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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

je demande seulement, comme citoyen, si vous pensez que nous aurons la paix. Je la vois nécessaire pour nous. J'ai bien

... Question ouverte à tout citoyen du monde qui répondra "non" beaucoup trop souvent à mon goût et laissera encore une grande amertume en cette période de fêtes .

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL
Aux Délices, 15 décembre [1759] 1
Je me flatte, mon divin ange, que la mort funeste de la princesse 2 que vous regrettez ne changera rien à votre destinée, et que votre place n'en sera pas moins pour vous une source de choses utiles et agréables. Permettez-moi de vous marquer toute la part que nous prenons, Mme Denis et moi, à ce triste accident. Je suis persuadé que madame l'infante vous avait bien goûté, qu'elle sentait tout ce que vous valez ; et, en ce cas, vous perdez beaucoup. Votre cœur sera affligé ; mais, quoique votre intérêt ne soit pas pour vous un motif de consolation, il faut bien que vos amis envisagent cet intérêt, que vous êtes bien homme à négliger.
Voilà, dit-on, de belles espérances de paix; le roi d'Angleterre l'offre en vainqueur. Je ne veux point demander si cette déclaration de sa part est une suite de certaines démarches; je demande seulement, comme citoyen, si vous pensez que nous aurons la paix. Je la vois nécessaire pour nous. J'ai bien de la peine à la voir glorieuse ; mais j'attends tout des lumières et de la belle âme de M. le duc de Choiseul.

C'est alors que nous pourrons mettre les chevaliers français sur la scène; ils seront à vos ordres comme l'auteur. Cette Femme qui a raison me fait de la peine ; on la dit imprimée, et très-mal : c'est ma destinée, et cette destinée désagréable a été toujours la suite de ma facilité. On ne se corrige de rien ; au contraire, les mauvaises qualités augmentent avec l'âge comme les bonnes. Que vous êtes heureux! et que cette loi de la nature vous est favorable ! Je vous souhaite, et à Mme Scaliger, une jolie année 1760, et cinq ou six bonnes pièces nouvelles. Si j'avais du temps j'en ferais une, bonne ou mauvaise; mais Pierre m'appelle; je ne connais que vous et lui.

V.

Je me flatte encore une fois que M. le duc de Choiseul n'est pas mécontent de moi, et que vous fortifiez les bontés dont il m’honore . Je n'ai point d'autre prétention . »

1 Date complétée par d'Argental ; une tache d'encre sur l'orignal fait interpréter le 15 en 11 pour la copie Beaumarchais, date suivie par les éditions suivantes . Le dernier paragraphe en bas de page est supprimé dans la copie Beaumarchais et manque dans les éditions suivantes .

2 Louise-Élisabeth de France, duchesse de Parme, fille de Louis XV et femme du duc de Parme, morte le 6 décembre, de la petite vérole. Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lisabeth_de_France_%281727-1759%29

 

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22/12/2014 | Lien permanent

on me fait payer bien cher de tous côtés le malheur d'avoir des terres en France

... Eh bien ! monsieur/madame, que n'allez vous vous faire voir chez les Grecs, vous y profiterez (sic) d'une fiscalité ubuesque , et le régime crètois vous paraitra gargantuesque à côté de ce qui vous restera ; à moins que, à moins que vous ne soyez pope, armateur, profession libérale, homme d'affaire véreux, tricheur ayant les moyens de corrompre, alors vous aurez quelque sursis substantiel  .

Voir : http://bruxelles.blogs.liberation.fr/2014/01/03/en-grece-limpot-nest-toujours-pas-pour-tous/

 

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 Tsipras ! ton café (turc ?) fout le camp !

 

 

« A Louis-Gaspard Fabry, Premier syndic

maire et subdélégué

à Gex

M. Dubu 1, monsieur, m'a mandé qu'il vous avait envoyé l'original de l'extrait des archives de Genève, par lequel on voit que l'endroit même où s'est commis le délit attribué au nommé Panchaud, était de la juridiction de Genève, et a été cédé à Sa Majesté . J'ai envoyé copie de cet acte à M. de Courteilles, qui va aux eaux de Vichy ; j'en ai envoyé aussi copie à M. le premier président du parlement de Dijon 2, qui a eu sur le champ la bonté d'écrire au procureur du roi de Gex, qu'il fallait avoir pour moi quelques attentions .

