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11/09/2018

j'ai envie d’être utile, et je crains d'être importun

... Très souvent !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet

15è septembre 1763

Mes anges, je me crois un petit prophète. Je me souviens que lorsqu’on m’envoya la nouvelle édition du Dictionnaire de l’Académie, je prédis que le libraire ferait banqueroute. Je ne me suis pas trompé, et malheureusement cette banqueroute retombe sur la famille Corneille. M. Duclos, qui avait beaucoup d’estime pour la veuve Brunet, décorée du malheureux titre de libraire de l’Académie, voulut que le principal bureau des souscriptions fût chez elle. Elle a reçu pour sept ou huit mille francs d’argent comptant, après quoi elle a fait la gambarouta 1. Voilà le sort de la plupart des entreprises de ce monde.

Je vous réitère que je n'ai aucune nouvelle de la Gazette littéraire, à laquelle vous vous intéressez . J'ai reçu un petit paquet de livres anglais, que probablement M. le duc de Praslin a eu la bonté de m'envoyer ; et j'ignore s'ils viennent de Hollande ou d’Angleterre . Ce sont des ouvrages dont on a déjà parlé dans tous les journaux depuis plus d'un mois . Encore une fois, j'attends que M. Arnaud me donne des instructions bien précises ; j'ai envie d’être utile, et je crains d'être importun .2 

Si vous me permettez, mes anges, de vous parler de mon procès sacerdotal, je vous dirai que messieurs de Berne et de Genève sont intéressés comme nous dans cette affaire, qu’ils y interviennent, et que ce fut même sur la requête de messieurs de Berne que le conseil des dépêches se réserva à lui seul la connaissance de cette affaire, par un arrêt du 25 Juin 1756 . Que c’est contre cet arrêt authentique et contradictoire que le curé de Ferney a obtenu un arrêt par défaut qui nous renvoie au parlement de Dijon. Nous revenons aujourd’hui contre cet arrêt, et nous soutenons que c’est principalement à M. le duc de Praslin à juger cette cause, qui est plutôt une affaire d’État qu’un procès. Il s’agit uniquement de l’exécution du traité d’Arau, et de toutes les garanties renouvelées par tous nos rois depuis Charles IX. Le parlement de Dijon n’admet ni ces traités ni ces garanties ; mais le roi les maintient, et il a promis que ces sortes d’affaires ne seraient jamais jugées qu’en son Conseil.

Au reste, le procès n’est pas directement intenté à madame Denis et à moi ; il l’est à Berne, à Genève, au colonel de Budé, au colonel Pictet ; s’ils perdent, nous perdons ; s’ils gagnent, nous gagnons ; nous ne venons qu’après eux, comme ayant acheté d’eux la terre aux mêmes conditions que Berne l’avait vendue au seizième siècle, et que les ducs de Savoie l’avaient inféodée au quatorzième.

Nous supplions Octave, Pompée, et Fulvie , d’intercéder pour nous auprès de M. le duc de Praslin. Il est bien vrai qu’ils ne sont pas aussi honnêtes gens que lui : aussi je compte beaucoup plus sur la protection de mes anges que sur celles de ces personnages.

Vous devez avoir reçu mes roués ; j’y ai mis tout mon savoir-faire, qui est bien peu de choses ; mais enfin, puisque j’ai fait tout ce que j’ai pu et tout ce que vous avez voulu, qu’avez-vous à me dire ?

Respect et tendresse. »

1  Plaisanterie pour banqueroute .

2Tout ce paragraphe, biffé sur le copie Beaumarchais, manque dans les éditions .

Il n'y a que les sots qui prétendent que les lettres et les affaires sont incompatibles

...

 

« A Etienne-Noël Damilaville

13è septembre [1763]

J'abuse des bontés de mon cher frère, mais je sais qu'elles sont inépuisables . Il trouvera dans ce paquet un arrêt du Conseil qui a déjà jugé notre procès en notre faveur . Je l'accompagne d'une lettre que j'écris à M. Mariette ; je supplie mon cher frère de la lire , ce n'est pas un ouvrage bien philosophique, mais il est accoutumé à mêler les affaires aux belles-lettres . Il n'y a que les sots qui prétendent que les lettres et les affaires sont incompatibles . J’embrasse cordialement et philosophiquement mon frère .

Ecr l'inf . »

10/09/2018

Que faut-il de mieux ?

... Vous ne direz pas le contraire, ô femmes de France ! votre ministre de la Santé a une géniale idée pour vous sauver et protéger le fruit de vos entrailles , à condition que vous soyez attentives avant d'acheter tout flacon tant soit peu alcoolisé .

https://www.francetvinfo.fr/sante/grossesse/video-zero-al...

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Ce profil n'est pas sans me rappeler quelques piliers de comptoir masculins hors d'état de lire une quelconque étiquette

 

 

« A Charles Manoël de Végobre, avocat

à Genève

12è septembre 1763

Eh bien, monsieur, douterons-nous à présent que messieurs de Toulouse admettent des quarts de vérité ? Plût à Dieu qu'ils n'eussent fait qu'un quart d'injustice !

J'ai écrit à M. le maréchal de Richelieu, le plus fortement que j'ai pu, en faveur de M. Carbon 1. Je puis vous répondre de la protection de monsieur le maréchal . Que faut-il de mieux ? Je lui fais bien des compliments .

Comptez que je vous suis attaché pour ma vie avec les plus respectueux sentiments .

Voltaire. »

1 Deux Carbon, père et fils étaient tous deux membres du parlement de Toulouse .

09/09/2018

Les bouviers d'Ornex viennent d'assassiner le berger de la commune de Ferney

...

