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10/10/2023

on n'envoie personne aux galères pour avoir prié Dieu

... Si !

Et même pire .

Voyons d'abord les croyants : https://www.geneve.ch/fr/themes/culture/bibliotheques/interroge/reponses/combien-y-t-il-de-croyants-sur-terre

Puis voyons ceux qui en bavent :

https://fr.irefeurope.org/publications/les-pendules-a-lheure/article/l-intolerance-religieuse-se-propage/

et

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pers%C3%A9cutions_religieuses

dessin-elvine-priere-de-louange-francois-d-assise.jpg

Que ne demande-t-on pas à Dieu (quand on ose croire en lui/elle ) .

 

 

 

 

« A Charles Manoël de Végobre

Voici donc, monsieur, la seconde lettre 1 que vous me demandez pour M. le prince de Beauvau . Je l'envoie, mais je crains toujours M. de Saint-Florentin . Avouez du moins que dans Genève où l'on jette les hauts cris, on n'envoie personne aux galères pour avoir prié Dieu .

Votre très humble et très obéissant serviteur

V.

27è février [1768].2 »

1 Cette lettre à Beauvau manque .

2 Végobre a complété la date .

09/10/2023

il ne peut différer plus longtemps à prendre un parti

... Qui est pour, qui est contre ? Petit tour du monde suite à l'attaque d'Israël : https://fr.timesofisrael.com/limpact-de-loffensive-du-ham...

 

 

« Au Conseil suprême de Montbéliard

A Ferney 26è février 1768

Messieurs,

Comme le paquet concernant les délégations et soumissions des fermiers est essentiel, et que les postes vers Genève sont très dérangées, je vous supplie de vouloir bien me faire tenir ce paquet sous l'enveloppe de M. de Reimond, directeur général des postes à Besançon .

Si monseigneur le duc veut consommer l'affaire avec le Genevois, ce sera pour le 6 mars au plus tard . Mais il assure qu'il ne peut différer plus longtemps à prendre un parti . Il exige expressément que j’aie l'honneur de vous en donner avis .

J’ai celui de vous réitérer les sentiments respectueux de votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

08/10/2023

fatal article . Il fera un mal que vous n'avez pas voulu. Vous mettez des armes entre les mains des furieux

... J'ose espérer que ce n'est pas dans cette intention que des élus LFI ont proclamé des justifications à l'attaque des Islamistes palestiniens contre Israel : https://www.leparisien.fr/politique/honte-choquant-lfi-cree-la-polemique-apres-lattaque-disrael-par-le-hamas-07-10-2023-W4LKQVB5XBHUBK6XLX3GEDQ3NU.php

Quant à Poutou qui soutient le Hamas, qu'il aille sur le terrain soutenir les terroristes , il verra si le meurtre organisé est la seule réponse à une politique israëlienne véritablement coupable mais qui ne méritait pas une guerre de plus .  Je n'ai qu'un mot pour les qualifier , eux et ceux qui pensent comme eux : co....ds !

Quand est-ce que ça finira ? https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-pa...

 

 

« A Charles-Jean-François Hénault

A Ferney, 26è février 1768 1

Mon cher et illustre confrère, vous ne voulez donc pas placer le maréchal de La Meilleraye parmi les surintendants? Il le fut pourtant en 1648 c'est un fait avéré.

Je vous avais proposé aussi de mettre Abel Servien à sa place, avec Nicolas Foucquet, puisqu'ils furent tous deux toujours surintendants conjointement.

