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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

On ne peut être plus content que je le suis, monsieur, du mémoire que vous avez bien voulu faire

... En faveur des travailleurs indépendants qui voient disparaitre le RSI (Régime Social des Indépendants ).

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« A Pierre Mariette, avocat

au Conseil,

Rue Simon-le-Franc

à Paris

A Ferney 7 octobre [1762]

On ne peut être plus content que je le suis, monsieur, du mémoire que vous avez bien voulu faire en faveur de cette malheureuse famille Calas . C'est sur ce mémoire qu'on jugera . Il n'y a rien que de vrai, tout est exposé dans le plus grand jour . Tous les moyens de révisions sont juridiques . Ce sera à vous monsieur que les Calas et le public devront la cassation de l'arrêt le plus odieux que jamais on ait rendu .

Je ne crois pas que les autres mémoires faits ou entrepris pour cette famille innocente doivent diminuer en rien votre gloire, et vous faire la moindre peine . On m'a mandé qu'une consultation de plusieurs avocats avait été un préliminaire nécessaire, et que la signature de quinze jurisconsultes était une espèce de jugement solennel qui prévenait celui du conseil , et qui forçait en quelque manière les juges à se conformer à cette décision .

A l'égard du factum de M. Lorsel 1, je n'en ai point entendu parler . Tout ce que je sais c'est que les Calas vous ont la plus grande obligation, et que je la partage . J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Aucun Lorsel n'est connu dans ce contexte ; peut-être V* a-t-il mal rapporté le nom de Loiseau (Alexandre -Jérôme Loyseau de Mauléon) qu'on retrouvera ; voir : https://books.google.fr/books?id=-KhEAAAAcAAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

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06/09/2017 | Lien permanent

Il faut être bien avec son curé, fût-il un imbécile, ou un fripon

"Ô c'est bien vrai ça !!" comme disait la mère Denis .

Elle parlait, certes de machine à laver le linge, et moi par la voix de Volti, j'en reviens aux laveurs de péchés patentés . Dieu les garde s'il sait le fond de leur âme, et qu'il m'en garde autant que possible .

Période pascale, période de repentance, et de pardon aux repentis sincères (?) .

Période qui ne signifie plus grand chose à mes yeux de catho non praticant . Le son des cloches me rappelle en écho les sermons, liquoreux dans le meilleur des cas, insipides le plus souvent, imbéciles parfois .

Le progrès n'a pas laissé les gens d'Eglise sur la touche , aussi je vous propose un lien vers Le CyberCuré : trop forts !  Galilée n'est plus condamné, les femmes ont une âme, Voltaire est béatifié !.. Oups ! je crois que je m'emporte ...

http://catholique-nanterre.cef.fr/faq/faq.htm

 

Ce vendredi dit "saint",  n'est pas sain pour tous, je peux vous l'assurer après un passage dans un supermarché du pays de Gex ; il faut savoir que c'est un jour férié chez nos voisins calvinistes- capitalistes helvétiques et qu'ils n'ont, en de telles occasions, qu'une envie "s'en mettre plein la panse" pour le moins cher possible, d'où le succès jamais démenti de la vente de boustifaille en ces veilles de fêtes . Belle affaire côté français . Il va y avoir de la viande saoule ce week end, et des taux de cholestérol d'un niveau à faire envie pour un sondage de président (Sarko dit " le pieux hypocrite " ) ou candidats (que je ne nommerai pas, faute de place ) .

 Pour en revenir aux curés, il en est un qui est cher à mon coeur : dom Camillo qui n'est ni imbécile ni fripon, lui .

 

don_camillo4.jpg


 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

22 avril 1768

 

Mon divin ange, mes raisons pour avoir changé ma table ouverte contre la sainte table i pourront ennuyer un excommunié comme vous ii; mais je me crois dans la nécessité de vous les dire . Premièrement, c'est un devoir que j'ai rempli avec Mme Denis une fois ou deux, si je m'en souviens bien iii.

 

Secondement il n'en est pas d'un pauvre agriculteur comme vous autres seigneurs parisiens qui en êtes quittes pour vous aller promener aux Tuileries à midi . Il faut que je rende le pain bénit en personne dans ma paroisse ; je me trouve seul de ma bande contre deux cent cinquante consciences timorées ; et quand il n'en coûte qu'une cérémonie prescrite par les lois pour les édifier, il ne faut pas s'en faire deux cent cinquante ennemis .

