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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

ce livre renié par moi n'est point de moi

... clame Mélenchon à la sortie de La chute de la maison Mélenchon, de Tomas Guénolé . Ce président de la France Insoumise, -parti créé pour les besoins matériels du susdit qui se voulait présidentiable,-  a vraiment bonne mine quand il joue à la victime , la vierge effarouchée, et sonne plus faux qu'une cloche fêlée . Mélenchon , tu es un petit à grande gueule !

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Tel quel !

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

1er octobre [1764]1

Premièrement mon cher et grand philosophe, je vous conjure encore d'affirmer sur votre part de paradis, que votre frère n'a nulle part au Portatif . Car votre frère jure et ne parie pas, que jamais il n'a composé cette infamie, et il faut l'en croire , et il ne faut pas que les frères soient persécutés . Ce n'est point le mensonge officieux que je propose à mon frère, c’est la clameur officieuse, le service essentiel de bien dire que ce livre renié par moi n'est point de moi, c'est de ne pas armer la langue de la calomnie et la main de la persécution . Ce livre est divin à deux ou trois bêtises près qui s'y sont glissées . Quas aut incuria fudit aut humana parum cavit natura, mais je jure par Sabaoth et Adonaï quia non sum author hujus libri 2. Il ne peut avoir été 3 inspiré que par le diable, car il y a là du moral et de l'infernal .

Mon second point c'est que je suis tombé aujourd'hui sur l'article dictionnaire , en votre Encyclopédie . J'ai vu avec horreur ce que vous dites de Bayle 4, heureux s'il avait plus respecté la religion et les mœurs, ou quelque chose d'approchant . Ah que vous m'avez contristé ! Il faut que le démon de Jurieu 5 vous ait possédé dans ce moment-là . Vous devez faire pénitence toute votre vie de ces deux lignes . Qu'auriez-vous dit de plus de Spinoza et de La Fontaine ? Que ces lignes soient baignées de vos larmes ! Ah monstres ! ah tyrans des esprits ! quel despotisme affreux vous exercez ! si vous avez contraint mon frère à parler ainsi de notre père .

Ut ut est 6, je vous demande en grâce mon cher philosophe que je ne sois jamais l'auteur de ce Portatif . C'est une rapsodie, un recueil de plusieurs morceaux détachés de plusieurs auteurs . Je sais à quel point on est irrité contre ce livre . Les Fréron et les Pompignan crient qu'il est de moi, et par conséquent les gens de bien doivent crier qu’il n'en est pas . On ne peut ni vous estimer ni vous aimer plus que je fais .

V.

N. B. – J'apprends dans ce moment que les orages s'élèvent contre le Portatif . La chose est très sérieuse . L'ouvrage est d'un nommé Dubut, proposant, lequel n'a jamais existé, mais pourquoi me l'imputer ? »

1 V* a d'abord écrit 2 .

2 Qui sont, soit des négligences, soit des marques de l'infirmité humaine ….que je ne suis pas l'auteur de ce livre .

3 V* a oublié un mot comme écrit ou composé ou dicté .

4 D'Alembert a décrit le Dictionnaire de Bayle comme « un ouvrage que l'auteur aurait rendu infiniment estimable en supprimant ce qui peut blesser la religion et les mœurs. »Venant de lui , la formule est bien hypocrite .

6 Quoi qu'il en soit .

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18/11/2019 | Lien permanent

On m'a dit mort ; cela n'est pas entièrement vrai

... Car tout comme en politique , il y a loin de la parole aux actes . Mais c'est promis, un de ces jours ce sera mon dernier, aber heile mit weile !

En attendant, je reste pantois quand notre gouvernement trouve d'un coup de baguette magique cent millions d'euros répartis sur trois ans pour lutter contre les activités racistes de toutes tonalités .

M. Valls vous brassez du vent, et si "les Français juifs n'ont plus à avoir peur d'être juifs" pas plus que les "Français musulmans ne devraient avoir honte d'être musulmans", je pense que vous êtes complètement à côté de la plaque et que vous ne connaissez ni les uns ni les autres qui ne sont ni des trouillards ni des sujets à la honte facile .

Quelle urgence  !? au moment où des milliers de gens viennent de se faire mettre à la rue, que les "sans dents" tristement mis en lumière ne sont pas près de se gaver . J'en ai marre de ce fric si facile à trouver pour manier le bâton et si difficile à débloquer pour faire du bien  immédiat et concret . Marre de voir naitre des commissions, des bureaux, des tribunaux sursaturés, des traine-patins opportunistes qui vont nous pondre le énième alinéa de la loi contre tout ce qu'on n'oserait jamais faire si cette loi ne l'interdisait pas . Combien de fonctionnaires en plus ? de coupeurs de cheveux en six-quatre-douze ? Ah, le bel avenir avec des oeillères et le licol !

Marre !

Muré !

Mort !

