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26/12/2008

Idiots, imbéciles,écorchés : à Noël on pense encore à vous !

... Notes mises à jour le 10 janvier 2014 .



« A Charles de Brosses , baron de Montfalcon


de brosses charles.jpg

 

        Effugit, evasit, erupit 1 dans le temps qu’on le cherchait partout pour souper, pour lui faire hommage lige, et que toute la famille des Délices voulait demander ses ordres. Mais, Monsieur, je ne vous en tiens pas quitte, et je prétends bien que vous aurez la bonté de venir voir le nouvel appartement que je vais faire à Tournay, dès qu’il ne gèlera plus.

Eh bien ! défendez-vous au sage

De travailler pour le bonheur d’autrui ?

Cela même est un bien que je goûte aujourd’hui.

 

            A propos de bonheur, Monsieur, vous avez entendu dire quelque chose du bonheur éternel que le curé de Moëns veut procurer à cinq familles de Ferney qui sont seules restées dans ce malheureux village, ayant droit de commune.

Il veut les envoyer vite au ciel en les faisant mourir de faim. Ce scélérat, reconnu pour le plus exécrable chicaneur de la province, alla solliciter trois procès à Dijon, et il a fait payer tous les frais de son séjour aux pauvres de Ferney, qui labouraient leurs champs tandis qu’il poursuivait contre eux un procès dont ils n’étaient pas instruits. Le fond de la vexation est une dîme de novailles 2 dont les pauvres de Ferney, nommés pauvres, et pauvres d’effet, sont en possession depuis plus d’un siècle à titre de charité et de dédommagement. M. de Montréal [= Bernard de Budé, comte de Montréal] , aussi processif que ce détestable curé, avait donné un procureur nommé Genot à ces pauvres, et avait avancé cinquante écus qu’il a repris. Le Genot, en digne procureur, a , sucé ce qui restait de sang à ces pauvres, à ces imbéciles [ au sens étymologique = faibles] . Le fonds est trente livres de rente, la forme est le diable, et mes pauvres en sont pour quinze cents livres de frais. La commune n’a pour tout bien qu’un petit pré submergé et quelques enfants que le curé de Moëns pourra faire rôtir , s’il veut, pour lui et pour Pâquette sa servante.3 Pourrait-on, Monsieur, présenter requête à la chambre des enquêtes qui les a condamnés, pour avoir un délai d’une année ? Vos belles chiennes de lois françoises ou françaises,ou gombettes [la loi gombette est le code bourguignon du nom du roi des Burgondes Gondebaud ] ou romaines, permettent-elles que des gens écorchés demandent un répit pendant lequel la peau leur reviendra pour la porter en offrande à M. le curé ? Ayez compassion des malheureux : vous n’êtes pas prêtre . Voyez au nom de l’humanité ce qu’on peut faire pour les idiots 4 de Ferney . Instruisez-moi , je vous en conjure .

Quoi ? M. Le Bault m’envoie du plant de Bourgogne 5, et vous ne m’en envoyez pas , et vous n’avez pas soin de votre vigne ! Allons donc, monsieur, quatre mille petits ceps pour l’amour de Dieu ! Je fais déjà travailler à vos hutins 6. Quelle pitié ! Dans quel état noble ivrogne Chouet [fils de syndic, devenu fermier chez De Brosses,, chassé par Voltaire] a mis votre terre ! Que vous êtes heureux d’avoir fini avec lui ! Venez, venez dans un an, vous trouverez les choses bien changées.

J’ai fait mon entrée comme Sancho Pança dans son île 7 . Il ne me manquait que son ventre . Votre curé m’a harangué . Chouet m’a donné un repas splendide dans le goût de ceux d’Horace et de Boileau, fait par le traiteur des Patis ou Paquis 8. Les sujets ont effrayé mes chevaux avec de la mousqueterie et des grenades : les filles m’ont apporté des oranges dans des corbeilles garnies de rubans . Le roi de Prusse me mande que je suis plus heureux que lui ; il a raison, si vous me conservez vos bontés, et si je ne suis jamais inquiété dans mon ancien dénombrement . Je vous présente mon respect.

