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03/11/2022

il accuse faux pour embarrasser et intimider

... Trump ! Poutine ! Erdogan and Co !... les dictateurs et salopards ne manquent pas .

 

Rédigé le 10/11/2022 pour parution le 3/11/2022

 

« A Sigismond Christin Perrand

24è avril 1767 1

Monsieur, votre procureur Vachat n'imite ni votre politesse ni vos procédés honnêtes. Il exige toujours un prix exorbitant de deux arpents de terre achetés autrefois de M. de Montréal 2, et relevant de votre chapitre. Il suppose, dans son exploit, qu'il avait une maison sur ce terrain, et il est évident, par son exploit même, et par le plan levé en 1709, que le terrain en question confinait à cette maison ou masure ainsi il accuse faux pour embarrasser et intimider une veuve qu'il croit hors d'état de se défendre.

Les deux arpents qui vous doivent un cens sont un terrain absolument inutile, que j'ai enclavé dans mon jardin, et qui ne produit rien du tout. Il y avait autrefois dans un de ces arpents une petite vigne entourée de gros noyers, lesquels subsistent encore, et qui, par conséquent, ne valait pas la culture. Ce peu de vigne a été arraché il y a longtemps. Vous savez, monsieur, ce que valent les vignes dans ce pays-ci vous savez que les paysans ne veulent pas même boire du vin qu'elles donnent.

Et à l'égard de l'autre arpent, sur lequel il y a aujourd'hui des arbres d'ombrage plantés, vous savez que ce qui ne produit aucun avantage n'a pas une grande valeur. Les terres à froment même ne sont estimées dans ce pays-ci que vingt écus l'arpent ou la pose. Quand on évaluerait ces deux poses ensemble à cent écus, je ne devrais au sieur Vachat que le sixième de cent écus, qui fout cinquante livres.

Vous avez eu la générosité de me mander que votre procureur devait en user avec moi selon l'usage ordinaire, qui est de n'exiger que la moitié des lods. Si donc, monsieur, le sieur Vachat s'était conformé à la noblesse de vos procédés, il n'aurait exigé que vingt-cinq livres de France et, s'il avait imité la manière dont j'en use avec mes vassaux, il se serait réduit à douze livres dix sols.

Je suis bien loin de demander une telle diminution, je n'en demande aucune; je suis prête à payer tout ce que vous jugerez convenable. C'est à messieurs du chapitre qu'il appartient de mettre un prix au fonds dont nous vous devons le cens. Vachat, étant votre fermier, ne peut exiger pour lods et ventes que la sixième partie de ce fonds même; cependant il exige plus que la valeur du terrain. Il veut me ruiner en frais ; il a pris pour m'assigner le temps où j'étais très malade, et où je ne pouvais répondre; il m'a fait condamner par défaut; il m'a traduite au parlement de Dijon, et il a dit publiquement qu'il me ferait., perdre plus de deux mille écus pour ce cens de deux sols et demi.

Votre chapitre, monsieur, est trop équitable et trop religieux pour ne pas réprimer une telle vexation. Je n'ai jamais contesté votre droit, sur quelque titre qu'il puisse être fondé. Je suis si ennemie des procès, que je n'ai pas seulement répondu aux manœuvres de Vachat. Je suis prête à consigner le double et le triple, s'il le faut, de la somme qui vous est due. Ayez la bonté d'évaluer le fonds vous-même, et cette évaluation servira de règle pour l'avenir. Je vous propose de nommer qui il vous plaira pour arbitre de cette évaluation. Voulez-vous choisir monsieur le maire de Gex, M. de Menthon, gentilhomme du voisinage, et le curé de la terre de Ferney, où ces terrains sont situés? Vous préviendrez par là non-seulement ce procès injuste, mais tous les procès à venir. Ce sera une action digne de votre piété et de votre justice. »

1Copie Beaumarchais-Kehl portant en tête « à M. Perrand, chanoine d'Annecy » . L'édition de Kehl ajoute que la lettre était écrite «  au nom de quelque habitante de Ferney ou de Tournay. » (K.). Cette habitante est évidemment e Mme Denis, pour qui Voltaire avait acheté la terre de Ferney.

Voir : https://voltaire.bge-geneve.ch/archive/catalogue/correspondants/perrand--sigismond-christin/n:88

02/11/2022

écrivez-lui, flattez sa grande passion, qui est celle de faire du bien

... Si ! si, je vous l'assure , cette personne -rare- existe, et vous la connaissez sans doute .

 

Rédigé le 9/11/2022 pour parution le2/11/2022

 

« A Paul-Claude Moultou

à Genève

24 avril 1767

Voilà deux grandes nouvelles, mon cher philosophe voilà une espèce de persécuteurs bannie de la moitié de l'Europe 1, et une espèce de persécutés qui peut enfin espérer de jouir des droits du genre humain 2, que le révérend père La Chaise et Michel Le Tellier 3 leur ont ravis.

Il faudrait piquer d'honneur M. de Maupeou. Je réponds bien de M. le duc de Choiseul et de M. le duc de Praslin , mais dans une affaire de législation le chancelier a toujours la voix prépondérante.

