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19/04/2009

Point de bruit si je ne le fais

Juste pour me remettre à jour !!

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 abbé bazin.jpg

 

                            Mon cher frère, je suis confondu, pétrifié ; c’est donc un secret que l’expulsion des jésuites, puisqu’il est défendu d’en parler ? [ouvrage de d’Alembert « Sur la destruction des Jésuites en France » ; suspendu de publication]. Point de bruit si je ne le fais est donc la devise des maîtres des actions et des pensées des hommes ? J’espère au moins qu’on ne perdra rien pour attendre, et que dans quelque temps ce charmant ouvrage paraîtra. Les Bazin de Hollande [livres de l’edition de La Philosophie de l’histoire, qu’il attribue à l’abbé Bazin] n’étaient pas encore arrivés quand M. Delahaye [fermier général] partit avec les Caloyer [= « Catéchisme de l’honnête homme ou Dialogue entre un caloyer et un homme de bien »]. Ces Caloyer m’ont paru fort augmentés, et capables de faire beaucoup de bien .Vous avez une petite liste des personnes auxquelles on peut en envoyer, et vous trouverez sans doute quelque adepte qui se chargera aisément du reste.

 

Les Bazin sont d’un genre tout différent . Ils ne me semblent pouvoir faire fortune qu’auprès de ceux qui connaissent un peu l’histoire ancienne. Je crois qu’ils n’essuieront pas le sort de la Destruction. L’étiquette du sac n’inspire pas la même défiance. Le nom seul de jésuite effarouche la magistrature. On examine l’ouvrage dans l’idée d’y trouver des choses  dangereuses. Des fatras d’histoire donnent moins d’alarme. La destruction des Babyloniens par les Persans effarouche moins que la destruction des jésuites par les jansénistes.

 

L’enchanteur Merlin [libraire Merlin] est très instamment prié de n’en pas faire une édition nouvelle avant de faire écouler celle d’un pauvre diable à qui on a donné ce petit morceau pour le tirer de la pauvreté. Je crois que l’enchanteur se tirera bien de  sa seconde édition ; l’ouvrage m’a paru assez curieux et assez neuf. Je n’en ai envoyé que quelques feuilles en divers paquets à M. d’Argental, sous le couvert d’un ministre. Mandez-moi, mon cher frère, si je puis en user de même avec vous, en me servant de l’adresse de M. Gaudet [directeur général des vingtièmes, supérieur de Damilaville], et en lui adressant les paquets par Lyon.

 

Je ne verrai Gabriel [Cramer] que dans quelques jours. C’est un petit voyage d’aller de Genève chez moi, l’allée et le retour prennent une journée.

                            Mon cher frère, je vous embrasse. Ecr[asez] l’Inf[âme].

 

Voltaire

19 avril 1765. »

 

 

 

 

Et puisqu'il était question de jésuites, parlons de JESUS, ou plutot chantons le !!

http://www.youtube.com/watch?v=12cBaujFBCM

 

 Vive Jean Yanne ! Il me manque ...

                               Bonne semaine (et au delà bien sur !) ...

 

Allez, encore une petite chanson pour la route : http://www.youtube.com/watch?v=_B_fpDpenIY&feature=re...

 

Je n’ai point de recueillement dans l’esprit

Oui, mon côté manuel s'est fortement exprimé ces jours-ci, et Volti est resté sur la touche . Il y a une vie qui tient compte de la météo et des possibilités de travail en équipe !...

Quelques courbatures passées, quelques couleurs dues au soleil et à la lasure dégoulinante,  la satisfaction du devoir accompli pour le bien des usagers du terrain de tir (à l'arc ) me laissent retrouver une ambiance XVIIIème (siècle!). Il faut toucher à tout pour être heureux . Et optimiste pour entreprendre des travaux en plein air !!

http://www.arcclubprevessin.com/

 

 

 

 

Ce dimanche, je refréquente mon flatteur préféré, que certains -et je les comprend- iront qualifier de lèche-cul ! Soit ! mais méfiez-vous, il a la langue acide !! Poli, aimable, trop aimable ? C'est sa nature . A prendre tel quel sans se leurrer : "que votre imagination est riante et féconde !". Avouez que si quelqu'un vous fait un tel compliment - ici je parle pour moi- vous le prenez au premier degré si vous êtes imbu de vous même et flatté par "un maître" que vous avez "l'honneur" de fréquenter, ou vous vous souvenez de la fable "Le Corbeau et le Renard", et vous riez de vous même ; c'set mon option !