 

Je me trouve entre deux évêques iv qui sont du XIVè siècle, et il faut hurler avec ces sacrés loups .

 

Il faut être bien avec son curé, fût-il un imbécile, ou un fripon, et il n’y a aucune précaution que je ne doive prendre après la lettre de l'avocat Caze v.

 

5° Soyez sûr que si je vois passer une procession de capucins j'irai au devant d'elle chapeau bas pendant la plus forte ondée vi.

 

6° M. Hennin, résident à Genève, a trouvé un aumônier tout établi ; il le garde par faiblesse . Ce prêtre est un des plus détestables et des plus insolents coquins qui soient dans la canaille à tonsure . Il se fait l'espion de l'évêque d'Orléans, de l'évêque d'Annecy et de l'évêque de Saint-Claude . Le résident n'ayant pas le courage de le chasser, il faut que j'aie le courage de le faire taire vii.

 

7° Puisque l'on s'obstine à m'imputer les ouvrages de Saint-Hyacinthe viii, de l'ex-capucin Maubert ix, de l'ex-mathurin Laurent x et du sieur Robinet xi, tous gens qui ne communient pas, je veux communier ; et si j'étais dans Abbeville xii je communierais tous les quinze jours .

 

On ne peut me reprocher d'hypocrisie, puisque je n'ai aucune prétention .

 

9° Je vous demande en grâce de brûler mes raisons après les avoir approuvées ou condamnées . J'aime beaucoup mieux être brûlé par vous qu'au pied du grand escalier xiii.

 

Je rends de très sincères actions de grâce à la nature et au médecin qui l'a secondée, d'avoir enfin rendu la santé à Mme d'Argental .

 

Je vous amuserai probablement par la première poste de La Guerre de Genève, imprimée à Besançon xiv. C'est un ouvrage, à mon gré , très honnête et qui ne peut déplaire dans le monde qu'à deux ou trois mille personnes ; encore sont-elles obligées de rire .

 

Je suis hibou, je l'avoue, mais je ne laisse pas de m'égayer quelquefois dans mon trou, ce qui diminue les maux dont je suis accablé . C'est une recette excellente .

 

Je suis comme votre ville de Paris, je n'ai plus de théâtre . Je donne à mon curé les aubes des prêtres de Sémiramis ; il faut faire une fin . Je me suis retiré sans pension du roi dans ma soixante-quinzième année . Je ne compte pas égaler les jours de Moncrif ; mais si j'ai les moyens de plaire xv à mes deux anges, je me croirai pour le moins aussi heureux que lui . Je me mets à l'ombre de vos ailes avec une vivacité de sentiments qui n'est pas d'un vieillard .

 

V. »

 

i V* a fait ses Pâques.

ii D'Argental est envoyé de Parme à Paris . Et le 30 janvier 1768, le pape Clément XIII , le 30 janvier a excommunié Ferdinand duc de Parme (qui a expulsé les jésuites, promulgué des édits visant à libérer le duché de la tutelle pontificale) et tous ses conseillers .

iii Le 29 juin, à Richelieu : « Mme Denis doit se souvenir qu'elle a communié avec moi à Ferney (en 1761 sans doute ; il le lui rappellera le 27 avril), et qu'elle m'a vu communier à Colmar (en 1754) » .

Voir lettre page 131 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80039n/f136.image.r...

iv Les évêques d'Annecy et de Saint-Claude .

v Sans doute « Cassen », expéditeur prétendu de la Relation du chevalier de La Barre à monsieur le marquis de Beccaria .

http://www.voltaire-integral.com/VOLTAIRE/Labarre.htm...

vi Rappel du procès et de la condamnation du chevalier de La Barre ; voir lettre du 14 juillet 1766 à Damilaville .

Voir page 19 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800389/f24.image.r=...

 

vii V* l'accuse de l'avoir calomnié auprès de l'évêque d’Annecy, Jean-Pierre Biord .

viii Que V* prétend auteur du Dîner du comte de Boulainvilliers, et du Militaire philosophe qui est lui de Naigeon notamment .

Voir : http://www.voltaire-integral.com/Html/26/27_Boulainvillie...

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Andr%C3%A9_Naigeon

Le Militaire philosophe : Ou Difficultés sur la religion proposées au père Malebranche : de Paul-Henri Thiry d' Holbach et Jacques Naigeon

ix Maubert que V* accuse d'avoir , avec Grasset, diffusé une version de La Pucelle .

x Laurent que V* prétend auteur de La Théologie portative qui est en fait du baron d'Holbach, et de la Relation du bannissement des jésuites de la Chine qui est de V*.