 

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« A Cosimo Alessandro COLLINI,
à Manheim.
Au château de Tournay par Genève 21 avril [1760].
Sono stato sul punto di fare come il povero Pierron 1. On m'a dit mort ; cela n'est pas entièrement vrai. Je compte, mon cher Colini, que vous deviendrez nécessaire à Son Altesse électorale. Plus vous l'approcherez, plus elle vous goûtera. Je vous adresse ma lettre pour lui 2. Je suis encore bien mal; si mes forces reviennent, j'irai à Schwetzingen. Je ne veux pas mourir sans avoir encore vu le plus aimable et le meilleur des souverains. Il y a un Français, nommé M. de Caux 3, qui a écrit de
Manheim à ma nièce. Je porterai, si je peux, la réponse.

Je vous embrasse.

V. »

1 J'ai été sur le point de faire comme le pauvre Pierron . Le 13 avril, 1760 , Collini avait écrit : « Mon cher bienfaiteur, M. Pierron est mort hier d'une pleurésie […] Cette perte au moment où je comptais pouvoir rendre ma situation plus douce, me fait une peine infinie . » Le bruit de la mort de V* avait couru à Paris . D'Alembert lui en écrivait le 14 avril 1760 : « […] depuis quatre jours tout le monde ici veut que vous soyez mort ; on vous désignait même à quatre lieues d'ici [Versailles] l'ancien évêque de Limoges pour successeur [à l’Académie française] ; votre éloge aurait été fait par un prêtre, et cela eut été plaisant ; j'aime pourtant mieux ne pas entendre votre éloge sitôt , dût-il être fait par le frère Berthier ou par M. de Pompignan. »; voir page 351 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f365.texte.r=3485

Et le 16 ; Mme du Deffand : « Vous ne savez pas monsieur pourquoi j'ai l'honneur de vous écrire aujourd'hui, c'est pour vous dire que je suis transportée de joie de ce que vous êtes en vie . Jamais on n'a été plus affligée que je le fus samedi dernier à l'ouverture d'une lettre où l'on m'apprenait que vous étiez mort subitement [...] » ; voir page 355 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f369.texte.r=3485

2 Elle est perdue, mais la réponse de l’Électeur palatin donne quelques indications sur son contenu : V* a envoyé à l'électeur deux chants de La Pucelle ; il est heureux d'apprendre que sa santé et Tronchin permettront au « petit Suisse » de lui rendre visite dans un proche avenir .

3 N. de Caux de Cappeval, un des éditeurs du Journal des journaux, publié à Mannheim . Voir : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/152-n-caux-de-cappeval

 

 

 

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18/04/2015 | Lien permanent

après tout il n'est pas honnête de dire des vérités en face

... François Fillon avait déclaré en meeting: «Imagine-t-on le général de Gaulle mis en examen?» Répondant à cette attaque en même temps qu'à celle de Bruno Le Maire sur l'«exemplarité», Nicolas Sarkozy a asséné: «Ce ne sont pas des déclarations qui honorent ceux qui les prononcent!», réponse stupide venant d'un roquet qui est tout, sauf honorable , et qui a une aversion remarquable pour la vérité .

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Clientèle sarkozyste type ! pas de mémoire et bonne à tondre .

 

 

« A Bernard-Louis Chauvelin

A Ferney 25 octobre 1761

Votre Marseillais monsieur est très aimable, et M. Guastaldo 1 encore plus, mais il me traduit d'un style si facile, si naturel, si élégant, qu'on croira quelque jour que c'est lui qui a fait Alzire, et que c'est moi qui suis son traducteur . Je le remercie tant que je peux . Je ne prends pas la liberté d'envoyer la lettre à Votre Excellence, parce que je prends celle d'y parler de vous, et qu’après tout il n'est pas honnête de dire des vérités en face . Est-il vrai que la belle, la vertueuse Hirmennestre 2 repassera les montagnes au printemps ? Vous souviendrez-vous de Baucis et de Philémon ? Notre cabane ne s'est pas encore changée en temple, mais elle l'est en théâtre . Nous en avons un à Ferney digne de madame l'ambassadrice . Elle aura aussi le plaisir d'entendre la messe dans une église toute neuve que je viens de faire bâtir exprès pour vous . Le dernier acte de ministre des affaires étrangères qu'a fait M. le duc de Choiseul, a été de m'envoyer des reliques de la part 3. Ainsi vous aurez chez moi le profane et le sacré à choisir, et nous vous donnerons de plus une pièce nouvelle très édifiante .

Si je n’étais pas guédé 4 de vers , je crois que j'en ferais pour M. de l'Audon . La prise de Shwednits 5 me paraît la plus belle action de toute la guerre .

Celle qu'on fait aux jésuites me paraît vive . Il me vint ces jours passés un jésuite portugais qui me dit qu'il sortait de l'Italie parce qu'ils y étaient trop mal venus 6. Il me demanda de l'emploi dans ma maison . Cela me fit souvenir de l’aumônier Poussatin 7. Je lui proposai d'être laquais, il accepta ; et sans Mme Denis qui n'en voulut point il aurait eu l'honneur de vous servir à boire à votre passage . C'est dommage que cette affaire soit manquée . Je vous présente mon très tendre respect . 

