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24/12/2020

Je suis bien sûr que vous approuverez qu’on estime ou qu’on méprise, qu’on aime ou qu’on haïsse très indépendamment des titres

... Entendez-vous ô ministres, présidents, évêques, papes, popes, imams, généraux, gradés de toutes sortes, docteurs es, chevaliers de, pdg, père Noël and Co ?

Je pose ceci au sommet du sapin à la place de l'étoile sensée guider les rois mages, Voltaire mérite cette place .

zadig-voltaire - audiolude

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

28 auguste [1765]1

Mon très cher et vrai philosophe, je m’intéresse pour le moins autant à votre bien-être qu’à votre gloire ; car, après tout, le vivre dans l’idée d’autrui ne vaut pas le vivre à l’aise. Je me flatte qu’on vous a enfin restitué votre pension, qui est de droit . C’était vous voler que de ne vous pas la donner. Il y a des injustices dont on rougit bientôt . Celle qu’on faisait à la famille des Calas, de s’opposer au débit de son estampe, était encore un vol manifeste. Une telle démarche a bien surpris les pays étrangers. Je voudrais que tout homme public, quand il est près de faire une grosse sottise, se dît toujours à lui-même : l’Europe te regarde.

Mlle Clairon a été reçue chez nous comme si Rousseau n’avait pas écrit contre les spectacles. Les excommunications de ce Père de l’Église n’ont eu aucune influence à Ferney. Il eût été à désirer pour l’honneur de ce saint homme si honnête et si conséquent, qu’il n’eût pas déclaré, écrit et signé par devant un nommé Montmolin, son curé huguenot,  qu’il ne demandait la communion que dans le ferme dessein d’écrire contre le livre abominable d’Helvétius 2.  Vous voyez bien que ce n’est pas assez pour Jean-Jacques de se repentir ; il poussa la vertu jusqu’à dénoncer ses complices et à poursuivre ses bienfaiteurs ; car s’il avait renvoyé quelques louis à M. le duc d’Orléans il en avait reçu plusieurs d’Helvétius. C’est assurément le comble de la vertu chrétienne de se déshonorer et d’être un coquin pour faire son salut.

Ce sont de tels philosophes qui ont rendu la philosophie odieuse et méprisable à la cour. C’est parce que Jean-Jacques a encore des partisans que les véritables philosophes ont des ennemis. On est indigné de voir dans le Dictionnaire encyclopédique une apostrophe à ce misérable 3 comme on en ferait une à un Marc-Antonin . Ce ridicule suffit, avec l’article Femme 4, pour décrier un livre, fût-il en vingt volumes in-folio. Comptez que je ne me suis pas trompé en mandant, il y a longtemps, que Rousseau ferait tort aux gens de bien.

Quand on a donné des éloges à ce polisson, c’était alors qu’on offrait réellement une chandelle au diable.

Croyez, mon cher philosophe que je ne donnerai jamais à aucun grand seigneur les éloges que j’ai prodigués à mademoiselle Clairon. Le mérite et la persécution sont mes cordons bleus ; mais aussi vous êtes trop juste pour exiger que je rompe en visière à des personnes à qui j’ai les plus grandes obligations. Faut-il manquer à un homme qui nous a fait du bien, parce qu’il est grand seigneur ? Je suis bien sûr que vous approuverez qu’on estime ou qu’on méprise, qu’on aime ou qu’on haïsse très indépendamment des titres. Je vous aimerais, je vous louerais, fussiez-vous pape ; et, tel que vous êtes, je vous préfère à tous les papes, ce qui n’est pas coucher gros 5; mais je vous aime et vous révère plus que personne au monde. »

2 Voir lettre du 9 septembre 1762 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/08/cela-est-tout-a-fait-jesuitique-c-est-un-tissu-de-sottises-e.html

