celui de l'homme respectable à qui je m'intéresse sans avoir eu l'honneur de l'approcher est mêlé d'incidents qui me déchirent le cœur . Je connais quelques-uns des avocats pour et contre, mais je crains de parler chicane . Adieu, madame, puisse le goût du repos saisir votre cœur et nous amener votre personne . Recevez les tendres respects de l'ermite .

V. »

1 La comtesse répondra le 23 juin : « Je suis en route pour vous aller voir, et votre lac, et Montriond et la liberté […]. je m'en vais d'ici demain ou après-demain à Turin où je passerai quelques jours, après quoi je me munirai de courage et de vinaigre pour passer aussi gaillardement qu'Annibal les vilaines Alpes à l'issue desquelles vous me ferez trouver les Délices . »

2 Montriond que V* avait occupée auparavant .

3 Alexandre Sergeevitch Strogonof qui devint plus tard président de l'Académie des beaux Arts de Saint Pétersbourg . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Sergue%C3%AFevitch_Stroganov

 

Lire la suite

17/08/2013 | Lien permanent

Page : 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219