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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je serai bien étonné s’il vous ordonne autre chose que des adoucissants et du régime ; mais ce qui est sûr, c’est qu’il

... Il y a les dires et il y a les faits président Macron . Pas facile ? On le sait bien, mais quand faut y'aller, faut y'aller ( pourvu que les syndicats ne mettent pas de bâtons dans les roues des ambulances ).

https://www.youtube.com/watch?v=uVOuQZZVH8c

Coronavirus : « Pas nécessaire » puis encouragé… La volte-face du ...

Comment virer le virus sans se faire virer ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4è mars 1765 au château de Ferney 1

Mon cher frère, je crois que je ne pourrai faire partir la réponse de M. Tronchin que mercredi 6è du mois. Je serai bien étonné s’il vous ordonne autre chose que des adoucissants et du régime ; mais ce qui est sûr, c’est qu’il s’intéressera bien vivement à votre santé. Il est philosophe, et il sait que vous l’êtes. Nous sommes tous frères. Saint Luc était le médecin des apôtres, et Tronchin est le nôtre. Il me semble toujours que c’est une extrême injustice, dans le meilleur des mondes possibles, que je ne vous connaisse que par lettres. Je vous assure que, si je pouvais m’échapper, je viendrais faire une petite course à Paris incognito, souper trois ou quatre fois avec vous et les plus discrets des gens de bien, et m’en retourner content.

J’ai vu quelques échantillons de la pièce dont vous me parlez 2 . Apparemment que l’on n’a pas choisi ce qu’il y a de meilleur, et que le nouvelliste n’est pas l’intime ami de l’auteur. Je m’intéresse fort à son succès : c’est un homme de mérite, et qui n’est pas à son aise.

J'abuse toujours de votre complaisance . Voici encore un petit mot pour Briasson . Je voudrais bien que pour réponse il m'envoyât l'Encyclopédie .

La Destruction doit arriver bientôt : faites bien mes compliments, je vous prie, au destructeur, encouragez-le à détruire.

On m’a parlé d’un manuscrit de feu l’abbé Bazin, intitulé la Philosophie de l’Histoire 3, dans lequel l’auteur prouve que les Égyptiens, et surtout les Juifs, sont un peuple très nouveau. On dit qu’il y a des recherches très curieuses dans cet ouvrage. Je crois qu’on achève actuellement de l’imprimer en Hollande, et que j’en aurai bientôt quelques exemplaires. Je vous prépare une petite cargaison pour le mois de mai.

N'ayez pas mal à la gorge, mon cher frère 4. Ecr. l’inf. »

1 L'édition de Kehl à la suite de la copie Beaumarchais omet le troisième paragraphe, ainsi que le dernier, lequel est remplacé par un morceau de la lettre du 2 mars 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/05/14/est-il-possible-grand-dieu-qu-on-soit-en-etat-de-faire-tant-de-bien-et-qu-o.html

2 Le Siège de Calais, de Belloy . Voir lettre du 6 mars à Buyrette de Belloy : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome43.djvu/492

3 Voir l’introduction à l'Essai sur les mœurs : https://fr.wikisource.org/wiki/Essai_sur_les_m%C5%93urs/Introduction

4On a , dans cette lettre et plus spécialement dans cette phrase, une première allusion au mal, cancer de la gorge semble-t-il, qui emportera Damilaville le 13 décembre 1768 ; voir aussi lettre du 4 mars 1765 à Théodore Tronchin et celle du 6 mars 1765 à Damilaville : voir http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/09/correspondance-annee-1765-partie-7.html

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16/05/2020 | Lien permanent

entre les genoux d'Issé Je le crois dieu bien davantage ... C'est pour autrui qu'on est aimable, Mais il faut être heu

... Ah ! coquin de Voltaire ! et sage tout autant !

Fontainebleau, 1697 : Issé d'André Cardinal Destouches

Sans masque et sans peur

 

 

« A Charles-Michel, marquis du Plessis-Villette 1

5è mars 1765, à Ferney 2

Vous savez penser comme écrire ;

Les grâces avec la raison

Vous ont confié leur empire .

