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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

il est très difficile de dire la vérité, et de la bien dire

... Et à ce propos, voir monsieurdevoltaire sous la plume de Mam'zelle Wagnière : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/12/citation-du-jour.html

 

 

 

« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

Aux Délices 23 novembre [1759]

J'ai bien mal aux yeux,madame, ils ont eu cependant le bonheur de lire la lettre dont vous m'honorez du 5 novembre 1. Venons vite à l'article qui paraît vous intéresser le plus . C'est monsieur le comte de Kaunits en ermite . Je ne le reconnais point du tout dans un habit de moine ; mais je l'aurais deviné au temple de l'immortalité , quand même vous ne m’auriez pas mis le doigt dessus . Voyez si vous voulez cette antienne sur le frontispice de son église :

Temple de l'immortalité,

Vous êtes donc un ermitage !

Loin de la foule, une main sage

L'élève avec solidité .

Par Thérèse il est habité ;

Rien n'est plus juste : elle a conduit l'ouvrage .

Ces vers ne sont pas trop bons, mais tout le monde y est en place . Je vous prie, madame, de ne me pas oublier auprès de M. le prince de Virtemberg qui m'oublie, et à qui je serai toujours attaché ; je le tiens un de vos plus dignes ermites ; car assurément il ne pense point comme la foule du vulgaire .

Je ne peux envoyer encore rien de l'Histoire de Pierre le Grand, j'y travaille tous les jours ; il est très difficile de dire la vérité, et de la bien dire .

Il n'y a point encore d'édition in-quarto, tout traine en longueur comme la guerre ; il n'y a que notre ruine (à nous autres Français qui aille le grand galop) mais tout se réparera par notre régime .

Je suis enchanté que vous soyez enchantée de notre digne ambassadeur, et de madame l’ambassadrice 2: je ne suis point assez heureux pour connaître madame mais j'ai fort l'honneur de connaître monsieur ; ajoutez s'il vous plait , à tout ce que vous me dires de lui, que c'est l'un des plus vertueux hommes de l'Europe ; il semble que M. de Caunits l'ait fait venir exprès pour lui .

Vous ne me parlez pas beaucoup, madame, de votre grand procès de Kniphausen 3; mais vous pouvez toujours assurer M. du Triangle, cet habile avocat, cet homme éloquent, que la cause m'est bien chère ; j'ai même envoyé des pièces de la main de M. Larey notre ennemi, qui ont fait une grande impression sur l'esprit des juges ; il faudra bien qu'on rende Kniphausen, malgré la chicane . Je prends la liberté, madame, de m'intéresser à vos affaires comme à vous même . Pardonnez-moi si je dicte cette lettre ; quand je ne serai plus aveugle, j'aurai l'honneur de vous écrire de ma main combien l'oncle et le nièce saucée dans le ruisseau de Francfort vous respectent, vous regrettent, et vous aiment . »

1 Celle-ci ne nous est pas parvenue .

2 Anne-Marie de Champagne-la Suze, dame de Saint-Romans, qui avait épousé César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin, en 1732 ; en 1758, il a été nommé ambassadeur de France à Vienne, en remplacement de son cousin Étienne François de Choiseul, comte de Stainville, lorsque celui-ci fut appelé au Ministère des Affaires étrangères.

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01/12/2014 | Lien permanent

quand je leur ai envoyé un plan, qui n'est pas un plan de tragédie, je n'ai pris cette liberté que parce que plusieurs p

... Actualité française, n'est-ce pas mister président ?