V.»

1 Girolamo Gastaldi avait écrit le 10 octobre 1761 de Turin une longue lettre à V*, accompagnait une traduction italienne de sa « divine Alzire »

2 La Sofonisba, du Trissino (1515) dans laquelle on voit la première tragédie moderne .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sophonisbe#.C5.92uvres_litt.C3.A9raires_tir.C3.A9es_de_Sophonisbe

3 Il faut compléter du pape .

4 Guédé est un terme de teinturerie signifiant saturé ; il existe toujours aujourd'hui dialectalement en Bourgogne .

5 Laudon avait repris Schweidnitz le 16 octobre 1761 après avoir fait sa liaison avec les Russes, et avec des forces deux fois supérieures à celles des Prussiens .

6 Cet antonyme de bienvenu n'est guère attesté, au moins en ce sens .

7 Ce Poussatin « prêtre indigne de votre service » est un personnage des Mémoires de la vie du comte de Gramont, de Hamilton , chap. 8 . Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k29220q/f210.item.r=chapitre%208.zoom

 

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16/10/2016 | Lien permanent

Cela n'est pas humain mais peut-on avoir pitié des pirates ?

... Non !

 

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« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de LUTZELBOURG.

Aux Délices, 2 octobre [1758]

Vos nouvelles de Choisy, madame, ne sont pas les plus fidèles. On a imaginé à la cour de bien fausses consolations. Il est bien triste d'être réduit à feindre des victoires. Les combats du 26 et du 27 sont bons à mettre dans les Mille et une Nuits. Il est très-certain que les Russes n'ont point paru après leur défaite du 25 1, et il est bien clair que le roi de Prusse les a mis hors d'état de lui nuire de longtemps, puisqu'il est allé paisiblement secourir son frère et faire reculer l'armée autrichienne 2. Croiriez-vous que j'ai reçu deux lettres de lui depuis sa victoire ?3 Je vous assure que son style est celui d'un vainqueur. Je doute fort qu'on ait tué trois mille hommes aux Anglais, auprès de Saint-Malo; mais j'avoue que je le souhaite. Cela n'est pas humain mais peut-on avoir pitié des pirates ? La paix n'est pas assurément prête à se faire. A combien Strasbourg est-il taxé ? Pour nous, nous ne connaissons ni guerre, ni impôts. Nos Suisses sont sages et heureux. J'ai bien la mine de ne les pas quitter, quoique la terre de Craon soit bien tentante. Adieu, madame; je vous présente mes respects, à vous et à votre amie, et vous suis attaché pour ma vie.

V.»

2 V* a eu des nouvelles précises de la bataille de Zorndorf dans sa lettre du 16 septembre 1758 : «  […] elle est rapportée si différemment par les gazettiers de Vienne et de Berlin . Les premiers avouent que les Russes ont été battus le 25 d'août mais que le lendemain […] avaient regagné le terrain et que de toute l'armée prussienne il n'y avait été de sauvés que huit mille hommes et quelques escadrons de cavalerie . Les Berlinoises vous couvrent le champ de bataille de vingt mille Russes tous restés sur le carreau, cent trois canons que les Prussiens veulent avoir pris, 27 étendards, toute la caisse militaire, toutes les munitions, deux mille prisonniers, enfin c'est selon ceux-ci une victoire complète . […] Les trois jours suivants les Russes ont brûlé plus de dix villages et ont commis selon les gazettes de Berlin des cruautés incroyables . »

3 Aucune de ces deux lettres ne nous est parvenue . V* fait allusion à l'une d'elles dans sa lettre du 26 septembre 1758 à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/05/je-trouve-que-c-est-un-grand-effet-de-votre-sagesse-de-ne-po.html

Et à sa réponse dans la lettre du 27 septembre 1758 à la margravine de Bayreuth, sœur de Frédéric II : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/06/il-faut-vivre-tout-le-reste-n-est-rien-5214859.html

On sait aussi que Frédéric II avait envoyé sa lettre du 1er septembre 1758 par le canal de sa sœur .

 

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07/11/2013 | Lien permanent

Si rien de tout cela n'est arrivé, à quel saint désormais avoir recours ?

... Et ce n'est pas le pape qui nous le dira, chef d'une curie où l'incurie règne depuis des siècles et qui va devoir balayer devant sa porte avant tout .

Faut-il le rappeler : L'Élysée  dans la mythologie grecque, fait partie des Enfers où les héros et les gens vertueux goûtent le repos après leur mort .

Le repos "après" leur mort, donc les tourments "avant", d'où ce branle-bas de combat chez les vivants occupants actuels du palais , prétendus héros et illusoires gens vertueux : https://www.20minutes.fr/politique/2456311-20190221-apres...