Mais j'ai de plus grandes plaintes à vous faire. Comment avez-vous pu, dans votre nouvelle édition, démentir la bonté de votre caractère et la douceur de vos mœurs dans l'article Servet ? Il semble que vous vouliez un peu justifier Calvin et tous les persécuteurs. Vous flétrissez l'indulgence, la tolérance, du nom de tolérantisme 2, comme si c'était une hérésie, comme si vous parliez de l'arianisme et du jansénisme. Vous n'ignorez pas que le meurtre de Servet est une violation criminelle du droit des gens, un véritable assassinat commis en cérémonie 3, et qui devait attirer sur les assassins le châtiment le plus terrible? J'ose croire que, si le mot d'arien n'avait pas retenu Charles-Quint, ou plutôt s'il n'était pas tombé dès lors dans le triste état qu'il alla bientôt cacher dans la solitude de Saint-Just, il aurait puni sévèrement cet outrage fait dans Genève, ville impériale, à la nation espagnole. C'était un attentat inouï d'arrêter, sans aucun prétexte, un sujet de Charles-Quint, qui voyageait sur la foi publique, muni de bons passe-ports. Servet ne voulait coucher qu'une nuit à Genève, pour aller en Allemagne . Calvin, qui le sut, le fit saisir comme il partait de l’hôtellerie de la Rose. On lui vola quatre-vingt-dix-sept doublons d'or, une chaîne d'or, et six bagues.

Vous savez quelle mort suivit ce brigandage. Calvin, qui aurait été lui-même brûlé en France s'il avait été pris, força le misérable conseil de Genève à faire brûler Servet à petit feu avec des fagots verts, et il jouit de ce spectacle. Il n'y eut point, dans votre Saint-Barthélemy, d'assassinat plus cruellement exécuté.

Vous m'avouerez que la douceur chrétienne, nommée par vous tolérantisme, eût mieux valu que cette sainte abomination. J'ose vous dire qu'en France, si les Guises avaient été plus tolérants, votre conseiller Anne Dubourg, neveu du chancelier, et tant d'autres, n'auraient pas péri par le même supplice que Servet. Croyez-moi, mon cher et illustre confrère, la tolérance prêche mieux que les bourreaux.

Vous citez l'exemple de Socrate, vous paraissez regarder sa mort comme une preuve de l'intolérance des Athéniens. On dirait, à vous entendre, que les lois d'Athènes mettaient à mort tous ceux qui s'étaient moqués du hibou de Minerve. Vous êtes trop savant dans l'antiquité pour ne pas convenir que la mort de Socrate fut l'effet d'une cabale criminelle et d'un fanatisme passager, à peu près comme l'assassinat juridique commis à Toulouse contre Calas.

Songez, je vous en supplie, que les Athéniens punirent la cabale qui avait fait empoisonner Socrate, qu'ils condamnèrent à mort les principaux juges, qu'ils érigèrent à Socrate non-seulement une statue, mais un temple; en un mot, jamais les Athéniens ne montrèrent un plus grand respect pour la philosophie, et une horreur plus violente pour les persécuteurs.

Les Romains, dont vous tenez vos lois, ont été tolérants depuis Romulus jusqu'au châtiment du centurion Marcel, qui, l'an 298, brisa sa baguette de commandement à la tête des troupes, et déclara qu'il ne fallait plus servir les empereurs parce qu'ils n'étaient pas chrétiens. Avant Marcel, il y eut quelques chrétiens persécutés mais, comme dit Origène, de loin à loin, et en très petit nombre , Origène, 1ivre III. Il serait très aisé de prouver qu'ils ne furent punis que comme factieux, puisque Origène et le fougueux Tertullien moururent dans leur lit, et qu'aucun prêtre, soi-disant évêque de Rome, ne fut exécuté, non pas même saint Pierre, dont le prétendu séjour à Rome est une fable absurde 4.

Non, vous ne trouverez, pendant plus de huit cents ans, aucun homme persécuté à Rome pour ses opinions. Comment pouvez-vous dire que, s'il n'y avait pas de persécution alors, c'était parce que tout le monde était d'accord sur le culte des dieux ? Quoi ! les stoïciens et les épicuriens ne rejetaient pas hautement toute la théologie grecque et romaine ? Quoi ! ces sectes nombreuses ne s'en moquaient-elles pas ouvertement ? Cicéron lui-même n'en a-t-il pas parlé avec le dernier mépris ? Lucrèce n'a-t-il pas chassé la superstition de toutes les honnêtes maisons? Ne l'a-t-il pas renvoyée à la canaille, aux femmelettes, et aux hommes faibles, qui sont au-dessous des femmelettes?

Quel censeur, quel tribun, quel préteur, quel centumvir, ont jamais fait un procès à Lucrèce ?

