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18/07/2020

J’ignore s’ils oseront insulter ainsi à toute l’Europe, qui a leur arrêt en horreur

... Et qui réagit . Contre qui ? mais les States of course , one again ! https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/donnees-pers...

 

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence

6è avril 1765 1

Mon cher frère en Bayle et en tous les apôtres de la raison, je ne vous oublie point, quoique mes maux me permettent rarement d’écrire. Vous recevrez de Paris les plumes qu’on vous envoie de Hollande.

Grâces soient rendues à l’Être des êtres de ce que vous avez trouvé un aussi fidèle disciple que M. de la Faie 2! Vous rendez service à l’humanité en éclairant des personnes de mérite, qui en éclaireront d’autres et qui formeront d’excellents citoyens.

Je me doutais bien que la justification des Calas, prononcée d’une voix unanime par quarante juges du Conseil, charmerait votre âme noble et sensible. On dit que les juges de Toulouse ne sont pas si charmés que vous. Ils se sont assemblés : ils ont voulu faire des remontrances. J’ignore s’ils oseront insulter ainsi à toute l’Europe, qui a leur arrêt en horreur. On attend cependant que le roi, plus équitable que ce parlement, honorera les Calas d’une pension. Les maîtres des requêtes, protecteurs de l’innocence, ont écrit, comme vous savez, à Sa Majesté pour recommander la famille à ses bontés. Le roi se fera adorer en accordant cette grâce.

Il y a des divisions à Genève ; mais il n’y a point eu de troubles. Pour notre maison, elle est toujours dans l’heureuse tranquillité où vous l’avez vue, et vous y êtes toujours également aimé et honoré par tous ceux qui l’habitent. »

1 Pour la date, V* a mis mars ; d'Argence a porté la date complète sur le manuscrit .

2 V* veut dire sans doute Delahaye, fermier général converti aux idées des philosophes ; voir lettre du 1er avril à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/07/08/vous-me-feriez-plaisir-de-m-instruire-des-sentiments-du-public-que-vous-ave.html

17/07/2020

Je crois que ma plus grande maladie est d'avoir commencé ma soixante et douzième année

... Roselyne Bachelot l'a dit il y a deux ans déjà, et en bonne parmacienne elle peut faire de la publicité pour ce qui lui préserve un teint de soixantenaire en bonne forme . La preuve ....

Roselyne Bachelot dans nos chers voisins, c'est ce soir - Gala

On peut se réjouir de sa santé actuelle/Santé passée et de sa culture actuelle/Culture présente

 

 

« A Théodore Tronchin

5è avril 1765

Frère Damilaville vous rend compte , mon cher Esculape, de son emplâtre et de son obéissance à vos ordres 1. Je ne vous dis rien pour moi, quoique je souffre beaucoup . Je crois que ma plus grande maladie est d'avoir commencé ma soixante et douzième année, et d'être né très faible . À cela mon cher ami, il n'est d'autre remède que d'attendre patiemment les ordres irrévocables de la nature . Vous ne perdrez en moi qu'un admirateur, et vous en avez cent mille, mais vous perdrez aussi un ami qui vous est plus attaché que tous ceux qui vous admirent . 

V.»

1 Un mois auparavant, V* a consulté Théodore Tronchin pour le »mal de gorge » de Damilaville ; voir lettres du 4 mars : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/05/15/j...

et : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/05/16/i...

16/07/2020

je vous remercie d’avoir encouragé l’auteur inimitable de ce petit écrit à rendre des services si essentiels à la bonne cause

... "Si tu ne portes pas de masque, t'as rien compris" écrit Bansky; et ces ânes bâtés des services de nettoyage , eux, masqués ou non, se sont permis d'effacer ses rats instructifs , plus parlant que la vilaine trogne de Trump masquée .

https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/un-...

Exposition Bansky à l'espace Lafayette Drouot, à Paris, le 13 juin 2019.

