20/01/2014
Je ne vous reproche rien, mais vous savez tout ce que j'ai à vous reprocher
... Dit François le pape à François le président (président : tout à fait accessoirement en ce moment) en messe basse .
Dédicace à ces deux François pingouins
http://www.youtube.com/watch?v=ghxlii2UdIw
(un peu sopo)
Un seul homme pour une flopée de femmes, quelle maîtrise !
« A Louise-Florence-Pétronille d'Esclavelles d'Epinay
A ma belle philosophe
[1758-1759] 1
Ma belle philosophe, vous êtes un petit monstre, une ingrate, une friponne, vous le savez bien . Ce n'est pas la peine de vous aimer . Je ne vous reproche rien, mais vous savez tout ce que j'ai à vous reprocher . Venez demain coucher chez nous ; si vous daignez nous faire cet honneur et si vous l'osez . Venez ma charmante philosophe . Ah ah c'est donc ainsi que … Fi ! Quel infâme procédé .
Mille respects .
V. »
1 Le degré d'intimité de ce mot manifeste qu'il a été écrit des Délices .
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19/01/2014
J'apprends que M. Tronchin est bien empêché avec les voleurs
... Non , les voleurs ne sont pas des héros, pas plus que les voleurs de voleurs . Les Robin des bois sont bel et bien des personnages de roman, tout comme les crapauds transformés en princesses .
Je hais les voleurs . Ils nous obligent à fermer nos portes et fenêtres à double tour et nous entourer d'une foule de policiers et gendarmes . Que nous reste-t-il alors comme liberté ?
« A François Tronchin
conseiller
[vers le 31 décembre 1758]1
J'apprends que M. Tronchin est bien empêché avec les voleurs de Chenaud 2. Je le prie de recommander à M. Jallabert 3 l'affaire de Henri IV, du traité de 1601 4, des droits de Genève sur les dimes de Collovrex contre les autres voleurs nommés prêtres . »
1 Manuscrit olographe sur le dos d'une carte à jouer .
2 Dans la nuit du 25 au 26 novembre 1758, la demeure de Pierre Chenaud a été cambriolée et une forte somme d'argent volée . Deux frères, Félix et Jean-Baptiste Pignatelli, arrêtés à Lyon et ramenés à Genève le 10 janvier 1759, finirent par avouer leur vol . François Tronchin avait été chargé d'instruire l'affaire , le procès prendra fin en mars 1759 .
3 J. Jallabert, professeur de physique expérimentale et philosophie à Genève (meurt en 1768) : voir page 126 : http://books.google.fr/books?id=yQBUAAAAcAAJ&pg=PA126&lpg=PA126&dq=J.+Jallabert,+professeur+de+philosophie+%C3%A0+Gen%C3%A8ve&source=bl&ots=RXcRjzKtiw&sig=7blJb3xfLGB5CaEqbbtYoEC4I1A&hl=fr&sa=X&ei=-vbbUoCWNerI0wW294D4CQ&ved=0CD8Q6AEwAw#v=onepage&q=J.%20Jallabert%2C%20professeur%20de%20philosophie%20%C3%A0%20Gen%C3%A8ve&f=false
4 Le Pays de Gex a été réuni au royaume de France par le traité de Lyon de 1601 . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_Lyon
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Patience, patience, et patience même avec les curés
... Les imams, les popes, les moines, les pasteurs, les gourous, les sorciers, les dictateurs et despotes, leur temps est compté , leur pouvoir ridicule ( mais malheureusement réel sur les faibles d'esprit ) . L'Infâme aux multiples visages crêvera de ses propres poisons .
