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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Vous ne trahirez votre conscience ni la mienne

 ... En lisant et aimant Voltaire , je vous l'assure .

Lui-même a été et est encore trahi dans ses pensées et actes sans vergogne par une foule de sectaires et extrémistes de tous bords . Pauvre Voltaire dont on saucissonne et contorsionne les écrits à l'appui de méprisables intentions . Voir : http://tempsreel.nouvelobs.com/le-dossier-de-l-obs/20130717.OBS9885/quand-l-extreme-droite-recupere-l-heritage-de-voltaire.html

 

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« A Jean-Robert Tronchin

à Paris

Aux Délices 22 mars [1758]

Vous êtes un charmant correspondant, monsieur, un homme bien attentif, un ami dont je connais le prix . Vous devez n'avoir pas un moment à vous et vous en trouvez pour m'écrire . Paris ne vous a point gâté et ne vous gâtera point . Toute la négociation dont je prendrai la liberté de vous charger auprès de M. de Laleu sera une lettre de change de 25 mille livres pour la fin d'avril . Si vous êtes encore à Paris dans ce temps-là je vous supplierais de vouloir bien mettre dans votre portefeuille un petit compte que M. de Laleu pourra avoir achevé alors . Si par hasard vous avez quelque occasion de voir M. l'abbé de Bernis, vous êtes bien homme à lui dire qu'il a en moi le plus zélé de ses partisans et le plus attaché de ses serviteurs . Vous ne trahirez votre conscience ni la mienne . J'espère beaucoup des ressources de son esprit . Toute notre destinée est entre les mains de deux abbés 1. Dieu bénira nos armes et nos négociations .

Mme Denis et moi nous vous embrassons tendrement .

V.

Si vous trouviez à Paris quelques bonnes graines pour vos Délices, si vous pouviez nous faire avoir tout ce qu'on peut planter, tout ce qu'on peut semer, tout ce qu’on peut emporter dans la saison où vous partirez, si cela se peut, si cela ne vous gène pas, n'oubliez pas votre jardinier .

V. »

 

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22/07/2013 | Lien permanent

Les petits estomacs ont grande confiance en lui

 

petits estomacs.jpg

http://www.youtube.com/watch?v=Me_5tU3O9Gk&feature=related

 

 

 

 

« A madame de FONTAINE.

Aux Délices, 6 septembre [1755]

Je suis pénétré de tout ce que vous faites, ma très-chère nièce. On a travaillé, pendant mon absence, à rendre la pièce 1 moins indigne du public; on a pu la raccommoder, on a pu la gâter: cela prouve qu'il ne faut jamais donner des tragédies de si loin, et que les absents ont tort. Il est certain que, si l'on imprimait la pièce dans l'état où elle est aux représentations, on la sifflerait à la lecture, mais c'est le moindre des chagrins qu'il faut que j'essuie. Ils sont bien adoucis par vos soins, par vos bontés, par votre amitié. M. Delaleu 2 payera, sur vos ordres, les copies 3 que vous faites faire pour moi.

Tout ce que je demande, c'est qu'on me laisse mourir tranquille dans l'asile que j'ai choisi, et que je puisse vous y embrasser avant de mourir.

Nous avons ici un médecin 4 beau comme Apollon et savant comme Esculape. Il ne fait point la médecine comme les autres. On vient de cinquante lieues à la ronde le consulter. Les petits estomacs ont grande confiance en lui. Ce sera, je crois, votre affaire, si jamais vous avez le courage et la force de passer nos montagnes.

Votre sœur ne m'a avoué qu'aujourd'hui sa tracasserie avec Chimène 5. Cette nouvelle horreur d'elle me plonge dans un embarras dont je ne peux plus me tirer. Je suis trop malade et trop accablé pour travailler à notre Orphelin; je me résigne à ma triste destinée, et je vous aime de tout mon cœur.

Votre frère 6 a écrit une lettre charmante à sa sœur; il a bien de l'esprit, et l'esprit bien fait. J'embrasse votre fils 7, qui sera tout comme lui. »

 

1 L'Orphelin de la Chine .

2 Notaire de V* à Paris .

3 De la Pucelle, telle que Voltaire l'avait composée. (CL.)

4 Théodore Tronchin, dont Voltaire parla toujours avec le langage de l'amitié.

5 Le marquis de Ximenès qui a dérobé le manuscrit de La Guerre de 1741 avec, semble-t-il, la complicité ou la négligence de Mme Denis .