 

 

 

 

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« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

 

 

                            Vraiment mon cher ami, je ne vous ai point encore remercié de cet aimable recueil que vous m’avez donné [Epître en vers accompagnant des écrits  de Cideville]. Je viens de le relire avec un nouveau plaisir. Que j’aime la naïveté de vos peintures ! que votre imagination est riante et féconde ! et ce qui répand sur tout cela un  charme inexprimable, c’est que tout  est conduit par le cœur. C’est toujours  l’amour ou l’amitié qui vous inspire. C’est une espèce de profanation à moi de ne vous écrire que de la prose après les beaux exemples que vous me donnez. Mais, mon cher ami, carmina secessum scribentis et otia quaerunt [= les vers requièrent pour le poête la retraite et les loisirs ]. Je n’ai point de recueillement dans l’esprit. Je vis de dissipation depuis que je suis à Paris, tendunt extorque poemata [= on est en train de m’arracher la composition poétique], mes idées poétiques s’enfuient de moi. Les affaires et les devoirs m’ont appesanti l’imagination. Il faudra que je fasse un tour à Rouen pour me ranimer. Les vers ne sont guère à la mode à Paris. Tout le monde commence à faire le géomètre et le physicien. On se mêle de raisonner. Le sentiment, l’imagination et les grâces sont bannis. Un homme qui  aurait vécu sous Louis XIV et qui reviendrait au monde ne reconnaitrait plus les Français. Il croirait que les Allemands ont conquis ce pays –ci. Les belles-lettres périssent à vue d’œil. Ce n’est pas que je sois fâché que la philosophie soit cultivée, mais je ne voudrais pas qu’elle devint un tyran qui exclût tout le reste. Elle n’est en France qu’une mode qui succède à d’autres et qui passera à son tour, mais aucun art, aucune science ne doit être de mode. Il faut qu’ils se tiennent tous par la main, il faut qu’on les cultive en tout temps. Je ne veux point payer de tribut à la mode, je veux passer d’une expérience physique à un opéra ou à une comédie, et que mon goût ne soit jamais émoussé par l’étude. C’est votre goût, mon cher Cideville, qui soutiendra toujours le mien, mais il faudrait nous voir, il faudrait passer avec vous quelques mois, et notre destinée nous sépare quand tout devrait nous réunir.

 

                            J’ai vu Jore à votre semonce [après l’édition des Lettres philosophiques en avril 1734, condamnation de V* et Jore perd sa maîtrise d’imprimeur ; V* dès le 12 avril 1735 désira voir Jore pour se « raccommoder entièrement avec lui »]. C’est un grand écervelé. Il a causé tout le mal pour s’être conduit ridiculement.

 

                            Il n’y a rien à faire pour Linant ni auprès de la présidente [Mme de Bernières], ni au théâtre [les comédiens ne désirent pas jouer la pièce de Linant]. Il faut qu’il songe à être précepteur [« ce qui est difficile attendu son bégaiement, sa vue basse et le peu d’usage qu’il a de la langue latine »]. Je lui fais apprendre à écrire, après quoi il faudra qu’il apprenne le latin, s’il le veut montrer. Ne le gâtez point si vous l’aimez.

 

                            Vale.

 

                            Voltaire

                            Ce 16 avril 1735. »

16/04/2009

Tranquilles spectateurs, intrépides esprits

Resté en rade face à un "serveur introuvable" pendant des heures (merci SFR + 9, ça c'est du service top niveau ! non ? ), je me contente, ce jour, de vous faire partager ce poême voltairien où l'auteur dit son embarras et son espoir malgré tout devant un désastre qui fit tant de victimes.Personnellement,  je ne pleure pas pour les morts, je suis affligé pour les survivants qui doivent subir les horreurs de la dévastation et les con...ies de Berlusconi.