L'infâme Superstition 3

Sous vos traits délicats expire .

Ainsi l'immortel Apollon

Charme l'Olympe par sa lyre

Tandis que les flèches qu'il tire,

Écrasent le serpent Python.

Il est dieu, quand par son courage

Ce monstre affreux est terrassé ;

Il l'est, quand son brillant visage

Rallume le jour éclipsé ;

Mais entre les genoux d'Issé

Je le crois dieu bien davantage 4.

Moins le hibou de Ferney, monsieur, mérite vos jolis vers, plus il vous en doit des remerciements . Il s'intéresse vivement à vous ; il connait tout ce que vous valez .

Les erreurs et les passions,

De vos beaux ans sont l'apanage ;

Sous cet amas d'illusions,

Vous renfermez l'âme d'un sage .

Je vous retiens pour un des soutiens de la philosophie , je vous en avertis , vous serez détrompé de tout, vous serez un des nôtres .

Plein d'esprit, doux et sociable,

Ce n'est pas assez , croyez-moi,

C'est pour autrui qu'on est aimable,

Mais il faut être heureux pour soi .

Nous avons une cellule nouvelle, et nous en bâtissons une autre ; vous savez combien vous êtes aimé dans notre couvent. »

2 L'édition « Lettre de M. de Voltaire à M . le marquis de Villette », Journal étranger du 1er juin 1765, date la lettre du 15 mars . La date portée sur les copies est confirmée par la réponse de Villette datée du 6 mars 1765 .

3 Le journal étranger imprime L'horrible Superstition pour effacer la référence trop connue à l'infâme de V*.

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19/05/2020 | Lien permanent

la queue de Socrate . Puisse cet ouvrage faire trembler les fanatiques !

...

SocrateRRR.jpg

Socrate est-il nul en calcul mental pour devoir compter sur ses doigts ?

 

 

 

 

« A Gabriel Cramer

[mai 1759]

Cher Gabriel n'auriez-vous rien sur les cosaques ? Pourriez-vous me trouver les voyages de Corneille Lebruin 1? Ces deux petits secours me sont absolument nécessaires .

Je vous envoie la queue de Socrate 2. Puisse cet ouvrage faire trembler les fanatiques ! Envoyez-moi je vous prie au plus tôt un exemplaire . »

1 Cornélis de Bruyn, Reizen, 1714 ; V* avait dans sa bibliothèqyue de Ferney l'édition de Rouen de la traduction, sous le titre Voyage au Levant . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cornelis_de_Bruijn

et : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b23007623

et : http://books.google.fr/books?id=FXThLMSphYAC&printsec...

2 Socrate était imprimé le 20 juin 1759 et le composition de l'Histoire de l'empire de Russie commença vers la même époque, d'où la date proposée pour cette lettre .

 

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28/06/2014 | Lien permanent

j'avais fait ce qui était en moi pour sauver la vie de cet infortuné

... Et vous tous qui me lisez et lisez Voltaire, vous pouvez aussi sauver des vies en étant donneur de sang, donneur de moelle, donneur d'organes .

De tous ces dons, le plus facile [sic] étant le don d'organes puisqu'il arrive après notre mort .

N'oublions pas de faire ces gestes pour les infortunés malades et blessés .

http://www.dondusang.net/rewrite/site/37/etablissement-francais-du-sang.htm?idRubrique=756

 http://www.france-adot.org/don-organe.html

 don de moelle.jpg



 

« A Adrien-Michel-Hyacinthe BLIN de SAINMORE 1

Aux Délices 12 décembre 1757

Ma mauvaise santé monsieur m'a empêché de vous remercier plus tôt de votre poème sur l'amiral Bing 2; je suis d'autant plus sensible à votre ouvrage que j'avais fait ce qui était en moi pour sauver la vie de cet infortuné ; je lui avais envoyé les témoignages de M. le maréchal de Richelieu 3 et de nos marins qui tous le justifiaient . Mes soins, dont il m'a témoigné sa reconnaissance en mourant n'ont servi qu'à rendre sa condamnation plus injuste . J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec l'estime que je vous dois, votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi . »

 

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20/02/2013 | Lien permanent

Finalement je suis toujours disposé à sauver cet imbécile

...