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Il va falloir faire le ménage partout ! dur ! dur!

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

12 février [1764]

Si Pygmalion la forma,

Si le ciel anima son être,

L'amour fit plus, il l'enflamma :

Sans lui que servirait d'être .

Si mes anges trouvent ces versiculets supportables, à la bonne heure, sinon au rebut . J'aurai du moins eu le mérite de leur avoir obéi sur-le-champ, et c'est un mérite que j'aurai toujours .

Mes anges me donnent de très bonnes raisons d'avoir mis Lekain de la conspiration ; ils ont très bien fait : je les applaudis ; je leur ai toujours dit : Votre volonté soit faite ; mais je joins l'approbation à la résignation .

Je répète à mes anges que la nation a enfin trouvé son vrai génie, sa vraie gloire, qui est l'opéra-comique . On me mande pourtant qu'il y a de très belles choses dans Idoménée, car je suis encore assez bon français pour aimer le tripot de Melpomène .

Je joins ici la liste des tripotiers 1 que mes anges me demandent ; j'y joins aussi un petit extrait pour la Gazette littéraire, dont j'envoie le double à M. Arnaud ; je l'ai cru digne de votre curiosité . Tout Ferney (au curé près ) remercie mes anges et M. le duc de Praslin . Bien est-il vrai que M. le duc de Praslin m'a fait tenir hier un petit paquet de je ne sais où, et qui contient les sermons dont j'envoie l'extrait 2; mais pour le gros paquet délivré à M. le comte de Guerchy par Paul Vaillant, shérif de Londres, je n'en ai point de nouvelle 3; et tout ce que je peux faire, c'est de joindre ici un petit mémoire de ce que contenait ce tardif paquet qui était préparé depuis six mois, et qui viendra probablement en qualité d'almanach de l'année passée .

Mes yeux sont encore en très mauvais état ; mais dès que j'aurai des yeux et des livres nouveaux, je fournirai à M. l'abbé Arnaud tous les mémoires dont je pourrai m'aviser .

N. B. – Pour peu qu'il y ait encore de bonne foi chez les hommes, mes anges doivent avoir reçu un double des Trois manières . M. Jeannel lu-même doit leur avoir envoyé deux Olympie ; plus , des remontrances sur Olympie 4 accompagnées d'une lettre . Il y avait aussi une lettre avec Les trois Manières dans un paquet adressé à M. de Courteilles 5. Si rien de tout cela n'est arrivé, à quel saint désormais avoir recours ? Je présente à mes anges la plus respectueuse tendresse . »

1 L'Histoire de la langue française, tome VI, par A. François, enregistre ce mot .

2 V* ne semble avoir fait l'extrait, c'est-à-dire le compte-rendu d'aucun « sermon » . S'agit-il d'une référence voilée à la Seconde Lettre d'un Quakre, comme le pense Besterman ? En tout cas le 12 février, Praslin écrit effectivement à Montpéroux qu'il lui a fait passer « plusieurs paquets de brochures à l'adresse de M. de Voltaire […] Cette correspondance est relative à l’établissement de la Gazette littéraire qui commencera le mois prochain . » ; le 18, Montpéroux accuse réception des paquets , ajoutant les avoir fait passer à V*.

3 Voir lettre du 17 février 1764 au duc de Praslin : « Je reçus il y a quatre jours le gros paquet d'Angleterre, que vous eûtes la bonté de me faire parvenir . »

4 Ces « remontrances » ont été imprimées, avec les objections d'ArgentaI auxquelles elles répondaient, par Cayrol .

5 Cette lettre n'est pas connue .

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21/02/2019 | Lien permanent

Il n’est plus question vraiment de bagatelles

... Il est question de débattre à tout va , et radio-bistro n'a pas fini d'émettre .

"Les Français parlent aux Français !..." , mais certains me font douter qu'ils savent "parler français " .

 

 

« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

18è janvier 1764 1

Huc quoque clara tui pervenit fama triumphi,

Languida quo fessi vix venit aura Noti.2

Le philosophe de Vic-sur-Aisne est donc actuellement le philosophe de Paris-sur-Seine ; car il sera toujours philosophe, et il connaîtra toujours le prix des choses de ce monde.

Je fais, monseigneur, mes compliments à Votre Éminence, et c’est assurément de bon cœur . Je vous avais parlé de contes pour vous amuser, mais il n’est plus question de contes de ma mère l’Oye. J’avais soumis à vos lumières certain drame 3 barbare que j’ai débarbarisé 4 tant que j’ai pu, et sur lequel motus . Il n’est plus question vraiment de bagatelles. Vous devez être accablé de nouveaux amis, de serviteurs zélés, qui ont tous pris la part la plus vraie, la plus tendre, qui ont eu l’attachement le plus inaltérable, qui ont été pénétrés, qui seront pénétrés, etc., etc., etc. ; et Votre Éminence de sourire.

