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19/08/2014

A l'égard des pucelles, il est trop vieux pour s'en mêler

...

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Et je laisse le paradis promis par Mohammed à Mohammed !

Au fait y a-t-il un paradis pour les femmes musulmanes avec de beaux puceaux?

 

 

 

 

« A Pierre ROUSSEAU

directeur

du « Journal Encyclopédique »

à Bouillon
11 juillet 1759. 1
M. Desmal,2 monsieur, a reçu votre lettre 3; il vous est très- obligé de votre souvenir, et quoique son frère ait été fâché contre je ne sais quel monsieur de V. qui lui a ravi insolemment l'honneur d'avoir mangé du jésuite et d'avoir voyagé avec M. Martin, votre journal est le seul qu'il lise avec plaisir. Il pense absolument comme vous sur l'ex-jésuite dont vous lui parlez, à cela près qu'il ne le lit jamais : il voudrait fort avoir quelque pièce à vous communiquer, mais votre journal n'en a certainement pas besoin, et d'ailleurs ce M. Desmal est si gâté par ses voyages, et pense quelquefois d'une manière si hardie, que son frère le capitaine, tout lustig qu'il est du régiment, n'oserait pas faire imprimer ses rêveries à Zastrou 4. Il craint si terriblement de déplaire à la Sorbonne qu'il s'est fait maçon, laboureur et jardinier ; il gouverne ses terres et n'écrit point sur l'agriculture, comme font tant de gens qui n'ont jamais vu que les Tuileries [et qui]5 enseignent hardiment la multiplication du blé. A l'égard des pucelles, il est trop vieux pour s'en mêler, et il serait bien fâché de se brouiller avec saint Denis 6, pour la tête duquel il a toujours eu un respect vivement sincère.
Il vous fait ses très-humbles compliments, dans le goût d'un homme qui a voyagé avec Martin. »

1 La troisième page qui portait une note de quatre lignes a été déchirée .

2 V* oublie-t-il le nom de Démad qu'il a donné dans sa lettre 1er avril 1759 au Journal Encyclopédique ? On notera en tout cas qu'il ne fait pas allusion au fait que cette lettre n'a pas encore paru .Voir lettre du 1er avril 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/19/tous-les-peres-sans-en-excepter-un-seul-ont-fonde-la-religion-chretienne-su.html

3 Cette lettre ne nous est pas parvenue . Cependant on connait une lettre de Pierre Rousseau à Marc-Michel Rey du 30 mars 1759 où il annonce qu'il a sous presse Candide qui a « une vogue étonnante » ; l'ouvrage sera pr^t « dans cinq jours » ; il en annonce la publication le 7 avril 1759 et ajoute : « Je crois m'en défaire avantgeusement parce que j'en envoie aux armées . »

5 Wagnière a rayé « et qui » mais a oublié de remplacer ces mots ou encore de rayer « font » qui précède .

6 St Denis doit représenter le roi d France , voir lettre du 1er août 1759 à Frédéric II : page 149 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f161.image.r=roi%20de%20prusse

« Le vrai Denis, le héros de nos jours, Je le connais, et je sais quel est l'âne ; »

 

tous les pères [de l'Eglise] sans en excepter un seul, ont fondé la religion chrétienne sur cette malédiction prononcée par Dieu même ... nous sommes des coupables tourmentés, qui devons avouer nos fautes et notre punition

... Poisson d'avril décalé, avec une déclaration sérieuse .

Dois-je préciser que je me fiche du prétendu péché originel comme de ma première séance de catéchisme ? Au demeurant j'aime bien les pommes, n'en ait pas davantage la science infuse, et pour moi l'histoire d'Eve et  du serpent n'est qu'une métaphore dont ce cher docteur Freud donnerait une explication sexuelle sans contredit .

Fichues religions ! 

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« A monsieur Pierre Rousseau

