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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

au sortir du tombeau de sa mère, avec des bras qui avaient l'air d'être ensanglantés, cela est un tant soit peu anglais

... Mais peu en accord avec la cérémonie d'ouverture des J O 2012 , j'ose l'espèrer .

Mais que fait la police ? que fait James Bond face à de telles horreurs ? Mystère and smog !

Au pays d'Agatha Christie, Conan Doyle , Edgar Allan Poe , William Shakespeare et Camilla Parker Bowles (jument connue comme épouse de Charles de Galles, célèbre pour ses saillies ), l'humour noir et les spectacles gore ne seront pourtant pas programmés, volontairement du moins .

Cependant les Jeux les plus chers riquent de ne pas être les plus parfaits, malgré une mise en scène architecturale pharaonique d'un côté, mesquine de l'autre . Les humains, où sont-ils ?

Il y a déja eu quelques couacs, comme les conditions d'emploi de la foule de ceux qui vont permettre que ces jeux se déroulent idéalement, pour le confort des athlètes, des accompagnants, des spectateurs, mais pas pour le leur  .

Couac de l'erreur de drapeau levé pour une équipe de foot féminine nord coréenne, qui du coup n'a pas voulu se lever, elle, sous les couleurs de la Corée du Sud ( entre nous, c'est bien fait, il n'y a qu'à avoir qu'une seule Corée ! Euh ! réflexion faite, nous sommes tellement doués pour l'unité nationale que nous avons réussi à avoir deux Corses  ! ) .

Et combien d'autres couacs en ce moment et à venir ? C'est la même question que se posent les futurs mariés le jour de leur noce quand on a oublié où sont les alliances et si la tante Adèle viendra avec son chihuahua et son nouvel amant . Le pire n'étant jamais sûr, réjouissons nous du meilleur possible .

 Et pour rester dans l'esprit olympique, réunissons l'Inde à nouveau à son ex-colonisatrice, et quelques autres nationalités par le biais d'un Allemand qui ne fait pas dans la dentelle

tombeau indou.jpg

 

 

 

 

 

« A M. le comte d'ARGENTAL.

Aux Délices, 4 août [1756]

 


Mon cher ange, je suis bien malingre; mais, puisqu'on a ressuscité Sémiramis 1, il faut bien que je ressuscite aussi. On dit que Lekain s'est avisé de paraître, au sortir du tombeau de sa mère, avec des bras qui avaient l'air d'être ensanglantés cela est un tant soit peu anglais, et il ne faudrait pas prodiguer de pareils ornements. Voilà de ces occasions où l'on se trouve tout juste entre le sublime et le ridicule, entre le terrible et le dégoûtant. Mon absence n'a pas nui au succès; de mon temps, les choses n'auraient pas été si bien. J'ai gagné quelque chose à être mort, car c'est l'être que de vivre sans digérer au pied des Alpes. Je sens que les Tronchin n'y font rien. Le miracle de Mme de Fontaine subsiste, mais je ne suis pas homme à miracles. Il faut être jeune pour faire honneur à son médecin; mais, mon ange consolateur, aurai-je encore la force de faire quelque chose qui vous plaise? J'ai bien peur que le talent des tragédies ne passe plus vite que le goût de les voir jouer. Vous n'êtes pas épuisé; mais, par malheur, ne le serais-je pas? Il se présente en Suède un sujet de tragédie2; s'il y avait quelque épisode de Prusse, on pourrait trouver de quoi faire cinq actes. On aura dorénavant à Paris de l'indulgence pour moi, depuis qu'on me tient pour trépassé.
Je ne conseillerais pas à La Beaumelle de donner une pièce; il en a pourtant fait une 3; mais il est si protégé et si heureux qu'on pourrait le siffler. Il faut qu'il soit disgracié de quelques rois, et alors le parterre le prendra en amitié. Mme de Graffigny a une comédie 4 toute prête; son succès me parait sûr. Elle est femme, le sujet sera un roman; il y aura de l'intérêt, et on aimera toujours l'auteur de Cénie. Pour Mme du Boccage, elle s'est livrée au poème épique 5. On m'a envoyé trois tragédies de Paris et de province. Il en pleut de tous côtés, sans compter l'opéra de Mérope du roi de Prusse. Vous voyez que les arts sont toujours en honneur. Bonsoir, mon cher et respectable ami; mille respects à tous les anges. »

2 Le baron de Horn et quelques autres seigneurs venaient d'être décapités à Stockholm, le 13 juillet, pour avoir essayé de rétablir l'autorité arbitraire, tant à leur profit qu'à celui d'Adolphe-Frédéric, beau-frère du roi de Prusse.

3 La Beaumelle, pendant son séjour à la Bastille, en 1753 avait commencé une tragédie intitulée Virginie, ou les Décemvirs. Voir tome XV, page 87 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411331n/f90.image,

et page 231 : http://books.google.fr/books?id=2A-5ztyN940C&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=la%20beaumelle&f=false

A défaut d'encre, de plume, et de papier, il en avait écrit sept cents vers sur des assiettes d'étain, avec la pointe d'une aiguille.

 

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26/07/2012 | Lien permanent

cela n'empêche pas que je ne trouve toujours l'âme immortelle placée entre deux trous prodigieusement ridicules

http://www.deezer.com/listen-569207 : Fallen angel

http://www.deezer.com/listen-598857 : Into thy gentle embrace

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

12 mai 1776

 

L'un de mes anges m'a écrit une lettre toute pleine de raison, d'esprit, de bonté, et de choses charmantes ; cela n'empêche pas que je ne trouve toujours l'âme immortelle placée entre deux trous prodigieusement ridicules .

 

Il s'en faut de beaucoup que le petit ex-jésuite ait négligé ses marauds du Triumvirat ; mais il pense que vos belles dames, qui ont dans Paris toutes les réputations, ne seront nullement touchées de ces gens de sac et de corde . Il a cru se tirer d'affaire par des notes historiques, et par une histoire de toutes les proscriptions de ce monde, qui fait dresser les cheveux à la tête . Il prétend, dans ses notes, que la conspiration de Cinna n'a jamais existé, que cette aventure est supposée par Sénèque, et qu'il l'inventa pour en faire un sujet de déclamation . C'est un objet de critique pour quelques pédants, mais dont le public ne se soucie guère . Il reste donc persuadé qu'il ne trouvera point de libraire qui veuille donner cent écus de cette guenille, attendu que La Harpe n'en a pas pu trouver cinquante de son beau Gustave Vasa . L'ex-jésuite vous enverra bientôt ses roués et ses notes pédantesques . Il souhaite d'ailleurs passionnément que Mlle Dubois se forme et que M. de Chabanon lui donne un beau rôle ; mais il ne sait pas où est M. de Chabanon ; il devait retourner à Paris au commencement du mois ; nous lui avons souhaité bon voyage, et depuis ce temps nous n'avons plus de ses nouvelles.

