Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/09/2018

Il chérit ses sujets comme il est aimé d’eux : C’est un père entouré de ses enfants heureux .

... - Combien d'heureux, au fait ?

 --34 %

- En quel pays ?

--La France !

-Dommage . Peut/doit mieux faire .

 http://www.lepoint.fr/politique/sondage-la-cote-de-popula...

 https://www.youtube.com/watch?v=5ZvKdWpa3Rs

 Résultat de recherche d'images pour "enfants et macron"

 Le Président et ses douze apôtres

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

21è septembre 1763

Mes divins anges, c'est bien dommage que la Gazette littéraire, si elle existe, se soit laissée prévenir sur le compte qu'elle pouvait rendre des Lettres de Milady Montaigu 1 , qui paraissent en Angleterre depuis six mois et que je n'ai que depuis cinq ou six jours . Les Lettres de Mme de Sévigné sont faites pour les Français, et celles de Milady Montaigu sont pour toute les nations . Si jamais elles sont traduites, ce qui est fort difficile, vous serez enchanté de voir des choses curieuses en nouvelles embellies par la science, par le goût et par le style . Figurez-vous que depuis plus de mille ans nul voyageur à portée de s'instruire, n'avait été à Constantinople par les pays que Mme de Montagu a traversés ; elle a vu la patrie d'Orphée et d’Alexandre ; elle a diné en tête à tête avec la veuve de l'empereur Mustapha ; elle a traduit des chansons turques, et des déclarations d’amour qui sont tout à fait dans le goût du Cantique des cantiques ; elle a vu des mœurs qui ressemblent à celles qu'Homère a décrites, et elle a voyagé avec son Homère à la main . Nous apprenons d'elle à nous défaire de bien des préjugés . Les Turcs ne sont ni si brutes ni si brutaux qu'on le dit . Elle a trouvé autant de déistes à Constantinople qu'il y en a à Paris et à Londres . J'avoue que j'ai été fâché qu'elle traite notre musique et notre sainte religion avec le plus profond mépris ; mais nous devons nous accoutumer à cette petite mortification .

Apprenez-moi donc, je vous en prie mes chers anges, ce que devient cette Gazette littéraire . M. le duc de Pralin l'aura-t-il vainement protégée ? y travaille-t-on et y met-on un peu de sel ? car sans sel il n'y a pas moyen de faire bonne chère .

Je songe qu’une inscription ne peut être salée, c’est un grand malheur ; elle ne doit point être, à mon gré, en prose latine pour un roi de France ; elle ne peut être en prose française : le style lapidaire ne convient point à notre langue chargée d’articles, qui rendent sa marche languissante ; il faut deux vers, mais deux vers français détachés sont toujours froids ; c’est alors que la rime paraît dans toute sa misère. Pourriez-vous souffrir ce distique ?

Il chérit ses sujets comme il est aimé d’eux :

C’est un père entouré de ses enfants heureux .

Ou bien :

Heureux père entouré de ses enfants heureux .

Dites-moi, mes anges, je vous en supplie, s’il est vrai que M. le duc de Praslin a la bonté d’être notre rapporteur 2. L’affaire paraît être du ressort de M. le comte de Saint-Florentin, qui a le département de l’Église, mais M. le duc de Praslin a le département des traités et de la bienfaisance ; ainsi nous devons être entre ses mains. Pour moi, je me mets toujours sous vos ailes .

Que faites-vous de mes roués ? Quand je vous dis qu’il y a des vers raboteux, n’allez pas, s’il vous plaît, me prendre si fort au mot.

Toute notre petite famille se met aux ailes de mes anges. »

1Letters of the right honourable lady M[ar]y W[ortle]y M[ontag]u, written during her travels in Europe, Asia and Africa ; cette publication n'était pas autorisée . Voir : https://digital.library.lse.ac.uk/objects/lse:raw722gux

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mary_Wortley_Montagu

2 Pour l'affaire des dîmes . Crommelin écrit le 20 octobre 1763 à Lullin « qu'il va partir pour Versailles y remettre à Son Excellence M. le duc de Pralin la lettre du conseil concernant le procès du curé de Moens, et au sujet de la dîme ; que cette lettre arrive à propos ce ministre étant instruit à fond du procès du curé de Ferney concernant la dîme qu'il conteste au sieur Voltaire et aux héritiers de feu M. le comte de Montréal, lesquels procès sont de même nature . » Il lui rendra compte le 24 octobre de l'entretien, au cours duquel Praslin lui a dit que prendre la chose « dans le droit public » et en vouloir «  d'autre titre que les traités », c'est « bien prendre la chose » ; en conséquence il pense que l'affaire sera réunie à celle de Moens, portée au conseil d’État et rapportée par Praslin. Le duc de Praslin-Choiseul fera connaître à V* la « décision du roi » le 10 octobre 1763 ; voir lettre du 15 octobre à Jacob Favre : « […] Par ce moyen, votre curé sera contraint de vous laisser tranquille, et Mme Denis, ainsi que vous, monsieur, jouirez en toute assurance des privilèges qui vous ont été accordés . [...] »