La tolérance a toujours été la loi fondamentale de la République romaine, loi non gravée sur les Douze Tables, mais empreinte dans toutes les têtes et dans tous les cœurs. Cela est vrai, comme il est vrai qu'Henri IV a été assassiné par la seule intolérance.

Vous citez Dion Cassius, vil Grec, vil écrivain, vil flatteur, vil ennemi, de Cicéron, qui, seul de tous les historiens, dit que Mécène, qu'il n'a jamais vu, conseilla à Auguste de ne point admettre de religions nouvelles 5. Les malheureuses équivoques qui embarrassent tous les langages, et qui ont causé parmi nous tant de disputes fatales, ont produit une grande méprise sur ce passage de Dion Cassius. Ta hîera ne signifie point ici ce que nous entendons par religion, un système dogmatique ennemi des autres systèmes; ta hiera veut dire sacrifices, cérémonies sacrées. Il y en avait assez à Rome . Il ne s'agissait, du temps d'Auguste, que d'admettre, par une sanction publique du sénat, les mystères de Cérès Éleusine, ceux de la déesse de Sirie, et ceux d'Isis.

Vous connaissez l'ancienne loi des Douze Tables, qui ne fut jamais abolie . Deos exteros, nisi publice adscitos, ne colunto 6; point de culte étranger, s'il n'est admis par la loi. Ces cultes étrangers n'ont donc jamais été autorisés, mais ils ont été tolérés dans l'empire. Isis même, quoique la déesse d'un peuple vaincu et méprisé, eut un temple dans les faubourgs de Rome, du temps d'Auguste.

Les Juifs, ces misérables Juifs, les plus fanatiques des hommes, avaient à Rome une synagogue. Où pourrez-vous jamais trouver une plus grande différence de culte, et une plus grande tolérance ?

Ah ! mon cher confrère, quel temps prenez-vous pour vouloir flétrir une vertu si nécessaire au genre humain C'est le temps même où la tolérance universelle commence à s'établir dans une grande partie de l'Europe . C'est lorsque la tolérance étanche, dans l'Allemagne, depuis la paix de Westphalie, le sang que le monstre de l'intolérantisme avait fait couler pendant deux siècles . C'est lorsque l'impératrice de Russie assemble dans la grande salle de son palais jusqu'à des musulmans, des adorateurs du grand lama, et des païens, pour former le code des lois qu'elle va donner à un empire plus vaste que l'empire romain . C'est lorsque le roi de Pologne établit la liberté de conscience dans un pays deux fois aussi grand que la France.

Vous ne sauriez croire combien de gens de lettres m'ont témoigné de douleur, et se sont plaints à moi comme à votre ancien ami et à votre admirateur très zélé. Je suis affligé comme eux de ce fatal article . Il fera un mal que vous n'avez pas voulu. Vous mettez des armes entre les mains des furieux. Est-il possible que ces armes soient aiguisées par le plus doux et le plus aimable des hommes ? Je ne vous en aime pas moins mais ma douleur est égale aux sentiments que je conserverai pour vous jusqu'à la mort.

Je n'écris point à Mme Du Deffand; que lui manderais-je du désert où j'achève mes jours? Je ne pourrais que lui dire que je l'aime de tout mon cœur, ou que de tout mon cœur je l'aime; car il n'y a plus moyen de lui dire Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour, ou d'amour mourir me font, belle marquise, vos beaux yeux 7. »

Jouissez tous deux de la vie comme vous pourrez . Je la supporte assez doucement. »

1 Copie Beaumarchais-Kehl . La minute corrigée par V* est passée à la vente Charavay à Paris le 25 juin 1889 .

2 Littré attribue à V* le premier emploi de ce mot . De même plus loin, intolérantisme est un néologisme .

3 Boileau, Satires, VIII, 296 .

5  Dion Cassius, LII, 36 . Une fois de plus, V* récuse un témoignage par des arguments ad hominem dirigés contre l'auteur .

6  D'après Cicéron, De legibus, II, 8 . Ne rendez point de culte aux dieux étrangers, à moins qu'ils n'aient été naturalisés .

7  L'application de cette plaisanterie de la pièce du Bourgeois gentilhomme , Ac. II, sc. 4, de Molière bien que spirituelle peut aussi passer pour de l'humour noir Mme Du Deffand est en effet marquise , a été belle et de plus est aveugle .