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22/04/2011 | Lien permanent

Tous les lecteurs sont malins, et plusieurs sont bien sots, et la calomnie se perpétue

... C'est redoutablement vrai .

 

 

« A Gabriel-Henri Gaillard, de l'Académie

des belles-lettres etc. 1

5è auguste 1767 à Ferney

Mon cher confrère, il est juste qu'un historien qui aime la vérité autant que vous prenne un peu le parti d'un historien non moins véridique quoique moins éloquent . J'avais envoyé déjà le mémoire à monsieur le vice-chancelier . Ce n'est pas mon intérêt dont il s'agit ici , c'est l'honneur de la famille royale qu'on outrage avec une fureur dont il n'y a point d'exemple dans les temps de la ligue et de la fronde . C'est le père du roi à qui on ose imputer d'avoir trahi le royaume ; c'est son grand-oncle contre lequel on vomit des injures des halles . C'est son bisaïeul et son prédécesseur Louis XIV qu'on traite d'empoisonneurs ; c'est son oncle le régent dont on dit les mêmes horreurs ; c'est le père de Mgr le prince de Condé qu'on accuse d'être un assassin . Est-il possible qu'un La Beaumelle imprime impunément des impostures dont la moindre pouvait lui attirer le dernier supplice ? On réimprime toutes ces bêtises à Avignon, et on en fait un ornement du Siècle de Louis XIV !

En vérité , mon cher confrère, vous rendrez service aux lettres en faisant connaître à monsieur le chancelier l'excès de cette turpitude . Tous les lecteurs sont malins, et plusieurs sont bien sots, et la calomnie se perpétue .

M. de Chabanon et M. de La Harpe vous font les plus tendres compliments, aussi bien que Mlle Denis .

V. »

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13/03/2023 | Lien permanent

nous vous prions de vouloir bien ne nous pas laisser dans l'incertitude où nous sommes

... Ôte moi un doute ! Connais-tu bien don Diègue ? Eh ! ça y est, Corneille n'a pas seulement donné du travail à l'ami Voltaire, il me contamine aussi .

En fait, le doute qui me taraude concerne la candidature de Fanfoué qui pourtant est aussi improbable que celle de Sarkozy et dont l'annonce sera une aussi grande surprise que celle d'icelui . Non ? bon ! je croyais que vous partagiez mes angoisses . Tant pis, je retourne préparer ma soupe , au moins je sais de quoi elle est faite plus facilement que le rata politique .

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« A Pierre-Michel Dubu de Longchamp 1

Au château de Ferney, 6 novembre [1761] 2

Ma famille et moi, monsieur, nous ressentons quelque peine, et nous sommes dans un assez grand embarras en ne recevant point de réponse à la lettre que j'ai eu l'honneur de vous écrire . Nous ne pouvons retourner aux Délices sans y faire transporter nos grains . Nous attendons les passeports que nous avons toujours eus, et nous vous prions de vouloir bien ne nous pas laisser dans l'incertitude où nous sommes . Je suis fâché de l'importunité que je vous cause . Je vous supplie , monsieur, d’être persuadé de tous les sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi . »

2 L'édition Beuchot indique pour destinataire « M. le subdélégué général de l'intendance de Bourgogne, à Dijon », que Moland traduit par Fabry alors que celui-ci est subdélégué de Gex, ce qui est bien différent . D'ailleurs Vµ écrit une lettre à Fabry le même jour .

 

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12/11/2016 | Lien permanent

je vais vendre tous mes meubles cette semaine pour payer des dettes pressantes que j'ai , aimant bien mieux n'avoir poin

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lit fauteuil XVIIIè.jpg

 

 

 

 

« A Marguerite-Madeleine du Moutier, marquise de Bernières

[Mme la présidente de Bernières à Rouen]

 

Ce 20 [décembre 1723]

 