16/09/2018

Adieu nos beaux-arts, si les choses continuent comme elles sont. La rage des remontrances et des projets sur les finances a saisi la nation . Nous nous avisons d’être sérieux, et nous nous perdons

... Dédicace, spéciale Journées du Patrimoine 2018,  à Stéphane Bern et aux parlementaires .

Messieurs/Mesdames les râleurs systématiques, enragés, revenez un peu au calme et faites une juste part des choses , cessez de gaspiller du temps et de l'argent .

 

 

« A Bernard-Louis Chauvelin

18è septembre 1763 à Ferney

Non, monsieur, ce n’est pas moi qui écris des lettres charmantes, mais bien Votre Excellence ; et l’un de ses talents a toujours été de séduire.

On vous a dépêché un petit paquet qui contient, je crois, un peu d’histoire. Vous y verrez quelque chose du temps présent, mais non pas tout ; car malheur à celui qui dirait tout ! il faut  qu’un Français passe rapidement sur les dernières années. Il y a un éloge du duc de Sully 1 qu’on vous a peut-être envoyé, c’est un ouvrage de M. Thomas, secrétaire de M. le duc de Praslin, qui remporte autant de prix à l’Académie que nous avons perdu de batailles. Il loue beaucoup ce ministre d’avoir eu toujours à Sully un fauteuil plus haut que les autres. Cela n’est bon que pour Montmartel et pour madame sa femme, qui, ayant les jambes trop longues, sont obligés à cette cérémonie . Mais d’ailleurs Thomas fait un beau portrait de Rosny et de son administration.

J’ai vu ces jours-ci un vieux Florentin assez plaisant, qui prétend que tous les États de l’Europe feront banqueroute les uns après les autres. Le libraire de l’Académie a déjà commencé. Ce libraire est une femme 2 ; et je me doutais bien qu’elle serait à l’aumône dès qu’elle aurait achevé notre Dictionnaire ; cela n’a pas manqué ; et le pis de l’affaire, c’est qu’elle emporte huit mille francs à nos pauvres Corneille. Je ne sais si c’est cette aventure qui m’a donné de l’humeur contre Suréna, Agésilas, Pulchérie, et une douzaine de pièces du grand homme dont j’ai l’honneur d’être le commentateur ; je parie qu’il n’y a que moi qui aie lu ces tragédies-là ; et je prends la liberté de parier que vous ne les avez jamais lues, ni ne les lirez ; cela est impossible. Ah ! que Racine est un grand homme ! Madame l’ambassadrice n’est-elle pas de cet avis-là ?

Adieu nos beaux-arts, si les choses continuent comme elles sont. La rage des remontrances et des projets sur les finances a saisi la nation . Nous nous avisons d’être sérieux, et nous nous perdons . Nous faisions autrefois de jolies chansons, et à présent nous ne faisons que de mauvais calculs . C’est Arlequin qui veut être philosophe.

Avez-vous entendu parler d’un sénéchal de Forcalquier qui, en mourant,  a fait un legs au roi de l’Art de gouverner 3, en trois volumes in-quarto ? C’est bien le plus ennuyeux sénéchal que vous ayez jamais vu. Je suis bien las de tous ces gens qui gouvernent les États du fond de leur grenier. Voilà-t-il pas encore un conseiller du roi au parlement qui lui donne sept cent quarante millions tous les ans 4! Tâchez, monsieur d’en avoir le vingtième, ou du moins un pour cent ; cela est encore honnête.

Que Vos Excellences agréent toujours mon respect.

V. »

1Éloge de Maximilien de Béthune, duc de Sully, 1763 , par Antoine-Léonard Thomas : voir : http://reader.digitale-sammlungen.de/de/fs1/object/display/bsb10070154_00001.html

2La veuve Brunet .