Si ça peut vous aider : https://www.lepoint.fr/sondages-oui-non/les-nouvelles-mesures-pour-lutter-contre-l-epidemie-vous-semblent-elles-plus-contraignantes-pour-votre-vie-quotidienne-19-03-2021-2418472_1923.php?M_BT=443989616563#

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

27è novembre [1765] 1

Je dois dire, ou répéter , à mes anges, que quand je leur ai envoyé un plan, qui n'est pas un plan de tragédie, je n'ai pris cette liberté que parce que plusieurs personnes des deux partis m'en avaient prié . J'ajoute encore que je n'ai mis par écrit mes idées que pour donner à M. Hennin des notions préliminaires de l'état des choses . M. Fabry, dont j'ai déjà eu l'honneur de vous parler, et qui est à peu près chargé des affaires par intérim, m'a paru être de mon avis dans les conversations que j'ai eues avec lui . Ce qui pourrait me faire croire que j'ai rencontré assez juste , c'est qu'ayant proposé en général le nombre de sept cents citoyens, pour exiger une assemblée du corps entier de la république, ce nombre a paru trop fort aux citoyens, et trop petit aux magistrats . Par conséquent il ne s’écarte pas beaucoup du juste milieu que j'ai proposé, puisque l'assemblée générale n'est presque jamais composée que de treize cents tout au plus, et qu'il n'y a qu'un seul exemple où elle ait été de quatorze cents .

Mes remontrances à Lekain deviennent inutiles après l'édition faite d'Adélaïde, ainsi n'en parlons plus . Un temps viendra où les tracasseries de la comédie seront finies comme celles de Bretagne, et où le petit ex-jésuite pourra revenir à ses Roués ; mais pour moi je serai toujours, à mes anges, avec respect et tendresse.

V. »

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21/03/2021 | Lien permanent

Qui! moi, que je me donne avec mon héros le ridicule de parler de ce qui n'est pas de mon métier ? Non assurément, je n'

 ... Aussi ne dirai-je pas un mot sur l'oeuvre poétique de Voltaire, si ce n'est pour dire que si tout ne m'emballe pas, tout me plait .

 Et comme il me plairait de voir ces drôles de machines de l'Île à Nantes

voir les machines de l ile nantes.jpg

 

 

 

« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.

Aux Délices, 2 juillet [1757].

Qui ! moi, que je me donne avec mon héros le ridicule de parler de ce qui n'est pas de mon métier ? Non assurément, je n'en ferai rien. Si vous avez envie d'avoir le modèle en question, envoyez vos ordres. Faites prier de votre part, ou Florian 1, ou Montigny 2, de l'Académie des sciences, de venir chez vous. Tous deux ont travaillé à cette machine. Elle est toute prête. C'est à mon héros à en juger, et ce n'est pas à moi chétif à l'ennuyer par des explications qui ne donnent jamais une idée nette. Il n'y a que les yeux qui puissent bien comprendre les machines.
Vous avez sans doute, monseigneur, tous les détails de la bataille donnée le 18 en Bohême 3, et de la sortie exécutée le 21 par le prince Charles 4. Il paraît qu'on peut battre les Prussiens sans le secours d'une nouvelle machine. Mais, malgré les vingt- deux postillons sonnant du cor à Vienne, et malgré les cent bouches de la Renommée, on ne voit pas encore que les Prussiens aient évacué la Bohême. Ils paraissent encore être en force au camp de Kollin et auprès de Prague.
Je voudrais, pour bien des raisons, que ce fût mon héros qui les battit complètement. Ah! quelle consolation charmante ce serait pour votre ancien courtisan, pour votre vieux idolâtre, de vous voir avant et après vos triomphes . Je ne sais pas trop ce que pourra mon corps malingre mais je réponds bien de mon âme. Où ne me conduirait-elle pas pour vous faire ma cour ? J'irais partout, hors à Paris. J'imagine que vous ferez plus d'un tour au delà du Rhin que vous verrez l'électeur palatin; que vous passerez quelquefois dans la maison de campagne 5 qu'il achève. Il m'honore de beaucoup de bontés. Ce ne sont pas les caresses du roi de Prusse, il ne me baise pas la main, et il ne met pas de soldats, la baïonnette au bout du fusil, au chevet du lit de ma nièce mais il daigne me témoigner quelque confiance. Je ne sais s'il ne serait pas mieux que j'allasse vous faire ma cour dans ce pays-là que dans Strasbourg, où vous n'aurez pas un moment à vous. J'aimerais mieux vous tenir un jour à la campagne, que quatre dans une ville bruyante. Mais où ne voudrais-je pas vous voir, vous entendre, vous renouveler mon tendre et profond respect  »