Je reçus votre dernière lettre hier 19, et je me hâte de vous répondre, ne trouvant point de plus grand plaisir que de vous parler des obligations que je vous ai ; vous qui n'avez point d'enfants vous ne savez pas ce que c'est que la tendresse paternelle et vous n'imaginez point quel effet font sur moi les bontés que vous avez pour mon petit Henri i. Cependant l'amour que j'ai pour lui ne m'aveugle pas au point de prétendre qu'il vienne à Paris dans un char trainé par six chevaux ; un ou deux bidets avec des bâts et des paniers suffisent pour mon fils, mais apparemment que votre fourgon vous apporte des meubles et que Henri sera confondu dans votre équipage . En ce cas, je consens qu'il profite de cette voiture, mais je ne veux point du tout qu'on fasse ces frais uniquement pour ce marmouset. Je vous recommande très instamment de le faire partir avec plus de modestie, et moins de dépense. Martel ii est surtout inutile pour conduire ce petit garçon. Je vous ai déjà mandé, par ma dernière lettre que vous eussiez la bonté d'empêcher qu'on ne lui fit ses deux mille habits iii; ainsi il sera prêt à partir avec vous et il pourra vous suivre dans votre marche avec deux chevaux de bât qui marcheront derrière votre carrosse et qui vous quitteront à Boulogne où il faudra que mon bâtard s'arrête. Ayez la bonté, je vous en supplie, de me faire savoir avec votre exactitude ordinaire si vous avez donné vos ordres au sujet de tous les articles dont je vous ai parlé dans ma dernière lettre iv; il n'y a pas un moment de temps à perdre, le jour de votre départ s'avance et je crois que vous ne reculerez pas . Je n'aurai jamais en ma vie de si bonnes étrennes que celles que me prépare votre arrivée pour le jour de l'an.

 

Je vous prie de me mander si vous pourrez me prêter pour quelques mois un lit et quelques fauteuils v, car je vais vendre tous mes meubles cette semaine pour payer des dettes pressantes que j'ai vi, aimant bien mieux n'avoir point de lit que d'avoir des créanciers . Faites, je vous prie, bien mes compliments à M. de Bernières et aux personnes qui sont chez vous. Thiriot ne vous écrit point cet ordinaire parce qu'il est auprès de son père à qui on administre le sacrement de l'extrême-onction. »

 

i   La Henriade ou La Ligue ou Henri le Grand. V* a renoncé à l'édition de luxe conçue en Hollande et a proposé aux souscripteurs de les rembourser. Chez Mme de Bernières il a fait connaissance d'un imprimeur rouennais, Abraham Viret qui accepta fin mars de faire une édition clandestine et en octobre quatre mille exemplaires sont imprimés. http://wapedia.mobi/fr/La_Henriade http://www.voltaire-integral.com/Html/08/02_Beuchot_H.html http://books.google.be/books?id=zDqwv-eTdBAC&pg=PR5&a...

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Henriade

 

 

 

 

ii   C'est un homme de confiance qui dissimule à Rouen ou environs deux mille exemplaires en feuilles et deux mille brochés.

 

iii   Deux mille reliures de plus .

 

iv   Quatre recommandations : donner à un homme sûr la lettre envoyée pour Boulogne et en accuser réception ; informer V* du jour de départ et d'arrivée à Boulogne ; demander à Viret un mémoire de ce qu'il a reçu de V* ; dire à martel qu'il ne veut que deux mille reliures, qui valent 50 livres tournois, et que s'il en fait davantage il paiera le surplus .

 

v  V* ira s'installer quelque temps rue de Beaune chez le marquis et la marquise de Bernières à qui il loue un appartement.

 

vi  V* a eu la variole, a failli en mourir et les soins lui ont coûté fort cher et il a aussi dû faire des avances pour l'impression de La Henriade. Récit de sa maladie page 61, lettre au baron de Breteuil janvier 1724 : http://books.google.fr/books?id=3RJEAAAAYAAJ&pg=PA61&...

 

 Et pour moi et quelques archer(e)s du club, en ce jour, nous chantons : http://www.deezer.com/listen-4615381

 

archers-Adam-Buck-unbound-hair.jpg

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20/12/2010 | Lien permanent

Gardez-vous bien de recevoir jamais dans l'Académie un seul homme de l'université

... Après plus de deux cents ans, les académiciens français ont changé la règle du jeu, -coup de jeune-, pour se porter candidat à l'Académie . L'ex-occupant du fauteuil 33 y est-il pour quelque chose ? https://www.liberation.fr/debats/2018/05/20/l-academie-fr...

Avis à la population, à ce jour il y a cinq fauteuils vacants : 3-6-16-19-22 ( avec un peu de chance ce sont peut-être les gagnants du loto ! ) : https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/les-quara...

Les quarante aujourd'hui | Académie française

Ah qu'est-ce qu'on est serré ....