http://ninapaley.com/mimiandeunice/2010/08/09/patience/
« A Jean-Robert Tronchin
Aux Délices 29 décembre [1758]
Et sept cent quarante huit livres à M. Le Bault conseiller de Dijon, et 5300 livres à M. le syndic Lullin de Châteauvieux 1 . Cela ne finira pas, mon cher ami . Les 748 sont pour de bon vin de Bourgogne . Les 5300 sont pour un prêt , et j'ai donné traite sur vous pour cette somme . Tout le monde se met à m'emprunter de l'argent depuis que je me suis épuisé à acheter des terres . Voilà dix mille francs que je prête depuis un mois . C'est comme si les emprunteurs me disaient, perdez quatre cents livres . Soit, il n'y a pas grand mal . Bientôt il ne me restera rien . Notre ami Labat n'a pas encore fini avec l'affaire des 90 mille livres 2 mais il la finira . Et la toile n'est donc pas encore venue ?3 Patience, patience, et patience même avec les curés qui ruinent mes vassaux . Voici deux lettres que je vous supplie de vouloir bien faire affranchir . Nous vous embrassons tous .
Votre très humble et très obéissant serviteur .
V. »
1 Michel Lullin de Châteauvieux, personnalité de premier plan dans le milieu genevois du XVIIIè siècle, n'est pas syndic en 1758, mais il l'a été et le sera encore à nouveau . Voir : http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F26045.php
2 Prêt consenti au margrave de Saxe-Gotha ; voir lettre du 16 octobre 1758 à Labar : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/22/il-ne-faut-pas-faire-passer-de-mauvais-quarts-d-heure-a-de-p-5227891.html
3 Voir lettre du 11 décembre 1758 à J-R. Tronchin (toile de Laval) : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/12/25/si-je-vis-tout-ira-bien-si-je-meurs-je-n-ai-besoin-de-rien-e-5255123.html
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18/01/2014
un curé de Moëns , notre voisin, le plus grand, le plus dur, le plus infatigable chicaneur de la province, homme riche, homme doublement et triplement en état de faire du mal, comme étant prêtre, riche et processif
... Ouf ! c'est du passé .
Mais, avec ou sans soutane, le riche peut se permettre d'être aussi malfaisant qu'il peut être bienfaisant - dans le meilleur des cas .
Rich man , poor men !
« A M. le conseiller Antoine-Jean-Gabriel LE BAULT
Aux Délices, 29 décembre [1758].
Je vous remercie très-humblement, monsieur, de vos vins et de vos plants. Voilà un bel exemple que vous donnez à M. le président de Brosses 1. Il me doit quatre mille ceps pour que je lui fasse boire, après ma mort, du vin de Bourgogne du cru de Tournay: il m'a vendu cette terre à vie, et j'y ai mis pour première condition qu'il me ferait Bourguignon, et que je lui planterais quatre mille bois tortus 2, du meilleur. Si vous le voyez, monsieur, ayez la charité, en digne compatriote, de le gronder de n'avoir pas regardé cette promesse de vigne comme son premier devoir. Le temps est beau et la terre est preste. Ne doutez pas, monsieur, que je n'aie d'abord écrit à l'ami Tronchin 3, et, quand je ne l'aurais pas fait, il n'en obéirait pas moins ponctuellement à vos ordres. Vous êtes trop bon, monsieur, d'avoir demandé tant de grâces pour moi je suis pénétré de reconnaissance; je me flatte que monseigneur le comte de La Marche me daignera donner quelque délai, car je n'ai trouvé dans la terre de Ferney que du délabrement et des procès.
Permettez-moi, monsieur, de vous importuner ici d'un procès auquel je dois prendre part. Il a été jugé à la chambre des enquêtes entre un curé de Moëns 4, notre voisin, le plus grand, le plus dur, le plus infatigable chicaneur de la province, homme riche, homme doublement et triplement en état de faire du mal, comme étant prêtre, riche et processif; entre ce curé, dis-je, d'une part, et les pauvres de Ferney, de l'autre, pauvres de nom, pauvres d'effet, et pauvres d'esprit, aussi le traître ne leur laisse que le royaume des cieux 5. Il s'agissait d'une dîme de novailles ou novales 6, d'une bruyère défrichée par leurs mains il y a cent soixante ans, cela produit dix écus de rente. Il leur a fait pour 1 500 francs de frais, et il exige, en curé d'enfer, en prêtre de Belzébuth, ces 1 500 francs, de malheureux qui n'ont rien et qui n'ont pu ensemencer leur terre cette année. Quoi monsieur, des pauvres qui ont dû plaider in forma pauperum 7 seront-ils mis en prison, comme il les en menace, pour ne pouvoir donner à cet homme avide le reste de leur sang? Ne peuvent-ils présenter une requête au parlement pour obtenir des délais? N'en donnez-vous pas tous les jours à des débiteurs? Au nom de l'humanité, monsieur, mandez-moi, je vous en conjure, si la chose est possible, et daignez protéger des pauvres prêts à déserter un pays abandonné.