1  Voir lettre du 1er novembre 1756 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/29/j...

2  Voir lettre du 8 janvier 1756 à Mme de Fontaine : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/05/04/t...

3  Celle de Kollin, perdue par Frédéric le 18 juin.

4  Sortie de Prague assiégée .

5  Celle de Schwetzingen, où Voltaire ira voir Charles-Théodore, en juillet 1758.

 

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14/11/2012 | Lien permanent

J’espère que vous direz sur cela quelque chose de positif. Ce n’est assurément que manque de courage, et non pas manque

... M. Macron vous déclarez vouloir la signature d'un nouveau traité Europe-Afrique sur l'immigration dès janvier 2022 : au travail, donc , ça urge  : https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/10/27/immig...

L'Europe impuissante face à l'immigration clandestine - Dessin sur Gagdz.com

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

30 juillet 1766 1

Je vous ai déjà mandé 2, monsieur, que j’avais reçu toutes vos lettres, tant sur les vingtièmes de Valromey, Bugey et Gex, que sur les autres objets. On signifia avant-hier à tous les villages de ces bailliages qu’ils eussent à payer sur-le-champ le vingtième et la taille, sans quoi on mettrait tous les syndics en prison. Cette rigueur n’avait point été exercée jusqu’à présent. On croit que c’est pour payer les troupes qui sont en garnison à Bourg en Bresse et dans le voisinage. M. de Voltaire, votre ami, a payé sur-le-champ pour le village de Ferney. Il est toujours aux eaux de Rolle en Suisse, et il me charge de vous faire les plus tendres compliments.

J’attends, monsieur, avec impatience le mémoire circonstancié que vous avez eu la bonté de nous promettre. Vous devez avoir reçu deux petits mémoires touchant l’établissement d’une nouvelle manufacture 3. J’espère que vous direz sur cela quelque chose de positif. Ce n’est assurément que manque de courage, et non pas manque de force, qu’on a tardé si longtemps à établir cette manufacture nécessaire.

Les plénipotentiaires médiateurs viennent de déclarer solennellement 4, et par écrit, que Jean-Jacques Rousseau n’est qu’un calomniateur. Cette déclaration, jointe à celle de M. Hume 5, est le juste châtiment d'un homme qui est devenu méchant 6 par un excès d’orgueil. Il est plus coupable que personne envers la philosophie : d’autres l’ont persécutée, mais il l’a profanée.

Nos compliments, je vous prie, à M. Tonpla7. Votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Boursier. »

1 L'édition Correspondance littéraire ne donne pas le destinataire .

3 L’établissement à Clèves d’une colonie de philosophes ; voir lettre de mi-juillet 1766 de Frédéric II de Prusse : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6409

et lettre du 25 juillet à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/10/22/les-grandes-choses-sont-souvent-plus-faciles-qu-on-ne-pense.html

6 Toutes les éditions portent ici «d’un polisson qui est devenu un scélérat » 

7 Anagramme de Platon, nom qui désigne Diderot.

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27/10/2021 | Lien permanent

Ce n'est peut-être pas même une tragédie . C'est un ouvrage d'un goût un peu nouveau

... C'est tout bêtement une campagne électorale énervante, débilitante,  ou plus exactement des campagnes, menées par des hommes et femmes qui prétendent chacun en savoir assez pour mener le troupeau de ceux qui les ont élus (ce qui d'après les prévisions fait assez peu) et la majorité de ceux d'opinion adverse et les abstentionnistes . Chacun tire à hue et à dia, étonnez vous après cela que l'on avance comme un pochtron qui vient de boire sa paye . Gare à la gueule de bois !