 

 

 

« A Jean Vasserot de Châteauvieux

[août 1759]

Voici une autre affaire . Mme de La Bâtie fait subhaster 1 tout le domaine Valavran .

Puis-je avoir au moins en antichrèse 2 les prés de Betens sans que Mme de La Bâtie m'attaque  ?

Si je prends ces prés, la terre de Valavran ne vaut plus rien . Avec quoi pourrait-on y entretenir des bestiaux ?

Acheter tout Valavran, cela m'est impossible . Je ne veux point payer des lods et ventes, des centièmes deniers, etc.

D'ailleurs que faire de cette terre ? Elle ne rapporte pas 450 livres de France annuellement . Sur ces 450 livres il faut payer le dixième , la capitation et la taille . Il ne revient pas 250 livres par an à ce pauvre Betens . [Avo]uez mon cher Cicéron que Betens a fait de bonnes affaires .

Finalement je suis toujours disposé à sauver cet imbécile . Mais en lui prêtant sans intérêt, en étant subrogé à la dette envers Choudens, je veux être sûr de jouir des prés et de n'avoir point de procès . On me dit que le procès est inévitable .

Il vaudrait beaucoup mieux que le procureur de Mme de La Bâtie s'arrangeât avec Betens . J'ai l'honneur de vous l'envoyer . »

1« Vente à cri public, par autorité de justice, au plus offrant et dernier enchérisseur . »

 

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22/09/2014 | Lien permanent

Cet exploit et les réponses doivent être chez l'ancien procureur

...C'est peut-être ce que peut dire , pour sa défense, Antonio Costa , premier ministre du Portugal :

https://www.lepoint.fr/monde/portugal-le-premier-ministre-a-demissionne-a-la-suite-d-une-erreur-de-la-justice-14-11-2023-2543028_24.php?utm_source=pocket-newtab-fr-fr#11

 

 

 

« A Joseph-Marie Balleidier  Procureur

à Gex

Monsieur Balleidier est prié de m'envoyer une assignation du 31 juillet 1761 à moi signifiée de la part de Charles Baudy habitant de Prégny . Cet exploit et les réponses doivent être chez l'ancien procureur Vuaillet . Monsieur Balleidier est prié de les chercher et de me les envoyer, je lui serai très obligé .

Voltaire.

28è mars 1768 à Ferney. 1»

1 Original signé sur lequel Balleidier a noté : « R[eçu] et R[épondu] le 29è ».

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19/11/2023 | Lien permanent

Je sais seulement que les Anglais ont la tête bien dure, ou plutôt le coeur

... Ainsi que pourront vous le confirmer Jeanne d'Arc, de Gaulle et François Hollande .

 http://www.heresie.fr/thievicz/2012/01/

tete dure.jpg

 

 

« A Madame Marie-Ursule de KLINGLIN,comtesse de LUTZELBOURG.
A Monrion, près de Lausanne, 8 mars [1757].

J'ai été malade, madame, et j'ai perdu mon correspondant 1 qui me mandait bien des nouvelles que j'avais l'honneur de vous envoyer. Je retombe dans mon néant. Je ne sais plus si les troupes marchent ou non; si mon pauvre amiral Byng a eu la tète cassée. Je sais seulement que les Anglais ont la tête bien dure, ou plutôt le coeur que l'Allemagne va être bouleversée que Paris est bien triste; que l'argent est bien rare, et que cette vie n'est pas semée de roses. La chèvre 2 n'a remporté de Paris que le mauvais quolibet Attendez-moi sous l'orme 3. Portez-vous bien, madame; vivez avec votre digne amie 4; méprisez ce malheureux monde comme il le mérite; conservez-moi vos bontés. »

3 Jeu de mot qui signifie « je n'ai pas l'intention de venir vous rechercher » et allusion à la propriété du comte .

4 Mme de Brumath .

 

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12/10/2012 | Lien permanent

Je me meurs, mon cher Wagnière, il parait bien difficile que je réchappe

Ces lignes sont toujours très poignantes à lire pour moi ; Volti va mourir dans quelques jours, mais son esprit reste clair . Sa lucidité ne lui accorde aucun répit, il va mourir en vivant pleinement consciemment jusqu'au bout .