On n'a pas ici les termes exacts de J-J. Rousseau mais ils représentent le fond de sa pensée telle qu'exprimée à Montmolin qui la rapporte dans une lettre du 23 septembre 1762 disant que Rousseau entreprit « de s'élever, non pas précisément directement, mais pourtant assez clairement contre l'ouvrage infernal De l'Esprit » et « de foudroyer plusieurs de nos nouveaux philosophes qui, vains et présomptueux, sapent les fondements et la religion naturelle et la religion révélée ».Voir la Réfutation de la Lettre à M. *** relative à M. Rousseau, 1765, publiée par Montmolin : https://numelyo.bm-lyon.fr/f_view/BML:BML_00GOO0100137001...=#

Selon Georges Avenel, Rousseau déclara verbalement à Montmolin qu’il avait eu en vue dans son Émile de s’élever contre le livre d’Helvétius. Il ne s’agissait donc pas d’un livre à faire.

3 Voir lettre du 31 décembre 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/03/06/cela-peut-etre-adroit-mais-cela-n-est-pas-honnete-6217858.html

L’apostrophe « O Rousseau ! » dans l’article ENCYCLOPÉDIE de Diderot. (Georges Avenel ). Voir aussi : https://lesconferencesdemathilde.com/index.php/siecle-des-lumieres/rousseau-diderot-les-freres-ennemis

5 Miser gros, prendre un grand risque .

23/12/2020

il ne perdra rien pour attendre, et il n’attendra pas longtemps

... François Bayrou, petit chef de petit parti, allié d'un mouvement au goût de parti, pense à sa survie via des élections à la sauce proportionnelle . Reste à élaborer une recette digne de celles -très techniques- de Mercotte !*

https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/12/22/le-debat-sur-la-proportionnelle-est-relance_6064188_823448.html

NDLR - Finale du meilleur pâtissier mardi prochain

En attendant, le malade locataire de La Lanterne, doué du don d'ubiquité (comme Mélenchon en son temps) s'est retrouvé près du canal St Martin, pour son 43è anniversaire : https://actu.fr/occitanie/toulouse_31555/emmanuel-macron-a-la-rue-la-nouvelle-oeuvre-choc-de-l-artiste-de-toulouse-james-colomina-a-paris_38262569.html

James Colomina est réputé pour ses sculptures en résine rouge.

 

 

« A Henri-Louis Lekain

26 auguste 1765

M. Lekain sera servi comme il le désire par le jeune homme dont nous avons si souvent parlé ; il ne perdra rien pour attendre, et il n’attendra pas longtemps.

Mlle Clairon a joué Electre 1 d’une manière si supérieure et si étonnante, qu’elle m’a fait aimer cette pièce, il n’y manquait que M. Lekain.

Je le prie très instamment de me faire l’amitié de compulser les registres de la Comédie ; on veut savoir quel jour et combien de fois on l’a jouée, soit à Paris, soit à la cour, et le produit des chambrées 2. Je lui serai très obligé s’il veut bien se donner cette peine.

Je l’embrasse du meilleur de mon cœur.

 V. »

1 V* veut dire Oreste .

2 Oreste fut joué vingt-trois fois du 1er janvier 1750 au 24 septembre 1764 . les recettes ont été de 49 894 francs . Pendant la même période, Electre de Crébillon a été jouée dix-neuf fois et a produit 27007 francs de recette .

22/12/2020

J’avoue qu’il me serait dur de me transplanter à mon âge , mais il le faudrait bien, si on me chicanait . Vos bontés me rassurent.

... Paroles de virus Covid-19 , majeur et pas encore vacciné !

Rassuré pour sa survie quand il voit ses hôtes et futurs porteurs se balader avec le masque sous le nez, se faire un malin plaisir de se regrouper juste pour braver les consignes -au prétexte de convivialité-, geindre de se trouver privés de quelques libertés accessoires et dans le même temps, être des dangers publics,  faire du  port et usage d'arme biologique sans remords .