 

A l'égard de la comédie de Genève, c'est une pièce compliquée et froide qui commence à m'ennuyer beaucoup . J'ai été pendant quelque temps avocat consultant ; j'ai toujours conseillé aux Genevois d'être plus gais qu'ils ne sont, d'avoir chez eux la comédie , et de savoir être heureux avec quatre millions de revenu qu'ils ont sur la France . L'esprit de contumace est dans cette famille . Les Natifs disent que je prends le parti des bourgeois ; les bourgeois craignent que je ne prenne le parti des Natifs . Les Natifs et les bourgeois prétendent que j'ai eu trop de déférence pour le conseil . Le conseil dit que j'ai eu trop d'amitié pour les natifs et les bourgeois . Les bourgeois, les natifs et le conseil ne savent ni ce qu'ils veulent , ni ce qu'ils font, ni ce qu'ils disent . Les médiateurs ne savent encore où ils en sont ; mais j'ai cru m'apercevoir qu'ils étaient fâchés qu'on fut venu me demander mon avis à la campagne . J'ai donc déclaré aux conseil, bourgeois, et natifs, que n'étant point marguillier de leur paroisse, il ne me convenait pas de me mêler de leurs affaires, et que j'avais assez des miennes . Je leur ai donné un bel exemple de pacification, en m'accommodant pour mes dîmes avec mon curé, et finissant d'un trait de plume, à l'aide de quelques louis d'or, des chicanes de cent années .

 

Peut-être que M. le duc de Praslin parle quelquefois avec M. le duc de Choiseul des tracasseries genevoise . En ce cas, je le supplie de vouloir bien me recommander ou me faire recommander à M. le chevalier de Beauteville . J'attends cette grâce de vous, mes divins anges ; car non seulement plusieurs morceaux de mes petites terres sont enclavées dans le petit territoire de la parvulissime république, mais j'ai tous les jours de petits droits à discuter avec elle ; car vous noterez qu'elle n'a guère plus de terrain en France que je n'en ai . Chose étonnante que la liberté ! il y a vingt villes en France beaucoup plus peuplées que Genève ; qu'il y ait un peu de dissension dans une de ces vingt villes, on envoie des archers ; qu'il y ait une petite dissension à Genève, on y envoie des ambassadeurs.

 

Vous ferez, mes anges, une très belle et bonne action, non seulement de recommander mes petits intérêts à M. de Beauteville, mais surtout l'engager à garder pour lui ce droit négatif dont nous avons tant parlé. C'est une manière si naturelle et si honnête d'être maître de Genève sans le paraitre ; ce tempérament est si convenable ; il sera si utile de disposer de Genève dans les guerres qu'on peut avoir en Italie, qu'il ne faut pas assurément manquer cette précaution ; vous y êtes même intéressé comme Parmesan ; vous êtes puissance d'Italie . Henri IV vous a ôté le marquisat de Saluces, que vous auriez bien par la suite perdu sans lui ; ne manquez pas l'occasion de vous assurer un jour de Genève . La Corse dont vous vous êtes mêlés vous était bien moins nécessaire . Il me semble que M. le duc de Praslin approuvait cette idée ; il la fera goûter sans doute à M. le duc de Choiseul . C’est une négociation dont il faut que vous ayez tout l'honneur ; la maison de Parme en aura peut-être un jour tout l'avantage .

 

L’Encyclopédie me parait un peu vexée à Paris ; je crois que c'est une sage précaution du ministère, qui ne veut pas donner de prise à messieurs du clergé . Il y a dans ce livre d'excellents articles qu'il serait bien triste de perdre . L’ouvrage est en général un coup de massue porté au fanatisme . L'ex-jésuite lui porte quelquefois des coups de stylet ; il faut attaquer ce monstre de tous les côtés et avec toutes les armes . Ne craignons point de répéter ce qu'il est nécessaire de savoir ; il y a des choses qu'il faut river, dans la tête des hommes, à coups redoublés . Je ne m'en mêle pas, comme vous le croyez bien, mais j'apprends, avec une grande consolation, que plusieurs avocats travaillent à ce procès ; vous n'en serez pas fâché, vous qui êtes au rang des meilleurs juges .

 

Je me mets au bout de vos ailes avec mon culte ordinaire . »

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12/05/2011 | Lien permanent

il ne peut avoir ni médecin ni médecine, ainsi il réchappera.

 Les médecins du XVIIIème avaient parfois des parcours assez originaux, comme ce François Quesnay qui d'apprenti graveur devint chirurgien, médecin et bien davantage.

 http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.mediatheque-de-mere.org/Images/quesnay1.jpg&imgrefurl=http://www.mediatheque-de-mere.org/Francois%2520Quesnay.htm&usg=__hbUhtjGvcJzAnSehs5jQ7vRN_0w=&h=357&w=284&sz=35&hl=fr&start=1&tbnid=8bvpl9NuMB76XM:&tbnh=121&tbnw=96&prev=/images%3Fq%3DXVIII%2B%25C3%25A8me%2Bsi%25C3%25A8cle%2Bm%25C3%25A9decin%2B%2522quesnay%2522%26as_st%3Dy%26hl%3Dfr%26sa%3DG

http://www.herodote.net/histoire/synthese.php?ID=422

 

 

médecin Quesnay.jpg

 

 

 

 

« Au chevalier Jacques  de Rochefort d'Ally

 

A Ferney , 28 janvier  [1767]

 

             Voici, Monsieur, les lettres que j'ai reçues pour vous [le chevalier a séjourné au château]. Je suis bien fâché de ne vous les pas rendre en main propre . Mme Denis partage mes regrets.

 

             La malheureuse affaire [ affaire de contrebande de livres de Mme Lejeune ; on a saisi à cette occasion des exemplaires du Recueil nécessaire, les chevaux et un carrosse de Mme Denis dans lequel voyageait Mme Lejeune] dont vous avez la bonté de me parler ne devrait me regarder en aucune manière . J'ai été la victime de l'amitié [il rend d'Argental responsable de ses ennuis , cf lettre du 12 janvier ; le 13 janvier il écrit à Richelieu : « Vous seriez ... bien étonné de la raison principale qui peut me forcer ... à faire ce voyage. C'est un homme que vous connaissez, un homme ... dont vous vous êtes plaint quelquefois à moi-même, un homme qui est mon ami depuis plus de soixante années, un homme enfin qui par la plus singulière aventure du monde m'a mis dans le plus étrange embarras ; je suis compromis pour lui de la manière la plus cruelle, mais je n'ai à lui reprocher que de s'être conduit avec un peu trop de mollesse, et quoi qu'il arrive, je ne trahirai point une amitié de soixante années, et j'aime mieux tout souffrir que de le compromettre à mon tour . »], de la scélératesse [de Jeannin, lettres des 2 et 12 janvier ] et du hasard. Je finis ma carrière, comme je l'ai commencée, par le malheur.