3 La Science du gouvernement, 1761-1765, qui finit par comprendre huit volumes, de Gaspard de Réal de Curban ; voir : http://www.pba-auctions.com/html/fiche.jsp?id=3424847&...=

et : https://archive.org/details/lasciencedugouv03conggoog

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaspard_de_R%C3%A9al_de_Curban

4 Roussel de La Tour, comme on le voit dans la lettre du 15 juin 1763 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/06/09/ils-prechaient-un-peu-trop-l-egalite-laquelle-ne-peut-ni-pla.html

15/09/2018

Fulvie est étonnée, avec raison, qu’un ivrogne et un jeune homme qui court après les filles soient les maîtres du monde

... Les noms ! les noms! les noms !...

Il y en a encore trop, et s'il n'y en avait qu'un ce serait encore trop .

 Vous pensez bien qu'il ne s'agit pas ici de politique , mais tout simplement du monde du spectacle où des Weinstein sévissent , avec heureusement de moins en moins de succès .

 Résultat de recherche d'images pour "ivrogne maitres du monde"

Infréquentable ! lamentable !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

18 septembre [1763]

Je me doutais bien, mes divins anges, que mademoiselle Clairon n’était guère faite pour jouer Mariamne. Je ne me souviens plus du tout des anciennes imprécations qui finissaient le cinquième acte, et, en général, je crois que ces imprécations sont comme les sottises, les plus courtes sont les meilleures. Je vous avoue que je serais bien plus sûr d’Olympie ; c’est un spectacle magnifique ; on le donne dans les pays étrangers quand on veut une fête brillante ; il fait grand plaisir dans les provinces avec des acteurs de la foire : jugez ce que ce serait avec vos bons acteurs de Paris. Mais je sais que dans toutes les affaires il faut prendre le temps favorable, et savoir prendre patience.

Notre petite conspiration m’amuse beaucoup actuellement, et je me flatte qu’elle égaie aussi mes anges. Avouez donc que cela sera fort plaisant. Je vous envoie un petit bout de vers ; madame d’Argental, qui est l’adresse même, coupera le papier avec ses petits ciseaux, et le collera bien proprement à sa place avec quatre petits pains qu’on nomme enchantés 1. Vous savez, par parenthèse, pourquoi on leur a donné ce drôle de nom.

Je vous demande toujours en grâce de ne me jamais ôter mes deux voluptueux. Voulez-vous que je mette mes deux débauchés, mes deux roués ? Ne voyez-vous pas que Fulvie est étonnée, avec raison, qu’un ivrogne et un jeune homme qui court après les filles soient les maîtres du monde ? C’est précisément voluptueux qui convient, c’est le mot propre ; et il est beau de hasarder sur le théâtre des termes heureux qu’on n’y a jamais employés. Au nom de Dieu, ne touchez jamais à ce vers ; gardez-vous en bien, vous me tuez.

Mes anges, je vous fais juges de ma dispute avec Thieriot : le sculpteur Pigalle a fait une belle statue de Louis XV pour la ville de Reims ; il m’a mandé qu’il avait suivi le petit avis que j’avais donné dans le Siècle de Louis XIV, de ne point entourer d’esclaves la base des statues des rois, mais de figurer des citoyens heureux 2, qui doivent être en effet le plus bel ornement de la royauté.

Il m’a demandé une inscription en vers français, attendu qu’il s’agit d’un roi de France, et non d’un empereur romain. Voici mes vers :

Esclaves qui tremblez sous un roi conquérant,

Que votre front touche la terre .

Levez-vous, citoyens, sous un roi bienfaisant ;

Enfants, bénissez votre père.

Thieriot veut de la prose ; mais de la prose française me paraît très fade pour le style lapidaire.

M. l’abbé de Chauvelin m’a envoyé vingt-quatre estampes de son petit monument érigé dans son abbaye pour la santé du roi. L’inscription latine est des plus longues ; ce n’était pas ainsi que les Romains en usaient.

Respect et tendresse.»

2 Voir Le Siècle de Louis XIV, XXVIII [https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Si%C3%A8cle_de_Louis_XIV/28

], et voir des extraits de la lettre de Pigalle notés dans http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/07/29/je-desespere-d-en-venir-a-bout.html

14/09/2018

C’est dommage qu’il y ait beaucoup plus de barbarie encore que de génie dans les ouvrages de Shakespeare

... Tout ou rien !