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/21/covid-19-...

https://www.santelog.com/sites/santelog.com/www.santelog.com/files/styles/large/public/images/accroche/respiration_conversation_covid-19_adobestock_334958243.jpeg?itok=eeDABTnm

En attendant le vaccin, fermons la  !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

26 août [1765]

Mes divins anges, je viens encore de recevoir plusieurs paquets contre-signés Laverdy, Choiseul, Saint-Florentin. Tous les paquets adressés directement à moi de la part de ceux qui ont droit de contre-seing me sont rendus, et l’ont été sans difficulté ; on n’en fait que lorsque ces paquets sont adressés à quelqu’un pour une autre personne. C’est pour avoir pris trop de précautions, c’est pour m’être fait adresser l’ouvrage du jeune homme sous le nom de Camp, et pour avoir fait mettre une seconde enveloppe : A Wagnière, à Genève, chez un marchand, que ce paquet fut taxé ; c’est pour avoir envoyé ce même ouvrage de Genève, à votre nom, sous celui de M. le duc de Praslin, qu’il a été taxé encore. Si je l’avais envoyé tout ouvert à M. le duc de Praslin, en le priant de vous le remettre, il aurait certainement joui d’une pleine franchise. M. le duc de Praslin pourrait donc très aisément m’envoyer cet ouvrage, et même avec un mot de sa main, étant très permis à un ministre de lire de mauvais vers et de me les renvoyer.

J’avais été extrêmement effarouché de l’aventure de la demi-feuille 1 ; mais il n’y a qu’à ne plus écrire de ces demi-feuilles et à continuer la correspondance comme à l’ordinaire, en observant seulement que les gros paquets, comme l’ouvrage en question que M. le duc de Praslin me renverrait directement ne fussent pas sous une autre enveloppe que la sienne.

J’envoie donc ce présent mémoire à M. de Courteilles pour premier essai, et surtout je vous demande très humblement pardon de ces détails et de ces embarras, tristes fruits d’une éternelle absence.

Je devais vous envoyer aujourd’hui des vers que j’ai faits pour mademoiselle Clairon 2, mais comme Gabriel Cramer, toujours extrêmement attentif, ne m’en a donné aucun exemplaire, et que Mlle Clairon, qui vient de partir, s’est saisie à mon insu de ceux qui sortaient tout mouillés de la presse, vous ne les aurez que par la prochaine poste. Je les ai faits avec beaucoup de soin, ils n’en sont peut-être pas meilleurs.

Je vous ai supplié de m’obtenir du dépôt des Affaires étrangères un éclaircissement sur les secrétaires d’ambassade, et surtout sur celle de Venise . Je vous réitère ma très humble prière.

Je crois ou du moins on croit ici que Montpéroux, résident à Genève, n’a pas longtemps à vivre 3. Il est attaqué d’une jaunisse à la suite d’une apoplexie. Il y a un M. Astier, commissaire de marine en Hollande ; c’est un philosophe, et de plus un homme très sage et très aimable. Si M. de Montpéroux succombait, si vous protégiez M. Astier, M. le duc de Praslin ne pourrait faire un meilleur choix.

J’avoue qu’il me serait dur de me transplanter à mon âge , mais il le faudrait bien, si on me chicanait . Vos bontés me rassurent.

Permettez que j’insère ici ce petit mot pour Lekain. 4»

3 Il mourra le 7 septembre 1765 . Voir : https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_2005_num_37_1_2655

4 Ces mots ont été écrits par V* dans la marge du bas .

21/12/2020

Il est important qu'on rabote la bosse de Polichinelle

... Punch, buffoon, king of open secret : Boris Johnson, docteur es "faisons peur pour faire avaler des contraintes pénibles", clame : "cette nouvelle variante du virus se transmet « bien plus facilement »"! Ah ! qu'elle découverte que celle d'un variant viral, sachant que les Chinois en ont dénombré des milliers et qu'il n'y a rien de plus banal que des mutations chez les virus . Ce Boris ne mute pas, il est toujours aussi faux jeton, les accords [sic] pour le Brexit le prouvent .

