Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/02/2021

J'ose vous demander votre protection, monsieur, pour ce pauvre misérable qu'on persécute d'une manière si étrange

... Alexeï Navalny, opposant notoire ? Cyril Danielou, étudiant français ? Sale temps pour les opposants en Russie ! sans compter les dommages collatéraux : https://www.liberation.fr/international/europe/repression...

Hey ! Poutine, tu continues à nous les briser menu , c'est du grand n'importe quoi .

Résultat de recherche d'images pour "poutine et opposants navalny caricature"

 

« A Louis-Gaspard Fabry

 Ferney 7è octobre 1765. 1

Monsieur,

J'ai reçu une lettre du provincial des capucins de Chambéry, qui m'avertit qu'il y a chez moi un de ses moines, et qu'il pourra le faire saisir. Je me suis informé de mes gens s'il y avait quelque fondement à cette plainte. J'ai su qu'en effet un capucin de Savoie en habit séculier était venu demander chez moi un asile à mes domestiques pendant que vous nous honoriez de votre présence. Il se plaignait d'avoir été cruellement maltraité, et d'avoir été fouetté trois fois par semaine pendant seize mois avec une discipline de fer. S'il était repris, il serait renfermé nu dans un cachot, et chargé de chaînes.

Je crois actuellement ce pauvre garçon à Genève. Mais s'il revenait dans ma maison, je serais au désespoir qu'il y fût saisi et livré à ses bourreaux . Je me flatte qu'il n'est pas permis à un provincial des capucins de Savoie d'exercer une telle juridiction dans le royaume de France, et qu'au moins il aurait recours à votre autorité.

J'ose vous demander votre protection, monsieur, pour ce pauvre misérable qu'on persécute d'une manière si étrange. Les menaces qu'on lui fait alarment ma sensibilité. Je vous aurais beaucoup d'obligation si vous daigniez m'informer de vos ordres en cas que cet homme revînt à Ferney, et prévenir la douleur que j'aurais de le voir arrêté chez moi. C'est une grâce que j'ose attendre de votre humanité.

J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect, monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire ,

Gentilhomme ordinaire du roi. »

1 Manuscrit original portant « Répondu le 13 que je ne pouvais prévenir ce qui pourrait arriver » de la main de Fabry.

04/02/2021

Quand il y aura quelque chose qui sera digne que vous en parliez, je vous prie de ne pas m’oublier

... M. Gabriel Attal, qu'il doit être dur de brasser du vent, fût-il élyséen ! "Le confinement n'est pas une fatalité ! "

https://www.bfmtv.com/politique/gabriel-attal-assure-que-...

Est-ce fatalité que le manque de doses de vaccin pour la première injection mène, dès hier,  à une impossibilité d'avoir le premier rendez-vous avant la St Glinglin ? C'est de la non-assistance à personnes en danger !

Demain on rase gratis ! ouaich ! Virus tu as encore de beaux jours devant toi !

Résultat de recherche d'images pour "st glinglin"

XVIIIè ou XXIè siècle, on nous raconte de belles histoires de lendemains qui chantent

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

Mon ancien ami, je commence à être aussi paresseux que vous l’étiez, ou du moins à le paraître. Je comptais vous écrire par M. Damilaville ; il a heureusement pour moi différé son retour à Paris de jour en jour. Je lui donne ma lettre ; elle vous parviendra comme elle pourra. Deux choses me charment dans ce M. Damilaville, sa raison et sa vertu. Pourquoi faut-il qu’un homme de son mérite languisse dans la perception du vingtième ? Voilà un métier bien indigne de lui.

Mlle Clairon va jouer à Fontainebleau, mais y aura-t-il un Fontainebleau ? On dit que l’indisposition de Mgr le dauphin dérange ce voyage 1. Nous autres, pauvres laboureurs du pied des Alpes, nous savons mal les nouvelles de la cour, et nous nous contentons de dire dans nos chaumières sanitatem regi da, et sanitatem filio regis 2.

Je ne connais plus du tout cette Adélaïde dont vous me dites tant de bien . Il y a trente ans que je l’ai oubliée. Il plut alors au public de la condamner ; il plaît au public d’aujourd’hui de l’applaudir, et il me plaît à moi de rire de ces inconstances. J’ai prié qu’on m’envoyât une copie de cette pièce, car je veux juger aussi à mon tour.

