Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/01/2010

il vaut mieux obéir aux lois De son cœur et de son génie Que de travailler pour des rois !

 

 

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

 

A Versailles 31 janvier 1745

 

                            Mon aimable ami, je suis un barbare qui n’écrit point ou qui n’écris qu’en vile prose. Vos vers font mon plaisir et ma confusion. Mais ne plaindrez-vous pas un pauvre diable qui est bouffon du roi à cinquante ans, [a[f1] ] et qui est plus embarrassé avec les musiciens, les décorateurs, les comédiens, les chanteurs, les danseurs, que ne le seront les huit ou neuf électeurs pour se faire un César allemand [b[f2] ]? Je cours de Paris à Versailles, je fais des vers en chaise de poste. Il faut louer le roi hautement, Mme la dauphine finement, la famille royale tout doucement, contenter la cour, ne pas déplaire à la ville.

 

Oh qu’il est plus doux mille fois

De consacrer son harmonie

A la tendre amitié dont le saint nœud nous lie !

Qu’il vaut mieux obéir aux lois

De son cœur et de son génie

Que de travailler pour des rois !

 

                            Bonjour mon cher ami, je cours à Paris pour une répétition, je reviens pour une décoration [c[f3] ]. Je vous attends pour me consoler et pour me juger. Que n’êtes-vous venu pour m’aider ! Adieu, je vous aime autant que j’écris peu.

 

                            V. »

 

 


 [f1]En écrivant La Princesse de Navarre

 [f2]L’empereur Charles VII était mort le 20 janvier

 [f3]La Princesse de Navarre sera représentée le 23 février.

si mes souffrances continuelles me permettent l’amusement du travail

 

 

DSC07006.JPG
Un mien voisin, placide et gros mangeur !

 

http://www.youtube.com/watch?v=rCXlg7Amy3U&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=9QjVDY2g7Cs&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=I9oaS-zvIm8&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=vt__em0aKFM&feature=re...

 

 

« A Jean Le Rond d’Alembert

 

31 de janvier [1770]

 

                                   Rétablissez votre santé, mon très cher philosophe[f1]  [ ], j’en connais tout le prix, quoique je n’en aie jamais eu, porro unum est necessarium[f2]  [ ]; et sans ce nécessaire, adieu tout le plaisir qui est plus nécessaire encore. Je me souviens que je n’ai pas répondu à une galanterie de votre part, qui commençait par sic ille vir[f3]   [ ]: soyez sûr que vir ille n’a jamais trempé dans l’infâme complot dont vous avez entendu parler[f4]  [ ]. Il n’est pas homme à demander ce que certaines personnes avaient imaginé de demander pour lui[f5]  [ ]; mais il désirerait fort de vous embrasser et de causer avec vous.

 

                                   Je vous avais bien dit que l’aventure de Martin était véritable[f6]  [ ]. Le procureur général travaille actuellement à réhabiliter sa mémoire ; mais comment réhabilitera-t-on les Martins qui l’ont condamné ? Le pauvre homme a expiré sur la roue, et le tout par une méprise. Qu’on dise à présent quel est l’homme qui est assuré de n’être pas roué !

 

                                   Voici l’édit des libraires[f7]  [ ], tel que je l’ai reçu ; c’est à vous de voir si vous l’enregistrerez. Pour moi, je déclare d’abord que je ne souffrirai pas que mon nom soit placé avant le vôtre et celui de M. Diderot, dans un ouvrage qui est tout à vous deux. Je déclare ensuite que mon nom ferait plus de  tort que de bien à l’ouvrage, et ne manquerait pas de réveiller des ennemis qui croiraient trouver  trop de liberté dans les articles les plus mesurés. Je déclare de plus qu’il faut rayer mon nom, pour l’intérêt même de l’entreprise.

 

                                   Je déclare enfin que, si mes souffrances continuelles me permettent l’amusement du travail, je travaillerai sur un autre plan qui ne conviendra pas peut-être à la gravité d’un Dictionnaire encyclopédique[f8]  [ ].

 

                                   Il vaut mieux, d’ailleurs que je sois le panégyriste de cet ouvrage que si j’en étais le collaborateur.

 

                                   Enfin ma dernière déclaration est que, si les entrepreneurs veulent glisser dans l’ouvrage quelques-uns des articles auxquels je m’amuse, ils en seront les maîtres absolus, quand mes fantaisies auront paru. Alors ils pourront corriger, élaguer, retrancher, amplifier, supprimer tout ce que le public aura trouvé mauvais ; je les en laisserai les maîtres.

