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30/11/2020

si vous avez quelques ordres à me donner, je les exécuterai très fidèlement. Je suis assez comme cette vieille maquerelle qui se mourait, et qui disait à ses demoiselles , croyez-vous que je puisse tromper quelqu’un en l’état où je suis ?

... Je verrais assez bien M. Darmanin s'exprimer ainsi après le foutoir de ces derniers jours (je dirais même : semaines ? ) !

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

30 juillet [1765]

Il n’est pas juste, monseigneur, qu’un vieux amateur et serviteur du tripot comique, comme moi, ait chez lui Mlle Clairon, sans vous demander vos ordres. Elle vient d’arriver ; j’ignore encore l’état de sa santé ; j’ignore le parti qu’elle sera obligée de prendre, et je crois que je dois demander vos ordres pour savoir sur quel ton je dois lui parler, et quelles sont vos intentions. Ce n’est pourtant pas que je pense que mes conseils aient beaucoup d’autorité sur elle ; il est à croire que M. le comte de Valbelle aura beaucoup plus de crédit que moi ; mais enfin, si vous avez quelques ordres à me donner, je les exécuterai très fidèlement. Je suis assez comme cette vieille maquerelle qui se mourait, et qui disait à ses demoiselles , croyez-vous que je puisse tromper quelqu’un en l’état où je suis ? Comptez, monseigneur, que l’envie de vous plaire sera ma dernière volonté.

La mort du duc de Parme est une belle leçon de l’inoculation . Son fils, qui a eu la petite-vérole artificielle, est en vie, et le père, qui a négligé cette précaution, meurt à la fleur de son âge. Les vieilles femmes inoculent elles-mêmes leurs petites-filles dans le pays que j’habite. Est-il possible que le préjugé dure en France si longtemps !

Je suis actuellement auprès de M. Tronchin ; ainsi vous me pardonnerez de vous parler d’inoculation. J’ai un peu recouvré la vue, mais je perds tout le reste. Conservez votre santé, ce bien sans lequel les autres ne sont rien, et vivez, s’il se peut, aussi longtemps que votre gloire.

V. »

29/11/2020

une belle réponse aux ardélions  : elle doit vous faire aimer de vos inférieurs, et vous faire respecter de vos égaux

... Encore faut-il que ça vaille la peine  de répondre à des verbeux qui ne fichent rien .

 

 

 

« Au marquis Francesco Albergati Capacelli. Senatore

di Bologna

à Bologna

29è juillet 1765, à Ferney 1

C’est une grande consolation, monsieur, dans ma vieillesse infirme, de recevoir de vous le beau recueil dont vous m’avez honoré. Votre présent est venu bien à propos, je peux encore lire dans les beaux jours de l’été. J’ai déjà lu votre traduction de Phèdre 2; et j’ai parcouru tout le reste, que je vais lire très-attentivement. Je suis toujours étonné de la facilité avec laquelle vous rendez vers pour vers une tragédie tout entière. Votre style est si naturel qu’un étranger qui n’aurait jamais entendu parler de la Phèdre de Racine, et qui aurait appris parfaitement l’italien et le français, serait très-embarrassé à décider laquelle des deux pièces est l’original. Il faut vous avouer que les Français n’ont jamais eu de traductions pareilles en aucun genre . Cet avantage, que vous possédez, ne vient pas seulement de l’heureuse flexibilité de la langue italienne, il est dû à votre génie.

Je trouve, monsieur, que votre préface est une belle réponse aux ardélions 3 : elle doit vous faire aimer de vos inférieurs, et vous faire respecter de vos égaux.

J’ai entrevu, par ce que vous dites sur Idoménée, qu’en effet vous aviez trop honoré un ouvrage qui ne méritait pas vos soins . Ce qui est méprisé chez nous ne doit pas être estimé en Italie.

Permettez que je joigne ici les éloges et les remerciements que je dois à M. Agostini 4. Il me parait bien digne de votre amitié . Vous ne pouviez être mieux secondé dans la culture des beaux-arts. On disait autrefois, dans les temps d’ignorance : Bononia docet ; on doit dire aujourd’hui, grâce à vous, dans le temps du goût et de l’esprit : Bononia placet 5.

Adieu, monsieur, je ne peux mieux finir ma carrière qu’en regrettant de n’avoir pas eu l’honneur de vivre avec vous. Tant que je vivrai, vous n’aurez point de partisan plus zélé, ni d’ami plus véritable.

