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20/09/2011

Le combat des dieux et des géants est au rang de ces grandes choses qui deviennent ridicules, et qu'une dépense royale peut sauver à peine

 

combat dieu geant.jpg

Cette image n'est pas sans évoquer l'actualité politique française qui voit ses combats de coqs et poules, mais aussi les affres dûs à l'euro au pays des anciens dieux et demi-dieux qui n'est plus qu'un pays de nains et humains de plus ou moins mauvaise volonté, la Grèce .

Je peux vous assurer qu'ils ne jouent pas à "je te tiens, tu me tiens par la barbichette !"

Nom de Zeus ! comment celà va-t-il finir ?

 

 

 Ce jour de 1754, Volti , en ménageant les "faiseurs de double croches," est fort mal à l'aise en voyant son enfant défiguré, lui qui aime le travail bien fait .

 

« A Joseph-Nicolas-Pancrace Royer1

 

Le 20 [septembre 1754]

 

J'avais eu, monsieur, l'honneur de vous écrire, non seulement pour vous marquer tout l'intérêt que je prends à votre mérite et à vos succès, mais pour vous faire voir aussi quelle est ma juste crainte que ces succès si bien mérités ne soient ruinés par le poème 2 défectueux que vous avez vainement embelli . Je peux vous assurer que l'ouvrage sur lequel vous avez travaillé ne peut réussir au théâtre . Ce poème, tel qu'on l'a imprimé plus d'une fois, est peut-être moins mauvais que celui dont vous vous êtes chargé ; mais l'un et l'autre ne sont faits ni pour le théâtre ni pour la musique . Souffrez donc que je vous renouvelle mon inquiétude sur votre entreprise, mes souhaits pour votre réussite, et ma douleur de voir exposer au théâtre un poème qui en est indigne de toutes façons, malgré les beautés étrangères dont votre ami, M. de Sireuil,3 en a couvert les défauts . Je vous avais prié, monsieur, de vouloir bien me faire tenir un exemplaire du poème tel que vous l'avez mis en musique, attendu que je ne le connais pas . Je me flatte, monsieur, que vous voudrez bien vous prêter à la condescendance de M. de Moncrif,4 examinateur de l'ouvrage, en mettant à la tête un avis nécessaire, conçu en ces termes :

« Ce poème est imprimé tout différemment dans le recueil des ouvrages de l'auteur ; les usages du théâtre lyrique et les convenances de la musique ont obligé d'y faire des changements pendant son absence . »

 

Il serait mieux, sans doute, de ne point hasarder les représentations de ce spectacle, qui n'était propre qu'à une fête donnée par le roi, et qui exige une quantité prodigieuse de machines singulières . Il faut une musique aussi belle que la vôtre, soutenue par la voix et par les agréments d'une actrice principale, pour faire pardonner le vice du sujet et l'embarras inévitable de l’exécution . Le combat des dieux et des géants est au rang de ces grandes choses qui deviennent ridicules, et qu'une dépense royale peut sauver à peine .

 

Je suis persuadé que vous sentez comme moi tous ces dangers ; mais si vous pensez que l'exécution puisse les surmonter, je n'ai auprès de vous que la voie de représentation 5. Je ne peux, encore une fois, que vous confier mes craintes ; elles sont aussi fortes que la véritable estime avec laquelle j'ai l'honneur d'être, etc . »

 

 

1 Né en Savoie en 1705, Royer fut nommé parLouis XV , inspecteur général de l'Opéra en 1753, et compositeur de la chambre du roi en 1754 ; il mourut le 11 janvier 1755 .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Nicolas_Pancrace_Royer

2 Pandore ou Prométhée , que V* appelait ironiquement Le Péché originel: http://baroquelibretto.free.fr/pandore.htm

Cet opéra fut répété en octobre 1752, mais non encore joué ni publié .

3 Voir l'évolution de l'opinion de V* au sujet de Royer et Sireuil : http://operabaroque.fr/LA_BORDE_PANDORE.htm

4 François-Augustin Paradis de Moncrif , poête et amuseur des grands, correspondant de V* de 1722 à 1760, réussira à être censeur royal, grâce à la faveur de la reine Marie Leszczynska .

5 Après avoir reçu le texte retenu par Royer et Sireuil, V* adressera ses protestations à Moncrif, à d'Argental et au président Hénault dans ses lettres datées du 15 octobre 1754 .

NDLR : à paraître .

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