 

             Vous savez d'ailleurs que nous sommes entourés de soldats [blocus de Genève par les troupes françaises , Choiseul, ministre des affaires étrangères emploie la force, les médiateurs n'ayant pu mettre fin aux dissensions] et de neige . Je suis dans la Sibérie, je ne puis l'habiter, et je n'en puis sortir . J'ai des malades sans secours, cent bouches à nourrir et aucunes provisions . Vous avez vu Ferney assez agréable   c'est actuellement l'endroit de la nature le plus disgracié et le plus misérable . Vous nous auriez consolés, Monsieur, et nous ne nous consolons de votre absence que parce que nous n'aurions et que nos misères à vous offrir.

 

             Ce pauvre père Adam est malade à la   mort, il ne peut avoir ni médecin ni médecine, ainsi il réchappera.

 

             Conservez-moi vos bontés et soyez bien convaincu de mon tendre et respectueux attachement.

 

             Voltaire. »

 

 

 

 

Puisqu'il est question du père Adam, jésuite que Volti a recueilli, voici quelques infos sur le Journal de Trévoux, production jésuite que Volti connaissait bien et critiquait tant et plus, en particulier certains rédacteurs :

http://s.bourdreux.free.fr/cabinet_Sigaud/chronologie/trevoux.htm

 

Et pour les curieux du XVIIIème :

http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://s.bourdreux.free.fr/cabinet_Sigaud/index_fichiers/sigaud.jpg&imgrefurl=http://s.bourdreux.free.fr/cabinet_Sigaud/chronologie/chronologie.htm&usg=__SG8wBFT6CbduGe5MT_UYtvWr9YM=&h=306&w=240&sz=13&hl=fr&start=9&tbnid=Ha-PCpS5iKaPuM:&tbnh=117&tbnw=92&prev=/images%3Fq%3DXVIII%2B%25C3%25A8me%2Bsi%25C3%25A8cle%2Bm%25C3%25A9decin%2B%2522quesnay%2522%26as_st%3Dy%26hl%3Dfr%26sa%3DG

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28/01/2010 | Lien permanent

Il vaut mieux se réjouir avec ses amis que de s'exposer à un public toujours dangereux

 ... Les motifs de contrariété étant trop aisés à trouver et à subir, la foule ne brillant pas toujours par l'intelligence, ni l'indulgence .

 seréjouir avec ses amis.jpg

 

 

« A Marie-Elisabeth de DOMPIERRE de FONTAINE,
à PARIS.

A Lausanne, 10 janvier [1758].

Si vous veniez, ma chère nièce, passer l'hiver à Lausanne, et l'été aux Délices, vous pourriez vous vanter d'être dans les deux plus belles situations de l'Europe, et vous auriez la comédie partout. Nous la jouons à Lausanne, nous la voyons auprès de Genève et si les prédicants en croient M. d'Alembert leur bon ami, ils l'auront bientôt dans leur ville, cela est plus honnête que d'aller s'égorger en Allemagne, comme font tant de gens, parce qu'ils n'ont pas mieux à faire. Si on était sensé, on ne songerait qu'à passer une vie douce.
Je crois votre santé à présent raffermie. Tronchin a commencé, le régime et l'exercice ont achevé l'ouvrage. Vous vous êtes fait un plan de vie agréable vous avez un fils qui fait votre consolation vous avez des amis, vous êtes libre 1, et enfin vous êtes aimable, vous devez être heureuse.
J'ai reçu une lettre de monsieur votre fils, dont je suis très- content. Il me parait s'être formé en peu de temps, voilà ce que c'est que d'avoir une mère qui est de bonne compagnie. Il m'apprend que vous avez chez vous M. de La Bletterie 2, qui veut bien quelquefois encourager ses études, il est trop heureux d'être à portée de recevoir des avis d'un homme de ce mérite. Vous aurez, je crois, ma maigre effigie que vous demandez pour l'Académie et pour vous. Il y a dans Lausanne un peintre de passage, qui peint en pastel presque aussi bien que vous. Quelque répugnance que j'aie à faire crayonner ma vieille mine, il faut bien s'y résoudre, et être complaisant c'est bien l'être que de jouer la comédie à mon âge, et de souffrir qu'on m'envoie de Paris des habits de Zamti et de Narbas 3. C'est une fantaisie de votre sœur elle en a bien d'autres qui deviennent les miennes. Elle fait ajuster la maison de Lausanne comme si elle était située sur le Palais-Royal. Il est vrai que la position en vaut la peine. La pointe du sérail de Constantinople n'a pas une plus belle vue, je ne suis d'ailleurs incommodé que des mouches au milieu de l'hiver. Je voudrais vous tenir dans cette maison délicieuse, je n'en suis point sorti depuis que je suis à Lausanne. Je ne peux me lasser de la vue de vingt lieues de ce beau lac, de cent jardins, des campagnes de la Savoie, et des Alpes qui les couronnent dans le lointain mais il faudrait avoir un estomac, ma chère nièce cela vaut mieux que l'aspect de Constantinople. Si vous savez quelque chose du procès de M. d'Alembert avec les prédicants de Calvin, et de sa prétendue renonciation à l'Encyclopédie, je vous prie de m'en faire part.
Avez-vous lu la tragédie d'Iphigénie en Tauride 4 ? L'auteur me l'a envoyée, mais je ne l'ai pas encore reçue. Pour moi, je ne travaille plus que pour notre petit théâtre de Lausanne. Il vaut mieux se réjouir avec ses amis que de s'exposer à un public toujours dangereux. Je suis très-loin de regretter le parterre de Paris; je ne regrette que vous. Mille compliments au grand écuyer de Cyrus 5. Quoi qu'on en dise, on aurait eu grand besoin de nos chars contre la cavalerie de Luc 6. Il voulait mourir il y a trois mois, et à présent le voilà au comble de la gloire. Il ne m'écrit plus, les honneurs changent les mœurs 7. Adieu, ma chère enfant. »

1 Elle était veuve depuis 1756.

2 Jean-Philippe-René de La Bletterie, né à Rennes en 1696 . Comme un des éditeurs de Kehl voulait enlever cette phrase, Condorcet répondit : « Non, La Bléterie était un homme d'un très grand mérite relativement à l'emploi de donner des leçons au petit d'Hornoy. »

Voltaire ne l'a pas ménagé en 1768 et 1769; voir page 4 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113444/f7.image

; et page 405 , 416, 583, 584, : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113266/f407.image.r=bletterie

, les Poésies mêlées .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Philippe-Ren%C3%A9_de_La_Bl%C3%A9terie

3 Personnages de l'Orphelin de la Chine et de Mérope . Voir lettre du 5 janvier 1758 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/03/10/nous-laissons-faire-dieu-repondit-mitchenous-laissons-faire.html

4 De Claude Guymond de La Touche .Iphigénie en Tauride, jouée avec un grand succès le 4 juin 1757 . http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Guimond_de_La_Touche

5 Le marquis de Florian à qui V* avait soumis son projet de char de guerre autrefois .Voir lettre du 31 mai 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/11/03/pour-saisir-ce-projet-il-faut-des-hommes-actifs-ingenieux-qu.html

6 Frédéric II, surnom donné par V* qui nommait aussi ainsi son singe .

7 Proverbe populaire .

 

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17/03/2013 | Lien permanent

Il aurait donc quelquefois raison ! Il m'a paru un fou qui a beaucoup de bons moments .

