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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

pour avoir un grand succès, il faut de grands rôles de femmes

Je suis bien de l'avis de Mme Denis (Oh c'est bien vrai , ça !!), le grand succès des hommes dépend du rôle de grandes femmes . 

Que les hommes qui briguent le pouvoir retiennent bien ceci .

Qu'hommes et femmes unissent leurs voix , alléluia !

http://www.youtube.com/watch?v=t0FeS1NQNSk

 

 

« De madame DENIS

au comte d'ARGENTAL


Des Délices, 9 septembre 1755.

Mon oncle a reçu une lettre de M. Lekain, dont il est enchanté.1 Il lui avoue qu'il a mal joué la première fois, et qu'il joue bien actuellement. Toutes les lettres que nous recevons le confirment. J'étais bien sûre de lui, et je ne doute pas qu'il ne fasse sentir à merveille tous les contrastes du rôle. C'est le meilleur garçon du monde, et tout plein de talent. Je me flatte que vous aimez à la folie Mlle Clairon, je suis sûre que vous et moi nous pensons de même quand je dis à mon oncle que, pour avoir un grand succès, il faut de grands rôles de femmes , il commence à être de cet avis, et est bien résolu de faire de beaux rôles à Mlle Clairon. »

 

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24/03/2012 | Lien permanent

s'il vous restait les quatre compotiers, et deux ceuillers à potage

 ... Je vous inviterais à un goûter pantagruelique ...

 gouter pantagruelique.jpg

 

 

« A Abraham GALLATIN VAUDENET 1

à Genève

A Lausanne, le 2 mars [1758]

Monsieur, je vous suis très obligé de l'attention que vous voulez bien avoir de me procurer la vaisselle de feu M. de Bellegarde 2. Si je n'avais pas toute la vaisselle qui m'est nécessaire, je saisirais avec empressement cette occasion de m’accommoder de toute celle que vous voulez bien me proposer . Mais s'il vous restait les quatre compotiers, et deux ceuillers 3 à potage, je les prendrais pour faire plaisir à M. de Gauffecourt .

J'ai l'honneur d'être, monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi . »

2 Claude-Marie de Bellegarde, comte de Bellegarde et d'Entremont est mort le 26 février 1755 .Il est fait mention de son mariage dans l'article : http://en.wikipedia.org/wiki/Maria_Anna_Katharina_Rutowska

3 Orthographe qui correspond à la prononciation de ce mot en certaines régions de nos jours (région lyonnaise par ex .) et qui était très répandue au XVIIè, même à Paris .

 

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25/06/2013 | Lien permanent

Je me flatte que votre nom imprimé à la tête des souscripteurs engagera plusieurs personnes à donner le leur

... Belle accroche à mettre en tête de lettre par tous les candidats à l'élection présidentielle pour recueillir les fameux/fumeux 500 parrainages . Le plus difficile étant de trouver la tête de gondole qui amènera les autres à se rallier .

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« A Louis-Jules Barbon Mancini-Mazarini, duc de Nivernais

Aux Délices 21 juin [1761] 1

Vous devenez monseigneur le duc tout jeune que vous êtes, le père de l'Académie, et vos discours vous ont rendu cher au public . La protection que vous donnez aux descendants de Corneille, augmente encore s'il est possible la vénération qu'on a pour vous .

Tous mes soins deviendront infructueux s'il ne se trouve quelques âmes aussi sensibles et aussi nobles que la vôtre . Je me flatte que votre nom imprimé à la tête des souscripteurs engagera plusieurs personnes à donner le leur . On portera sans doute le roi à permettre en qualité de protecteur, qu'il soit regardé comme le premier bienfaiteur de la famille du grand Corneille . Je suis bien sûr que dans l'occasion vous voudrez bien appuyer mes propositions de votre crédit et de vos conseils . Je vous en fait mes très humbles remerciements . Mlle Corneille y joindrait déjà les siens, si les ménagements qu'on doit aux infortunés m'avaient permis de l'instruire de ce qu'on a fait pour elle .

J'ajouterai que je crois convenable que chaque académicien non seulement donne son nom , mais qu'il nous procure des souscripteurs, car lorsque les sieurs Cramer seront à Genève comment pourront-ils en avoir à Paris ?