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

30 de septembre [1767] 1

Mon cher philosophe, Gabriel Cramer dit qu'il n'a point retrouvé votre livre de géométrie. Je ne lui donne point de relâche, mais il s'en moque; il donne de bons soupers dans mon château de Tournay, que je lui ai prêté. Il renoncera bientôt au métier d'imprimeur, comme moi à celui d'auteur. Il est d'ailleurs si dégoûté par l'interruption totale du commerce qu'il ne songe qu'à se réjouir. Pour moi, j'ai un régiment entier à Ferney. Les grenadiers, ni les capitaines ne se soucient que fort peu de géométrie et quand je leur dis que la Sorbonne veut écrire contre Bélisaire, ils me demandent si Bélisaire est dans l'infanterie ou la cavalerie. Cependant la raison perce jusque dans ces têtes peu pensantes, et occupées de demi-tours à gauche. Genève surtout commence une seconde révolution plus raisonnable que celle de Calvin. Les livres dont vous me parlez 2 sont entre les mains de tous les artisans. On ne peut voir passer un prêtre dans les rues sans rire ; c'est bien pis dans le Nord : l'affaire des dissidents achève de rendre Rome ridicule et odieuse, et dans dix ans la Pologne aura entièrement secoué le joug. On a fait en Angleterre une seconde édition de l'Examen de milord Bolingbroke 3 ; elle est beaucoup plus ample et beaucoup plus forte que la première. Les femmes, les enfants, lisent cet ouvrage, qui se vend à très bon marché. Voilà plus de trente écrits, depuis deux ans, qui se répandent dans toute l'Europe. Il est impossible qu'à la longue cela n'opère pas quelque changement utile dans l'administration publique. Celui qui dit le premier que les hommes ne pourraient être heureux que sous des rois philosophes 4 avait sans doute grande raison. Je suis trop vieux pour voir un si beau changement, mais vous en verrez du moins les commencements. Je reconnais déjà le doigt de Dieu dans la bêtise de la Sorbonne. On craignait qu'elle n'élevât le trône du fanatisme sur le colosse renversé des Lessius 5 et des Escobar 6 : elle est devenue plus ridicule que les jésuites mêmes, et beaucoup moins puissante. Ces polissons sont l'opprobre de la France, et le capitaine Bélisaire reviendra d'Aix-la-Chapelle 7 leur tirer leurs longues oreilles. Ils ont fait souvent des démarches plus scandaleuses et plus atroces, mais ils n'en ont jamais fait de plus impertinentes.

Gardez-vous bien de recevoir jamais dans l'Académie un seul homme de l'université. Vous reverrez probablement, vers la fin de l'automne, M. de Chabanon et M. de La Harpe. Il faut qu'ils soient un jour vos confrères mais il faut que M. de La Harpe ait du pain, et nous n'avons point de Colbert qui encourage le génie. Il commence une carrière bien épineuse. Le théâtre de Paris n'existe plus. Nous sommes dans la fange des siècles pour tout ce qui regarde le bon goût. Par quelle fatalité est-il arrivé que le siècle où l'on pense soit celui où l'on ne sait plus écrire? Vous qui savez l'un et l'autre, aimez-moi toujours un peu. »

1 Édition de Kehl . Renouard a restitué un mot, polissons, vers la fin du premier paragraphe, pour ignorants.

4 Le mot est de Platon dans La République, V, mais V* a dû le trouver cité dans Gargantua, XIV, de Rabelais, qu'il lisait , comme on le verra bientôt , vers cette époque.

Voir : « C'est, répondit Gargantua, ce que dit Platon au livre V de La République : les républiques seront heureuses quand les rois philosopheront, ou quand les philosophes régneront. » http://ldm.phm.free.fr/Oeuvres/GargantuaFM.htm

5 Léonard Leys, dit Lessius, théologien jésuite dont l"oeuvre la plus lue est un traité sur la sobriété : Hygiallicon , 1613 .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Leonardus_Lessius

6 Antonio Escobar y Mendoza, autre jésuite espagnol célèbre auteur entre autres de Liber theologiae moralis, 1659.

Voir : https://scholasticon.msh-lse.fr/Database/Scholastiques_fr.php?ID=493

et : https://books.google.fr/books?id=Xl9dO4k76NoC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

7 Marmontel est en route pour Paris et peut-être même y est-il déjà arrivé .

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07/05/2023 | Lien permanent

Je sais bien que tout homme public, à moins qu’il ne soit homme puissant, est obligé de passer sa vie à réfuter la calom

... "Passer sa vie à " est quand même exagéré et la puissance n'est pas l'antidote parfait, tout juste un frein . Les hommes/femmes publics.ques ont , tout autant que la calomnie, et même plus, à affronter la vérité . Pas de saints chez ceux qui ont choisi de se montrer, de diriger ; ça se saurait . Peut-être un jour saura-t-on simplement bien faire et laisser dire ? Je ne vous dis pas l'égo qu'il faudra développer pour tenir, que les faits passent avant le vent des paroles néfastes .