Recevez la tendre reconnaissance et le respect de votre très humble et très-obéissant serviteur.
Voltaire. »
1 Voir lettre du même jour à de Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/01/17/pardon-des-importunites-monsieur-vous-en-aurez-bien-d-autres-5273797.html
2 Ceps de vigne .
3 Jean-Robert Tronchin à Lyon, banquier et homme d'affaires .
4 Philippe Ancian, curé de Moëns .
et : http://voltaire.lire.ish-lyon.cnrs.fr/IMG/pdf/RV_10_4_4_JHanrahan.pdf
et : http://voltaire.lire.ish-lyon.cnrs.fr/IMG/pdf/RV_10_4_5_OGuichard.pdf
5 Voir les Béatitudes dans l'Evangile selon Matthieu , V, 3 . http://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9atitudes
6 Voir lettre du 25 décembre 1758 à de Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2008/12/26/idiots-imbeciles-ecorches-a-noel-on-pense-encore-a-vous.html
7 Dans les formes permises aux pauvres , c'est à dire simplifiées .
15:59 | Lien permanent | Commentaires (0)
17/01/2014
lesquels ne portent point de noix et sont sur le retour
... Ceci n'est pas une question mais une affirmation qui à mes yeux concerne exactement les sénateurs et sénatrices qui défendent leurs privilèges surannés , dont l'immunité n'est pas le moindre, n'est-ce pas M. Serge Dassault ? Bande de hors la loi !
Tas de vieilles noix,
T'as de viles noix.
« A Jean-Robert Chouet 1
Je prie monsieur Chouet de faire abattre et scier proprement les huit noyers près de Chambésy, ou autour du grand pré, lesquels ne portent point de noix et sont sur le retour . Fait à Tournay le 29 décembre 1758 .
Voltaire »
1 Copie par de Brosses . On y lit : « Non seulement par une direction la plus mal entendue l'on a coupé les noyers qui étaient les plus superbes, ceux qui restent ne peuvent servir pour refendre étant voutés . C’est la suite d'une direction très aisée à comprendre . /Chouet. » Le bois de noyer, comme de nos jours était très estimé pour la fabrication de meubles .
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Pardon des importunités, monsieur; vous en aurez bien d'autres
... Voilà ce que peuvent dire et écrire tous ceux qui ont François Hollande comme sujet/objet d'étude .
Qu'il se le tienne pour dit ! A vouloir être au sommet, on montre son cul plus aisément que ses sentiments et le spectateur rapporte plus facilement les choses vues que les états d'âme .
Nos présidents ne sont pas des exemples de vertus, peut-être est-ce pour ça qu'ils ont un tel succès ? Hommes d'élite, laissez-moi rire !
La vague qui les a apportés peut les noyer aussi facilement .
J'attends l'élection d'une femme pour voir si elle se conduira avec la même inconséquence . A suivre ...
« A Charles de BROSSES, baron de Montfalcon
29 décembre [1758].
Pardon des importunités, monsieur; vous en aurez bien d'autres. Il ne s'agit ici ni de vignes ni de prêtres il est question de notre chemin de Genève jusqu'à Prégny.1
L'illustre et sérénissime république n'est point en état de faire cette dépense. Tous nos vassaux se cotisent, et on nous demande notre portion pour le bien public et pour vous et vos hoirs. Voulez-vous, monsieur, me donner permission de concourir jusqu'à mille francs sur les douze mille livres que je dois employer?2 Vous ne sauriez mieux faire. Soyez bien convaincu que je suis homme à pousser la chose au delà de vingt-quatre mille. C'est ma façon, et surtout avec vous. Je suis connu pour tel dans le pays. J'ai déjà vingt ouvriers qui réparent les délabrés vignobles que noble ivrogne Chouet a négligés. Je ne suis pas comme le roi de Prusse. Je n'aime point la destruction. On va incessamment réparer votre château. Vous ne le reconnaîtrez pas. On donne un cours aux eaux. Votre forêt est dans un état affreux. J'y mettrai ordre; tout est arrangé.