Si vous n’êtes pas toujours à Versailles, n’irez-vous pas quelquefois à l’Académie ? Tant mieux : vous y serez le protecteur des remarques impartiales sur Corneille. Vous aimez les choses sublimes ; mais vous n’aimez pas le galimatias, les pensées alambiquées et forcées, les raisonnements abstrus et faux, les solécismes, les barbarismes ; et certes vous faites bien.

Monseigneur, quelque chose qu’il arrive, aimez toujours les lettres ; j’ai soixante-dix ans, et j’éprouve que ce sont de bonnes amies ; elles sont comme l’argent comptant, elles ne manquent jamais au besoin.

Que Votre Éminence agrée le tendre respect du vieux de la montagne ; honorez-le d’un mot de souvenir, quand vous aurez expédié la foule.

N. B. – Puis-je avoir l’honneur de vous envoyer un Traité sur la Tolérance, fait à l’occasion de l’affaire des Calas, qui va se juger définitivement au mois de février ? Ce n’est pas là un conte de ma mère l’Oye, c’est un livre très sérieux ; votre approbation serait d’un grand poids. Puis-je l’adresser en droiture à Votre Éminence, ou voulez-vous que ce soit sous l’enveloppe de M. Jeannel, ou voulez-vous que je ne vous l’envoie point  ?"

1 Bernis a écrit de son côté à V* le 16 janvier 1764 , du Plessis, par Senlis, au sujet de son passage à Versailles et à Paris .

2 Le bruit illustre de ton triomphe parvient jusqu'ici, où le souffle fatigué du Notus ne parvient plus que languissant ; d'après Ovide : Les Pontiques, II, I, 1-2.

3 Olympie .

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24/01/2019 | Lien permanent

Peut-être n'est-il pas impossible de vous rapprocher

... Peut-être ! Chacun se trouvant merveilleux et admirable de parler aux concurrents déjà déclarés, les partis de gauche (miettes plutôt que parties ) brassent du vent et tentent de faire prendre la sauce ; ce sera au mieux une vinaigrette , bien loin d'une mayonnaise, tant leurs incompatibilités de fond les dispersent .  Il va de soi que la droite n'est pas meilleure sur le plan d'accords possibles . J'adore le terme "poursuivre le dialogue", ça rappelle les courses de lévriers courant, en rond, après un leurre .

Maître Mélenchon, êtes-vous heureux de vos ouailles ?

https://www.20minutes.fr/politique/3023283-20210417-presi... 

https://www.lopinion.fr/sites/nb.com/files/styles/w_838/public/images/2020/06/image0_1.jpeg?itok=Lvkt8xS8

 

 

 

« A Jean-André de Luc

La consultation des avocats a été faite, monsieur, à la réquisition d'un ministre ami de M . le duc de Praslin, comme je vous l'ai dit, mais ce n'est point M. le duc de Praslin qui l'a fait faire .

Je pense encore qu'il serait important pour les citoyens qu'ils s'accommodassent avec le Conseil, sans avoir recours à une médiation, dont on ne peut prévoir le jugement . Peut-être n'est-il pas impossible de vous rapprocher . J'espère que j'aurai l'honneur de voir quelqu’un de vos magistrats dans peu de jours, je regarderais comme le plus heureux jour de ma vie celui où je pourrais vous porter des paroles qui agréassent à vos amis .

Je vais lire avec beaucoup d'attention votre réponse sur les emprisonnements .

J'enverrai à Paris cette réponse, et je vous dirai ce qu'on en pense . Il me paraît déjà que messieurs les avocats sont de votre avis sur cet article .

Permettez-moi de finir sans compliments, l'estime et l'amitié les réprouvent .

 

27è décembre [1765] à Ferney.1 »

1 Date complétée par De Luc .

 

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17/04/2021 | Lien permanent

Rien n'est si cher que de rendre justice

...

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« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

30 novembre [1759]

Un Suisse comme moi, mon cher correspondant ne connait ni les Beaujon 1 ni les Gaussen 2 ni rien de la marine . Je prie Dieu seulement que notre marine ne soit pas anéantie . Et je vous félicite de ne point souffrir de toutes les secousses que le royaume vient d'éprouver .

Le vin de Beaujolais me consolera un peu . Je vous fais mes remerciements ; vous mangez donc à cul noir comme toute la France 3. Il n'y a sorte de bontés que vous n'ayez pour moi . Le libraire Laroche prétend qu'il m'envoie l'ordonnance des eaux et forêts . S'il l'a envoyée je vous supplie de vous en faire informer . Il me faudrait aussi l'ordonnance criminelle 4 attendu que l'on juge à présent un procès criminel dans mes terres . Rien n'est si cher que de rendre justice .

