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Tout ce que je vous dis là est toujours comme tout le reste, soumis à la destinée, qui est fort accoutumée à se jouer de

 

http://www.deezer.com/listen-1101597

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

rue Bergère, vis-à-vis l'hôtel des Menus à Paris

 

20è septembre 1769

 

Ma chère amie,

 

Si Mme d'Erlach vous fait des offres convenables [i] je crois que vous devez les accepter. En ce cas, vous viendriez chez vous [ii] à la fin d'octobre, ou si vous l'aimiez mieux, je viendrais vous prendre à Lyon, et je vous conduirais avec armes et bagages à Toulouse, où les hivers sont très tempérés, et vous reviendriez au printemps dans votre belle habitation.

 

Vous croyez bien que je ne vous proposerais pas Toulouse si je n'étais sûr d'y être très bien reçu. Le parlement y est devenu protecteur des Sirven et ne cherche qu'à expier l'horreur du jugement des Calas [iii]. Je ne sais comment cela s'est fait, mais on compte mon suffrage pour quelque chose dans cette ville [iv]. J'ai mandé que je ferais ce voyage en qualité de malade, et que je ne rendrais aucune visite [v]. Je vivrais comme je vis , dans la plus grande solitude ; à cela près que les souscripteurs qui ont établi le théâtre viendraient me consulter quelquefois. Je leur ferais des chœurs pour orner la fin des tragédies. Ils ont de belles voix, et on a exécuté les chœurs d'Athalie avec beaucoup de succès ; c'est ce que vous pourriez savoir de Lekain qui en revient.[vi]

 

Tout ce que je vous dis là est toujours comme tout le reste, soumis à la destinée, qui est fort accoutumée à se jouer de nos projets.

 

Je doute beaucoup que je puisse profiter des idées de Mme Le Long [vii]. Je pourrais bien me transporter languissant à Toulouse, et y vivre à ma fantaisie. Mais le bruyant de Mme Le Long m'effraierait et ne me conviendrait pas. Le troisième parti qui est de rester où je suis serait peut-être le meilleur ; il n'y a que ces maudites neiges qui s'y opposent. Ma mauvaise santé serait toujours une excuse valable auprès de Mme Le Long, et je serais dispensé de profiter de ses bontés en lui témoignant ma reconnaissance, et en l'assurant que je viendrai dès que je le pourrai. Je prendrais d'ailleurs le prétexte d'aller aux eaux en allant en Languedoc. Quelque chose qui arrive je ne ferai rien sans voir reçu de vos nouvelles, et je vous laisse maîtresse de tout.

 

M. de Bourcet vient de faire tracer l'enceinte de Versoix ; on a fixé le prix de tous les terrains dont on s'empare. La ville sera plus grande et plus belle que Genève. Vous savez que le port avance, et qu'on bâtit une frégate où il y aura du canon. M. le duc de Choiseul réussit dans toutes ses entreprises ; le pays de Gex deviendrait charmant sans ces affreux hivers qui rendent la vie insupportable et qui l'abrègent.

 

J'envoie la première partie [viii] de ce que vous demandez à M. Lefevre [ix].

 

Je vous embrasse bien tendrement. »

 

 

 

 

 

i Mme Denis désire louer la maison qu'elle veut quitter.

ii Ferney, qui a été acquis par V* au nom de Mme Denis et qu'il lui a donné.

iii Le même jour, à l'abbé Audra : « Je partirai probablement dès que je serai certain d'être bien reçu, et de n'avoir rien à craindre des vieux restes du fanatisme » ... « si on rend une justice complète » aux Sirven.

iv Cf. lettre à d'Alembert du 13 janvier 1769 et un passage d'une lettre de l'abbé Audra du 2 novembre 1768.

v Ce qu'il dit ce même jour à l'abbé Audra.

vi Cf. lettre à d'Argental du 16 septembre.

vii Selon le code employé par V* et sa nièce : Mme du Barry.

viii Le 11 septembre elle signala n'avoir reçu que le second tome de l'Histoire du parlement et demanda le premier.

ix Selon le code de V* : Marin.

 

 

http://www.deezer.com/listen-1583085

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20/09/2010 | Lien permanent

Quand on vexe un pauvre auteur, les dix-neuf vingtièmes du monde l'ignorent ; le reste en rit et moi aussi

 Arsenic ??

http://www.youtube.com/watch?v=shi9C368X0s

 

Non ! A' n'ser' à rien !

