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10/01/2019

les gens de l’autre monde, dont j’ai l’honneur d’être, ne sont pas des correspondants bien exacts

... Et j'en demande bien pardon à tous, avec une attention particulière à Mam'zelle Wagnière qui pourra confirmer .

Quant à l'autre monde, oserais-je vous présenter ci-dessous un possible futur colocataire qui a eu le bonheur de correspondre avec Voltaire : JAPDLMG pour les intimes .

 

 

« A Joseph-Augustin-Prosper de La Motte-Geffrard 1

A Ferney 5 janvier 1764

Je vous demande bien pardon, monsieur, de répondre si tard, mais les gens de l’autre monde, dont j’ai l’honneur d’être, ne sont pas des correspondants bien exacts. Je ne suis plus qu’une ombre ; non seulement j’ai perdu le peu qui me restait de santé, mais je suis presque entièrement privé de la vue . Je me flatte que dans un mois l’édition de Corneille, dont vous me faites l’honneur de me parler, sera publiée par MM. Cramer à Genève, et bientôt après par leurs correspondants à Paris et dans les provinces. Si vous avez souscrit, c’est à eux qu’il faudra s’adresser. Je ne me suis mêlé que d’éplucher des vers, ce qui est une besogne délicate et peu agréable . Je suis infiniment sensible aux bontés que vous me témoignez.

J’ai l’honneur d'être bien respectueusement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

09/01/2019

à tous seigneurs tous honneurs, sans quoi point d'argent

... Ce n'est pas notre président de la République qui dira le contraire, habitué à subir les contraintes de l'étiquette face à des souverains et chefs d'Etats qui peuvent nous rapporter gros , quand on les brosse dans le sens du poil .

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Ce qu'au fond on aimerait réellement faire  .

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[vers le 4 janvier 1764] 1

Oui sans doute, il faut appeler monseigneur un ministre d’État de Leurs Sacrées Majestés Impériales – à tous seigneurs tous honneurs, sans quoi point d'argent . On enverra les exemplaires à M. Crauford, avec le ballot de M. Vaillant, et ces exemplaires seront payés .

Monsieur Cramer a-t-il eu la bonté d'envoyer à M. Jeannel une Tolérance pour M. Duclos, en avertissant d'un mot M. Jeannel , que c'est pour M. Duclos qu'il lui adresse ce paquet ?

Voici encore une petite difficulté . L'Académie veut que son épître dédicatoire soit de la façon que je vous l'envoie . Tous les corps ont leurs formalités, et la plupart ridicules . Il n'y a qu'à tirer autant de nouveaux exemplaires de ce feuillet que vous envoyez d'exemplaires de l'ouvrage à M. Duclos secrétaire perpétuel, ou à Mme Brunet . Le reste peut très bien subsister comme il est .

On m'a envoyé l’Éducation d'une fille imprimée à Paris, et j'en suis fâché . C'est avoir trop l'air de chercher pratique . Ces bagatelles perdent leurs fleurs quand elles sont prodiguées . Il ne se faut jamais jeter à la tête du public . Je supplie plus que jamais monsieur Gabriel, de mettre sous cent clefs Les Trois manières .

N. B. – MM. d'Alembert et Damilaville ont reçu des Tolérance . M. Gallatin s'est chargé pour M. d'Alembert d'un paquet qui contenait deux exemplaires , partant monsieur Gabriel est dispensé d leur en envoyer . »

1 L'édition Gagnebin place cette lettre à la fin de décembre 1763 . Le post scriptum montre que V* vient d'apprendre que d'Alembert a reçu les exemplaires du Traité sur la tolérance envoyés fin décembre (voir lettre du 31 décembre 1763 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/01/02/peut-etre-dans-ce-moment-ci-ou-les-finances-mettent-tous-les-esprits-en-fer.html ) . C’est d'autre part, le 6 janvier 1764 que V* envoie l'ouvrage à Duclos par l'intermédiaire de Jeannel . Le 11 février 1764 un journaliste rapporte que le Traité […] est « très rare et très recherché » ; voir Emmanuel Henri vicomte de Grouchy : Documents sur les XVIIIè siècle . Nouvelles à la main de la fin du règne de Louis XV, 1898 ; voir : https://data.bnf.fr/fr/12459455/emmanuel-henri_de_grouchy/

 

Quoi ! des fanatiques auraient été unis, et des philosophes ne le seraient pas !