...  Mais à qui pensè-je en choisissant ce titre ?

A Fanfoué notre président , qui correspond peu ou prou à la première affirmation ?

A Gérard 2par2 qui est digne de la seconde ?

Trouvez bon que je vous laisse donner un nom qui vous plaise pour ce "Il" et n'en parlons plus jusqu'à l'année prochaine .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

A Ferney pays de Gex par Genève

31 décembre 1760 1

Les plus aimables et les plus difficiles de tous les anges c'est vous, monsieur et madame . Si vous n'êtes pas contents de Mathurin 2 qui nous paraît assez plaisant et tout neuf ; si vous avez la cruauté de l'appeler vieux, quoique je sois prêt à lui donner trente ans ; si vous voulez que Colette en soit amoureuse (ce que je ne voulais pas ) si vous avez l’injustice de soutenir que le marquis et Acanthe ne s'aimaient pas depuis 14 mois, quoiqu'ils disent formellement le contraire, et peut-être assez finement ; si vous n’êtes pas édifiés de voir un sage qui parle de ne pas succomber, et qui perd la gageure ; si vous n'aimez pas un débauché qui se corrige ; si vous ne trouvez pas le caractère d'Acanthe très original ; je peux être très fâché, mais je ne peux être ni de votre avis, ni vous aimer moins .

Je vous supplie mes chers anges, de me renvoyer les deux copies , c'est-à-dire la première qui n'était qu'un avorton, et la seconde que je trouve un enfant assez bien formé, qui vous déplait .

Madame d'Argental est bien bonne de daigner se charger de faire un petit présent à la muse limonadière 3. Je l'en remercie bien fort . C'est la seule façon honnête de se tirer d'affaire avec cette muse .

Je suis très fâché que Fréron soit au Fort-l'Evêque . Toutes les plaisanteries vont cesser ; il n'y aura plus moyen de se moquer de lui .
L'ami des hommes est donc à Vincennes ? Ses ouvrages sont donc traités sérieusement ! Il aurait donc quelquefois raison ! Il m'a paru un fou qui a beaucoup de bons moments .

Il court parmi vous autres de singulières nouvelles ; est-il vrai que les Anglais ont proposé de vous réduire à n'avoir jamais que vingt vaisseaux ? C'est-à-dire à en construire encore dix ou douze ? On ajoute une paix particulière entre Luc et Thérèse ; quand je la croirai, je croirai celle des jansénistes et des molinistes, des parlements et des intendants, et des auteurs avec les auteurs . J'apprends que messieurs de parlement brûlent tout ce qu'ils rencontrent, mandements d'évêques, vieux et nouveau testament de frère Berryer 4, ouvrages de Salomon 5, défense de la morale du bon Jésus, contre la morale du dur Moïse 6, c'est-à-dire la réponse à l'auteur de l'Oracle des philosophes ; ils brûleront bientôt les édits du dit seigneur roi ; mais je les avertis qu'ils n'auront pour eux que des halles, et point du tout les pairs et les princes .

Je vois toutes ces pauvretés d'un œil bien tranquille aux Délices et à Ferney . La petite Corneille contribue beaucoup à la douceur de notre vie . Elle plait à tout le monde ; elle se forme, non pas d'un jour à l'autre, mais d'un moment à l'autre . Ne vous ai-je pas mandé combien son petit gentil esprit est naturel, et que je soupçonne que c'était la raison pour laquelle Fontenelle l'avait déshéritée ? Mes chers anges permettez que je prenne la liberté de vous adresser ma réponse à la lettre que son père m'a écrite 7, ou qu'on lui a dictée .

Prault ne m'enverra-t-il pas son Tancrède à corriger ? Quand jouera-t-on Tancrède ? Pourquoi La Femme raison , partout, hors à Paris ? Est-ce parce que Wasp en a dit du mal ? Wasp triomphera-t-il ? Comment vont les yeux de mon ange ?

V.

Eh vraiment j'oubliais la meilleure pièce de notre sac, l'aventure de ce bon prêtre, de ce bon directeur, de ce fameux janséniste 8 jadis laquais qui a volé 50 mille livres à Mme d'Egmont ? Maître Omer le prendra-t-il sous sa protection ? requiert-il en sa faveur ? »

1 On peut douter que la date soit de la main de V* . Le dernier paragraphe est écrit dans la marge du bas .

2 Personnage du Droit du seigneur .

3 Charlotte Reynier, devenue Mme Curé puis Mme Bourette , écrivait des épîtres en vers ; voir lettre du 13 octobre 1760 à Mme d 'Argental : en ligne le 13/10/2009

4 Voir lettre du 27 décembre 1758 à Marie-Anne Fiquet du Boccage :

6 Voir lettre du 8 décembre 1760 à Thieriot :

7 Ni la lettre ni la réponse de V* ne nous sont parvenues .

8 Voir lettre du 26 décembre 1760 à Mme d'Epinay :

 

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31/12/2015 | Lien permanent

Ne craignons point de répéter ce qu’il est nécessaire de savoir ; il y a des choses qu’il faut river, dans la tête des h

... Comprenez-vous , vous les anti-vaccins, têtes de pioches ?

PLANTU Officiel on Twitter: "RETARD ET VACCIN: le dessin du Monde de ce  lundi 4 janvier.… "

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

12è mai 1766

L’un de mes anges m’a écrit une lettre toute remplie de raison, d’esprit, de bonté, et de choses charmantes ; cela n’empêche pas que je ne trouve toujours l’âme immortelle placée entre les deux trous prodigieusement ridicule 1.