 

                                   Vous pourrez, mon très cher philosophe, faire part de ma résolution à qui vous jugerez à propos ; tout ce que vous ferez sera bien fait : mais surtout portez-vous bien. Mme Denis vous fait ses compliments ; nous vous embrassons tous deux de tout notre cœur.

 

                                   Voltaire. »


 [f1]Le 25 janvier d’Alembert se plaignait d’étourdissements et d’un « affaiblissement de la tête »

 [f2]D’ailleurs une suele chose est nécessaire

 [f3]Le 11 décembre 1769, d’Alembert avait écrit : « On dit … que vous avez du chagrin pour une cause qui me parait bien juste . Je ne saurais croire que cette cause soit réelle ; si par hasard elle l’était, elle me rappellerait la belle tirade de la péroraison pro Milone, qui commence par ces mots : Hiccine vir patriae natus etc » (= voici un homme né pour sa patrie).

 [f4]C’est-à-dire les démarches entreprises pour le faire venir à Paris ; le 15 octobre 1769 Mme Denis renonçait au projet . V* écrivit pourtant à Mme du Deffand le 1er novembre : « si je suis en vie au printemps … je compte venir passer dix ou douze jours auprès de vous avec Mme Denis… »

 [f5]La demande était faite par Mme Denis, ses amis, et même par Mme du Barry et Richelieu.

 [f6]Cf lettres à d’Alembert du 28 octobre 1769 et du 11 décembre à Christin.

 [f7]Le prospectus de Panckoucke qui annonçait le Supplément à l’Encyclopédie et dans lequel le nom de V* précède Diderot et d’Alembert. V* en cite le début à d’Alembert le 12 janvier en disant : « Il manquait … la formule : car tel est notre bon plaisir . Vous avez enrichi les libraires, et vous voyez qu’ils n’en sont pas plus modestes. »

 [f8]V* a décidé de donner ses Questions sur l’Encyclopédie au lieu de travailler au Supplément . Il écrira aux Cramer : « Vous pouvez mander à Panckoucke que cet ouvrage de la manière dont il est conçu, ne convient point du tout au Dictionnaire encyclopédique. »

30/01/2010

je hais et je méprise trop les persécuteurs pour m’abaisser à l’être

"... je hais et je méprise trop les persécuteurs pour m’abaisser à l’être" : ce ne sont pas des hommes politiques qui pourraient franchement dire ceci, en tout cas pas ceux dont on entend malheureusement trop parler .

Calomnie.jpg

Oserai-je donner des noms qui me viennent spontanément ?

calomnie plantu souris.jpg

Oui ! alors Sarkozy, Villepin, Frèche (dont le visage ressemble décidément de plus en plus à un cul un peu défait ), Le Pen (qui minaude comme une vieille punaise de sacristie quand il n'invective pas ), Ben Laden (qui explose plus blanc ! comme disait ma machine à laver ), Brice H. (dans le pays de Gex et le canton de Vaud, je propose qu'on le nomme Brice-laid, quoique ça ne soit pas flatteur pour cette délicieuse gaufrette qu'est le bricelet ), ...etc. La liste ne peut être exhaustive, et j'ai fait quelques rapprochements que les sus-nommés n'aimeront pas . Tant pis !

calomnie 100 100.jpg

Parole de vautour affamé !!

 

 

 

« A Pierre Lullin

 

                   Monsieur,

 

                            Parmi les sottises dont ce monde est rempli, c’est une sottise fort indifférente au public qu’on ait dit que j’avais engagé le Conseil de Genève à condamner les livres du sieur Jean-Jacques Rousseau, et à décréter sa personne , mais vous savez que c’est par cette calomnie qu’ont commencé vos divisions . Vous poursuivîtes le citoyen [Charles Pictet ] qui, étant abusé par un bruit ridicule, s’éleva le premier contre  votre jugement, et qui écrivit que plusieurs conseillers avaient pris chez moi et à ma sollicitation le dessein de sévir contre le sieur Rousseau, et que c’était dans mon château qu’on avait dressé l’arrêt. Vous savez encore que les jugements portés contre ce citoyen et contre le sieur Jean-Jacques Rousseau ont été les deux premiers objets des plaintes des représentants ; c’est là l’origine de tout le mal .