Je vous demanderais pardon monseigneur de tous ces détails si vous aviez moins de générosité . J'ai seulement peur de n'avoir assez de santé pour conduire cette entreprise à sa fin . J'attends votre discours avec impatience et serait toute ma vie monseigneur avec autant d'estime que de respect

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Le duc de Nivernais a porté sur la lettre la mention « la réponse au dos » ; elle y figure en effet, datée du 27 juin 1761 . Nivernais s'excuse à l'avance sur son grand âge et sur sa vie recluse qui l'empêcheront de faire conclure autant de souscriptions qu'il le souhaiterait .

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Jules_Mancini-Mazarini

et : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/06/22/j-ai-jete-par-terre-toute-l-eglise-pour-repondre-aux-plainte.html

 

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20/05/2016 | Lien permanent

il n’était pas juste, en vérité, que ce fût moi qui semât et labourât pour la sainte Église

... Laquelle parfois/souvent se gave aux dépens de la foule des petits croyants en pratiquant des tarifs exagérés pour des prestations rituelles qui devraient être gratuites en toute justice ( par ex. 250€ pour une bénédiction lors d'obsèques ! ).

Image associée

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

21è mars 1764

J’allais faire partir ce petit morceau pour la Gazette littéraire, lorsque je reçois la lettre du 15 Mars de mes anges. Ils me donnent de grandes espérances contre ces dîmes établies de droit divin et contre le concile de Latran ; nous espérons tout des bontés de mes anges et de M. le duc de Praslin. J’aimerai mes anges et mon terrain ingrat ; je le cultiverai avec bien plus de soin ; il n’était pas juste, en vérité, que ce fût moi qui semât et labourât pour la sainte Église.

Tant mieux qu’Olympie soit retardée 1, elle en sera mieux jouée et mieux reçue, et plus le carême sera avancé, moins il y aura de honte à n’avoir qu’un petit nombre de représentations 2.

Je reviens à la Gazette littéraire. Je m’imagine que les auteurs, en rectifiant les petits mémoires que j’envoie et en y mettant les convenances dont je ne me mêle point, pourront procurer au public des morceaux assez intéressants : j’en prépare un sur des ouvrages qui me sont venus d’Italie. Je cherche partout des morceaux piquants qui puissent réveiller le goût du public ; mais je n’en trouve guère. Le nombre des ouvrages nouveaux sera toujours très grand, et le nombre des ouvrages intéressants bien petit.

Je vais travailler, si ma pauvre santé me le permet, c’est-à-dire je vais dicter ; car je ne peux plus rien faire de mes organes.

Respect et tendresse.

V.»

1 On l'a jouée depuis quatre jours .

2 Le théâtre ferme à Pâques .

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27/04/2019 | Lien permanent

Le compositeur a brouillé les chiffres

...  Et il n'est pas le seul ! L'inénarrable Mélenchon, calife auto-proclamé, est incollable sur le nombre de voix remportées par toutes les mouvances de gauche et dans le même temps fait le boniment pour placer son programme totalement inepte financièrement parlant . Menteur compulsif ou crétin confirmé ? Métia métia !

NDLR- Rédigé le 8 mai pour parution le 7 mai 2022.

 

« A Gabriel Cramer

[janvier 1767 ?] 1

On a envoyé ce matin trois grands articles par le commissionnaire Dalloz 2.

On renvoie les feuilles f et g à M. Cramer .

Le compositeur a brouillé les chiffres à la page 93, il faut réformer son erreur .

Il est important qu'on ait une conversation avec M. Cramer et on ne peut lui parler tant qu’il est à cheval dans les rues . »

1 La date semble indiquée par l'allusion aux activités politiques de Cramer .

2 Ce Dalloz, de Ferney, sert aussi à Mme Denis pour porter à Hennin une lettre du 7 janvier 1767 . V* écrit Dallot ce qui indique la prononciation des mots en oz .

