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13/01/2019

Vous conclurez qu'il y a tant de querelles en France sur les finances qu'on n'entend point que le ministre craint de nouvelles tracasseries sur la religion qu'on entend encore moins

... Il ne manquerait plus que ça ! et le tableau serait complet en France .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

8 de janvier [1764]

Enfin je me flatte qu'il vous parviendra deux exemplaires de cette Tolérance non tolérée 1, à peu près dans le temps que vous recevrez ma lettre . Je me garderai bien, mon très cher philosophe, de faire adresser un exemplaire à M. de La Reynière ; on lui saisirait son exemplaire tout comme aux autres . Figurez-vous que ceux qui étaient envoyés directement par la poste à M. de Trudaine et à M. de Montigny, son fils, n'ont jamais pu leur parvenir . Vous me direz qu'à la poste M. de La Reynière est bien plus grand seigneur que M. de Trudaine ; désabusez-vous , s'il-vous-plait ; un exemplaire adressé à M. Bouret, le puissant Bouret, l'intendant des postes Bouret, l'officieux Bouret, a été saisi impitoyablement .

Vous trouverez peut-être, par le calcul des probabilités combien il y a à parier au juste que les prêtres et les cagots l'ont emporté, dans cette affaire, sur les ministres d’État les mieux intentionnés, et sur les personnes les plus puissantes . Vous conclurez qu'il y a tant de querelles en France sur les finances qu'on n'entend point que le ministre craint de nouvelles tracasseries sur la religion qu'on entend encore moins . Le nom de celui à qui on attribue malheureusement le Traité sur la tolérance, effarouche les consciences timorées . Vous verrez combien elles ont tort, combien l’ouvrage est honnête, et vous, qui citez si bien et si à propos la sainte Écriture, vous en trouverez les passages les plus édifiants fidèlement recueillis .

Je vous suis très obligé de votre petit commerce épistolique 2 avec Jean-Georges : voilà un impudent personnage . Je vous trouve bien bon de le traiter de monseigneur : aucun de nos confrères ne devrait donner ce titre au frère de Pompignan . Les évêques n'ont aucun droit se s'arroger cette qualification qui contredit l'humilité dont ils doivent donner l'exemple . Ils ont eu la modestie de changer en monseigneur le titre de révérendissime père en Dieu, qu'ils avaient porté douze cents ans .

Pour Jean-Georges, il n'est assurément que ridiculissime . Je vous prie , mon cher philosophe, de vous amuser à lire la lettre que mon petit secrétaire a écrite au grand secrétaire du célèbre Simon Lefranc de Pompignan, frère aîné de Jean-Georges . Vous direz comme Marot :

Monsieur l'abbé et monsieur son valet

Sont faits égaux, tous deux comme de cire .3

L'ouvrage qui est en partie de Du Marsais, et qu'on attribue à Saint-Evremond, se débite dans Paris, et je suis étonné qu'il ne soit point parvenu jusqu’à vous . Il est écrit à la vérité, trop simplement ; mais il est plein de raison . C'est bien dommage que cette raison funeste , qui nous égare si souvent, s'élève avec tant de force contre la religion chrétienne . Ce livre n’est que trop capable d'affermir les incrédules , et d’ébranler la foi des plus croyants .

Vous voulez donc, mon grand philosophe, vous abaisser jusqu'à chasser les jésuites de Silésie . Je n'ai pas de peine à croire que vous réussissiez dans cette digne entreprise ; mais vous n'aurez pas le plaisir de chasser des jésuites français ; il y a longtemps que Luc s'est défait d'eux . Il n'y a plus en Silésie que de gros vilains jésuites allemands, ivrognes, fripons et fanatiques, qui ne sont pas assurément les favoris du philosophe de Sans-Souci .