 

                            Il est donc absolument nécessaire que je détruise cette calomnie. Je déclare au Conseil et à tout Genève que s’il y a un seul magistrat, un seul homme dans toute votre ville, à qui j’aie parlé, ou fait parler contre le sieur Rousseau, avant ou après sa sentence , je consens à être aussi infâme que les secrets auteurs de cette calomnie doivent l’être. J'ai demeuré onze ans près de votre ville, et je ne me suis jamais mêlé que de rendre service à quiconque a eu besoin de moi . Je ne suis jamais entré dans la moindre querelle. Ma mauvaise santé même pour laquelle seule j’étais venu dans ce pays, ne m’a pas permis de coucher à Genève plus d’une seule fois .

 

                            On a poussé l’absurdité de l’imposture jusqu’à dire que j’avais prié un sénateur de Berne de faire chasser le sieur Jean-Jacques Rousseau de Suisse. Je vous envoie, Monsieur, la lettre de ce sénateur  [Freudenreich, à qui il a demandé le 11 janvier de témoigner qu’il n’a « jamais sollicité personne … de faire chasser »  Rousseau « du territoire " et qu’il n’a jamais écrit au pasteur Bertrand d’engager Freudenreich à le faire.] . Je ne dois pas souffrir qu’on m’accuse de persécution ; je hais et je méprise trop les persécuteurs pour m’abaisser à l’être . Je ne suis point ami de M. Rousseau, je dis hautement ce que je pense de bien ou de mal de ses ouvrages, mais si j’avais fait le plus petit tort à sa personne, si j’avais servi à opprimer un homme de lettres, je me croirais trop coupable, etc.

 

                            Voltaire

                   gentilhomme ordinaire

                   de la chambre du roi.

 

Au château de Ferney 30è janvier 1766.  

29/01/2010

Il est singulier qu'un père soit un trouble-fête dans une noce

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

29è janvier 1763

 

                            Vraiment, mes anges, j'avais oublié de vous supplier d'empêcher François Corneille, père, de venir à la noce. Si c'était l'oncle  Pierre, ou même l'oncle Thomas, je le prierais en grande cérémonie, mais pour François, il n'y a pas moyen . Il est singulier qu'un père soit un trouble-fête dans une noce ; mais la chose est ainsi, comme vous savez . On prétend que la première chose que fera le père, dès qu'il aura reçu quelque argent, ce sera de venir à Ferney. Dieu nous en préserve ! Nous nous jetons aux ailes de nos anges, pour qu'ils l'empêchent d'être de la noce . Sa personne, ses propos, son emploi [f1]   , ne réussiraient pas auprès de la famille dans laquelle entre Mlle Corneille [f2]   . M. le duc de Villars et les autres Français qui seront de la cérémonie feraient quelques mauvaises plaisanteries . Si je ne consultais que moi, je n'aurais assurément aucune répugnance [f3]   ; mais tout le monde n'est pas aussi philosophe que votre serviteur, et patriarcalement parlant, je seras fort aise de rendre le père et la mère témoins du bonheur de leur fille.

 

                            C'est bien de la faute du père de M. de Colmont [f4] , si un  autre que lui épouse Mlle Corneille . Il a été un mois sans lui répondre, et enfin sa mère a écrit à M. Micault [f5]   quand il n'était plus temps . Il faut avouer aussi que ce Colmont s'est conduit de la manière la plus gauche ; enfin il n'était point aimé, et notre petit Dupuits l'est ; il n'y a pas à répondre à cela.

 

                            Je ne cesse d'importuner mes anges, et de leur demander pardon de mes importunités ; c'est ma destinée, mais que M. d'Argental me parle donc de ses yeux ; car comme je suis en train de perdre les miens, je voudrais savoir en quel état les siens se trouvent . Il ne m'en dit jamais mot ; cela vaut pourtant  la peine qu'on en parle.

 

                            Est-il vrai que M. de Courteilles est assez mal [f6]  ? J'en serais bien fâché . Mme Denis, Mlle Corneille et moi nous baisons vos ailes.

 

                            V. »


 [f1][Jean-François Corneille était « facteur de la petite poste dans les rues de Paris » dit V* ]

 [f2][voir lettre du 24 janvier à Damilaville ]

 [f3][cependant V* écrivit aux d'Argental le 10 janvier : « Mlle Clairon ayant dit qu'elle allait marier Mlle Corneille, Lekain nous écrivit qu'elle épouserait un  comédien ... J'estime les comédiens quand ils sont bons, et je  veux qu'ils ne soient ni infâmes dans ce monde, ni damnés dans l'autre, mais l'idée de donner la cousine de M. de La Tour du Pin à un comédien est un peu révoltante... »]

 [f4][Colmont de Vaugrenand],

 [f5][Micault, aide-major dans l'armée d'Estrées, neveu de Paris-Montmartel, était venu se faire soigner par T. Tronchin ]

 [f6][en fait, il ne mourra qu'en 1767]

28/01/2010

il ne peut avoir ni médecin ni médecine, ainsi il réchappera.