Arsenaria ! Na !!

arsenaria.jpg

 

 





« A Nicolas-Claude Thiriot

[lettre destinée à la publication et qui parut dans le Mercure de juillet 1761]

[23 juin 1761]

 

Sic vos non vobis [début de vers attribué à Virgile : « sic vos non vobis mellificatis apes » = « de même, vous , abeilles, vous faites du miel pour d'autres que vous »]. Dans le nombre immense de tragédies, comédies, opéra-comiques, discours moraux et facéties, au nombre d'environ cinq cent mille [exagéré !], qui font l'honneur éternel de la France, on vient d'imprimer une tragédie sous mon nom, intitulée Zulime. La scène est en Afrique. Il est bien vrai qu'autrefois ayant été avec Alzire en Amérique, je fis un petit tour en Afrique avec Zulime [jouée en juin 1740], avant d'aller voir Idamé [L'Orphelin de la Chine, joué en 1755] à la Chine ; mais mon voyage d'Afrique ne me réussit point. Presque personne dans le parterre ne connaissait la ville d'Arsénie qui était le lieu de la scène. C'est pourtant une colonie romaine nommée Arsénaria ; et c'est encore par cette raison-là qu'on ne la connaissait pas.

 

Trémizène est un nom bien sonore ; c'est un joli petit royaume, mais on n'en avait aucune idée. La pièce ne donna nulle envie de s'informer du gisement de ces côtes. Je retirai prudemment ma flotte. Et quae desperat tractata nitescere posse relinquit [= et ce qu'il désespère de traiter brillamment, il le laisse]. Des corsaires se sont enfin saisis de la pièce, et l'ont fait imprimer ; mais par droit de conquête ils ont supprimé deux ou trois cents vers de ma façon, et en ont mis autant de la leur [cette édition reproduit le texte d'un manuscrit corrigé de la main de V*, et c'est certainement d'une copie de ce manuscrit qu'il est question ensuite]. Je crois qu'ils ont très bien fait ; je ne veux point leur voler la gloire comme ils m'ont volé mon ouvrage. J'avoue que le dénouement leur appartient, et qu'il est aussi mauvais que l'était le mien [dans cette version de la pièce, l'épouse secrète du héros se tue]. Les rieurs auront beau jeu ; car au lieu d'avoir une pièce à siffler, ils en auront deux.

 

Il est vrai que les rieurs seront en petit nombre, car peu de gens pourraient lire les deux pièces. Je suis de ce nombre ; et de tous ceux qui prisent ces bagatelles ce qu'elles valent, je suis peut-être celui qui y met le plus bas prix. Enchanté des chefs-d'œuvre du siècle passé, autant que dégoûté du fatras prodigieux de nos médiocrités, je vais expier les miennes en me faisant le commentateur de Pierre Corneille. L'Académie agrée ce travail, je me flatte que le public le secondera en faveur des héritiers de ce grand nom.

 

Il vaut mieux commenter Heraclius que de faire Tancrède. On risque bien moins. Le premier jour qu'on joua ce Tancrède [3 septembre 1760] beaucoup de spectateurs étaient venus armés d'un manuscrit qui courait le monde, et qu'on assurait être mon ouvrage. Il ressemblait à cette Zulime imprimée.

 

C'est ainsi qu'un honnête libraire nommé Gosse s'avisa d'imprimer une Histoire générale qu'il assurait être de moi [associé à Néaulme quand celui-ci édita cette oeuvre en deux tomes en 1753] , et il me le soutenait à moi-même. Il n'y a pas grand mal à tout cela. Quand on vexe un pauvre auteur, les dix-neuf vingtièmes du monde l'ignorent ; le reste en rit et moi aussi. Il y a trente à quarante ans que je prenais sérieusement la chose, j'étais bien sot ! Adieu, je vous embrasse.

 

V. »

 

 

 Wanted !

Une bonne adresse pour bricoleur-maçon-charpentier-peintre de bonne volonté :

http://www.castellum-tingitanum.org/index.php?id=8&id2=3

 Et pour garder des relations internationales au beau fixe, pour les germanophones (et -philes ! ) :

http://www.youtube.com/watch?v=q6IUQo8ch9s&feature=related

 

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Tantum relligo potuit suadere malorum ! / Tant la religion a pu conseiller de crimes !

... Et pour le moins d'injustices, comme au Salvador --le mal nommé-- : http://www.20minutes.fr/monde/2101431-20170708-salvador-3...

 Comment peut-on conserver de telles lois qui défient l'entendement et oppriment les femmes ? Un machisme imbécile et lâche est donc le terrible point commun de ces intégristes religieux , tant chrétiens que musulmans ou autres infâmes !