Continuez, je vous prie, à m'aimer un peu, à vous moquer des sots, à faire trembler les fripons ; et si vous faites jamais ce voyage d'Italie que vous projettez, de grâce passez par chez nous . »

2 Néologisme amusant jouant sur apostolique .

3 Marot, Épigrammes, XLIII, 1-2 . Comme de cire signifie « très exactement » . L'expression familière « cela me va comme de cire » se rencontre encore chez Marivaux dans Le Paysan parvenu, où elle est mise dans la bouche d'un tailleur parlant d'un habit qui sera « comme de cire » pour Jacob .

12/01/2019

j'ai un si profond respect pour les biens de l’Église , que je me juge absolument indigne de leur payer les lods et ventes

... Et me contente de donner quelques denrées au Secours catholique, sans apporter mon écot aux "princes" de l'Eglise , fonctionnaires sans soucis du lendemain .

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Ce n'est pas encore une race de chien présidentiel, et pourtant ... bonne bouille .

 

 

« A Louis-Gaspard Fabry, Maire et

subdélégué

à Gex

7 janvier 1764, à Ferney 1

Dans l'état où je suis, monsieur, je compte ne faire d'autre acquisition que celle d'une place aux Quinze-Vingts, et d'un chien barbet pour me conduire avec une ficelle . Personne ne sait plus que moi l'utilité dont le prieuré de Prévessin est au royaume, et j'ai un si profond respect pour les biens de l’Église , que je me juge absolument indigne de leur payer les lods et ventes . Ainsi permettez que je n'achète point le domaine qu'on me propose . Soyez bien sûr que tout ce que j’ai trouvé de plus agréable dans ce pays, c'est d'avoir l'honneur de vous connaître ; je vous supplie d'être persuadé de l'attachement inviolable avec lequel je serai toute ma vie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Le manuscrit original signé a été communiqué à Beaune par Le Sérurier ; c'est donc cette dernière édition qui est suivie, d'autant qu'elle semble plus fidèle à l'original .

d'un côté il cède ce que les remontrances des parlements peuvent avoir de juste ; de l'autre il maintient les droits de l'autorité royale . Je crois que la postérité rendra justice à cette conduite digne d'un roi et d'un père

... Supprimons ce "royale" pour mettre "républicaine", et nous aurons, dans le meilleur des cas, ce que souhaite une majorité silencieuse et une minorité remuante et désordonnée (qui a maintenant des airs de grand Guignol ) .

 Attendons ce que le roi/papa/président va déclarer lundi . Qui va être satisfait ? Qui fera la grimace ?

Quoiqu'il soit dit, ceux qui gueulent "Macron démission" continueront ; que voulez-vous, ma pauvre M'ame Michu, quand on est borné on est borné ( j'ai une autre épithète mais je reste poli quand je m'adresse à une Dame ) .

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Plus sympa qu'un gilet jaune ! Papa pas cap ?

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

7è janvier 1764 1

Je vois bien que mon cher frère n'a point reçu deux paquets qu'un négociant de Besançon lui avait adressés par une voie qu'il croyait sûre . Un de ces paquets était destiné pour M. d'Alembert qui se fâche, et qui se croit lésé, parce que d'autres ont reçu ce qui ne lui est point parvenu . Mais ce n'est pas la faute du correspondant . Les difficultés augmentent de jour en jour . Un jeune officier aux gardes suisses 2, s'est chargé en dernier lieu de porter à Paris deux exemplaires à M. d'Alembert mais il ne les aura pas sitôt . Ainsi, je vous supplie, mon cher frère, de faire ma paix avec lui .

Il y a longtemps que je n'ai reçu de lettre de M. et Mme d'Argental . Je ne sais plus de nouvelles ni des belles-lettres, ni des affaires . Frère Thieriot écrit quatre fois par an, tout au plus . On me dit que le parlement de Grenoble est exilé . Le roi paraît mêler à sa bonté des actions de fermeté : que d'un côté il cède ce que les remontrances des parlements peuvent avoir de juste ; de l'autre il maintient les droits de l'autorité royale . Je crois que la postérité rendra justice à cette conduite digne d'un roi et d'un père .