6 Alexandre -Jean des Aunais, connu comme abbé Mignot, avocat et conseiller-clerc au Grand Conseil .

7 Alexandre d'Hornoy.

 

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22/03/2012 | Lien permanent

qui se trouve le cul par terre entre trois selles

... Eh bien ! une foultitude de maires qui larguent les amarres  de leurs partis d'origine pour se rallier en hâte à LREM, astuce qui leur permettrait de n'avoir pas de candidat de ce parti en face d'eux . Grand bien leur fasse . Rendez-vous l'an prochain .

Image associée

 

 

 

« Au colonel David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches etc.

à Paris

9è mai 1764 aux Délices

Vous me trouverez, mon cher monsieur, plus de vérité que de vanité . Je suis obligé de vous avouer que dans le moment présent je vous servirais très mal en écrivant à la personne à laquelle vous voulez que j'écrive 1. Je me trouve dans des circonstances qui doivent me faire garder le silence pendant quelque temps ; tous les moments ne sont pas également favorables . Je serai à vos ordres assurément toute ma vie ; mais actuellement je les exécuterais fort mal . Gardez-vous de vous accrocher à un roseau cassé, lorsque vous avez de si bons appuis. Je vous avoue ma misère, je n'en rougis point, mais j'en suis très fâché . Tout va de travers pour moi depuis quelques jours, je m'enveloppe dans ma petite philosophie, mais je vous suis cent fois plus attaché que je ne suis philosophe . Ma nièce partage tous mes sentiments pour vous . Conservez vos bonté au vieux Français moitié suisse, moitié genevois, qui se trouve le cul par terre entre trois selles . »

1 Constant de Rebecque a écrit le 2 mai 1764 à V*, de paris, pour lui demander une seconde lettre de recommandation pour la duchesse de Gramont, plus détaillée que la précédente ; voir lettre du 22 avril à celle-ci : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/05/20/je-me-crois-bien-autorise-aujourd-hui-a-profiter-de-cette-permission-que-vo.html

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10/06/2019 | Lien permanent

Il est irrité contre moi parce que je ne fais pas l'impossible

... dit Agnès Buzin à propos du Dr Pelloux, urgentiste qui est outré de voir le peu de moyens mis réellement en oeuvre sur le terrain, l'écart entre le discours et les faits .

https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/02/agnes-b...

De même dit le royal marine Disney à propos du maire de Chamonix : https://www.20minutes.fr/insolite/2595191-20190903-britan...

Je fais des voeux pour que Voltaire ne soit pas irrité par mes faibles écrits !

 

 

« A Théodore Tronchin

à Genève

[vers le 15 juillet 1764] 1

Mon cher Esculape, j'ai recours à votre amitié . Voilà M. le duc de Lorges arrivé 2, et je devrais lui aller rendre mes devoirs . J'aurais dû me présenter aussi devant Mmes de Jaucourt et de Gourgues 3, mais vous savez mon cher Esculape à quel régime je suis assujetti . Je prends depuis dix 4 ans de votre marmelade quatre fois par semaine . Elle m'a conservé la vie . Mais c’est à des conditions bien gênantes et bien dures . Je ne peux sortir et ma faiblesse qui augmente tous les jours me rend incapable des devoirs comme des plaisirs . J'oppose quelquefois un peu de gaieté au triste état dans lequel je languis, mais je n'en souffre pas moins . On a persuadé à Mgr l’Électeur palatin que je jouissais d'une bonne santé et il croit que je fais le malade pour ne pas aller chez lui . Il est irrité contre moi parce que je ne fais pas l'impossible . Je vous conjure mon cher ami de me rendre justice et de vouloir bien m' excuser auprès de M. le duc de Lorges et auprès des personnes à qui je m'interdis le bonheur de faire ma cour . Comptez que soixante et onze ans avec une santé très faible exigent la retraite . Je compte sur votre bonté que je vous supplie de me continuer.