 Les médecins du XVIIIème avaient parfois des parcours assez originaux, comme ce François Quesnay qui d'apprenti graveur devint chirurgien, médecin et bien davantage.

 http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.mediatheque-de-mere.org/Images/quesnay1.jpg&imgrefurl=http://www.mediatheque-de-mere.org/Francois%2520Quesnay.htm&usg=__hbUhtjGvcJzAnSehs5jQ7vRN_0w=&h=357&w=284&sz=35&hl=fr&start=1&tbnid=8bvpl9NuMB76XM:&tbnh=121&tbnw=96&prev=/images%3Fq%3DXVIII%2B%25C3%25A8me%2Bsi%25C3%25A8cle%2Bm%25C3%25A9decin%2B%2522quesnay%2522%26as_st%3Dy%26hl%3Dfr%26sa%3DG

http://www.herodote.net/histoire/synthese.php?ID=422

 

 

médecin Quesnay.jpg

 

 

 

 

« Au chevalier Jacques  de Rochefort d'Ally

 

A Ferney , 28 janvier  [1767]

 

             Voici, Monsieur, les lettres que j'ai reçues pour vous [le chevalier a séjourné au château]. Je suis bien fâché de ne vous les pas rendre en main propre . Mme Denis partage mes regrets.

 

             La malheureuse affaire [ affaire de contrebande de livres de Mme Lejeune ; on a saisi à cette occasion des exemplaires du Recueil nécessaire, les chevaux et un carrosse de Mme Denis dans lequel voyageait Mme Lejeune] dont vous avez la bonté de me parler ne devrait me regarder en aucune manière . J'ai été la victime de l'amitié [il rend d'Argental responsable de ses ennuis , cf lettre du 12 janvier ; le 13 janvier il écrit à Richelieu : « Vous seriez ... bien étonné de la raison principale qui peut me forcer ... à faire ce voyage. C'est un homme que vous connaissez, un homme ... dont vous vous êtes plaint quelquefois à moi-même, un homme qui est mon ami depuis plus de soixante années, un homme enfin qui par la plus singulière aventure du monde m'a mis dans le plus étrange embarras ; je suis compromis pour lui de la manière la plus cruelle, mais je n'ai à lui reprocher que de s'être conduit avec un peu trop de mollesse, et quoi qu'il arrive, je ne trahirai point une amitié de soixante années, et j'aime mieux tout souffrir que de le compromettre à mon tour . »], de la scélératesse [de Jeannin, lettres des 2 et 12 janvier ] et du hasard. Je finis ma carrière, comme je l'ai commencée, par le malheur.

 

             Vous savez d'ailleurs que nous sommes entourés de soldats [blocus de Genève par les troupes françaises , Choiseul, ministre des affaires étrangères emploie la force, les médiateurs n'ayant pu mettre fin aux dissensions] et de neige . Je suis dans la Sibérie, je ne puis l'habiter, et je n'en puis sortir . J'ai des malades sans secours, cent bouches à nourrir et aucunes provisions . Vous avez vu Ferney assez agréable   c'est actuellement l'endroit de la nature le plus disgracié et le plus misérable . Vous nous auriez consolés, Monsieur, et nous ne nous consolons de votre absence que parce que nous n'aurions et que nos misères à vous offrir.

 

             Ce pauvre père Adam est malade à la   mort, il ne peut avoir ni médecin ni médecine, ainsi il réchappera.

 

             Conservez-moi vos bontés et soyez bien convaincu de mon tendre et respectueux attachement.