 Image associée

Croisement hautement dangereux

 

 

« A Bernard-Louis Chauvelin

Aux Délices 13 août [1762]1

Vous connaissez donc aussi, monsieur, le prix de la santé par les maladies ! Vous avez donc souffert comme moi ! Il y a quelque cinquante ans que je fais le métier, et je n’y suis pas encore entièrement accoutumé. Je vous crois bien persuadé que les rois et les représentants des rois n’ont rien de mieux à faire que de se bien porter. On parle d’une colique violente qui a délivré Pierre Ulric 2 du petit désagrément d’avoir perdu un empire de deux mille lieues. Il ne manquera plus qu’un Ninias à votre Sémiramis pour rendre la ressemblance parfaite. J’avoue que je crains d’avoir le cœur assez corrompu pour n’être pas aussi scandalisé de cette scène qu’un bon chrétien devrait l’être. Il peut résulter un très grand bien de ce petit mal. La Providence est comme étaient autrefois les jésuites ; elle se sert de tout. Et d’ailleurs, quand un ivrogne meurt de la colique, cela nous apprend à être sobres.

Si vous n’avez pas les mémoires des Calas, ordonnez par quelle voie vous voulez qu’on vous en adresse. Cette aventure est bien mince en comparaison de tout ce qui se passe chez les grands de la terre, mais enfin c’est quelque chose qu’un vieillard, qu’un père de famille, accusé d’avoir pendu son fils par dévotion, et roué sans aucune preuve. Tantum relligo potuit suadere malorum ! 3 Voici, en attendant, deux petites relations 4 qui pourront vous amuser quelques moments ; elles supposent des mémoires précédents . Mais ces mémoires enfleraient trop le paquet.

La tragédie des Calas, et celle qui se joue depuis Pétersbourg jusqu’en Portugal, ne m’ont pas fait abandonner la famille d’Alexandre 5. Je n’ai pas cru devoir laisser imparfait un ouvrage sur lequel vous avez daigné m’honorer de vos conseils . Vous m’avez rendu chère cette pièce à laquelle vous avez bien voulu vous intéresser. Si jamais il vous prend envie de la relire, vous n’avez qu’à commander.

Pierre Corneille m’occupe encore plus que Pierre Ulric. C’est une terrible tâche que d’être obligé d’avoir toujours raison dans quatorze tomes.

Il faut donc renoncer à l’espérance de voir vos excellences dans nos jolis déserts. Cependant le théâtre est tout prêt ; et quand madame l’ambassadrice voudra faire pleurer des Allobroges, il ne tiendra qu’à elle. Il faudra que mademoiselle votre fille joue Joas dans Athalie, et moi, si l’on veut, je ferai le confident de Mathan, Qui ne sert ni Baal ni le Dieu d’Israël 6. Ma piété en sera effarouchée ; mais il faut se faire tout à tous 7.

Que votre excellence me conserve ses bontés . J’en dis autant à madame l’ambassadrice, à qui ma nièce présente la même requête. »

1 Une main tardive a noté sur le manuscrit «  à M. de Shouwalof » qui fut accepté jusqu'à ce que Beuchot note : « toute la fin de cette lettre [à partir du paragraphe 3] me porte à croire qu'elle est adressée au marquis de Chauvelin ». Moland en fit alors une lettre séparée ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-23-123140158.html

2 Empoisonné et étranglé .

3 Tant la religion a pu conseiller de crimes ; Lucrèce, De natura rerum, I, 101 .

4 Histoire d’Élisabeth Canning et des Calas .

5 Olympie .

6 Adapté d'Athalie, III, 3 .

7 Adapté de la Première Épître aux Corinthiens, IX, 22 ; voir : https://bible.catholique.org/1ere-epitre-de-saint-paul-apotre-aux/3369-chapitre-9

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08/07/2017 | Lien permanent

Puisqu'il faut vous dire la vérité, monsieur, l'un de vos tonneaux a tourné entièrement . Je garde l'autre ; et j'attend

... Dites vous que c'est là le début d'une fable, où les tonneaux sont des hommes politiques dont je vous laisse toute liberté de trouver le plus imbuvable, et lequel on peut garder pour le mois de mai . Je n'en dis pas plus, pour l'instant .

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Piquette ? Oui ! On est loin d'avoir là un vin de garde .