 

« A Joseph-Marie Balleidier

A Ferney 12è septembre 1763 1

Monsieur Balleidier est prié de descendre sur-le-champ avec M. Bosson et la maréchaussée . Les bouviers d'Ornex viennent d'assassiner le berger de la commune de Ferney, qui est très blessé dans la cour du château . 

Voltaire.»

1 Sur le manuscrit, Balleidier a noté «  … R[épondu] le 13 dud[it] concernant Louis /Chatenoux » ; dans l'édition Vézinet, cette lettre est limitée à quelques mots .

08/09/2018

S'il me tombe sous la main quelque chose qui ne soit pas tout à fait indigne de votre greffe, je ne manquerai pas de vous l'envoyer

... Je n'ai que l'embarras du choix du justiciable , aujourd'hui, pour honorer cette promesse :

https://news.google.com/articles/CAIiEFauDpfh787i8ZSbO1qf...

https://news.google.com/articles/CBMinAFodHRwOi8vd3d3Lmxl...

https://news.google.com/articles/CAIiEEkhApk_PS9NLrKDrKHn...

https://news.google.com/articles/CAIiEDrxZDjqwZBR2NWPEZk9...

https://news.google.com/articles/CBMioQFodHRwczovL3d3dy5s...

https://news.google.com/articles/CBMijAFodHRwOi8vd3d3Lmxl...

Etc., etc., etc., ...

 

 

« A Pierre Rousseau etc. 

à Bouillon

11è septembre 1763

Vous me feriez grand plaisir, monsieur, de m'instruire de l'évènement de votre procès . Il est bien extraordinaire que vous en ayez un , et il serait plus étrange encore que vous ne le gagnassiez pas . S'il me tombe sous la main quelque chose qui ne soit pas tout à fait indigne de votre greffe, je ne manquerai pas de vous l'envoyer , mais il faudrait avoir des contresigneurs 1. Je peux vous assurer qu'on a saisi à la poste les livres adressés à un intendant même des postes .

La lettre de Jean-Jacques à Christophe a été la première cause de cette sévérité qui est retombée sur les bons catholiques . Comptez sur mon véritable attachement pour vous, et le tout sans cérémonie .

V. »

1 Mot déjà rencontré dans la lettre du 30 mars 1758 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/07/26/temp-9fc40c98b67ed5cd4ca208a0a4d2043a-5129937.html

07/09/2018

Vous allez quelquefois à Paris puisque vous me parlez de spectacles

...Ach ! Parisss !! Pétites femmes , Folies Bergères !!

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OK ! OK !! mais en Province aussi l'on a de beaux spectacles ...

 

... la preuve !

https://www.20minutes.fr/insolite/2328799-20180901-bretag...

 

« A François de Chennevières

A Ferney 11 septembre 1763 1

Je suis toujours en train de perdre la vue mon cher ami . Je sais que les aveugles peuvent dicter, mais c'est la moitié du plaisir de perdu . Vos lettres m'en font toujours un bien sensible . Vous allez quelquefois à Paris puisque vous me parlez de spectacles . C'est à vous à m'instruire des nouvelles de littérature . Pour moi je ne pourrais vous parler que de prés, de bois et de montagnes, et cela n'est agréable que dans Virgile . Ma nièce vous fait mille compliments, elle mène une vie assez douce avec la petite famille que nous nous sommes faite . La nièce de Corneille et son mari dansent autour de nous toute la journée pendant que j'achève l'édition de leur oncle . »

1 La lettre de Chennevières n'est pas connue .

06/09/2018

qui prend le plus long n’arrive jamais le premier

...

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

11è septembre 1763 1

Mes divins anges, puisque vous êtes assez lambins pour ne pas renvoyer le premier acte à M. Marcel, il vous en envoie cinq . Il se flatte d'avoir fait tout ce que votre comité exigeait de lui . Il faut que M. le duc de Praslin se donne avec vous le plaisir d'attraper le public . C'est une vraie opération de ministre . M. Marcel vous enverra une lettre soumise pour la reine Clairon, qui sera de la même écriture que la pièce . Je ne connais point de conspiration mieux arrangée . Nous verrons si celle de Rousseau contre Genève, réussira le mieux ; il est vrai qu'il a sept ou huit cents personnes dans son parti ; mais je tiens que les trois conspirateurs valent mieux que les associés de Jean-Jacques .

J’ignore absolument si on fait une Gazette littéraire. Tous les ouvrages nouveaux faits depuis trois mois en Allemagne, en Angleterre et en Italie sont déjà annoncés pour la plupart dans les journaux. Mon travail et ma bonne volonté pourraient bien devenir inutiles. Des paquets de livres doivent être arrivés chez M. le duc de Praslin par Strasbourg et par Londres ; mais qui prend le plus long n’arrive jamais le premier. J’attends les ordres de M. le duc de Praslin sur tout cela.

Souffrez, mes très chers anges, que je lui présente ici mes très humbles respects, et recevez les miens.

Comment vont les yeux de M. d’Argental ? pour moi, je n’en ai plus.  Celles qui se mettaient à la fenêtre ne s’y mettent plus, les mouleuses cessent de moudre ; l’amandier fleurit, la corde d’argent est cassée sur la fontaine 2.  Adieu les tragédies. »

1 L'édition Cayrol est limitée à la partie manquante dans Kehl ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1763-partie-29.html

2 Toute cette phrase est adaptée de l'Ecclésiaste, XII, 5-8 : http://www.bibleenligne.com/commentaire-simple/commentair...; dans l'édition de Kehl, on trouve cet alinéa à la fin d'une lettre à d'Argental du 11 février 1764 .