Il s’en faut beaucoup que le petit ex-jésuite ait négligé ses marauds du Triumvirat ; mais il pense que vos belles dames, qui font dans Paris toutes les réputations, ne seront nullement touchées de ces gens de sac et de corde. Il a cru se tirer d’affaire par des notes historiques, et par une histoire de toutes les proscriptions 2 de ce monde, qui fait dresser les cheveux à la tête. Il prétend, dans ces notes, que la conspiration de Cinna n’a jamais existé, que cette aventure est supposée par Sénèque, et qu’il l’inventa pour en faire un sujet de déclamation. C’est un objet de critique pour quelques pédants, mais dont le public ne se soucie guère. Il reste donc persuadé qu’il ne trouvera point de libraire qui veuille donner cent écus de cette guenille, attendu que La Harpe n’en a pas pu trouver cinquante pour son beau Gustave Vasa. L’ex-jésuite vous enverra bientôt ses Roués et ses notes pédantesques. Il souhaite d’ailleurs passionnément que Mlle Dubois se forme, et que M. de Chabanon lui donne un beau rôle ; mais il ne sait pas où est M. de Chabanon ; il devait retourner à Paris au commencement du mois ; nous lui avons souhaité un bon voyage, et depuis ce temps nous n’avons plus de ses nouvelles.

À l’égard de la comédie de Genève, c’est une pièce compliquée et froide qui commence à m’ennuyer beaucoup. J’ai été pendant quelque temps avocat consultant ; j’ai toujours conseillé aux Genevois d’être plus gais qu’ils ne sont, d’avoir chez eux la comédie, et de savoir être heureux avec quatre millions de revenu qu’ils ont sur la France. L’esprit de contumace est dans cette famille. Les natifs disent que je prends le parti des bourgeois ; les bourgeois craignent que je ne prenne le parti des natifs. Les natifs et les bourgeois prétendent que j’ai eu trop de déférence pour le conseil. Le conseil dit que j’ai eu trop d’amitié pour les natifs et les bourgeois. Les bourgeois, les natifs, et le conseil ne savent ni ce qu’ils veulent, ni ce qu’ils font, ni ce qu’ils disent. Les médiateurs ne savent encore où ils en sont ; mais j’ai cru m’apercevoir qu’ils étaient fâchés qu’on fût venu me demander mon avis à la campagne. J’ai donc déclaré aux conseil, bourgeois, et natifs, que, n’étant point marguillier de leur paroisse, il ne me convenait pas de me mêler de leurs affaires, et que j’avais assez des miennes. Je leur ai donné un bel exemple de pacification, en m’accommodant pour mes dîmes avec mon curé, et finissant d’un trait de plume, à l’aide de quelques louis d’or, des chicanes de cent années.

Peut-être que M. le duc de Praslin parle quelquefois avec M. le duc de Choiseul des tracasseries genevoises. En ce cas, je le supplie de vouloir bien me recommander ou me faire recommander à M. le chevalier de Beauteville. J’attends cette grâce de vous, mes divins anges : car non-seulement plusieurs morceaux de mes petites terres sont enclavés dans le petit territoire de la parvulissime république, mais j’ai tous les jours de petits droits à discuter avec elle, car vous noterez qu’elle n’a guère plus de terrain en France que je n’en ai. Chose étonnante que la liberté ! Il y a vingt villes en France beaucoup plus peuplées que Genève ; qu’il y ait un peu de dissension dans une de ces vingt villes, on envoie des archers . Qu’il y ait une petite discussion à Genève, on y envoie des ambassadeurs !

Vous ferez, mes anges, une très belle et bonne action, non seulement de faire recommander mes petits intérêts à M. de Beauteville, mais surtout de l’engager à garder pour lui ce droit négatif dont nous avons tant parlé. C’est une manière si naturelle et si honnête d’être maître de Genève sans le paraître ; ce tempérament est si convenable ; il sera si utile de disposer de Genève dans les guerres qu’on peut avoir en Italie, qu’il ne faut pas assurément manquer cette précaution . Vous y êtes même intéressé comme Parmesan 3 ; vous êtes puissance d’Italie. Henri IV vous a ôté le marquisat de Saluce, que vous auriez bien par la suite perdu sans lui ; ne manquez pas l’occasion de vous assurer un jour de Genève. La Corse, dont vous vous êtes mêlés, vous était bien moins nécessaire. Il me semble que M. le duc de Praslin approuvait cette idée ; il la fera goûter sans doute à M. le duc de Choiseul. C’est une négociation dont il faut que vous ayez tout l’honneur ; la maison de Parme en aura peut-être un jour tout l’avantage.

L’Encyclopédie me paraît un peu vexée à Paris ; je crois que c’est une sage précaution du ministère, qui ne veut pas donner de prise à messieurs du clergé. Il y a dans ce livre d’excellents articles qu’il serait bien triste de perdre. L’ouvrage est en général un coup de massue porté au fanatisme. L’ex-jésuite lui porte quelquefois des coups de stylet ; il faut attaquer ce monstre de tous les cotés et avec toutes les armes. Ne craignons point de répéter ce qu’il est nécessaire de savoir ; il y a des choses qu’il faut river, dans la tête des hommes, à coups redoublés. Je ne m’en mêle pas, comme vous le croyez bien ; mais j’apprends avec une grande consolation que plusieurs avocats travaillent à ce procès ; vous n’en serez pas fâché, vous qui êtes au rang des meilleurs juges.

Je me mets au bout de vos ailes avec mon culte ordinaire. »

1 Thème repris et texte éclairée dans L'Homme aux quarante écus : « Mariage de l'homme aux quarante écus » : « Ô Dieu paternel, s'écria-t-il, l'âme immortelle de mon fils est née et logée entre l'urine et quelque chose de pis ! »

Voir lettre du 18 avril 1766 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/17/il-me-semble-qu-un-benefice-simple-de-chef-du-conseil-des-fi-6327492.html

3 D’Argental est ministre plénipotentiaire de Parme près la cour de France.

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05/08/2021 | Lien permanent

Il lui sera plus aisé d'avoir des prix de l'Académie que des pensions

... Ce qui est l'exact inverse de Bruno Le Maire qui se permet d'éditer ses poétiques visions culières , le crâne "dilaté comme jamais", plus près d'avoir une retraite ministérielle dorée qu'un fauteuil avec les académiciens .Il faudra bien qu'il vive le reste de ses jours avec "dilaté comme jamais" , ce sera sa casserole garantie inusable : https://www.20minutes.fr/politique/4036648-20230512-refor...

Le passage érotique du dernier livre de Bruno Le Maire n'a pas échappé... |  TikTok

Ou "Comment devenir ridicule en une demi-ligne Pour les Nuls "

 

 

« A Charles Michel, marquis de Villette 1

Votre sage héros2, très peu terrible en guerre ,

Jamais dans les périls ne voulut s'engager

II ne ravagea point la terre,

Mais il la fit bien ravager. 3

Votre amitié, monsieur, pour M. de La Harpe vous a empêché de composer pour l'Académie mais vous avez travaillé pour le public, pour votre gloire, et pour mon plaisir. Je vous ai deux grandes obligations celle de m'avoir témoigné publiquement l'amitié dont vous m'honorez 4, et celle de m'avoir fait passer une heure délicieuse en vous lisant. Puissiez-vous être aussi heureux que vous êtes éloquent! Puissiez-vous mépriser et fuir ce même public pour lequel vous a[vez] écrit!