 

 

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

A Ferney 5 décembre 1761 1

Puisqu'il faut vous dire la vérité, monsieur, l'un de vos tonneaux a tourné entièrement . Je garde l'autre ; et j'attends le mois de mai pour le boire . J'accepte avec foi et espérance le vin du cru de madame Le Bault ; il doit être agréable sans fadeur, fort sans trop de vivacité, bien coloré sans être trop foncé ni trop clair . Il doit plaire à tous les goûts, du moins c'est ce que j'imagine pour peu qu'il tienne de la propriétaire . Il est vrai que je suis bien pauvre , 1° grâce à la guerre, 2° grâce à une église que j'ai fait bâtir et pour laquelle on voulait me pendre, 3° grâce à un théâtre où je joue passablement les vieillards, mais qui est trop beau pour le pays de Gex, 4° grâce à M. De Brosses qui me coûte près de soixante mille livres pour un trou à vie que j'afferme douze cents livres . J'avoue qu'après avoir ainsi perdu 60 000 livres je le suis révolté contre lui pour deux cents francs . Son procédé m'a choqué, parce que j'y ai entrevu trop de mépris pour ma faiblesse . Je veux bien qu'on me ruine, mais je ne veux pas qu'on se moque de moi . Et si M. le président De Brosses m’avait donné son amitié pour mon argent, je ne me serais pas tant plaint du marché . Je vous avais fait très sérieusement, monsieur, juge du procédé et du procès . Il n'a point voulu d'arbitres ; et je commence à croire qu'il ne voudra point de juges, et qu'il abandonnera noblement cette importante affaire, où il s'agit du foin que peut manger une poule en un jour 2.

Vous faites très bien monsieur d’hériter de bons vignobles, et de ne point acheter comme moi très chèrement des terres qui ne donnent que du vin de Brie . Vous faites encore très bien de tailler en automne, vous en ferez plus tôt vendange . Je présente mes respects à madame Le Bault en attendant son vin . Je vous supplie de me conserver vos bontés et celles de monsieur le premier président et de monsieur le procureur général, vos coarbitres dans la grande affaire des fagots de Tournay .

J'ai l'honneur d'être sérieusement, et avec respect, monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

2 Allusion aux Plaideurs ,I, 7 , de Racine ; Chicanneau, vers 218 : http://www.theatre-classique.fr/pages/pdf/RACINE_PLAIDEURS.pdf

 

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05/12/2016 | Lien permanent

les dieux ne se mêlent pas des affaires des banquiers

... Pour cela il faudrait d'abord qu'ils existent ! bien qu'il y ait un ersatz de preuve : les paradis fiscaux, où les élus adorent le saint Profit .

Un banquier je crois bien savoir à quoi ça ressemble, mais un dieu : mystère et boule de gomme !

Allah, Yaweh, Vichnou ( la paix), la Sainte Trinité sont bien dignes des contes des Mille et une nuits racontés par leurs prophètes qui n'incitent pas vraiment à la fête . Les dits prophètes feraient un super flop dans la plus minable des téléréalités du style "Devine mon secret" ou "Devine qui m'a emporté au ciel" . Et il est encore des cinglés qui tuent en leur nom !  Comme dit si bien Volti : "quel Jupiter les remettra chacun à sa place?"

 

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 Ni dieu, ni maître

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

Aux Délices 4 janvier 1760
Madame, le paquet de ce banquier 1 que Votre Altesse sérénissime protège arriva deux heures après que je l'eus informée que je ne l'avais pas reçu. Les affaires qu'il discute avec les créanciers de nos quartiers sont un peu épineuses : je les ai vivement recommandées au syndic de Genève. Comment n'aurais-je pas infiniment à cœur, madame, les choses auxquelles elle s'intéresse? Je ne les entends point ; mais je presse comme si je les entendais. Peut-être le syndic de Genève ne les entend-il guère mieux que moi, car on dit que c'est un chaos, et qu'il faudrait un dieu pour le débrouiller; mais les dieux ne se mêlent pas des affaires des banquiers : puissent-ils finir bientôt, madame, les déplorables affaires de l'Europe ! C'est là qu'est le vrai chaos. Les quatre éléments se combattent et sont confondus ensemble ; quel Jupiter les remettra chacun à sa place?
Je crois qu'Arminius est le nom de baptême du prince héréditaire de Brunswick 2. Homère dit quelque part : Il fit trois pas, et au troisième il fut au bout du monde 3. C'est bien aller. M. le prince de Brunswick voyage à peu près dans ce goût.
Hélas! quand pourrai-je, moi chétif, faire cent mille pas pour me faire introduire à vos pieds, madame, par la grande maîtresse des cœurs, pour renouveler à Votre Altesse sérénissime le respect le plus profond et le plus tendre, ainsi qu'à votre auguste maison ?