VOLTAIRE - Poème sur le désastre de Lisbonne (1756)


O malheureux mortels ! ô terre déplorable !
O de tous les mortels assemblage effroyable !
D'inutiles douleurs éternel entretien !
Philosophes trompés qui criez : " Tout est bien " ;
Accourez, contemplez ces ruines affreuses,
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses.
Ces femmes, ces enfants l'un sur l'autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés :
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l'horreur des tourments leurs lamentables jours !
Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous : " C'est l'effet des éternelles lois
Qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix " ?
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes :
" Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes " ?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants ?
Lisbonne, qui n'est plus, eut-elle plus de vices
Que Londres, que Paris, plongés dans les délices ?
Lisbonne est abîmée, et l'on danse à Paris.
Tranquilles spectateurs, intrépides esprits,
De vos frères mourants contemplant les naufrages,
Vous recherchez en paix les causes des orages :
Mais du sort ennemi quand vous sentez les coups,
Devenus plus humains, vous pleurez comme nous.
Croyez-moi, quand la terre entrouvre ses abîmes,
Ma plainte est innocente et mes cris légitimes. [...]
Un jour tout sera bien, voilà notre espérance ;
Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion.
Les sages me trompaient, et Dieu seul a raison.
Humble dans mes soupirs, soumis dans ma souffrance,
Je ne m'élève point contre la Providence.
Sur un ton moins lugubre on me vit autrefois
Chanter des doux plaisirs les séduisantes lois :
D'autres temps, d'autres moeurs : instruit par la vieillesse,
Des humains égarés partageant la faiblesse,
Dans une épaisse nuit cherchant à m'éclairer,
Je ne sais que souffrir, et non pas murmurer.
Un calife autrefois, à son heure dernière,
Au Dieu qu'il adorait dit pour toute prière :
" Je t'apporte, ô seul roi, seul être illimité,
Tout ce que tu n'as pas dans ton immensité,
Les défauts, les regrets, les maux et l'ignorance. "
Mais il pouvait encore ajouter l'espérance.

L'espérance ! yes...

Alors écoutez ça, accros de la bécane , c'est du vécu : http://www.youtube.com/watch?v=QYWvyRCNqMI&feature=re...

14/04/2009

je mépriserai toujours les fanatiques, en quelque genre que ce puisse être

"je mépriserai toujours les fanatiques, en quelque genre que ce puisse être" : les mépriser, parfois ! les détester, toujours ! c'est mon option ferme et définitive (je ne demanderai pas de joker , mon cher Jean-Pierre ! ).

Quelques exemples qui me sont tombés sous le museau du mulot !!

 

fanatique twin towers.jpg

 

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Amis du sport, je vous conseille de garder le sourire comme le spectateur à lunettes, vous pleurerez plus tard !! Je me demande comment les sportifs peuvent recevoir les ovations d'une foule de beaufs comme le canari obèse ci-dessus, et continuer à s'y exposer ? Pour le fric, may be ?!

 

 

 

 

Ce qui me frappe dans la lettre suivante, c'est que Volti est devenu un EUROPEEN et parle de la France et des Français comme d'un peuple et une nation dont il n'est que spectateur désabusé . Que dirait-il aujourd'hui ?

 

 

 

« A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

                            Mon cher philosophe, auriez-vous jamais lu un chant de la Pucelle, dans lequel tout le monde est devenu fou [chant XVII], et où chacun donne et reçoit sur les oreilles à tort et à travers ? Voilà précisément le cas de vos chers compatriotes les Français. Parlements, évêques, gens de lettres, financiers, antifinanciers [allusion au livre l’Antifinancier], tous donnent et reçoivent des soufflets à tour de bras ; et vous avez bien raison de rire ; mais vous ne rirez pas longtemps, et vous verrez les fanatiques maîtres du champ de bataille. L’aventure de ce cuistre de Crevier [qualifié d’ « âne » par Palissot, Crevier, vieux janséniste avait obtenu l’exil de Palissot et celui de l’archevêque de Paris] fait déjà voir qu’il n’est pas permis de dire d’un janséniste qu’il est un plat auteur . Vous serez les esclaves de l’université avant qu’il soit deux ans. Les Jésuites étaient nécessaires, ils faisaient diversion ; on se moquait d’eux, et on va être écrasé par des pédants qui n’inspireront que l’indignation. Ce que vous écrit un certain goguenard couronné [Frederic II a écrit à d’Alembert qu’il n’est en guerre ni avec « les cagots, ni avec les jésuites » et laisse aux Français le soin de « ferrailler envers et contre tout » ] doit bien faire rougir votre nation belliqueuse.