 Image associée

Marine Le Pen, et son directeur de campagne ( qui pour une fois est sincère ) 

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine , marquise de Florian

28 mai [1762] 1

Si vous n'êtes pas à Hornoy, ma chère nièce, allez donc chez M. d'Argental, vous y trouverez cette tragédie que je n'ai pas faite, car comment voulez-vous que je l'aie faite depuis le 20 avril ? Elle n'est donc pas de moi . Ce n'est peut-être pas même une tragédie . C'est un ouvrage d'un goût un peu nouveau . Votre sœur dit que cela fait pleurer . Je le veux croire, mais il faut qu'elle ne soit pas de moi pour qu'elle ne fasse pas rire et siffler , et pour que le petit Fleury 2 ne la défère pas à la cohue des enquêtes . Je l'ai adressée à M. d'Argental et à vous solidairement, sous l'enveloppe de M. de Courteilles . Si vous aviez un receleur 3 qui affranchit vos paquets je vous l'aurais adressée . Je n'ai pas un moment . Voyez si votre vieil oncle peut encore vous amuser . Il n'est sûr que de vous aimer .

V. »

1 Le manuscrit olographe est passé en vente chez Liepmanssohn à Berlin le 21 mai 1909 .

2 Omer Joly de Fleury, avocat général .

3 Cet emploi particulier de receleur ne parait pas attesté .

 

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18/04/2017 | Lien permanent

On dit qu’une jolie et brave Lyonnaise a rossé trois citoyens. Le porteur n’est pas du nombre ; elle lui aurait donné un

... Bravo ! Bien fait pour ses agresseurs .

 

 

« A Pierre-Michel Hennin, Résident

de France

en son hôtel

[12 juillet 1766] 1

Ange de paix, voici un Genevois qui vous donnera de quoi faire votre métier de bienfaisance. Tandis que vous cherchez à peupler le pays de Gex de protestants, on les en chasse , on ravit le bien patrimonial d’une famille. C’est par charité chrétienne, à la vérité ; mais c’est contre les lois mêmes de Louis XIV, qui ne sont pas si sévères que les déprédateurs fiscaux. Permettez que je recommande à vos bontés, à votre protection, et à vos conseils, le porteur de ma requête.

On dit qu’une jolie et brave Lyonnaise a rossé trois citoyens. Le porteur n’est pas du nombre ; elle lui aurait donné un baiser.

V. »

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06/10/2021 | Lien permanent

L'histoire des Turcs n'est que celle des brigandages ...nous compilons sans cesse ce qu'on doit penser des peuples de l'

... Rédigé le 6/11/2022 pour parution le 30/10/2022

 

« A François, baron de Tott

Le 23 d'avril [1767] à Ferney

Monsieur,

Je m'attendais bien que vous m'instruiriez, mais je n'espérais pas que les Turcs me fissent jamais rire 1 . Vous me faites voir que la bonne plaisanterie se trouve en tout pays.

Je vous remercie de tout mon cœur de vos anecdotes, mais quelques agréments que vous ayez répandu sur tout ce que vous me dites de ces Tartares circoncis, je suis toujours fâché de les voir les maîtres du pays d'Orphée et d'Homère . Je n’aime point un peuple qui n'a été que destructeur et qui est l'ennemi des arts . Je plains mon neveu de faire l'histoire de cette vilaine nation 2. La véritable histoire est celle des mœurs, des lois, des arts, et des progrès de l'esprit humain . L'histoire des Turcs n'est que celle des brigandages ; et j'aimerais autant faire les mémoires des loups du mont Jura auprès desquels j'ai l'honneur de demeurer . Il faut que nous soyons bien curieux nous autres Velches de l'Occident, puisque nous compilons sans cesse ce qu'on doit penser des peuples de l'Asie qui n'ont jamais pensé à nous .