Je vous supplie instamment, monsieur, de vouloir bien vous informer de M. Dubu de Longchamp, comment il se peut faire que vous n'ayez point reçu les papiers qu'il me dit vous avoir envoyés . Au reste, monsieur, vous voyez qu'il n’est pas juste que je sois la victime de la méprise du bailliage de Gex . Si j'avais le malheur de payer ces frais, que je ne dois point, je n'en serais jamais remboursé ; on me fait payer bien cher de tous côtés le malheur d'avoir des terres en France ; je compte sur votre amitié, la mienne sera à toute épreuve ; j'ai l'honneur d'être bien véritablement, mon cher monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire

28è juin 1760 aux Délices . »

1 Pierre-Michel Dubu de Longchamp était subdélégué général à Dijon ; voir la lettre de Fabry à Dubu, du 1er juillet 1760 (Bestermann D 9035)

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Administration_g%C3%A9n%C3%A9rale_des_loteries

 

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01/07/2015 | Lien permanent

Le pauvre maçon de Ferney, monsieur, travaille à force pour se mettre en état de vous recevoir tant bien que mal , dans

...

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Les travaux commencent au château...
Le château de Voltaire passe entre les mains des experts du Centre des monuments nationaux pour un programme de restauration qui prendra sans doute plusieurs années. Le bulletin [ de la Société Voltaire :en ligne sur societe-voltaire/bulletins.php.] rendra compte périodiquement des progrès de cet important chantier.

Le parc du château reste ouvert aux visiteurs pendant les travaux, consulter facebook.com/chateauvoltaire.

En attendant, un peu de felix avec Félix Mendelsohn : https://www.youtube.com/watch?v=Mya0bUfjG5E

 

 

« A Germain-Gilles de Ruffey

Au château de Ferney 29è mars 1761

Le pauvre maçon de Ferney, monsieur, travaille à force pour se mettre en état de vous recevoir tant bien que mal , dans sa chaumière, vous et M. de La Marche ; je ne compte pas trop sur M. Pont-de-Veyle lequel ne pense pas qu'il y ait de salut hors de Paris ; pour moi , ce n’est pas Paris que j'aime, c'est Dijon ; et si je n'étais pas maçon, laboureur , barbouilleur de papier, et malade, je quitterais mes ateliers et mon médecin, pour venir jouir de la société charmante que je trouverais dans votre ville . Vous verrez par la petite épître ci-jointe 1, si je suis attaché à la campagne . C'est à vous, monsieur, que je dois des remerciements de la place dont votre Académie veut bien m'honorer 2. Je vous supplie de lui faire agréer mes profonds respects, et ma sincère reconnaissance ; ce sera une raison de plus pour m'engager au voyage de Dijon , s'il peut y avoir quelque nouveau motif, après celui de vous embrasser vous et vos amis . J'espère que nous raisonnerons de tout cela au mois d'août, dans ma chaumière de Ferney .

J'ai l'honneur d'être avec l'attachement le plus inviolable, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »

2 V* vient d'être élu membre non résident honoraire de l'Académie de Dijon ; la présente lettre fut lue le 3 avril devant l'Académie, ainsi qu'il appert de ses Archives, 2è registre, folio 9 v°.

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17/03/2016 | Lien permanent

mais je pense qu'il est bien difficile d'exiger de lui une promesse en forme

... Lui, qui  ?

Tout politique au pouvoir actuellement et qui doit répondre aux attentes de soixante millions d'individus sans compter les chats et les petits cochons .

 

 

« A Jacob Tronchin

[avril 1765] 1

La Fontaine a fait assurément bien de l'honneur à ces cent nouvelles du coin de la rue 2. C'est là tirer de l'or du fumier . Je vous remercie monsieur de m'avoir fait connaître la source où il a puisé quelquefois .