 

             Voltaire. »

 

 

 

 

Puisqu'il est question du père Adam, jésuite que Volti a recueilli, voici quelques infos sur le Journal de Trévoux, production jésuite que Volti connaissait bien et critiquait tant et plus, en particulier certains rédacteurs :

http://s.bourdreux.free.fr/cabinet_Sigaud/chronologie/trevoux.htm

 

Et pour les curieux du XVIIIème :

http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://s.bourdreux.free.fr/cabinet_Sigaud/index_fichiers/sigaud.jpg&imgrefurl=http://s.bourdreux.free.fr/cabinet_Sigaud/chronologie/chronologie.htm&usg=__SG8wBFT6CbduGe5MT_UYtvWr9YM=&h=306&w=240&sz=13&hl=fr&start=9&tbnid=Ha-PCpS5iKaPuM:&tbnh=117&tbnw=92&prev=/images%3Fq%3DXVIII%2B%25C3%25A8me%2Bsi%25C3%25A8cle%2Bm%25C3%25A9decin%2B%2522quesnay%2522%26as_st%3Dy%26hl%3Dfr%26sa%3DG

27/01/2010

La baronne fut inflexible et voulut absolument dispenser toute sa maison de la douleur de la regretter

 

 http://www.dailymotion.com/video/x1smbz_freres-jacques-la...

 

DSC06510.JPG

           Pomme sur confiture-gelée de coing maison

Si quelqu'un peut m'identifier cette pomme, à la chair très blanche et murissement tardif, qu'il ou elle parle sans peur et sans crainte ! ce n'est pas de la délation !...

 

 

 

Très agréable amis, parfois, que ceux de Voltaire ! Les envois de nourritures terrestres ( y compris des pâtés ) n'étaient pas trop rares et de temps en temps étaient source de bons empoisonnements et gastro qui ramonent . La baronne en question ci-dessous, n'aura pas eu le temps de voir la couleur des pots de confiture et grâce au déiste Voltaire aura gagné un billet de paradis (?) pour l'au-delà.

 

« A Jean-Baptiste-Nicolas Formont

 

Ce 27 janvier  [1733]

 

             Les confitures que vous aviez envoyées à la baronne [Mme de Fontaine-Martel], mon cher Formont, seront mangées probablement par sa janséniste de fille [Mlle d’Estain, sur laquelle il courut le bruit qu’elle était fille illégitime] qui a l’estomac dévot, et qui héritera au moins des confitures de sa mère à moins qu’elles ne soient substituées comme tout le reste à Mlle de Clerc. Je devais une réponse à la charmante épître dont vous accompagnâtes votre présent, mais la maladie de notre baronne suspendit toutes nos rimes redoublées ; je ne croyais pas il y a huit jours que les premiers vers qu’il faudrait faire pour elle seraient son épitaphe. Je ne conçois pas comment j’ai résisté à tous les fardeaux qui m’ont accablé depuis quinze jours. On me saisissait Zaïre [Rouillé, responsable de la Librairie, interdit que l’épître dédicatoire au négociant Fawkener paraisse dans l’édition de Zaïre publiée avec privilège] d’un coté, la baronne se mourait de l’autre, il fallait aller solliciter le garde des Sceaux et chercher le viatique. Je gardais la malade pendant la nuit et j’étais occupé du détail de la maison tout le jour. Figurez-vous que ce fût moi qui annonçai à la pauvre femme qu’il fallait partir. Elle ne voulait point entendre parler des cérémonies du départ ; mais j’étais obligé d’honneur à la faire mourir dans les règles. Je lui amenai un prêtre moitié janséniste, moitié politique qui fit semblant de la confesser, qui vint ensuite lui donner le reste. Quand ce comédien de Saint Eustache lui demanda tout haut si elle n’était pas bien persuadée que son Dieu, son créateur était dans l’eucharistie, elle répondit ah, oui ! d’un ton qui m’eut fait pouffer de rire dans des circonstances moins lugubres. Je fis tout ce que je pus pour engager la mourante à laisser quelque chose à ses domestiques et surtout à une jeune personne de condition qu’elle avait prise depuis peu auprès d’elle, et qu’elle avait arrachée à sa famille sur l’espérance qu’elle lui avait donnée de la mettre sur son testament [Mlle de Grandchamp, nièce de Mme Dandrezel ; la duchesse d’Orléans s’occupera d’elle.]. La baronne fut inflexible et voulut absolument dispenser toute sa maison de la douleur de la regretter. Il y avait trois ans qu’elle avait fait un testament pour déshériter sa fille unique autant qu’elle le pouvait. Mais depuis ce temps elle avait renouvelé deux ou trois fois sa maison et ses amis. Pour moi je suis à présent dans l’embarras de chercher un logement et de réclamer mes meubles qui étaient confondus avec ceux de la baronne. Sans tous ces malheureux contretemps ma nouvelle tragédie serait bien avancée [Adélaïde du Guesclin]. A l’égard des Lettres anglaises je les ai envoyées à Thiriot qui compte en tirer à Londres beaucoup d’utilité [En 1733, Thiriot fait imprimer à Londres les Letters concerning the English nation, comprenant les lettres écrites directement en anglais et une partie des lettres récentes écrites en français et traduites en anglais ; il avait commencé à les composer au printemps 1728 et les rédigera à nouveau en 1732 en français]. Je ne sais si je les ferai imprimer dans ce pays ci et si je me hasarderai à braver encore l’inquisition qui persécute la littérature. J’attends le retour de Jore [imprimeur rouennais] à Paris pour me résoudre. Adieu, je vais être trois mois entiers tout à ma tragédie, après quoi je veux me consacrer le reste de ma vie à de amis comme vous. Adieu, je vous aime autant que je vous estime.