J’ai ici un jeune dragon nommé M. de Pezay 3 qui fait des vers tout pleins d’esprit et d’images. Il m’en a apporté de son ami M. Dorat 4, avec qui il loge à Paris 5 ; ce M. Dorat en fait aussi de charmants ; cela ragaillardit ma vieillesse, que M. Damilaville soutient par sa philosophie. Je me trouve entre la raison et les Grâces ; vous ne seriez pas de trop assurément dans cette bonne compagnie-là.

Quand il y aura quelque chose qui sera digne que vous en parliez, je vous prie de ne pas m’oublier, et surtout de me dire comment votre santé se trouve des approches de l’hiver.

Avez-vous fait le mariage dont vous me parliez  6? Je vous embrasse du meilleur de mon cœur,

V.

4è octobre 1765. »

1 La cour alla à Fontainebleau, Mlle Clairon n'y alla pas ;le dauphin Louis mourra le 20 décembre 1765.

2 Donne de la santé au roi, et la santé au fils du roi .

3 Alexandre-Frédéric-Jacques Masson, marquis de Du Pezay est un correspondant de V*, né en 1741 et mort en 1777 ; voir une de ses lettres à V* du lundi 30 juin 1760 pour le remercier de l'avoir guéri de ses superstitions . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Masson_de_Pezay

et http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1050430a1c/?letters=decade&s=1760&r=710

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut

5 Ces deux mots sont ajoutés au-dessus de la ligne sur la manuscrit .

03/02/2021

je ne suis pas de ces vieillards qui ne pouvant avoir de plaisir ne veulent pas qu'on en ait chez eux

...Au hasard de recherches, j'ai trouvé une illustration très parlante d'une attitude qui me défrise chaque jour, en relief ou à la télé .

Un dessin vaut mieux qu'un long discours (c'est aussi, toutes proportions gardées, valable aussi pour vous mesdames ! ). On est aussi protégé qu'en  roulant avec un demi pare-brise .

COVID Été masqué, été santé | le masque, tendance 2020

Pensez-y , sortez couverts !

 

 

« A Claude-Germain Le Clerc de Montmercy 1

Mon philosophe voyageur 2, monsieur, vous dira combien je suis touché de la sensibilité que vous ne cessez de me témoigner . Il part bientôt, il mettra ma lettre à la poste en chemin, ou il vous la fera tenir à son arrivée à Paris . Il m'excusera auprès de vous d'avoir resté aussi longtemps sans vous répondre . Vous excuserez ma vieillesse et ma langueur dont il a été témoin . Il pourra vous dire aussi que je ne suis pas de ces vieillards qui ne pouvant avoir de plaisir ne veulent pas qu'on en ait chez eux . Je ne digère point, mais je veux que les autres fassent bonne chère ; je ne joue plus la comédie, mais je veux qu'on la joue, enfin je veux qu'on fasse tout ce que je ne fais pas .

J'aurais voulu que vous eussiez pu venir avec M. Damilaville , et quand votre loisir vous le permettra vous me ferez un grand plaisir de venir philosopher avec moi . Nous prendrions tous les arrangements nécessaires pour votre voyage . J'espère que je serai bientôt quitte des maçons qui bouleversent toute ma petite retraite .

Ne doutez point monsieur, de l'estime et de l'amitié , ce mot sacramental ne devrait pas être oublié, que vous avez inspirée à votre très humble et très obéissant serviteur 3

V.

4è octobre 1765 à Ferney. »

2 Damilaville, à qui cette lettre est confiée, va repartir à Paris .

3 Depuis et de l'amitié, les mots ont été ajoutés au-dessus de la ligne et dans la marge du bas .

02/02/2021

chez les avocats la réputation amène toujours la fortune . Il n'en est pas ainsi dans bien d'autres professions

... Rien à ajouter ! à chacun  ses exemples du temps courant .

Estampe le Chat par Philippe Geluck – Cher Avocat – signé 100 exemplaires –  Brüsel

A juste titre !