Je ne manquerai pas assurément à la première occasion que j'aurai de faire souvenir M. le duc de Choiseul de ses bontés, et des espérances qu'il nous a données , mais je pense qu'il est bien difficile d'exiger de lui une promesse en forme . Il est d'ailleurs si affligé à présent de l'inexécution de tous ses ordres à la Cayenne que ces moments-ci ne sont pas mollia fandi tempora 3. Mille tendres respects .

V. »

1L'édition Tronchin est limitée à un court extrait non daté ; Droz date de février 1758et donne François Tronchin comme destinataire ; Delattre suggère Jacob Tronchin et place la lettre en avril-mai 1765 .

Elle se situe à la suite d'un lettre de Choiseul du 3 avril 1765 : « Il est vrai que j'ai eu du chagrin pour ma colonie de Cayenne ; des sots, des fripons, et pis que cela des ignorants qui croyaient en savoir beaucoup, m'ont entraîné dans de fausse démarches ; je suis corrigé, ce n'est pas une matière aisée à traiter que celle de colonies ; j'apprends tous les jours que je suis plus ignorant que je ne croyais la veille ; à force d'application, j'arriverai au bien , à ce que j'espère […] L'histoire du canton de Schvitz fait plus d'honneur à ce canton qu'il ne mérite ; nous n'avions d'eux que soixante-seize hommes à notre service ; ils reviennent tous successivement, le canton reviendra aussi, et , s'il ne revient pas , nous aurons ses hommes et il n'aura pas nos pensions . M. de Villette a de l'esprit, mais cet esprit est renfermé dans une mauvaise tête ; si cependant il avait un bon cœur, il n'y aurait rien de perdu […] je donnerai volontiers mon consentement à tout ce que son père demandera pour lui . Vivez heureux, tranquille, ma chère marmotte, ne vous embarrassez ni des jésuites, ni des parlements[…] . »

Voir : http://w3public.ville-ge.ch/bge/odyssee.nsf/Attachments/arch_tronchin_141-397frameset.htm/$file/arch_tronchin_141-397.pdf

2 Les Cent nouvelles nouvelles , dont La Fontaine s'est inspiré dans quelques contes ? Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cent_nouvelles_nouvelles

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86000684/f5.image

3 Les occasions favorables pour parler ; d'après L'Enéide, IV, 293-294 , de Virgile ; voir : http://bcs.fltr.ucl.ac.be/Virg/V04-173-295.html

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29/07/2020 | Lien permanent

Je sais que chaque province a ses embarras, et qu’il est bien difficile que le ministère remédie à tout

... Combien d'électeurs , sur-gonflés par des extrêmistes de l'acabit de Mélenchon, Marine Le Pen et Zemmour, ne sont plus capables d'avoir ce simple bon sens ?

Trop !

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

11è février 1767, à Ferney

Comme je dictais, monseigneur, les petites instructions nécessaires pour la représentation de la pièce dont je vous offrais les prémices pour Bordeaux, j’apprends une funeste nouvelle 1 qui suspend entièrement mon travail, et qui me fait partager votre douleur. J’ignore si cette perte ne vous obligera point de retourner à Paris . En tout cas, je serai toujours à vos ordres. Je voudrais que ma santé et mon âge pussent me permettre de vous faire ma cour dans quelque endroit que vous fussiez . Mais mon état douloureux me condamne à la retraite, et si j’avais été obligé de quitter Ferney, ce n’aurait été que pour une autre solitude, et je ne pourrais jamais quitter la solitude que pour vous. Mon petit pays, que vous avez trouvé si agréable et si riant, et qui est en effet le plus beau paysage qui soit au monde, est bien horrible cet hiver ; et il devient presque inhabitable, si les affaires de Genève restent dans la confusion où elles sont. Toute communication avec Lyon et avec les provinces voisines est absolument interrompue, et la plus extrême disette en tout genre a succédé à l’abondance. Nos laboureurs, déjà découragés, ne peuvent même préparer les socs de leurs charrues. Notre position est unique : car vous savez que nous sommes absolument séparés de la France par le lac, et qu’il est de toute impossibilité que le pays de Gex puisse se soutenir par lui-même.