On m'assure toujours que le mandement de M. l'archevêque de Paris est imprimé clandestinement, et qu'on en a vu plusieurs exemplaires . Si vous pouvez, mon cher frère, me procurer une de ces instructions pastorales, et un Antifinancier, vous me soulagerez beaucoup dans ma misère . Je suis entouré de frimas, accablé de rhumatismes, mes yeux vont toujours fort mal, mais je me ferai lire ces deux ouvrages que j'attends avec impatience de vos bontés fraternelles .

Je ne sais rien de nouveau non plus du théâtre . Mais ce qui me touche le plus, c'est le beau projet que Dieu vous a inspiré à vous et à vos amis ; et ce beau projet est ...Écr l'inf. »

2 Gallatin ; son nom est donné par une réponse de d'Alembert , du 15 janvier 1764 . Il s'agit probablement de Jean-Louis (1737-1799) dont le père Pierre avait été officier dans les gardes suisses . Voir pages 375-376 https://books.google.fr/books?id=LQ4QVb1NWDsC&pg=PA375&lpg=PA375&dq=pierre+gallatin&source=bl&ots=Kl5HrWcLQY&sig=HCWNQHPW6Gdqiqi6bVo87b0E-wM&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiWjaaS3ubfAhUC6RoKHbziA3IQ6AEwBXoECAIQAQ#v=onepage&q=pierre%20gallatin&f=false

11/01/2019

On a encore, en vieillissant, un grand plaisir qui n’est pas à négliger, c’est de compter les impertinents et les impertinentes qu’on a vus mourir, les ministres qu’on a vu renvoyer, et la foule de ridicules qui ont passé devant les yeux

... Et je peux vous garantir que le nombre n'est pas négligeable, gonflé qu'il est par les informations des médias , du net en particulier . Mais , bast, c'est un pauvre moyen de se réjouir, à réserver pour les soirs où l'on a du mal à  s'endormir et qu'on n'a pas assez de moutons sous la main .

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 Deux spécimens de ... ministres ?... impertinents ?... ridicules ? ou les trois à la fois (si, si, ! ça existe ) ?

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

6è janvier 1764 à Ferney

Je ne m’étonne plus, madame, que vous n’ayez pas reçu la Jeanne que je vous avais envoyée par la poste, sous le contre-seing d’un des administrateurs. Aucun livre ne peut entrer par la poste en France sans être saisi par des commis, qui se font, depuis quelque temps, une assez jolie bibliothèque, et qui deviendront en tous sens des gens de lettres. On n’ose pas même envoyer des livres à l’adresse des ministres. Enfin, madame, comptez que la poste est infiniment curieuse ; et, à moins que le président Hénault ne se serve du nom de la reine 1 pour vous faire avoir une Pucelle, je ne vois pas comment vous pourrez parvenir à en avoir des pays étrangers.

Je m’amusais à faire des contes de ma mère l’Oie, ne pouvant plus lire du tout. Je ne suis pas précisément comme vous, madame ; mais vous souvenez-vous des yeux de l’abbé de Chaulieu, les deux dernières années de sa vie ? figurez-vous un état mitoyen entre vous et lui ; c’est précisément ma situation.

Je pense avec vous, madame que quand on veut être aveugle, il faut l’être à Paris ; il est ridicule de l’être dans une campagne avec un des plus beaux aspects de l’Europe. On a besoin absolument, dans cet état, de la consolation de la société. Vous jouissez de cet avantage ; la meilleure compagnie se rend chez vous, et vous avez le plaisir de dire votre avis sur toutes les sottises qu’on fait qu’on imprime . Je sens bien que cette consolation est médiocre ; rarement le dernier âge de la vie est-il bien agréable . On a toujours espéré assez vainement de jouir de la vie ; et à la fin, tout ce qu’on peut faire c’est de la supporter. Soutenez ce fardeau, madame,  tant que vous pourrez ; il n’y a que les grandes souffrances qui le rendent intolérable . On a encore, en vieillissant, un grand plaisir qui n’est pas à négliger, c’est de compter les impertinents et les impertinentes qu’on a vus mourir, les ministres qu’on a vu renvoyer, et la foule de ridicules qui ont passé devant les yeux.