Quant aux réseaux sociaux calomnieux ( parfaitement a-sociaux ) pourquoi aller mettre son doigt dans cet engrenage ? Se faire voir ? bien voir ? Se retrouver accroché comme un tableau  qui se croyait jusque là oeuvre d'art, et se fait traiter de vieille croûte ? Est-ce bien utile de savoir ce que des milliers/centaines/dizaines d'inconnus pensent de vous : ce ne sont que des micro-impulsions électroniques qui sont incapables de vous tenir la main en cas de besoin, pas même aptes à vous beurrer un sandwich, qu'on efface d'un clic et qui polluent l'atmosphère .

Parlons plutôt de ce qui me/nous plait : https://www.youtube.com/watch?v=j5wLXvQnufM

Qui sait flatter sait aussi calomnier. - Atmosphère Citation

Petit clin d'oeil à ceux qui aiment Napoléon en oubliant Bonaparte , et le fêtent aujourd'hui

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

13 janvier 1766 1

Mon cher ami, j’ai reçu vos deux lettres du 6 et du 9 de ce mois. Je réponds d’abord à l’article de Merlin 2. Son correspondant, pressé d’argent, est venu trouver mon ami Wagnière, qui lui a prêté cinq cents francs, moyennant quoi ledit correspondant  à donné un billet de cinq cents livres de Merlin, payable à l’ordre dudit Wagnière. Cela s’arrangera vers les échéances. Je compte que, tout philosophe que vous êtes, vous avez de l’ordre, étant employé dans les finances.

Ce monstre de vanité et de contradictions, d’orgueil et de bassesse, Jean-Jacques Rousseau, ne réussira certainement pas à mettre le trouble dans la fourmilière de Genève, comme il l’avait projeté. Je ne sais si on l’a chassé de Paris, comme le bruit en court ici, et s’il s’en est allé à quatre pattes ou avec sa robe d’Arménien. Figurez-vous qu’il m’avait imputé son bannissement de l’État de Berne, pour me rendre odieux au peuple de Genève. J’ai heureusement découvert et hautement confondu cette sourde imposture. Je sais bien que tout homme public, à moins qu’il ne soit homme puissant, est obligé de passer sa vie à réfuter la calomnie. Les Frérons et les Pompignans, qui m’ont accusé d’être l’auteur du Dictionnaire philosophique, n’ont pas réussi, puisque les noms de ceux qui ont fait la plupart des articles sont aujourd’hui publiquement connus.

Il en est de même des lettres des sieurs Covelle, Beaudinet, Montmollin, etc., à l’occasion des miracles de Jean-Jacques, et je ne sais quel cuistre de prédicant 3. On m’impute plusieurs de ces lettres ; mais, Dieu merci, M. Covelle m’a signé un bon billet par lequel il détruit cette accusation pitoyable. Il m’a fallu prévenir la rage des hypocrites qui me persécutent encore à Versailles, et qui veulent m’opprimer, à l’âge de 72 ans, sur le bord de mon tombeau. On en parlait, il y a quelques mois, devant les syndics de nos états de Gex. Les curés de mes terres y étaient avec quelques notables : ils me connaissent, ils savent que j’ai fait un peu de bien dans la province, et que je ne me suis pas borné à remplir tous les devoirs de chrétien et d’honnête homme . Ils signèrent un acte authentique, et ils me l’apportèrent, à mon grand étonnement. Il est trop flatteur pour que je vous le communique ; mais enfin il est trop vrai pour que je n’en fasse pas usage dans l’occasion, et que je ne l’oppose, comme une égide, aux coups que la calomnie, couverte du masque de la dévotion, voudra me porter.

J’attends tous les jours le ballot de Fauche. Je n’entends point parler des boîtes que vous m’aviez promises par le carrosse de Lyon, à l’adresse de MM. Lavergne père et fils, banquiers à Lyon 4. Je ne sais plus ce que fait Bigex 5.