... Une preuve s'il en fallait, la rapidité de remplissage de la cagnotte pour Christophe Dettinger,  plus rapide que la collecte du Téléthon .

https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Gilets-jaunes-une...

Je demande alors, -- mais je peux me tromper--, qu'on lance une cagnotte pour tous ceux qui ont, de près ou de loin combattu les forces de l'ordre, et pour répartir le magot qui ne manquera pas d'être amassé tant les Français sont abrutis, je pense être en droit d'exiger des preuves de la part des casseurs : photos, films et bien entendu cartes d'identité à jour , afin que cet argent indûment récolté ne s'égare pas, et aille faire oeuvre utile  ce qui fâcherait cet énergumène de Mélenchon [sic].

Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France .

J'enrage de voir autant d'imbécillité .

 

 

« A Jean-François Marmontel, de

l'Académie française

4è janvier 1764

Mon cher confrère, il y a un endroit de votre beau discours qui m’a bien fait rougir, tout le reste m’a paru très digne de vous, et la fin m’a attendri. Vous donnez un bel exemple aux gens de lettres en rendant les lettres respectables. Je ne désespère point de voir tous les vrais philosophes unis pour se défendre mutuellement, pour combattre le fanatisme, et pour rendre les persécuteurs exécrables au genre humain. Apprenez-leur, mon cher ami, à bien sentir leurs forces. Ils peuvent aisément diriger à la longue tous ceux qui sont nés avec un esprit juste. Ils répandent insensiblement la lumière, et le siècle sera bientôt étonné de se voir éclairé.

Quoi ! des fanatiques auraient été unis, et des philosophes ne le seraient pas ! Votre discours 1, aussi sage que noble, et qui fait entendre plus que vous n’en dites, me persuade que les principaux gens de lettres de Paris se regardent comme des frères. La raison est leur héritage : ils combattront sagement pour leur bien de famille. J’en connais qui ont un très grand zèle, et qui ont fait beaucoup de bien sans éclat.

Vous ne me dites rien sur M. le duc de Praslin et sur M. d’Argental . Croyez-moi, faites-moi l’amitié de m’écrire quelques mots que je puisse leur envoyer afin qu’ils puissent connaître vos sentiments, qui ne se sont jamais démentis.

Si j’avais l’honneur d’être le moins du monde en relation avec M. le prince Louis de Rohan 2, je prendrais la liberté de lui écrire pour le remercier des obligations que vous lui avez, c’est-à-dire que je lui ai. Je vous supplie de lui présenter ma respectueuse reconnaissance.

Que tout ceci soit entre nous ; les profanes ne sont point faits pour les secrets des adeptes. 

V.»

1 Marmontel fut reçu à l'Académie le 22 décembre 1763 .

2 Futur cardinal de Rohan qui sera impliqué dans l'affaire du collier de la reine .

Tout annonce, Dieu merci, un siècle philosophique

... Oups !... pardon ! fake new ! so sorry .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4è janvier 1764 1

M. Gabriel ne tâtera plus de mes contes, ils ne courront plus à Paris . Ces petites fleurs n'ont de prix que quand on ne les porte pas au marché . Mon cher frère a raison .

Voici donc au lieu de conte la lettre de mon petit secrétaire au grand secrétaire de M. Lefranc de Pompignan 2.

Mon petit secrétaire, qui a de l'esprit, a écrit cette lettre de son chef . Mes frères verront par la lettre quel en est le sujet .

J'ai été enchanté du discours de M. de Marmontel, quoiqu'il y ait un endroit qui m'a fait rougir 3. Il a pris avec une habileté bien noble et bien adroite le parti de nos frères contre les Pompignan . Tout annonce, Dieu merci, un siècle philosophique . Chacun brûle les tourbillons de Descartes avec l'Histoire du peuple de Dieu du frère Berruyer 4, Dieu soit loué .

Mais, quand aurai-je le mandement de M. de Beaumont, et l'Antifinancier ?

Orate fratres .

Écr l'inf. »

1 Copie par Wagnière ; l'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais amalgame des fragments de cette lettre avec une version abrégée de la lettre du 7 janvier 1764 à Damilaville : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1764-partie-2.html

3 Dans son discours de réception à l'Académie, Marmontel, parlant de l'amitié a dit : « Plusieurs en ont goûté les charmes auprès de ce génie aimable qui manque ici à mon bonheur ; auprès de cet homme universel qui m'a permis de l'appeler mon maîte, lui qui dans Athènes aurait eu pour disciples les Euripides et les Xénophons. » ; voir Discours prononcés dans l'Académie française, le jeudi 22 décembre MDCCLXIII à la réception de M. Marmontel, 1763 ; voir : http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-de-jean-francois-marmontel

la procession dans laquelle il marchait au derrière d'un jeune jésuite

... Comme disait le grand Jacques "Et quand je n'délire pas, j'en arrive à me dire
Qu'il est plus humiliant d'être suivi que suivant", ce qui bien sûr n'ajoute aucune valeur aux deux protagonistes , et le "derrière d'un jeune jésuite" ne regarde ni le pape et ni ses subordonnés .

