11/02/2021
S’il sent qu’il se soit trompé il doit réparer son injustice ou du moins son erreur . Il n’a fait ni l’un ni l’autre, et voilà le cas où c’est le plus infâme des partis de n’en prendre aucun
... No comment ! la liste de ceux qui sont de cet acabit est longue comme celle des contaminés du Covid-19, du juge au simple péquin .
« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence
Vraiment, monsieur, je croyais vous avoir envoyé la lettre que vous me demandez ; la voici 1, quoiqu’elle n’en vaille pas trop la peine. Je suis toujours très étonné que le parlement de Toulouse soit demeuré dans cette affaire dans une inaction qui ne peut être que honteuse. S’il croit avoir bien jugé les Calas, il doit publier la procédure, pour tâcher de se justifier . S’il sent qu’il se soit trompé il doit réparer son injustice ou du moins son erreur . Il n’a fait ni l’un ni l’autre, et voilà le cas où c’est le plus infâme des partis de n’en prendre aucun.
On me mande de Languedoc que cette fatale aventure a fait beaucoup de bien à ces pauvres huguenots, et que depuis ce temps-là on n’a envoyé personne aux galères pour avoir prié Dieu en pleine campagne en vers français aussi mauvais que nos psaumes latins 2.
Adieu, monsieur ; vous ne sauriez croire combien je suis sensible au bien que vous faites dans votre province.
12è octobre 1765
Mille respects à mademoiselle votre fille, qui sera bientôt madame. »
1 Lettre datée du 24 auguste. (Georges Avenel.)
2 Passage dans le ton du Pot pourri.
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10/02/2021
J'adresse le paquet à la Comédie-Française avec avis au concierge de s'en charger pour vous . S'il arrivait malheur, vous retrouveriez infailliblement le paquet à la poste
... Ainsi fonctionne Jeff Bezos ? Ou : pourquoi choisir le service Prime ?
https://www.contrepoints.org/2021/02/08/390543-7-principes-caches-dans-la-lettre-de-jeff-bezos
Pay ! Jeff ! https://www.seattletimes.com/opinion/the-seattle-city-cou...
« A Henri-Louis Lekain
11è octobre 1765 à Ferney 1
Mon cher Roscius, je fais partir par cet ordinaire votre Adélaïde, dûment corrigée. Il sera très nécessaire qu’elle soit représentée à Fontainebleau avec les changements essentiels que j’y fais. Il y avait en vérité des vers intolérables .
J’y joins une petite préface qui est assez piquante . Je crois que cela se vendra bien et que vous en pouvez tirer un profit fort honnête . Les frais auraient été trop considérables si je vous avais dépêché le paquet de Genève, cela vous aurait coûté environ dix écus . Mais le recevant par Lyon, vous aurez peu de frais à supporter ; et je me flatte que l’édition vous dédommagera assez amplement.
Je vous prie, quand vous aurez un moment de loisir, de me parler un peu de vos fêtes de Fontainebleau.
Adieu ; vous savez combien je vous aime.
PS. – J'adresse le paquet à la Comédie-Française avec avis au concierge de s'en charger pour vous . S'il arrivait malheur, vous retrouveriez infailliblement le paquet à la poste .
La préface consiste en une lettre de moi. Je laisse à votre amitié le soin de mettre un petit avertissement tel qu’il vous plaira. »
1 L'édition Lekain supprime les phrases relatives aux « vers intolérables », au « profit fort honnête » et au coût d' »environ dix écus », ainsi que la dernière phrase du post scriptum .
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09/02/2021
Vous devez être accoutumé, monsieur, aux délais
... Oui, M. Hulot , et vous vous en plaignez à juste titre ; une fois de plus il y a un abime entre ce qui est promis et ce qui est réalisé , la pollution va son train : https://www.youtube.com/watch?v=IbW9nrVyGic
Mais avouez quand même que vous n'êtes pas blanc-bleu !
« A Adrien-Michel-Hyacinthe Blin de Sainmore
rue des Capucines du Marais, et si ce
n'est pas ces capucines-là il en faut chercher
d'autres
à Paris
Vous devez être accoutumé, monsieur, aux délais que ma mauvaise santé me force de mettre dans mes réponses . L’embarras où me jettent des maçons qui ont bouleversé toute ma maison, augmente encore mes souffrances .