Je vous disais qu'il ne s'agissait point de vignes Eh eh ! si fait, de par saint Martin et saint Jean des Entommeures 3, il s'en agit : le temps est beau, et sera beau. Pour Dieu! quatre mille ceps, et plutôt cinq mille ! Vous gagnerez le centuple. Je ne veux que le bien de la chose; ce sera votre fils qui en boira le vin avec vous.
Je compte faire travailler les paysans à notre chemin du château, et je suppose que vous avez donné vos ordres et vos instructions pour cette besogne nécessaire. N'allez pas cependant, s'il vous plaît, vous dire seigneur de Tournay avec les Genevois car c'est moi qui le suis, et vous m'ôteriez le plus beau fleuron de ma couronne.
Quand je ne serai plus Sosie,
Sois-le : j'en demeure d'accord. 4
Mais tant que je le suis... je suis et serai plein d'attachement, d'estime et de respect pour vous. J'attends vos ordres pour les mille livres.
V. »
1 Le château de Tournay est sur la commune de Prégny-Chambésy, république de Genève . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pregny-Chamb%C3%A9sy
2 Voir lettre du 10 décembre 1758 et le contrat avec de Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/12/25/j-edifie-plus-que-je-ne-detruis-je-parle-d-edifice-et-non-d-5255095.html
3 V* s'amuse à mettre frère Jean des Entommeures au rang des saints . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A8re_Jean_des_Entommeures
et : http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/lettres/podcast/BTI/Textes/277.htm
4 Amphytrion, de Molière, acte I, sc. II , vers 512-513 : http://www.toutmoliere.net/acte-1,405349.html
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16/01/2014
une nouvelle preuve du service essentiel que vous rendez au pays, en renvoyant dans les montagnes cette horde d'employés qui abîment notre petite province, et qui seront très bien avec les ours et les loups leurs confrères
... Serait-ce le plan de redressement gouvernemental exposé par notre François national qui mériterait le qualificatif de service essentiel ? Renvoyer les hordes de fonctionnaires fiscaux n'est pas une idée neuve, une bonne partie des impôts servant à les rétribuer, on peut envisager cette solution d'économie .
« A Louis-Gaspard Fabry
Monsieur, j'ai l'honneur de vous envoyer la lettre du curé de Moëns . Cet homme est bien tenace et brave bien insolemment votre médiation . Je vous prie instamment, monsieur, de vouloir bien interposer vos bons offices pour qu'il attende quinze jours ; attendu qu'il est actuellement défendu de faire venir des espèces de Lyon, et qu'on n'en peut tirer de Genève qu'avec une perte considérable . Au reste, ce curé avide et chicaneur qui persécute les pauvres, mériterait plutôt un châtiment exemplaire que de l'argent . Je vous supplie en un mot, qu'il n'accable point 1 de nouveaux frais les communes de Ferney, en attendant qu'on ait pris des mesures convenables .
L'aventure arrivée à une pauvre femme , que je loge par charité à Tournay, et à qui les commis ont enlevé sa farine, pour laquelle on faisait chauffer le four du château, est une nouvelle preuve du service essentiel que vous rendez au pays, en renvoyant dans les montagnes cette horde d'employés qui abîment notre petite province, et qui seront très bien avec les ours et les loups leurs confrères ; si on pouvait leur donner le sieur Ancian pour curé, ce serait très convenable .
J'ai l'honneur d'être du meilleur de mon cœur monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur .
V.
28 décembre [1758] »
1 Point est ajouté par V* au dessus de la ligne .
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