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

Le 5 avril [1765] 1

Vous êtes obéi, mon cher frère ; ce charmant ouvrage 2 sera imprimé au plus vite et avec le plus grand secret. Que je vous remercie d’avoir encouragé l’auteur inimitable de ce petit écrit à rendre des services si essentiels à la bonne cause ! J’en demande très humblement pardon à ce Blaise Pascal,  mais je le mets bien au-dessous d’Archimède-Protagoras : celui-ci ne verra jamais de précipice à côté de sa chaise, et il bouchera le précipice dans lequel on fait tomber tant de sots .

Vous daignez me demander, par votre lettre du 27 de mars, le portrait d’un homme qui vous aime autant qu’il vous estime : je n’ai plus qu’une mauvaise copie d’après un original fait il y a trente ans, et dans le fond de mes déserts il n’y a point de peintre. Je vous enverrai ce barbouillage, si vous le souhaitez ; mais l’estampe faite d’après le buste de Le Moine vaut beaucoup mieux 3.

Je suis bien malade ; tout baisse chez moi, hors mes tendres sentiments pour vous. Je me soumets à l’Être des êtres et aux lois de la nature ; mais écr. l’inf. »

1 L'édition de Kehl amalgame cette lettre à une autre du 30 mars 1765 ; voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/07/05/le-public-se-lasse-bien-vite-d-etre-genereux.html

15/07/2020

le public commence à se lasser de cette démocratie. Ce public brise souvent ses idoles, et, au bout de quelques mois, il arrive que les applaudissements se tournent en sifflets. (Ceci soit dit en passant.)

... Ce ne sont pas les présidents, ministres et floppée d'élus qui diront le contraire . Ou alors ils sont aveugles et sourds .

DOFUS – The Suffokian Abyss - Trailer - YouTube

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI

3 avril 1765

Pourquoi faut-il que de mes deux anges il y en ait toujours un qui tousse ? Permettez-moi de consulter Tronchin sur cette toux. Il n’y aurait qu’à en faire l’histoire, et sur cette histoire Tronchin donnerait ses conclusions.

J’envoie à mes anges une autre sorte d’histoire, dont il y a aussi de bonnes conclusions à tirer. Feu M. l’abbé Bazin était un bon chrétien qui n’était point superstitieux ; il laisse entrevoir modestement que les Juifs étaient une nation des plus nouvelles, et qu’ils ont pris chez les autres peuples toutes leurs fables et toutes leurs coutumes. Ce coup de poignard, une fois enfoncé avec tout le respect imaginable, peut tuer le monstre de la superstition dans le cabinet des honnêtes gens, sans que les sots en sachent rien.

Mes anges sont suppliés de faire part à frère Damilaville des pilules qui leur ont été apportées par un Suédois et par deux Suisses. Ces pilules, quoique condamnées par les charlatans, font beaucoup de bien à un malade raisonnable.

Messieurs du parlement de Toulouse ne paraissent pas être du nombre de ces derniers. Mes anges sont instruits sans doute que ces messieurs s’assemblèrent, le 20 de mars, pour rédiger des remontrances tendant à demander, ou ordonner que tous ceux qu’ils auront fait rouer soient désormais déclarés bien roués, et que surtout on maintienne la belle procession annuelle dans laquelle on remercie Dieu, en masque, du sang répandu de trois à quatre mille citoyens, il y a quelques deux cents ans. De plus, Messieurs ont défendu, sous des peines corporelles, d’afficher l’arrêt qui justifie les Calas . Messieurs paraissent opiniâtres.

Peut-être je devrais, plus humble en ma misère,

Me souvenir du moins que je parle à leur frère.1

Mais ce frère appartient à l’humanité avant d’appartenir à Messieurs 2.

