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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

gonflé d’un amour-propre féroce, persécuteur et calomniateur ...un barbare avide du sang humain, digne d’expirer sous la

... Poutine, tu es ridicule au-delà de toute expression, élu comme un véritable chef de république bananière, quelle gloire !  Voltaire te décrit et te vomit, et nous aussi .

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https://www.cartooningforpeace.org/editos/poutine-et-lecologie-au-programme-de-la-collection-cartooning-for-peace-gallimard/

 

 

 

« A Philippe-Charles-François-Joseph de Pavée, marquis de Villevielle

A Ferney, 26 Auguste 1768 1

Je vous attends au mois de septembre, mon cher marquis . Vous êtes assez philosophe pour venir partager ma solitude. Ferney est tout juste dans le chemin de Nancy. En attendant, il faut que je vous fasse mon compliment de ce que vous n’êtes point athée. Votre devancier, le marquis de Vauvenargues, ne l’était pas ; et quoi qu’en disent quelques savants de nos jours, on peut être très bon philosophe, et croire en Dieu. Les athées n’ont jamais répondu à cette difficulté, qu’un[e] horloge prouve un horloger ; et Spinosa lui-même admet une intelligence qui préside à l’univers. Il est du sentiment de Virgile :

Mens agitat molem, et magno se corpore miscet.2

Quand on a les poètes pour soi, on est bien fort. Voyez La Fontaine, quand il parle de l’enfant que fit une religieuse ; il dit :

Si ne s’est après tout fait lui-même. 3

Je viens de lire un nouveau livre de l’Existence de Dieu, par un Bullet 4, doyen de l’université de Besançon. Ce doyen est savant, et marche sur les traces des Swamerdam 5, des Nieuventit 6 et des Derham 7; mais c’est un vieux soldat à qui il prend des terreurs paniques. Il est tout épouvanté du grand argument des athées, qu’en jetant d’un cornet les lettres de l’alphabet, le hasard peut amener l’Enéide dans un certain nombre de coups donné . Pour amener le premier mot arma, il ne faut que vingt-quatre jets ; et, pour amener arma virumque, il n’en faut que cent vingt millions 8: c’est une bagatelle ; et, dans un nombre innombrable de milliards de siècles, on pourrait à la fin trouver son compte dans un nombre innombrable de hasards ; donc dans un nombre innombrable de siècles, il y a l’unité contre un nombre innombrable de chiffres que le monde a pu se former tout seul.

Je ne vois pas dans cet argument ce qui a pu accabler M. Bullet ; il n’avait qu’à répondre sans s’effrayer . Il y a un nombre innombrable de probabilités qu’il existe un Dieu formateur, et vous n’avez, messieurs, tout au plus que l’unité pour vous : jugez donc si la chance n’est pas pour moi.

De plus, la machine du monde est quelque chose de beaucoup plus compliqué que l’Enéide. Deux Enéides ensemble n’en feront pas une troisième, au lieu que deux créatures animées font une troisième créature, laquelle en fait à son tour : ce qui augmente prodigieusement l’avantage du pari.

Croiriez-vous bien qu’un jésuite irlandais a fourni en dernier lieu des armes à la philosophie athéistique, en prétendant que les animaux se formaient tout seuls ? C’est ce jésuite Needham 9, déguisé en séculier, qui, se croyant chimiste et observateur, s’imagina avoir produit des anguilles 10 avec de la farine et du jus de mouton. Il poussa même l’illusion jusqu’à croire que ces anguilles en avaient sur-le-champ produit d’autres, comme les enfants de Polichinelle et de madame Gigogne 11. Voilà aussitôt un autre fou, nommé Maupertuis, qui adopte ce système, et qui le joint à ses autres méthodes de faire un trou jusqu’au centre de la terre pour connaître la pesanteur, de disséquer des têtes de géants pour connaître l’âme, d’enduire les malades de poix-résine pour les guérir, et d’exalter son âme pour voir l’avenir comme le présent 12. Dieu nous préserve de tels athées ! celui-là était gonflé d’un amour-propre féroce, persécuteur et calomniateur ; il m’a fait bien du mal ; je prie Dieu de lui pardonner, supposé que Dieu entre dans les querelles de Maupertuis et de moi.

Ce qu’il y a de pis, c’est que je viens de voir une très bonne traduction de Lucrèce  avec des remarques fort savantes, dans lesquelles l’auteur allège les prétendues expériences du jésuite Needahm pour prouver que les animaux peuvent naître de pourriture 13. Si ces messieurs avaient su que Needham était un jésuite, ils se seraient défiés de ses anguilles et ils auraient dit :

Latet anguis in herba. 14

Enfin il a fallu que M Spalanzani, le meilleur observateur de l’Europe, ait démontré aux yeux le faux des expériences de cet imbécile Needham 15. Je l’ai comparé 16 à ce Malcrais de La Vigne , gros vilain commis de la douane au Croisic en Bretagne, qui fit accroire aux beaux esprits de Paris qu’il était une jolie fille faisant joliment des vers 17.

Mon cher marquis, il n’y a rien de bon dans l’athéisme. Ce système est fort mauvais dans le physique et dans le moral. Un honnête homme peut fort bien s’élever contre la superstition et contre le fanatisme : il peut détester la persécution ; il rend service au genre humain s’il répand les principes humains de la tolérance ; mais quel service peut-il rendre s’il répand l’athéisme ? les hommes en seront-ils plus vertueux, pour ne pas reconnaître un Dieu qui ordonne la vertu ? non sans doute. Je veux que les princes et leurs ministres en reconnaissent un, et même un Dieu qui punisse et qui pardonne. Sans ce frein, je les regarderai comme des animaux féroces qui, à la vérité, ne me mangeront pas lorsqu’ils sortiront d’un long repas, et qu’ils digéreront doucement sur un canapé avec leurs maîtresses, mais qui certainement me mangeront, s’ils me rencontrent sous leurs griffes, quand ils auront faim, et qui, après m’avoir mangé, ne croiront pas seulement avoir fait une mauvaise action . Ils ne se souviendront même point du tout de m’avoir mis sous leurs dents quand ils auront d’autres victimes.

L’athéisme était très commun en Italie, aux XVè et XVIè siècles . Aussi, que d’horribles crimes à la cour des Alexandre VI , des Jules II, des Léon X ! Le trône pontifical et l’Église n’étaient remplis que de rapines, d’assassinats, et d’empoisonnements. Il n’y a que le fanatisme qui ait produit plus de crimes.

Les sources les plus fécondes de l’athéisme sont, à mon sens, les disputes théologiques. La plupart des hommes ne raisonnent qu’à demi, et les esprits faux sont innombrables. Un théologien dit : « Je n’ai jamais entendu et je n’ai jamais dit que des sottises sur les bancs ; donc ma religion est ridicule. Or ma religion est sans contredit la meilleure de toutes ; cette meilleure ne vaut rien ; donc il n’y a point de Dieu. » C’est horriblement raisonner. Je dirais plutôt : Donc il y a un Dieu qui punira les théologiens, et surtout les théologiens persécuteurs.

