Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/03/2022

J’étais las de voir toujours des princes avec des princes, et de n’entendre parler que de trônes et de politique

... Minute people : Harry et Meghan coupent les ponts avec la famille royale à la dynamite . Ils ne pensent -et c'est tout à fait American way of life- qu'à faire leur fortune dans le bling bling et l'esbrouffe . On a vu mieux, on a vu pire . Ils ont encore du travail pour rivaliser avec la famille Kardashian qui démontre qu'avec du cul[ot] et du silicone on peu rallier des millions de gogos [= dollars ].

Que feront-ils pour les Ukrainiens ?

7 royally funny cartoons about Harry and Meghan's tell-all interview | The  Week

https://theweek.com/articles/970927/7-royally-funny-carto...

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

19 Décembre 1766

Je crois, mon ancien ami, que votre correspondant 1 aura été fort réjoui de l’épitaphe de La Cruche étrusque 2. Il est juste que je vous fournisse aussi de quoi amuser votre homme. Je vous envoie d’abord du sérieux, et ensuite vous aurez du comique. M. Damilaville doit vous communiquer une scène d’une tragédie que j’ai eu la sottise de faire malgré le précepte d’Horace, solve senescentem 3. J’étais las de voir toujours des princes avec des princes, et de n’entendre parler que de trônes et de politique. J’ai cru qu’on pouvait donner plus d’étendue au tableau de la nature, et qu’avec un peu d’art on pouvait mettre sur le théâtre les plus viles conditions avec les plus élevées . C’est un champ très fécond que de plus habiles que moi défricheront. Je me suis sans doute rencontré avec l’auteur de Guillaume Tell. Mandez-moi ce que vous en pensez, et aimez toujours votre ancien ami. »

1 Le roi de Pusse. (G.A.)

2Thieriot écrit à V* en lui rapportant cette anecdote : « Un artiste en contemplant toutes les antiquités de M. le comte de Caylus, dans le cabinet de Sainte-Geneviève où elles sont rassemblées fit son épitaphe : « Ci-gît un antiquaire acariâtre et brusque./ Son corps est déposé dans une cruche étrusque ! » Il est à noter que les rimes en -usque sont peu nombreuses .

Ce distique est attribué à Diderot , qui le nie ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Diderot_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes,_%C3%A9d._Ass%C3%A9zat,_XVIII.djvu/261

3Horace, Épîtres, I, i, 8 . ; dételle (le cheval) vieillissant .

quelquefois la persécution suit de près la calomnie

... Les malheureux Ukrainiens en font l'atroce expérience .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

19 décembre 1766 

Dites, je vous prie, mon cher ami, à M. de Beaumont, que j’ai reçu de M. Chardon une lettre charmante, dans laquelle il prend fort à cœur l’affaire concernant Canon 1, et celle des Sirven.

A l’égard des Sirven, j’ai pris mon parti. J’ai trouvé le public le premier des juges, et les suffrages de l’Europe me suffisent. Tant de difficultés me rebutent, et pour peu qu’on en fasse encore, que M. de Beaumont m’envoie son mémoire, je ne veux pas autre chose . Je le ferai imprimer ; les Sirven gagneront leur cause dans l’esprit des honnêtes gens : c’est à eux seuls que je veux plaire dans tous les genres.

Pour vous prouver que c’est aux honnêtes gens seuls que je veux plaire, je vous envoie une scène de la tragédie des Scythes 2. Montrez-la à Platon et à vos amis, et mandez-moi ce que vous en pensez. Il me semble qu’une tragédie dans ce goût a du moins le mérite de la nouveauté. Ce n’est pas la peine d’être imitateur, il faut se taire en tout genre quand on n’a rien de nouveau à dire. Donnez-en, je vous prie, une copie à Thieriot : cela nourrira sa correspondance 3.

Je cultiverai, mon cher ami, les belles-lettres jusqu’au dernier moment de ma vie, malgré tout le mal qu’elles m’ont fait. Je sais que, dès qu’on a donné un ouvrage passable, la canaille de la littérature jette les hauts cris ; elle ne peut rien contre l’ouvrage, mais elle calomnie l’auteur. S’il réussit, on ne manque pas de l’appeler déiste, ou athée, ou même encyclopédiste . S’il paraît un mauvais livre, on ne manque pas de l’en accuser, et il en paraît tous les jours. L’imposture frappe à toutes les portes. Tantôt le vinaigrier Chaumeix, convulsionnaire crucifié ; tantôt l’abbé d’Estrées, auteur de l’Année merveilleuse 4, et associé de Fréron ; tantôt un ex-jésuite, crie au scandale jusqu’à ce qu’il ait persuadé quelque pédant accrédité ; et quelquefois la persécution suit de près la calomnie. On a beau faire du bien, on aurait beau même en faire à ces malheureux, ils n’en chercheraient pas moins à vous opprimer. Il faut combattre toute sa vie, et finir par s’enfuir, si les méchants l’emportent.

Adieu, mon cher ami 5, je suis bien aise de vous dire que M. le duc de Choiseul est très content de la pièce dont je vous envoie une scène 6 . M. d'Argental n'en a encore qu'une esquisse assez informe .

Que j’avais bien raison de vous dire autrefois à la fin de mes lettres, en parlant de la calomnie : Écrasons l’infâme ! Mais il est plus aisé de le dire que de le faire. »

3 Cette phrase, omise dans la copie Darmstadt B. fait allusion à la correspondance littéraire de Thiriot adressée à Frédéric II.

4 L’année merveilleuse ou les Hommes-femmes , 1748, et son Supplément sont de l’abbé Coyer, où Mme Du Châtelet se trouve attaquée . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62145302.texteImage

5 La copie arrête ici cet avant dernier paragraphe .

6 Ainsi qu'il l'écrit à V* dans une lettre du 10 décembre 1766 .