M. de La Harpe reviendra bientôt vous voir ; il a été un an chez moi . S'il avait autant de fortune que de talents et d'esprit, il serait plus riche que feu Montmartel 5. Il lui sera plus aisé d'avoir des prix de l'Académie que des pensions du roi. Lui et sa femme jouent ici la comédie parfaitement .M. de Chabanon aussi. Notre petit théâtre a mieux valu que celui du faubourg Saint-Germain 6. Vous nous avez bien manqué. Vous devez être un excellent acteur, car, sans rire, vous jouez tous vos contes à faire mourir de rire 7.

Conservez vos bontés pour un vieillard dont elles feront la consolation, et qui vous sera véritablement attaché jusqu'au dernier moment de sa vie.

A Ferney ce 4è octobre 8 1767. »

1 Copie contemporaine B.H. ; édition «  A M. de V... sur son éloge de Charles V. », Nouveaux mélanges, 1768 limitée aux vers ; Œuvres du marquis de Villette, 1782 ; Kehl , XV . Tous ces textes sont sensiblement les mêmes ; on a suivi celui du manuscrit . Une autre édition Œuvres ud marquis de Villette, 1788 comporte des additions considérables qui sont probablement autant d'interpolations : Villette est en effet coutumier du fait . Ces additions seront indiquées en notes en négligeant=t des variantes de détail.

2 Charles V, voir lettre du 20 septembre 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/01/je-vous-predis-que-vous-serez-malheureux-si-vous-ne-vous-der-6440990.html

L'édition 1 et les éditions de V* donnent ensuite : si peu terrible [ ...]

3Addition de l'édition de 1788 : « Il doit tout à son Bertrand. Ce bon connétable, le meilleur des hommes, tailla en pièces nombre de ses ennemis. Il fut comparé, dans le temps, à Ituriel l'exterminateur, qui, de son épée flamboyante, chassa les anges rebelles.

Vous mettez sur la même ligne du Guesclin et Turenne. Mais quelle prodigieuse différence pour les mœurs Le premier recevait des balafres dans les tournois, et voyait jouer les Mystères; le second assistait aux carrousels de Louis XIV et aux représentations d'Athalie et de Cinna.

Pourquoi ne dites-vous pas que votre paisible monarque avait une fort belle marine royale sans sortir de chez lui? Il prit dans les mers de la Rochelle neuf mille Anglais, avec le comte de Pembrock leur amiral

Pourquoi ne dites-vous pas que le fastueux empereur des Germains, ce roi des rois, qui se faisait servir par sept souverains dans une cour plénière, vint abaisser son orgueil devant la sagesse de Charles? Il fit le pèlerinage de Prague à Paris, pour le visiter, comme la reine de Saba était venue voir Salomon. Vous pouviez aussi rappeler ce trait si touchant le jour de sa mort, il supprima la plupart des impôts et quelques heures avant d'expirer, comme un bon père de famille, il fit ouvrir les portes de sa chambre afin de voir encore une fois son peuple, et de le bénir. »

4 En lui dédiant l’Éloge de Charles V.

6 Addition de l'édition de 1788 :  « On a joué Zaïre avec une grande perfection. Pour moi, je vous avoue que j'aime mieux une scène de César ou de Cicéron que toute cette intrigue d'amour que je filais il y a trente-cinq ans. Mais le parterre de Paris et les loges sont plus galants que moi ils donnent la préférence à ma Quinauderie. »

7 Addition de l'édition de 1788 : « Me voilà bloqué par mon grand ennemi, qui est l'hiver. On me fait peur ici d'une fièvre qui court. On me tourmente pour aller passer six mois à Lyon toute la maisonnée en brûle d'envie. Mais je resterai où je suis bien calfeutré. J'ai plus de courage que de force. Je sens bien que cette expédition est impossible. Je ne suis pas, comme Frédéric, un héros de toutes les saisons. »

8 L'édition de 1788 donne novembre pour octobre, sans doute pour rendre la date plus cohérente avec l'addition relative à l'hiver.

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14/05/2023 | Lien permanent

l'intolérance est si odieuse, qu'elle mérite qu'on lui donne sur les oreilles

Reiser-Les-oreilles-rouges.jpg

OK ! OK!! OK !!!

8 mars Journée de la Femme ou des Femmes (selon vos convictions mono ou pluri-conjugales )

Mais n'en abusez pas , svp ! Et là je parle aux deux camps sexués opposés/ accolés selon les moments .

Comme le dit si bien Volti  : "pas d'intolérance" , sinon ...

 Et une petite citation pour remettre les pendules à l'heure :

Olympe_de gouge citation femme.jpg

 Qu'on ne l'oublie pas ! qu'on se le dise ! qu'on le répète jusqu'à application parfaite .

Mais aussi pourquoi pas ceci :http://www.deezer.com/listen-2802021

Et celà : http://www.deezer.com/listen-4622143

Le choix est large ! Non ?

 

 


« A Frédéric II, roi de Prusse

 

Du 3 mars [1767]

 

Sire,

J'entends très bien l'aventure des Deux chiens i, et je l'entends d'autant mieux que je suis un peu mordu . Mes petites possessions touchent aux portes de Genève . Tout commerce est interrompu par cette ridicule guerre ii, elle n'ensanglante pas encore la terre, mais elle la ruine . Vos chiens répondent très pertinemment à nos héros français et bernois . Il est certain que si les animaux raisonnaient avec les hommes ils auraient toujours raison, car ils suivent la nature, et nous l'avons corrompue .

 

A l'égard du Violon iii, je crains de n'entendre pas le mot de l'énigme. Est-ce le roi de Pologne, qui, ne pouvant pas lui-même venir à bout de ses évêques, s'est voulu secrètement appuyer de Votre Majesté, de la Russie, de l'Angleterre, et du Danemark, et qui n'est actuellement appuyé que de la Russie ? Est-ce l'impératrice de Russie, qui soutient seule à présent le fardeau qu'elle avait voulu partager avec trois puissances ?

 

Il me parait que je tourne autour du pot de l'énigme ; mais je peux me tromper ; vous savez que je ne suis pas grand politique .

