Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

je regarde le traité comme des compliments du jour de l’an

... Ce qui est même flatteur concernant des traités et accords qu'on voit fleurir à propos de la guerre de Syrie, et qui comme toutes fleurs en hiver, sont flétris avant qu'on puisse en apprécier la couleur .

 Drôles d'étrennes cette année !

Afficher l'image d'origine

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

4 janvier 1762

Mes divins anges, songez donc que je ne peux pas faire copier toutes les semaines un Cassandre. Ne serait-il pas amusant que je vous renvoyasse l’ouvrage cartonné, que vous me le renvoyassiez apostillé, et que toutes les semaines vous vissiez les changements en bien ou en mal ? Rien ne serait plus aisé. Si vous pensez avoir la pièce telle qu’elle est, vous êtes loin de votre compte. Dépêchez-moi un exemplaire, et sitôt qu’il sera arrivé, vite des cartons, et mes raisons en marge ; et le lendemain le paquet repart, et la poste est toujours chargée de rimes. Cela est juste, puisque j’ai fait Cassandre en poste 1.

Madame de Fontaine n’aime pas Cassandre . Madame Denis l’aime beaucoup ; mademoiselle Corneille n’y comprend pas grand-chose : ce qui est sûr, c’est que cet ouvrage nous amusera.

Madame Denis m’a fait entendre qu’elle avait écrit à mes anges des choses que je désavoue formellement. Je ne suis pas si pressé d’imprimer. Il est vrai que je ne pourrai guère me dispenser de donner Cassandre dans quelques mois, parce qu’il y a une personne au bout du monde 2 qui a la rage d’avoir une dédicace, et qu’il est bon d’avoir des amis partout ; mais je ne me presserai point.

Crébillon 3 me fait lever les épaules ; c’est un vieux fou à qui il faut pardonner.

L’alliance, le pacte de famille 4, le plaisir de me voir tout d’un coup catalan, napolitain, sicilien, parmesan, m’a d’abord transporté ; mais si l’Espagne n’attaque pas les Anglais avec cinquante vaisseaux de ligne, je regarde le traité comme des compliments du jour de l’an. Je veux qu’on batte les Anglais et Luc, et qu’on ne siffle ni Zulime ni Cassandre.

Mes anges, je baise le bout des ailes.

V. »

1 C'est-à-dire à la hâte .

2 Le comte de Schouvalov ; voir fin de la lettre du 23 décembre 1761 à Schouvalov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/12/20/je-suis-persuade-que-vous-ne-voulez-pas-que-j-entre-dans-les-5889437.html

4 Voir lettre du 11 octobre 1761 à d'Argental, note précédente .

 

Lire la suite

03/01/2017 | Lien permanent

que la vérité soit connue ; la justice viendra ensuite.

... Il est des priorités qu'on ne peut abolir .

 Résultat de recherche d'images pour "la vérité et la justice humour"

Un beau trio .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

7 juillet 1762 aux Délices 1

Mes divins anges, nous ne demandons autre chose au conseil sinon que, sur le simple exposé des jugements contradictoires du parlement de Toulouse, et sur l’impossibilité physique qu’un vieillard faible, de soixante-huit ans, ait pendu un jeune homme de vingt huit ans, le plus robuste de la province, sans le secours de personne, on se fasse représenter la procédure.

A cet effet, un des fils de Calas, qui est chez moi, envoie sa requête à M. Mariette, avocat au conseil, lequel la rédigera ; et nous espérons qu’elle sera signée de la mère.

Nous craignons que le parti fanatique qui accable cette famille infortunée à Toulouse, et qui a eu le crédit de faire enfermer les deux filles dans un couvent, n’ait encore celui de faire enfermer la mère, pour lui fermer toutes les avenues au conseil du roi.

Mais le fils, qui est en sûreté, remplira l’Europe de ses cris, et soulèvera le ciel et la terre contre cette iniquité horrible.

Je répète qu’il est peu vraisemblable que la veuve Calas puisse tirer les pièces de l’antre du greffe de Toulouse, puisqu’il y a  des défenses sévères de les communiquer à personne.

Cette seule défense prouve assez que les juges sentent leur faute.