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07/05/2022 | Lien permanent

il y a peu de ces grandes âmes qui conservent si longtemps le feu sacré de Prométhée

 Grande âme, peut-être Jeanne d'Arc, dite  la Pucelle, le fut -elle, si j'en crois certains historiens , mais à tout coup, Voltaire  certainement est une grande âme animée d'un feu sacré jusqu'à son dernier souffle .

Coincidence, tous deux sont morts un 30 mai . Est-ce un clin d'oeil du hasard pour réunir dans les éphémérides l'auteur de La Pucelle et son modèle ? ( ceux qui ont lu La Pucelle vont dire que j'exagère en parlant de "modèle" , mais tant pis ! )

feu sacré jeanne darc fn.jpg

http://medias.lepost.fr/ill/2012/01/06/h-20-2674873-13258...

Ces flammes sont un mode de combustion des esprits à proscrire .

 

 

 

« A M. THIERIOT.

Aux Délices, 1er octobre [1755]

Je n'ai point répondu, mon ancien ami, aux belles exhortations que vous me faites sur cette vieille folie de trente années, que vous voulez que je rajeunisse. J'attends que je sois à l'âge auquel Fontenelle a fait des comédies 1. Il n'est permis qu'à un jeune homme, ou à un radoteur, de s'occuper d'une Pucelle. Colonne 2, à l'âge de soixante-quinze ans, commenta l'Aloïsia; mais il y a peu de ces grandes âmes qui conservent si longtemps le feu sacré de Prométhée. Il y a d'ailleurs un petit obstacle à l'entreprise que vous me proposez, c'est que l'ouvrage n'est plus entre mes mains; je m'en suis défait comme d'une tentation. Je me suis mis gravement à juger les nations 3, dans une espèce de tableau du genre humain, auquel je travaille depuis longtemps, et je ne me sens pas l'agilité de passer de la salle de Confucius à la maison de Mme Paris. J'ai lu les Mémoires de Mme de Staal; elle paraît plus occupée des événements de la femme de chambre que de la conspiration du prince de Cellamare. On dit que nous aurons bientôt les Mémoires de Mlle Rondet, fille suivante de Mme de Staal.
Vous ne pouviez vous défaire de vos Anglais et de vos Italiens en de meilleures mains qu'en celles de M. le comte de Lauraguais 4. Le vieux Protagoras, ou Diagoras-Dumarsais 5, m'a répondu de lui.

Je vous embrasse de tout mon cœur. »

 

1 Fontenelle, né en 1657, avait, dès 1680, donné sa tragédie d'Aspar (non imprimée); mais en 1751, à quatre-vingt-quatorze ans, il avait publié plusieurs comédies jusqu'alors inédites. http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Le_Bouyer_de_Fontenelle

2 François-Marie Pompée Colonne, mort à Paris en 1726, dans l'incendie de sa maison, âgé de quatre-vingt- deux ou quatre-vingt-huit ans, peut avoir été connu de Voltaire. On sait que les amants de la fille de Cujas disaient qu'ils commentaient les œuvres de ce grand jurisconsulte. C'est probablement dans le même sens que Voltaire emploie ici cette expression. . Un de ses ouvrages : http://books.google.fr/books?id=rV8z9X-oQLgC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

On ne connaît de Colonne aucun commentaire écrit sur l'Aloisia de N. Chorier, ouvrage obscène écrit en latin, dont la traduction française est intitulée l'Académie des Dames. (Beuchot.) http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Chorier

5 César Dumarsais, grammairien et philosophe que V* se plait à surnommer Protagoras ou Diagoras .

 

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05/04/2012 | Lien permanent

les damnés sont ceux qui n'aiment rien

... Ni personne .

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« A Adrien-Michel-Hyacinthe Blin de Sainmore

Au château de Ferney, pays de Gex, par Genève

15 décembre 1761 1

Mon amour-propre est vivement flatté

De votre écrit . Mon goût l'est davantage .

On n'a jamais par un plus doux langage,

Avec plus d'esprit blessé la vérité .

 

Pour Gabrielle en son apoplexie

D'aucuns diront qu'elle parle longtemps 2 .

Mais ses discours sont si vrais, si touchants,

Elle aime tant qu'on la croirait guérie .