Qu'est-ce qu'une transmission plus facile pour un virus : la 5G Covid-19 ? avec le soutien de hackers pour traverser les masques ? Me trompè-je ?

NJ cartoon 16.12.20

https://www.theguardian.com/commentisfree/picture/2020/no...

 

 

 

« A Gabriel Cramer

[24 août 1765]1

Je prie monsieur Caro de me faire envoyer l'épreuve de la Claironade . Je le prie de vouloir bien faire corriger ce vers :

Et pour un sot Itis très sottement éprise ;

et de mettre :

Pour le galant Itis si galamment éprise .

Je lui recommande la lettre de M. le marquis d'Argence 2 et le petit billet joint à cette lettre 3. J'espère que ma mauvaise santé et ma fluxion sur les yeux ne m'empêcheront pas de venir ce soir un moment à Tournay . »

1 Datée du 24 août car le 16 V* parle aux d'Argental d'exemplaires sortant « tout mouillés de la presse »

2 Voir cette lettre du 20 août 1765 en note de la lettre du 24 août 1765 à d'Argence : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/12/15/vous-avez-tire-de-l-or-de-son-fumier-en-confondant-ses-ca-6284451.html

3 La lettre du 24 août 1765 à d'Argence .

 

 

« A Gabriel Cramer

[25 août 1765 ?]

Monsieur Caro est supplié d'envoyer l'épreuve de Polichinelle 1, et celle de la lettre de M. le marquis d'Argence si elle est faite . On lui sera très obligé . Il est important qu'on rabote la bosse de Polichinelle 2, et monsieur Caro me fera grand plaisir de faire tirer une douzaine d'exemplaires de la lettre de M. d'Argence, et de me renvoyer l'original si ses presses sont trop occupées .

Je le prie aussi de vouloir bien m'envoyer le compte de ce qu'il lui en a coûté pour les Scheurler qu'il m'a fait l’amabilité de faire venir pour moi . Mille tendres compliments . »

1 Sans doute le Pot pourri .

2 S'agit-il de supprimer le chapitre relatif à Rousseau, restitué dans l'édition Miger (de 1918 ) ?

20/12/2020

vous avez tiré de l’or de son fumier en confondant ses calomnies

... Pourrait dire Alexeï Navalny aux enquêteurs, sur les agissements illégaux de Vladimir Poutine qui, lui, se fait fort de bénéficier d'une immunité définitive , échappant ainsi à toutes révélations sur ses malversations : https://www.lemonde.fr/international/article/2020/12/18/p...La corruption gangrène la Russie – Cartooning for Peace

 

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence

24 auguste 1765

La lettre que vous avez daigné écrire 1, monsieur le marquis, est digne de votre cœur et de votre raison supérieure. J’ai appris par cette lettre l’insolente bassesse de Fréron, que j’ignorais. Je n’ai jamais lu ses feuilles ; le hasard, qui vous en a fait tomber une entre les mains, ne m’a jamais si mal servi ; mais vous avez tiré de l’or de son fumier en confondant ses calomnies.

Si cet homme avait lu la lettre que Mme Calas écrivit de la retraite où elle était mourante, et dont on la tira avec tant de peine ; s’il avait vu la candeur, la douleur, la résignation qu’elle mettait dans le récit du meurtre de son fils et de son mari, et cette vérité irrésistible avec laquelle elle prenait Dieu à témoin de son innocence, je sais bien que cet homme n’en aurait pas été touché, mais il aurait entrevu que les cœurs honnêtes devaient en être attendris et persuadés.

Ce n’est pas aux tyrans à sentir la nature,

Ce n’est pas aux f... à sentir la vertu.2

Quant à M. le maréchal de Richelieu et à M. le duc de Villars, dont il tâche, dites-vous, d’avilir la protection, et de récuser le témoignage, il ignore que c’est chez moi qu’ils virent le fils de madame Calas, que j’eus l’honneur de leur présenter, et qu’assurément ils ne l’ont protégé qu’en connaissance de cause, après avoir longtemps suspendu leur jugement, comme le doit tout homme sage avant de décider.