Si, par impossible, les juges ont eu des convictions que les accusés étaient coupables, s’ils n’ont puni que le père, et si, contre les lois, ils ont élargi les autres, en ce cas il est toujours très important de découvrir la vérité. Il y a d’un côté ou d’un autre le plus abominable fanatisme, et il faut le découvrir.

J’implore M. de Courteilles, uniquement pour que la vérité soit connue ; la justice viendra ensuite.

Tous les étrangers frémissent de cette aventure. Il est important pour l’honneur de la France que le jugement de Toulouse soit ou confirmé ou condamné.

Je présente mon respect à monsieur et à madame de Courteilles, à monsieur et madame d’Argental. Cette affaire est digne de toute leur bonté. 

V.»



1   Le même jour le duc de Villars écrit à V* : « Je viens d'écrire, monsieur, comme vous le souhaitiez à M. le comte de Saint-Florentin en faveur de Mme Calas . Je prie ce ministre de vouloir bien prendre connaissance des motifs de l'arrêt rendu contre son mari par le parlement de Toulouse […] et de lui accorder sa protection pour faciliter les moyens de justification qu'elle peut avoir ; […] je n'ai pas pu lui assurer que l'arrêt était injuste parce que je ne le crois pas . Les pièces que vous m'avez envoyées, et dont je vous remercie,ne me font point changer de sentiment . »

Coquerel donne en bas de page la note suivante : « Nous avons lu cette lettre de Villars au ministre en date du 7 juillet . Elle est aussi peu favorable que possible aux Calas . »

 

Lire la suite

26/05/2017 | Lien permanent

on ne reçoit point de moines sans savoir d'où ils viennent, et qui ils sont

... A en juger par l'image, ils sont à poil en attendant que la lessive sèche , autrement dit , ils n'ont plus rien à cacher , enfin je suppose .

 moines.jpg

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

15 décembre 1759 aux Délices

Votre Siméon Valette ou /Valet ou La Valette 1 est chez moi, mon cher philosophe, il s'est fait moine dans mon couvent . Mais on ne reçoit point de moines sans savoir d'où ils viennent, et qui ils sont . Cet homme ne donne aucun renseignement . Il paraît assez bon diable, mais je veux qu'au moins je sache qui est ce diable . Où l'avez-vous connu ? qui répond de lui ? quis, quid, ubi, quibus auxilliis, cur, quomodo, quando 2? Nous allons donc avoir la paix . Votre pension berlinoise sera bien assurée 3. Je vous plaindrai si vous restez à Paris, je vous plaindrai si vous allez en Prusse, mais partout où vous serez je vous aimerai de tout mon cœur . Mes compliments à frère Berthier et à tutti quanti .

V. »

2 Qui, quoi, où, avec quel concours, pourquoi, comment, quand . Telles sont les questions que la rhétorique enseigne à répondre pour nourrir un développement .

3 Frédéric II assurait en effet une pension à d'Alembert . En 1752, Frédéric II, roi de Prusse, qui admirait fort les écrits de d'Alembert et avait conçu pour sa personne une vive sympathie, s'efforça de l'attirer à Berlin. D'Alembert ne voulut point quitter la France; mais en 1754 il accepta de ce prince une pension de douze cents livres. Une autre de la même somme lui fut accordée en 1756, par le roi Louis XV, à la sollicitation de M. d'Argenson, alors ministre.

 

Lire la suite

21/12/2014 | Lien permanent

le torrent des affaires ne permet pas de réfléchir sur l'innocence des particuliers

... La conduite hors-la -loi d'élus de la République ne doit pas faire de nous tous automatiquement des justiciables à leur image, quand bien même ils ont reçu nos votes .

