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19/10/2023

Mon Dieu, que vous êtes aimable ! que vous êtes essentiel ! que je vous suis obligé

... Jamais aucun Palestinien, même le pire faux-jeton, champion intersidéral de l'hypocrisie ne dira cela à Netanyahou, ni aucun Israelien capable de réflexion d'ailleurs . Comme le rapportait la dynamique Annie Cordy dans La Bonne du Curé : "Chauffe un marron , tu le fais péter !"; ça marche aussi avec les humains .

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

2è mars 1768

Vous êtes fort comme Samson, mon cher ami, vous triomphez de tout . Vous me faites aimer Samson plus que je ne croyais 1. Je suis plus faible que lui, et n'ai pas plus de cheveux. Je regrette plus Mme Denis qu'il ne regrettait Dalila, mais son voyage à Paris était absolument nécessaire. C'est elle qui va combattre pour moi contre les Philistins et d'ailleurs nos affaires, abandonnées depuis longtemps, étaient absolument délabrées . Elle a pris son parti courageusement, elle aura la consolation de vous voir, et moi du moins j'aurai celle de voir Eudoxie. Je vous avertis d'avance que j'en attends beaucoup. Vous aurez plus tôt fait cinq bons actes que vous n'aurez trouvé des acteurs.

Mon Dieu, que vous êtes aimable ! que vous êtes essentiel ! que je vous suis obligé d'avoir parlé à M. de Sartines comme vous avez fait ! Il aura bientôt de mes nouvelles, et vous aussi, et le cher Marin aussi.

A propos, je me mets aux pieds de madame votre sœur 2. Embrassez pour moi maman, l'enfant, et M. Dupuits. »

1 Chabanon voulait faire mettre en musique, par Philidor, l'opéra de Samson . Voir lettre du 12 février 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/09/21/l-opera-subsistera-parce-que-les-trois-quarts-de-ceux-qui-y-6462432.html

18/10/2023

il n'y a pas moyen que j'aille me fourrer à travers de leurs tracasseries

... C'est sans doute l'arrière-pensée de Joe Biden qui pourtant, le couteau dans les reins, apporte l'aide des USA à Israel pour éviter «davantage de tragédie» aux civils . J'ose espérer que les civils des deux bords seront également épargnés si on veut un jour voir déposer les armes : https://www.lefigaro.fr/international/conflit-israel-hama...

Je crains bien de ne pas le voir de mon vivant ( et une fois mort et désintégré, je serais infiniment fâché que quelques molécules de moi-même servent à fabriquer quelque arme que ce soit ).

 

 

« A Pierre-Michel Hennin

Mardi au soir 1er mars [1768]

Mon cher ministre, mon ministre prédicant, j'ai l'honneur de vous renvoyer votre gazette. Elle donne quelques espérances aux cœurs bien faits. Je commence à croire que les ordres donnés à tous les gouverneurs de place sont quelque chose de sérieux.

La petite mièvreté de La Harpe n'est pas si sérieuse 1; mais elle est certaine et avérée. Je sais que le Gallien en avait retenu quelques vers; mais je suis très sûr qu'il n'en avait point pris de copie . D'ailleurs cet Antoine, ce sculpteur dont La Harpe prétendait tenir le manuscrit, a été interrogé par un de mes amis. Sa réponse a été que La Harpe était un menteur, et quelque chose de pis. Cette infidélité m'a fait beaucoup de peine. Mais je pardonne aisément. J'attends les beaux jours pour vous venir voir dans votre château de Gaillardin 2, car pour Genève, il n'y a pas moyen que j'aille me fourrer à travers de leurs tracasseries.

Maman est partie, me voilà ermite. Vous savez que le diable le devint quand il fut vieux. Mais, quoi qu'on dise, je ne suis pas diable.

Intérim vale.

V. »

1 Il avait pris copie du second chant de la Guerre civile de Genève, et soustrait quelques autres ouvrages de Voltaire; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/25

2 Sur ce château de Gaillardin, voir lettre du 20 avril 1767 à Rieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/10/24/toutes-les-tuiles-qu-il-voudra-mais-ce-n-est-pas-encore-le-temps-de-cuirete.html

Mais depuis le 4 décembre 1767, Hennin a loué pour neuf ans une maison neuve appelée « Perette » dans la quartier de Cornavin .

Liber libero, liberrime / Un homme libre à un homme libre, en toute liberté

... Tels étaient les malheureux enseignants assassinés qui doivent rester en nos mémoires .