Je sais très bien que je n’aurais pas démontré au Normand de Vire, Le Tellier 18, qu’il existe un Dieu qui punit les tyrans, les calomniateurs, et les faussaires, confesseurs des rois. Le coquin, pour réponse à mes arguments, m’aurait fait mettre dans un cul de basse-fosse. Je ne persuaderai pas l’existence d’un Dieu rémunérateur et vengeur à un juge scélérat, à un barbare avide du sang humain, digne d’expirer sous la main des bourreaux qu’il emploie ; mais je la persuaderai à des âmes honnêtes, et, si c’est une erreur, c’est la plus belle des erreurs.

Venez dans mon couvent, venez reprendre votre ancienne cellule. Je vous conterai l’aventure d’un prêtre constitué en dignité 19, que je regarde comme un athée de pratique, puisque, faisant tout le contraire de ce qu’il enseigne, il a osé employer contre moi, auprès du roi, la plus lâche et la plus noire calomnie. Le roi s’est moqué de lui, et le monstre en est pour son infamie. Je vous conterai d’autres anecdotes : nous raisonnerons, et surtout je vous dirai combien je vous aime.

V. »

1 Original, initiale et la dernière phrase autographes ; minute complétée, corrigée et datée par V* (les quatre premières pages faisaient partie de la collection Besterman ; les deux dernières sont à la Bibliothèque nationale ) ; édition de Kehl, faite à partir de la minute pour les quatre premières pages .

2 Virgile, L'Enéïde, VI, 727 . L’esprit agite la matière, et se mêle à ce corps immense .

3 La Fontaine, Contes, IV, v. 37 « Les Lunettes » : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/clunettes.htm

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16/03/2024 | Lien permanent

J'ai mis le bonnet de la Liberté sur ma tête mais je l'ôte honnêtement à de jolis esclaves que j'aime

A propos de liberté lisez ceci , qui est facilement actualisable : http://books.google.fr/books?id=qjEUAAAAQAAJ&pg=PA19&...

 En chanson révolutionnaire :   http://www.youtube.com/watch?v=VTpsAA-0kO8

 En image : http://nababuloscope.over-blog.com/5-categorie-131730.html

Libert-Bonnet03-copie-1.jpg

 

Inspiré par Volti et le paraphrasant :

"Liberté ! liberté ! Ton trône est en ces lieux élyséens,

 ...

 Mais l'ouvrier à pied, rampant dans l'esclavage ,

Te regarde , soupire, vote et meurt dans la douleur."

James, à tous les électeurs de tous bords .

 

 

« A M. de BRENLES.

Aux Délices, 6 juillet [1755]

M. de Bochat est bien heureux; il y a plaisir à être mort, quand on a son tombeau couvert de vos fleurs. J'ai lu, monsieur, avec un plaisir extrême cet Éloge1, qui fait le vôtre. Vous trouvez donc que je suis trop poli avec ma patrie. Il n'y avait pas moyen de reprocher des fers à des esclaves si gais, qui dansent avec leurs chaînes2. J'ai mis le bonnet de la Liberté 3 sur ma tête mais je l'ôte honnêtement à de jolis esclaves que j'aime. Eh bien ! mon cher philosophe, vous voulez donc aussi vous mêler d'être malade, et vous avez en accident ce que j'ai en habitude. Guérissez vite; pour moi, je ne guérirai jamais; je suis né pour souffrir. Votre amitié et un peu de casse me soulagent.
J'ai chez moi M. Bertrand4, de Berne, et je m'en vante. M. le banneret Freudenreich5 me paraît un homme bien estimable; mais mes maladies ne me permettent pas de jouir de leur société autant que je le voudrais. Je ne sais si j'aurai la force d'aller jusqu'à Berne6; mais vous me donnerez celle d'aller à Monrion.
On dit que les douze chants dont vous m'avez parlé sont une rapsodie abominable7. Ce n'est point là, Dieu merci, mon ouvrage il est en vingt chants, et il y a vingt ans que j'avais oublié cette triste plaisanterie, qui me fait aujourd'hui bien de la peine.
Vale, amice.

V. »

1 Éloge historique de M. Charles-Guillaume Loys de Bochat (né à Lausanne en 1695, mort en 1754); Lausanne, 1755, in-8°. http://books.google.fr/books?id=G_Y_AAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

2 Allusion à quelques vers de l’Épître sur le lac de Genève, dans lesquels Voltaire parlait des bourgeois de Paris rampant dans l'esclavage. « Liberté  ! liberté ! Ton trône est en ces lieux … / Mais le bourgeois à pied, rampant dans l'esclavage , / Te regarde , soupire et meurt dans la douleur. » : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-34308349.html

4 Élie Bertrand : pasteur ; http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lie_Bertrand

6 Il ira en 1756 .

7 La Pucelle dans la version frauduleuse et scabreuse éditée au grand dam de V* .

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19/02/2012 | Lien permanent

Consolez par un mot une âme qui en a besoin

http://www.youtube.com/watch?v=zuHQgmoSKGs

 

 

 

J'ai eu droit à quelques réflexions : "comment ça se fait ? pas de notes depuis plusieurs jours, ce n'est plus tolérable ! quel manque d'assiduité ! " , etc ...

J'exagère un petit peu , mais je l'ai ressenti ainsi, sans m'en sentir coupable pour autant croyez moi !

 

 

Eh ! Oh ! Quelqu'un veut-il bien m'offrir le haut débit et l'ordi qui va avec ?

 

Je fais comme je peux, quand je peux ! Et si je veux, d'abord !

 

 ... Et dire que je me décarcasse pour vous offrir le meilleur : un peu d'intimité avec Volti (ceux qui me fréquentent savent déjà depuis longtemps que j'ai donné ce surnom affectueux à Voltaire ), un ami qui vous veut du bien .

 

Profitez-en, tant que je peux garder un peu de bon sens et deux doigts pour le clavier.

 

Il parait que Job sur son tas de fumier estimait que le bonheur était d'avoir une puce et encore un doigt pour se gratter . Moi, vous voyez, je suis plus exigeant : avec  la puce du PC, j'ose demander encore deux doigts, dont un pour gratter la souris (quelle ménagerie ! ) .

 

 

Allez ! instruisez-vous et suivez ce sacré bonhomme que j'admire .

 

Histoire de Lyon populaire

 

  LA FAUTE AUX ANGLAIS 
 

"Un de nos correspondans nous avait prié de demander à nos lecteurs le nom de la servante qui fut condamnée à Lyon vers 1772 , et dont Voltaire parle dans son Dictionnaire philosophique , art. Supplices , 3.e section . et la date de l'arrêt ( Voy. plus haut, p. 72 ). Ce renseignement nous est enfin parvenu. La servante condamnée à être pendue et étranglée , et qui le fut en effet sur la place des Terreaux , se nommait Antoinette Toutan. Son crime était d'avoir volé à Antoinette Drivet, veuve Obriot, tenant l'auberge du Palais royal , non pas douze , comme l'a dit Voltaire, mais vingt-huit serviettes ; elle était en outre véhémentement soupçonnée d'avoir aussi volé à un Anglais , logé dans ladite auberge , une tabatière de porcelaine, et à la fille de cet Anglais , une manchette de mousseline brodée. La sentence de mort prononcée contre elle, par le lieutenant criminel de la sénéchaussée de Lyon , le 6 mars 1772, et dont elle s'était rendue appelante, fut confirmé par arrêt du conseil supérieur , en date du 13 du même mois."