V.»

2 Il s'agit de Charles-Guillaume-Ferdinand de Brunswick-Wolfenbüttel, héritier et successeur du prince Charles ; V* le compare pour ses succès à Arminius, le ce f germain qui vainquit les Romains à la bataille de Teutoburger Wald .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Guillaume-Ferdinand_de_Brunswick-Wolfenb%C3%BCttel

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Teutobourg

3 Homère, L’Iliade, XIII, 20 ; voir Ulysse au royaume de Poséidon : « Il fait trois enjambées ; à la quatrième, il atteint son but, Ægès, où un palais illustre lui a été construit dans l’abîme marin, étincelant d’or, éternel. » : http://expositions.bnf.fr/homere/arret/10.htm

 

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09/01/2015 | Lien permanent

Maman m’a proposé de mettre le feu au château et de tout abandonner. Ce serait en effet un parti fort agréable à prendre

... Mme Denis, gilet jaune ou même Black Bloc avant l'heure ? Ouf ! elle a un alibi pour le 15 avril .

Heureusement pour nous la raison voltairienne l'a emporté .

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

10è avril 1764 1

Mes divins anges, voilà le tripot fermé : il ne vous revient plus qu’un quatrième acte des roués, que je vous enverrai quand il vous plaira ; et ce sera à vous à me dire comment j’en dois user avec les ambassadeurs de France à Turin . C’est une affaire d’État dans laquelle je ne puis me conduire que par vos instructions et par vos ordres. Mais une affaire d’État plus considérable, que nous mettons plus que jamais, maman et moi, à l’ombre de vos ailes, c’est cette fatale dîme pour laquelle on recommence vivement les poursuites. Nous allons être à la merci d’un prêtre ivrogne, notre terre va être dégradée, tous les agréments dont nous jouissons vont être perdus, si M. le duc de Praslin n’a pas pitié de nous. Cette affaire est enfin portée sur le rôle, et elle est la première pour la rentrée du  parlement : on dépouillera le vieil homme 2 à la Quasimodo. Maman m’a proposé de mettre le feu au château et de tout abandonner. Ce serait en effet un parti fort agréable à prendre, surtout après m’être ruiné à embellir cette terre ; mais je crois qu’un bel arrêt du Conseil vaudrait bien mieux, et je l’espérerai jusqu’au dernier moment. Nous vous demandons en grâce de vouloir bien nous dire sur quoi nous pouvons compter, et ce que nous devons faire.

Je n’ai point reçu de nouvelles de M. le maréchal de Richelieu touchant son bellâtre de Bellecour 3 ; mais je vous avoue que j’ai toujours du faible pour le Droit du Seigneur, et que je serais curieux d’apprendre qu’il aura été joué, à la rentrée, par Grandval. Est-il possible que vous n’ayez que Lekain pour le tragique, et qu’il soit si difficile de trouver des acteurs ? Cela décourage des jeunes gens comme moi, et je crains bien d’être obligé de renoncer au théâtre à la fleur de mon âge.

 Je suis bien touché et bien reconnaissant des cinq ou six lignes encourageantes que vous aviez fournies à M. de Chimène, pour son beau discours de la clôture ; si vous le jugez à propos , mes anges, vous lui ferez tenir la réponse que je fais à sa lettre 4 ; et à la manière discrète dont il en a usé .

Si vous le jugez à propos aussi, vous brûlerez, ou vous communiquerez à l’abbé Arnaud, le petit mémoire ci-joint. J’ai cru que ces discussions littéraires pourraient quelquefois piquer la curiosité  du public, que le simple énoncé des ouvrages nouveaux n’excite peut-être pas assez. Si l’on ne peut faire nul usage de ces mémoires, il n’y aura de mon côté qu’un peu de temps perdu, et beaucoup de bonne volonté inutile. Il est difficile d’ailleurs de rencontrer de si loin le goût de ceux pour qui l’on travaille.

Respect et tendresse.

V. »

1 La copie Beaumarqhais-Kehl supprime le 3è paragraphe, suivie par les éditions .

3 Bellecour que le public sifflait , voulait jouer le rôle d'Olban dans le Droit du Seigneur .

4 Lettre perdue .

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09/05/2019 | Lien permanent

Je n'ai point voulu vous remercier, madame, sans avoir joui de vos bienfaits

... Honni soit qui mal y pense !