Si de cinquante ouvrages nouveaux qui paraissent tous les mois il y en a un de passable, on se le fait lire, et c’est encore un petit amusement. Tout cela n’est pas le ciel ouvert ; mais enfin on n’a pas mieux, et c’est un parti forcé.

Pour M. le président Hénault, c’est tout autre chose : il rajeunit, il court le monde, il est gai, et il sera gai jusqu’à quatre-vingts ans, tandis que Moncrif et moi nous sommes probablement fort sérieux. Dieu donne ses grâces comme il lui plaît . Avez-vous le plaisir de voir quelquefois M. d’Alembert ? Non seulement il a beaucoup d’esprit, mais il l’a très décidé, et c’est beaucoup ; car le monde est plein de gens d’esprit qui ne savent comment ils doivent penser.

Adieu, madame ; songez, je vous prie, que vous me devez quelque respect ; car si dans le royaume des aveugles les borgnes sont rois, je suis assurément plus que borgne ; mais que ce respect ne diminue rien de vos bontés. Il y a  longtemps que je suis privé du bonheur de vous voir et de vous entendre ; je mourrai probablement sans cette joie, tâchons, en attendant, de jouer avec la vie ; mais c’est ne jouer qu’à colin-maillard.

V. »

1 Hénault est surintendant de la maison de la reine .

je doute que cette requête, présentée par l’humanité à la puissance, obtienne l’effet qu’on s’est proposé : car je ne doute pas que les ennemis de la raison ne crient très haut contre cet ouvrage

... S'agirait-il du cahier de doléances, qui faute de donner des solutions applicables immédiatement, n'est pour l'instant qu'une bête à soucis pour les maires ?

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Marianne peut être diablement plus sexy en bonnet phrygien qu'en gilet jaune

 

 

« A Charles Pinot Duclos

6 janvier 1764

Quelque répugnance que j’aie toujours eue, monsieur, à mettre mon nom à la tête de mes ouvrages, et quoique aucune de mes dédicaces n’ait été accompagnée de la formule ordinaire d’une lettre, quoique cette formule m’ait paru toujours très peu convenable, et que j’en sois l’ennemi déclaré, cependant, puisque l’Académie veut cette pauvre formule, inconnue à tous les anciens, puisqu’elle veut mon nom, elle sera obéie 1.

Je suppose que M. Cramer vous a envoyé sous enveloppe, à l’adresse de M. Jeannel, le livre 2 que vous demandez. Je sais que plusieurs personnes considérables, dont quelques-unes sont connues de vous, en ont été assez contentes. Mais je doute que cette requête, présentée par l’humanité à la puissance, obtienne l’effet qu’on s’est proposé : car je ne doute pas que les ennemis de la raison ne crient très haut contre cet ouvrage. L’auteur, quel qu’il soit, fera plus de cas de votre suffrage qu’il ne craindra leurs clameurs. Quel homme est plus en droit que vous, monsieur, d’opposer sa voix aux cris des fléaux du genre humain ? »

1 Cependant le nom de Voltaire n'apparut pas . Voir dédicace sur les Commentaires : https://books.google.fr/books?id=jRoRAQAAMAAJ&pg=PA50...

10/01/2019

La campagne est un port d’où l’on voit tous les orages

... Et le pape bénissant urbi et orbi réunit tout le monde sous la même eau bénite . Les tempêtes des villes envoient leurs vagues scélérates sur le reste du pays qui doit pourtant continuer à les nourrir . A ne pas oublier .