 

                            Répandez ce bon mot tant que vous pourrez, car il faut que vos gens sachent le cas qu’on fait d’eux en Europe. Pour moi, je gémis sérieusement sur la persécution que les philosophes vont infailliblement essuyer . N’avez-vous pas un souverain mépris pour votre France, quand vous lisez l’histoire grecque et romaine ? trouvez-vous un seul homme persécuté à Rome depuis Romulus jusqu’à Constantin, pour sa manière de penser ? le sénat aurait-il jamais arrêté l’Encyclopédie ? y-a-t-il jamais eu un fanatisme aussi stupide et aussi désespérant que celui de vos pédants ?

 

                            Vraiment oui, j’ai donné une chandelle au diable [expression de d’Alembert quand V* a envoyé son conte Les Trois Manières à Mme du Deffand]; mais vous auriez pu vous apercevoir que cette chandelle devait lui brûler les griffes, et que je lui faisais sentir tout doucement qu’il ne fallait pas manquer à ses anciens amis [lettre du 7 mars à Mme du Deffand].

 

                            A l’égard des hauts lieux dont vous me parlez, sachez que ceux qui habitent ces hauts lieux sont philosophes, sont tolérants, et détestent les intolérants avec les quels ils sont obligés de vivre [allusion aux Choiseul].

 

                            Je ne sais si le Corneille entrera en France, et si on permettra au roi d’avoir ses exemplaires [« … entre les mains d’un cuistre nommé Marin, qui doit décider si le public pourra le lire. » : d’Alembert]. Ce dont je suis bien sûr, c’est que tous ceux qui s’ennuient à Sertorius et à Sophonisbe, etc., trouveront fort mauvais que je m’y ennuie aussi ; mais je suis en possession depuis longtemps de dire hardiment ce que je pense, et je mépriserai toujours les fanatiques, en quelque genre que ce puisse être. Ce qui me déplait dans presque tous les livres de votre nation, c’est que personne n’ose mettre son âme sur le papier, c’est que les auteurs feignent de respecter ce qu’ils méprisent ; vos historiens surtout sont de plates gens, il n’y en a pas un qui ait osé dire la vérité. Adieu, mon cher philosophe ; si vous pouvez écrasez l’Infâme, écrasez-la et aimez-moi, car je vous aime de tout mon cœur.

 

                            Voltaire

                            14 avril 1764. »

11/04/2009

il est bon d’être ferme, mais il ne faut pas être impitoyable

La beauté a de nombreuses formes et ce matin je ne regrette pas mon surf électronique ; je pense que vous partagerez mon émotion (si, si, même moi, je peux être ému ) : cadeau, no comment : http://www.linternaute.com/savoir/magazine/photo/les-plus...

 

Vous pourrez explorer le reste du diaporama, ça vaut le coup d’œil ! Avec une petite prime cadeau-bonus, non pas envoyé par une cloche de Pâques en rase-motte, mais par un blogger bien intentionné : http://www.linternaute.com/savoir/magazine/photo/

 

Bonne balade (ou ballade, je ne sais plus laquelle se fait sur deux pieds et l’autre sur mille pattes – ou pâtes comme dit mon pâtissier-). Ah ! si ça me revient, petit moyen mnémotechnique (ta mère !! - Oh horreur, je ne résiste pas à la tentation ! Vade retro jeu de mots à la c.. ! Priez pour moi pauvre blogger !! ) :donc : ballade = chanson à danser = pour danser il faut être léger = pour être plus léger, il faut deux ailes = ll ; oui, ça vient de sortir de ma cervelle en ébullition, brut de décoffrage, je livre à domicile …

 

 

 

Pour en revenir à Volti, il prône ce jour les vertus de l’union . Je crois entendre encore le slogan éructé lors d’une campagne publicitaire-présidentielle ou présidentielle-publicitaire :  « tous ensemble, tous ensemble, la, la, la,…. », et que j’ai compris comme : « tous pour moi , tous pour moi, bande de noix !!».