 

 

 

 

 

 

 

 A lire, et relire, impérativement :

 

 

http://www.voltaire-integral.com/Html/20/supplices.htm

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

Conseiller d’honneur du Parlement

Rue de la Sourdière à Paris.

 

A Lyon au Palais Royal [c’est une auberge] 20 novembre 1754.

 

                            Me voilà à Lyon, mon cher ange [depuis le 15 novembre ; il partira le 10 décembre pour Genève]. M. de Richelieu a eu l’ascendant sur moi de me faire courir cent lieues. Je ne sais où je vais ni où j’irai. J’ignore le destin de La Pucelle et le mien [le 7 novembre, il écrivait : « On me mande qu’on imprime La Pucelle, que Thiriot en a vu les feuilles, qu’elle va paraitre … Fréron semble avoir annoncé cette édition … Ce qu’il y a de plus affreux, c’est qu’on dit que le chant de l’âne s’imprime tel que vous l’avez vu d’abord, et non tel que je l’ai corrigé depuis ». Dans ce chant, V* décrivait les relations de Jeanne avec un âne .]. Je voyage tandis que je devrais être au lit ; et je soutiens des fatigues et des peines qui sont au-dessus de mes forces. Il n’y a pas d’apparence que je voie M. de Richelieu dans sa gloire aux Etats de Languedoc [lettre du 23 octobre à la comtesse de Lutzelbourg : « M. de Richelieu fait ce qu’il peut pour que j’aille passer l’hiver en Languedoc et Mme la margrave de Bareith (qu’il a vue le 23 octobre à Colmar) voulait m’y mener. »]. Je ne  le verrai qu’à Lyon en bonne fortune ; et je pourrais bien aller passer l’hiver sur quelque coteau méridional de la Suisse.

 

                            Je vous avouerai que je n’ai pas trouvé dans M. le cardinal de Tencin les bontés que j’attendais de votre oncle [Le cardinal avait fait savoir publiquement qu’il ne recevrait pas V* à diner . Celui-ci s’en plaint encore à Richelieu le 5 janvier 1755.]. J’ai été plus accueilli et mieux traité de la margrave de Bareith qui est encore à Lyon. Il me semble que tout cela est au rebours des choses naturelles. Mon cher ange, ce qui est bien moins naturel encore c’est que je commence à désespérer de vous revoir. Cette idée me fait verser des larmes. L’impression de cette maudite Pucelle me fait frémir ; et je suis continuellement entre la crainte et la douleur. Consolez par un mot une âme qui en a besoin et qui est à vous jusqu’au dernier soupir.

 

 

                             Mme Denis devient une grande voyageuse, elle vous fait les plus tendres compliments.

 

 

 

                            V.

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19/11/2009 | Lien permanent

Il me paraît que la dernière comète n'a pas fait grand bruit : on est si occupé des affaires de terre et de mer que les

... Pour s'en convaincre, il n'est qu'à suivre l'actualité telle qu'on peut le voir (et lire) sur : http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/p-1910-Monde.htm?rub=2

Qui se soucie de Rosetta la sonde et Tchouri la cabossée ( 67 P/T pour les intimes ) à des milliards de kilomètres de nous ?

Moi ! et quelques autres qui admirent le génie humain capable de réaliser de tels exploits scientifiques et techniques, tant pour le confort et la santé que pour répondre à des questions qui semblent dépourvues d'intérêt à la majorité . Je ne citerai pour exemple que l'invention et la mise au point de la chambre proportionnelle multifils de Georges Charpak qui de la recherche pure de particules sub-atomiques a eu une application médicale qui sauve des vies . 

http://www.leparisien.fr/sciences/espace-la-sonde-rosetta-a-rendez-vous-avec-la-comete-tchouri-06-08-2014-4049347.php#xtref=http%3A%2F%2Fwww.google.fr%2Furl%3Fsa%3Dt%24rct%3Dj%24q%3D%24esrc%3Ds%24source%3Dnewssearch%24cd%3D1%24ved%3D0CB8QqQIoADAA%24url%3Dhttp%253A%252F%252Fwww.leparisien.fr%252Fsciences%252Fespace-la-sonde-rosetta-a-rendez-vous-avec-la-comete-tchouri-06-08-2014-4049347.php%24ei%3DSYjjU5rfDcbMyAPg54C4Ag%24usg%3DAFQjCNFX8BdcZGQcY84aWvi-zgotZnpu4Q%24bvm%3Dbv.72676100%2Cd.d2k

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 Qui sait si quelques uns de ses atomes ne sont pas en nous ?

 

 

« A George KEATE ,1
Nando's Koffee-House 5, London 2.
Aux Délices, près de Genève, 20 juin 1759.
Ma mauvaise santé, monsieur, m'a empêché de vous remercier plus tôt; et me prive même de l'honneur de vous écrire de ma main. J'ai lu avec un très-grand plaisir le mémoire contre les Hollandais ; il me paraît aussi bien fait qu'il puisse l'être. Il me semble qu'on n'écrivait point ainsi autrefois ; les affaires publiques étaient traitées ou avec une sécheresse rebutante, ou avec
une emphase ridicule; vous me paraissez aussi bons écrivains que bons marins.
Votre Milton me devient bien précieux puisqu'il vous a appartenu. Je le conserverai comme un monument de votre amitié. J'ai appris par les papiers publics la mort de M. Falkener, 3 mon ancien ami. J'en suis sensiblement affligé ; ce sera une grande consolation pour moi de retrouver en vous les sentiments dont il m'avait toujours honoré.
Il me semble qu'on imprima l'année passée des mémoires concernant la Russie par le lord Withworth 4; si vous aviez un moment à vous je vous supplierais de vouloir bien me dire si ces mémoires sont en effet de ce ministre, et s'ils sont estimés. Je dois supposer, par tout ce qu'on m'en a dit, qu'ils sont assez curieux. Je n'ose vous supplier de me les faire parvenir: il n'y aurait qu'à les envoyer par la poste, par la voie de Hollande, en feuilles, afin que cela n'eût point l'air d'un livre dont la poste ne se chargerait pas. Cet ouvrage m'est plus nécessaire qu'à personne, étant chargé par la cour de Pétersbourg de faire l'histoire de Pierre le Grand. Je commence même à faire imprimer le premier volume; ainsi il n'y aurait pas un moment à perdre. Je ne sais aucune nouvelle de littérature. Il me paraît que la dernière comète 5 n'a pas fait grand bruit : on est si occupé des affaires de terre et de mer que les célestes sont oubliées de toutes façons.
J'ai l'honneur d'être bien véritablement et de tout mon cœur, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.
Voltaire. »

1 Lettre originale signée, avec cachet IY au dessus d'un 3 dans un cercle, mention « f[ran]co Lugen » .Communiquée à l'Illustrated London News, par M. John Henderson, esq., possesseur de l'original, qui est de la main d'un secrétaire.
— George Keate, écrivain agréable, était né vers 1729 ou 1730. Il avait habité quelque temps Genève, où il connut Voltaire, et, de retour en Angleterre, il resta en correspondance avec lui.