 

Tout lecteur sage avec plaisir verra

Qu'en expirant la belle Gabrielle

Ne pense point que Dieu la damnera

Pour trop aimer un amant digne d'elle .

 

Avoir du goût pour le roi très chrétien

C'est œuvre pie ; on n'y peut rien reprendre .

Le paradis est fait pour un cœur tendrement

Et les damnés sont ceux qui n'aiment rien . »

 

1 Copie par Blin de Sainmore . L'original fait partie de la collection G. Bodin . Ed. Trésor du Parnasse ou le Plus Joli des recueils, 1762 (voir : https://books.google.com.pk/books/about/Le_Tr%C3%A9sor_du... ) . En tête du manuscrit, Blin de Sainmore a écrit : « Quelque temps après avoir reçu la réponse ci-dessus [lettre du 23 septembre 1761 à Blin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/09/06/c... ] je fus très étonné de voir courir dans les sociétés l'autre réponse en vers qu'on va lire et dont l'original ne m'est parvenu que longtemps après sa date . »

2 Sainmore fait ici un commentaire piqué : « La remarque de Voltaire n'est pas juste . Gabrielle n'est supposée écrire qu'après et non pas pendant une attaque d'apoplexie . Les premiers vers de l'héroïde le désignent assez clairement . »

 

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14/12/2016 | Lien permanent

On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes, il prend envie de marcher à quatre pattes

 

jj le tristounet.jpg

 

 

 

« A M. Jean-Jacques ROUSSEAU 1

A PARIS.

30 août [1755]

J'ai reçu, monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain 2; je vous en remercie. Vous plairez aux hommes, à qui vous dites leurs vérités, mais vous 3 ne les corrigerez pas. On ne peut peindre avec des couleurs plus fortes les horreurs de la société humaine, dont notre ignorance et notre faiblesse se promettent tant de consolations. On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes, il prend envie de marcher à quatre pattes 4, quand on lit votre ouvrage. Cependant, comme il y a plus de soixante ans que j'en ai perdu l'habitude, je sens malheureusement qu'il m'est impossible de la reprendre, et je laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes que vous et moi. Je ne peux non plus m'embarquer pour aller trouver les sauvages du Canada premièrement, parce que les maladies 5 dont je suis accablé me retiennent auprès du plus grand médecin de l'Europe, et que je ne trouverais pas les mêmes secours chez les Missouris; secondement, parce que la guerre est portée dans ces pays-là 6, et que les exemples de nos nations ont rendu les sauvages presque aussi méchants que nous. Je me borne à être un sauvage paisible dans la solitude que j'ai choisie auprès de votre patrie 7, où vous devriez être.