V. »

1 L'édition Tronchin B. est quelque peu incomplète ; la date est donné ici en fonction de l'arrivée du duc de Lorges .

2 Louis de Durfort-Duras, duc de Lorges est arrivé à Genève le 9 juillet, ou peu auparavant .

3 Olive-Claire de Lamoignon, femme du président Armand-Guillaume-François de Gourgues, marquis de Vayre .

4 Mot ajouté au dessus de la ligne .

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03/09/2019 | Lien permanent

J'espère que la démarche inattendue du Parlement ne servira qu'à augmenter l'empressement du public

... Vous allez me trouver monomaniaque, mais là encore je vois une incitation , tout à fait raisonnable, à se faire vacciner contre ce méchant Covid-19, pour autant que le Parlement nous surprenne par une exemplarité inhabituelle jusqu'à présent .

Hélas , la réalité est là, notre lenteur bureaucratique proverbiale  justifie la colère du président : https://www.bfmtv.com/politique/pas-a-la-hauteur-des-francais-la-colere-de-macron-sur-la-lenteur-de-la-campagne-de-vaccination_AN-202101030018.html

soutenue par celle du  monde médical : https://www.lci.fr/sante/covid-19-coronavirus-pandemie-fi...

 

 

 

« A Charles Manoël de Végobre Avocat

à Genève

Ferney 3è septembre 1765

La lettre dont vous m'honorez, monsieur, me confirme dans mon sentiment ; on est bien ferme dans son opinion quand elle est autorisée par vous . J'ai écrit plusieurs fois à Lausanne à M. Seigneux de Correvon tout ce que vous me faites l'honneur de me mander . Je lui ai fourni quelques pièces intéressantes, qui ne sont point connues . Je lui ai conseillé de ne pas imprimer tout ce grand nombre de factums qui disent tous la même chose . Il s'est chargé de faire une préface historique telle que vous semblez la demander . Je n'ai aucun commerce avec ce Grasset qui ne mérite assurément pas qu'on en ai avec lui . Je crois que vous ne ferez pas mal de représenter à M. de Correvon les mêmes choses que vous avez bien voulu m'écrire .

Quant à l'estampe de Mme Calas j’ai déjà quelques souscriptions , et M. Tronchin étant à Genève en a bien davantage . Elles avaient à Paris la plus grande vogue . J'espère que la démarche inattendue du Parlement ne servira qu'à augmenter l'empressement du public . Cette entreprise seule est capable de dédommager amplement la famille Calas .

Permettez que je vous adresse pour la respectable veuve, ce petit billet que M. Debrus mettra dans son paquet, ou que vous mettrez dans le vôtre, si vous écrivez à Paris .

J'ai l'honneur d'être avec tous le sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

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03/01/2021 | Lien permanent

j'essuie toutes les algarades d'un fermier ivrogne qui a tout enlevé, bois, fumiers, graines, instruments, et qui troubl

...Allons, Gégé, sois raisonnable, tu n'aurais pas dû faire ça avant de partir chez les Soviets !

 Allez, je ne veux pas te rappeler de mauvais souvenirs, mais quand même ...

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« A Charles de Brosses, baron de Montfalcon

Aux Délices [vers le 15 février 1759]

Je vous l'avais bien dit, monsieur, que vous vous étiez chargé d'un lourd fardeau . Vous auriez dû me vendre plus cher votre terre . Je n'aurais pas payé les importunités que je vous cause . Pardonnez à mon ignorance . Je ne savais pas que non seulement l'exaction du centième denier sur les douze mille livres employables en réparations dans quelques années est impertinente, mais encore que je ne dois rien sur le marché que j'ai fait avec vous qui n'est qu'un bail à vie .

M. Girod 1, qui est venu aux Délices, a passé par Tournay où il a vu cinquante ouvriers qui ajustent le château . Vous pouvez compter que ce sera un endroit délicieux .

Je me flatte, monsieur, que vous voudrez bien faire entendre raison au sieur Girard receveur ou directeur des domaines , qui exige ce qui ne lui est pas dû, avant même que je sois en possession .

Je vous réitère les mêmes prières que j'ai eu l'honneur de vous faire dans ma dernière lettre, et j'ajoute une autre requête, c'est de trouver bon que je prenne pour me chauffer quelques moules 2 de bois sec que le sieur Charlot Baudit ne vend point . Il est bien juste que je jouisse des choses nécessaires . Charlot Baudit est convenu, et on le sait assez, qu'il n'est que commissionnaire . Je vous ai payé en partie avant d'entrer en jouissance ; il m'en coûtera, croyez-moi, plus de vingt quatre mille livres pour améliorer la terre et pour embellir le château . Je suis peut-être le seul homme en France qui en eût usé ainsi . Je répare Tournay avant même d'être en possession . Je fais plus, j'essuie toutes les algarades d'un fermier ivrogne qui a tout enlevé, bois, fumiers, graines, instruments, et qui trouble mes ouvriers ; cela mérite en vérité que vous me laissiez jouir de quelque mesures de bois de chauffage .