Au reste, je crois le canal de la mer Noire beaucoup plus beau que le lac de Neuchâtel, et Stamboul une plus belle ville que Genève, et je m'étonne que vous ayez quitté les bords de la Propontide pour la Suisse . Mais un ami comme M. du Peyrou vaut mieux que tous les vizirs et tous les cadis.

J'ai l'honneur d'être, etc. »

1 Sur la lettre de Tott dont la teneur exacte n'est pas connue, voir la lettre du 16 avril 1767 au marquis de Florian : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/10/16/plus-la-rage-du-fanatisme-exhale-de-poison-plus-elle-rend-se-6406694.html

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30/10/2022 | Lien permanent

Je vois qu'on peut être fort à son aise sans compter par 500 mille . Ce n'est qu'un embarras . Que de gens dans le monde

...Nous verrons bien si la curiosité plus ou moins malsaine sera source de profits juteux pour Mme Valérie Trierweiler et son éditeur , lui qui compte sur 200 000 exemplaires écoulés le plus vite possible, vite avant qu'on n'entre plus avant dans l'intimité dévoilée de François et ses amours d'un jour (ou plus si affinité ) en mal de confidences .

http://rue89.nouvelobs.com/2014/09/03/trierweiler-hollande-salle-bains-visite-guidee-254600

 Je n'aurai pas à vous dire "Merci pour ce moment", je me passe fort bien de vos dires et je vous laisse vivre dans le pataquès que vous venez de créer, sans la moindre sympathie, ni animosité de ma part.

Paris Match (le poids des mots, le choc des photos)

le moche des mots, le toc des photos !

 moche des mots toc des photos.png

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

et Ami Camp.
Délices, 2 août [1759].
Mon cher correspondant, nous ne sommes plus si grands seigneurs que nous étions . Nous comptions par cinq cent mille livres . Nous voici réduits à environ 200 mille et grâce à mon frontispice d'ordre ionique 1, à des pièces d'eau, à des fontaines, à des terres qui coûtent beaucoup et rapportent peu, et à plus de soixante personnes à nourrir par jour, attendez-vous qu'avant qu'il soit peu nous serons réduits à cinquante mille écus. Mais aussi nous aurons un petit théâtre à Tournay, et vos prêtres viendront, s'ils veulent, nous voir jouer la comédie, que nous jouons mieux qu'eux.

On va donc jouer la pièce de la descente en Albion. Je crains toujours pour le dénoûment.

A propos vous n'avez donc pas reçu encore les 10000 livres Laleu ? Vous avez sans doute les lettres de change Montmartel 20 mille livres . Je vois qu'on peut être fort à son aise sans compter par 500 mille . Ce n'est qu'un embarras . Que de gens dans le monde, et même parmi les gens de lettres, qui n'ont pas de pareils comptes à faire !

Mille tendres compliments à toute la famille .

Votre très humble et très obéissant serviteur

V.

 

Briasson dit qu'il a envoyé un livre par la diligence .

Remarquez que je ne demande plus de casse .

Le duc de Villars dit que le sucre est bien renchéri . Mais nous allons chercher à Londres celui des Barbades . Il est excellent .

Voici la réponse à la lettre que vous m'envoyez de Cadix .2

M. Camp veut-il bien permettre que je lui adresse le mémoire ci-joint pour son voisin auprès duquel j'implore son crédit ?

J'ai reçu et approuvé le compte à moi envoyé par messieurs Tronchin et Camp, rendu jusqu'au 1er juillet de la présente année .

Voltaire

A Tournay 2 août 1759 »

1 V* disait le château d’ordre dorique dans sa lettre du 20 juillet 1759 à d'Argental ; en fait la façade du château serait plus proche de l'ordre corinthien .

2 C'était la fin de la lettre ; V* a serré le paragraphe suivant en bas de page et ajouté le dernier paragraphe sur la page suivante de façon à pouvoir constituer un reçu séparé .