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https://www.youtube.com/watch?v=KNBzzjHs8vc 

 

 

« A Ladouz

4è janvier 1764 1

Monsieur,

Vous avez écrit trois lettres à M. de Voltaire signées Ladouz à l'hôtel des Asturies rue du Sépulcre . Vous lui dites dans ces trois lettres que vous avez été secrétaire du célèbre Lefranc de Pompignan, que vous n'avez plus le bonheur d'être à lui, et qu'il vous a renvoyé parce qu'il vous soupçonnait d'avoir fourni à M. de Voltaire des mémoires contre lui .

Vous demandiez à M. de Voltaire une attestation qui détruisît cette calomnie, il vous répondit qu'il ne vous connaissait pas, que vous ne le connaissiez pas, et qu'on ne lui avait jamais envoyé d'autres mémoires contre M. Lefranc de Pompignan que ses propres ouvrages . Il me charge, étant vieux et malade, et presque aveugle, de vous répéter la même chose de sa part .

Voici tout ce qu'il connaît de M. Lefranc de Pompignan.

1° D'assez mauvais vers.

2° Son discours à l'Académie 2 dans lequel il insulte tous les gens de lettres .

3° Un mémoire au roi 3 dans lequel il dit à Sa Majesté qu'il a une belle bibliothèque à Pompignan-les-Montauban.

4° La description d'une belle fête qu'il donna dans Pompignan, de la procession dans laquelle il marchait au derrière d'un jeune jésuite, accompagné des bourdons du pays, et d'un grand repas de vingt-six couverts dont il a été parlé dans toute la province 4.

5° Un beau sermon de sa composition 5, dans lequel il dit qu'il est avec les étoiles dans le firmament, tandis que les prédicateurs de Paris, et tous les gens de lettres, sont à ses pieds dans la fange .

Mon maître a appris aussi que M. Lefranc de Pompignan se comparait à Moïse (quoiqu'il soit noyé) et que monsieur son frère l'évêque était Aaron 6; il leur en fait ses compliments .

Il a entendu parler aussi d'une pastorale de monseigneur l'évêque, adressée aux habitants du Puy-en-Velay par Mgr Cortiat secrétaire 7. On lui a mandé que dans cette pastorale il est question d’Aristophane, de Diagoras, du Dictionnaire encyclopédique, de Fontenelle, de La Mothe, de Perrault, de Terrasson, de Boindin, du chancelier Bacon, de Descartes, de Malebranche, de Loke, de Neuton, de Leibnitz, etc., etc.

Nous félicitons messieurs du Puy-en-Velay d’avoir lu les ouvrages de tous ces messieurs . Tel pasteur, telles brebis . Mais mon maître n'entre dans aucune de ces querelles scientifiques . Il cultive la terre avec bien de la peine, et laisse les grands hommes éclairer leur siècle .

Vous lui mandez que Mgr l'évêque d'Alès 8 veut vous prendre pour secrétaire, en cas que vous ayez une attestation en bonne forme que vous n'avez point trahi les secrets de M. Lefranc de Pompignan . Il vous envoie cette attestation, et il se flatte que quand vous serez avec M. d'Alès vous ne ressemblerez pas à M. Cortiat secrétaire .

P.-S. – Je vous demande pardon monsieur . J'oubliais dans les ouvrages de M. Lefranc de Pompignan La Prière du déiste qu'il a traduite de l'anglais 9. »

1 Edition Lettre / du secrétaire / de M. de Voltaire./ 1764, 7 pages qui comporte le post scriptum, absent du manuscrit Wagnière . Quoique Wagnière prétende : « Il est très vrai que, de l'avis de M. de Voltaire, j’écrivis cette lettre en réponse à celle qu'il avait reçue du secrétaire de M. de Pompignan, à qui il ne voulut pas répondre . Je n'avais ni le génie ni l'esprit de mon maître pour faire mieux . »/ , il est certain que cette lettre émane de Voltaire . C'est pourquoi il convient de la présenter ici .