Image associée

 

 

 

« A Jean le Rond d'Alembert

12 octobre [1762]

Je suis encore forcé de vous écrire , mon cher philosophe, sur cette absurde infamie qu'on m'accuse de vous avoir écrite au mois de juin et qu'on vous accuse d'avoir reçue . Il est important que vous ayez la bonté de me renvoyer la copie que j'ai reçue de Versailles, et copie de la lettre que je vous écrivis en effet , et sur laquelle on a formé cette calomnie abominable, le tout accompagné d'une lettre de vous dans laquelle vous me marquerez avec votre style énergique ce que vous pensez d'une pareille horreur . J'ai tout lieu de penser que cette copie m’a été envoyée de Versailles par ordre des personne les plus puissantes, à qui j'ai les dernières obligations, et qui ont le malheur de soupçonner que je les ai payées d'une noire ingratitude, et que je me suis rendu coupable à la fois envers le roi et envers elles de l’excès le plus punissable . Si elles faisaient un moment de réflexion sur les impertinences de cet ouvrage, sur le style, sur l'impossibilité absolue que j'en sois l'auteur, elles ne feraient pas à leur jugement et à leur goût le tort de me soupçonner, mais le torrent des affaires ne permet pas de réfléchir sur l'innocence des particuliers . On condamne au premier coup d’œil, on passe vite à d'autres objets, on ne donne pas aux accusés le loisir de se défendre , et l'impression une fois reçue reste pour jamais dans le cœur .

Je n'ai point voulu écrire à ces personnes, parce que je suis trop en colère, je me suis contenté de témoigner ma juste indignation à une autre personne de leurs amis qui m'a écrit de leur part .
J'écrirai à celui que je dois détromper et dont le doute seul m'irrite et m'afflige, dès que j'aurai reçu de vos nouvelles .

Encore une fois examinez avec M. Damilaville à qui on a pu donner part de la première lettre que je vous écrivis et que je lui adressai ouverte, sur l'affaire des Calas, vers le mois de juin ou de mai .

Je vous réitère que c'est sur cette lettre qu'on a forgé celle qu'on m'impute . Du temps des Séjan on aurait ouvert quatre veines à l'écrivain soupçonné et à son correspondant, mais du temps des braves chevaliers qui sont à la tête des affaires l'innocence sera bientôt reconnue .

Envoyez-moi au plus vite, par M. Damilaville (je vous le répète, car en affaires il faut répéter ), 1° ma lettre véritable du mois de juin ou de mai pour les Calas, 2° la copie de la rapsodie infâme, 3° un mot de vous qui puisse à la fois faire votre cour et faire rougir ceux qui ont eu d'indignes soupçons.

Je vous embrasse ; êtes-vous aussi en colère que moi ?

Ne manquez pas je vous prie de donner votre paquet à M .Damilaville . »

Lire la suite

09/09/2017 | Lien permanent

Il est question vraiment d'une affaire considérable

... Je vous fais juges : https://www.sudouest.fr/2018/07/18/perigueux-colere-24-de...

Périgueux : Colère 24 dévoile la Marianne géante avant la venue d’Emmanuel Macron

Belle Marianne, d'amour pour vous etc., etc.

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI

[30 juillet 1763] 1

J'ai pris la liberté d'envoyer des paperasses à mes anges , attendu qu'on ne peut pas toujours envoyer des tragédies . J'ai recours à leurs bontés en prose et en vers .

Il est question vraiment d'une affaire considérable . Si M. d'ArgentaI veut seulement jeter les yeux sur le précis de ma requête au roi en son Conseil il verra de quoi les prêtres sont capables . Je ne sais comment m'y prendre pour faire parvenir par la poste un si énorme paquet à M. Mariette . Pardon encore une fois mes divins anges si je vous importune à ce point . N'y a-t-il pas toujours un contresigneur chez M. de Courteilles? ce contresigneur ne peut-il pas avoir la bonté de faire tenir ces pièces à l'avocat quand vous lui aurez fait dire un petit mot ?

Si vous êtes content du quatrième et du cinquième acte, je vous supplie de vouloir bien me renvoyer les trois premiers que je vous dépêcherai sur-le-champ .

Je vous ai mandé que j'ai obéi à vos ordres en écrivant à M. Douet . Mais comme je vous ai écrit par M. le duc de Praslin qui est à Compiègne mon paquet ne vous sera pas si tôt parvenu .

Je crois qu'on peut faire quelque chose de mes roués . Êtes-vous de cet avis ? Savez-vous qu'il est horriblement difficile de trouver des sujets et de faire du neuf ? Vous voyez : je suis obligé de revenir à Rome , après avoir fait le tour du monde .