Je sais que chaque province a ses embarras, et qu’il est bien difficile que le ministère remédie à tout. Les abus sont malheureusement nécessaires dans ce monde. Je sens bien qu’il n’est pas possible de punir les Genevois sans que nous en sentions les contre-coups.

Je vous demande pardon de vous parler de ces misères, dans un temps où la perte que vous avez faite vous occupe tout entier, mais je ne vous dis un mot de ma situation que pour vous marquer l’envie extrême que j’aurais de pouvoir servir à vous consoler, si je pouvais être assez heureux pour vous revoir encore, et pour vous renouveler mon tendre et profond respect.

V. »

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24/06/2022 | Lien permanent

Eh bien ! croiriez-vous que, dans le siècle où nous sommes, on m'impute de pareilles bêtises

 

 

 

 

« A M. THIERIOT.

Aux Délices, le 10 septembre [1755]

Non, assurément, mon ancien ami, je ne peux ni ne veux retoucher à une plaisanterie faite il y a trente ans, qui ne convient ni à mon âge, ni à ma façon présente de penser, ni à mes études. Je connais toutes les fautes de cet ouvrage, il y en a d'aussi grandes dans l'Arioste, je l'abandonne à son sort. Tout ce que je peux faire, c'est de désavouer et de flétrir les vers infâmes que la canaille de la littérature a insérés dans cet ouvrage. Ne vous ai-je pas fait part de quelques-unes de ces belles interpolations ?

Qui, des Valois rompant la destinée,

A la gard' Dieu laisse aller son armée,

Chasse le jour, le soir est en festin,

Toute la nuit fait encor pire train;

Car saint Louis, là-haut, ce bon apôtre,

A ses Bourbons en pardonne bien d'autre 1


Eh bien ! croiriez-vous que, dans le siècle où nous sommes, on m'impute de pareilles bêtises, qu'on appelle des vers? On m'avertit que l'on imprime l'ouvrage en Hollande avec toutes ces additions; cela est digne de la presse hollandaise, et du goût de la gent réfugiée.
Je fais imprimer l'Orphelin de la Chine, avec une lettre 2 dans laquelle je traite les marauds qui débitent ces horreurs comme ils le méritent.
Plût à Dieu qu'on eût saisi la Pucelle, l'infâme prostituée de la Pucelle, à Paris, comme vous me l'écrivez, et comme je l'ai demandé Mais ce n'est point sur elle qu'est tombée l'équité du ministère c'est, à ma réquisition, sur une édition de la Guerre de 1741. Un homme de condition avait, à ce qu'on prétend 3, volé chez Mme Denis les minutes très-informes des matériaux de cette Histoire, et les avait vendues vingt-cinq louis d'or à un libraire nommé Prieur, par les mains du chevalier de La Moulière, dont ce Prieur a la quittance 4. Je ne crois point du tout que le jeune marquis qu'on accuse de s'être servi de ce chevalier soit capable d'une si infâme action. Je suis très-loin de l'en soupçonner, et je suis persuadé qu'il se lavera, devant le public, d'une accusation si odieuse. Je me suis borné à empêcher qu'on imprimât malgré moi une Histoire du roi imparfaite, et qu'on abusât de mes manuscrits. Cette histoire ne doit paraître que de mon aveu, et de celui du ministère, après le travail le plus assidu et l'examen le plus sévère.
Vous me feriez un très-grand plaisir de faire lire le manuscrit que vous avez à M. de Thibouville.
Adieu, mon ancien ami. Le ministre 5 philosophe aura bientôt les remerciements que mon cœur lui doit. »

3 L'accusation contre le marquis de Ximenès n'était que trop fondée. Voir la lettre à d'Argental du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/03/25/il-est-digne-qu-on-lui-dise-ses-torts-c-est-le-plus-grand-el.html

4 Voir le Rapport d'Hémery à M. Berryer, lieutenant de police : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-document-nouveau-vol-d-un-manuscrit-102201691.html

5 Le marquis d'Argenson .

 

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25/03/2012 | Lien permanent

il vaut bien autant planter des arbres que faire des vers. Je n'adresse point d'Épitre à mon jardinier

... Qui au reste n'en a pas besoin ; elle resterait comme toute feuille d'hiver, morte .