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« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

6è janvier 1764 à Ferney

Non seulement j’ai craint de vous importuner, monseigneur, mais je n’ai pu vous importuner. Mes fluxions sur les yeux ont si fort augmenté, que je suis devenu un petit Tirésie, ou un petit Tobie. Le vieux de la montagne ne sera pas longtemps le vieux de la montagne . Mais, pour égayer la chose, je me suis mis à faire des contes et à les dicter . Il y en a un qu’on a imprimé à Paris 1 aussi mal que les Quatre Saisons. Je n’ai point osé l’envoyer à un prince de la Sainte Église romaine. Je l’aurais autrefois présenté à Babet, et je l’aurais priée d’y jeter quelques-unes de ses fleurs. Mais si Votre Éminence veut s’amuser d’un conte plus honnête, je lui en enverrai un 2 pour ses étrennes . Elle n’a qu’à dire. Je ne peux et ne dois vous parler que de belles-lettres ; ainsi je prendrai la liberté de vous demander si vous avez lu le discours de votre nouveau confrère 3 à l’Académie. Il m’a paru qu’il y avait de bien belles choses dans l’Éloge du duc de Sully 4, qui, après avoir rendu de grands services à la France, alla vivre à la campagne, et finit sa belle vie comme Scipion à Linterne. La campagne est un port d’où l’on voit tous les orages.

Suave mari magno turbantibus æquora ventis, 5etc.

On m’envoie de Paris une Lettre d’un honnête quakre à un frère du célèbre M. de Pompignan . Je ne sais si Votre Éminence l’a vue ; c’est une réponse très courte à un gros ouvrage ; mais tout cela est déjà oublié : et que n’oublie-t-on pas ? Toutes les pièces nouvelles sont déjà hors de la mémoire des hommes. Il n’en est pas de même de celles de Pierre Corneille ; l’édition est entièrement finie ; Votre Éminence aura incessamment ses exemplaires. Elle a vu, par quelques échantillons, dans quel esprit j’ai travaillé ; je n’ai voulu être ni panégyriste ni censeur , je n’ai songé qu’à être utile. C’est précisément en ne songeant qu’à cela qu’on s’attire quelquefois des reproches , mais je suis endurci . Mon cœur ne l’est certainement pas , il est plein de l’attachement le plus respectueux pour Votre Éminence.

Le vieux de la montagne . »

1 Ce qui plait aux dames .

2 Les Trois manières .

3 Marmontel .

5 Il est doux d'apercevoir sur la mer immense, quand les vents agitent les flots , etc ; Lucrèce, De natura rerum, II, 1 .

Comme il y a eu en dernier lieu de petites réformes au bureau des postes

... tel le prix des timbres, et les nouveaux services à la personne (terme consacré) que peuvent/doivent rendre nos facteurs/préposés, je pense que d'ici la fin de l'année, en fonction des déserts médicaux on pourrait bien leur demander aussi de nous ausculter . On n'arrête pas le progrès !

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Avec ou sans sucre ?

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

6è janvier 1764

Comme il y a eu en dernier lieu de petites réformes au bureau des postes, je crains que mes anges n’aient pas reçu de gros paquets que je leur ai adressés sous l’enveloppe de M. de Courteilles, en mémoires.

Je leur ai adressé aussi des petits paquets ; et le dernier ne contenait, si je ne me trompe, qu’une lettre pour le neveu de Pierre. L’avant-dernier contenait ma réponse aux seigneurs de la troupe au sujet d’Olympie, et je demandais les ordres de mes anges. Je leur ai précédemment envoyé un conte à dormir debout et des Tolérance.

Lorsque mes anges auront un moment de loisir, je les supplierai de vouloir bien m’accuser la réception de mes guenilles.

On m’a écrit qu’on voulait voir Olympie à Versailles ; mais je ne le crois pas. D’ailleurs il faut une salle de spectacle fort vaste pour représenter cette pièce, et autant qu’il m’en souvient, il n’y avait à Versailles qu’un théâtre de polichinelle . Je souhaite à mes anges une brillante santé, que je n’ai point.

Respect et tendresse. »