 

 

« A Jacob Vernes

[1er mars 1768]

Prêtre d'un Dieu père de tous les hommes, prédicateur de la raison, prêtre tolérant, si vous voulez avoir Le Militaire philosophe de feu Saint-Hyacinthe 1, il est chez votre illustre et digne ami M. de Moultou qui vous le prêtera sur ce billet .

Avez-vous vu le Sermon prêché à Bâle ? Je le crois de votre petit frère .

Mme Denis va à Paris pour les affaires temporelles . Quand viendrez-vous traiter ici les spirituelles ?

Liber libero, liberrime 2. »

1C’est la dernière fois, pour plusieurs mois semble-t-il, que V* prend soin d'attribuer à Saint-Hyacinthe Le Militaire philosophe . La raison en est sans doute que vers le 3 ou 4 mars il a reçu une lettre de d'Alembert du 29 février l'avisant que « les criailleries au sujet de l'ouvrage de Saint-Hyacinthe étaient apaisées ». Dès lors il est inutile et fâcheux d'évoquer davantage la paternité de ces deux ouvrages .

2 Un homme libre à un homme libre, en toute liberté .

17/10/2023

J'ai été assez heureux pour lui rendre quelques services, et lui en rendrai tant que je serai en vie

... Y aura-t-il un jour suffisamment  d'humains pour agir ainsi envers leurs prochains, leurs pays ? A ce jour, je ne crois vraiment pas qu'on ait le compte .

 

 

« Au chevalier Jacques de Rochefort d'Ally

1er mars 1768

Vous m'avez envoyé, monsieur, du vin de Champagne quand je suis à la tisane; c'est envoyer une fille à un châtré. Je comptais au moins avoir la consolation d'en boire quelques verres avec vous, si vous pouviez passer par notre ermitage. Mais Mme Denis part cette semaine pour Paris, pour des affaires indispensables et moi, je serai obligé, dès que je pourrai me traîner, d'aller consommer avec M. le duc de Virtemberg une affaire épineuse dont dépend la fortune qui me reste, et celle de ma famille entière.

J'envoie à M. de Chennevières ce que vous demandez 1. M. le duc de Choiseul et M. Bertin en ont été très contents. L'auteur, qui est inconnu, souhaiterait que M. le contrôleur général en fût un peu satisfait.

J'ai été très affligé que M. de La Harpe ait donné un certain second chant . Il savait qu'il ne devait jamais paraître; il l'a pris dans ma bibliothèque sans me le dire . Cette imprudence a eu pour moi des suites très désagréables. Je lui pardonne de tout mon cœur ; il n'a point péché par malice . Je l'aime. J'ai été assez heureux pour lui rendre quelques services, et lui en rendrai tant que je serai en vie.

Mes respects à madame de Rochefort. Si je suis en vie l'année qui vient, et si vous allez dans vos terres, n'oubliez pas, monsieur, un solitaire qui vous est dévoué avec un attachement inviolable.

P. S. Voici ce qu'on m'envoie de Lyon 2: je vous en fais part comme à un homme discret, dont je connais la sagesse et les bontés. Pourriez-vous, monsieur, me faire savoir des nouvelles de la santé de la reine 3? »

1 Si la lettre du 6 février 1768 à Chennevières a été correctement datée, cela signifie que V* avait déjà envoyé un exemplaire de L'Homme aux quarante écus à Chennevières et l’avait oublié .Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/09/15/je-ne-m-y-connais-pas6461432.html

2 Lettre de l’archevêque de Cantorbéry...

3 Marie Lesczinska, mourra le 21 juin 1768

16/10/2023

Il faut tout à des femmes

... Et autant à des hommes .

contre-sexisme.jpg

CQFD

 