Si la réponse du roi au parlement de Bretagne est telle qu’on la trouve dans les papiers publics, il paraît que la cour sait quelquefois réprimer Messieurs . Il paraît aussi que le public commence à se lasser de cette démocratie. Ce public brise souvent ses idoles, et, au bout de quelques mois, il arrive que les applaudissements se tournent en sifflets. (Ceci soit dit en passant.)

Je remercie bien humblement mes anges de leur passeport, et je les supplie de vouloir bien dire à M. le duc de Praslin combien je suis touché de ses bontés.

Je trouve que la gratification ou pension que l’on demandait au roi pour ces pauvres Calas tarde beaucoup à venir ; c’est ce qui m’a déterminé à leur conseiller de faire pressentir M. le vice-chancelier et M. le contrôleur-général sur la prise à partie, afin de ne point indisposer ceux de qui cette pension dépend . Mais je peux me tromper, et je m’en rapporte à mes anges, qui voient les choses de plus près et beaucoup mieux que moi.

Je ne peux pas dicter davantage, car je n’en peux plus. Je me meurs avec la folie de planter et de bâtir, et avec le chagrin de n’avoir pas vu mes anges depuis douze ans. »

14/07/2020

le patriotisme excuse tout . Je voudrais savoir jusqu'à quel point vous êtes bon patriote ; j'ai peur que vous ne vous borniez à être bon juge

... 14 juillet oblige !

Ça se discute ! surtout le "excuse tout" qui me semble diablement exagéré . Voir dans notre histoire contemporaine , le patriotisme exacerbé et mis en vitrine de certains politicards : https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-les-mots-demons/201...

Super Patriote : Le Cri du Coq Gaulois - Home | Facebook

France, pays des fromages , du verbiage et des hommages à tire-larigot

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

3 avril [1765]

Ma reconnaissance est vive, je l'avoue ; mais ce n'est pas elle qui fait mon enthousiasme pour vous ; c'est votre zèle aussi intrépide que sage, c'est votre manière d'avoir toujours raison, c'est votre art d'attaquer le monstre, tantôt avec la massue d'Hercule, tantôt avec le stylet le plus affilé ; et puis , quand vous l'avez mis sous vos pieds, vous vous moquez de lui fort plaisamment . Que j'aime votre style ! Que votre esprit est net et clair ! Plût à Dieu que les autres frères eussent écrit ainsi ! L'inf ne se débattrait pas encore comme elle le fait sous la vérité qui l'écrase . Je voudrais bien savoir quel est le polisson de théologien à qui vous faites tant d'honneur . Quoi qu'il en soit, vous serez obéi ponctuellement et promptement 1.

Avez-vous lu Le Siège de Calais ? Je suis l'ami de l'auteur, et dois l'être ; je trouve que le retour du maire et de son fils, à la fin, doit faire un bel effet de théâtre . Il se peut d'ailleurs qu'il y ait dans la pièce quelques défauts qui vous aient choqué ; mais ce n'est pas à moi de m'en apercevoir, et d’ailleurs le patriotisme excuse tout . Je voudrais savoir jusqu'à quel point vous êtes bon patriote ; j'ai peur que vous ne vous borniez à être bon juge . Je vous aime et révère ; écr l'inf . »

1 V* vient manifestement de recevoir de d'Alembert l'ouvrage désigné dans la lettre du 2 avril 1765 à Cramer , et il s'imagine qu'il est de son correspondant ; voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/07/13/nous-ne-laisserons-pas-d-etre-assez-embarrasses-cet-ete-fern-6251377.html

13/07/2020

Nous ne laisserons pas d'être assez embarrassés cet été . Ferney sera plein jusqu'au toit

... C'est ce que souhaite François-Xavier Verger -que je salue amicalement- qui travaille pour que vive le château de Voltaire aussi bien que du temps du patriarche, lieu d'accueil et de travail remarquable .