Sois heureux, Volti ! même mort tu nous parles encore .

Quelques autres morts ...

 

 

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 Volti, nous te saluons !

 

 

 

 

« A Jean-Louis Wagnière

 

Je me meurs, mon cher Wagnière, il parait bien difficile que je réchappe . Je suis bien puni de votre départ, d'avoir quitté Ferney 1, et d'avoir pris une maison à Paris 2. J'ai recours à vous pour être payé de M. Schérer, qui est, comme vous savez, le dépositaire de toute ma fortune . J'attends de vous cette consolation dans les inquiétudes mortelles où me plonge mon état . La Barberat 3 a tort d'être fâchée, elle sera bien payée et bien récompensée . La Bardi 4 a le plus grand tort d'être partie ; elle a une maison qu'elle ne devrait pas abandonner, elle serait inutile à Paris .

 

Je vous embrase tendrement, mon cher ami, et tristement .

 

V.

 

Vous a-t-on pas écrit ?5

 

à 3 heures du matin [24 mai 1778] »

 

1 Pierre Morand, par qui il a fait écrire cette lettre, confirme en écrivant à Wagnière : « Il m'a dit plus de vingt fois cette nuit qu'il se repentait d'être venu à Paris, comme il vous le marque . »

2 Achetée, à vie sur sa tête et celle de Mme Denis, rue de Richelieu.

3 Gouvernante à Ferney.

4 Femme d'un employé de V*.

5 Sur la lettre écrite par Mme Denis à Wagnière du 25, celui-ci note : « Pourquoi donc ne m'avez vous pas écrit quand il vous l'avait ordonné ? Pourquoi au contraire défendre expressément que l'on m'écrivît ? Pourquoi retintes-vous la lettre qu'il m'écrivait ? » . Wagnière avait quitté Paris pour Ferney le 29 avril, ayant reçu le 26 pouvoir pour s'occuper des domaines de V*.

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26/05/2011 | Lien permanent

Les affaires de Genève ne laissent pas de m’embarrasser. J’y ai une grande partie de mon bien ; toutes les caisses sont

... Veux-tu que je te dise mon pauvre Vlad , comment ce fait-ce ? Tu as tout simplement volé, pillé les caisses de l'Etat, qui, au demeurant sont fort bien remplies, aidé par les oligarques qui y prennent leurs parts et te font de généreux renvois d'ascenseurs . Souviens-toi qu'on ira cracher sur ta tombe, fut-elle un palais !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

19è décembre 1766

Mes divins anges, je ne veux point vous accabler des pièces qu’il faut coudre aux habits persans et scythes. Cette occupation deviendrait insupportable ; le mieux est d’achever le tableau dont vous avez l’esquisse, et de vous l’envoyer dans son cadre.

Comme je suis très jeune, et que j’ai les passions fort vives, j’ai envoyé cette fantaisie à M. le duc de Choiseul, avant d’y avoir mis la dernière main ; cependant il en a été si content, qu’il ne balance point à la mettre au-dessus de Tancrède.

Vous m’avouerez qu’en qualité de riverain suisse, je devais cet hommage à mon colonel 1. Je craignais beaucoup que Guillaume Tell ne fût précisément mon Indatire 2. Il était si naturel d’opposer les mœurs champêtres aux mœurs de la cour, que je ne conçois pas comment l’auteur de Guillaume a pu manquer cette idée. Je m’attendais aussi à voir mon Sozame 3 dans le Bélisaire de Marmontel ; on me mande qu’il n’en est rien. Qu’est donc devenue l’imagination ? est-ce qu’il n’y en a plus en France ?