 

             V. »

 

 

 

 

 

Dédicace spéciale à Jean-Baptiste-NICOLAS Formont  : http://www.ina.fr/fictions-et-animations/feuilletons-et-s...

 

26/01/2010

Votre Majesté fait de beaux vers mais elle se moque du monde.

 "Je suis là pour qu'on me dise la vérité"

Nicolas S. je vous saurai gré que ce soit réciproque !! Tant de votre part que celle de vos ministres !

Auriez-vous copié sur Coluche pour préparer votre intervention qui , à mes yeux, est comme un emplâtre sur une jambe de bois  !  http://video.google.fr/videoplay?docid=790778664406252206...#

"... les perspectives électorales qui me concernent [présidentielles] ne rentrent en rien en ligne de compte dans mes décisions." : que Benoît Treize et trois ne referme pas le livre des saints  en devenir et commande une auréole (qui résiste aux détachants de droite et de gauche ! ) pour saint Nic ( tout le monde ! ).

Chère Carla, (très chère ), telle Marie de Magdala, je vous invite à parfumer les pieds de celui qui botte si facilement le cul de la France d'en bas afin de faire son bonheur malgré elle . On aura toujours aussi mal, mais on le sentira venir . Un peu comme le pou qui était éliminé par la Marie-Rose, "la mort parfumée des poux !" (publicité réaliste des années soixante ), nous serons condamnés mais nous aurons peut-être le temps de nous blinder. Après plusieurs applications, quelques-uns développeront des résistances salutaires . Ceux qui vont se gratter vont changer de coté !

Je suis un peu las -et là aussi !- d'entendre une version ministérielle un jour et son contraire trois jours plus tard ! 

Ras le bol aussi de ceux qui crient "au loup" quand on n'en voit pas même l'ombre !

Qui vous croira le jour où l'on en verra les dents, trop tard  ? H1 N1 ? Soldes monstres pour du vaccin ! Du bon, du vrai, qui protège l'industrie pharmaceutique d'abord .

M. Proglio ! pauvre hère ! une tête et deux casquettes !

Il est bien protégé donc je me permets de  taper sur sa tête golden globe : vous qui en dirigeant EDF n'allez plus payer de facture d'électricité (comme tous les EDFistes) -enfin , je veux dire une participation symbolique -, trouvez-vous normal d'augmenter les tarifs EDF pour le vulgum pecus dont je fais partie ?  Oui ? Doit-on admirer ce courage extraordinaire qui vous fait renoncer au plus petit des deux salaires ? Ou plus réellement doit-on féliciter votre conseiller fiscal ? Je penche bien sûr pour cette option .

                           

 

 

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

 

A Cirey ce 26 janvier 1749

 

              Sire,

              Je reçois enfin le paquet dont votre Majesté m’a honoré du 28 novembre . Un maudit courrier , qui s’était chargé de ce paquet enfermé très mal à propos , dans une boîte adressée à Mme du Châtelet, l’avait porté à Strasbourg et de là dans la ville de Troyes où j’ai été obligé de l’envoyer chercher.

 

Tous les amiraux d’Albion

Auraient eu le temps de nous rendre

Les ruines du Cap Breton,

[réf à la prise de Louisbourg par les Anglais en 1745]

Et nous le temps de les reprendre ;

Pendant que cet aimable don

De mon Frédéric Apollon

À Cirey se faisait attendre.

 

 

apollon.gif

 

              On revient toujours à ses goûts, vous faites des vers quand vous n’avez plus de batailles à donner . Je croyais que vous étiez mis tout entier à la prose.