Respect, tendresse et pardon. »

1 Le manuscrit original a été partagé en deux il y a environ un siècle et demi ; la première feuille ( jusqu'à contresigneur) est conservée à Bruxelles, la seconde à la Bibliothèque nationale . Cependant le bas de cette seconde feuille a été déchiré, et le texte manquant (à partir de M. Douet) a dû être suppléé à partir de la copie Beaumarchais-Kehl . Le texte de l'édition correspondante (Kehl) est d'ailleurs altéré par l'insertion, à la place d'un passage assez long (de n'y a-t-il pas, deuxième paragraphe, jusqu'à la fin du paragraphe 4) d'un extrait de la lettre du 3 août 1763 à d'Argental (voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-25.html ).

Lire la suite

19/07/2018 | Lien permanent

il y a des choses qu’un ministre doit lire

... Il DOIT lire les discours écrits par ses conseillers et scribouillards attitrés d'une part, et les textes de loi qu'ils est appelé à défendre, sinon à comprendre ( c'est parfois trop demander quand on voit ce qu'ils peuvent pondre comme âneries ) . Pour le reste, à chacun selon ses goûts .

 Image associée

B-A, BA, B-A , BA  = route du Rhum

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Aux Délices , 17 novembre [1763]

Mes divins anges, vous devez avoir reçu un petit livre intitulé la Tolérance, lequel j’ai grande envie que vous tolériez. Je viens d’en envoyer un autre à M. le duc de Praslin, non pas à lui directement, mais à vous sous son enveloppe, et à vous sans cachet ; et je vous dis, dans un petit billet , engagez M. le duc de Praslin à lire cet ouvrage, s’il en a le temps. Il est, à la vérité, prodigieusement théologique ; mais il est honnête, et il y a des choses qu’un ministre doit lire. Tandis que vous étiez à Fontainebleau, je n’en savais rien, et j’envoyais toujours mes paquets sous le nom de M. de Courteilles. Il y en avait un pour M. Damilaville qui m’inquiète beaucoup ; il contenait un mémoire pour M. Mariette : il s’agissait de ma dîme. La chose presse, attendu que la Saint-Martin est arrivée, et que les prêtres poursuivent au parlement de Dijon.

Vous savez que la lettre de M. le duc de Praslin, au nom du roi 1, ne réussira pas auprès de Messieurs ; ils connaissent peu les lettres des ministres ; il leur faut des lettres patentes. J’ai toujours prévu que je serais obligé de poursuivre cette affaire litigieusement au Conseil des  dépêches, et je compte toujours sur les bontés de M. le duc de Praslin dans ce tribunal.

Permettez-moi de vous demander des nouvelles de votre conspiration 2. Est-elle en bon train ? avez-vous bien posté vos assassins ? avez-vous fait jouer vos ressorts ? avez-vous mis le feu aux poudres ? y a-t-il quelque chose de nouveau dans le tripot ?

Respect et tendresse.

V. »

2 Le Triumvirat .

Lire la suite

11/11/2018 | Lien permanent

les Parisiens jouissent d’une heureuse oisiveté, puisqu’ils daignent s’amuser de ce qui se passe sur les frontières

... Tout le monde râle contre la vie chère, Parisiens-têtes-de-chiens y compris, et on vient de battre un record de bouchons sur les routes de départ en vacances, en particulier vers nos montagnes -frontières enneigées . Comprenne qui peut ! Le père Fouettard peut remiser son fouet, ils sont incorrigibles .

Pour mémoire : https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/un-trafic-tr%C...