à Liège

directeur du Journal Encyclopédique 1

Messieurs, vous dites dans votre journal du mois de mars qu'une espèce de roman intitulé De l'Optimisme ou Candide, est attribué à un nommé M. de V. 2. Je ne sais de quel M. de V.  vous voulez parler ; mais je vous déclare que ce petit livre est de mon frère M. Démad, actuellement capitaine dans le régiment de Brunsvik, et à l'égard de la prétendue royauté des jésuites dans le Paraguay que vous appelez une misérable fable, je vous déclare à la face de l'Europe que rien n'est plus certain ; que j'ai servi sur un des vaisseaux espagnols envoyés à Buenos-Aires en 1756 pour mettre à la raison la colonie voisine du Saint-Sacrement , que j'ai passé trois mois à l'Assomption, que les jésuites ont de ma connaissance vingt-neuf provinces qu'ils appellent réductions, et qu’ils y sont les maitres absolus au moyen de huit réales par tête qu'ils payent au gouverneur de Buenos-Aires pour chaque père de famille, et encore ne payent-ils que le tiers de leurs cantons . Ils ne souffrent pas qu'aucun Espagnol reste plus de trois jours dans leurs réductions . Ils n'ont jamais 3 voulu que leurs sujets apprissent la langue castillane, ce sont eux seuls qui font faire l'exercice des armes aux Paraguains, ce sont eux seuls qui les conduisent . Le jésuite Thomas Verle, natif de Bavière, fut tué à l'attaque de la ville du Saint Sacrement, en montant à l'assaut, à la tête des Paraguains en 1737, et non pas en 1755 comme l'a dit le jésuite Charlevoix,4 auteur aussi insipide que mal instruit . On sait comment ils soutinrent la guerre contre Don Antequerra ; on sait ce qu'ils ont tramé en dernier lieu contre la couronne de Portugal et comme ils ont bravé les ordres du Conseil de Madrid .

Ils sont si puissant qu'ils obtinrent de Philippe V, en 1743, une confirmation de leur puissance, qu'on ne pouvait leur ôter . Je sais bien, messieurs, qu'ils n'ont pas de titre de roi, et par là on peut excuser ce que vous dîtes de la misérable fable de la royauté du Paraguay 5. Mais le dey d’Alger n'est pas roi, et n'en est pas moins maître . Je ne conseillerais pas à mon frère le capitaine de faire le voyage du Paraguay sans être le plus fort .

Au reste, messieurs, j'ai l'honneur de vous informer que mon frère le capitaine qui est le loustik 6 du régiment est un très bon chrétien, qui en s'amusant à composer le roman de Candide dans son quartier d'hiver, a eu principalement en vue de convertir les sociniens . Ces hérétiques ne se contentent pas de nier hautement la Trinité et les peines éternelles, ils disent que Dieu a nécessairement fait de notre monde le meilleur des mondes possibles, et que tout est bien . Cette idée est manifestement contraire à la doctrine du péché originel . Ces novateurs oublient que le serpent qui était le plus subtil des animaux, séduisit la femme tirée de la côte d’Adam, qu'Adam mangea de la pomme défendue , que Dieu maudit la terre qu'il avait bénite : maledicta terra in opere tuo ; in laboribus comedes 7.

Ignorent-ils que tous les pères sans en excepter un seul, ont fondé la religion chrétienne sur cette malédiction prononcée par Dieu même, dont nous ressentons continuellement les effets ? Les sociniens affectent d'exalter la providence, et ils ne voient pas que nous sommes des coupables tourmentés, qui devons avouer nos fautes et notre punition . Que ces hérétiques se gardent de paraître devant mon frère le capitaine , il leur ferait voir si tout est bien .

Je suis, messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur .

Démad

A Zastrou 1er avril 1759

P.-S. - Mon frère le capitaine est l'intime ami de M. Ralph, professeur assez connu dans l'académie de Francfort-sur-l'Oder, qui l'a beaucoup aidé à faire ce profond ouvrage de philosophie, et mon frère a eu la modestie de ne l'intituler que traduction de M. Ralph, modestie bien rare chez les auteurs . »

1 Original de la main de Wagnière . Le manuscrit qu'on possède est celui qui a servi pour l'édition, où le texte est précédé de cette note de l'éditeur (qui figure aussi, d'une autre main que celle de Wagnière, sur le manuscrit) : « N.B.- Cette lettre a été égarée pendant longtemps , et lorsqu'elle nous est parvenue, nous avons fait des recherches inutiles pour découvrir l'existence de M. Démad, capitaine dans le régiment de Brunswic . » On peut dater cette lettre , et ce qui le prouve, c'est par exemple la mention que V* en fait dans une lettre à Choiseul qui ne peut avoir été écrite que vers avril 1759 (lettre du 1er avril 1759 à César-Gabriel Choiseul, comte de Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/05/24/ce-qu-il-desirait-le-plus-dans-le-plus-sot-des-mondes-possib-5376348.html)

2 De fait le Journal encyclopédique du 15 mars 1759 , qui dit : « Ce roman, dont nous ne croyons nullement que l'original allemand existe, est attribué à M. de V... »