 

Mais il faut que votre génie

Que rien n’a jamais limité,

S’élance avec rapidité

Du haut du mont inhabité

Où baille la philosophie ;

Jusqu’aux lieux pleins de volupté,

Où folâtre la poésie.

 

              Vous donniez sur les oreilles aux Autrichiens et aux saxons, vous donnez la paix dans Dresde, vous approfondissez la métaphysique , vous écrivez les mémoires d’un siècle dont vous êtes le premier homme, et enfin vous faites des vers et vous en faites plus que moi qui n’en peux plus, et qui laisse là le métier.

 

              Je n’ai point encore vu ceux dont Votre Majesté a régalé M. de Maurepas, mais j’en avais déjà vu quelques uns de l’épître à votre président des xx,  et des beaux arts.

 

Le neveu de Duguay-Trouin,

Demi-homme et demi-marsouin,

 

avait déjà fait fortune [épître à Maupertuis, de Frédéric II ; Maupertuis est de saint Malo comme Duguay-Trouin]. Nos connaisseurs disent : voilà qui est du bon ton, du ton de la bonne compagnie. Car, Sire, vous seriez cent fois plus héros, nos beaux esprits, nos belles dames vous sauraient gré surtout d’être du bon ton . Alexandre sans cela n’aurait pas réussi dans Athènes ni Votre Majesté dans Paris.

 

              L’épître sur la vanité et sur l’intérêt [Frédéric le 15 avril 1740 avait envoyé ce qui sera imprimé sous le titre d’Epître sur la Gloire et l’Intérêt.] m’a fait encore plus de plaisir que ce bon ton et que la légèreté des grâces d’une épître familière. Le portrait de l’insulaire

Qui de son cabinet pense agiter la terre ,

De ses propres sujets habile séducteur,

Des princes et des rois dangereux corrupteur,

etc.

 

est un morceau de la plus grande force et de la plus grande beauté . Ce ne sont pas là des portraits de fantaisie [Frédéric écrivait le 29 novembre 1748 qu’il envoyait « l’amas des portraits / Qu’a peints (sa) verve diffuse ».]; tous les travers de notre pauvre espèce sont d’ailleurs très bien touchés dans cette épître.

 

Des fous qui s’en font tant accroire

Vous peignez les légèretés.

De nos vaines témérités

Vos vers sont la fidèle histoire,

On peut fronder les vanités

Quand on est au sein de la gloire.

 

              Je croirais volontiers que l’ode sur la guerre [Frédéric : La Guerre présente] est de quelque pauvre citoyen, bon poète d’ailleurs, lassé de payer le dixième, et le dixième du dixième, et de voir ravager sa terre pour des querelles de rois. Point du tout , elle est du roi qui a commencé la noise [en décembre 1740, Frédéric avait envahi la Silésie, province autrichienne], elle est de celui qui a gagné les armes à la main une province et cinq batailles . Sire, Votre Majesté fait de beaux vers mais elle se moque du monde.

 

              Toutefois qui sait si vous ne pensez pas réellement tout cela quand vous l’écrivez ? Il se peut très bien faire que l’humanité vous parle dans le même cabinet où la politique et la gloire ont signé des ordres pour assembler des armées . On est animé aujourd’hui par la passion des héros . Demain on pense en philosophe. Tous cela s’accorde à merveille selon que les ressorts de la machine pensante sont montés. C’est une preuve de ce que vous daignâtes m’écrire il y a dix ans sur la liberté . J’ai relu ici ce petit morceau très philosophique . Il fait trembler . Plus j’y pense plus je reviens à l’avis de Votre Majesté. J’avais grande envie que nous fussions libres . J'ai fait tout ce que j’ai pu pour le croire . L’expérience et la raison me convainquent que nous sommes des machines faites pour aller un certain temps, et comme il plait à Dieu.

 

              Remerciez la nature de la façon dont votre machine est construite, et de ce qu’elle a été montée pour écrire l’épître à Hermotime [Frédéric : Sur l’avantage des lettres ].

 

Le vainqueur de l’Asie en subjuguant cent rois

Dans le rapide cours de ses brillants exploits

Estimait Aristote ; et méditait son livre.

Heureux si sa raison, plus docile à le  suivre,

Réprimant un courroux trop fatal à Clitus

N’eût par ce meurtre affreux obscurci ses vertus,

etc.