Pour MM. les maîtres des requêtes, c’est à eux de voir si après leur jugement souverain, qui a constaté l’innocence de la famille Calas, il doit être permis à un Fréron de la révoquer en doute.

Je vous embrasse avec tendresse, et je vous aime autant que je vous respecte. »

1 Un soi-disant philosophe protestant avait critiqué, dans l’Année littéraire, la lettre de Voltaire à Damilaville du 1er  mars voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/05/14/mon-zele-devient-tous-les-jours-plus-fort-6238500.html

et http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/02/27/1... ).

D’Argence, après avoir vainement prié Voltaire de répliquer, écrivit lui-même contre le « philosophe protestant », et sa lettre parut imprimée avec la présente missive.

Voici, du reste, la lettre de d’Argence :« Au château de Dirac, ce 20 juillet [1765]. / J’ai lu dans une feuille, mon vertueux ami, intitulée l’Année littéraire, une satire à l’occasion de la justice rendue à la famille des Calas par le tribunal suprême de MM. les maîtres des requêtes ; elle a indigné tous les honnêtes gens, on m’a dit que c’est le sort de ces feuilles. / L’auteur, par une ruse à laquelle personne n’est jamais pris, feint qu’il a reçu de Languedoc une Lettre d’un philosophe protestant. Il fait dire à ce prétendu philosophe que si on avait jugé les Calas sur une lettre de M. de Voltaire, qui a couru dans l’Europe, on aurait eu une fort mauvaise idée de leur cause. L’auteur des feuilles n’ose pas attaquer MM. les maîtres des requêtes directement ; mais il semble espérer que les traits qu’il porte à M. de Voltaire retomberont sur eux, puisque M. de Voltaire avait agi sur les mêmes preuves. / Il commence par vouloir détruire la présomption favorable que tous les avocats ont si bien fait valoir, qu’il n’est pas naturel qu’un père assassine son fils sur le soupçon que ce fils veut changer de religion. Il oppose à cette probabilité reconnue de tout le monde, l’exemple de Junius Brutus, qu’on prétend avoir condamné son fils à la mort. Il s’aveugle au point de ne pas voir que Junius Brutus était un juge qui sacrifia, en gémissant, la nature à son devoir. Quelle comparaison entre une sentence sévère et un assassinat exécrable ! entre le devoir et un parricide ! et quel parricide encore ! Il fallait, s’il eût été en effet exécuté, que le père et la mère, un frère et un ami, en eussent été également coupables. / Il pousse la démence jusqu’à oser dire que si les fils de Jean Calas ont assuré « qu’il n’y eut jamais de père plus tendre et plus indulgent, et qu’il n’avait jamais battu un seul de ses enfants. » c’est plutôt une preuve de simplicité de croire cette déposition, qu’une preuve de l’innocence des accusés. / Non, ce n’est pas une preuve juridique complète, mais c’est la plus grande des probabilités ; c’est un motif puissant d’examiner, et il ne s’agissait alors, pour M. de Voltaire, que de chercher des motifs qui le déterminassent à entreprendre une affaire si intéressante, dans laquelle il fournit depuis des preuves complètes, qu’il fit recueillir à Toulouse. / Voici quelque chose de plus révoltant encore. M. de Voltaire, chez qui je passai trois mois, auprès de Genève, lorsqu’il entreprit cette affaire, exigea, avant de s’y exposer, que madame Calas, qu’il savait être une dame très religieuse, jurât, au nom du Dieu qu’elle adore, que ni son mari ni elle n’étaient coupables. Ce serment était du plus grand poids, car il n’était pas possible que madame Calas fît un faux serment pour venir à Paris s’exposer au supplice ; elle était hors de cause, rien ne la forçait à faire la démarche hasardeuse de recommencer un procès criminel dans lequel elle aurait pu succomber. L’auteur des feuilles ne sait pas ce qu’il en coûterait à un cœur qui craint Dieu de se parjurer ; il dit que c’est là un mauvais raisonnement, « que c’est comme si quelqu’un aurait interrogé un des juges qui condamnèrent Calas, etc. » / Peut-on faire une comparaison aussi absurde ? Sans doute le juge fera serment qu’il a jugé suivant sa conscience ; mais cette conscience peut avoir été trompée par de faux indices, au lieu que madame Calas ne saurait se tromper sur le crime qu’on imputait alors à son mari, et même à elle. Un accusé sait très bien dans son cœur s’il est coupable ou non ; mais le juge ne peut le savoir que par des indices souvent équivoques. Le faiseur de feuilles a donc raisonné avec autant de sottise que de malignité, car je dois appeler les choses par leur nom. / Il ose nier qu’on ait cru dans le Languedoc que les protestants ont un point de leur secte qui leur permet de donner la mort à leurs enfants qu’ils soupçonnent de vouloir changer de religion, etc. : ce sont les paroles de ce folliculaire. / Il ne sait donc pas que cette accusation fut si publique et si grave, que M. Sudre, fameux avocat de Toulouse, dont nous avons un excellent mémoire en faveur de la famille Calas, réfute cette erreur populaire, pages 59, 60 et 61 de son factum. Il ne sait donc pas que l’Église de Genève fut obligée d’envoyer à Toulouse une protestation solennelle contre une si horrible accusation . / Il ose plaisanter, dans une affaire aussi importante, sur ce qu’on écrivait à l’ancien gouverneur du Languedoc, et à celui de Provence, pour obtenir, par leur crédit, des informations sur lesquelles on pût compter : que pouvait-on faire de plus sage ? / Je ne dirai rien des petites sottises littéraires que cet homme ajoute dans sa misérable feuille. L’innocence des Calas, l’arrêt solennel de MM. les maîtres des requêtes, sont trop respectables pour que j’y mêle des objets si vains. Je suis seulement étonné qu’on souffre dans Paris une telle insolence, et qu’un malheureux, qui manque à la fois à l’humanité et au respect qu’il doit au conseil, abuse impunément, jusqu’à ce point, du mépris qu’on a pour lui. / Je demande pardon à M. de Voltaire d’avoir mêlé ici son nom avec celui d’un homme tel que Fréron ; mais puisqu’on souffre à Paris que les écrivains les plus déshonorés outragent le mérite le plus reconnu, j’ai cru qu’il était permis à un militaire, que l’honneur anime, de dire ce qu’il pense ; et j’en suis si persuadé, que vous pouvez, mon cher philosophe, faire part de mes réflexions à tous ceux qui aiment la vérité. / Vous savez à quel point je vous suis attaché. / d’Argence»