 

 

 

«  A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

                            Mon cher philosophe, il est bon d’être ferme, mais il ne faut pas être impitoyable. Ne résistez plus au cri du public, et au mémoire des libraires qui sont à vos genoux. [Mémoire des libraires associés à l’Encyclopédie, sur les motifs de la suspension actuelle de cet ouvrage, Paris 1758]. Faites vous tirer à quatre, et puis donnez grâce [V* alors s’engagerait à corriger les articles redemandés et les ferait publier si Diderot l’en priait]. Mais quand vous aurez repris les rênes empêchez les déclamations. Quelle pitié ! quels plats articles à côté des vôtres !

 

                            Mandez-moi, je vous prie, quel parti vous aurez pris. J’ai à vous remercier de vos deux volumes qu’un libraire de Lausanne m’a donné de votre part [Mélanges de littérature, d’histoire et de philosophie de d’Alembert]. Ce sera l’ornement de mon petit muséum lausannois.

 

                            On dit qu’on vient de faire encore un libelle atroce contre Diderot. C’est une nouvelle raison pour que vous ne l’abandonniez pas pourvu qu’il soit entièrement uni à vous .Faudrait-il d’ailleurs que Duclos vous remplaçât ? et comment vous remplacerait-il ? Enfin mon avis est toujours que les encyclopédistes et consorts soient inséparables, qu’ils quittent tous ensemble, et qu’ils reprennent tous ensemble, et qu’ils terrassent leurs indignes ennemis.

 

                            Voltaire

                            Aux Délices 10 avril 1758. »

10/04/2009

Je me jette à vos gros et grands pieds

Aujourd'hui, vendredi dit saint, je me permets de vous présenter quelques figures remarquables du clergé catholique au XVIIIème siècle, allant des modestes capucins au pape, en passant par un abbé aux fonctions peu courantes !... Dieu reconnaitra les siens ...

  

 

 

 

 

 

Volti, représentant de luxe en bas de soie et montres, n'imaginait pas qu'un jour les frontaliers proches de Genève seraient le réservoir de main-d'oeuvre pour ce commerce de Genève qu'il ambitionnait de ruiner au profit de Ferney. Sic transit gloria mundi ...

montres ferney.jpg

 

«A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul

 

 

                            Madame,

 

                            En attendant que vous veniez faire votre entrée dans votre nouvelle ville qu’il est si difficile de fonder [Versoix] ; avant que je vous harangue à la tête des capucins [de Gex ; il en est le père temporel]; capucins.jpgavant que je vous présente le vin de ville, le plus détestable vin qu’on ait jamais bu ; avant que je vous affuble du cordon de saint François que je vous dois [V* a fait accorder 600 livres aux capucins de Gex]; avant que je mette mon vieux cœur à vos pieds, pendant que les tracasseries sifflent à vos oreilles ; pendant que des polissons sont sous les armes dans le trou de Genève [violences du 16 février et 7 mars 1770]; pendant que tout le monde fait son jubilé chez les catholiques apostoliques romains           [avènement du pape Clément XIV];Clement-XIV.jpg pendant que votre ami Moustapha tremble d’être détrôné par une femme [Catherine II], je chante en secret ma bienfaitrice dans le fond de mes déserts et comme on ne peut vous écrire que pour vous louer et vous remercier, je vous remercie de ce que vous avez bien voulu faire pour mon gendre Dupuits Corneille [recommandation à son officier supérieur, Bourcet].

 