Quand vous voudrez qu'on travaille aux réparations du chemin de Chambézi, je m'en chargerai .

Je suis à vos ordres pour toute ma vie .

V. »

1 Jean-Charles Girod, avocat à Gex , signataire du bail entre V* et de Brosses .

2 Littré : Ancienne mesure de bois à bruler, faite de deux traverses entre lesquelles on rangeait les buches . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Moule_%28bois%29

 

 

 

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18/03/2014 | Lien permanent

embarrassée peut-être entre le danger de prendre un parti et celui de n'en prendre aucun ?

... Telles semblent être la France, et bien d'autres nations, en ce moment . Comment s'engager, ou se dégager, de conflits plus ou moins lointains sans envenimer la situation  ? Toujours est-il qu'il ne faut pas prendre pour modèles la Russie, la Chine ou les USA, pour ne citer que les plus gros .

Idées brumeuses

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« A Madame Louise Dorothée Von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

A Monrion, près de Lausanne, 5 mars [1757].

Madame,

 

Quoi Votre Altesse sérénissime a la bonté de s'excuser de ne m'avoir pas honoré assez tôt d'une de ses lettres ! Elle sent de quel prix elles sont pour moi. Mais est-il possible qu'elle daigne être occupée de mon attachement pour elle, et du respectueux, du tendre intérêt que je prends à sa prospérité, tandis qu'elle se trouve au milieu des alarmes publiques et particulières, entourée d'armées, et embarrassée peut-être entre le danger de prendre un parti et celui de n'en prendre aucun? Sa sagesse et celle de monseigneur le duc me rassurent contre les craintes que m'inspire la situation violente de l'Allemagne il se peut même, madame, que vos États trouvent quelque avantage dans le besoin que les deux partis auront des denrées de votre territoire. Les princes sages et modérés gagnent quelquefois au malheur de leurs voisins.
Je n'ai point ici la lettre du roi de Prusse 1 elle est dans ma retraite, auprès de Genève. Je passe tous les hivers auprès de Lausanne, ne pouvant être assez heureux pour les passer à vos pieds, et ne pouvant quitter une nièce qui s'est sacrifiée pour moi, et qui a quelque raison de n'oser voyager en Allemagne 2. J'ai perdu, madame, le correspondant 3 qui me fournissait les nouvelles dont je faisais part à Votre Altesse sérénissime; il est parti avant l'armée que la France envoie en Allemagne.
Puisse cette armée contribuer à établir un nouveau traité de Westphalie, qui assure la paix et la liberté, le plus précieux de tous les biens . Mais qui peut savoir ce qui résultera de tous ces grands mouvements ? On prétend que le roi de Pologne a contre lui un violent parti dans la Pologne même, et que les Turcs pourraient bien empêcher les Russes de se mêler des affaires de l'Allemagne. Le comte d'Éstrées vient d'être fait maréchal de France, avec sept autres. Le scélérat Damiens n'est pas encore jugé. Les malheurs de la Saxe produisent des banqueroutes dans toute l'Europe j'en ai essuyé une violente, les petits souffrent des querelles des grands. Recevez, madame, mon profond respect, et pardonnez au papier. »

1 « Une lettre toute pleine de bontés » comme il écrivit à Cideville le 9 février 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/09/30/l-histoire-ce-n-est-apres-tout-qu-un-ramas-de-tracasseries-q.html

2 Allusion aux « avanies de Francfort » lorsque V* et Mme Denis revenaient en France après le séjour prussien de V* .

3 Le comte d'Argenson tombé en disgrâce et retiré en province .

 

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10/10/2012 | Lien permanent

Il fallait attendre ma mort pour me disséquer . On s'est un peu pressé .

Note mise en ligne brute de décoffrage . Parution avec notes va suivre d'ici ce soir ... si Dieu veut ...