Bâtir passe encor, mais planter à cet âge ...

... Enfants, vous vous agacerez les dents sur ses fruits

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« A M. de CIDEVILLE.

Aux Délices, 18 mai [1757].

J'ai admiré, mon cher et ancien ami, la bonté de votre âme, dans le compte que vous avez daigné me rendre des aventures de Adèle de Ponthieu1 mais je n'ai pas été moins surpris de la netteté de votre exposé dans un sujet si embrouillé. On ne peut mieux rapporter un mauvais procès, vous auriez été un excellent avocat général. J'ai tardé trop longtemps à vous remercier.
Je n'ai nulle envie de me mettre actuellement dans la foule de ceux qui donnent des pièces au public il est inutile d'envoyer son plat à ceux qu'on crève de bonne chère. Je ne veux présenter mes oiseaux du lac Léman que dans des temps de jeûne. Vous savez d'ailleurs qu'on n'est pas oisif pour être un campagnard, il vaut bien autant planter des arbres que faire des vers. Je n'adresse point d'Épitre à mon jardinier Antoine 2; mais j'ai assurément une plus jolie campagne que Boileau, et ce n'est point la fermière qui ordonne 3 nos soupers.
J'ai eu la curiosité autrefois de voir cette maison de Boileau cela avait l'air d'un fort vilain petit cabaret borgne aussi Despréaux s'en défit-il, et je me flatte que je garderai toujours mes Délices. J'en suis plus amoureux, plus la raison m'éclaire .4

Je n'ai guère vu ni un plus beau plain-pied ni des jardins plus agréables, et je ne crois pas que la vue du Bosphore soit si variée. J'aime à vous parler campagne, car, ou vous êtes actuellement à la vôtre 5, ou vous y allez. On dit que vous en avez fait un très-joli séjour; c'est dommage qu'il soit si éloigné de mon lac. Je me flatte que la santé de M. l'abbé du Resnel est raffermie, et que la vôtre n'a pas besoin de l'être. C'est là le point important, c'est le fondement de tout, et l'empire de la terre ne vaut pas un bon estomac. Je souffre ici bien moins qu'ailleurs, mais je digère presque aussi mal que si j'étais dans une cour ,sans cela, je serais trop heureux mais Mme Denis digère, et cela suffit, vous m'avouerez qu'elle en est bien digne, après avoir quitté Paris pour moi.
Bonsoir, mon cher et ancien ami. J'ai toujours oublié de vous demander si les trois académies, dont Fontenelle était le doyen, ont assisté à son convoi. Si elles n'ont pas fait cet honneur aux lettres et à elles-mêmes, je les déclare barbares. »

3 Voir l'Épître VI (de Boileau) à M. de Lamoignon, v. 37 : http://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89pitre_VI_%28Boileau%29

et : http://www.cosmovisions.com/Lamoignon.htm

5 Launay, près de Rouen .

 

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30/10/2012 | Lien permanent

Parmi les nouvelles affligeantes pour les bons citoyens, dans plusieurs parties de l'Europe, il y en a de bien désagréab

... Mais heureusement elles ne prêtent pas à conséquence . La période des prix littéraires qui chevauche celle des foires aux vins sera fertile en maux de tête dont il sera difficile de trouver la cause , indigestions de romans imbuvables ou gueules de bois de pinards dont les étiquettes sont la seule qualité , l'un n'excluant pas l'autre .