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« A Marie-Anne Fiquet du Boccage

Ferney 19è septembre 1764

Je n'ai point voulu vous remercier, madame, sans avoir joui de vos bienfaits . C’est en connaissance de cause que je vous réitère les sentiments d'estime et de reconnaissance que je vous avais voués dès longtemps . J'ai lu la très jolie édition 1, dont vous avez voulu me gratifier . Je ne connaissais point vos agréables lettres sur l'Italie ; elles ont supérieures à celles de Mme de Montaigu 2. Je connais Constantinople par elle, et Rome par vous ; et grâce à votre style , je donne la préférence à Rome . Je ne m'attendais pas, madame, de voir mon petit ermitage auprès de Genève, célébré par la main brillante qui a si bien peint les vignes des cardinaux 3. Les grands peintres savent également exercer leur talents sur les palais et sur les chaumières .

Soyez bien sure, madame, que je suis aussi reconnaissant qu'étonné de l’extrême bonté avec laquelle vous avez bien voulu parler de moi . Je ne nie pas que je ne sois infiniment flatté de voir mon nom dans vos lettres, qui passeront à la postérité ; mais mon cœur, j'ose le dire, est encore plus sensiblement touché de recevoir ces marques d'amitié de la première personne de son sexe et de son siècle . J'ose dire, madame, que personne n'a plus senti votre mérite que moi ; mais je ne me bornerai pas à vous admirer, j'aimais votre caractère autant que votre esprit, l'éloignement des lieux n'a point diminué ces sentiments . Mme Denis les partage, elle est pénétrée comme moi de ce que vous valez ; recevez les hommage de l'oncle et de la nièce, vous êtes au-dessus des éloges, vous devez en être fatiguée ; on est bien plus sûr de vous plaire quand on vous dit qu'on vous est très tendrement attaché, et c'est bien certainement ce que je suis, avec le plus sincère respect .

V. »

2 Sur les lettres de Mme Marie Wortley Montagu, voir lettre du 21 septembre 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/09/17/il-cherit-ses-sujets-comme-il-est-aime-d-eux-c-est-un-pere-e-6085187.html

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06/11/2019 | Lien permanent

Fulvie est étonnée, avec raison, qu’un ivrogne et un jeune homme qui court après les filles soient les maîtres du monde

... Les noms ! les noms! les noms !...

Il y en a encore trop, et s'il n'y en avait qu'un ce serait encore trop .

 Vous pensez bien qu'il ne s'agit pas ici de politique , mais tout simplement du monde du spectacle où des Weinstein sévissent , avec heureusement de moins en moins de succès .

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Infréquentable ! lamentable !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

18 septembre [1763]

Je me doutais bien, mes divins anges, que mademoiselle Clairon n’était guère faite pour jouer Mariamne. Je ne me souviens plus du tout des anciennes imprécations qui finissaient le cinquième acte, et, en général, je crois que ces imprécations sont comme les sottises, les plus courtes sont les meilleures. Je vous avoue que je serais bien plus sûr d’Olympie ; c’est un spectacle magnifique ; on le donne dans les pays étrangers quand on veut une fête brillante ; il fait grand plaisir dans les provinces avec des acteurs de la foire : jugez ce que ce serait avec vos bons acteurs de Paris. Mais je sais que dans toutes les affaires il faut prendre le temps favorable, et savoir prendre patience.

Notre petite conspiration m’amuse beaucoup actuellement, et je me flatte qu’elle égaie aussi mes anges. Avouez donc que cela sera fort plaisant. Je vous envoie un petit bout de vers ; madame d’Argental, qui est l’adresse même, coupera le papier avec ses petits ciseaux, et le collera bien proprement à sa place avec quatre petits pains qu’on nomme enchantés 1. Vous savez, par parenthèse, pourquoi on leur a donné ce drôle de nom.

Je vous demande toujours en grâce de ne me jamais ôter mes deux voluptueux. Voulez-vous que je mette mes deux débauchés, mes deux roués ? Ne voyez-vous pas que Fulvie est étonnée, avec raison, qu’un ivrogne et un jeune homme qui court après les filles soient les maîtres du monde ? C’est précisément voluptueux qui convient, c’est le mot propre ; et il est beau de hasarder sur le théâtre des termes heureux qu’on n’y a jamais employés. Au nom de Dieu, ne touchez jamais à ce vers ; gardez-vous en bien, vous me tuez.