 

 

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03/09/2014 | Lien permanent

Le commerce des pensées est un peu interrompu en France . On dit même qu'il n'est pas permis d'envoyer des idées de Lyon

... Bon , d'accord ! Je fais ici un peu de provoc , mais parfois, quand je vois ce dont nous gavent les médias, je me sens encore trop indulgent . J'en ai marre de voir qu'on sélectionne et glorifie d'abord des minus habens qui polluent le net de  leurs vidéos minables, juste pour se faire voir . Stupides vantards nombrilistes !

 

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont, Avocat

au parlement

à Paris

13è janvier 1765 à Ferney

Vous jouez un beau rôle, monsieur, vous êtes toujours le protecteur de l'innocence opprimée . Vous avez dû être aussi bien reçu en Angleterre qu’un juge des Calas le serait mal . Une nation ennemie des préjugés et de la persécution était faite pour vous . Je n'ose me flatter que vous fassiez aux Alpes et au mont Jura le même honneur que vous avez fait à la Tamise , mais je crois que j'oublierais ma vieillesse et mes maux, si vous faisiez ce pèlerinage . Je cherche actuellement les moyens de vous faire parvenir quelques livres assez curieux qu'on m'a envoyés de Hollande . Le commerce des pensées est un peu interrompu en France . On dit même qu'il n'est pas permis d'envoyer des idées de Lyon à Paris . On saisit les manufactures de l'esprit humain comme des étoffes défendues . C'est une plaisante politique de vouloir que les hommes soient des sots et de ne faire consister la gloire de la France que dans l'opéra-comique . Les Anglais en sont-ils moins heureux, moins riches, moins victorieux pour avoir cultivé la philosophie ? Ils sont aussi hardis en écrivant qu'en combattant, et bien leur en a pris . Nous dansons mieux qu'eux, je l'avoue, c'est un grand mérite, mais cela ne suffit pas . Loke et Neuton valent bien Dupré et Lally 1.

Mille respects à votre aimable femme qui pense . Conservez-moi vos bontés .

V. »

1 On a laissé subsister cette forme qui pose un problème . On peut lire Lally, et se rappeler que le gouverneur de Pondichéry s'appelait Dupré . Mais le sens ne convient guère, puisque l'antithèse se fait dans l'esprit de V* entre philosophes et danseurs . Or la Dupré est une ballerine célèbre, ce qui convient fort bien ; mais on ne connait pas de danseur nommé Lally ou quelque chose d'approchant . Faudrait-il corriger Lally en Lully, comme c'est fait dans les éditions suivant la copie Beaumarchais-Kehl ? Il reste que Lully n'était pas un danseur, et comme musicien n'est pas d'actualité en 1765 . V* a-t-il voulu trouver un contemporain de Locke ?

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26/03/2020 | Lien permanent

On n’est occupé que des énormes sottises qu’on fait de tous côtés : Le raisonner tristement s’accrédite . Comment voul

... Quand reviendra l'heureux temps, s'il en fût un, où l'on cessera d'ergoter sur tous les désagréments de la vie .

Je n'en dirai pas plus pour n'ajouter aucune matière aux  donneurs de leçons . Le "grand débat" tourne à grand débit pour le grand plaisir des papetiers et imprimeurs, les affaires reprennent .

 Pour mémoire et sourire, un destructeur d'idioties, remarquable Pierre Desproges : https://www.youtube.com/watch?v=ejVrbqEUnec

 

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

27è janvier 1764 aux Délices 1

Oui, je perds les deux yeux : vous les avez perdus,

O sage du Deffand : est-ce une grande perte ?

Du moins nous ne reverrons plus

Les sots dont la terre est couverte.

Et puis tout est aveugle en cet humain séjour ;

On ne va qu’à tâtons sur la machine ronde.

On a les yeux bouchés, à la ville, à la cour ;

Plutus, la Fortune, et l’Amour,

Sont trois aveugles-nés qui gouvernent le monde.

Si d’un de nos cinq sens nous sommes dégarnis,

Nous en possédons quatre ; et c’est un avantage

Que la nature laisse à peu de ses amis,

Lorsqu’ils parviennent à notre âge.