Voir : https://www.youtube.com/watch?v=HICmoAYVFt0

et : https://www.youtube.com/watch?v=Q7I9p-dCXJU

et : https://www.youtube.com/watch?v=_127cMOZVVc

Voyage de presse à Ferney-Voltaire - Chatillon Architectes

Bienvenue chez Voltaire

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 2 avril 1765]

Voici, mon cher Gabriel, l'ouvrage le plus intéressant pour la philosophie et pour les philosophes, le plus nécessaire, le plus fait pour avoir un prompt débit 1. Heureusement c'est un ouvrage auquel M. le duc de Praslin s'intéressera . On me l'envoie de Paris, et je vous le confie comme à un frère qui va travailler pour les frères . L'entrée dans Paris est sûre . Ne perdez pas un instant ; servez-vous d'un caractère un peu moins gros que celui de la Destruction . Faites travailler, je vous en prie, dès ce jour même . En vérité vous avez bien fait de quitter l'Espagne pour la France . Je vous réponds que tant que je vivrai vos presses ne seront pas oisives . Je vous instruirai la première fois que je vous verrai des choses qu'on exige de vous, comme d'envoyer les premiers exemplaires par la poste, à ceux qu'on vous indiquera .

On a porté à Tournay le peu de meubles qu'on a pu trouver ; on nous a volé des matelas et des couvertures . Nous tâcherons de réparer tout cela . Nous ne laisserons pas d'être assez embarrassés cet été . Ferney sera plein jusqu'au toit .

Savez-vous bien que le parlement de Toulouse s’est assemblé pour faire des remontrances au roi ? Il soutient toujours que Calas a été roué loyalement . Je vous jure, mon cher Gabriel, que je ne voudrais pas me trouver actuellement à Toulouse .

Voici un petit mot pour Mlle Rieux . Je vous embrasse tendrement vous et les vôtres .

Point du tout . J’envoie le billet pour Mlle Rieux en droiture .

On vous recommande mon cher ami secret profond et diligence extrême .

V. »

12/07/2020

Il n’appartient qu’aux excellents artistes comme vous d’approuver ce que leurs confrères ont de bon, et de garder le silence sur ce qu’ils ont de moins brillant et de moins heureux

... Ce n'est pas Francis Lalanne qui est ici félicité, qu'on en juge par ses récriminations : https://www.huffingtonpost.fr/entry/francis-lalanne-fort-...

Bonnes routes et amusez-vous bien où que vous alliez, les guignols sont encore vivants !

blague sur Francis Lalanne – Blagues et Dessins

"Je souhaite le même succès à Kanye West" ( Lalanne dixit ).

 

 

« A Jean-François La Harpe

2è avril 1765

Je me doutais bien, monsieur, que les vers charmants sur les Calas étaient de vous 1 ; car de qui pourraient-ils être ? J’avais reçu tant de lettres au sujet de cette famille infortunée, qu’après les avoir mises dans mon portefeuille, j’y trouvai votre belle épître sans adresse, et écrite, à ce qu’il me parut, d’une autre main que la vôtre.

J’apprends aujourd’hui par M. le marquis de Chimène que je vous ai très bien deviné ; mais je ne sais pas si bien répondre. Mon état est très languissant et très triste, et j’ai encore le malheur d’être surchargé d’affaires ; je vous assure que mes sentiments pour vous n’en sont pas moins vifs. J’ai été charmé de la candeur et de la réserve avec lesquelles vous m’avez écrit sur la pièce nouvelle. Cela est digne de vos talents, et met vos ennemis dans leur tort, supposé que vous en ayez. Il n’appartient qu’aux excellents artistes comme vous d’approuver ce que leurs confrères ont de bon, et de garder le silence sur ce qu’ils ont de moins brillant et de moins heureux. Vous avez tous les jours de nouveaux droits à mon estime et à ma reconnaissance, et vous pouvez toujours me parler avec confiance, bien sûr d’une discrétion égale à l’attachement que je vous ai voué. »

1  A Voltaire sur la réhabilitation de la famille Calas ; voir : Œuvres de La Harpe, 1820, III, 486-488 .