Je conviens 8 avec vous que les belles-lettres et les sciences ont causé quelquefois beaucoup de mal. Les ennemis du Tasse firent de sa vie un tissu de malheurs; ceux de Galilée le firent gémir dans les prisons, à soixante et dix ans, pour avoir connu le mouvement de la terre; et ce qu'il y a de plus honteux, c'est qu'ils l'obligèrent à se rétracter 9. Dès que vos amis eurent commercé le Dictionnaire encyclopédique, ceux qui osèrent être leurs rivaux les traitèrent de déistes, d'athées, et même de jansénistes. Si j'osais me compter parmi ceux dont les travaux n'ont eu que la persécution pour récompense, je vous ferais voir 10 des gens acharnés à me perdre du jour que je donnai la tragédie d'Œdipe; une bibliothèque de calomnies ridicules imprimées 11 contre moi; un prêtre ex-jésuite 12, que j'avais sauvé du dernier supplice, me payant par des libelles diffamatoires du service que je lui avais rendu un homme 13, plus coupable encore, faisant imprimer mon propre ouvrage du Siècle de Louis XIV avec des notes 14 dans lesquelles la plus crasse ignorance vomit les plus infâmes impostures; un autre, qui vend à un libraire 15 quelques chapitres d'une prétendue Histoire universelle, sous mon nom le libraire assez avide pour imprimer ce tissu informe de bévues, de fausses dates, de faits et de noms estropiés; et enfin des hommes assez lâches et assez méchants 16 pour m'imputer la publication de cette rapsodie 17. Je vous ferais voir la société infectée de ce genre d'hommes inconnu à toute l'antiquité, qui, ne pouvant embrasser une profession honnête, soit 18 de manœuvre, soit de laquais, et sachant malheureusement lire et écrire, se font courtiers de littérature 19, vivent de nos ouvrages, volent des manuscrits, les défigurent, et les vendent. Je pourrais me plaindre que 20 des fragments d'une plaisanterie faite, il y a près de trente ans, sur le même sujet que Chapelain eut la bêtise de traiter sérieusement, courent 21 aujourd'hui le monde par l'infidélité et 22 l'avarice de ces malheureux qui ont mêlé leurs grossièretés à ce badinage, qui en ont rempli les vides avec autant de sottise que de malice, et qui enfin, au bout de trente ans, vendent partout en manuscrit ce qui n'appartient qu'à eux, et qui n'est digne que d'eux. J'ajouterais qu'en dernier lieu on 23 a volé une partie des matériaux que j'avais rassemblés dans les archives publiques pour servir à l'Histoire de la Guerre de 1741, lorsque j'étais historiographe de France; qu'on 24 a vendu à un libraire de Paris ce fruit de 25 mon travail; qu'on se saisit à l'envi de mon bien, comme si j'étais déjà mort, et qu'on le dénature pour le mettre à l'encan. Je vous peindrais l'ingratitude, l'imposture et la rapine, me poursuivant depuis quarante ans jusqu'au pied des Alpes, jusqu'au bord de mon tombeau 26. Mais que conclurai-je de toutes ces tribulations ? Que je ne dois pas me plaindre; que Pope, Descartes, Bayle, le Camoens, et cent autres, ont essuyé les mêmes injustices, et de plus grandes; que cette destinée est celle de presque tous ceux que l'amour des lettres a trop séduits.

Avouez en effet, monsieur, que ce sont là de ces petits malheurs particuliers dont à peine la société s'aperçoit. Qu'importe au genre humain que quelques frelons pillent le miel de quelques abeilles ?
Les gens de lettres font grand bruit de toutes ces petites querelles, le reste du monde ou les ignore ou en rit.

De toutes les amertumes répandues sur la vie humaine, ce sont là les moins funestes. Les épines attachées à la littérature et à un peu de réputation ne sont que des fleurs en comparaison des autres maux qui, de tout temps, ont inondé la terre. Avouez que ni Cicéron 27, ni Varron, ni Lucrèce, ni Virgile, ni Horace, n'eurent la moindre part aux proscriptions. Marius était un ignorant le barbare Sylla, le crapuleux Antoine, l'imbécile Lépide, lisaient peu Platon et Sophocle; et pour ce tyran sans courage, Octave Cépias, surnommé si lâchement Auguste, il ne fut un détestable assassin que dans le temps où il fut privé de la société des gens de lettres.

Avouez que Pétrarque et Boccace ne firent pas naître les troubles de l'Italie; avouez que le badinage de Marot n'a pas produit la Saint-Barthélemy, et que la tragédie du Cid ne causa pas les troubles 28 de la Fronde. Les grands crimes n'ont guère 29 été commis que par de célèbres ignorants. Ce qui fait et fera toujours de ce monde une vallée de larmes, c'est l'insatiable cupidité et l'indomptable orgueil des hommes, depuis Thomas Kouli-kan, qui ne savait pas lire, jusqu'à un commis de la douane, qui ne sait que chiffrer. Les lettres nourrissent l'âme, la rectifient, la consolent 30. elles vous servent, monsieur, dans le temps que vous écrivez contre elles; vous êtes comme Achille, qui s'emporte contre la gloire, et comme le père Malebranche, dont l'imagination brillante écrivait contre l'imagination 31.

Si quelqu'un doit se plaindre de lettres, c'est moi, puisque, dans tous les temps et dans tous les lieux, elles ont servi à me persécuter; mais il faut les aimer malgré l'abus qu'on en fait, comme il faut aimer la société dont tant d'hommes méchants corrompent les douceurs, comme il faut aimer sa patrie, quelques injustices qu'on y essuie 32 comme il faut aimer et servir l'Être suprême, malgré les superstitions et le fanatisme qui déshonorent si souvent son culte.