             Madame, je vous demande pardon de ne vous avoir présenté qu’un demi-cent d’épingles [allusion au pot de vin prévu, qu’il veut réduire] ; mais vous êtes la fille de mon intime ami, M . de Crèvecoeur 9. Je n’ai plus le sou ; et vous pardonnerez la liberté grande.

V.

Aux Délices

              Le propre jour de Noël 1758

Cela fait souvenir des Noëls bourguignons . »

1 Cicéron, Catilinaires, II, i : il s’est enfui, il s’est échappé, il a brisé ses chaines.

2 Dîme novale = impôt ecclésiastique prélevé sur une terre nouvellement défrichée ; par une mesure prise le 28 août 1759, elle fut remise en vigueur en faveur des prêtres ; voir Henri Marion , La Dîme ecclésiastique en France et sa suppression au XVIIIè siècle, 1912 .

3 Souvenir de La Fontaine Fables, VII, xi : Le Curé et le mort : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/curemort.htm

4 Dans Un chrétien contre six juifs, 1776, V* écrit : « […] idiot signifiait autrefois isolé, retiré du monde, et ne signifie aujourd'hui que sot » . Le mot grec idiotes qui désignait un simple particulier par opposition au magistrat, avait à l'usage pris le sens d'ignorant, homme du peuple (Littré).

6 Hutin = bois vivant ou mort destiné à supporter la vigne ; Littré au mot hautain .

8 Les Paquis forment maintenant un quartier [chaud !] de Genève .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_P%C3%A2quis


 

"Vos belles chiennes de lois françoises ou françaises, ou gombettes [bourguignonnes] ou romaines, permettent-elles que des gens écorchés demandent un répit" : question qui reste d'actualité pour ceux dont le logement n'est garanti que jusqu'en mars, date à laquelle,- oh ! joyeux retour du printemps et des huissiers en fleur -, les propriétaires privés ou publics mettront à la rue bon nombre de malchanceux . Comme disait Brel ( que j'ose admirer encore et toujours) :

"Et puis, y a l'autre
Des carottes dans les cheveux
Qu'a jamais vu un peigne
Qu'est méchant comme une teigne
Même qu'il donnerait sa chemise
A des pauvres gens heureux...

mais qui vous flanque dehors pour son que sacro-saint loyer tombe dans son escarcelle sans fond. Tous ne sont pas de cet acabit -bien que j'en aie malheureusement connu que de cette sorte- , il y a quelques exceptions heureusement . Que Dieu les garde !

 

           "Ayez compassion des malheureux : vous n’êtes pas prêtre" : je dois encore avouer une de mes faiblesses ( -la liste n'est pas encore publiable !-) : je viens de voir Ben Oit  x .v. i. doré comme un louis d'or, devant un trône doré, et j'ai du mal à partager les valeurs de cet infaillible guide de la chrétienté...benoit xvi.jpg J'aimerai un discours moins théorique et  des dépenses moins somptuaires.

Vous allez peut-être me dire que je suis injuste, que je n'ai pas compris le message papal . Pourquoi ce bon apôtre n'aime-t-il pas son prochain comme lui-même, à moins qu'il ne s'aime pas, ça expliquerait bien des choses !

- Allez, le psy de comptoir, va te coucher !!!

- Quand je veux !

23/12/2008

bonsoir cher ami !

"A Jean-Robert Tronchin à LYon

Je viens mon cher Monsieur, d'expédier sûrement la lettre de Son Eminence [cardinal de Tencin] à qui je vous supplie de faire agréer mon respect,mon zèle, et mon empressement à lui obéir.

Je reçois dans ce moment des nouvelles du roi de Prusse et de Mme la margrave du 12 décembre par un officier principal de la maison de Mme de Bareith en qui elle a une grande confiance. La victoire du roi de Prusse n'est pas aussi décisive qu'on le disait. Il n'a point Breslau. Les Autrichiens sont rassemblés sous Swednitz [Schweidnitz]. Il y aura encore du sang répandu, et celui qui préviendrait tant de calamités par une bonne paix serait le bienfaiteur du genre humain. . Le roi de Prusse écrit à sa soeur qu'il est bien las de tant de carnage et de cette barbare gloire.