« A Louis- François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

1er mars [1768] à Ferney 1

Vous avez daigné, monseigneur, faire une petite visite à Ferney. Mme Denis part pour vous la rendre. Sa santé est déplorable, et il n'y a plus à Genève ni médecin qu'on puisse consulter, ni aucun secours qu'on puisse attendre . D'ailleurs, vingt ans d'absence ont dérangé ma fortune, et n'ont pas accommodé la sienne. Ma fille adoptive Corneille l'accompagne à Paris, où elle verra massacrer les pièces de son grand-oncle; pour moi, je reste dans mon désert; il faut bien qu'il y ait 2 qui prenne soin du ménage de campagne . C'est ma consolation. J'en éprouverais une plus flatteuse si je pouvais vous faire ma cour; mais c'est un bonheur auquel je ne puis prétendre, et la vie de Paris ne convient ni à mon âge, ni à mes maladies, ni aux circonstances où je me trouve. Je serai très affligé de mourir sans avoir pris congé de vous. Je me regarde déjà comme un homme mort, quoique j'aie égayé mon agonie autant que je l'ai pu. Non-seulement je vous dis un adieu éternel quand vous honorâtes ma retraite de votre présence, mais j'ai toujours eu depuis le chagrin de ne pouvoir vous écrire que des choses vagues. La douceur d'ouvrir son cœur est aujourd'hui interdite. J'ai respecté les entraves qu'on met à la liberté de s'expliquer par lettres . Je n'ai pu que vous ennuyer. J'aurais désiré faire un petit voyage à Bordeaux, et vous contempler dans votre gloire mais c'est encore un plaisir auquel il faut que je renonce. Me voilà donc mort et enterré.

La bonté que vous avez de faire payer ce qui m'est dû de ma rente sera tout entière pour Mme Denis et pour Mme Dupuits. Il faut tout à des femmes, et rien à un vieux solitaire. Je ne me suis pas même réservé de chevaux pour me promener. Si j'étais seul, je n'aurais besoin de rien. Je vous remercie au nom de Mme Denis, qui bientôt vous remerciera elle-même, et vous présentera mes hommages, mon attachement inviolable, et mon respect.

V.»

1 L'édition de Kehl complète à tort la date par l'année 1767 .

2 Ici, V* a tourné la page et sans doute omis à cette occasion le mot quelqu'un . Pourtant à la rigueur, le texte peut être conservé tel quel, avec le même sens .

Je me trouve dans un état forcé ; et dans un abîme dont je ne pourrais sortir sans les arrangements que vous voulez bien prendre

... Ainsi pense, et dit le chef de l'ONU Antonio Guterres à Netanyahu ou inversement ? https://www.bfmtv.com/international/moyen-orient/israel/g...

 

 

 

« Au Conseil suprême de Montbéliard

Messieurs,

Le sieur Jacquelot vient de me signer une promesse d'attendre jusqu'au 20 mars les billets de Son Altesse Sérénissime . J'ai eu beaucoup de peine à l’y déterminer . Il n'y a rien que je ne fasse pour témoigner à Mgr le duc de Virtemberg mon extrême envie de lui plaire . Je me trouve dans un état forcé ; et dans un abîme dont je ne pourrais sortir sans les arrangements que vous voulez bien prendre . J'attends les délégations et les billets, moyennant quoi vous vous trouverez déchargés et moi aussi, du fardeau le plus embarrassant . Si j'étais seul, soyez bien persuadés, messieurs, que je ne vous importunerais pas ; mais j'ai une famille nombreuse qui n'a pour vivre que les rentes en question .

J’ai l’honneur d'être, avec tous les sentiments que je vous dois,

messieurs,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

1er mars 1768 à Ferney. »

crie[r] en vain vengeance contre ses assassins

... Nous en sommes là de nos jours ensanglantés .

 

 

« A François-Louis-Henri Leriche

1er mars 1768

Après la malheureuse aventure, mon cher monsieur, de deux paquets contenant, dit-on, des livres de Genève, il n'est rien que l'insolente inquisition de certaines gens ne se soit permis contre les lois du royaume. Je sais très certainement que mes paquets ne sont point ouverts aux autres bureaux des postes et M. Jeannel, maître absolu dans ce département, a pour moi des attentions dont je ne puis trop me louer. J'ignore absolument ce que les deux paquets adressés à monsieur l'intendant et à M. Éthis, impudemment saisis à Saint-Claude, pouvaient contenir. J'ignore qui les portait et qui les envoyait. Je n'ai nul commerce avec Genève, et il y a près de six mois que je suis à peine sorti de mon lit. Tout ce que je sais, c'est que cette affaire a eu des suites infiniment désagréables, et que ceux qui ont abusé ainsi du nom de monsieur l'intendant ont commis une imprudence très dangereuse.

Le premier président du parlement de Douai a servi Fantet 1 comme s'il avait été son avocat . Il lui était recommandé par un ami intime.

Vous avez lu sans doute le mandement de l'archevêque de Paris contre Bélisaire; voici un petit imprimé 2 qu'on m'envoie de Lyon à ce sujet.

Il se fait une très grande révolution dans les esprits, en Italie et en Espagne. Le Nord entier secoue les chaînes du fanatisme, mais l'ombre du chevalier de La Barre crie en vain vengeance contre ses assassins.

Je vous embrasse, etc. »