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« A François-Augustin Paradis de Moncrif

A Colmar , 15 octobre [1754]

Je reçois dans ce moment ; mon cher confrère, la boite de Pandore ; tous les maux et tous les sifflets en sortent ; folio recto, folio verso, tout est détestable . La musique d'Orphée ne pourrait faire passer ces pauvretés . Je ne me plains point de M. de Sireuil ; il aurait dû pourtant m'avertir un peu plus tôt . Je vous demande en grâce que l'ouvrage porte le titre de ce qu'il est : Tiré des fragments de la pièce, selon le petit projet que j'ai soumis à vos lumières . On ne peut me refuser cette justice ; et puisque M. Royer a fait confisquer mon bien, il faut au moins qu'il le dise. La moitié de l'ouvrage n'est pas de moi, l'autre moitié est défigurée. Il fallait attendre ma mort pour me disséquer . On s'est un peu pressé .

Je vous prie de présenter à M. le comte d'Argenson les respects de son ancien squelette, et d'être persuadé de ma reconnaissance .

Je sens bien que je ne peux empêcher l'exécution prochaine de Royer, de Sireuil, et de moi . Tout ce que je demande, c'est qu'on connaisse du moins les deux complices, à qui pourtant je souhaite tout le succès que je n'espère pas, et à qui je ne veux aucun mal, quoiqu'ils m'en fassent un peu par un assez mauvais procédé et de plus mauvais vers .

Je vous embrasse et vous remercie, et je vous aime . Mme Denis en fait tout autant, en tout bien et en tout honneur .



P.S. On me mande que je pourrais empêcher qu'on ne vendît à la friperie de l'Opéra la garde-robe de Pandore : ce serait assurément le meilleur parti , et, s'il ne doit pas être permis de mettre sur le compte d'un homme vivant un ouvrage qui n'est pas de lui, il doit être moins permis encore de le défigurer entièrement, et de joindre à son ouvrage mutilé celui d'un autre sans l'avoir seulement averti .

Si pourtant on ne peut parvenir à cette justice, si on ne peut rendre à Royer le service de l'empêcher de se déshonorer, je vous demande en grâce que l'opéra soit intitulé : Prométhée, fragments de la tragédie de Pandore, déjà imprimée, à laquelle on a fait substituer et ajouter tout ce qui a paru convenable au musicien pendant l'éloignement de l'auteur .

Ce titre sera très exact ; Prométhée ne contient en effet que mes fragments avec les additions de M. de Sireuil .

J'écris à M. le président Hénault, suivant votre conseil, et je le supplie d'engager Royer à supprimer son opéra, ou du moins à en différer l'exécution . En vérité, tout cela est l'opprobre des beaux-arts, et je ne vois partout que brigandage .

Je me recommande à vos bontés : empêchez le déshonneur des lettres, autant que vous pourrez ; cela est digne de vous . »



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28/09/2011 | Lien permanent

ma vie est consacrée au travail et à la vérité.

 

 

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

 

A Colmar 22 août 1754

 

Sire,

 

Je prends encore la liberté de présenter à Votre majesté un ouvrage [i] qui, si vous daigniez l'honorer d'un de vos regards, vous ferait voir que ma vie est consacrée au travail et à la vérité. Cette vie toujours retirée et toujours occupée au milieu des maladies, et ma conduite jusqu'à ma mort vous prouveront que mon caractère n'est pas indigne des bontés dont vous m'avez honoré pendant quinze années.

 

J'attends encore de la générosité de votre âme que vous ne voudrez pas remplir mes derniers jours d'amertume.

 

Je vous conjure de vous souvenir que j'avais perdu mes emplois [ii] pour avoir l'honneur d'être auprès de vous, et que je ne les regrette pas, que je vous ai donné mon temps et mes soins pendant trois ans, que je renonçai à tout pour vous, et que je n'ai jamais manqué à votre personne.

 

Ma nièce qui n'a été malheureuse que par vous,[iii] et qui certainement ne mérite pas de l'être , qui console ma vieillesse et qui veut bien prendre soin de ma malheureuse santé et des biens que j'ai auprès de Colmar,[iv] doit au moins être un objet de votre bonté et de votre justice.