Mme duchesse d'Anville est à La Rocheguyon mais écrivez-lui, flattez sa grande passion, qui est celle de faire du bien, et qui vous est commune avec elle. Elle est capable d'aller exprès à Versailles. Le succès d'une pareille entreprise rendrait le roi cher à l'Europe. Est-il possible que les Turcs permettent aux chiens de chrétiens (comme ils les appellent) de porter leur dieu 4 dans les rues et de chanter: o filii! o filiae 5 à tue-tête, tandis que les Velches ne permettent pas à d'autres Velches de se marier!

La conduite velche est si folle et si odieuse qu'elle ne peut pas durer.

Je vous embrasse tendrement. Je n'ai pas un moment à moi. J'attends le livre de M. de Serres 6. »

1 Les jésuites ; le 2 avril 1767les derniers sont expulsés d'Espagne .

2 Le statut des protestants est discuté, mais la Révolution survint sans que les lois en vigueur soient modifiées, quoique dans la pratique leur sort ne se fût pas beaucoup amélioré .e Nantes le 2 octobre 1685

3 Michel Le Tellier, à titre de chancelier a signé la révocation de l’Édit de

4 A cet endroit du manuscrit, deux mots ont été fortement biffés .

5 Ô fils ! Ô filles ! Ces mots font partie de l’exhortation adressée aux fidèles de se recueillir lorsque le saint-sacrement est porté dans les rues .

01/11/2022

je ne vois pas qu'un délit doive être toléré, uniquement parce qu'on en méprise l'auteur.

... No comment .

 

Rédigé le 7/11/2022 pour parution le 1/11/2022

 

« A Charles-Georges Coqueley de Chaussepierre 1

A Ferney, 24 avril [1767].

Dans la lettre dont vous m'honorez, monsieur, vous m'apprenez que j'ai mal épelé votre nom, qui est mieux orthographié dans l'Histoire du président de Thou. Comme je n'ai cette Histoire qu'en latin 2, et que de Thou a défiguré tous les noms propres, je n'ai point consulté ses dix gros volumes, et je n'ai pu vous donner un nom en us; ainsi vous pardonnerez ma méprise; mais si votre nom se trouve dans cette histoire, il ne doit pas certainement être au bas des feuilles de Fréron. Vous étiez son approbateur, et il avait trompé apparemment votre sagesse et votre vigilance lorsqu'une de ses feuilles lui valut le Fort ou le Four-l'Évêque 3, et lui attira même L'Écossaise, qui le fit punir sur tous les théâtres de l'Europe. Franchement, un homme bien né, un avocat au parlement, un homme de mérite, ne pouvait pas continuer à être le réviseur d'un Fréron. Je vous sais très bon gré, monsieur, d'avoir séparé votre cause de la sienne mais je ne pouvais pas en être instruit. Je suis très fâché d'avoir été trompé. Je vous demande pardon pour moi, et pour ceux qui ne m'ont pas averti. Je transporte, par cette présente, mon indignation et mon mépris, c'est-à-dire les sentiments contraires à ceux que vous m'inspirez, j'en fais une donation authentique et irrévocable à celui qui a signé et approuvé la lettre supposée que ce misérable imprima contre le jugement du conseil en faveur de l'innocence des Calas. Il crut se mettre à couvert en alléguant que cette lettre n'était que contre moi mais, dans le fond, toutes les raisons pitoyables par lesquelles il croyait prouver que je m'étais trompé en défendant l'innocence des Calas tombaient également sur tous les avocats qui s'étaient servis des mêmes moyens que moi, sur les rapporteurs qui employèrent ces mêmes moyens, et enfin sur tous les juges qui les consacrèrent d'une voix unanime par le jugement le plus solennel.

Cette feuille de Fréron, et celle qui lui avait mérité le supplice de L'Écossaise, sont les seules de ce polisson que j'aie jamais lues. Je vous avoue que je ne conçus pas comment on permettait de si infâmes impostures. Un homme très considérable me répondit que l'excès du mépris qu'on avait pour lui l'avait sauvé, et qu'on ne prend pas garde aux discours de la canaille. Je trouve cette réponse fort mauvaise, et je ne vois pas qu'un délit doive être toléré, uniquement parce qu'on en méprise l'auteur.

Voilà mes sentiments, monsieur ils sont aussi vrais que la douleur où je suis de vous avoir cru coupable, et que l'estime respectueuse avec laquelle j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre, etc. »

2 Pourtant V* en a un exemplaire en français sous le titre Histoire universelle, 1742 . Plusieurs éditions françaises ont paru à l'époque, dont une sous la direction de l'abbé Prévost.

3 Le Fort-l'Evêque a été le siège de la justice épiscopale de Paris avant d'être utilisé comme prison . L'expression dérive de forum episcopi, et Four, variante de For, existe en effet comme dérivé de forum (cf ; Fourvière à Lyon ) . Mais le mot n'a rien à faire avec four , issu de furnum, fourneau .