M. Chappuis m'apprend que votre santé est bien mauvaise; il faudrait la venir rétablir dans l'air natal, jouir de la liberté, boire avec moi du lait de nos vaches, et brouter nos herbes. Je suis très-philosophiquement et avec la plus tendre estime, etc. »

 

1 Cette lettre fut d'abord imprimée dans la première édition de l'Orphelin de la Chine, qui est de septembre 1755. Mais ce fut sur une copie différente, et sans doute manuscrite, que fut faite l'impression dans le Mercure d'octobre 1755, page 124; elle fut reproduite, avec les différences, dans le Mercure de novembre 1755, page 56. Un texte différent est dans le Portefeuille trouvé (voyez la note, tome VI, page 337). Les éditions in-4° (1768), encadrée (1775), et de Kehl, ne présentent pas le même texte. Je crois que les éditeurs de Kehl ont fondu de leur mieux les
différentes versions. Il eût mieux valu sans doute s'arrêter au texte de 1755, dernière édition du vivant de l'auteur, et donner en notes les variantes. Mais elles sont en si grande quantité que, pour le plus grand nombre des lecteurs, c’eût été trop fastidieux. C'est par cette raison que je n'ai pu me déterminer à reproduire toutes les variantes. J'en donne peut-être trop; mais j'avertis (on peut et m'excuser et me blâmer également de cela) que je ne les donne pas toutes. (B.)
La réponse de J.J. Rousseau est du 10 septembre :
 http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/03/22/je-n-aspire-pas-a-nous-retablir-dans-notre-betise-quoique-je.html

 

 

3 Variante et vous .

 

4 C'est ainsi que Palissot fit marcher Rousseau dans la comédie des Philosophes. Voir : Lettres du 1er décembre 1755 et du 4 juin 1760, à Palissot.

 

5 VAR. : maladies auxquelles je suis condamné me rendent un médecin d'Europe nécessaire; secondement.

 

6 VAR : ce pays-là.

 

7 VAR. : votre patrie, où vous êtes tant désiré.

 

8 VAR. J'avoue avec vous.

 

9 VAR. : se rétracter. Vous savez quelles traverses vos amis essuyèrent quand ils commencèrent cet ouvrage aussi utile qu'immense de l’Encyclopédie, auquel vous avez tant contribué. Si j'osais, etc.

 

10 VAR. : voir une troupe de misérables acharnés.

 

11 VAR. imprimée.

 

12 L'abbé Desfontaines.

 

13 La Beaumelle.

 

14 VAR. Des notes où la plus crasse ignorance débite les calomnies les plus effrontées un autre.

 

15 VAR :Vend à un libraire une prétendue Histoire universelle.

 

16 VAR. et le libraire assez avide, assez sot pour, etc.

 

17 VAR : pour m'imputer cette rapsodie.

 

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21/03/2012 | Lien permanent

J'ai lu tous les mémoires de Beaumarchais, et je ne me suis jamais tant amusé. J'ai peur que ce brillant écervelé n'ait

 

 http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Barbier_de_S%C3%A9ville

http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Mariage_de_Figaro

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_M%C3%A8re_coupable

Ci-dessous, Giovanni Paisiello, dans ses oeuvres, ici, plutôt que W-A Mozart (qui , lui, a eu des paroles plus que méprisantes à la mort  de Volti, que j'écoute parfois, mais que je ne mettrai pas en vedette ! )

http://www.deezer.com/listen-7954123

http://www.deezer.com/listen-7954138

http://www.deezer.com/listen-7954145

http://www.deezer.com/listen-7954114

beaumarchais.jpg

 Beaumarchais, homme génial, qui reconnut le génie de Volti et dépensa sans compter pour faire connaitre l'oeuvre de cette Lumière du monde.

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Envoyé de Parme, etc. en son hôtel quai d'Orsay à Paris

 

30è décembre 1773

 

Mon cher ange, votre lettre du 19è décembre me confirme dans les soupçons que j'avais depuis longtemps. Je n'ai point reçu celle que vous m'avez écrite par M. de Varicourt qui a été très longtemps malade. L'homme dont vous me parlez commence à être connu i. Je n'ai autre chose à faire qu'à me taire ii.