 

Votre alliée l'impératrice a eu la bonté de m'envoyer son mémoire iv justificatif, qui m'a semblé bien fait . C'est une chose assez plaisante, et qui a l'air de la contradiction, de soutenir l'indulgence et la tolérance les armes à la main ; mais aussi l'intolérance est si odieuse, qu'elle mérite qu'on lui donne sur les oreilles . Si la superstition a fait si longtemps la guerre, pourquoi ne la ferait-on pas à la superstition ? Hercule allait combattre les brigands, et Bellérophon les Chimères ; je ne serais pas fâché de voir des Hercule et des Bellérophon délivrer la terre des brigands et des Chimères catholiques .

 

Quoiqu'il en soit, vos deux contes sont bien plaisants ; votre génie est toujours le même, votre raison supérieure est toujours ingénieuse et gaie . J'espère que Votre Majesté daignera m'envoyer quelque nouveau conte sur la folie de ne vouloir pas qu'un prince afferme son bien lorsqu'il est permis au dernier paysan d'affermer le sien : cela ne me parait pas juste, et mérite assurément un troisième conte .

 

J'ai eu l'honneur de vous parler, dans ma dernière lettre, du nommé Morival v, cadet dans un de vos régiments à Vesel ; c'est un jeune homme très bien né, et dont on rend de fort bons témoignages . Est-il convenable qu'il ait été condamné à être brûlé vif chez des Picards, pour n'avoir pas salué une procession de capucins, et pour avoir chanté deux chansons ? L'inquisition elle-même ne commettrait pas de pareilles horreurs . Pour peu qu'on jette les yeux sur la scène de ce monde, on passe la moitié de sa vie à rire, et l'autre moitié à frémir .

 

Conservez moi, Sire, vos bontés, pour le peu de temps que j'ai encore à végéter et à ramper sur ce malheureux et ridicule tas de boue. »

 

 

i La fable intitulée Les deux chiens et l'homme qu'on trouve dans les Oeuvres posthumes de Frédéric II, roi de Prusse .

Page 50 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2014845/f52.image.r...

ii Les « querelles de Genève » pour lesquelles le roi de France intervient et ordonne un blocus qui gène davantage les frontalierqs français que les Genevois.

iii Conte Le Violon page 48 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2014845/f50.image.r...

Les pays appelés à l'aide par le roi de Pologne étant les cordes du violon .

iv Manifeste sur les dissensions de Pologne, de Catherine II , envoyé à Voltaire le 9 janvier 1767 ; cf. lettres 9 et 10 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-35175925.html

A cette époque se déroule l'affaire des dissidents. Il s'agit d'un groupe de la noblesse polonaise non catholique qui réclame du roi Stanislas-Auguste les lois égales à celles de tout noble catholique. Le roi, menacé par Rome de la rupture avec l'Eglise, est réticent. Les dissidents, de leur côté, sont soutenus par Catherine II qui présente cette affaire comme une intolérance flagrante de l'état polonais. Voltaire, sans bien connaître la situation, séduit par la rhétorique de Catherine, s'engage de son côté pour convaincre tout le monde que l'intervention militaire russe en Pologne est nécessaire.

Il écrira alors La Lettre sur les panégyriques, http://fr.wikisource.org/wiki/Lettre_sur_les_pan%C3%A9gyr...

« Vous voulez, monsieur, prononcer dans votre Académie le panégyrique de l’impératrice de Russie ; vous le pouvez... »

l'Essai historique et critique sur les dissensions des églises de Pologne : http://www.voltaire-integral.com/Html/26/23_Eglises_Polog...

et le Sermon prêché à Bâle ; voir note 109 : http://www.voltaire-integral.com/Html/26/34_Sermon.html...

v D'Etallonde de Morival, -condamné avec le chevalier de La Barre ,- mais qui a pu fuir, et que V* protège .

 

 

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08/03/2011 | Lien permanent

Pour former des enfants, vous commencez par former des hommes

... Et c'est bien le crédo de Mme Souàd Ayada, présidente du conseil Supérieur des Programmes , qui, n'ayant pas consenti à nager dans le "milieu aquatique profond standardisé", ni  détruire la langue française par l'écriture inclusive, veut un retour au bon sens , des instituteurs qui soient au sens premier des tuteurs . Elle va avoir à faire avec ces foutus syndicats d'enseignants qui politisent hors de propos les programmes scolaires , et j'espère que son ministre de tutelle la soutiendra ( ce n'est quand même pas trop lui demander ).

 https://blogs.mediapart.fr/b-girard/blog/010218/souad-aya...

 Image associée

 

 

«A Louis-René de Caradeuc de La Chalotais

A Ferney , le 28 février [1763]

J’aimerais beaucoup mieux, monsieur, que vous m’eussiez fait l’honneur de m’envoyer votre ouvrage 1 imprimé plutôt que manuscrit . Le public en jouirait déjà. Je crois très sincèrement que c’est un des meilleurs présents qu’on puisse lui faire.

J’ai été obligé de me faire lire presque tout votre mémoire, parce que je deviens un peu aveugle, à la suite d’une grande fluxion qui m’est tombée sur les yeux.

Je ne puis trop vous remercier, monsieur, de me donner un avant-goût de ce que vous destinez à la France. Pour former des enfants, vous commencez par former des hommes. Vous intitulez l’ouvrage : Essai d’un plan d’études pour les collèges 2 ; et moi je l’intitule : Instruction d’un homme d’État, pour éclairer toutes les conditions. Je trouve toutes vos vues utiles. Que je vous sais bon gré, monsieur, de vouloir que ceux qui instruisent les enfants en aient eux-mêmes ! Ils sentent certainement mieux que les célibataires comment il faut instruire l’enfance et la jeunesse. Je vous remercie de proscrire l’étude chez les laboureurs. Moi, qui cultive la terre, je vous présente requête pour avoir des manœuvres, et non des clercs tonsurés. Envoyez-moi surtout des frères ignorantins pour conduire mes charrues, ou pour les y atteler. Je tâche de réparer sur la fin de ma vie l’inutilité dont j’ai été au monde ; j’expie mes vaines occupations en défrichant des terres qui n’avaient rien porté depuis des siècles. Il y a dans Paris trois ou quatre cents barbouilleurs de papier, aussi inutiles que moi, qui devraient bien faire la même pénitence.

Vous faites bien de l’honneur à Jean-Jacques de réfuter son ridicule paradoxe 3, qu’il faut exclure l’histoire de l’éducation des enfants ; mais vous rendez bien justice à M. Clairault, en recommandant ses Éléments de Géométrie 4, qui sont trop négligés par les maîtres, et qui mèneraient les enfants par la route que la nature a indiquée elle-même. Il n’y aura point de père de famille qui ne regarde votre livre comme le meuble le plus nécessaire de sa maison, et il servira de règle à tous ceux qui se mêleront d’enseigner. Vous vous élevez partout au-dessus de votre matière. Je ne sais pas pourquoi vous mettez le livre de M. Vattel 5 au rang des livres nécessaires. Je n’avais regardé son livre que comme une copie assez médiocre, et vous me le ferez relire.