V. »

1 Mention « f[ran]co Milano » sur le manuscrit .

Albergati a écrit le 9 juillet 1765 à V* en envoyant « deux tomes de tragédies traduites »( Phèdre, et Idoménée).

3 Mot, pur latinisme, ardelio se trouve chez Phèdre, etc., qui signifie à peu près « personne empressée à donner des conseils et qui ne fait rien ».

4 Les éditions mettent Paradisi et c'est en effet ce que V* veut dire : il emploie ici le prénom Agostini au lieu du nom .Paradisi a traduit la Mort de César et Tancrède.

5 Bologne instruit … Bologne plait .

28/11/2020

un inconnu qui signe La Chassagne m’écrit qu’il a besoin d’argent. Il est commis, à ce qu’il dit, au bureau des Affiches

... Serait-ce , sous un nom d'emprunt Jacques Séguéla , notre célèbre vendeur de vent et de président ? https://www.francetvinfo.fr/societe/en-images-de-la-rolex...

Astérix : les lecteurs veulent les aventures de Sarkozix le Gaulois

Tiens, ça me fait penser à l'affaire Bygmalion ! [ en remarquant que Séguéla n'est pas dans le coup, mais qu'il a fait école pour les suceurs de deniers publics ]

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

28è juillet 1765

C’est pour vous dire, mon ancien ami, qu’un inconnu qui signe La Chassagne m’écrit qu’il a besoin d’argent. Il est commis, à ce qu’il dit, au bureau des Affiches. Il dit qu’il ira prendre ma réponse chez vous. Cette réponse est que je voudrais soulager tous ceux qui sont dans le besoin, mais que M. De Laleu a fait pour moi tant d’avances qu’il n’est pas possible que je lui en demande de nouvelles.

Je suis fort en peine de deux affaires qui doivent intéresser tous les honnêtes gens . Il s’agit de la pension d’Archimède et de l’algarade qu’on a faite à M. de Beaumont.

Mlle Clairon vient demain chez moi. J’attends avec impatience mon philosophe Damilaville, et je voudrais bien que vous fussiez du voyage.

V. »

27/11/2020

je préfère la philosophie à la déclamation la plus parfaite

... Et question déclamations nous sommes gâtés ces jours-ci ! Du président de la république jusqu'au dernier péquin du fin fond de radio-trottoir, tout le monde a son mot à dire sur l'évolution du confinement Covid-19 .

Je suis particulièrement touché par le ridicule, -je persiste et signe-, le ridicule disais-je, de mes compatriotes catholiques qui viennent pleurer comme des Madeleine pour avoir le droit d'être plus de trente à la messe . Moi, je dis que c'est une bonne chose d'avoir cette limite, ça évitera de voir ces pieux paroissiens se garer sur les trottoirs impunément ; même pas le courage de faire 200 mètres pour aller sur le parking le plus proche , et ce troupeau chevrotant veut gagner le paradis ! Vu le nombre des mécontents face à la norme légale, je retrouve bien ce caractère de cochon franchouillard, toujours faire le contraire de ce qui est demandé , tout avoir et tout de suite . Les curés n'auront jamais eu autant d'audience depuis des lustres , les quêtes suivront-elles ?

PS - Chapeau aux énarques brindezingues qui ont donné cette limite anti-contagion ! Qu'ils  prennent  le métro pour comparer les taux de dangerosité !

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

28è juillet 1765 1

Si cette lettre vous trouve encore à Paris 2, mon cher ami, je vous apprends qu’un gros paquet, contenant des pièces essentielles pour les Sirven, que j’envoyais à M. Élie de Beaumont sous l’enveloppe de M. d’Argental revêtue encore de celle de M. le duc de Praslin, a été décacheté à la poste, et je ne sais si on l’a rendu à M. de Beaumont avec la taxe énorme de Genève, ou si on l’a retenu, ou si M. d’Argental a été vexé des frais du port. J’ai toujours recours à vous dans mes détresses. Vous verrez sans doute M. d’Argental et M. de Beaumont avant de faire ce voyage, qui fait mon espérance la plus flatteuse. J’ose vous supplier de rendre à l’un ou à l’autre les frais que cette vexation aura pu lui coûter.

Je suis bien plus en peine de l’affaire cruelle que plusieurs avocats ont suscitée à M. de Beaumont. Je ne connais guère d’injustice plus punissable. Ah ! mon cher ami, de combien d’injustices nous parlerons quand j’aurai l’honneur de vous voir ! N’oubliez pas, je vous prie, de voir Archimède, qui sans doute vous chargera d’un petit mot pour moi.