Je propose que l'on mette cet avertissement sur les certains livres "L'abus de mauvaise littérature rend idiot" , et sur les plus mauvais "A consommer avec modération" .

 http://deledition.tumblr.com/post/31330169437/a-la-soiree-douverture-du-salon-du-livre-merci

 

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« A M. Pierre ROUSSEAU 1
[décembre 1756]

 


Parmi les nouvelles affligeantes pour les bons citoyens, dans plusieurs parties de l'Europe, il y en a de bien désagréables dans la littérature. On se contentait autrefois de critiquer les auteurs, on a fait succéder à cette critique permise un brigandage inouï; on fait imprimer leurs ouvrages falsifiés et infectés de tout ce qu'on croit pouvoir nourrir la malignité, pour favoriser le débit. Voici comme s'explique, sur ce criminel abus, M. l'abbé Trublet, dans sa préface des Lettres 2 de feu M. de Lamotte « On donne de nouvelles éditions des ouvrages des gens célèbres, pour avoir occasion d'y répandre les notes les plus scandaleuses et les traits les plus satiriques contre leurs auteurs. Il était réservé à notre siècle de voir pratiquer dans les lettres ce brigandage. »
Le sage auteur de cette remarque parlait ainsi en 1754, à l'occasion du Siècle de Louis XIV, dont M. La Beaumelle s'avisa de faire et de vendre une édition chargée de tout ce que l'ignorance a de plus hardi, et de ce que l'imposture a de plus odieux. La même aventure se renouvelle depuis cinq ou six mois. Le même éditeur a falsifié plusieurs lettres de Mme de Maintenon, et en a supposé quelques-unes de M. le maréchal de Villars, de M. le duc de Richelieu, qu'ils n'ont jamais écrites et c'est encore là le moindre abus dont on doit se plaindre dans la publication scandaleuse des prétendus Mémoires de Mme de Maintenon. Le comble de ces manœuvres infâmes est une édition d'un poème intitulé la Pucelle d'Orléans 3. L'éditeur a le front d'attribuer cet ouvrage à l'auteur de la Henriade, de Zaïre, de Mérope, d'Alzire, du Siècle de Louis XIV; et, tandis que nous attendons de lui une Histoire générale, et qu'il travaille encore au Dictionnaire encyclopédique, on ose mettre sur son compte le poème le plus plat, le plus bas, et le plus grossier qui puisse sortir de la presse. En voici quelques vers pris au hasard

Louis s'en vint du fond des Pays-Bas
Pour cogner Charles et heurter le trépas.

(La Pucelle, Variantes du ch. II.)

Là, les lépreux, les femmes bien apprises,
Devaient changer de robe et de chemises.
L'heureux Villars, bon Français, plein de cœur,
Gagna le quitte ou double avec Eugène.
Pour les idiots ce fut une trompette
Le drôle avait étudié sa bête.
Il dit que Dieu, roulé dans un buisson,
A lui chétif avait donné leçon.
(Var. du ch. III.)


Il les pria, de la part de madame,
A manger caille, oie, et bœuf au gros lard.
(Var. du ch. IV.)


Sous le foyer d'un grand feu de charbon,
La tête hors d'un énorme chaudron.
Pendez, pendez, le vilain semblait dire
Baiser soubrette est péché dont la loi, etc.
(Var. du ch. V.)


Agnès baisait, Agnès était saillie.
A ses baisers il veut que l'on riposte,
Et qu'on l'invite à courir chaque poste.
(Var. du ch. X.)


Chandos, suant et soufflant comme un bœuf,
Tâte du doigt si l'autre est une fille;
Au diable soit, dit-il, ma sotte aiguille.
(Var. du ch. XIII.)


Lecteur, ma Jeanne aura son pucelage
Jusqu'à ce que les vierges du Seigneur,
Malgré leurs vœux, sachent garder le leur.
(Var. du ch. XXI.)