Je n'ai pu retrouver votre adresse . Je hasarde cette lettre pour vous remercier de l'intérêt que vous prenez à un petit succès auquel je n'en prends guère . Je ne connais de vers dignes de votre admiration que ceux de Racine . J'attends avec impatience l’édition que vous nous promettez de ce véritablement grand homme, d'autant plus grand qu'il était sage et correct, et qu'il ne courait ni après l'esprit, ni après <des> déclamations ampoulées .
Quand vous me ferez l'honneur de m'écrire je vous supplie de me donner votre adresse . J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur de tout mon cœur .
V.
11è octobre 1765 à Ferney 1. »
1 L'édition Ricci supprime la date .
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08/02/2021
il me semble qu’il est encore trop jeune pour désirer ce repos, qui doit être la récompense d’un long travail
... dit, -du moins elle le pourrait-, Brigitte quand on lui demande si Emmanuel va se représenter à la présidence. Le virus du pouvoir ne connait pas d'antidote , les malades sont contre son vaccin .
Ne pas oublier, ce soir, de regarder sur France 2 "Les aventures du jeune Voltaire" : http://www.monsieurdevoltaire.com/2021/02/information-sur-france-2-ce-soir.html
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
11 octobre 1765
J’ignore si l’un de mes anges est à Fontainebleau, je ne sais ni quand ni comment je pourrai renvoyer à Lekain son Adélaïde, avec un bout de préface . Tout est prêt. Les Roués le sont aussi , mais faisons une réflexion. Les Roués finissent à peu près comme Adélaïde. On cède au cinquième acte sa maîtresse à son rival. Ne pensez-vous pas qu’il faut mettre un intervalle entre les publications de ces deux pièces ? N’est-il pas convenable que l’on reprenne Adélaïde au retour de Fontainebleau une ou deux fois, pour favoriser le débit de l’édition au profit de Lekain ? S’il entend ses intérêts, il fera vendre l’ouvrage à la Comédie même, le jour de la dernière représentation et s’il veut me faire plaisir, il ne demandera point de privilège, parce que ces inutiles pancartes ne servent qu’à faire naître des querelles entre ceux qui sont en possession d’imprimer mes sottises.
La nouvelle qu’on me donne pour sûre est-elle vraie ? On m’assure que M. le duc de Praslin veut se retirer après le voyage de Fontainebleau ! Je conçois bien qu’un homme aussi sage que lui préfère une vie douce, avec ses amis, au tracas fatigant des affaires ; mais il me semble qu’il est encore trop jeune pour désirer ce repos, qui doit être la récompense d’un long travail. Je serais très fâché qu’il prît ce parti à moins que sa santé ne l’y force.
Je vous demande en grâce de me dire si cette nouvelle est aussi bien fondée qu’on le dit. Je présume que Tronchin viendra bientôt à Paris prendre soin de la santé de M. le duc d’Orléans, qui ne paraît pas avoir besoin de médecin. Que deviendrai-je, moi chétif, quand je ne serai plus dans le voisinage de Tronchin ? On dit que je n’en ai pas pour six mois.
Voici choses d’une autre espèce. Je crois vous avoir déjà mandé 1 que l’impératrice de toutes les Russies, souveraine de deux mille lieues de pays et de trois cent mille automates armés, qui ont battu les Prussiens batteurs des Autrichiens, etc., que ladite impératrice daignait faire venir quelques femmes de Genève, pour montrer à lire et à coudre à de jeunes filles de Pétersbourg , que le Conseil de Genève a été assez fou et assez tyrannique pour empêcher des citoyennes libres d’aller où il leur plaît, et enfin assez insolent pour faire sortir de la ville un seigneur 2 envoyé par cette souveraine.
M. le comte de Shouvalow, qui était chez moi, m’avait recommandé ces demoiselles. Je ne balance pas assurément entre Catherine seconde et les vingt-cinq perruques de Genève.