 

              Personne en France n’a jamais fait de meilleurs vers que ceux-là. Boileau les aurait adoptés. Et il y en a beaucoup de cette force, de cette clarté et de cette élégance harmonieuse dans votre épître à Hermotime. Votre Majesté a déjà peut-être lu Catilina, elle peut voir si nos académiciens écrivent aussi purement qu’elle [V* reprendra cette flatterie le 17 mars pour contrer Crébillon, que défend plus ou moins Frédéric].

 

              Sire, grand merci de ce que dans  votre ode sur votre académie [Frédéric : Le rétablissement de l’Académie], vous daignez aux chutes des strophes employer la mesure des trois petits vers de trois pieds ou six syllabes . Je croyais être le seul qui m’en étais servi . Vous la consacrez . Il y a peu de mesures à mon gré aussi harmonieuses, mais aussi, il y a peu d’oreilles qui sentent ces délicatesses. Votre géomètre borgne dont Votre Majesté parle n’en sait rien [Euler, né à Bâle]. Nous sommes dans le monde un petit nombre d’adeptes qui nous y connaissons, le reste n’en sait pas plus qu’un géomètre suisse. Il faudrait que tous les adeptes fussent à votre cour.

 

              J’avais en quelque sorte prévenu la lettre de Votre Majesté, en lui parlant de la cour de Lorraine, où j’ai passé quelques mois entre le roi Stanislas et son apothicaire, personnage plus nécessaire pour moi que son auguste maître, fût –il souverain dans la cohue de Varsovie.

 

J’aime fort cette Épiphanie

Des trois rois que vous me citez,

Tous trois différents de génie,

Tous trois de moi très respectés.

Louis mon bienfaiteur, mon maître,

M’a fait un fortuné destin.

Stanislas est mon médecin.

Mais que Frédéric veut-il être ?

 

              Vous daignez, Sire, vouloir que je sois assez heureux pour vous venir faire ma cour ? Moi ! voyager pendant l’hiver dans l’état où je suis ? Plût à Dieu, mais mon cœur et mon corps ne sont pas de la même espèce. Et puis, Sire, pourrez-vous me souffrir ? J’ai eu une maladie qui m’a rendu sourd d’une oreille, et qui m’a fait perdre mes dents . Les eaux de Plombières m’ont laissé languissant . Voilà un plaisant cadavre à transporter à Potsdam ! et à passer à travers vos gardes ! Je vais me tapir à Paris au coin du feu . Le roi mon maître a la bonté de me dispenser de tout service [Louis XV permet à V* de vendre sa charge de gentilhomme ordinaire de la chambre tout en gardant le titre.] . Si je me raccommode un peu cet hiver, il serait bien doux de venir me mettre à vos pieds dans le commencement de l’été. Ce serait pour moi un rajeunissement mais dois-je l’espérer ? Il me reste un souffle de vie, et ce souffle est à vous . Mais je voudrais venir à Berlin avec M. de Séchelles que Votre Majesté connaît . Elle en croirait peut-être plus un intendant de l’armée qui parle gras, et qui m’a rendu le service de faire arrêter à Bruxelles la nommée des Vignes laquelle était encore saisie de tous les papiers qu’elle avait volés à Mme du Châtelet et dont elle avait déjà fait marché avec les coquins de libraires d’Amsterdam [vente de lettres de V*, de Mme du Châtelet et de Frédéric à Ledet qui les imprima et intervention de Séchelles intendant des pays conquis]. Votre Majesté pourrait très aisément s’en informer [V* le racontait à Frédéric dès le 22 septembre 1746]. Je vous avoue, Sire, que j’ai été très affligé que vous ayez soupçonné que j’eusse pu rien déguiser [le 29 novembre 1748, Frédéric évoquait ironiquement l’éventualité d’un vol de la cassette de V* et d’une impression des vers qu’il envoyait et qui s’y trouveraient ]. Mais si les libraires d’Amsterdam sont des fripons à pendre, le grand Frédéric après tout doit-il être fâché qu’on sache dans la postérité qu’il m’honorait de ses bontés ?

 

              Pour moi, Sire, je voudrais n’avoir jamais rien fait imprimer, je voudrais n’avoir écrit que pour vous, avoir passé mes jours à votre cour, et passer encore le reste de ma vie à vous admirer de près . J’ai fait une très grande sottise de cultiver les lettres pour le public . Il faut mettre cela au rang des vanités dangereuses dont vous parlez si bien . Et en vérité, tout est vanité hors de passer ses jours auprès d’un homme tel que vous.

 

              Faites comme il vous plaira, mais mon admiration, mon très profond respect, mon tendre attachement ne finiront qu’ avec ma vie.

 

              V. »