2 Mérope, Ac. IV, sc. 2 ; le manuscrit donne fripons .

19/12/2020

M. de Chimène la rata trois nuits de suite , de ma connaissance ; je lui en ferais bien autant pendant trois semaines

... Messieurs, Errare humanum est, perseverare diabolicum !

Ciò che si muove non congela: Errare humanum est, perseverare autem  diabolicum. Citazioni sugli errori

Ci-dessus , déclaration féminine semblable à celle de  tous les gouvernants existants et à venir

 

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

A Genève 23è auguste 1765 1

Voilà, monseigneur, mes fluxions sur les yeux qui recommencent ; ainsi vous permettrez à ce vieux malade de vous écrire d’une main étrangère.

J’ai reçu Mlle Clairon comme vous le vouliez, et comme elle le mérite : elle a été honorée, fêtée, chantée. Il ne lui a manqué que la petite attention dont vous l'honorâtes il y a quelques années ; mais il n'y a pas moyen que je sois aussi poli que vous . Je vous assure qu'elle aurait été bien attrapée si elle avait exigé les mêmes civilités . Ce n'est pas qu’elle ne soit accoutumée à jouer avec de mauvais acteurs . M. de Chimène la rata trois nuits de suite 2, de ma connaissance ; je lui en ferais bien autant pendant trois semaines . Je ne m'en suis consolé qu'en lui faisant de très mauvais vers.