Nous avons demain Mlle Clairon ; mais vous savez si je préfère la philosophie à la déclamation la plus parfaite. Vous savez avec quelle impatience je vous attends. Je suis bien malade ; je ne veux de confesseur que vous.

V. »

1 L'édition Cayrol donne d'Alembert pour destinataire, ce qui est rectifié par Moland.

2 Le 1er août 1765, Diderot écrit à Sophie Volland que Damilaville part pour Genève le lendemain ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_%C3%A0_Sophie_Volland/90

26/11/2020

il songera très sérieusement à tout ce que vous lui faites l’honneur de lui dire ; il est aussi docile à vos avis que sensible à vos bontés

... Gérald Darmanin correspond-il à ces qualificatifs face au président Macron ?

- Non !

- C'est bien ce qu'il me semblait .

https://www.bfmtv.com/police-justice/evacuation-de-migran...

Gérald Darmanin. Le couloir de Bercy | Les Echos

HI ! happy tax payer

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

28 Juillet 1765.

Nous avons été confondus, mes divins anges, de votre lettre du 18 Juillet. Le paquet que le jeune homme vous avait envoyé 1 était adressé à M. le duc de Praslin ; il contenait l’ouvrage de ce pauvre petit novice. J’y avais joint une grande lettre que je vous écrivais, avec un mémoire pour M. de Calonne, accompagné de l’original de l’inféodation des dîmes de Ferney et de la preuve que ces dîmes ont toujours appartenu aux seigneurs. Tout cela formait un paquet considérable, et on croyait que le nom de M. le duc de Praslin serait respecté. S’il n’avait été question que de l’ouvrage du jeune homme, on n’aurait pas manqué de l’envoyer tout ouvert, ce paquet seul pouvant être pour lui comme pour vous ; mais on avait, par discrétion, adressé le tout à votre nom, pour ne pas abuser de celui de M. de Praslin, jusqu’au point de le charger de mes mémoires pour le rapporteur des dîmes de Genève et des miennes. Nous n’avions abusé que de vos bontés . Ce sont nos précautions qui ont occasionné l’ouverture du paquet et probablement aussi l’ouverture d’un autre que je vous adressai huit jours après 2. Ce dernier contenait des pièces  essentielles sur le procès des Sirven, que vous voulez bien protéger . Elles étaient pour M. Élie de Beaumont, qui vous fait quelquefois sa cour. Je ne doutais pas encore une fois que ces deux paquets à l’adresse de M. le duc de Praslin ne fussent en sûreté.

Je crains aujourd’hui que ceux de M. de Calonne ne soient perdus aussi bien que ceux de M. de Beaumont.

J’ose vous supplier de m’informer de ce que ces paquets vous ont coûté . J’espère qu’on vous rendra votre déboursé. Je suis à vos pieds, et je rougis de tous les embarras que je vous cause ; mais les papiers pour MM. de Calonne et de Beaumont sont si essentiels, que je ne balance pas à vous supplier de vous faire informer s’ils ont été reçus. Il se peut que les commis de la poste aient décacheté la première enveloppe, et qu’ils aient envoyé les paquets à leurs adresses respectives ; il se peut aussi qu’ils ne l’aient pas fait, et que tout soit perdu ; en ce cas, j’en serais pour mes dîmes, et Sirven pour son bien et pour sa roue. Pardonnez à mon inquiétude et agréez la confiance que j’ai en vos bontés.

Cette aventure m’afflige d’autant plus qu’on m’apprend l’affaire désagréable que Beaumont essuie d’une grande partie de ses prétendus confrères, et je ne sais encore comment il s’en est tiré.

On me dit dans ce moment que l’infant est mort de la petite-vérole naturelle 3, après avoir sauvé son fils par l’artificielle. Je me flatte que cette mort funeste ne changera rien à votre état, et que vous serez ministre du fils comme du père. Je suis si affligé, et d’ailleurs si malade et si faible, que je n’ai pas le courage de vous parler de votre jeune homme. J’avais une cinquantaine de corrections à vous faire tenir de sa part ; ce sera pour une autre occasion. Vous pouvez compter qu’il songera très sérieusement à tout ce que vous lui faites l’honneur de lui dire ; il est aussi docile à vos avis que sensible à vos bontés.