Nous avons vu mourir les papes et les rois ;

Nous vivons, nous pensons, et notre âme nous reste.

Épicure et les siens prétendaient autrefois

Que ce sixième sens était un don céleste

Qui les valait tous à la fois.

Mais quand notre âme aurait des lumières parfaites,

Peut-être il serait encor mieux

Que nous eussions gardé nos yeux,

Dussions-nous porter des lunettes.

Vous voyez, madame, que je suis un confrère assez occupé des affaires de notre petite république de quinze-vingts. Vous m’assurez que les gens ne sont plus si aimables qu’autrefois . Cependant les perdrix et les gélinottes ont tout autant de fumet aujourd’hui qu’elles en avaient dans votre jeunesse ; les fleurs ont les mêmes couleurs. Il n’en est pas ainsi des hommes . Le fond en est toujours le même, mais les talents ne sont pas de tous les temps ; et le talent d’être aimable, qui a toujours été assez rare, dégénère comme un autre. Ce n’est pas vous qui avez changé, c’est la cour et la ville, à ce que j’entends dire aux connaisseurs. Cela vient peut-être de ce qu’on ne lit pas assez les Moyens de plaire de Moncrif 2. On n’est occupé que des énormes sottises qu’on fait de tous côtés :

Le raisonner tristement s’accrédite 3.

Comment voulez-vous que la société soit agréable avec tout ce fatras pédantesque ?

Vraiment on vous doit l’hommage d’une Pucelle. Un de vos bons mots est cité dans les notes de cet ouvrage théologique (3)4. Il n’y a pas moyen de vous l’envoyer, comme vous dites, sous le couvert de la reine ; et on n’aurait pas même osé l’adresser à la reine Berthe. Mais sachez que, dans le temps présent, il est impossible de faire parvenir aucun livre imprimé des pays étrangers à Paris, quand ce serait le Nouveau Testament 5. Le ministre même dont vous me parlez 6 ne veut pas que j’envoie rien, ni sous son enveloppe, ni à lui-même. On est effarouché, et je ne sais pourquoi. Prenez votre parti et si dans quinze jours je ne vous envoie pas Jeanne par quelque honnête voyageur, dites à M. le président Hénault qu’il vous en fasse trouver une par quelque colporteur. Cela doit coûter trente ou quarante sous . Il n’y a point de livre de théologie moins cher.

Je suis fâché que votre ami soit si couru ; vous en jouissez moins de sa société ; et c’est une grande perte pour tous deux. J’achève doucement ma vie dans la retraite, et dans la famille que je me suis faite.

Adieu, madame ; courage ! faisons de nécessité vertu. Savez-vous que c’est un proverbe tiré de Cicéron ?7 »

1 V* répond à une lettre du 14 janvier 1764 . Cette lettre fut imprimée avec ce titre : Aux Plaisirs, 27 Janvier 1764. (Georges Avenel )

2 François-Auguste Paradis de Moncrif, Essai sur la nécessité et les moyens de plaire, 1738, auquel V* fait allusion dans Jeannot et Colin . Voir : https://books.google.fr/books/about/Essais_sur_la_n%C3%A9cessit%C3%A9_et_sur_les_moy.html?id=ZLmz3XtsqbwC&printsec=frontcover&source=kp_read_button&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

5 Ces six derniers mots manquent dans toutes les éditions de même que la fin de la phrase précédente ( comme vous dîtes … reine Berthe ) .

6 Non pas Praslin, comme le pense Charrot, mais le duc de Choiseul ainsi que l'indique la lettre de Mme Du Deffand citée plus haut : « […] adressez-la à M. le duc de Choiseul, ainsi que tous vos contes, sous une double enveloppe et je vous assure que cela me parviendra . »

7 Ce proverbe ne vient pas spécifiquement de Cicéron, mais il est commun en latin .

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04/02/2019 | Lien permanent

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