2 Nando's Koffee-House était à la pointe est d'Inner Temple-lane, dans Fleet- street, tout près de la boutique de Bernard Lintot, le libraire. (Voyez Cunningham's handbook of London, page 348 : rechercher « Nando's » dans : http://archive.org/stream/handbookoflondon00cunn/handbookoflondon00cunn_djvu.txt

.)

3 Sir Everard Fawkener est mort le 16 novembre 1758 . http://en.wikipedia.org/wiki/Everard_Fawkener

5 Comète de Halley :http://fr.wikipedia.org/wiki/1P/Halley

 

 

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07/08/2014 | Lien permanent

nous ferons une campagne sur terre, attendu qu'il nous est impossible de fourrer notre nez sur mer

... Ce qui vaut pour 1760 doit être pris en parfait contrepied en 2015, où nous devons faire campagne sur mer et dans les airs pour éviter de nous engluer sur terre en cet Orient qui n'a plus rien de fabuleux, qui sent la poudre et le cadavre .

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« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay
1er mars 1760
Ma respectable philosophe, et, qui pis est, très-aimable, il fait un de ces vents du nord qui me tuent, et que vous bravez. Je suis dans mon lit, et de là je dicte les hommages que je vous rends. L'affaire de mon avanie, et des commis de Saconnex, n'est point du tout terminée. Cette précieuse liberté pour qui j'ai tout fait, pour qui j'ai tout quitté, m'est ravie, ou du moins disputée. J'écris à M. de Chalut de Vérin une prodigieuse lettre 1 : vous devez avoir du crédit dans le corps des Soixante. Qui peut vous connaître et ne pas se rendre à vos volontés ! Voyez si vous pouvez faire donner quelques petits coups d'aiguillon à la bienveillance que M. de Chalut me témoigne. C'est à vous, madame, que je veux devoir mon repos ; il serait bien dur d'être exposé au vent du nord, et de n'être pas libre. Vous sentez bien qu'on fait peu de petits chapitres lorsqu'on a la guerre avec des commis ; on ne peut pas chanter quand on vous serre la gorge. Si vous daigniez faire encore un voyage dans ce pays-ci, on vous donnerait un chapitre par semaine.

 

Je sais bien que Fréron est un lâche scélérat, mais je ne savais pas qu'il eût porté l'infamie jusqu'à se rendre délateur contre les éditeurs de l'Encyclopédie. J'ignore quel est son associé Patte 2, dont vous me faites l'honneur de me parler : ces deux messieurs sont apparemment les parents de Cartouche et de Mandrin ; mais Mandrin et Cartouche valaient mieux qu'eux : ils avaient au moins du courage.
Il y a grande apparence, madame, que nous ferons une campagne sur terre, attendu qu'il nous est impossible de fourrer notre nez sur mer. Mais avec quoi ferons-nous cette campagne, si le parlement ne veut pas que le roi ait de quoi se défendre ? Il paraît aussi déterminé contre la douceur du style de M. Bertin que contre la dureté de la prose de M. Silhouette. Nous nous occupons plus de ces objets sur la frontière qu'on ne fait à Paris, parce que nous voyons le danger de plus près. La perte de nos flottes, de nos armées, de nos finances, n'empêche pas vos chers compatriotes de faire bonne chère sur des culs noirs 3, d'appeler M. Bertin le médecin malgré lui, et de courir siffler les pièces nouvelles.
Je me flatte au moins que le Spartacus de M. Saurin n'aura pas été sifflé : c'est un homme de beaucoup d'esprit, et, de plus, philosophe; c'est dommage qu'il n'ait pas travaillé à l'Encyclopédie.
Est-il vrai, ma belle philosophe, qu'il faut vous donner rendez- vous à Feuillasse 4? Ce serait de votre part un bel exemple. Si vous êtes capable d'une si bonne action, je ne serai plus malade; je braverai la bise comme vous. Toutes les Délices sont à vos pieds.

 

V. »

 

 

1 Cette lettre, écrite à Chalut, l'un des soixante fermiers généraux, n'a pas été retrouvée. (Clogenson.) . Voir lettre du 20 mai 1759 à de Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/07/04/conservez-moi-cette-liberte-qui-me-coute-assez-cher.html

Voir aussi : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTI...

et : http://histoire-bibliophilie.blogspot.fr/2013/03/les-fermiers-generaux-des-contes-et.html

 

2 Pierre Patte, architecte, né le 3 janvier 1723, mort le 19 août 1814, éditeur des Mémoires de Charles Perrault, 1759, in-12. Voir la « Lettre de M. Patte, architecte, à M. Fréron » dans l'Année littéraire, 1760 ainsi que Pierre Patte, 1940, de Maë Mathieu . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Patte

 

 

4 Cette propriété située près de Mategnin appartenait, semble-t-il à cette date au comte Hyacinthe de Pingon ; voir E.-L. Dumont, « Le château de Feuillasse », Bulletin de L'Institut genevois, 1953 .voir : http://www.swisscastles.ch/Geneve/meyrin.html

 

 

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02/03/2015 | Lien permanent

J'ai peine à croire que notre nation légère soit devenue assez barbare pour approuver une telle licence.

... Voila ce qu'aurait pu dire notre secrétaire d'État chargée de la famille, Laurence Rossignol, si elle n'avait pas été "extrêmement choquée" par Une petite pipe de et par Patrick Sébastien diffusée à une heure de grande écoute sur une chaîne du service public .

«Ceux qui ont la responsabilité, la chance, d'animer une émission de télévision doivent aussi se comporter dans le respect des familles. (...) Je trouve ça limite incestueux que de faire chanter ça dans une famille, à 20h50», a-t-elle déclaré . Et bien moi , madame,  je vous trouve  dans les limites de l'idiotie ,  sous-ministre ignorante du sens du mot inceste, tout autant que de l'heure réelle de diffusion de ladite chanson ; Mère La Pudeur-Rossignol vous chantez le faux, à votre tour d'être sifflée : "hors jeu" .

 

puritains.jpg

 http://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/article/television/86756/une-petite-pipe-de-patrick-sebastien-vue-par-les-humoristes.html

 

 