J'ai pensé il y a quinze jours qu'il était bon d'acheter actions sur les fermes quand elles étaient à 600 . Le fonds est sûr . Je crois que 30000 livres ne seraient pas mal employées dans dans cet effet . Mais il faudrait vendre annuités et loteries 5, et je les crois actuellement invendables . Ne reprendront-ils pas faveur si M. de Montmartel règne sous le nom de M. Bertin 6? Mais alors les actions des fermes ne hausseront-elles pas aussi ? qu'en pensez-vous ? que me conseillez-vous ? Je commence à être bien pauvre . Je vous embrasse tendrement .

V. »

1 Nicolas Beaujon était un banquier chargé des comptes de la Marine .

2 Jean-Pierre Gaussen était un banquier genevois établi à Londres .

4 L'édit d'août 1670 ; voir Lavisse, Histoire de France, 1905, VII, I, 291-292 .

5 Billets a été ajouté au-dessus de la ligne .

6 A propos du remplacement de Silhouette par Bertin , De Brosses écrivait à V* vers le 20 novembre 1759 : « Le contrôleur général branle au manche . On parle beaucoup de M. Joly de Fleury ». Et Thieriot, le 28 : « Vos espérances et les nôtres sur l'administration de M. de Silhouette se sont bientôt évanouies […] . Le roi a forcé M. Bertin de prendre le contrôle général . Il ne l'a accepté qu'en demandant un conseil qu'il se formera de quatre personnes choisies . » Bertin succéda à Silhouette le 21 novembre 1759 .

 

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07/12/2014 | Lien permanent

Un Français qui n'est pas gai est un homme hors de son élément

... Et si tu es gai, ris donc !

guéridon vache qui rit.JPG

 Humour vache !

 

 

« A Charles PALISSOT de MONTENOY

rue Basse-du-Rempart

à Paris
Aux Délices, 23 juin [1760]
Vous me faites enrager, monsieur; j'avais résolu de rire de tout dans mes douces retraites, et vous me contristez. Vous m'accablez de politesses, d'éloges, d'amitiés; mais vous me faites rougir, quand vous imprimez que je suis supérieur à ceux que vous attaquez. Je crois bien que je fais des vers mieux qu'eux, et même que j'en sais autant qu'eux en fait d'histoire ; mais, sur mon Dieu, sur mon âme, je suis à peine leur écolier dans tout le reste, tout vieux que je suis. Venons à des choses plus sérieuses.
M. d'Argental m'a assuré, dans ses dernières lettres, que M. Diderot n'était point reconnu coupable des faits dont vous l'accusez. Une personne non moins digne de foi m'a envoyé un très-long détail de cette aventure, et il se trouve qu'en effet M. Diderot n'a eu nulle part aux deux lettres condamnables qu'on lui imputait . Encore une fois, je ne le connais point, je ne l'ai jamais vu ; mais il avait entrepris, avec M. d'Alembert, un ouvrage immortel, un ouvrage nécessaire, et que je consulte tous les jours. Cet ouvrage était d'ailleurs un objet de 300 000 écus dans la librairie ; on le traduisait déjà dans trois ou quatre langues ; questa rabbia, detta gelosia,1 s'arme contre ce monument cher à la nation, et auquel plus de cinquante personnes de distinction s'empressaient de mettre la main !
Un Abraham Chaumeix s'avise de donner à M. Joly de Fleury un mémoire contre l'Encyclopédie, dans lequel il fait dire aux auteurs ce qu'ils n'ont point dit, empoisonne ce qu'ils ont dit, et argumente contre ce qu'ils diront. Il cite aussi faussement les Pères de l'Église que le Dictionnaire. M. de Fleury, accablé d'affaires, a eu le malheur de croire maître Abraham ; le parlement croit M. Joly de Fleury; monsieur le chancelier retire le privilège; les souscripteurs en sont pour leurs avances, les libraires sont ruinés; M. Diderot est persécuté. Je me trouve, pour ma part, désigné très-injustement dans le réquisitoire de M. de Fleury; et, quoique le public n'ait pas approuvé le réquisitoire, la persécution subsiste, malgré les cris de la nation indignée.
C'est dans ces circonstances odieuses que vous faites votre comédie contre les philosophes ; vous venez les percer quand ils sont sub gladio. Vous me dites que Molière a joué Potin et Ménage : soit; mais il n'a point dit que Cotin et Ménage enseignaient une morale perverse ; et vous imputez à tous ces messieurs des maximes affreuses dans votre pièce et dans votre préface.
Vous m'assurez que vous n'avez point accusé M. le chevalier de Jaucourt ; cependant c'est lui qui est l'auteur de l'article Gouvernement; son nom est en grosses lettres à la fin de cet article.
Vous en déférez plusieurs traits qui pourraient lui faire grand tort, dépouillés de tout ce qui les précède et qui les suit, mais qui, remis dans leur tout ensemble, sont dignes des Cicéron, des de Thou et des Grotius.
Vous n'ignorez pas d'ailleurs que M. le chevalier de Jaucourt homme d'une très-grande maison, et beaucoup plus respectable par ses mœurs que par sa naissance est dans des circonstances délicates qui exigent de tout honnête homme le plus grand ménagement .2
Vous voulez rendre odieux un passage de l'excellente Préface que M. d'Alembert a mise au devant de l'Encyclopédie; et il n'y a pas un mot de ce passage. Vous imputez à M. Diderot ce qui se trouve dans les Lettres juives 3; il faut que quelque Abraham Chaumeix vous ait fourni des mémoires comme il en a fourni à M. Joly de Fleury, et qu'il vous ait trompé comme il a trompé ce magistrat. Vous faites plus; vous joignez à vos accusations contre les plus honnêtes gens du monde des horreurs tirées de je ne sais quelle brochure intitulée la Vie heureuse, qu'un fou, nommé La Mettrie, composa un jour, étant ivre, à Berlin, il y a plus de douze ans. L’homme-plante est encore de La Mettrie 4. Cette sottise de La Mettrie, oubliée pour jamais, et que vous faites revivre, n'a pas plus de rapport avec la philosophie et l'Encyclopédie que le Portier des Chartreux 5 n'en a avec l'Histoire de l'Église; cependant vous joignez toutes ces accusations ensemble.