3 Jamais, correction interlinéaire qui remplace pas, biffé .

4 Pierre-François-Xavier de Charlevoix, Histoire du Paraguay, 1756 , qui donne le nom de ce jésuite sous la forme de Thomas Werle .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Fran%C3%A7ois-Xavier_de_Charlevoix

5 Le Journal encyclopédique parle des « folies qu'on a débitées au sujet de la royauté qu'on prétend que les jésuites possèdent au Paraguay » ; voir aussi lettre du 14 novembre 1755 à Jean-Robert Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/19/aidez-moi-mon-cher-ange-et-je-vous-promets-encore-une-traged.html

6 Le manuscrit (même main que le nota bene) et le Journal encyclopédique du 15 juillet 1762 donnent la note suivante : « Mot allemand signifiant joyeux » Les dictionnaires étymologiques assignent la date de 1762 comme première attestation de ce mot , dans la présente lettre . A proprement parler, dans les régiments suisses allemands, le loustic était le bouffon de la troupe .

7 La terre est maudite à cause de toi, tu gagneras ton pain à la sueur de ton front .

 

 

18/08/2014

J'espère toujours, monsieur, que, non-seulement vous aurez la bonté de me faire parvenir la suite de ce journal, mais que je recevrai de vous des lumières sur tout ce qui peut rendre ces événements plus intéressants pour le public, et plus glorieux pour

... le monarque", fut-on en république sous la direction/l'errance d'un président élu !

Quelques actualités difficiles à rendre intéressantes, en encore plus à glorifier notre gouvernement .

Voltaire fit ses choux gras des nouvelles de  Russie, et nous, nous faisons maigres affaires avec leur embargo, mais rassurons-nous, quelques millions par-ci par-là sont encore disponibles .

 http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/08/18/face-a-l-embargo-russe-l-europe-debloque-125-millions-d-euros-pour-aider-le-secteur-maraicher_4472931_3234.html

Plus directement intéressant (?) pour notre emploi : http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/08/18/pierre-gattaz-hesite-a-mettre-a-nouveau-la-pression-sur-le-gouvernement_4472747_3234.html

 

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 Et sans transition, une mise en parallèle qui me semble d'une importance stratosphérique, le manque d'eau pour se doucher à Gaza d'une part, et les douches glacées de quelques uns des plus riches humains qui font le buzz (comme dit mon ami Willy le bourdon )

http://www.lemonde.fr/proche-orient/video/2014/08/18/la-douche-moment-rare-a-gaza_4472815_3218.html

et : http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2014/08/18/glacant-bill-gates-repond-au-defi-de-lice-bucket-lance-par-zuckerberg/

Vous  restez de glace ? ça ne m'étonne pas ! Que retiendra l'histoire ?

 

 

 

« A Ivan Ivanovitch SCHOUVALOW,
à Pétersbourg.
Au château de Tournay par Genève

10 juillet 1759.
Monsieur, une grande fluxion sur les yeux me prive de l'honneur de vous écrire de ma main, et du plaisir de continuer, aussi rapidement que je le voudrais, l'Histoire de Pierre le Grand. Je l'ai poussée jusqu'à la bataille de Pultava. Le journal que Votre Excellence a eu la bonté de m'envoyer me sert à constater les dates, et à rapporter les événements avec exactitude. J'espère toujours, monsieur, que, non-seulement vous aurez la bonté de me faire parvenir la suite de ce journal, mais que je recevrai de vous des lumières sur tout ce qui peut rendre ces événements plus intéressants pour le public, et plus glorieux pour le monarque.
Je vois bien, dans les mémoires qu'on m'a confiés, quel jour on a pris une ville; je vois le nombre des morts, des prisonniers, dans une bataille ; mais je ne vois rien qui caractérise Pierre le Grand. Le lecteur désirera sans doute de savoir comment il traita les principaux officiers suédois prisonniers, après la bataille de Pultava ; comment la plupart des capitaines et des soldats furent transportés en Sibérie: comment ils y vécurent; avec quelle générosité l'empereur renvoya le prince de Wurtemberg ; pourquoi le comte Piper 1 fut détenu dans une prison rigoureuse; comment on traita les généraux Renschild 2 et Lewenhaupt, et les autres; quel fut l'appareil du triomphe à Moscou. Un billet de lui, une réponse, un mot, deviennent, dans de telles circonstances, des choses importantes pour la postérité .