                            J’ai eu l’insolence d’envoyer à vos pieds et à vos jambes les premiers bas de soie qu’on ait jamais faits dans l’horrible abîme de glaces et de neiges où j’ai eu la sottise de me confiner . J’ai aujourd’hui une insolence beaucoup plus forte. A peine Mgr Atticus Corsicus Pollion [Choiseul, nommé selon la coutume romaine de trois noms] a dit en passant dans son cabinet : « Je consens qu’on reçoive des émigrants », que sur le champ j’ai fait venir des émigrants dans mes chaumières [les Natifs de Genève, pourchassés par les « Bourgeois qui se disent nobles et seigneurs » et qui « assassinèrent quelques Genevois qui ne sont que Natifs. Les confrères des assassinés ne pouvant se réfugier dans la ville [Versoix]…, choisirent mon village de Ferney pour lieu de leur transmigration ; ils se sont répandus aussi dans les villages d’alentour… Ce sont tous d’excellents horlogers… Notre dessein est de ruiner maintenant le commerce de Genève et d’établir celui de Ferney. »], à peine y ont-ils travaillé qu’ils ont fait assez de montres pour en envoyer une petite caisse en Espagne. C’est le commencement d’un très grand commerce (ce qui ne devrait pas déplaire à M. l’abbé Terray) [contrôleur général des finances].abbe terray.jpg J’envoie la caisse à monseigneur le duc par ce courrier afin qu’il voie combien il est aisé de fonder une colonie quand on le veut bien. Nous aurons dans trois mois de quoi remplir sept ou huit autres caisses, nous aurons des montres dignes d’être à votre ceinture, et Homère ne sera pas le seul qui aura parlé de cette ceinture [ceinture de Vénus].

 

                            Je me jette à vos gros et grands pieds [à la demande de V* qui voulait une chaussure pour les mesures de bas de soie, la duchesse avait envoyé un soulier démesuré] pour vous conjurer de favoriser cet envoi, pour que cette petite caisse parte sans délai pour Cadix, soit par l’air soit par la mer, pour que notre protecteur, notre fondateur daigne donner les ordres les plus précis. J’écris passionnément à M. de La Ponce [secrétaire de Choiseul] pour cette affaire, dont dépend absolument un commerce de plus de  cent mille écus par an. Je glisse même dans mon paquet un placet pour le roi. J’en présenterais un à Dieu, au diable, s’il y avait un diable, mais j’aime mieux présenter celui-ci aux Grâces.

 

O Grâces, protégez-nous !

 

C’est à vous qu’il faut s’adresser en vers et en prose.

 

                            Agréez, Madame, le profond respect, la reconnaissance, le zèle, l’impatience, les sentiments excessifs de votre très, humble et très obligé serviteur

 

                            Frère François

                            capucin plus indigne que jamais V…

 

                            9 avril 1770 à Ferney. »                           

08/04/2009

ce n’est pas une impiété que dire la vérité

Aujourd'hui, journée mondiale sur la maladie de Parkinson !

 

parkinsonPDSymbol.jpg

Les Italiens ont mis le paquet, chez eux, même la terre a tremblé : trop fort ces latins !!

Dans le domaine : "il y a de l'énergie qui se perd" : les émeutiers de Moldavie ! Qu'on les envoie vite dégager les victimes prisonnières des ruines des villages dévastés ! J'aimerais savoir s'ils auraient autant de coeur à l'ouvrage pour aider que pour détruire ; ça me rassurerait.  Suis-je un optimiste ? oui, mais réaliste . Alors oublions ma proposition . Peut-être plus tard, beaucoup plus tard ...

 

 

 

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Un réaliste : Volti : "privé de la capacité de travailler, seule ressource d’un homme qui pense"

 

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

 

                            Vous voyez l’état où je suis, qui me fait un tourment d’écrire de ma main, qu’il faudrait que je fusse fou, pour me flatter de l’espérance incertaine d’un établissement à Paris dans quatre ou cinq années. Je ne dois songer qu’à un établissement dans la postérité ; c’est pour cela que je vous ai envoyé mes quatre volumes corrigés [pour édition chez Lambert ?] ; c’est pour cela que j’ai retravaillé à mon Histoire universelle, dès l’instant que j’ai reçu de Mgr l’Électeur palatin et de vous mes véritables manuscrits. Il est bien étrange qu’on s’obstine en France à me croire l’auteur de l’édition de Jean Néaulme, dans le temps que le roi de Prusse lui-même m’écrit pour me justifier [Frederic a écrit qu’il a encore le manuscrit et qu’on ne lui a pas pris pour édition].