4 Allusion à la « Lettre au sujet de la bénédiction de l'église de Pompignan », de Pompignan en appendice au Discours prononcé dans l'église de Pompignan, le jour de sa bénédiction, de François Philippe de Laurens de Reyrac (Villefranche-de-Rouergue, 1762 ,

voir:https://books.google.fr/books?id=37s5AAAAcAAJ&pg=PA29&lpg=PA29&dq=Lettre+au+sujet+de+la+b%C3%A9n%C3%A9diction+de+l%27%C3%A9glise+de+Pompignan%C2%A0+pompignan&source=bl&ots=yGXAu1W7Pr&sig=AgOdc_xiRKDSTaX8CQwioTPY0Sw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiw6Nywqt_fAhUQtRoKHWS1CPAQ6AEwBHoECAYQAQ#v=onepage&q=Lettre%20au%20sujet%20de%20la%20b%C3%A9n%C3%A9diction%20de%20l'%C3%A9glise%20de%20Pompignan%C2%A0%20pompignan&f=false ).

5 Ce sermon n'est pas de Pompignan ; voir lettre du 9 février 1763 à Mme d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/09/je-ne-peux-rendre-ni-les-hommes-ni-les-filles-raisonnables.html

6 A nouveau, il ne s'agit pas de propos tenus par Pompignan mais par Dupré de Saint-Maur qui le recevant à l'académie , compara les deux Pompignan à « deux frères , qui furent consacrés l'un comme juge, l'autre comme pontife, pour opérer des miracles dans Israël » ; voir les Discours prononcés dans l'Académie française le lundi 10 mars MDCCLX à la réception de M. Lefranc de Pompignan . Voir : http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-du-marquis-de-pompignan

et : http://www.academie-francaise.fr/reponse-au-discours-de-reception-du-marquis-de-pompignan

9 Lefranc de Pompignan a publié la « Prière universelle, traduite de l'anglais de M. Pope, par l’auteur de la tragédie de Didon et du Discours sur l'intérêt public », 1740, réimprimée en 1760 par Morellet avec un commentaire ironique . Voir aussi : https://books.google.fr/books?id=lEH3Nt34NyIC&pg=PA13&lpg=PA13&dq=Discours+sur+l%27int%C3%A9r%C3%AAt+public+pompignan&source=bl&ots=ulDnLdho1n&sig=-NIwPdQ0kSW0cZsBs1ki6MFFseA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwifzrekr9_fAhUOCxoKHQ3WDzUQ6AEwAnoECAMQAQ#v=onepage&q=Discours%20sur%20l'int%C3%A9r%C3%AAt%20public%20pompignan&f=false

08/01/2019

il y aura des clabauderies, mais je suis endurci à la fatigue

... vient de me glisser à l'oreille Edouard Philippe !

Qu'on se le dise .

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Ils l'ont dans le dos !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet , comtesse d'Argental

4è janvier 1764

Je n’envoie point de nouveaux contes à mes anges, sans savoir auparavant si Les Trois manières ont trouvé grâce devant leurs yeux . Je suis bien fâché qu'on ait imprimé Ce qui plait aux dames, et l’Éducation des filles ; c'est faner de petites fleurs qui ne sont agréables que quand on ne les vend pas au marché .

Je ne leur dis rien des Roués, je ne leur dis rien d'Olympie la religieuse, parce que c'est à eux à tout dire, à tout faire, à me conduire, à me donner leurs ordres .

Je ne dis rien de la Gazette littéraire, par la même raison .

Oserai-je prendre la liberté de leur adresser, et de mettre sous leur protection, ce petit paquet pour le bonhomme Corneille ? Je me flatte qu’avant qu'il soit un mois l'édition cornélienne paraîtra dans Paris, il y aura des clabauderies, mais je suis endurci à la fatigue .

J'ai préparé un grand mémoire sur Olympie, mes anges l'auront quand j'aurai reçu leurs commandements, que j'attends avec respects et tendresse . »

Nos seigneurs français sont le contraire des anglais ; ils promettent et ne tiennent rien

... Mais depuis le XVIIIè siècle, les Anglais sont devenus tout à fait capables d'avoir les mêmes défauts , la preuve : Brexit !

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 1er janvier 1764]

[…] Si M. Philibert ne fait pas envoyer des imprimés chez les souscripteurs cornéliens qui n'ont pas payé, tout est perdu . Nos seigneurs français sont le contraire des anglais ; ils promettent et ne tiennent rien [...]