L'un de mes musiciens préférés , Ibrahim Maalouf , pour ceux qui aiment le beau jazz/musique,  /pour celles qui aiment la belle musique/jazz :

https://www.youtube.com/watch?v=Xsjos_YVIo4

 

 

« A David Garrick

[septembre 1763]

[Invite chaleureusement Garrick à Ferney]1

1 Cette lettre n'est connue que par une lettre du 10 octobre 1763 de Garrick à son frère George, écrite de Montmélian , en Savoie, dans laquelle il dit avoir reçu une « très chaleureuse invitation de Voltaire », qu'il acceptera à son retour ; il en veut à Voltaire d'avoir dit dans sa dernière œuvre ,[Essai sur les mœurs, CXXI ; page 246 : https://fr.wikisource.org/wiki/Essai_sur_les_m%C5%93urs/C...] qu'il y a « plus de Barbarisme que de Génie » dans les œuvres de Shakespeare, mais cela ne l'empêchera pas d'aller à Ferney ; voir The letters of David Garrick, édition David M. Little et George M. Kahrl, 1963 .

13/09/2018

On exprime avec vérité Ce qu’on voit et ce qu’on partage

... dit en substance le président de la République au président du Sénat, en le "recadrant" : https://www.20minutes.fr/politique/2335931-20180913-affai...

Les Larcher se suivent mais ne sont pas tous "bouche-d'or", notre contemporain sénateur obèse ayant plutôt la lippe baveuse , il faut le dire .

Image associée

 Take five !

https://www.youtube.com/watch?v=vmDDOFXSgAs

 

« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille

Au château de Ferney

15 septembre [1763]

Vous êtes, monsieur, dans le cas de Waller, qui proposait une question de philosophie à Saint-Evremond qui se mourait. Saint-Evremond lui répondit : « Vous me prenez trop à votre avantage. »1

C’est à vous qu’il appartient de parler du héros 2 aimable que vous avez le bonheur de voir.

Témoin de ses vertus, témoin de son courage,

C’est à vous de les peindre à la postérité :

On exprime avec vérité

Ce qu’on voit et ce qu’on partage.

Moi, je ne suis qu’un pauvre sage,

Vivant dans mes foyers, et mourant dans mon lit.

En vain j’aurais tout votre esprit,

Ma voix ne peut chanter, l’audace extravagante

De tous ces grands Condés dont la France se vante :

Chacun d’eux à vingt ans, capitaine et soldat,

Va prodiguer un sang nécessaire à l’État,

Cherchant tous à mourir aux champs de Vestphalie ;

J’admire, en gémissant, cette illustre folie ;

Et tout ce que je puis, c’est de former des vœux

Pour que le ciel, en dépit d’eux,

Par charité pour nous leur conserve la vie.

Pardonnez à ces mauvais vers qu’un malade a dictés, et faites-en de meilleurs ; cela ne vous sera pas difficile.

Voltaire. »

 

On n’a cause gagnée avec notre nation qu’à l’aide du plaisant et du ridicule

...

 

« A Claude-Adrien Helvétius etc.

En son château de Vauré dans le Perche

à Vauré 1

15 septembre [1763]