Qu'arrive-t-il ? Votre délation peut tomber entre les mains d'un prince, d'un ministre, d'un magistrat, occupé d'affaires graves, de la reine même, plus occupée encore à faire du bien, à soulager l'indigence, et à qui d'ailleurs les bienséances de la grandeur laissent peu de loisir. On a bien le temps de lire rapidement votre préface, qui contient une feuille ; mais on n'a pas le temps d'examiner, de confronter les ouvrages immenses auxquels vous imputez ces dogmes abominables. On ne sait point qui est ce La Mettrie; on croit que c'est un des encyclopédistes que vous attaquez, et les innocents peuvent payer pour le criminel, qui n'existe plus. Vous faites donc beaucoup plus de mal que vous ne pensiez et que vous ne vouliez; et certainement, si vous y réfléchissez de sang-froid, vous devez avoir des remords.

Voulez-vous à présent que je vous dise librement ma pensée ?
Voilà votre pièce jouée : elle est bien écrite, elle a réussi ; il y aurait une autre sorte de gloire à acquérir : ce serait d'insérer dans tous les journaux une déclaration bien mesurée, dans laquelle vous avoueriez que, n'ayant pas en votre possession le Dictionnaire encyclopédique, vous avez été trompé par les extraits infidèles qu'on vous en a donnés; que vous vous êtes élevé avec raison contre une morale pernicieuse ; mais que, depuis, ayant vérifié les passages dans lesquels on vous avait dit que cette morale était contenue; ayant lu attentivement cette préface de l'Encyclopédie, qui est un chef-d'œuvre, et plusieurs articles dignes de cette préface, vous vous faites un plaisir et un devoir de rendre au travail immense de leurs auteurs, à la morale sublime répandue dans leurs ouvrages, à la pureté de leurs mœurs, toute la justice qu'ils méritent. Il me semble que cette démarche ne serait point une rétractation (puisque c'est à ceux qui vous ont trompé à se rétracter); elle vous ferait beaucoup d'honneur, et terminerait très-heureusement une très-triste querelle.
Voilà mon avis, bon ou mauvais ; après quoi je ne me mêlerai en aucune façon de cette affaire : elle m'attriste, et je veux finir gaiement ma vie. Je veux rire ; je suis vieux et malade, et je tiens la gaieté un remède plus sûr que les ordonnances de mon cher et estimable Tronchin. Je me moquerai tant que je pourrai des gens qui se sont moqués de moi ; cela me réjouit, et ne fait nul mal. Un Français qui n'est pas gai est un homme hors de son élément. Vous faites des comédies, soyez donc joyeux, et ne faites point de l'amusement du théâtre un procès criminel. Vous êtes actuellement à votre aise; réjouissez-vous, il n'y a que cela de bon.
Si quid novisti rectius istis,
Candidus imperti ; si non, his utere mecum.6

E per fine, sans compliment, votre très-humble et très obéissant serviteur

Le Suisse V. »

1 Cette rage dite jalousie .(italien)

2 J. Lough, dans « Louis, chevalier de Jaucourt », essays presented to C. M. Girdlestone, 1960, émet l'hypothèse que la famille de Jaucourt le pressait de renoncer à collaborer à l'Encyclopédie .

3 Du marquis d'Argens .

Cette dernière phrase est ajoutée par V* en marge

5 Cet ouvrage licencieux a été publié vers 1745 sous le titre Histoire de dom B... ; portier des Chartreux, est de J.-C. Gervaise de Latouche .

6 Horace, Épîtres, I, vi, 67-68 : Si tu connais quelque règle de conduite meilleure, fais-m'en part sans détour, sinon, suis avec moi celle que je propose .