 

 

« Au baron Frédéric Melchior von Grimm

Ferney, 4 octobre 1765 1

Je viens, mon cher frère, d'écrire à l’Électeur palatin, et je ne doute pas qu'il ait à Paris un ministre ou un agent qui souscrira pour lui . Les roués doivent [être] contents aujourd'hui ; il s'agit actuellement des pendus . Si vous voyez notre défenseur Cicéron Beau mont, je vous supplie de recommander à ses bontés et à son éloquence la malheureuse famille des Sirven . Je lui ai envoyé ne dernier lieu les pièces essentielles qui lui manquaient . Cette nouvelle affaire augmentera encore sa réputation, et chez les avocats la réputation amène toujours la fortune . Il n'en est pas ainsi dans bien d'autres professions .

J’avais entièrement perdu de vue cette Adélaïde dont vous me parlez ; je n'en ai pas même de copie . Les Welches l'avaient condamnée, il y a une [vingt]aine d'années, et les Français l'ont accueillie enfin avec quelque bonté . Les comédiens l'ont remise au théâtre sans m'en avertir . Il y a des temps où l'on [tombe] et des temps où l'on se relève, sans qu'on sache bien précisément pourquoi . Le [par]terre et la cour ont leurs beaux jours et leurs orages ; mais comme, Dieu merci, je [suis] éloigné de ces deux gouffres, je suis médiocrement sensible à leur inconstance . »

1 Le microfilm utilisé par l'éditeur , Émile Lizé, de « Lettres inédites » dans Dix-huitième siècle, 1974, est illisible en quelques endroits, d'où les restitutions . Voir page 254 : https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1974_num_6_1_2781#dhs_0070-6760_1974_num_6_1_T1_0254_0000

01/02/2021

Je ne me sens pas, dans l’état où je suis, assez d’esprit pour l’amuser

... Mais ce n'est pas une raison , pour votre public, cher Gad Elmaleh , de massacrer Claude Nougaro . Pianiste, à la rigueur, mais chanteur , quelle vanité !

Gad Elmaleh massacre Claude Nougaro - Egalite et Réconciliation

Quand on n'a pas de voix, on se tait !

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire intime

et Historiographe de S. A. E. Mgr l’Électeur palatin

à Manheim

Ferney 4è octobre 1765 1

Mon cher ami, je suppose toujours que milord Abington, qui a eu le bonheur d’aller faire sa cour à Leurs Altesses Électorales, leur a rendu compte du triste état où il m’a vu. Ce n’est pas seulement la vieillesse qui m’accable, car il y a des vieillards qui ont encore de la force, mais je languis sous une complication de maladies qui ne me laissent aucun repos ni jour ni nuit, et qui me mènent au tombeau par un chemin fort vilain . Ma seule consolation est de dicter quelquefois des fadaises, et de m’armer d’une philosophie inaltérable contre les maux qui me persécutent.

Je ne sais si Son Altesse Électorale a été informée qu’on fait à Paris une très belle estampe de la famille des Calas . On a fait une espèce de souscription pour cette estampe  , elle est prête. Je ne doute pas que monseigneur l’Électeur n’ait à Paris un ministre qui pourra souscrire en son nom, et lui faire parvenir le nombre d’estampes qu’il commandera . Elle vaut un écu de six livres. Je n’ose prendre la liberté d’écrire à monseigneur. Je ne me sens pas, dans l’état où je suis, assez d’esprit pour l’amuser, et je suis trop respectueusement attaché à sa personne pour l’ennuyer. Je vous prie instamment de me dire s’il prendra de ces estampes, et surtout de lui présenter les hommages du plus dévoué et du plus fidèle serviteur qu’il aura jamais. Je vous embrasse bien tendrement .

V.»

1 Manuscrit original avec mention « f[ran]co Canstat ». L'édition Collini donne une version inexacte et quelque peu incomplète .