63ddb59aaf5e33167f391203.jpg

 

 

 

« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille, Premier gentilhomme de la

chambre de S.A.S. Le prince de

Condé

à l'hôtel de Conti

à Paris

Au château de Ferney 20 Avril 1768 1

Je vois, monsieur, que les Parisiens jouissent d’une heureuse oisiveté, puisqu’ils daignent s’amuser de ce qui se passe sur les frontières de la Suisse, au pied des Alpes et du mont Jura. Je ne conçois pas comment la chose la plus simple, la plus ordinaire, et que je fais tous les ans, a pu causer la moindre surprise. Je suis persuadé que vous en faites autant dans vos terres, quand vous y êtes. Il n’y a personne qui ne doive cet exemple à sa paroisse ; et si quelquefois dans Paris le mouvement des affaires, ou d’autres considérations, obligent à différer ces cérémonies prescrites, nous n’avons point à la campagne de pareilles excuses. Je ne suis qu’un agriculteur, et je n’ai nul prétexte de m’écarter des règles auxquelles ils sont tous assujettis. L’innocence de leur vie champêtre serait justement effrayée, si je n’agissais pas et si je ne pensais pas comme eux 2. Nos déserts, qui devraient nous dérober au public de Paris, ne nous ont jamais dérobés à nos devoirs. Nous avons fait à Dieu dans nos hameaux, les mêmes prières pour la santé de la reine que dans la capitale, avec moins d’éclat sans doute, mais non pas avec moins de zèle. Dieu a écouté nos prières comme les vôtres, et nous avons appris, avec autant de joie que vous, le retour d’une santé si précieuse.

Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien me mettre aux pieds de monseigneur le prince de Condé, et de me conserver les bontés dont vous honorez votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

 

 

 

1 L'édition de Kehl supprime le second paragraphe , biffé sur la copie Beaumarchais.

2 Il y a quelque chose de vrai dans ce qu'écrit V* . On sait l'importance qu'il attache à la religion en tant que frein pour le « peuple ». Seigneur du village, il doit donner à ses vassaux l'exemple du respect envers le Dieu « rémunérateur et vengeur » . Voir aussi la lettre du 21 avril 1768 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1768-partie-16.html

Lire la suite

24/12/2023 | Lien permanent

Ou les hommes deviendront entièrement fous, ou ...

Mon menteur préféré, correspondant recherché des têtes couronnées, je le prends encore la main dans le sac à malices .

 

« A Catherine II, impératrice de Russie

 

 

                        Madame,

 

                        La lettre dont Votre Majesté impériale m’honore m’a tourné la tête ; elle m’a donné des patentes de prophète. Je ne me doutais pas que l’archevêque de Novgorod se fût en effet déclaré contre le système absurde des deux puissances ? J’avais raison sans le savoir,[dans son Mandement du Révérendissime père en Dieu Alexis, réplique aux Actes de l’assemblée générale du clergé de France de septembre 1765 ] , ce qui est encore un caractère de prophétie. Les incrédules pourront m’objecter que cet archevêque ne s’appelle pas Alexis, mais Demetri. Je pourrais répondre avec tous les commentateurs qu’il faut de l’obscurité dans les prophéties, et que cette obscurité rend toujours la vérité plus claire. J’ajouterai qu’il n’y a qu’à changer Alex en Deme, et is en tri, pour avoir le véritable nom de l’archevêque. Il n’y aura certainement que les impies qui  puissent ne se pas rendre à des preuves si évidentes.catherine II.jpg

 

                Je suis si bien prophète que je prédis hardiment à Votre Majesté la plus grande gloire et le plus grand bonheur. Ou les hommes deviendront entièrement fous, ou ils admireront tout ce que vous faites de grand et d’utile ; cette prédiction même vient un peu comme les autres après l’évènement.

               

                Il me semble que si cet autre grand homme, Pierre Ier, s’était établi dans un climat plus doux que sur le lac Ladoga, s’il avait choisi Kiovie ou quelque autre terrain plus méridional, je serais actuellement à vos pieds en dépit de mon âge. Il est triste de mourir sans avoir admiré de près celle qui préfère le nom de Catherine aux noms des divinités de l’ancien temps et qui le rendra préférable [il lui avait cependant écrit en novembre qu’il était un peu fâché qu’elle s’appellât Catherine, ce à quoi elle avait répondu qu’il correspondait exactement à sa « tête si peu docile, si peu flexible » ]. Je n’ai jamais voulu aller à Rome, j’ai senti toujours de la répugnance à voir des moines dans le Capitole et les tombeaux des Scipions foulés aux pieds des prêtres ; mais je meurs de regret de ne point voir les déserts changés en villes superbes, et deux mille lieues de pays civilisées par des héroïnes. L’histoire du monde entier n’a rien de semblable, c’est la plus belle et la plus grande des révolutions ; mon cœur est comme l’aimant, il se tourne vers le nord. D’Alembert a bien tort de ne pas avoir fait le voyage, lui qui est encore jeune. Il a été piqué de la petite injustice qu’on lui faisait, mais l’objet, qui est fort mince, ne troublait point sa philosophie [ difficultés à recevoir la pension de feu Clairaut ]. Tout cela est réparé aujourd’hui. Je crois que l’Encyclopédie est en chemin pour aller demander une place dans la bibliothèque de votre palais.