Mon cher philosophe, vous avez raison d’être ferme dans vos principes, parce qu’en général vos principes sont bons. Quelques expressions hasardées ont servi de prétexte aux ennemis de la raison. On n’a cause gagnée avec notre nation qu’à l’aide du plaisant et du ridicule. Votre héros Fontenelle fut en grand danger pour les Oracles, et pour la reine Mero et sa sœur Enegu 2 ; et quand il disait que s’il avait la main pleine de vérités il n’en lâcherait aucune, c’était parce qu’il en avait lâché, et qu’on lui avait donné sur les doigts. Cependant cette raison tant persécutée gagne tous les jours du terrain. On a beau faire, il arrivera en France, chez les honnêtes gens, ce qui est arrivé en Angleterre. Nous avons pris des Anglais les annuités, les rentes tournantes, les fonds d’amortissement, la construction et la manœuvre des vaisseaux, l’attraction, le calcul différentiel, les sept couleurs primitives, l’inoculation ; nous prenons insensiblement leur noble liberté de penser, et leur profond mépris pour les fadaises de l’école. Les jeunes gens se forment ; ceux qui sont destinés aux plus grandes places se sont défaits des infâmes préjugés qui avilissent une nation ; il y aura toujours un grand peuple de sots, et une foule de fripons ; mais le petit nombre de penseurs se fera respecter. Voyez comme la pièce de Palissot 3 est déjà tombée dans l’oubli ; on sait par cœur les traits qui ont percé Pompignan, et l’on a oublié pour jamais son Discours et son Mémoire 4. Si on n’avait pas confondu ce malheureux, l’usage d’insulter les philosophes dans les discours de réception à l’Académie aurait passé en loi. Si on n’avait pas rendu nos persécuteurs ridicules, ils n’auraient pas mis de bornes à leur insolence. Soyez sûr que tant que les gens de bien seront unis, on ne les entamera pas. Vous allez à Paris, vous y serez le lien de la concorde des êtres pensants. Qu’importe, encore une fois, que notre tailleur et notre sellier soient gouvernés par frère Kroust 5 et par frère Berthier ? Le grand point est que ceux avec 6 qui vous vivez soient éclairés et que le janséniste et le moliniste 7 soient forcés de baisser les yeux devant le philosophe. C’est l’intérêt du roi, c’est celui de l’État, que les philosophes gouvernent la société. Ils inspirent l’amour de la patrie, et les fanatiques y portent le trouble. Mais plus ces misérables sentiront votre supériorité, plus vous aurez d’attention à ne leur point donner prise par des paroles dont ils puissent abuser. Notre morale est meilleure que la leur, notre conduite plus respectable ; ils parlent de vertu, et nous la pratiquons : enfin notre parti l’emporte sur le leur dans la bonne compagnie. Conservons nos avantages ; que les coups qui les écraseront partent de mains invisibles, et qu’ils tombent sous le mépris public. Cependant vous aurez une bonne maison, vous y rassemblerez vos amis, vous répandrez la lumière de proche en proche, vous serez respecté même de ces indignes ennemis de la raison et de la vertu . Voilà votre situation, mon cher ami. Dans ce loisir heureux, vous vous amuserez à faire de bons ouvrages, sans exposer votre nom aux censures des fripons. Je vois qu’il faut que vous restiez en France, et vous y serez très utile. Personne n’est plus fait que vous pour réunir les gens de lettres . Vous pouvez élever chez vous un tribunal qui sera fort supérieur, chez les honnêtes gens, à celui d’Omer Joly. Vivez gaiement, travaillez utilement, soyez l’honneur de notre patrie. Le temps est venu où les hommes comme vous doivent triompher. Si vous n’aviez pas été mari et père, je vous aurais dit  vende omnia quae habes, et sequere me 8; mais votre situation, je le vois bien, ne vous permet pas un autre établissement qui peut-être même serait regardé comme un aveu de votre crainte par ceux qui empoisonnent tout. Restez donc parmi vos amis ; rendez vos ennemis odieux et ridicules ; aimez-moi, et comptez que je vous serai toujours attaché avec toute l’estime et l’amitié que je vous ai vouées depuis votre enfance. »

1Rayé sur le manuscrit par une autre main et remplacé par « à Paris », « Bonne pour Paris rue Sainte-Anne butte Saint-Roch ».

4 Le discours prononcé par Pompignan lors de sa réception à l'Académie française le 10 mars 1760, dans lequel il attaquait les « philosophes » : http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-du-marquis-de-pompignan

6 Mot ajouté par V* au dessus de la ligne .

7 soient éclairés et que le janséniste et le moliniste ont disparu dans toutes les éditions par « saut du même au même », rendant ainsi le passage absurde .

8Vends tout ce que tu possèdes et suis moi ; Évangile de Matthieu, XIX, 21 , de Luc, XVIII, 22 et de Marc : X, 21.

12/09/2018

il est triste que mes pauvres enfants perdent cette somme

... Alors agissons sans tarder ( on n'a que trop tardé , il faut le reconnaitre ), le plan "pauvreté" va enfin être mis en action : https://www.la-croix.com/France/Exclusion/Pauvrete-finir-...

Dans le même temps, que "affaire de gros sous", on se demande  "Droit d'auteur : Comment faire payer les GAFA ?" : http://www.liberation.fr/france/2018/09/11/droit-d-auteur...

 De ces deux actualités, laquelle sera le plus heureusement résolue ? La pauvreté, me dites-vous ? Puissiez-vous dire vrai !

 Résultat de recherche d'images pour "pauvres enfants"

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

15è septembre [1763]

Autre mémoire, mon très cher frère, je ne finis point ; mais enfin, une dîme étant un double vingtième, a quelque rapport à votre ministère .

Je commence à croire que ce caloyer dont on a tant parlé, et que je cherche, n'est point imprimé, mais s'il l'est je vous prie de me le dire .

J'avais bien prévu, quand je vis le Dictionnaire de l'Académie 1, que le libraire ferait banqueroute . La veuve Brunet a très bien justifié ma prédiction ; mais ce que je n'avais pas prévu, c'est qu'elle violerait un dépôt d'environ huit mille livres, provenant des souscriptions du Corneille ; il est triste que mes pauvres enfants perdent cette somme, mais je me consolerai si vous écr l'inf. »

1Sans doute la quatrième édition, 1762, que V* a dans sa bibliothèque ; cette édition est publiée par la « V[eu]ve de B. Brunet. »