J’ai vu depuis peu des fatras d’instructions pastorales, d’arrêts contre les instructions, d’arrêts contre les arrêts, et de lettres contre les arrêts , et de lettres sur les miracles

... En un mot comme en cent, j'ai tout simplement écouté les déclarations de tous bords à propos de la conduite à tenir face au Covid-19 . Heureusement que le net permet d'éviter le gaspillage de papier et qu'un clic suffit pour se dépolluer la vue et l'ouïe  d'avis stupides .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

2 octobre 1765

A peine le petit prêtre a-t-il reçu ses Roués de la part de ses divins anges, qu’il s’est mis sur-le-champ à faire ce que lesdits anges ont prescrit, excepté à la scène d’Octave et de Julie. Le pauvre diable confesse qu’il ne peut réchauffer cette scène, et il dit qu’il lui est impossible de faire d’Octave un amoureux violent. L’impuissance dont il convient lui fait beaucoup de peine ; mais il dit que c’est le seul vice dont on ne peut pas se corriger.

Ce malheureux prêtre renverra, le plus tôt qu’il pourra, ses Roués, avec l’honnête préface convenable en pareil cas . Le temps ne fait rien à l'affaire . Il compte sur les gens qui aiment l’histoire romaine ; mais comme il y en a beaucoup plus qui aiment l’opéra-comique, il n’espère pas un succès prodigieux.

Pour moi, j’attends Adélaïde, et je la renverrai aussi avec sa préface, car il me semble qu’elle en mérite une.

Je ne savais point que Clairon eût manqué à mes anges, quand je lui fis, je ne sais comment, des vers hexamètres 1 comme pour une héroïne romaine , mais elle avait si bien joué Electre, elle avait été si fêtée par tout le pays, elle avait été si honnête et si polie, que j’en fus enquinaudé 2

On dit qu’il n’est pas bien sûr que l’on donne à Fontainebleau toutes les fêtes qu’on préparait.

J’ai écrit un petit mot de félicitation à M. Hennin 3 ; M. le duc de Praslin ne pouvait faire un meilleur choix ; ce sera un homme de bonne compagnie de plus dans notre petit canton allobroge. J’adressai ma lettre à M. de Sainte-Foix , ne sachant pas si M. Hennin est à Paris.

Le plaisant secrétaire d’ambassade que Jean-Jacques ! Voilà un étrange original ; c’est bien dommage qu’il ait fait le Vicaire savoyard. La conversation de ce vicaire méritait d’être écrite par un honnête homme.

J’ai vu depuis peu des fatras d’instructions pastorales, d’arrêts contre les instructions, d’arrêts contre les arrêts, et de lettres contre les arrêts 4, et de lettres sur les miracles de Jean-Jacques, et j’ai conclu qu’une tragédie est plus touchante, et que ce qui plaît aux dames 5 est plus agréable ; et je dis dans mon cœur , il n’y a de bon que de souper avec ses amis, et de se réjouir dans ses œuvres 6, et j’ai surtout ajouté que la consolation de la vie consiste à être un peu aimé de ses divins anges, ces divins anges à qui je n’ai pas l’honneur d’écrire de ma main, attendu que je suis retombé dans mes malingreries 7, et je ne m’en mets pas moins à l’ombre de leurs ailes. »

1 L’Épître à Mlle Clairon est en alexandrins .

4 Fin août 1765 , l'assemblée générale du clergé a publié ses Actes qui comportent la condamnation de diverses œuvres, dont certaines de V* . La même assemblée a en même temps republié des décrets antérieurs controversés et alors les Actes furent supprimés le 4 septembre 1765 par le parlement de Paris qui fit brûler la Lettre circulaire qui accompagnait les Actes ( voir lettre du 8 octobre 1765 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/10/correspondance-annee-1765-partie-30.html ). L'assemblée porta plainte et le Conseil du roi donna tort au Parlement . V* lut toutes ces pièces et ce furent ces « arrêts contre les arrêts » qui purent l'inciter à écrire les Questions sur les miracles ( https://fr.wikisource.org/wiki/Questions_sur_les_miracles/%C3%89dition_Garnier ), et le Mandement ( https://fr.wikisource.org/wiki/Mandement_de_l%E2%80%99archev%C3%AAque_Alexis/%C3%89dition_Garnier.)

Voir : https://data.bnf.fr/fr/12110348/france_assemblee_generale_du_clerge/

et : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb337700849

5 Possible allusion au conte de ce nom , sans plus .

7 Encore un plaisant néologisme voltairien .