 

                Que Votre Majesté Impériale daigne recevoir avec bonté ma reconnaissance, mon admiration, mon profond respect.

 

                Feu l’Abbé Bazin

                24 janvier 1766. »

 Pourquoi Abbé Bazin ? Wait and see :

http://books.google.fr/books?id=FrATAAAAQAAJ&dq=volta...

 

Lire la suite

25/01/2009 | Lien permanent

On se rappelle tant de jugements iniques qui ont égorgé l'innocence avec le poignard de la justice

... Marine et Fanfoué II ne diraient pas mieux, eux qui adorent imager leurs propos sans vergogne .

Amis de Fanfoué II allez en nombre place du Trocadéro, ce lieu est habitué à recevoir les pickpockets et vous allez y soutenir l'un des meilleurs du genre . Je ne veux pas gâcher votre mérite, mais un voyage en bus gratuit ne demande qu'un effort dérisoire, et me rappelle ce type de sortie pour gogos, voyages gratuits avec visite obligatoire de divers magasins où l'égo de chacun le force à acheter au moins autant que son voisin de banquette . Troupeau panurgesque [sic] . Pathétique !

Tous avec Fillon rime avec Tous des couillons, comme le Bande d'abrutits sonnait  Bon appétit grâce à Coluche .

 

massacre innocents.png

Massacre des innocents : un rescapé , pas deux !

 Heureusement, un  peu plus de valeur dans ce monde grâce à cet homme : Sixto Rodriguez:  https://www.youtube.com/watch?v=kj5U4nfoPik

 

 

« A Balthasar Espeir de Chazel 1

Au château de Ferney par Genève

27è mars 1762

J'ai grand intérêt, monsieur, que les anciens camarades s'aiment toujours , je l'ai été de monsieur votre père et je m'intéresse tendrement à lui . Je vous prie de l'assurer que je serai son ami jusqu'au dernier moment de ma vie .

Je saisis les offres d'amitié que vous me faites pour vous demander une grâce . C'est de vouloir bien monsieur m'instruire de la vérité, si on la peut découvrir dans l'horrible aventure des Calas . Deux des enfants de ce malheureux sont dans mon voisinage . Ils attestent le ciel et la terre . Ils émeuvent tous les esprits . Ils jurent que leur père était innocent, que c’était le plus doux des hommes et le meilleur des pères . Il a , disent-ils, crié au ciel jusqu'au dernier moment contre la fureur superstitieuse dont il était la victime . Il a pardonné à ses juges . Le dominicain qu'on a mis auprès de lui, dit qu'il voudrait mourir aussi saintement que cet infortuné . On ne lui a pu confronter aucun témoin oculaire . Il paraît physiquement impossible qu'il ait pu pendre son fils dans les circonstances où on le suppose . Cinq juges ont opiné à l'absoudre, les huit autres étaient des pénitents blancs, séduits et enivrés de l'horrible superstition d’un peuple insensé qui mettait le pendu au nombre des martyrs . Un seul de ces huit juges qui aurait écouté la raison en se rangeant à l'opinion des cinq juges raisonnables, aurait sauvé la vie à un innocent . Voilà monsieur ce qu'on dit, ce qu'on écrit, et qui remplit tous les étrangers d'indignation et de pitié . On se rappelle tant de jugements iniques qui ont égorgé l'innocence avec le poignard de la justice . On crie que nous sommes une nation odieuse, intolérante, superstitieuse, aussi atroce que frivole, qui passe des Saint Barthélémy à l'opéra-comique, qui sait rouer les innocents, et qui ne sait combattre ni sur mer ni sur terre . J'entends avec douleur tous ces reproches affreux . Le silence du parlement dans une occasion où il devrait publier son arrêt motivé, ferme la bouche à quiconque veut soutenir l'équité de son jugement . Enfin, monsieur, je vous supplie de me dire une vérité qui importe au genre humain .