La plume se refuse à transcrire le tissu des sottes et abominables obscénités de cet ouvrage de ténèbres. Tout ce qu'on respecte le plus y est outragé autant que la rime, la raison, la poésie, et la langue. On n'a jamais vu d'écrit ni si plat, ni si criminel et c'est ce langage des halles qu'on a le front d'attribuer à l'auteur de la Henriade, contre lequel même on trouve dans le poème deux ou trois traits parmi tant d'autres qui attaquent grossièrement les plus honnêtes gens du monde. Ceux qui, trompés par le titre, ont acheté cette misérable rapsodie, ont conçu l'indignation qu'elle mérite. Si une telle horreur parvient jusqu'à vous, monsieur, elle excitera en vous les mêmes sentiments, et vous n'aurez pas de peine à les inspirer au public. »

1 Les éditeurs de Kehl ont donné cette lettre comme supposée écrite de Paris.

2 L'abbé Trublet lui-même dit que l'éditeur des Lettres de M. de Lamotte, 1754, in-12, est l'abbé Leblanc, à qui est adressée la lettre 563.

 

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13/09/2012 | Lien permanent

Ces gens-là sont pourtant de l'espèce en faveur de laquelle le livre a été écrit, et je serais fâché qu'ils fussent de l

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 17/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

« A Paul-Claude Moultou

à Genève

18è décembre [1763] 1

Est-il vrai , mon cher philosophe, que vous ayez rencontré des gens assez intolérables pour être choqués du livre de la Tolérance ? Ces gens-là sont pourtant de l'espèce en faveur de laquelle le livre a été écrit, et je serais fâché qu'ils fussent de l'espèce des chiens qui mordent ceux qui leur donnent à manger . Je vous prie de me dire s'il est vrai qu'ils aient aboyé .

Au reste, comme on bourdonne beaucoup dans votre ruche, et que les abeilles sont en querelle avec la bourdons et les guêpes, je suis bien sûr que vous ne montrerez la Tolérance qu'à des gens dignes de votre confiance .

Je me flatte que monsieur votre fils se porte bien à présent . Quand pourrez-vous vous échapper pour venir voir un pauvre aveugle qui vous aime de tout son cœur ? »

1 L'édition Taillandier place cette lettre après 1776, mais l'allusion au Traité sur la tolérance la date de 1763 .

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17/12/2018 | Lien permanent

il faut bien le dédommager un peu de son ennui, car j'imagine qu'il réside toujours auprès des grands

... A chacun de ceux dont les noms suivent, j'estime  ( et eux aussi ) que les dédommager s'ils sont encore au service de ceux que l'on dit grands, est tout à fait mérité ..., oui, mais vous avez tout à fait le droit de penser le contraire , et me jeter des pierres (précieuses de préférence ! ) . Des conseillers de cet acabit ont beaucoup, beaucoup trop fait ! pour la patrie ? vous rêvez ! payés grassement pour débiter des couillonnades, sans responsabilité ni bien sûr culpabilité, dignes de figurer derrière un guichet de Pôle Emploi ; quelques exemples : Aquilino Morelle, Henri Guaino, Jérome Monod, Jacques Attali, Jean-Louis Bianco & Cie

 Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cabinet_du_pr%C3%A9sident_d...

Conseiller présidentiel, belle sinécure s'il en est !

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« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay

25 octobre [1761] 1

M. Lefranc de Pompignan, historiographe manqué des enfants de France, a l'honneur d'envoyer à madame d'Epinay les réflexions salutaires que lui a adressées un frère de la charité de Bayonne 2. Quoique ces réflexions soient fort judicieuses, M . Lefranc de Pompignan est déterminé à priver l'univers 3 de ses immortels écrits, si l'univers et autres continuent à les trouver plats , détestables et exécrables . Ainsi c'est à l'univers à voir ce qu'il aime le mieux ; moi je sais bien ce que je préfèrerais ; ce serait d'aller présenter à Madame d'Epinay l'hommage de mon respect, de mon admiration et de ma reconnaissance . Si j'ai le malheur de ne pouvoir lui porter ce tribut à la campagne, je volerai le lui offrir aussitôt que je la saurai à Paris .

J'envoie aussi les Car à notre ami de Saint-Cloud 4 ; il faut bien le dédommager un peu de son ennui, car j'imagine qu'il réside toujours auprès des grands. »

1 Cette lettre a toujours été placée en 1760, mais la référence aux Car est décisive .

 

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17/10/2016 | Lien permanent

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