 

J'ai lu cette pauvre Orphanis iii, cela est très digne du siècle où nous sommes. Tout me dégoûte du théâtre, et pièces et comédiens. Sans Lekain il faudrait donner la préférence à Gilles iv, sur le théâtre français.

 

Il ne me reste plus qu'à cultiver mon jardin après avoir couru le monde ; mais malheureusement on ne cultive point son jardin pendant l'hiver, et cet hiver est furieusement long entre les Alpes et le mont Jura. Il faut donc mourir sans vous avoir revu et sans vous avoir embrassé.

 

Je n'ai pour ma consolation qu'un procès très désagréable que me fait un polisson de Genève au sujet d'une petite terre auprès de Ferney que j'avais achetée de lui pour Mme Denis v.

 

Voici dans mes détresses une autre petite affaire que je confie à votre générosité.

 

La Harpe me parait être dans une situation assez pressante, et je n'ai pas de quoi l'assister, parce que M. le duc de Virtemberg ne me paie plus, et que M. de Laleu est considérablement en avance avec moi. Si vous pouviez donner pour moi vingt-cinq louis à La Harpe vi, vous me feriez un plaisir infini. On dit qu'il a fait une excellente tragédie des Barmécides. L'avez-vous vue ? En êtes vous aussi content que lui ?

 

Je ne sais s'il sera jamais un grand tragique, mais il est le seul qui ait du goût et du style ; c'est le seul qui donne des espérances, le seul peut-être qui mérite d'être encouragé, et on le persécute.

 

Si les vingt-cinq louis vous gênent, mandez-le moi hardiment.

 

J'ai lu tous les mémoires de Beaumarchais vii, et je ne me suis jamais tant amusé. J'ai peur que ce brillant écervelé n'ait au fond raison contre tout le monde. Que de friponneries, ô ciel ! que d'horreurs ! que d'avilissement dans la nation! quel désagrément pour le parlement viii! que mon Caton d'abbé Mignot en est ébouriffé ! Il vaudrait mieux manger en paix de meilleurs petits pâtés que n'en faisait l'empoisonneur Mignot, qu'il a plu à messieurs les auteurs des Œufs rouges ix et à M. Clément x de faire passer pour son grand-père. M. Clément imprime cette belle généalogie dans une des Lettres qu'il me fait l'honneur de m'écrire avec une permission tacite xi. Encore une fois, nous sommes dans un étrange temps . Dieu soit béni ! La tête me tourne. Je me mets au milieu de mes frimas sous les ailes de mes anges .

 

V. »

 

i Par cette lettre, V* apprend : « par une voie un peu lente mais sure » « le peu de bonne volonté » de Richelieu pour les Lois de Minos et son « défaut d'activité sur une possibilité de retour (de V* à Paris » et d'autre part la responsabilité de Marin dans l'édition pirate des Lois de Minos : il «s'est entendu avec Valade auquel cette intelligence a assuré l'impunité. » 

 

ii Ce que lui conseille d'Argental, tant pour Richelieu que pour Marin : « ... cette découverte ne doit pas vous déterminer à rompre avec un homme [Marin] dont à tout moment vous pouvez avoir besoin... il faut dissimuler les injures et feindre de les ignorer afin de ne pas être obligé à en marquer son juste ressentiment . Il doit en être usé de même à l'égard du maître des Jeux [Richelieu]. »

 

iii De Blin de Sainmore, représentée le 25 septembre 1773. http://books.google.com/books?vid=0FbaOHq5oAeyeEdws9&...

 

iv Personnage de foire, mais aussi allusion à « Gilles Shakespeare ».

 

v C'est l'Ermitage, près de Colovrex, acheté à Choudens en 1759. V* dans ses contacts avec l'avocat Christin et Florian parle de ce procès « contre celui qui nous avait vendu l'Ermitage et qui veut y rentrer au bout de quatorze ans. »

 

vi Auparavant, en juillet 1769, V* a prêté dix mille francs à d'Argental.