 

                            Je compte que vous avez eu la bonté de donner à Lambert les trois volumes en question [Œuvres mêlées, en attendant le 4ème volume à corriger]. Je ne pourrai faire partir le second tome des Annales de l’empire qu’après les fêtes de Pâques ; mon libraire a obtenu un privilège impérial, ainsi il n’appartient pas aux petits critiques ignorants, dont la France fourmille, de trouver mauvais ce que l’Empire trouve bon ; c’est à lui à juger dans sa propre cause. Pour finir cet article de littérature, je vous dirai que j’ai oublié dans ma dernière lettre de vous parler de l’ode au pape, parce que je  ne sais ce que c’est que cette antienne au Saint-Père. Ce pourrait bien être une ode de l’abbé de Bernis [ce n’est sans doute pas de celui-ci] : en ce cas il y aura de belles choses. Je ne suis d’ailleurs pas si mal avec les dévots d’Italie qu’avec les bigots de France. J’ai reçu des lettres de quelques cardinaux qui connaissent les lois de l’histoire, et qui savent qu’il y a eu de très méchants papes, comme il y en a eu de très bons, et que ce n’est pas une impiété que dire la vérité .

 

                            C’est assez vous ennuyer de mes ouvrages, permettez-moi de vous dire un petit mot de ma personne. Je ne pouvais mieux faire que de prévenir Mme de Pompadour du dessein et de la nécessité où je suis de voyager, en cas que ma santé me le permette ; et je n’ai pu mieux faire que de ne prendre aucun engagement avec personne. Voici ce que m’écrit Mme la duchesse de Gotha [30 mars 1754] : Pourquoi me frustrer de ma plus chère espérance, du plaisir charmant de vous revoir ? Faut-il donc absolument que nul plaisir puisse exister sans être accompagné et mêlé d’amertume ? et pourquoi faut-il que j’ignore les raisons qui vous empêchent de revenir ici ? Eh ! de grâce, mon cher ami, dites-les moi, ne me les cachez point : peut-être pourrais-je lever les obstacles, surmonter les difficultés ; vous êtes bien cruel pour être aussi aimable. Le mot de mon cher ami dont se sert Mme la duchesse de Saxe-Gotha est quelquefois dangereux dans les pays du Nord [allusion à Frederic II], comme vous le savez ; mais ce n’est pas dans la bouche d’une princesse aussi vertueuse, et aussi pleine de raison  et de véritable esprit. Je proteste ici contre les louanges qu’elle me donne, et je ne vous envoie l’extrait de sa lettre que pour vous faire voir que je n’ai voulu m’engager à rien. Tout ce que je peux vous assurer, c’est que tous les pays me sont ouverts,[propositions de l’Electorat palatin, Bayreuth, Lausanne, etc…] excepté le mien. Je vous prierai donc toujours de vendre mes meubles et mes gros livres, comme vous le pourrez, en prenant un homme qui vous épargne cette fatigue. Vous aurez depuis Pâques jusqu’à la Saint Jean pour cette besogne sur laquelle vous donnerez vos ordres, comme vous jugerez à propos.

 

                            J’ai dicté cette lettre, mais mon cœur ne s’accommode pas d’une main étrangère quand il faut vous expliquer mes sentiments. Ma seule consolation est de vous aimer. Accablé de maladies et de persécutions, craignant à tout moment de me voir privé de la capacité de travailler, seule ressource d’un homme qui pense, il faudra me borner à sentir, et puis-je rien sentir plus vivement que votre privation ? Je vous embrasse tendrement.

 

 

                            V.

                            Il faut s’attendre à tout de la part des hommes. Voici Jean Néaulme qui fait mettre dans les gazettes un galimatias absurde pour se justifier. Voici ma réponse. Je vous prie de la faire mettre dans le Mercure. Allons courage.

 

                            Je suis curieux de savoir ce que vous a dit M. Bourgeois sur Laubé [ peut-être Béat de la Tour-Châtillon, baron de Zurlauben, officier auteur d’une Histoire militaire des Suisses au service de la France]. Ce n’est pas avec Ericard [= Louis XV] qu’on doive espérer de faire une bonne affaire. C’est un homme d’un bien petit esprit et bien intraitable à ce qu’on me mande.

 

                            J’espère que M. de Laleu vous fera payer de votre rente sur la succession de M. Bernard attendu que ce n’est pas un objet considérable. Je suis dans le même cas avec beaucoup de personnes.

 

                            Du 8 avril 1754. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sauvons le monde , disent-ils !!

 

 

Mon Dieu, pardonnez leur ! 

Tête blanche ou tête repeinte, esprit es-tu là ? Si oui, frappe deux coups !!

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ça ne sera pas trop ...