Tronchin part le 24 . Je me flatte, mon cher ami, qu’il raccommodera votre estomac, lequel n’a pas soixante-douze ans comme le mien 6.

Je ne vous parle point de M. de Villette ; je ne réponds pas de sa conduite . Il m’a paru aimable, il m’a gravé, il a fait des vers pour moi. Je ne l’ai point gravé, j’ai répondu à ses vers : il faut être poli. Je ne suis point poli avec vous, mon cher ami ; mais je vous aimerai tendrement jusqu’à mon dernier soupir. »

1 L'édition Correspondance littéraire ne désigne pas le destinataire et donne 13 pour la date . Les lettres de Damilaville ne sont pas connues .

2 Le manuscrit remplace toute la fin de ce paragraphe et le début du deuxième (jusqu'à bassesse) par ces mots : par un billet de cinq cents livres .

3 David Claparède, né en 1727, mort postérieurement à 1786, est auteur des Considérations sur les miracles, 1765, in-8° ; voir les Questions sur les miracles : https://fr.wikisource.org/wiki/Questions_sur_les_miracles/%C3%89dition_Garnier

5 Ce paragraphe manque dans la copie de Darmstadt .

6 La phrase depuis Je me flatte manque dans la copie de Darmstadt .

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Eh bien très chers frères, tout s'est-il éclairci ?

... Et allez-vous voter l'esprit clair et net suite aux déclarations/déclamations des candidats de cette droite qui donne envie ? Non ? Vous n'êtes pas plus avancés que moi qui n'a rien suivi de ces grand-guignolesques prestations télévisées et ça ne m'étonne pas .

 Nous sommes dans des ....

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https://www.youtube.com/watch?v=mWAmkHAO8uk

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

et à

Nicolas-Claude Thieriot

Eh bien très chers frères, tout s'est-il éclairci ? Avez-vous reçu tous les paquets ? Avez-vous la scène dont j'ai envoyé deux duplicata à votre adresse , et la troisième à M. d'Argental ? Souvenez-vous que l'intention du sieur Picardin est que ce soit Le Droit du seigneur, et non L’École du sage ou L’Écueil du sage . C’est Le Droit du seigneur, vous dis-je .

Vous aurez dans quelque temps l'ouvrage des six jours . Ce n'est pas celui de l'abbé d'Asfeld 1 ah ah .

13 novembre [1761] 2»

2 Dans l'édition de Kehl des extraits de cette lettre sont mêlés à d'autres pour donner une version de la lettre du 1er novembre 1761

 

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19/11/2016 | Lien permanent

La facétie, dont vous avez vu une faible répétition, a été jouée bien supérieurement.

... Bravo Recep Tayyip Erdogan , doubler le salaire des fonctionnaires pour se faire élire ressemble comme deux gouttes d'eau à une corruption de fonctionnaire, ce qui laisse froid ta "justice" [sic] ( à géométrie variable : https://www.arte.tv/fr/videos/113761-000-A/en-turquie-cor... ), le mieux payant ayant toujours raison, c'est bien connu ( voir Trump ! ) : https://www.lefigaro.fr/international/election-presidenti...

Corruption scandal poses threat to Turkey's leader Recep Tayyip Erdogan |  South China Morning Post

 

 

 

« A François-Gabriel Le Fournier, chevalier de Wargemont

A Ferney, 1er octobre 1767

Je venais, monsieur, d'écrire à Mme la comtesse de Beauharnais, lorsque je reçois la lettre dont vous m'honorez, du 24è septembre. Je vous confirme ce que je dis à Mme de Beauharnais, que je suis à vos ordres jusqu'au dernier moment de ma vie.

La facétie, dont vous avez vu une faible répétition, a été jouée bien supérieurement. Tous les acteurs vous regrettaient, car c'est à vous qu'on veut plaire. On regrettait bien aussi les officiers de la légion de Soubise ; il n'y a point de corps mieux composé. Tel maître, telle légion.

Je suis bien honteux, monsieur, des peines que je vous ai données ; je vous en demande pardon, autant que je vous en remercie. Je ne sais pas trop où demeure Thieriot ; tout ce que je sais, c'est qu'il est correspondant du roi de Prusse . C'est une fonction qui ne lui produira pas des pensions de la cour. Si vous vouliez avoir la bonté d'ordonner à votre secrétaire de mettre le paquet pour Thieriot dans celui de Damilaville 1, et de l'envoyer sur le quai Saint-Bernard, au bureau du vingtième, il serait sûrement rendu. Damilaville n'est que le premier commis du vingtième mais c'est un homme d'un mérite rare, et d'une philosophie intrépide. Il a servi, il s'est distingué par son courage . Il se distingue aujourd'hui par un zèle éclairé pour la philosophie et pour la vertu . C'est un homme qui mérite votre protection.

