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05/12/2017

quoique la religieuse avoue que mademoiselle Calas sera damnée dans l’autre monde, elle avoue qu’elle et toute sa famille méritent beaucoup de protection dans celui-ci

... C'est bien ainsi que tous les religieux de toutes espèces devraient penser et agir, laisser le soin à un dieu hypothétique de faire ses jugements, et, de leur côté accorder un peu de soin aux humains qui nous entourent .

 En ce jour, Jean d'Ormesson a cessé de se poser la question de l'existence de Dieu et de la vie éternelle ; pour Dieu , je n'y crois pas / plus , pour la vie éternelle je crois que son oeuvre [celle de Jean d'O, bien sûr !] l'assurera .

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

A Ferney 20 janvier 1763

J’envoie à mes anges la copie d’une lettre d’une grave et honnête religieuse de Toulouse 1. Cette lettre me paraît bien favorable pour nos pauvres Calas ; et quoique la religieuse avoue que mademoiselle Calas sera damnée dans l’autre monde, elle avoue qu’elle et toute sa famille méritent beaucoup de protection dans celui-ci.

Il y a longtemps que mes anges ne m’ont parlé de cette importante affaire ; j’ose espérer que la révision sera incessamment accordée. Si mes anges veulent avoir la bonté de m’envoyer les chansons du roi David, traduites par ce Laugeois, ci-devant directeur des fermes 2, je lirai avec componction les psaumes pénitentiaux, attendu que je suis malade.

Je ne sais point de nouvelles du tripot ; j’ignore s’il y a des tragédies, des comédies nouvelles : mes anges m’abandonnent. Peut-être aurai-je demain la consolation de recevoir une de leurs lettres. En attendant, je baise le bout de leurs ailes avec toute l’humilité possible, et j’ai toujours pour eux le culte de dulie 3. Savez-vous ce que c’est que le culte de dulie, mes anges ? »

1 Anne Julie Fraisse ; religieuse de la Visitation de Ste Marie de Toulouse  : Lettre écrite à un des principaux magistrats du Conseil d'Etat, le 24 décembre 1762 .Voir : https://books.google.fr/books?id=0nnxGEXYcR0C&pg=PA377&lpg=PA377&dq=Anne+Julie+Fraisse&source=bl&ots=KQNNznL26Q&sig=8EbirEU2sq9fWM6u-yd4kHU_gKk&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjtgtqR-fLXAhVHZVAKHU_8AQ4Q6AEITDAI#v=onepage&q=Anne%20Julie%20Fraisse&f=false

2 Traduction nouvelle des Pseaumes de David, faite sur l’hébreu & justifiée par le génie de la langue par Joseph-Michel Laugeois de Chastellier .

3 En termes de théologie, le culte de dulie peut être rendu aux anges et aux saints, le culte de lâtrie à Dieu seul .

J'ai vu en ma vie des Russes et des Chinois, et j'ai trouvé les Russes beaucoup plus aimables

... Je n'ai pas à faire le même constat aussi tranché , n'ayant pas eu l'occasion de voir suffisamment de ces orientaux , mais je n'ai pas à m'en plaindre non plus, ceux que j'ai vus ayant été tous de bonne compagnie . Sans doute était-ce l' "effet Voltaire" qui agissait puisque c'était en son château , où je souhaite qu'ils viennent,  et reviennent ,nombreux dès le 30 mai 2018 .

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« A François-Pierre Pictet

à Petersbourg .

18è janvier 1763, à Ferney 1

Que voulez-vous que je vous mande, mon cher géant, que j'ai soixante et dix ans, ou peu s'en faut ? que je suis accablé de maladies et de neiges ! ne savez-vous pas tout cela ? ne savez-vous pas que je vous aime, et que je vous regrette ? et Mlle Catau ne vous l'a-t-elle pas dit ? ne vous ai-je pas envoyé Le Droit du seigneur par elle ? c'est à vous d'écrire, s'il vous plait, à vous qui êtes dans la cour la plus brillante de l'Europe, qui vous portez bien, et qui n'avez que des choses agréables à mander .

Il y a des gens qui trouvent ici fort mauvais que vous n'alliez point à la Chine . Ils disent que vous manquez la plus belle occasion du monde de voir le pays de Confucius, et que vous leur rapporteriez des magots à votre retour . Je ne pense point du tout comme ces messieurs-là , et je donne , sans contredit , la préférence à l'impératrice de Russie sur l'empereur de la Chine . Je parie que ses yeux à la chinoise ne valent pas ceux de l'auguste Catherine , qu'il n'a ni son esprit, ni sa grandeur d’âme, ni ses grâces . Je parie encore qu'il n'a point encore de lettré à Pékin, qui s'approche de M. de Schouvalov .

J'ai vu en ma vie des Russes et des Chinois, et j'ai trouvé les Russes beaucoup plus aimables . Adieu mon cher géant , il n'y a pas d'apparence que je vous revoie, mais je vous aimerai tant que je vivrai .

V. »

1 Pictet a écrit à V* le 19/30 novembre 1763 .