07/10/2023

il sera le plus exact qu'il pourra à vous faire tenir ses registres

... C'est sans doute ce que fait croire l'avocat de Nicolas Sarkozy , l'ex-président tricheur patenté : https://www.francetvinfo.fr/politique/nicolas-sarkozy/affaire-ziad-takieddine-nicolas-sarkozy-mis-en-examen_6105999.html

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https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/11/13/ziad-taki...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

24 février 1768

Mon cher ami, M. Coquerot m'a mandé qu'il vous enverrait incessamment le petit paquet que vous demandez et qu'il sera le plus exact qu'il pourra à vous faire tenir ses registres .

Je suis toujours très en peine de votre sort . Mais si l'emploi dont je vous ai parlé valait quatre mille francs et que vous puissiez avoir une pension sur celui dont vous vous démettriez, je crois que je finirais assez agréablement ma vie .

La Harpe est parti avec sa femme . Je leur rendrai assurément tous les services qui pourront dépendre de moi, mais encore une fois il est très important que vous ayez la bonté d'éclairer avec M. d'Alembert la petite affaire dont je vous ai parlé .

Il n'est pas moins important pour La Harpe qu'elle demeure dans un profond oubli .

Je vous embrasse plus tendrement que jamais . »

Je suis très affligé de voir que tous les gens de lettres sont extrêmement mécontents

... Mais certainement ce n'est pas le cas à propos de l'élection de Jon Fosse au prix Nobel de Littérature [https://www.bnf.fr/fr/actualites/jon-fosse-prix-nobel-de-...], mais plutôt de la bisbille entre auteurs et leurs éditeurs , vieux problème qui perdure, et qu'a connu le Patriarche : https://actualitte.com/article/110952/edition/en-2022-des-relations-troubles-entre-auteurs-et-editeurs

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https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/11/18/les-emoji...

 

 

« A Adrien-Michel-Hyacinthe Blin de Sainmore

rue Neuve des Capucines

à Paris

A Ferney 24è février 1768

Puisque c'est M. de Boisgermain, monsieur, qui m'envoie le livre relié je n'ai plus rien à demander . Je suis très affligé de voir que tous les gens de lettres sont extrêmement mécontents . C'est tout de que je peux ajouter à la lettre que vous devez maintenant avoir reçue .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, et qui seront inaltérables, monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

06/10/2023

Votre affaire qui est infiniment plus considérable ne finit donc point? Vous ne savez donc point à quoi on s'en tiendra ?

... La justice française ne brille pas par sa rapidité si on se réfère à la majorité des affaires saisies et plus encore si on observe le cas Mis et Thiennot où l'on demande révision de leur procès jugé il y a soixante-treize ans : qui dit mieux ?

https://www.huffingtonpost.fr/justice/article/affaire-ray...

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Deux morts à réhabiliter ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

22 février 1768

Mon cher ami, il est très certain que La Harpe m'a fait une infidélité dont les suites peuvent être fort désagréables . Son épigramme contre Dorat et celle contre Piron qu'il a fait ou laissé courir sous mon nom ne sont pas non plus des procédés d'amis . Nous nous sommes séparés honnêtement . J’ai ordonné à mon banquier de Lyon de leur fournir l'argent nécessaire pour leur voyage .

Je vous demande en grâce de parler à M. d'Alembert . Il convient bien d’avoir donné des copies du manuscrit en question à M. d'Alembert, à M. le comte de Rochefort et à d'autres ; mais il dit qu'il n'en a donné à M. d'Alembert que parce que celui-ci n'en avait qu'une copie très informe . C'est ce qu'il est aisé de savoir . Enfin pour dernière ressource il prétend qu'il détient le second chant d'un jeune homme nommé Antoine, sculpteur de son métier . Je vous avoue que j'ai un extrême désir de trouver quelqu’un qui puisse parler à cet Antoine qui comme vous savez demeure rue Hautefeuille, mais surtout que cela reste entre M. d'Alembert et vous . Je veux qu'on ignore et les obligations que m'a La Harpe et les tours qu'il m'a joués . Ce sont des imprudences de jeune homme qu'il peut aisément réparer . Je vous le demande en grâce, mon cher ami, que cette malheureuse aventure soit dans le dernier secret .

