Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/01/2017

Votre mari , monsieur, va bientôt quitter votre ménage pour aller travailler

... 250 ans avant le mariage pour tous (pour tous ceux qui le désirent, et non pour les mariées forcées), la réalité dépassait la fiction . 

 Afficher l'image d'origine

 

 

 

« A Ami Camp, Banquier

à Lyon

Aux Délices 20 janvier 1762

Votre mari 1, monsieur, va bientôt quitter votre ménage pour aller travailler avec les soixante et une personnes 2 en comptant le roi, par qui la France est administrée . Ce sera donc vous seul que Mme Denis et moi, nous accablerons désormais . Vous daignez vous charger de tous les chiffons de Mme Denis . Vous êtes inépuisables dans vos bontés votre mari et vous . Il faut bien en passer par ce que vous ordonnez . Je n'écris point à M. Tronchin . Je le crois un peu occupé, et je sais respecter le poids des affaires qu'il doit avoir sur les bras , et l'immense quantité de lettres auxquelles il doit répondre . Si vous avez , monsieur, un moment de loisir, je vous dirai que j'ai reçu le group de deux cents louis, et que vers le premier février j'attendrai les cent louis que je vous prie d'adresser à moi-même, chez M. Cathala . Ce sera moi qui présenterai chaque mois cent louis à notre économe dépensière, et au mois de mars vous aurez la bonté de retenir la valeur des chiffons que notre dépensière aura fait venir pour ses amusements, car nous sommes convenus que cent louis par mois avec le produit de nos terres suffiraient pour notre subsistance et pour nos plaisirs, et cet arrangement me paraît assez honnête .

Je ne comprends pas parmi les chiffons, la balle de café et le tonneau d'huile , que M. Tronchin a bien voulu me promettre . Ce sont de bons effets et bien nécessaires . Nous sommes obligés d'acheter à présent le café à Genève , et nous n'y en trouvons que de très mauvais . Cette malheureuse guerre dont je ne prévois pas la fin est un coup terrible porté au commerce .

J'embrasse tendrement et sans cérémonie le mari et la femme .

V. »

1 Jean-Robert Tronchin, selon une plaisanterie usuelle entre eux . Voir lettre du 13 juin 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/13/dans-cette-incertitude-je-prends-le-parti-le-plus-convenable-5639479.html

 

La vie est courte . Il n'y a pas un moment à perdre à l'âge où je suis . La vie des talents est encore plus courte

... Et dire qu'on se prive des talents de milliers de jeunes en gardant de vieux croutons au pouvoir ! Gâchi !

Afficher l'image d'origine

 https://www.youtube.com/watch?v=VLJWAWOR3e8

Un chant qui me touche toujours : Voici : https://www.youtube.com/watch?v=XsvZ-vokO7k

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

20 janvier [1762]

Divins anges, ce n'est pas tout . Renvoyez-moi je vous prie tous mes chiffons sitôt la présente reçue . C'est-à-dire les deux leçons de cette œuvre des six jours que je mets plus de six fois six autres jours à reprendre en sous-œuvre . Ou je suis un sot, ou cela sera déchirant ; et vous en viendrez à votre honneur . Vous pouvez être sûrs que si je reçois le matin votre paquet, un autre partira le soir pour aller se mettre à l'ombre de vos ailes . Ah que vous m'avez fait aimer le tripot ! Je relisais tout à l'heure une première scène d'un drame commencé et abandonné 1. Cette première scène me réchauffe , je reprendrai ce drame . Mais il faut songer sérieusement à Pierre le premier de nos apôtres .

Je désire toujours ardemment de voir Le Droit du seigneur tel qu'il sera donné corrigé ou défiguré 2. La vie est courte . Il n'y a pas un moment à perdre à l'âge où je suis . La vie des talents est encore plus courte . Travaillons tandis que nous avons encore du feu dans les veines . Je suis content de l'Espagne . Il vaut mieux tard que jamais .

Il y a longtemps que je dis : gare à vous Joseph 3 – je dis aussi : gare à vous Luc .

Aux pieds des anges .

V. »

1 Don Pèdre .

2 Thibouville écrivait la veille à V* : « […] je veux vous parler de la comédie d'hier, qu'on nomme L’Écueil du sage . Elle eut les plus grands applaudissements, et elle les mérite . C'est un composé de la plus agréable plaisanterie, de la plus belle morale , des plus grands sentiments . Cela est plein de choses ; de pensées fines, neuves ; de vers, comme vous les feriez ; en un mot, cela est charmant . Je ne vous dirai pas le nom de l'auteur ; il ne s'est pas déclaré ; mais on dit qu'il habite dans vos cantons ; si vous pouvez le deviner faites-lui nos compliments . »

3 Le roi du Portugal : https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Ier_(roi_de_Portugal; le 4 janvier l'Espagne a déclaré la guerre au Portugal .