Mandez-moi, je vous en prie, si la pomme de M. Le Mierre 4 réussit autant dans le monde que celle de Pâris, et celle de madame Ève.

Vous disiez autrefois que je ne répondais point catégoriquement aux lettres. Vous avez pris mes défauts, et vous ne m’avez pas donné vos bonnes qualités ; c’est vous qui ne répondez point, car vous ne me dites seulement pas si M. le duc de Praslin a reçu le commentaire 5 que je lui ai envoyé par M. Jeannel, et vous ne riez point assez de voir en quelles mains le premier envoi était tombé. On l’a lu, on en a été content, et on n’a pas voulu le rendre, en dépit du droit des gens.

Avez-vous lu Eudocie ou Eudoxie de M. de Chabanon 6? En êtes-vous satisfaits ? Vous aurez une bonne tragédie de La Harpe, ou je suis bien trompé. Je corromps tant que je peux la jeunesse pour le service du tripot.

Le tripot de Genève va fort mal ; les médiateurs n’ont point réussi dans leur entreprise ; ils sont très fâchés, ils menacent ; tout cela tournera mal. Je crois que vous avez fort mal fait de ne point venir ; vous auriez tout concilié, et la comédie qui ne vaut pas le diable aurait été au moins passable.

Je vous demande en grâce, quand vous ferez jouer Zulime  à mademoiselle Durancy, de la lui faire jouer comme je l’ai faite, et non pas comme mademoiselle Clairon l’a jouée. Ce mot de Zulime, avec un cri douloureux, ô mon père ! j’en suis indigne fait un effet prodigieux. La manière dont les comédiens de Paris jouent cette scène est de Brioché. 

Je meurs sans vous haïr… Ramire, sois heureux,

Aux dépens de ma vie, aux dépens de mes feux ;

comment ces malheureux ignorent-ils assez leur langue pour ne pas savoir que cette répétition, aux dépens, fait attendre encore quelque chose ; que c’est une suspension, que la phrase n’est pas finie, et que cette terminaison, aux dépens de mes feux, est de la dernière platitude ? Il n’y a pas jusqu’aux acteurs de province qui ne s’en aperçoivent. Mademoiselle Clairon avait juré de gâter la fin de Tancrède. J’ai mille grâces à vous rendre d’avoir fait restituer par mademoiselle Durancy ce que mademoiselle Clairon avait tronqué. Un misérable libraire de Paris, nommé Duchesne, a imprimé mes pièces de la façon détestable dont les comédiens les jouent ; il a fait tout ce qu’il a pu pour me déshonorer, et pour me rendre ridicule. De quel droit ce faquin a-t-il obtenu un privilège du roi pour corrompre ce qui m’appartient, et pour me couvrir de honte ? Je vous avoue que cela m’est sensible. Je me suis précautionné contre les plus violentes persécutions, et j’ai de quoi les braver ; mais je n’ai point de remède contre l’opprobre et le ridicule dont les comédiens et les libraires me couvrent. J’avoue cette sensibilité . Un artiste qui ne l’aurait pas serait un pauvre homme.

Je ne sais plus ce que devient l’affaire des Sirven . Je crois que les lenteurs de Beaumont l’ont fait échouer. C’est bien pis que l’inepte insolence des comédiens et des libraires. C’est là ce qui me désespère ; j’ai la tête dans un sac.

Les affaires de Genève ne laissent pas de m’embarrasser. J’y ai une grande partie de mon bien ; toutes les caisses sont fermées. Je ne sais comment j’ai fait, moi pauvre diable, pour avoir une maison beaucoup plus grosse que celle de M. l’ambassadeur. Il se trouve qu’à Tournay et à Ferney je nourris cent cinquante personnes ; on ne soutient pas cela avec des vers alexandrins et des banqueroutes.

Pardonnez-moi de mettre à vos pieds mes petites peines ; c’est ma consolation.