Mes anges, je vous fais juges de ma dispute avec Thieriot : le sculpteur Pigalle a fait une belle statue de Louis XV pour la ville de Reims ; il m’a mandé qu’il avait suivi le petit avis que j’avais donné dans le Siècle de Louis XIV, de ne point entourer d’esclaves la base des statues des rois, mais de figurer des citoyens heureux 2, qui doivent être en effet le plus bel ornement de la royauté.

Il m’a demandé une inscription en vers français, attendu qu’il s’agit d’un roi de France, et non d’un empereur romain. Voici mes vers :

Esclaves qui tremblez sous un roi conquérant,

Que votre front touche la terre .

Levez-vous, citoyens, sous un roi bienfaisant ;

Enfants, bénissez votre père.

Thieriot veut de la prose ; mais de la prose française me paraît très fade pour le style lapidaire.

M. l’abbé de Chauvelin m’a envoyé vingt-quatre estampes de son petit monument érigé dans son abbaye pour la santé du roi. L’inscription latine est des plus longues ; ce n’était pas ainsi que les Romains en usaient.

Respect et tendresse.»

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15/09/2018 | Lien permanent

Il faut donc qu'il y ait dans la nation un grand fond d'esprit, que la barbarie du gouvernement avait abruti

... Condition sine qua non pour que les USA en finissent avec la dictature Trump . Ce faux-jeton devrait être soigné d'urgence, il a malheureusement encore le temps de faire bien des boeufferies . Il est impossible qu'il soit sain de corps et d'esprit . Vite des gentils messieurs en blouse blanche pour lui enfiler sa camisole avec consigne de ne le libérer que sur un golf , sans connexion Internet .

franceinfo on Twitter: ""J'ai remporté l'élection", maintient Donald Trump  ce soir, plusieurs heures après l'annonce de la victoire de Joe Biden  #Election2020… https://t.co/0gwXnaQz6i"

Good swing !

 

 

« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches

10è septembre 1765

La mort de M. de Bercher 1 et l'état languissant de M. Seigneux 2 mêlent actuellement de la tristesse à tous les agréments dont vous jouissez ; je partage vos peines autant que vos plaisirs . Nous avons de notre côté perdu M. de Montpéroux . Il m'a fait le passe-droit d'aller avant moi dans l'autre monde, quoiqu'il fût mon cadet de près de dix années . C’est une jolie place à donner, aussi est-elle demandée par plus de trente concurrents du nombre desquels je n'ai pas assurément l'honneur d'être ; et je la refuserais tout net si on me l'offrait . Il y a plus d'un an que je ne suis sorti de chez moi, mes maladies et ma faiblesse augmentent , mais ma consolation est de voir qu'on a du plaisir dans ma retraite . Mme d'Hermenches y a entendu Mlle Clairon, et a été bien étonnée . Je l'ai été moi-même, je ne la connaissais pas . Il y avait près de vingt ans que je ne l'avais vue .

J'ai eu le bonheur d'avoir chez moi M. et Mme de Shouvaloff, et ce qui vous paraîtra peut-être bien singulier c'est que M. de Shouvaloff jouera dans quelques jours Égisthe dans Mérope sur mon petit théâtre . Je ne m'attendais pas quand Pierre le Grand faisait des matelots de ses boyards, [que] l'un d'eux viendrait un jour jouer la comédie dans votre voisinage . Ce Russe a l'air d'être né à Paris dans la meilleure compagnie . Vous avez sans doute vu en Hollande M. de Voronzoff ; celui-là est encore très aimable dans un goût tout différent . Il faut donc qu'il y ait dans la nation un grand fond d'esprit, que la barbarie du gouvernement avait abruti, et que Pierre le Grand a développé . Les lois influent donc plus sur les hommes que le climat ; la Grèce et Rome en sont un bel exemple . Les philosophes sont actuellement à Pétersbourg, et l'impératrice est à sa tête .

Je ne suis point surpris, monsieur, que quand vous êtes à votre régiment vous soyez tout militaire ; vos devoirs sont toujours votre première passion ; et vous savez  mieux que personne les accorder avec vos plaisirs .

Je suis bien sensible à la bonté que vous avez de vous entretenir quelquefois avec M. le duc d'Aremberg 3 . Je vous demande votre protection auprès de lui et de M. le prince de Ligne, leur souvenir m'est bien précieux .

Adieu , monsieur, Mme Denis vous fait mille compliments . Elle repasse son rôle de Mérope . Pour moi j'ai demandé mon congé comme Sarrazin . Mille tendres respects .