Ses négociations, surtout, doivent être un des plus grands objets de son histoire. Mais, monsieur, tous les princes ont négocié, tous ont assiégé des villes et donné des batailles, nul autre que Pierre le Grand n'a été le réformateur des mœurs, le créateur des arts, de la marine et du commerce. C'est par là surtout que la postérité l'envisagera avec admiration. Elle voudra être instruite en détail de tout ce qu'il a créé ; elle demandera compte du moindre chemin public, des canaux pour la jonction des rivières, des règlements de police et de commerce, de la réforme mise dans le clergé ; en un mot, de tous les objets sur lesquels il a étendu ses soins. Il est même nécessaire que toutes ses grandes entreprises, depuis la Finlande jusqu'au fond de la Sibérie, soient présentées au public dans un jour si lumineux, et d'une manière si imposante, que les lecteurs ne puissent pas regretter ces anecdotes désagréables dont tant de livres sont remplis, et que la gloire du héros empêche de s'informer des faiblesses de l'homme.
J'ignore, monsieur, si c'est votre intention que l'Histoire de Pierre le Grand soit suivie d'un chapitre dans lequel je ferai voir, en raccourci, comment on a suivi en tout les vues de ce législateur ; avec quelle splendeur on a achevé ce qu'il avait commencé, et tout ce que votre nation a fait de grand, jusqu'au temps heureux de l'impératrice régnante. Je fais mille vœux pour la durée et le bonheur de son empire; j'en fais d'aussi ardents pour votre personne. Le protecteur des arts doit m'être bien cher ; l'ouvrage dont vous m'avez chargé m'inspire de la reconnaissance ; toutes vos bontés me sont précieuses. 

J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus respectueux

monsieur

de Votre Excellence

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire »

 

17/08/2014

personne au monde ne m'est aussi cher que vous et votre amitié

... Mam'zelle Wagnière !

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

6 juillet 1759 1

Encore un mot, c'est pour vous dire que personne au monde ne m'est aussi cher que vous et votre amitié .

Que me parlez-vous de Luc ? Ne savez-vous pas qu'il est capable de tout ? C'est un fou qui se plait dans les deux extrêmes, le bien et le mal sont les deux éléments de sa vie .

Ma vie est à vous pour toujours .

V. »

1 Copie par Boissy d'Anglas (Clarke) qui ajoute ce mot à la fin de la lettre suivante de juillet 1759 à d'Argental .

«  A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

[juillet 1759]

Mon divin ange, que vous dirai-je ? Rien qui ne soit dans le paquet ci-joint [Sans doute le mémoire sur Tournay annoncé par la lettre du 18 juin 1759 aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/06/je-le-mettrai-dans-les-rayons-de-ma-petite-bibliotheque-dest-5423916.html
] .

Votre chambrier d'Espagnac, le président De Brosses, l'intendant, les fermiers généraux et mes maçons ont conjuré ma ruine . Elle est complète . Les chevaliers et les czars ne s’en trouveront pas mieux . Je suis malade, les affaires me pillent, je baise les ailes des anges pour me consoler . »

 

16/08/2014

J'ai besoin que vous me consoliez en m'apprenant, si cela ne vous dérange pas, l'état de mes petites affaires

..."Je me suis toujours attendu que les dépenses iraient très loin" glisse Nicolas Sarkozy dans le creux de l'oreille de Jean-François Copé et de son avocat .

 

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Les paris sont ouverts, la montagne-affaires UMP and C° va-t-elle encore accoucher d'une souris (verte qui courait dans l'herbe, je l'attrape par la queue , je la montre à ces messieurs, ...)?

 Carla, elle, se tait, -ou est inaudible tout comme quand elle chante,- et ne dit rien sur les "petites affaires" de son vibrionnant Raymond ; nous lui laissons le soin de s'en occuper .

Voir http://cocomagnanville.over-blog.com/2014/07/la-montagne-accouche-toujours-d-une-souris.html chez qui j'ai trouvé l'illustration .

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

Parlons d'abord des perdrix 1, mon aimable correspondant . La dernière caisse fut apparemment ouverte à la douane . La mousse enlevée, les œufs arrivèrent cassés , et le peu qui resta fut pourri . Il arrivera que de deux cent cinquante œufs il n'en réussira pas un . Je ne suis pas chanceux .

Le temps est triste et je suis malade . J'ai besoin que vous me consoliez en m'apprenant, si cela ne vous dérange pas, l'état de mes petites affaires . Je me suis toujours attendu que les dépenses iraient très loin . Payer trois terres, bâtir un château, en raccommoder un autre, monter ces trois terres de tout et avoir encore le droit barbare des lods et ventes à payer, tout cela est dispendieux et l'académie de lésine 2 y serait bien embarrassée .