Je vous souhaite la bonne année. Il me manque de la santé et des baguettes dorées [pour la maison de Lausanne]. Je vous devrai les baguettes. Si vous les adressez à M. Cathala, ayez la bonté de lui recommander de me les faire parvenir.

Bonsoir mon cher ami.

Voltaire

le 24 décembre 1757 au soir à Lausanne"

 

"Bonsoir mon cher ami" : je dois avouer que je n'ai jamais eu l'occasion ni l'idée même de prononcer ces paroles envers mon banquier. Il faut vraiment avoir l'aisance de Voltaire, qui traite d'égal à égal pour avoir cette familiarité .

"...cher ami", pour moi , je songe plutôt "très cher" ami si vous voyez ce que je veux dire (hello, happy tax payer !).

"Ami..." : peut-être un jour, si Mercure me donne un coup de main (un petit Loto qui sait ?), un banquier sera pendu à son téléphone en me servant du "cher ami" pour s'occuper de ma nouvelle fortune . J'aurais alors le grand plaisir de le faire mariner dans son jus en repensant à son intraitable attitude passée. Qui n'en a pas rêvé ? Qu'il me jette le premier euro !

"Bonsoir..." : comment dire bonsoir à quelqu'un qui ferme régulièrement son agence à 17 heures , alors que tu vas travailler jusqu'à 20 heures ?

"Il y aura encore du sang répandu, et celui qui préviendrait tant de calamités par une bonne paix serait le bienfaiteur du genre humain."  : je connais, et sans doute vous aussi, des abrutis (au sens propre) et des félés (idem) qui eux parlent le plus sérieusement du monde de ce qu'il nous faudrait : "C'qui nous faudrait, c'est une bonne guerre!". Ce à quoi je réponds, bande d'arsouilles, allez la faire sans moi ! Bonne et guerre, ces deux mots ne peuvent être accolés que par des humains de la trempe de l'abbé Pierre, soeur Emmanuelle, soeur Theresa et un bon nombre d'illustres anonymes de bonne volonté qui font la guerre à la misère.

Ce sacré-(nom d'une pipe) Voltaire m'a encore fait sourire quand je le vois en quelques lignes passer des pensées les plus généreuses à celles de baguettes dorées ... Feu follet !...

Amis bloggers et lecteurs, je vous souhaite un bon Noël et des jours de joie, pour vous et ceux qui vous tiennent à coeur .

Tout de bon, comme disent mes voisins suisses ! (oui, on peut être Suisse et avoir un bon fond ! Si! Si !!)

Bisous à Babeth, serrage de louche à Florian.

Merci Carla

Il y a quelques bonnes nouvelles sur cette terre en péril. Je suis un râleur qui parfois a des motifs pour la fermer !

carla.jpg

Merci Carla, - je me permets de te tutoyer, nous sommes tous frères,- pour le don que tu fais aux malheureux Haïtiens. Merci d'y avoir pensé et de l'avoir fait. Je ne change pas d'avis sur tes talents de chanteuse, bonne volonté mais peut mieux faire ! Du coup, je me vois dans l'obligation de souhaiter un franc succès à ton dernier (?) album : une bonne action vaut bien qu'on se force, peut-être pas à écouter, mais à acheter ce CD ?

Tabachnik !! à vos souhaits !!

On a longuement parlé de Michel Tabachnik, chef d'orchestre et ex-membre du triste Ordre du Temple Solaire, il y a quelques années, suite au "suicide" et incinération de quelques illuminés (c'est le cas de le dire!) du dit Temple. Ce matin, sur la radio suisse romande, une interview que j'ai trouvée assez "passage de brosse à reluire" (les cuivres d'orchestre bien sûr ! ) a donné la parole à l'ex-templier .

Oh ! joie quand j'ai entendu cet hurluberlu dire : "jephenix.jpg suis revenu à la vie comme le phénix". L'inconscient s'est exprimé . La réalité dépasse la fiction . Les carbonisés du la région grenobloise n'ont pas eu la chance, après un bref passage sous forme d'oeuf, de revenir auprès des leurs. Il est vrai qu'on n'a pas vu de phénix depuis longtemps .