« A Jacques LACOMBE 1
à Paris
Je recevrai, monsieur, avec une extrême reconnaissance l'ouvrage dont vous voulez bien m'honorer. Votre lettre me donne grande envie de voir votre livre 2; elle est d'un philosophe, et il n'appartient qu'aux philosophes d'écrire l'histoire ; les autres sont des satiriques, des flatteurs, ou des déclamateurs. Je n'ai encore qu'un volume de prêt de l'Histoire de Pierre le Grand. Les mémoires qu'on m'envoie de Pétersbourg viennent fort lentement et de loin à loin ; plusieurs ont été pris en route par les housards. Vous voyez que la guerre fait plus d'un mal. Au reste, je doute fort que cette Histoire réussisse en France; je suis obligé d'entrer dans des détails qui ne plaisent guère à ceux qui ne veulent que s'amuser. Les folies héroïques de Charles XII divertissaient jusqu'aux femmes; des aventures romanesques, telles même qu'on n'oserait les feindre dans un roman, réjouissaient l'imagination ; mais deux mille lieues de pays policées, des villes fondées, des lois établies, le commerce naissant, la création de la discipline militaire, tout cela ne parle guère qu'à la raison.
Ajoutez à ce malheur celui des noms barbares inconnus à Versailles et à Paris, et vous m'avouerez que je cours grand risque de n'être point lu de tout ce que vous avez de plus aimable.
Il se pourra encore que maître Abraham Chaumeix me dénonce comme un impie, attendu que Pierre le Grand n'a jamais voulu entendre parler de la réunion de l'Église grecque à la romaine, proposée par la Sorbonne. Les jésuites se plaindront qu'on les ait chassés de Russie, tandis qu'on a laissé une douzaine de capucins à Astrakan. Nous verrons, monsieur, comment vous vous êtes tiré de ces difficultés.
Je suis aussi indigné que vous qu'on permette à Paris l'affront qu'on fait sur le théâtre à des hommes respectables. Serait-il possible, monsieur, qu'on eût désigné injurieusement dans la pièce nouvelle MM. d'Alembert, Diderot, Duclos, Helvétius, et tant d'autres 3? J'ai peine à croire que notre nation légère soit devenue assez barbare pour approuver une telle licence. Je ne sais qui est l'auteur de cette pièce; mais, quel qu'il soit, il aurait à se reprocher toute sa vie un tel abus de son talent, et les approbateurs 4 auraient encore plus de reproches à se faire. Peut-être la licence qu'on suppose dans cette pièce n'est-elle pas aussi grande qu'on le dit. J'ignore si la pièce a été jouée ; j'ai conservé à Paris peu de correspondances; je sais seulement, en général, qu'on m'y attribue souvent des ouvrages que je n'ai pas même lus. Les vôtres, monsieur, serviront à me désennuyer de ceux qui me sont venus de ce pays-là.
Vous me donnez trop de louanges ; mais vous savez, vous qui êtes avocat, que la forme emporte le fond. Elles sont si bien tournées qu'on vous pardonnerait même le sujet.

 

J'ai l'honneur d'être avec toute l'estime et toute la reconnaissance que votre lettre m'inspire, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

 

Voltaire 

 

Par Genève, aux Délices 9è mai 1760»

 

 

 

 

 

1 Jacques Lacombe, né à Paris en 1724, avocat, reçu libraire en 1766, mort le 16 septembre 1801, auteur de l'Histoire des révolutions de l'empire de Russie, 1760, in-12, etc. Voir : http://data.bnf.fr/12102201/jacques_lacombe/

 

2 Histoire des révolutions de l'Empire de Russie, 1760 ; Mme du Boccage y fait allusion dans une lettre à Algarotti du 15 mai 1760, où, après avoir parlé de Palissot, elle poursuit en se référant à une lettre de V* qui nous est inconnue : « J'ai reçu, il y a peu de jours, une lettre de M. de Voltaire qui déplore avec raison ce déchainement que les auteurs ont l'un contre l'autre, fort nuisible aux lettres . Il est vrai qu'il n'attaque pas le premier, mais comme il a de bonnes armes, il se défend bien . Il ne ma parle point de son histoire du csar et laisse passer les révolutions de Russie qu'on vient de nous donner . »

 

3 Voir lettre du 25 avril 1760 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/04/23/est-il-vrai-que-de-cet-ouvrage-immense-et-de-douze-ans-de-travaux-il-revien.html

V* ne songe apparemment pas à sa propre Écossaise qui commence à courir le monde, ainsi que Choiseul lui en fait la remarque le 12 mai 1760 . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/03/theatre-l-ecossaise-partie-1.html

 

4 C'était Crébillon qui, en qualité de censeur, avait signé l'approbation mise au bas des Philosophes. Il se conforma à l'ordre que le duc de Choiseul lui avait donné de ne rien retrancher. (Beuchot.)

 

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07/05/2015 | Lien permanent

On dit que Satan était dans l’amphithéâtre

« Hymne ( !-)) » à la liberté ? Pour bien débuter ou finir une journée de travail :

 

http://www.lacoccinelle.net/traduction-chanson-1548-.html

 

A fond dans sur ma trottinette, cet air là vous décolle la pulpe !! Yeah !!

patinette.jpg

 

 

L’heure fatale de la dernière visite guidée de la saison est passée.

Ce n’est pas celle qui me laissera le plus de plaisir au cœur ; mais je suis égoïste ! Il suffit que mes visiteurs curieux, eux, en gardent un bon souvenir , y compris ce trio très désinvolte –deux jeunes hommes et une très jeune femme charmante (note de la rédaction : agréable à regarder )- qui ont eu quelques moments d’attention (et moi, ému, dans mon émoi, ai failli avoir des moments d’inattention ! ).

 

Volets fermés, derniers comptes faits, dès demain ce sont mes deux camarades qui vont mener les amateurs vers Volti . Sauf accident, je ne reviendrai que pour les Journées du Patrimoine des 19 et 20 septembre . Vu l’affluence de ces jours-ci, pas de visites guidées, simple rôle de mine de renseignements et surveillance .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

Envoyé de Parme, conseiller d’honneur du parlement, rue de la Sourdière à Paris

Et à Jeanne –Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

                            Mon divin ange, vous êtes le meilleur général de l’Europe. Il faut que vous ayez bien disposé vos troupes pour gagner cette bataille [celle de la première représentation de Tancrède le 3 septembre]; on dit que l’armée ennemie était considérable. Déborah Clairon a donc vaincu les ennemis des fidèles. On dit que Satan était dans l’amphithéâtre sous la figure de Fréron, et qu’une larme d’une dame étant tombée sur le nez du malheureux fit : psh phs, comme si ç’avait été eau bénite !

 

Ajoutez à vos bontés, mon cher ange, celle de vouloir bien me faire tenir les corrections, retranchements, additions que vous avez faits à l’ouvrage. Il est absolument nécessaire que la pièce s’imprime bientôt. Je soupçonne qu’il y en a déjà une édition furtive. Vous savez que j’avais ci-devant proposé à madame la marquise une dédicace. Je ne peux honnêtement pas oublier ma parole. J’écris au protecteur M. le duc de Choiseul, protecteur que je vous dois, et je le prie de savoir de madame la marquise si elle accepte l’épître [Mme de Pompadour écrira à Malesherbes le 4 septembre : «  J’ai permis à Voltaire… de me dédier Tancrède, parce que je le connais depuis vingt cinq ans… Les lignes que j’ai soulignées n’étaient pas à (l’épître) qu’il m'avait envoyée. Je pense qu’il faut les supprimer à l’impression… parce qu’elles rappellent des crimes trop funestes et trop honteux à la nation. » Choiseul le 19 septembre écrira à V* : « Je vous renvoie l’épître dédicatoire… telle qu’on la veut ; on y ajoute la condition que … il n’y aura point de préface à la pièce, parce qu’on ne veut pas absolument être compromis… »]. Vous connaissez le ton de mes dédicaces ; elles sont un peu hardies, un peu philosophiques. Je tâche de les faire instructives. Si on les veut de cette espèce je suis prêt, sinon point de dédicace.

 

         Madame Scaliger [Mme d’Argental], vous avez sans doute taillé et rogné. Vous avez fait des vôtres. Si la pièce vaut quelque chose, ma foi je la dois à vos critiques scaligériennes. Étiez-vous là, Madame ? Dites donc aux acteurs des deux premiers actes qu’ils ne soient pas si froids et si familiers.

