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09/02/2010

si j’avais vos connaissances, votre style, et votre précision

 

 

 Je fais un petit détournement de signification pour "sel" juste pour vous faire remuer :

http://www.youtube.com/watch?v=aZ0BpzVRQPc

 

sel-uyuni-bolivie.jpg

 Quelques repères sur des valeurs de nos jours oubliées :

http://dictionnaire.sensagent.com/minot/fr-fr/

 

Sel, produit nécessaire (?) ce jour où il neige sur le château depuis ce matin : http://videos.tf1.fr/jt-we/l-est-de-la-france-en-rupture-...

 

http://www.tagtele.com/videos/voir/48955 = "arpents verts" so kitch !

 

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LouisDor_France_back_1726.jpg

 

 

 

« A François de Fargès de Polizy

 

9 février 1776

 

                            Monsieur,

 

                            La lettre dont vous m’honorez du 31 janvier reçue le 7 février redouble la joie et les acclamations de mes compatriotes.

 

                            Je commence par vous remercier au nom de douze mille hommes de vos deux mille minots de sel.

 

                            Ensuite j’ose vous prier, monsieur, de vouloir bien seulement montrer à monsieur le contrôleur général dans un moment de loisir ce petit article-ci par lequel je lui demande pour nos Etats la faveur de les laisser les maîtres d’asseoir la répartition des trente mille livres pour les pauvres fermiers généraux [rachat du monopole des fermiers généraux dans le pays de Gex]. Le fait est qu’en général l’agriculture dans notre canton est à  charge aux propriétaires, et qu’un homme qui n’a point d’attelage pour labourer son champ et qui emprunte la charrue et la peine d’autrui perd douze livres par arpent. Un gros marchand horloger peut gagner  trente mille francs par an. N’est-il pas juste qu’il contribue un peu à  soulager le pays qui le protège ? Tout vient de la terre sans doute, elle produit les métaux comme les blés, mais cet horloger n’emploie pas pour trente sous de cuivre et de fer au mouvement d’une montre qu’il vend cinquante louis d’or. Et ce cuivre, et ce fer changé en acier fin, il le tire de l’étranger. A l’égard de l’or dont la boite est formée et des diamants dont elle est souvent ornée, on sait assez que notre agriculture ne produit pas de ces misères.

 

                            Nous nous proposons, Monsieur, de ne recevoir jamais au-delà de six francs par tête de chaque maître horloger et nous n’en recevrons pas davantage des autres marchands et des cabaretiers qui offrent tous de nous secourir dans l’affaire des trente mille livres, et dans celle de l’heureuse abolition des corvées.

 

                            Quant à la nécessité absolue de tirer nos grains de la Franche-Comté et du Bugey ou de mourir de faim, si quelques paysans abusent de cette permission, il sera aisé à monsieur le contrôleur général de limiter d’un mot la quantité de cette importation.

 

                            Pour les tanneries j’ai cru, Monsieur, sur la foi de l’almanach royal qu’elles étaient sous vos ordres [Fargès est intendant du Commerce]. Je me contente de représenter ici que les tanneries de Gex ont été déclarées exemptes de tous droits par le duc de Sully, prédécesseur immédiat de monsieur Turgot.

 

                            A l’égard des pauvres habitants de l’abîme nommé Lélex, cinq cents pieds sous neige au bas de la Faucille de Gex, déclarés dépendants de Belley à quinze lieues de leur habitation, par cet autre prédécesseur monsieur l’abbé Terray, je me jette encore aux pieds de monsieur le contrôleur général en faveur de ces malheureux qui travaillèrent encore l’an passé à nos corvées, et qui ont toujours pris leur sel à Gex. Les gardes viennent de les saisir chargés de quelques livres de sel achetées à Ferney. J’ai pris la liberté d’envoyer le procès-verbal à Mons[ei]g[neur] le contrôleur général.

 

                            Nous attendons l’édit des corvées comme des forçats attendent la liberté. Vous daignez me proposer, Monsieur, de publier un écrit sur cet objet. J’y travaillerais sans doute dès ce moment, si j’avais vos connaissances, votre style, et votre précision. Je suis si ignorant sur cette matière que je ne sais pas même comment monsieur Turgot s’y est pris pour détruire ce cruel abus dans sa province. Si je recevais de vos bontés quelques instructions, je pourrais hasarder de me faire de loin votre secrétaire comme je le suis de nos Etats.

 

                            Pourriez-vous, Monsieur, pousser votre extrême condescendance jusqu’à me favoriser d’un mot de réponse et d’éclaircissement sur les articles de cette trop longue lettre ?

 

                            J’ai l’honneur d’être avec respect et reconnaissance

                                      Monsieur votre …

 

                                                                  Voltaire. »

 

 

 

 

Quelques renseignements sur les arcanes du gouvernement sous l'Ancien Régime , où l'on retrouve notre Fargès de Polizy :  http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/be...

 

 

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