06/05/2023
Prenez bien des fondants, et vivez pour l'intérêt de la raison et de la vérité et de la vertu
... Je n'ai pas entendu ces sages consignes lors de la messe de couronnement de Charles III, mais il est vrai qu'on n'était pas loin d'un peplum à la Cecil B. De Mille mâtiné intronisation du pape .
La religion est diablement présente . Et les religions se sont montrées en grande pompe : God save qui il peut/veut !
Doré sur tranches
« A Etienne-Noël Damilaville
28 septembre 1767 1
Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 21. Je vous assure que vous m'aviez donné bien des inquiétudes. Prenez bien des fondants, et vivez pour l'intérêt de la raison et de la vérité et de la vertu . Vous ne me disiez pas que M. et Mme de Beaumont avaient gagné pleinement leur cause. Il est juste, après tout, que le défenseur des Calas et des Sirven prospère. Je me flatte que le procès des Sirven sera rapporté.
J'ai lu les Pièces relatives 2. Les Riballier et les Coger devraient mourir de honte, s'ils n'avaient pas toute honte bue.
Je ne sais qui m'a envoyé le Tableau philosophique du genre humain, depuis le commencement du monde jusqu'à Constantin 3. Je crois en deviner l'auteur mais je me donnerai bien de garde de le nommer jamais. Je suis fâché de voir qu'un homme si respectueux envers la Divinité, et qui étale partout des sentiments si vertueux et si honnêtes, attaque si cruellement les mystères sacrés de la religion chrétienne. Mais il est à craindre que les Riballier et les Coger ne lui fassent plus de tort par leur conduite infâme, et par toutes leurs calomnies, qu'elle ne peut recevoir d'atteintes des Bolingbroke, des Wolston, des Spinosa, des Boulainvilliers, des Maillet, des Meslier, des Fréret, des Boulanger, des La Mettrie, etc.
Je présume que vous avez reçu actuellement le brimborion 4 que je vous ai envoyé pour l'enchanteur Merlin. Je lui donne cette pièce, que j'ai brochée en cinq jours 5, à condition qu'il n'aura nul privilège. Je n'ai pas osé faire paraître Henri IV dans la pièce 6, elle n'en a pas moins fait plaisir à tous nos officiers et à tout notre petit pays, à qui la mémoire de Henri IV est si chère.
Songez à votre santé la mienne est déplorable. »
1 Édition de Kehl donne une version incomplète des mots Prenez bien des fondants, mais comprend deux phrases de plus que les manuscrits.
2 Voir lettre du 16 mai 1767 à Marmontel : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/12/05/il-ne-s-agit-plus-ici-de-plaisanter-il-faut-ecraser-ces-sots-6415489.html
3 Charles Bordes : Tableau philosophique du genre humain depuis l'origine du monde jusqu'à Constantin, 1767 .
Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k845766.image
D’Alembert parle de cet ouvrage à V* dans une lettre du 22 septembre 1767 , en même temps que de la Théologie portative, de L'Esprit du clergé, des Prêtres démasqués, et du Militaire philosophe ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/03/correspondance-avec-d-alembert-partie-47.html
4 Charlot .
5 Dans la préface de Charlot, V* a écrit : « Henri IV est véritablement le héros de la pièce : mais il avait déjà paru dans La partie de chasse [de Henri IV, par Collé ], représentée sur le même théâtre, et on n'a pas voulu imiter ce qu'on ne pouvait égaler. » Il est vrai que la pièce de Collé est supérieure à celle de V*.
6 Voir la préface de l'auteur et notes : https://books.google.com.bz/books?id=BQvfAgAAQBAJ&printsec=frontcover&source=gbs_book_other_versions_r&cad=3#v=onepage&q&f=false
et ci-après, la lettre 7047 du 16 octobre 1767 à Damilaville : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/06/correspondance-annee-1767-partie-52.html
CHARLOT, ou LA COMTESSE DE GIVRI. Pièce dramatique représentée sur le théâtre de F*** (Ferney) au mois de septembre 1767. Genève et Paris, Merlin, 1767. In-8 de I f. non chiff. (pour le faux-titre) et 69 pp. (Bibl. Nle Y, 5731, C. et C. V. Beuchot, 149).
Il y a des exemplaires sans le nom de Genève. Barbier signale une édition sur le frontispice de laquelle est indiquée la date de la représentation à Ferney (26 septembre 1767) : au titre près, c'est l'édition de Merlin. Enfin, le Catalogue de Soleinne (t. II, no 1680) cite une édition de Merlin (Genève et Paris), in-8 de 91 pp.
Voltaire envoya Charlot à Damilaville le 18 septembre 1767.
Merlin devait l'imprimer, sur-le-champ, sans privilège, et en tirer 750 exemplaires (Voltaire à Damilaville, 19 septembre 1767). — Dans une lettre du 2 octobre, adressée aussi à Damilaville, Voltaire parle d'un morceau sur Henri quatre que Merlin, dit-il, « pourra mettre à la tête de la seconde édition de Charlot » (Cf. Voltaire à Damilaville, 16 octobre 1767).
Charlot fut réimprimé, en 1768, dans le t. V des Nouveaux mélanges, etc., pp. 141-198.
La « Préface » qui est en tête de l'édition de 1767 n'a pas été conservée en 1768.
Quérard cite une autre réimpression de 1771. In-8 (Biblio- graphie Voltairienne, n° 145).
Joué à Ferney en 1767, puis sur le théâtre de Châtelaine, et enfin à Paris, sur le petit théâtre du comte d'Argental, Charlot fut représenté par les comédiens italiens le mardi 4 juin 1782. Mme Vestris avait réclamé la pièce au nom de sa troupe, mais on lui répondit « que son indifférence à cet égard, depuis « dix ans que ce drame était imprimé, ayant fait présumer « qu'elle ne s'en souciait pas, la famille s'était déterminée à « la livrer à la troupe, sa rivale » (Mémoires secrets, t. XX, p. 328.)
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