 

         Des longueurs ! mon cher ange, c’est dans ma lettre de remerciement qu’il y aurait des longueurs, si j’avais un moment à moi. Comment pourrais-je finir ! Je vous dois  tout. Je baise le bout de vos ailes avec des transports de reconnaissance.

 

         V.

         8 septembre 1760.

 

         On dit que la lettre du roi Stanislas a fait impression sur l’esprit de monseigneur le dauphin. Le roi de Pologne m’a remercié de sa main avec la plus grande bonté.

         Nous venons de répéter Tancrède avec Mme Denis. Je parie, et même contre vous, que Mlle Clairon ne joue pas si bien le quatrième acte.

 

         N.B. – Moi père, je fais pleurer. Que Brizard en fasse autant – je l’en défie. Il ne peut tomber de ses yeux que de la neige.

 

 

 

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08/09/2009 | Lien permanent

Votre Majesté fait de beaux vers mais elle se moque du monde.

 "Je suis là pour qu'on me dise la vérité"

Nicolas S. je vous saurai gré que ce soit réciproque !! Tant de votre part que celle de vos ministres !

Auriez-vous copié sur Coluche pour préparer votre intervention qui , à mes yeux, est comme un emplâtre sur une jambe de bois  !  http://video.google.fr/videoplay?docid=790778664406252206...#

"... les perspectives électorales qui me concernent [présidentielles] ne rentrent en rien en ligne de compte dans mes décisions." : que Benoît Treize et trois ne referme pas le livre des saints  en devenir et commande une auréole (qui résiste aux détachants de droite et de gauche ! ) pour saint Nic ( tout le monde ! ).

Chère Carla, (très chère ), telle Marie de Magdala, je vous invite à parfumer les pieds de celui qui botte si facilement le cul de la France d'en bas afin de faire son bonheur malgré elle . On aura toujours aussi mal, mais on le sentira venir . Un peu comme le pou qui était éliminé par la Marie-Rose, "la mort parfumée des poux !" (publicité réaliste des années soixante ), nous serons condamnés mais nous aurons peut-être le temps de nous blinder. Après plusieurs applications, quelques-uns développeront des résistances salutaires . Ceux qui vont se gratter vont changer de coté !

Je suis un peu las -et là aussi !- d'entendre une version ministérielle un jour et son contraire trois jours plus tard ! 

Ras le bol aussi de ceux qui crient "au loup" quand on n'en voit pas même l'ombre !

Qui vous croira le jour où l'on en verra les dents, trop tard  ? H1 N1 ? Soldes monstres pour du vaccin ! Du bon, du vrai, qui protège l'industrie pharmaceutique d'abord .

M. Proglio ! pauvre hère ! une tête et deux casquettes !

Il est bien protégé donc je me permets de  taper sur sa tête golden globe : vous qui en dirigeant EDF n'allez plus payer de facture d'électricité (comme tous les EDFistes) -enfin , je veux dire une participation symbolique -, trouvez-vous normal d'augmenter les tarifs EDF pour le vulgum pecus dont je fais partie ?  Oui ? Doit-on admirer ce courage extraordinaire qui vous fait renoncer au plus petit des deux salaires ? Ou plus réellement doit-on féliciter votre conseiller fiscal ? Je penche bien sûr pour cette option .

                           

 

 

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

 

A Cirey ce 26 janvier 1749

 

              Sire,

              Je reçois enfin le paquet dont votre Majesté m’a honoré du 28 novembre . Un maudit courrier , qui s’était chargé de ce paquet enfermé très mal à propos , dans une boîte adressée à Mme du Châtelet, l’avait porté à Strasbourg et de là dans la ville de Troyes où j’ai été obligé de l’envoyer chercher.

 

Tous les amiraux d’Albion

Auraient eu le temps de nous rendre

Les ruines du Cap Breton,

[réf à la prise de Louisbourg par les Anglais en 1745]

Et nous le temps de les reprendre ;

Pendant que cet aimable don

De mon Frédéric Apollon

À Cirey se faisait attendre.

 

 

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              On revient toujours à ses goûts, vous faites des vers quand vous n’avez plus de batailles à donner . Je croyais que vous étiez mis tout entier à la prose.

 

Mais il faut que votre génie

Que rien n’a jamais limité,

S’élance avec rapidité

Du haut du mont inhabité

Où baille la philosophie ;

Jusqu’aux lieux pleins de volupté,

Où folâtre la poésie.

 

              Vous donniez sur les oreilles aux Autrichiens et aux saxons, vous donnez la paix dans Dresde, vous approfondissez la métaphysique , vous écrivez les mémoires d’un siècle dont vous êtes le premier homme, et enfin vous faites des vers et vous en faites plus que moi qui n’en peux plus, et qui laisse là le métier.

 

              Je n’ai point encore vu ceux dont Votre Majesté a régalé M. de Maurepas, mais j’en avais déjà vu quelques uns de l’épître à votre président des xx,  et des beaux arts.

 

Le neveu de Duguay-Trouin,

Demi-homme et demi-marsouin,

 

avait déjà fait fortune [épître à Maupertuis, de Frédéric II ; Maupertuis est de saint Malo comme Duguay-Trouin]. Nos connaisseurs disent : voilà qui est du bon ton, du ton de la bonne compagnie. Car, Sire, vous seriez cent fois plus héros, nos beaux esprits, nos belles dames vous sauraient gré surtout d’être du bon ton . Alexandre sans cela n’aurait pas réussi dans Athènes ni Votre Majesté dans Paris.

 

              L’épître sur la vanité et sur l’intérêt [Frédéric le 15 avril 1740 avait envoyé ce qui sera imprimé sous le titre d’Epître sur la Gloire et l’Intérêt.] m’a fait encore plus de plaisir que ce bon ton et que la légèreté des grâces d’une épître familière. Le portrait de l’insulaire

Qui de son cabinet pense agiter la terre ,

De ses propres sujets habile séducteur,

Des princes et des rois dangereux corrupteur,

etc.

 

est un morceau de la plus grande force et de la plus grande beauté . Ce ne sont pas là des portraits de fantaisie [Frédéric écrivait le 29 novembre 1748 qu’il envoyait « l’amas des portraits / Qu’a peints (sa) verve diffuse ».]; tous les travers de notre pauvre espèce sont d’ailleurs très bien touchés dans cette épître.

 

Des fous qui s’en font tant accroire

Vous peignez les légèretés.

De nos vaines témérités

Vos vers sont la fidèle histoire,

On peut fronder les vanités

Quand on est au sein de la gloire.

 

              Je croirais volontiers que l’ode sur la guerre [Frédéric : La Guerre présente] est de quelque pauvre citoyen, bon poète d’ailleurs, lassé de payer le dixième, et le dixième du dixième, et de voir ravager sa terre pour des querelles de rois. Point du tout , elle est du roi qui a commencé la noise [en décembre 1740, Frédéric avait envahi la Silésie, province autrichienne], elle est de celui qui a gagné les armes à la main une province et cinq batailles . Sire, Votre Majesté fait de beaux vers mais elle se moque du monde.