Nous avons ce soir mademoiselle Clairon. J’aurai bien d’autres choses à vous communiquer mais vous savez qu’on est privé de la consolation d’ouvrir son cœur.

Respect et tendresse.

V. »

3 Philippe, duc de Parme, gendre de Louis XV, mort le 18 juillet 1765 ; lui succède Ferdinand de Parme .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Ier_de_Parme

et https://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_Ier_(duc_de_Parme)

D'Argental est ambassadeur de France à Parme .

25/11/2020

Voici le parti que j'ai pris . Un peu de casse qui m'a purgé, sobriété qui me soutient, eau d'orge qui humecte et qui adoucit . Si la maladie augmente je vous supplie de me dire avec quoi vous me purgeâtes

... Ceci est un traitement, que je prescris, moi ignare, qui me mets égal au docteur professeur Donald Trump , -grand thaumaturge, autant de trous dans la cervelle que sur ses golfs ,- qui vient de se faire purger aux bulletins de vote .

 

 

« A Théodore Tronchin Professeur

à Genève

[vers le 26 juillet 1765]1

Vous me direz peut-être, mon cher Esculape, qu'après avoir vécu soixante-douze ans avec le corps le plus faible, je dois être fort content de faire mon paquet, partir gaiement, et ne vous pas importuner . Vous aurez raison, mais je ne vous demande que six mois, parce que mes affaires ne peuvent être arrangées que dans ce temps-là .

J'ai à peu près la même maladie qui fit dire il y a trois ans que j'étais mort, après avoir été dûment confessé et communié, même mal de gorge, même pesanteur de cervelle, même fiévrotte . Voici le parti que j'ai pris .

Un peu de casse qui m'a purgé, sobriété qui me soutient, eau d'orge qui humecte et qui adoucit .

Si la maladie augmente je vous supplie de me dire avec quoi vous me purgeâtes . Je suivrai le régime que vous m’ordonnerez, et je ne jouerai pas la comédie avec Mlle Clairon qui arrive je crois demain 2 .

Si je trépasse je vous prie de confondre la calomnie de ce petit coquin de prêtre écossais Brown 3, qui dit à tous les Écossais que je m'applique des reliques pour la fièvre . Je veux bien qu'on sache que je ne m'applique que vos ordonnances .

Je vous supplie d'envoyer un petit mot chez M. Souchay à votre loisir . Vous savez qu'Esculape rendait quelquefois ses oracles par des billets cachetés .

Je rouvre ma lettre pour vous dire qu'on veut que je vous l'envoie et que je n'attende pas à demain . Mais rien ne presse . Je voudrais seulement savoir ce que c'est que certaine bouteille que vous me donnâtes quand on craignait inflammation . Vale et me ama . »

1 L'édition Tronchin ne donne que deux extraits et place la lettre en août ; Gagnebin la met en 1766 .

2 Elle arrivera le 30, ou peut-être le 29, mais ce n'est que le 28 que V* l'attendit expressément pour le jour même, ou le suivant . D'où la date proposée pour la lettre .

24/11/2020

Le jeune auteur est très-docile 

... Le(s) rédacteur(s) des discours présidentiels :  Clément Beaune , Jonathan Guémas . Voyons /écoutons ce que ça donne ce soir !

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

[vers le 25 juillet 1765] 1

Je me jette plus que jamais aux pieds et aux ailes de mes anges. Voici des papiers dont dépend le sort de la famille Sirven. Je connais leur bonté ; ainsi, je ne leur fais point d’excuse. Je leur ai envoyé, sous l’enveloppe de M. le duc de Praslin, les nouveaux Roués . Il y a encore quelques changements depuis ce temps-là. Le jeune auteur est très-docile . Il est aux ordres de mes anges. Mlle Clairon arrive demain. Le théâtre est rebâti ; mais je n’en peux plus.

Respect et tendresse. 2

J’ai encore pris la liberté de leur adresser un paquet pour M. de Calonne 3, qui renferme la pièce la plus décisive. »

1 D'Argental a mentionné l'année sur le manuscrit, et une main plus tardive a ajouté « janvier » . L'édition Moland cite une note d'Avenel : « C'est à tort que les éditeurs [Cayrol] avaient daté cette lettre de janvier ; elle est du 23 juillet. » . Ce qui est inexact, le 23, V* ne sait pas encore si Mlle Clairon va arriver .

2 V* note un tsvp au bas de la page .