Criaillez tant que vous voudrez contre les encyclopédistes ; ce sont des gens très dangereux, qui vous ont fait perdre le Canada, qui ont causé l’épidémie mortelle à la Cayenne, et qui viennent de vous faire battre à Maroc 3. Rien n’est plus juste assurément que de les faire pendre, comme vous le proposiez dans une de vos gracieuses lettres ; mais je vous supplie de m’excepter de la sentence. Je ne suis point du tout encyclopédiste, je ne suis qu’un laboureur malade qui défriche des champs incultes, et qui marie des filles dans un coin de terre ignoré ; ce petit asile n’est connu que depuis que vous l’avez honoré de votre présence et de vos beaux faits. Tout ce que je demande, c’est qu’on ne m’impute point les rogatons dont Rousseau inonde ce pays. On a grand soin de mettre 4 de temps en temps sous mon nom des dictionnaires philosophiques et autres ravauderies. Je suis bien loin de m’amuser à ces sottises ; ma santé est devenue si mauvaise, que je ne songe plus qu’à mourir, et je mourrai pénétré pour vous de la plus respectueuse tendresse.

V. »



1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais omet le deuxième paragraphe : « Il ne lui a manqué ... »

3 Échec d'une tentative de répression de la piraterie barbaresque .Voir page 34 : https://core.ac.uk/download/pdf/47372487.pdf

4 Ces deux mots sont rajoutés au-dessus de la ligne .

18/12/2020

La superstition n’a jamais fait que du mal

... Et le complotisme en est sa version moderne , soutenue par de prétendus experts sur le Net . J'aimerais toucher un centime pour chaque tweet mensonger émis, je serais millionnaire en moins de vingt-quatre heures , c'est absolument certain .

Répondre au complotisme - Réseau de prise en charge des extrémismes et des  radicalismes

Mentir, sous toutes ses formes, activité internationale de fainéants

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

23è auguste 1765 à Ferney

Madame, je me suis privé, pendant une année entière, de l’honneur et de la consolation d’écrire à Votre Altesse Sérénissime. Des fluxions horribles sur les yeux qui me privaient entièrement de la vue, mon inutilité, mon ensevelissement dans la retraite retenaient dans le silence les sentiments qui m’attacheront à votre personne jusqu’au dernier moment de ma vie. Mais ayant appris ce que vous daignez faire pour les Calas, je me sens ranimé par votre belle âme. La reconnaissance et l’admiration sont mes devoirs auprès de vous. Je bénis la fin de ma carrière, quand je vois un cœur comme le vôtre réparer si noblement le mal que l’injustice et le fanatisme ont fait aux hommes. La superstition n’a jamais fait que du mal, et la philosophie ne peut faire que du bien. Vous joignez à cette véritable philosophie un cœur compatissant et généreux, qui est encore au-dessus de la connaissance de la vérité.

Puisse le ciel prolonger vos beaux jours au gré de tous ceux qui ont eu l’honneur de vous connaître ! Les princes vos enfants doivent être à présent dans un âge où le cœur profite des grands exemples. Que ne puis-je être le témoin de leurs progrès, et voir de mes yeux combien ils sont dignes de leur respectable mère !

La princesse votre fille m’a paru digne d’un trône, et je suis étonné qu’elle n’en ait pas encore un. Je ne perds jamais de vue cette auguste et vertueuse famille. Les jours que j’ai passés dans votre cour me sont toujours présents ; ils font la consolation de mes souffrances. Je me sens dévoué, madame, à Votre Altesse Sérénissime comme si j’étais tous les jours à ses pieds. Je crois encore entendre cette bonne et charmante maîtresse des cœurs, qui pense en tout comme sa souveraine. Je me mets aux pieds de monseigneur le duc de Gotha. Agréez le profond respect du plus vieux et du plus humble de vos serviteurs. 

Voltaire.»