V. »

1 David de Saussure, baron de Bercher, mort le 26 août 1765 : http://www.perey.org/genealogy/gedhtree/np83.htm

et voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5851140g/texteBrut

et voir : page 188 (195 du PDF) : https://doc.rero.ch/record/11923/files/gf_584_1_partie1.pdf

David-Louis Constant est le fils de Samuel Constant et Rose de Saussure .

2 Jean-Samuel de Seigneux, beau-père de Constant, mourra le 19 mars 1766 ( et non le 7 décembre 1766 comme indiqué dans le Recueil de généalogies vaudoises, 1923). Voir : https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/017871/2010-10-22/

et : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=en&p=jean+samuel&n=de+seigneux

et : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=en&p=anne+louise+francoise&n=de+seigneux

3 Charles-Léopold-Marie-Raymond de Ligne, prince d'Arenberg : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Marie_Raymond_d%27Arenberg

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08/01/2021 | Lien permanent

Il suffit souvent d’un nom pour le succès

... Faut-il encore qu'il soit associé à un talent véritable .

Les mensonges des candidats aux élections , --que pitoyablement on baptise contre-vérités --, si bien dits soient-ils, ne devraient tromper que les couillons prêts à se donner à un maître-couillon , vrai profiteur au talent véreux .

Le Dessin du jour

Entre autres !

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

À Ferney, 15 septembre 1766 1

Quand j’eus l’honneur d’écrire 2 à mon héros, par Mme de Saint-Julien, j’étais bien triste, bien indigne de lui ; mais il n’y avait que deux jours qu’elle était à Ferney ; elle y resta encore quelque temps, et elle adoucit mes mœurs. Ne trouvez-vous pas que Mme de Saint-Julien a quelque chose de Mme du Châtelet ? Elle en a l’éloquence, l’enfantillage, et la bonté, avec un peu de sa physionomie. Je la prends pour ma patronne auprès de vous. Il faut qu’elle s’unisse à moi pour obtenir votre protection en faveur d’une famille de vos anciens sujets. En vérité, ces d’Espinas, pour qui je vous ai présenté un mémoire 3, sont dignes de toute votre pitié. Vingt-trois ans de galères pour avoir donné à souper sont une chose un peu dure . Jamais souper ne fut si cher. Voilà toute une famille réduite à la plus honteuse misère . Elle redemande son bien . Y a-t-il rien de plus juste ? Et ne dois-je pas me flatter qu’une âme aussi généreuse que la vôtre daignera faire cette bonne œuvre ? Recommandez ces infortunés à M. de Saint-Florentin, je vous en conjure.

Ma position est cruelle . Je me trouve nécessairement entouré des persécutés qui fondent autour de moi . Les d’Espinas, les Calas, les Sirven, m’environnent . Ce sont des roues, des potences, des galères, des confiscations ; et les chevaliers de La Barre ne m’ont pas mis de baume dans le sang.

Quand vous aurez quelques moments de loisir, monseigneur, je vous demanderai en grâce de lire le factum en faveur des Sirven . Il va être imprimé : c’est une affaire qui concerne une province dont vous êtes encore béni tous les jours. Vous verrez un morceau véritablement éloquent, ou je suis fort trompé.

J’ai eu l’insolence de faire venir chez moi une troupe de comédiens qui ont joué très bien Henri IV avec Annette et Lubin. C’est dommage qu’Annette n’ait pas de musique 4, car la comédie est charmante.

Pour Henri IV, j’aurais voulu qu’il eût eu un peu plus d’esprit ; mais le nom seul d’Henri IV m’a ému. Il suffit souvent d’un nom pour le succès. Il y a dans cette troupe une actrice qui joue, à mon gré, un peu mieux que Mlle Dangeville, quoiqu’elle ne soit pas si jolie. Dieu vous donne acteurs et actrices à la Comédie française !

Nous allons avoir Mme de Brionne 5 et Mme la princesse de Ligne . Où me fourrerai-je ? J’étais enchanté d’avoir Mme de Saint-Julien.

Je me mets à vos pieds avec la tendresse la plus respectueuse.

V. »

1 L'édition Supplément au recueil donne la date de 1772 suivant une copie contemporaine ; Beuchot corrige l'année .

3 Voir le P. S. de la lettre du 19 août 1766 à Richelieu .

4 Cette musique, que V* n'a pas, est de Blaise .

5 Louise-Julie-Constance de Rohan, veuve de Charles-Louis de Lorraine, comte de Brionne . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Charles_de_Lorraine

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louise-Julie-Constance_de_Brionne

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20/12/2021 | Lien permanent

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