 

              Toutefois qui sait si vous ne pensez pas réellement tout cela quand vous l’écrivez ? Il se peut très bien faire que l’humanité vous parle dans le même cabinet où la politique et la gloire ont signé des ordres pour assembler des armées . On est animé aujourd’hui par la passion des héros . Demain on pense en philosophe. Tous cela s’accorde à merveille selon que les ressorts de la machine pensante sont montés. C’est une preuve de ce que vous daignâtes m’écrire il y a dix ans sur la liberté . J’ai relu ici ce petit morceau très philosophique . Il fait trembler . Plus j’y pense plus je reviens à l’avis de Votre Majesté. J’avais grande envie que nous fussions libres . J'ai fait tout ce que j’ai pu pour le croire . L’expérience et la raison me convainquent que nous sommes des machines faites pour aller un certain temps, et comme il plait à Dieu.

 

              Remerciez la nature de la façon dont votre machine est construite, et de ce qu’elle a été montée pour écrire l’épître à Hermotime [Frédéric : Sur l’avantage des lettres ].

 

Le vainqueur de l’Asie en subjuguant cent rois

Dans le rapide cours de ses brillants exploits

Estimait Aristote ; et méditait son livre.

Heureux si sa raison, plus docile à le  suivre,

Réprimant un courroux trop fatal à Clitus

N’eût par ce meurtre affreux obscurci ses vertus,

etc.

 

              Personne en France n’a jamais fait de meilleurs vers que ceux-là. Boileau les aurait adoptés. Et il y en a beaucoup de cette force, de cette clarté et de cette élégance harmonieuse dans votre épître à Hermotime. Votre Majesté a déjà peut-être lu Catilina, elle peut voir si nos académiciens écrivent aussi purement qu’elle [V* reprendra cette flatterie le 17 mars pour contrer Crébillon, que défend plus ou moins Frédéric].

 

              Sire, grand merci de ce que dans  votre ode sur votre académie [Frédéric : Le rétablissement de l’Académie], vous daignez aux chutes des strophes employer la mesure des trois petits vers de trois pieds ou six syllabes . Je croyais être le seul qui m’en étais servi . Vous la consacrez . Il y a peu de mesures à mon gré aussi harmonieuses, mais aussi, il y a peu d’oreilles qui sentent ces délicatesses. Votre géomètre borgne dont Votre Majesté parle n’en sait rien [Euler, né à Bâle]. Nous sommes dans le monde un petit nombre d’adeptes qui nous y connaissons, le reste n’en sait pas plus qu’un géomètre suisse. Il faudrait que tous les adeptes fussent à votre cour.

 

              J’avais en quelque sorte prévenu la lettre de Votre Majesté, en lui parlant de la cour de Lorraine, où j’ai passé quelques mois entre le roi Stanislas et son apothicaire, personnage plus nécessaire pour moi que son auguste maître, fût –il souverain dans la cohue de Varsovie.

 

J’aime fort cette Épiphanie

Des trois rois que vous me citez,

Tous trois différents de génie,

Tous trois de moi très respectés.

Louis mon bienfaiteur, mon maître,

M’a fait un fortuné destin.

Stanislas est mon médecin.

Mais que Frédéric veut-il être ?

 

              Vous daignez, Sire, vouloir que je sois assez heureux pour vous venir faire ma cour ? Moi ! voyager pendant l’hiver dans l’état où je suis ? Plût à Dieu, mais mon cœur et mon corps ne sont pas de la même espèce. Et puis, Sire, pourrez-vous me souffrir ? J’ai eu une maladie qui m’a rendu sourd d’une oreille, et qui m’a fait perdre mes dents . Les eaux de Plombières m’ont laissé languissant . Voilà un plaisant cadavre à transporter à Potsdam ! et à passer à travers vos gardes ! Je vais me tapir à Paris au coin du feu . Le roi mon maître a la bonté de me dispenser de tout service [Louis XV permet à V* de vendre sa charge de gentilhomme ordinaire de la chambre tout en gardant le titre.] . Si je me raccommode un peu cet hiver, il serait bien doux de venir me mettre à vos pieds dans le commencement de l’été. Ce serait pour moi un rajeunissement mais dois-je l’espérer ? Il me reste un souffle de vie, et ce souffle est à vous . Mais je voudrais venir à Berlin avec M. de Séchelles que Votre Majesté connaît . Elle en croirait peut-être plus un intendant de l’armée qui parle gras, et qui m’a rendu le service de faire arrêter à Bruxelles la nommée des Vignes laquelle était encore saisie de tous les papiers qu’elle avait volés à Mme du Châtelet et dont elle avait déjà fait marché avec les coquins de libraires d’Amsterdam [vente de lettres de V*, de Mme du Châtelet et de Frédéric à Ledet qui les imprima et intervention de Séchelles intendant des pays conquis]. Votre Majesté pourrait très aisément s’en informer [V* le racontait à Frédéric dès le 22 septembre 1746]. Je vous avoue, Sire, que j’ai été très affligé que vous ayez soupçonné que j’eusse pu rien déguiser [le 29 novembre 1748, Frédéric évoquait ironiquement l’éventualité d’un vol de la cassette de V* et d’une impression des vers qu’il envoyait et qui s’y trouveraient ]. Mais si les libraires d’Amsterdam sont des fripons à pendre, le grand Frédéric après tout doit-il être fâché qu’on sache dans la postérité qu’il m’honorait de ses bontés ?

 

              Pour moi, Sire, je voudrais n’avoir jamais rien fait imprimer, je voudrais n’avoir écrit que pour vous, avoir passé mes jours à votre cour, et passer encore le reste de ma vie à vous admirer de près . J’ai fait une très grande sottise de cultiver les lettres pour le public . Il faut mettre cela au rang des vanités dangereuses dont vous parlez si bien . Et en vérité, tout est vanité hors de passer ses jours auprès d’un homme tel que vous.

 

              Faites comme il vous plaira, mais mon admiration, mon très profond respect, mon tendre attachement ne finiront qu’ avec ma vie.

 

              V. »

 

 

             

 

 

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26/01/2010 | Lien permanent

Le public veut avoir de la marchandise pour son argent

... Il serait donc bon qu'on ait la possibilité de prendre le train sans interruption compte tenu de la cherté des billets , d'autant plus que bien des grévistes sont indemnisés par leur (riche ) syndicat : https://www.capital.fr/votre-carriere/pendant-la-greve-ce...

 

 

 

« A Gabriel Cramer

[juillet 1768]

Il n'y a rien, Dieu merci, à corriger dans la feuille X . Ainsi on peut la tirer .

Panckoucke m'écrit une lettre lamentable . Il dit qu'on décrie l'édition in-4° mais comment ne pas la décrier ? Le public veut avoir de la marchandise pour son argent . Je crains bien que cette édition n'aille chez la beurrière 1. Si monsieur Cramer avait daigné me consulter ce malheur ne serait pas arrivé . »

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25/02/2024 | Lien permanent

dans les délits qui ne traînent pas après eux des suites dangereuses, et dont la punition est arbitraire, il faut toujou

... Ou "quand Voltaire parle d'actualités" : https://www.bfmtv.com/paris/lyceen-condamne-a-cinq-mois-d...