Tout ce qui habite mes déserts vous présente ses hommages. Recevez, monsieur, avec la bonté à laquelle vous m'avez accoutumé, mes très sincères et très tendres respects.

V. »

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12/05/2023 | Lien permanent

C’est à ceux qui font du bien dans ce monde à être les favoris

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« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

Aux Délices par Genève 16 avril 1763 1

Madame, Les Calas diront qu’ils prieront Dieu pour Votre Altesse Sérénissime ; mais je crois qu’elle leur fait plus de bien qu’ils ne lui en feront jamais. J’admire toujours que de pauvres diables disent qu’ils protégeront les grands auprès de Dieu. Ne voilà-t-il pas une belle protection ? Il me semble que si quelqu’un devait avoir du crédit auprès du Créateur, ce serait, madame, une âme comme la vôtre. C’est à ceux qui font du bien dans ce monde à être les favoris du Maître qui dispose du monde présent et du monde à venir.

Il y a deux ans que j’ai cessé d’écrire au roi de Prusse. Tant qu’il n’a pu faire autre chose que de verser du sang, j’ai respecté cette sorte de gloire. Mais celle dont il se couvre aujourd’hui étant plus humaine, elle m’intéresse davantage et m’enhardira jusqu’à le féliciter d’être Trajan, après avoir été César.

Je crois avoir mandé à Votre Altesse Sérénissime que M. le prince Louis de Virtemberg était devenu philosophe suisse, et qu’il était retiré à quelques lieues de chez moi avec madame sa femme, qu’il veut faire déclarer princesse 2. Ces déclarations sont sujettes à quelques inconvénients. On dit que madame la duchesse de Virtemberg, la régnante, ou non régnante, qui n’a plus ni père, ni mère, ni mari, pourrait bien se retirer avec son frère et se faire philosophe aussi. Pour moi chétif, j’avoue, madame, que c’est à votre cour que je voudrais bien philosopher. Mais je suis si vieux, j’ai si peu de santé, que je ne peux plus raisonnablement espérer un second voyage à Gotha, et c’est là ma plus grande tribulation.

Je viens d’envoyer à Genève pour savoir si vos ordres touchant le Corneille ont été exécutés. Ils le sont, madame, Votre Altesse Sérénissime signale partout ses bontés. Qu’elle daigne agréer mon profond respect. »

1 La duchesse a écrit le 2 avril 1763 : «  […] je vous ai monsieur une obligation infinie de ce procès [des Calas] ; pour cette fin monsieur vous recevrez au premier jour vingt-quatre louis de ma part par les mains des Ohlenschläger de Frankfurth […] . Il y a déjà près d'un an que la même somme doit vous être parvenue […] pour l'ouvrage du grand Corneille . Comme vous n'en avez point fait mention dans aucune de vos lettres je suis en doute si vous l'avez reçue . De grâce monsieur daignez me dire ce qui en est […] . »

2 Louis-Eugène, prince de Wurtemberg s'est installé au château de Renan ; voir sa lettre à V* du 30 mars 1763 qu'il termine en le remerciant pour le « chocolat excellent » qu'il en a reçu, « présent le plus convenable qu'on puisse faire à un homme marié ; aussi ma petite femme vous en remercie . » Voir lettre 47 (datée du 20 mars) : https://books.google.fr/books?id=AeJkAAAAcAAJ&pg=PA4586&lpg=PA4586&dq=pr%C3%A9sent+le+plus+convenable+qu%27on+puisse+faire+%C3%A0+un+homme+mari%C3%A9%C2%A0;+aussi+ma+petite+femme+vous+en+remercie+voltaire+1763&source=bl&ots=u-rxF8tkm4&sig=YnyTBwpdPyuMVMASLi5ofxQCbkQ&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj3ufj6_rTaAhVHcRQKHeQxAQcQ6AEILjAA#v=onepage&q=pr%C3%A9sent%20le%20plus%20convenable%20qu'on%20puisse%20faire%20%C3%A0%20un%20homme%20mari%C3%A9%C2%A0%3B%20aussi%20ma%20petite%20femme%20vous%20en%20remercie%20voltaire%201763&f=false

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13/04/2018 | Lien permanent

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