Cette aventure m’a été fort sensible, elle m’a engagé à faire venir chez moi des citoyens parents de ces voyageuses affligées. Ils m’ont prouvé que le Conseil agit en plus d’une occasion contre toutes les lois, et qu’il est bien loin de mériter (comme je l’ai cru longtemps) la protection du ministère de France. Il y a dans ce conseil trois ou quatre coquins, c’est-à-dire, trois ou quatre dévots fanatiques, qui ne sont bons qu’à jeter dans le lac. Mes anges, traitez les fanatiques comme le diable fit par saint Michel. 3»
1 Voir lettre du 23 septembre 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/01/22/c-est-un-homme-d-un-rare-merite-que-ce.html
2 Le général Franz von Bülow ; voir (en particulier pages 50 et suiv. ): file:///C:/Users/james/AppData/Local/Temp/SabatierAL_2019.pdf
V* en a voulu à Théodore Tronchin d'avoir refusé d'être de son côté dans cette affaire .
Par ailleurs, Jean Gaberel publie un billet de François Tronchin ( ou Jean-Robert selon Anne-Laure Sabatier, 2019 ) à V* de septembre-octobre 1765 : « Monsieur de Voltaire, le Conseil se regarde comme le père de tous les citoyens ; en conséquence il ne peut souffrir que ses enfants aillent s'établir dans une cour dont la souveraine est violemment soupçonnée d'avoir laissé assassiner son mari, et où les mœurs les plus relâchées règnent sans frein. » Besterman met en cause l’authenticité de cette lettre qui n'est selon lui pas dans le ton des lettres de Tronchin à V*, et à laquelle les registres du Conseil ne font pas allusion .
3 Peut-être fit est-il un lapsus pour le fut par ; on a une allusion à Révélations, XII, 7-9 ; c'est St Michel qui battit le diable et non l'inverse . Voir : https://www.biblegateway.com/passage/?search=Apocalypse+12%3A7-9&version=LSG;BDS
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07/02/2021
Je ne sais plus où j'en suis pour les petits chapitres
... suggère le grand rabbin Haïm Korsia devant la COMMISSION SPÉCIALE CHARGÉE D’EXAMINER LE PROJET DE LOI CONFORTANT LE RESPECT DES PRINCIPES DE LA RÉPUBLIQUE du 4 de ce mois . Il insiste pour qu'au grand jamais on ne légifère pour restreindre des coutumes religieuses, particulièrement celles de l'islam et par ricochet celles du judaïsme,- kasher et halal , même combat mais surtout ne pas mélanger torchons et serviettes -, et a une grande trouille que l'athéisme soit prôné et favorisé . Qu'il se rassure, le marché de la superstition, donc des religions, est florissant et couvre le monde depuis plus longtemps et pour plus longtemps que le Covid-19 . Voir : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/comptes-rendus/csprincrep/l15csprincrep2021008_compte-rendu#
Si ça peut rassurer les coupeurs de cheveux en quatre (j'ai aussi une autre expression mettant en scène une mouche )!
« A Gabriel Cramer
[8 octobre 1765] 1
Je ne sais plus où j'en suis pour les petits chapitres . Je prie monsieur Caro de vouloir bien me renvoyer tous ces chapitres imprimés .
Je reçois dans le moment Adélaïde . Je vais m'occuper à la mettre en état d'être imprimée avec une préface qui sera peut-être curieuse .
Je suis un peu surchargé d'ouvrage et de maux d'entrailles, sans quoi vous auriez eu un petit chapitre aujourd'hui .
Je vous embrasse vous et madame Cara . »
1 Datée par rapport à l'arrivée d'Adélaïde ; voir lettre à Lekain: http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/02/05/la-copie-que-vous-m-envoyez-est-pleine-de-fautes.html
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06/02/2021
La copie que vous m'envoyez est pleine de fautes
... M. Mélenchon, non pas bêtement des fautes d'orthographe ou de grammaire, mais beaucoup plus grave des fautes contre la vérité " dit en substance Me Dupond-Moretti : https://www.lefigaro.fr/politique/dupond-moretti-accuse-melenchon-de-faire-en-sorte-que-les-gamins-aient-envie-d-aller-chez-les-islamistes-20210205
Cette grande gueule de Mélenchon -grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf- veut se préparer un lot d'électeurs , à tout prix . Triste sire !
Petit ajout du 7/2/2021 : https://www.lepoint.fr/politique/jean-luc-melenchon-le-de...