 

Elle est encore malade de l'aventure affreuse qu'elle essuya en votre nom. Je me flatte toujours que vous daignerez réparer par quelques mots de bonté des choses qui sont si contraires à votre humanité et à votre gloire [v]. Je vous en conjure par le véritable respect que j'ai pour vous. Daignez vous rendre à votre caractère encore plus qu'à la prière d'un homme qui n'a jamais aimé en vous que vous même, et qui n'est malheureux que parce qu'il vous a assez aimé pour vous sacrifier sa patrie. Je n'ai besoin de rien sur la terre que votre bonté, croyez que la postérité dont vous ambitionnez et dont vous méritez tant les suffrages ne vous saura pas mauvais gré d'une action d'humanité et de justice.

 

En vérité si vous voulez faire réflexion à la manière dont j'ai été si longtemps attaché à votre personne, vous verrez qu'il est bien étrange que ce soit vous qui fassiez mon malheur. Soyez très persuadé que celui que vous avez rendu si malheureux aura jusqu'à son dernier moment une conduite digne de vous attendrir.

 

V. »

 

i Troisième volume de l'Histoire universelle.

ii Il a gardé son titre de gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi, mais perdu sa charge d'historiographe.

iii L'avanie de Franfort ; cf. lettre du 20 juin 1753 à la margravine et du 8 juillet 1753 au Conseil de Francfort.

iv Il a une hypothèque sur les terres du duc de Wurtemberg et il « supplie » le duc, le 7, de faire établir le contrat au nom de Mme Denis.

v Frédéric ne le fit pas .

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22/08/2010 | Lien permanent

on ne demande que la justice la plus exacte ; tout dépend de l'opinion des juges, et cette opinion dépend beaucoup de ce

... Ou plus exactement de celle du jury . Si le public était seul juge, je parierais mon dernier Kleenex que l'on aurait une justice aussi jetable que lui après usage .

 

 

« A Philippe Debrus

[vers le 7 août 1762] 1

Je bénis, monsieur, le maître de la vie et de la mort qui vous rend votre santé ; je m'y intéresse tendrement, et j'espère bientôt venir vous le dire .

Je suis fort de votre avis que Mme Calas aille trouver M. Quesnay 2 , mais je ne sais si elle se doit trouver sur le passage du roi , à moins qu'il y ait quelqu'un qui la fasse remarquer à Sa Majesté et qui lui en ait déjà parlé ; sans quoi cette démarche sera tout à fait inutile . D'ailleurs, ne croyez pas que sa présence et son deuil puissent avoir la moindre influence sur l'évènement du procès . Ce n'est point ici une affaire de faveur et de grâce, on ne demande que la justice la plus exacte ; tout dépend de l'opinion des juges, et cette opinion dépend beaucoup de celle du public qui a pris avec chaleur le parti de cette famille infortunée . Laissons je vous en conjure commencer le procès ; ce sera alors que nous redoublerons nos batteries ; il faudra bien qu'on mène Mme Calas chez les juges ; il faudra surtout que ce soit un homme intelligent qui la conduise chez eux en grand deuil, et plût à Dieu qu'elle fût même accompagnée d'un de ses enfants ! Leur présence seule vaudra cent pages d'écritures .

Si Mme Calas était une femme éloquente, dont la figure, les discours, et les larmes fissent une profonde impression sur les esprits, si elle savait dire de ces choses qui ébranlent l'imagination des hommes, et qui pénètrent le cœur , je lui dirais, montrez vous partout, parlez à tout le monde ; mais ce n'est pas là son caractère ; M. Crommelin en est convenu avec moi, il pense que dans le moment présent il faut qu'elle se montre peu, et qu'on agisse beaucoup pour elle . Je vous réponds que nous agissons bien, que tout ira bien ; et je parierais cent contre un pour le gain de son procès .

Tranquillisez-vous donc, mon cher monsieur, et que votre vertu soit moins inquiète . L'homme du monde le mieux disposé est monsieur le contrôleur général, j'en ai des preuves certaines ; et je ne désespère pas de faire obtenir une petite pension, à cette veuve dès que l'infâme arrêt de Toulouse sera cassé .

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur, et je suis entièrement à vos ordres .

V. »

1Le manuscrit est endossé « août 1762 » et l'édition place la lettre entre le 5 et le 9 .

2 Les physiocrates, dont Quesnay était un des principaux représentants, avaient alors quelque influence sur le roi . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Quesnay

et : http://ses.ens-lyon.fr/articles/les-grands-themes-25510

et : https://www.alternatives-economiques.fr/francois-quesnay-fondateur-de-physiocratie/00025714

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02/07/2017 | Lien permanent

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