Je m’en tiens, pour la religion, à ce que vous dites avec l’abbé Gédouin 6, et même à ce que vous ne dites pas. La religion la plus simple et la plus sensiblement fondée sur la loi naturelle est sans doute la meilleure.

Je vous rends compte, monsieur, avec autant de bonne foi que de reconnaissance, de l’impression que votre mémoire m’a faite. A présent que m’ordonnez-vous ? voulez-vous que je vous renvoie le manuscrit ? voulez-vous me permettre qu’on l’imprime dans les pays étrangers ? J’obéirai exactement à vos ordres. Votre confiance m’honore autant qu’elle m’est chère.

Je ne suis point du tout de votre avis sur le style . Je trouve qu’il est ce qu’il doit être, convenable à votre place et à la matière que vous traitez. Malheur à ceux qui cherchent des phrases et de l’esprit, et qui veulent éblouir par des épigrammes quand il faut être solide !

Ne mettez-vous pas en titre les matières que vous avez mises en marge ? Cela délasse les yeux et repose l’esprit.

Je suis bien faible, bien vieux, bien malade ; mais je défie qu’on soit plus sensible à votre mérite que moi ; je ne peux vous exprimer avec combien de respect et d’estime j’ai l’honneur d’être, etc. »

1 Voir lettre du 6 novembre 1762 à La Chalotais (datée du 3 par l'édition de Kehl) : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/05/correspondance-annee-1762-partie-30.html

2 Essai d'éducation nationale, ou Plan d'études pour la jeunesse : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k854049.r=.langFR

3 C'est une thèse de l'Emile, vers le milieu du livre II, quoique le mot d'exclure soit un peu excessif .

5 Emer de Vattel, Le Droit des gens ou Principes de la loi naturelle, 1758, et du même , Questions de droit naturel et observations sur le Traité de droit de la nature de M. le baron de Wolf, 1762 . V* ne possédait pas ces ouvrages mais avait dans sa bibliothèque un exemplaire de la Poliergie de Vattel, 1757, sur lequel il compléta comme suit le nom de l'auteur : « V[atel neuchatelois, conseiller très digne du r[oi] de Pologne ». Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Emer_de_Vattel

et : http://oll.libertyfund.org/titles/vattel-le-droit-des-gens-ou-principes-de-la-loi-naturelle-vol-1

et : https://books.google.fr/books?id=BXdUAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

et : https://books.google.fr/books?id=hUQGAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

6 Dans l'Essai d'éducation nationale .

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03/02/2018 | Lien permanent

Il ne songe pas qu’en le faisant partir au mois de janvier par les rouliers, il m’arrivera au mois de mars ou d’avril

... On croirait bien avoir là décrites les mésaventures des livraisons du vaccin anti-Covid !

Le bateau coule normalement – Blagues et Dessins

Pourvu que ça ne soit plus vrai !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4è décembre 1765

Mon confrère Saurin, mon cher frère, m’a envoyé son Orpheline léguée, et je lui en fais mes remerciements par cette lettre que je vous adresse 1. Je ne crois pas que ce legs ait valu beaucoup d’argent à l’auteur. Il y a beaucoup d’esprit dans son ouvrage, bien de la finesse, une grande profondeur de raison dans les détails ; les vers sont bien faits, le style est aisé et agréable ; et avec tout cela, une pièce de théâtre peut très bien n’avoir aucun succès. Il faut vis comica pour la comédie et vis tragica 2 pour la tragédie ; sans cela, toutes les beautés sont perdues. Ayez la bonté de lui faire parvenir ma lettre.

Je viens d’être bien attrapé par un livre 3 que j’avais fait venir en hâte de Paris. L’annonce me faisait espérer que je connaîtrais tous les peuples qui ont habité les bords du Danube et du Pont-Euxin, et que j’entendrais fort bien l’ancien slavon. L’auteur, M. Peyssonnel, qui a été consul en Tartarie, promettait beaucoup et n’a rien tenu. Je mettrai son livre à côté de l’Histoire des Huns, par Guignes 4, et ne les lirai de ma vie.

J’attends, pour me consoler, le ballot que Briasson doit m’envoyer 5. Il ne songe pas qu’en le faisant partir au mois de janvier par les rouliers, il m’arrivera au mois de mars ou d’avril.

Je ne sais de qui est une analyse 6 qui court en manuscrit, et qui est très bien faite. Les erreurs grossières d’une chronologie assez intéressante y sont développées par colonne. On y voit évidemment que si Dieu est l’auteur de la morale des Hébreux, comme nous n’en pouvons douter, il ne l’est pas de leur chronologie ; mais ces discussions ne sont faites que pour les savants ; et pourvu que les autres aiment Jésus-Christ en esprit et en vérité il n’est pas nécessaire qu’ils en sachent autant que Neuton 7 et Masham 8.

Bonsoir, mon cher frère. Ecr. l’inf. »

2 La force comique et la force tragique .

3 Observations historiques et géographiques sur les peuples barbares qui ont habité les bords du Danube et du Pont-Euxin., de Claude-Charles Peyssonnel : https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/peyssonnel1765?ui_lang=eng

4 Histoire générale des Huns, des Turcs, des Mogols et des autres Tartares occidentaux (1756-1758), de Joseph de Guignes . Voir : https://journals.openedition.org/emscat/4507?lang=en

et https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1510021t.image

5 Les volumes de l'Encyclopédie .

6 Analyse de la religion chrétienne ; sur ce genre d'ouvrage, et celui-ci en particulier, voir Ira O. Wade ; The clandestine Organization and Diffusion of Philosophic Ideas in France, 1938 . L'Analyse a déjà été publiée mais V* peut l'ignorer .

7 Sur les idées de Newton en la matière, voir sa Chronology of Ancient Kingdoms amended, 1728 : https://en.wikipedia.org/wiki/The_Chronology_of_Ancient_Kingdoms_Amended

8 Chronicus canon aegyptiacus, ebraicus, graecus, et disquisitiones D . Johannes Marshami, 1672 , de Sir John Marsham : https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Marsham

et voir : https://books.google.fr/books?id=lXQvAAAAYAAJ&pg=PP9&...

L'ouvrage a été signalé à V* par Fabry de Moncault, comte d'Autrey, dans une longue lettre du 1er juillet 1765 .( voir : https://societe-voltaire.org/cv-index.php

Autrey, Henri-Jean-Baptiste Fabry de Moncault, comte d’ (1723-1777), Le Pyrrhonien raisonnable, ou méthode nouvelle proposée aux incrédules par M. l’abbé de ***, XI 108n )

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05/04/2021 | Lien permanent

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