Je dirais aux Cramer libraires à Genève que vous voulez bien que votre nom soit dans la liste pour quatre exemplaires de Corneille . Les libraires seuls se mêlent de l'édition . Mon unique occupation est de commenter un homme qui a fait honneur à sa patrie .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Edition « Cinq lettres inédites de Voltaire », Nemausa, de Gaston Maruéjol, 1884-1885 .Voir : http://www.worldcat.org/title/balthazar-espeir-de-chazel-correspondence/oclc/646202281?referer=br&ht=edition

 

Lire la suite

04/03/2017 | Lien permanent

Priez vos auteurs de ne citer que des faits avérés

... Avis à tous les médias dits d'information .

 

 

« A Charles-Joseph Panckoucke, Libraire

rue et près de la Comédie-Française

à Paris

A Ferney 25è septembre 1767 1

J’ai enfin reçu, monsieur, les deux premiers volumes de votre Vocabulaire 2. Tout ce que j’en ai lu m’a paru exact et utile : rien de trop ni de trop peu ; point de fades déclamations. J’attends la suite avec impatience . Votre entreprise est un vrai service rendu à toute la littérature.

Vous me feriez plaisir de m’apprendre les noms des auteurs à qui nous aurons tant d’obligations. J’ai l’honneur d’être bien véritablement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur 3.



Il ne serait pas mal de mettre, dans votre errata, que nous prononçons auto-da-fé par corruption, et que les Espagnols disent auto de fé. Il y a une grosse faute à la page 423 :Les dieux mêmes, éternels arbitres 4, il faut lire les dieux même, sans s. Cet s donne une syllabe de trop au vers.

Il y a une plus grande faute à la page 422 :

 Plaçât tous bienfaiteurs au rang des immortels ; 5

C’est un barbarisme. On dit tous les bienfaiteurs, et non tous bienfaiteurs. On n’entendrait pas un homme qui dirait j’ai mis tous saints dans le catalogue.

D’ailleurs il faut tâcher, dans un dictionnaire, de ne citer que de bons vers, et ne point imiter en cela l’impertinent Dictionnaire de Trévoux. Les vers cités en cet endroit sont trop mauvais : Bonté fertile 6 est ridicule.

Priez vos auteurs de ne citer que des faits avérés. Le viol d’une dame par un marabout, à la face et non en face de tout un peuple 7, est un conte à dormir debout, digne de Léon d’Afrique 8. »

1 L'édition Kehl donne à tort pour destinataire Guyot, à la suite d'une erreur d’interprétation de la copie Beaumarchais, Panckoucke ayant noté sur la lettre « pour M. Guyot ; »

3 On croit deviner ici la signature de V* sous cette mention de Panckoucke : « Cette lettre et de M ; de Voltaire . »

4 J.B. Rousseau a dit : « Plaçât leurs bienfaiteurs. » (G.Avenel) . Vers dans Odes, III, ii, 181 . La correction est faite dans la seconde édition du Grand Vocabulaire, I, 423 .

5 Ibid., IV, ii, 78 ; Rousseau avait écrit leurs pour tous . La correction est faite dans la seconde édition , I, 422.

6 C'est le texte de Rousseau, Odes, III, ii, 188 . la seconde édition supprime la citation, I, 422.

7 Le passage subsiste dans la seconde édition, I, 498, mais est signalé dans l'errata .

8Hassan Ibn Muhammad al-Wassan al-Fasi [Leo Africanus], Africae descriptio, III,(section relative à Fez ).

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_l%27Africain

Lire la suite

05/05/2023 | Lien permanent

Page : 215 216 217 218 219 220 221 222 223 224 225