« A Henri-Louis Lekain
[8 octobre 1765]1
Vous avez très bien fait, mon cher Roscius, de m'envoyer la copie d'Adélaïde, et vous auriez beaucoup mieux fait de me l'envoyer dès les premiers jours des représentations ; et vous l'auriez déjà prête à imprimer avec un discours préliminaire, qui peut-être sera assez plaisant, et qui contribuera à votre débit .
La copie que vous m'envoyez est pleine de fautes . Je les corrigerai de mon mieux et je vous renverrai le tout dès que je croirai la pièce moins indigne de vos grands talents et de votre amitié .
V.
Vous auriez pu m’envoyer ce gros paquet sous contreseing, je l’aurais reçu infailliblement . »
1 Datée d'après la lettre du même jour envoyée à d'Argental avec la présente .
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Dieu me pardonne, je crois que je suis actuellement parlementaire
... Par le puma notre totem, et Nanabozo mon totem, qu'ils me gardent bien d'être un jour parlementaire !
Au fait l'immunité parlementaire est-elle efficace contre le Covid-19 ?
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
8è octobre 1765 1
Mes anges sauront que j’ai reçu aujourd’hui Adélaïde. On a remis sur-le-champ les Roués dans le portefeuille, et on va reprendre cette Adélaïde en sous-œuvre, non sans faire des Welches le cas qu’ils méritent, non sans être honteux de travailler pour des gens qui approuvent dans un temps ce qu’ils condamnent dans un autre.
Lekain m'a envoyé par la poste cet ouvrage en grand papier, beau caractère, belle marge . Un contreseing aurait pu être assez convenable, puisque j'ai reçu la même jour sous contreseing deux gros factums d'avocats pour des affaires qui ne me regardent point du tout .
Mon philosophe Damilaville, qui avait fait pendant quelques mois la consolation de ma vie, est parti, et a pris son plus long pour aller voir un 2 ami avec lequel il restera quelque temps. Je ne sais pas trop dans quel temps il se présentera devant mes anges.
J’ai envoyé à M. Élie de Beaumont toutes les pièces nécessaires pour entreprendre le procès des Sirven. Je ne crois pas qu’il trouve dans cette affaire la même faveur et le même enthousiasme que dans celle des Calas ; je connais notre public ; il se refroidit bien vite ; il n’aime pas les répétitions ; il lui faut du nouveau, et c’est ce qui fait la fortune de l’opéra-comique. Cependant je me flatte que mes anges voudront bien encourager Élie. Il est nécessaire que le mémoire soit très bien fait, et qu’il soit dépouillé de toute cette déclamation du barreau, qui est le contraire de la véritable éloquence. Élie peut m’envoyer ce factum sous le premier contreseing venu, et je répète encore que tous les paquets à mon adresse me sont très fidèlement rendus.
J’ai lu une excellente lettre qui justifie l’arrêt du Parlement 3 contre le clergé, en citant le procès de Guillaume Rose, évêque de Senlis, le plus détestable ennemi d'Henri IV. Le bon Dieu bénisse l’auteur de cette lettre, quel qu’il soit ! Dieu me pardonne, je crois que je suis actuellement parlementaire , mais ce qui est bien sûr, c’est que je suis attaché à mes anges avec mon culte de latrie 4 ordinaire.
Permettent-ils que j’insère ici ce petit mot pour Roscius-Lekain ?
Et nos dîmes, mes divins anges ? et nos dîmes ? ayez pitié de nous. »
1 L'édition de Kehl omet le deuxième paragraphe, biffé sur la copie Beaumarchais, suivie par les autres éditions .
2 Georges Avenel pense que c'est Diderot, à Langres .
3 Th. Besterman pense que cette lettre se confond avec la Lettre circulaire de l'assemblée du clergé de France, datée du 27 août 1765 . Au contraire, elle approuve l'arrêt du Parlement ordonnant le « brûlement » de celle-ci .Voir https://fr.wikisource.org/wiki/Mandement_de_l%E2%80%99archev%C3%AAque_Alexis/%C3%89dition_Garnier
4 Sur le culte de latrie, « dulie = culte de respect et d'honneur, par opposition au culte de latrie, qu'on rend à Dieu seul. », dulie qui donne « aduler » et latrie qui donne « idolâtrie ». Voir lettre du 17 mars 1760 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/03/16/pour-le-roi-je-ne-lui-ferai-point-de-grace-il-aura-affaire-a-5583802.html
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