 

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27/06/2015 | Lien permanent

ce n'est pas une petite peine que celle de donner du plaisir

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Louis_de_Voyer_de_Paulmy_d'Argenson

" ... plût à Dieu que vous fussiez dans les places que vous méritez..." : si Dieu écoute encore Volti, je sens venir un monstre remaniement gouvernemental ...!

"...Ce n'est pas pour moi, c'est pour le bonheur de l’État que je le désire ." : eh bien ! cette phrase là, on n'a pas fini de la lire et l'entendre dans la bouche des requins mâles et femelles qui veulent notre bonhheur, en commençant par assurer le leur, être chef des chefs .

"J'aime les Français, mais je hais la persécution"  , " je suis indigné de vous  traiter comme je le fais" ajouterais-je dans le discours d'un futur ex-président, s'il était un petit peu sincère et vraiment au service de la nation -comme il l'a clamé (comme le clament tous les présidents  depuis le fameux "Je vous ai compris !" )

 

 

 

 

 

« A René-Louis de Voyer de Paulmy, marquis d'Argenson

[entre septembre 1739 et février 1740]

Vous m'allez croire un paresseux, Monsieur, et qui pis est, un ingrat, mais je ne suis ni l'un ni l'autre . J'ai travaillé à vous amuser depuis que je suis à Bruxelles et ce n'est pas une petite peine que celle de donner du plaisir . Je n'ai jamais tant travaillé de ma vie, c'est que je n'ai jamais eu tant d'envie de vous plaire . Vous savez, Monsieur, que je vous avais promis de vous faire passer une heure ou deux assez doucement . Je devais avoir l'honneur de vous présenter ce petit recueil qu'imprimait Prault ; toutes ces pièces fugitives que vous avez de moi fort informes , et fort incorrectes m'avaient fait naître l'envie de vous les donner un peu plus dignes de vous 1. Prault les avait aussi manuscrites . Je me donnai la peine d'en faire un choix et de corriger avec un très grand soin tout ce qui devait paraître . J'avais mis mes complaisances dans ce petit livre . Je ne croyais pas qu'on dût traiter des choses aussi innocentes plus sévèrement qu'on n'a traité les Chapelle, les Chaulieu, les La Fontaine, les Rabelais et même les épigrammes de Rousseau . Il s'en faut de beaucoup que le recueil de Prault approchât de la liberté du moins hardi de tous les auteurs que je cite . Le principal objet même de ce recueil était le commencement du Siècle de Louis XIV, ouvrage d'un bon citoyen et d'un homme très modéré . J'ose dire que dans tout autre temps une pareille entreprise serait encouragée par le gouvernement . Louis XIV donnait six mille livres de pension aux Valincourt, aux Pellisson , aux Racine et aux Despréaux pour faire son histoire qu'ils ne firent point, et moi je suis persécuté pour avoir fait ce qu'ils devaient faire . J'élevais un monument à la gloire de mon pays, et je suis écrasé sous les premières pierres que j'ai posées . Je suis en tout un exemple que les belles-lettres n'attirent guère que des malheurs . Si vous étiez à leur tête je me flatte que les choses iraient un peu autrement ; et plût à Dieu que vous fussiez dans les places que vous méritez . Ce n'est pas pour moi, c'est pour le bonheur de l’État que je le désire .

 

Vous savez comment Govers 2 a gagné ici son procès tout d'une voix, comment tout le monde l'a félicité, et avec quelle vivacité les grands et les petits l'ont prié de ne point retourner en France . Je compte pour moi rester très longtemps dans ce pays-ci . J'aime les Français, mais je hais la persécution, je suis indigné d'être traité comme je le suis, et d'ailleurs j'ai de bonnes raisons pour rester ici . J'y suis entre l'étude et l'amitié, je n'y désire rien, je n'y regrette que de ne vous point voir . Peut-être viendra-t-il des temps plus favorables pour moi où je pourrai joindre aux douceurs de la vie que je mène, celle de profiter de votre commerce charmant, de m’instruire avec vous et de jouir de vos bontés . Je ne désespère de rien . J'ai vu ici M. d'Argens . Je suis infiniment content de ses procédés avec moi . Je vois bien que vous m'aviez un peu recommandé à lui .

 

Mme du Châtelet vous a écrit, ainsi je ne vous dis rien pour elle . Conservez-moi vos bontés, je vous en conjure ; vous savez si elles me sont précieuses.

 

V. »


1 Sur ce Recueil de pièces fugitives en prose et en vers, voir lettre du 26 mars 1739 à Prault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/26/j...

2 V* parle dans plusieurs lettres, au président de Meinières et à Fleury, de ce Govers qui « a été au château de la Bastille dans le même appartement » que lui « il y a vingt cinq ans », de ses démêlés avec Chéron, en avril 1741 de son ingratitude et du chantage qu'il exerce, en septembre 1742 du pardon qu'il demande à Chéron qui a été condamné par le Conseil de Brabant, a passé trois ans dans la prison des criminels alors qu'il ne devait rien à Govers .

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01/07/2011 | Lien permanent

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