 

vii Mémoires Goësmann, concernant son procès, le premier procès ayant eu lieu en 1771 avait pour objet la succession de Pâris-Duvernet. Beaumarchais réclamait 100 000 livres. Le légataire universel, comte de La Blache, prétendait que le papier qui servait de preuve était u faux ; puis, redemandant 15 louis versés à Mme Götzman, Beaumarchais fut accusé de corruption (du juge Götzman) en juin 1773 ; il fut de plus accusé notamment d'avoir tué ses premières femmes. Le premier Mémoire avait paru le 5 septembre, le second le 18 novembre, le troisième le 19 ou 20 décembre . Cf. lettre du 17 janvier 1774 à d'Argental. Fin page 73-début 74 : http://books.google.be/books?id=6gz38JE6zFkC&pg=PA74&...

Page 35- et suivantes - : sun2.science.wayne.edu/multimedia/.../File/.../Beaumarchais_Volume_II.pdf

http://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=mdp.39015070447662

 

viii Les 22 et 23 décembre, le parlement dut « décréter son membre pourri » Götzman pour falsification de documents.

 

ix Les Œufs rouges de monseigneur Sorhouet mourant . A monsieur de Maupéou, 1772, qu'on attribue à Matthieu-François Pidansat de Mairobert ou à Jacques-Matthieu Augeard ; cf. lettre du 6 janvier 1774 à d'Hornoy.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mathieu-Fran%C3%A7ois_Pidans...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Mathieu_Augeard...

 

 

x Jean-Marie-Bernard Clément, auteur de Première Neuvième Lettre à M. de Voltaire, 1773-1776 ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie-Bernard_Cl%C3%A9m...

http://books.google.fr/books?id=CD40AAAAMAAJ&printsec...

 

 

xi V* venait de lire la Quatrième Lettre où il est écrit : « peut-être M. de V*** veut-il se venger ... de ce que ce fameux satirique [Boileau] avait traité d'empoisonneur le traiteur Mignot, dont M. de V** est le petit-neveu , à ce qu'on dit . » V* se plaignit à Maupéou le 20 décembre de « cette petite calomnie » qui « jette un très grand ridicule sur la tête à cheveux blancs d'un conseiller de la Grand-Chambre [l'abbé Mignot] , et avilit un corps que (Maupéou) a bien voulu honorer. »

 

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Nous ne sommes pas dignes, nous et notre vin de Gex, de la prodigieuse quantité que nous en avons

... Quantité si "prodigieuse" [sic] qu'elle permet de nos jours de livrer du raisin aux Caves du Mandement (genevoises) et, double prodige , faire de ce jus discrètement transporté  par nos honnêtes suisses du célèbre Fendant valaisan . Alleluia ! les choux sont gras !

Il reste cependant un couple vigneron sur les terres ayant appartenu au patriarche dont la production est prodigieusement discrète et agréable à boire . 

https://www.mondialduchasselas.com/ferney-voltaire-le-cou...

http://www.vin-vigne.com/commune/Ferney-Voltaire-01210.html

http://www.mondialduchasselas.com/wp-content/uploads/2018/01/Ferney-Voltaire.jpg

Santé gaillards !

 

 

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

Au château de Ferney par Genève

5 décembre [1764 ?] 1

Monsieur,

Vous ne m'avez rien écrit sur vos vignes cette année . Je me flatte que la bénédiction de Jacob est tombée sur vous comme sur nos cantons . Nous ne sommes pas dignes, nous et notre vin de Gex, de la prodigieuse quantité que nous en avons . Mais nous faisons plus de cas de deux de vos tonneaux que de trente des nôtres . Si donc monsieur vous avez un tonneau de vin ordinaire et un autre d'excellent, je boirai l'un et l'autre à votre santé, en cas que vous vouliez bien me le permettre . Permettez-moi d'assurer madame Le Bault de mon respect . C'est avec les mêmes sentiments que j'ai l'honneur d'être

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1Daté d'après la date de récolte (voir lettre du 12 octobre 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/10/12/j-espere-que-les-impots-serviront-un-jour-a-nous-faire-boire-5969998.html et celle du 22 octobre 1760 ) et du fait que la lettre est autographe . Mais le tout reste hypothétique .

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04/02/2020 | Lien permanent

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