Respect et tendresse. »

1 Le duc de Choiseul, commandant des gardes suisses : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gardes_suisses_(France)

3 Autre personnage des Scythes .

4 C'est-à-dire son Guillaume Tell .

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18/03/2022 | Lien permanent

il y a bien plus de gens qui se connaissent en méchancetés qu’il n’y en a qui se connaissent en style

... Ainsi pleurniche notre BHL* dans le Point de jeudi passé . Ce pauvre Caliméro en a gros sur la patate depuis que Le Monde diplomatique l'entarte -moralement- tout comme l'a fait -physiquement- à plusieurs reprises, à juste titre, Le Gloupier . Question style, notre gugusse n'en est encore qu'au style vestimentaire, seul moyen pour être reconnu facilement .

 * Bellâtre Hyper Lassant .

https://www.monde-diplomatique.fr/dossier/BHL

https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2017-07-20-BHL

Oserai-je remuer le couteau dans la plaie ?...

 Résultat de recherche d'images pour "le gloupier bhl"

.... Yesss !!

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

Aux Délices , 29 auguste 1762

Mon cher frère, il y a deux pièces dont je suis fort content : l’une est l’arrêt du parlement 1 qui nous débarrasse des jésuites, l’autre est la requête de M. Mariette contre le parlement de Toulouse. Je me flatte qu’à la fin nous viendrons à bout de faire rendre justice à l’innocence. Mais quelle justice ! elle se bornera à déclarer que Jean Calas a été roué mal à propos. Le sang innocent, dans d’autres pays, obtiendrait une autre vengeance. Je regarde le supplice de Calas comme un assassinat revêtu des formes de la justice. Les assassins devraient bien être condamnés au moins à demander pardon à la famille, et à la nourrir.

Vous ne vous souvenez peut-être pas d’une lettre qui est, je crois, la première que je vous écrivis sur cette affaire, et qui était adressée à M. d’Alembert 2. Je vous l’envoyai, afin que tous les frères fussent instruits de cet horrible exemple de fanatisme. Je ne sais quel exécrable polisson a pris cette lettre pour son texte, et y a ajouté tout ce qu’on peut dire de plus extravagant, de plus offensant, et de plus punissable contre le gouvernement. L’auteur a poussé la sottise jusqu’à dire du mal du roi, et du bien du poème du Balai 3 ; le tout, écrit dans les charniers Saints-Innocents, a été mis dans les papiers publics d’Angleterre.

Il se trouve encore que le Journal encyclopédique, qui est le seul journal que j’aime, est attaqué violemment dans ce bel écrit qu’on m’attribue. Les auteurs de ce journal s’en sont plaints à moi . Enfin j’ai été obligé d’avoir la condescendance de désavouer publiquement cette impertinence 4, par la raison qu’il y a bien plus de gens qui se connaissent en méchancetés qu’il n’y en a qui se connaissent en style. Il faut avouer que la lettre est si insolente, que M. d’Alembert serait presque aussi coupable de l’avoir reçue, que moi de l’avoir écrite. Quand vous verrez M. d’Alembert, je vous prie de l’instruire de tout cela.

Mon frère Thieriot a trouvé ici de la santé, et moi je perds la mienne. Je suis accablé de fluxions, je deviens sourd. Les tempéraments faibles, à mon âge, s’en vont pièce à pièce. Nous allons jouer ici la comédie : je ne pourrai être tout au plus que spectateur . C’est bien dommage, je ne faisais pas mal mes rôles de vieillard.

Ne pensez-vous pas qu’il faut attendre, pour reprendre à Paris le Droit du Seigneur, que la Comédie-Française soit sur un autre pied et sur un autre ton ?

Je crois que vous avez à Paris Goldoni. Vous me ferez plaisir de me dire comment il réussira. Je ne parle pas de ses pièces ; je crois la chose décidée. On dit l’auteur très bon homme et fort naturel.

J’embrasse tendrement mon cher frère.

V. »

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26/07/2017 | Lien permanent

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