 

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

18è juillet 1766 aux eaux de Rolle en Suisse par Genève

Je ne sais où vous êtes, monseigneur ; mais quelque part que vous soyez, vous êtes compatissant et généreux . Vous serez touché de cette relation qu’on m’a envoyée 1. Je suis persuadé que si on avait été informé de l’origine de cette horrible aventure, on aurait fait quelque grâce. Cet élu d’Abbeville vous paraîtra un grand réprouvé. Il est seul la cause du désespoir de cinq familles, et il est lui-même au nombre de ceux qu’il a accablés par sa méchanceté. La peine de mort n’est point ordonnée par la loi, et le degré du châtiment est entièrement abandonné à la prudence des juges. Il y a plusieurs années qu’une profanation beaucoup plus sacrilège fut commise dans la ville de Dijon ; les coupables furent condamnés à six mois de prison, et à quatre mille livres envers les pauvres, payables solidairement. Les meilleurs jurisconsultes prétendent que, dans les délits qui ne traînent pas après eux des suites dangereuses, et dont la punition est arbitraire, il faut toujours pencher vers la clémence plutôt que vers la cruauté. Il est triste de voir des exemples d’inhumanité dans une nation qui recherche la réputation d’être douce et polie. Je sais bien qu’il n’y a point de remède aux choses faites ; mais j’ai cru que vous ne seriez pas fâché d’être instruit de ce qui a produit cette catastrophe épouvantable. Il est triste que l’amour en soit la cause . Il n’est pas accoutumé, dans notre siècle, à produire de telles horreurs . Il me semble que vous l’aviez rendu plus humain.

Continuez-moi vos bontés, et pardonnez-moi de ne vous pas écrire de ma main. Ma misérable santé est dans un tel état que je ne suis capable que de vous aimer, et de vous respecter jusqu’au dernier moment de ma vie. »

1 Voir : Extrait d’une lettre d’Abbeville, du 7 juillet 1766

· · · · · · · · · · · · · · ·

Un habitant d’Abbeville, lieutenant de l’élection, riche, avare, et nommé Belleval, vivait dans la plus grande intimité avec l’abbesse de Vignancourt, fille de M. de Brou, lorsque deux jeunes gentilshommes, parents de l’abbesse, nommés de La Barre, arrivèrent à Abbeville. L’abbesse les reçut chez elle, les logea dans l’intérieur du couvent, plaça, peu de temps après, l’aîné des deux frères dans les mousquetaires. Le plus jeune, âgé de seize à dix-sept ans, toujours logé chez sa cousine, toujours mangeant avec elle, fit connaissance avec la jeunesse de la ville, l’introduisit chez l’abbesse ; on y soupait, on y passait une partie de la nuit.

Le sieur Belleval, congédié de la maison, résolut de se venger. Il savait que le chevalier de La Barre avait commis de grandes indécences, quatre mois auparavant, avec quelques jeunes gens de son âge mal élevés. L’un d’eux avait donné, en passant, un coup de baguette sur un poteau auquel était attaché un crucifix de bois ; et quoique le coup n’eût été donné que par derrière, et sur le simple poteau, la baguette, en tournant, avait frappé malheureusement le crucifix. Il sut que ces jeunes gens avaient chanté des chansons impies, qui avaient scandalisé quelques bourgeois. On reprochait surtout au chevalier de La Barre d’avoir passé à trente pas d’une procession qui portait le saint sacrement, et de n’avoir pas ôté son chapeau.

Belleval courut de maison en maison exagérer l’indécence très-répréhensible du chevalier et de ses amis. Il écrivit aux villes voisines ; le bruit fut si grand que l’évêque d’Amiens se crut obligé de se transporter à Abbeville pour réparer le scandale par sa piété.

Alors on fit des informations, on jeta des monitoires, on assigna des témoins ; mais personne ne voulait accuser juridiquement de jeunees indiscrets dont on avait pitié. On voulait cacher leurs fautes, qu’on imputait à l’ivresse et à la folie de leur âge.

Belleval alla chez tous les témoins ; il les menaça, il les fit trembler ; il se servit de toutes les armes de la religion ; enfin il força le juge d’Abbeville à le faire assigner lui-même en témoignage. Il ne se contenta pas de grossir les objets dans son interrogatoire, il indiqua les noms de tous ceux qui pouvaient témoigner ; il requit même le juge de les entendre. Mais ce délateur fut bien surpris lorsque le juge, ayant été forcé d’agir et de rechercher les imprudents complices du chevalier de La Barre, il trouva le fils du délateur Belleval à la tête.

Belleval, désespéré, fit évader son fils avec le sieur d’Étallonde, fils du président de Bancour, et le jeune d’Ouville, fils du maire de la ville. Mais, poussant jusqu’au bout sa jalousie et sa vengeance contre le chevalier de La Barre, il le fit suivre par un espion. Le chevalier fut arrêté avec le sieur Moinel son ami. La tête leur tourna, comme vous le pouvez bien penser, dans leur interrogatoire. Cependant, Moinel répondit plus sagement que La Barre. Celui-ci se perdit lui-même ; vous savez le reste.

Je me trouvai samedi à Abbeville, où une petite affaire m’avait conduit, lorsque de La Barre et Moinel, escortés de quatre archers, y arrivèrent de Paris, par une route détournée. Je ne saurais vous donner une juste idée de la consternation de cette ville, de l’horreur qu’on y ressent contre Belleval, et de l’effroi qui règne dans toutes les familles. Le peuple même trouve l’arrêt trop cruel ; il déchirerait Belleval ; il est sorti d’Abbeville, et on ne sait où il est.

Nota bene. Les accusés ont été condamnés par le parlement de Paris, en confirmation de la sentence d’Abbeville, à avoir la langue et le poing coupés, la tête tranchée, et à être jetés dans les flammes, après avoir subi la question ordinaire et extraordinaire. Le chevalier de La Barre a été seul exécuté ; on continue le procès du sieur Moinel. Plusieurs avocats ont signé une consultation par laquelle ils prouvent l’illégalité de l’arrêt. Il y avait vingt-cinq juges ; quinze opinèrent à la mort, et dix à une correction légère.

L’Extrait de la lettre d’Abbeville étant joint à la lettre de Voltaire à Richelieu, a été mis en note par tous les éditeurs. J’ai conservé cette disposition.

Dans une copie qui m’a été communiquée, le Nota bene offre deux variantes que voici :

Nota bene. Le chevalier de La Barre a été condamné par le parlement de Paris en confirmation, etc… Le chevalier de La Barre a été exécuté. On a brûlé avec lui ses livres, qui consistaient dans les Pensées philosophiques de Diderot, le Sopha de Crébillon, des Lettres sur les miracles, le Dictionnaire philosophique, deux petits volumes de Bayle, un Discours de l’empereur Julien, grec et français, un Abrégé de l’Histoire de l’Église de Fleury, et l’Anatomie de la messe. On continue le procès du sieur Moinel. Les autres sont condamnés à être brûlés vifs. Plusieurs avocats ont signé, etc. »

Cette version me paraît toute vraisemblable. Les deux petits volumes de Bayle sont l’Extrait fait par le roi de Prusse (voir : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6252

Le Discours de l’empereur Julien est celui que Voltaire fit réimprimer en 1769 (voir : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Discours_de_l%E2%80%99empereur_Julien/%C3%89dition_Garnier ; l’Abrégé de l’Histoire de l’Église est celui dont l’Avant-propos est de Frédéric  ; l’Anatomie de la messe est un livre du XVIe siècle. (Beuchot.)

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14/10/2021 | Lien permanent

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