Je dois environ 20000 livres qu'il faut donner dans quelques mois, indépendamment des frais du bâtiment de Ferney, et tout cela sans négliger les Délices . Aurai-je de quoi faire face ? Je pense qu'il faudra vendre loteries et annuités pour avoir du foin . Je ne sais plus trop où j'en suis . Instruisez-moi je vous prie de mon piteux état, quand vous en aurez le loisir . Si la guerre dure (comme j'ai grand sujet de le craindre ) M. Silhouette sera aussi embarrassé que moi .

Ce monde est plein d'anicroches . Bonsoir mon cher monsieur .

Votre très humble obéissant serviteur

V.

Aux Délices 3 juillet [1759] »

1 Envoyées par le duc de La Vallière : voir lettre du 16 mai 1759 à Jean-Robert Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/06/30/je-veux-peupler-mes-terres-d-hommes-et-de-perdrix-5402179.html

2 L'académie de lésine : voir note de lettre ci-dessus

 

 

15/08/2014

Le pays se dépeuple, on n'y trouve pas un ouvrier . Cela est d'autant plus sérieux que personne n'y met ordre

... Heureusement il y a Arnaud-le-preux Montebourg qui distribue médailles et diplômes, enraye la fuite de nos petites mains industrieuses et soutient le calbard tricolore (celui-ci soutient on ne sait trop quoi, et je ne demande pas à voir ! Sachant qu'on parle de redressement productif, la courbe de natalité devrait être elle aussi à la hausse , CQFD ! ).

medaille-redressement-productif-jpg_2415893.jpg

 http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/marie-christi...

 

 

 

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

Aux Délices , 3 juillet [1759]

Monsieur, si vous avez un simple tonneau de votre bon vin, une demi-queue 1, elle sera reçue avec reconnaissance, on la boira à votre santé, on la paiera loyalement selon notre coutume . Mais il faudra attendre que les chaleurs soient passées . C'est une affaire de fin d'automne . Nous verrons alors combien vous voudrez nous donner de vin d'ordinaire . Nous en avons fait venir beaucoup, mais il faut le garder longtemps, nous boirons le vôtre en attendant .

Le président de Brosses, quoique vous vouliez l'excuser en vous moquant de lui, est un négligent 2, avec le respect que je lui dois, car il pouvait très bien envoyer du plant de Bourgogne en novembre puisque j'ai planté des brimborions de vigne en décembre qui ont très bien réussi . Ceux que vous eûtes la bonté de m'envoyer vont à merveille . Je ne me plains de rien dans mes terres que de la rapacité des gens de justice de Gex, qui ruinent tout le pays . Un procureur nommé Dulcis 3 dont le nom est un contresens, fait vingt pages d'écriture pour quelques vaches entrées dans le pré d'un voisin, et vous met en gros caractères deux mots dans une ligne avec une conjonction ou sans conjonction,

SIEUR ÉTIENNE

}

et douze lignes dans une page

Ami citoyen de

Genève, étant de

séjour à Moëns

 

et puis le coquin fait payer 8 livres 10 pour sa pancarte, et il en coûte 41 livres, et cela se renouvelle tous les jours . Les paysans se réfugient sur le territoire de Genève . Le pays se dépeuple, on n'y trouve pas un ouvrier . Cela est d'autant plus sérieux que personne n'y met ordre . Je vous supplie très instamment, monsieur de vouloir bien me dire comment il faut m'y prendre pour réprimer cet abus intolérable poussé à l'excès . J'attends cette grâce de votre humanité et de votre justice .

J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus respectueux

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 La demi-queue est une barrique d'environ 250 litres .

3 Doux en latin .

 

Je ne crois pas l'avantage des Russes si considérable, mais je crois la guerre, ce fléau de Dieu , fort longue

...

 

 

 

« A Jacob Vernes

[juin-juillet 1759]

Je demande pardon d'avoir fait attendre la fille , j'étais à table .

Je ne connais de Socrate que celui de Tompson 1. Je le fais venir d’Angleterre . Je ne crois pas l'avantage des Russes si considérable, mais je crois la guerre, ce fléau de Dieu , fort longue ; all is right, in spight of the kings,2 of the pox and all .

Y rmost h. st3»

3 Tout est bien, en dépit des rois, de la vérole et de tout . Votre très humble serviteur .