Votre affaire qui est infiniment plus considérable ne finit donc point? Vous ne savez donc point à quoi on s'en tiendra ? Si la place qui vous est promise est supprimée garderez-vous celle que vous avez ?

Avez-vous reçu un paquet que le sieur Brossier dit vous avoir envoyé ? Ah mon cher philosophe, que ne puis-je achever mes jours avec vous . Écrasez l'infâme .

Voulez-vous bien faire mettre simplement à la poste ordinaire cette lettre pour M. de Florian, et envoyer par la petite poste, celle pour M. d'Hornoy 1 ? Voulez-vous bien avoir la bonté de les cacheter ? »

1 Aucune de ces deux lettres n'est connue .

05/10/2023

Les lois de la société sont austères

... Et c'est heureux quand il s'agit de lutter contre des mouvements quasi  sectaires, appelant à la violence, comme Civitas ; ses membres ne sont catholiques que de nom, ils puent la haine , il est juste qu'on dissolve leur association et ce n'est pas trop tôt : https://www.francetvinfo.fr/societe/le-conseil-des-minist...

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Débiles dangereux

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

22è février 1768 à Ferney 1

J'ai balancé longtemps, mon cher philosophe, si je vous écrirais touchant M. de La Harpe, et je crois enfin qu'il faut que je vous écrive parce que vous l’aimez, et que je l'aime .

Il vous a donné le second chant de La guerre de Genève, et il l'a donné à d'autres . Il n'en devait pas disposer ; je ne le lui avais point confié, il n'était point achevé ; je ne l'avais donné à personne ; je l'avais refusé à des princes ; j'avais mille raison pour qu’il ne parût point . Il était enfermé dans un portefeuille sur une table dans ma bibliothèque, et M. de La Harpe était parfaitement informé que je ne voulais pas qu'il parût .

Lorsqu'à son retour à Ferney j'appris que ce manuscrit était public, il dit qu'il ne l'avait répandu que parce qu’il y en avait dans Paris des copies trop fautives . Il m'a même assuré qu'il ne vous l'avait donné qu'attendu que la copie que vous aviez depuis longtemps était très infidèle . Quelques jours après il m'a dit qu'il tenait ce manuscrit d'un jeune homme nommé Antoine, son voisin, sculpteur, demeurant dans la rue Hautefeuille .

Enfin pendant les trois mois de son séjour à Paris, quoiqu’il me mandât toutes les nouvelles de la littérature, il ne m'avait jamais écrit celle-là qui était pour moi très intéressante . Il m'envoyait son épigramme contre Dorat et celle contre Fréron qui couraient sous mon nom, mais pas un mot de La Guerre de Genève ; je lui pardonne de tout mon cœur cette petite légèreté dont il ne pouvait sentir comme moi les conséquences . L'amitié ne doit point être difficile et sévère . Je lui ai rendu et je lui rendrai tous les services qui seront en mon pouvoir . Je suis même occupé actuellement du soin de lui assurer une petite fortune, et j'espère y réussir dans quelques mois, comme j'ai réussi à lui obtenir une pension de M. le duc de Choiseul.

Je vous prie de le gronder paternellement . Il faut qu'il soit de l'Académie française, et pour y parvenir il est nécessaire qu'il n’ait, ni avec M. Dorat ni avec personne des démêles qui pourraient lui faire tort . Il a plus besoin de continuer à faire de bons ouvrages que d'avoir des querelles qui ôtent toute considération . Les lois de la société sont austères, qu'il se garde bien de semer d'épines le chemin de sa fortune . Parlez-lui, mon cher ami, comme vous savez parler, et aimez-moi . Tout ceci demeurera entre vous et lui . Vous pouvez lui montrer ma lettre .

P. S. Je cherche tout ce que vous demandez . Vous ne sauriez croire combien ces bagatelles sont rares. »

1 Copie Beaumarchais-Kehl ; mais cette lettre ne paraît pas dans l’édition de Kehl ; ni les suivantes .