14/10/2024
Vous avez commencé, vous achèverez
... Mme la présidente du tribunal, nous vous faisons confiance pour ne pas vous laisser déstabiliser par cette jument de retour qu'est Marine Le Pen, impératrice de la mauvaise foi et reine des combinards malhonnêtes .
Voir : https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/marine-le...
« A Joseph Audra
Le 13 avril 1769 1
Depuis votre dernière lettre, mon cher philosophe, j’ai été sur le point de finir ma carrière ; mais la nature me permet encore de faire 2 quelques pas. Vous devez à présent avoir vu votre protégé Sirven . Vous voilà chargé d’engager le parlement de Toulouse à faire une bonne action. Vous avez commencé, vous achèverez.
Je présente très discrètement ma sincère et respectueuse reconnaissance au magistrat compatissant 3 qui veut bien prendre en main la cause d’une famille si innocente et si malheureuse. Il est véritablement philosophe, puisqu’il veut faire du 4 bien et qu’il est votre ami 5.
Sirven ne m’a point écrit, et il a tort, à moins que ce ne soit sa circonspection qui l’ait retenu. J’attends tout pour lui de vos bontés ; il m’a bien promis qu’il ne ferait aucune démarche que par vos ordres. Vous devriez bien m’envoyer les noms des conseillers au parlement qui se piquent d’être citoyens et point du tout papistes. Quand vous aurez mandé au bon vieillard 6 Siméon que vous avez remporté la victoire pour Sirven, mon âme partira en paix.
V. »
1 Copie ancienne ; autres copies anciennes avec quelques variantes ; édition Cayrol.
L'original est passé à la vente Charavay le 17 avril 1880.
2 Ms 2 : de faire encore .
3 Pierre Firmin de Lacroix : https://data.bnf.fr/fr/ark:/12148/cb12239578w
4 Ed 1 : le .
5 Ce paragraphe manque sur Ms3.
6 Ms 3 : au bonhomme .
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Vous avez commencé, vous achèverez
... Mme la présidente du tribunal, nous vous faisons confiance pour ne pas vous laisser déstabiliser par la roublarde Marine Le Pen, impératrice de la mauvaise foi et reine des combinards malhonnêtes .
« A Joseph Audra
Le 13 avril 1769 1
Depuis votre dernière lettre, mon cher philosophe, j’ai été sur le point de finir ma carrière ; mais la nature me permet encore de faire 2 quelques pas. Vous devez à présent avoir vu votre protégé Sirven . Vous voilà chargé d’engager le parlement de Toulouse à faire une bonne action. Vous avez commencé, vous achèverez.
Je présente très discrètement ma sincère et respectueuse reconnaissance au magistrat compatissant 3 qui veut bien prendre en main la cause d’une famille si innocente et si malheureuse. Il est véritablement philosophe, puisqu’il veut faire du 4 bien et qu’il est votre ami 5.
Sirven ne m’a point écrit, et il a tort, à moins que ce ne soit sa circonspection qui l’ait retenu. J’attends tout pour lui de vos bontés ; il m’a bien promis qu’il ne ferait aucune démarche que par vos ordres. Vous devriez bien m’envoyer les noms des conseillers au parlement qui se piquent d’être citoyens et point du tout papistes. Quand vous aurez mandé au bon vieillard 6 Siméon que vous avez remporté la victoire pour Sirven, mon âme partira en paix.
V. »
1 Copie ancienne ; autres copies anciennes avec quelques variantes ; édition Cayrol.
L'original est passé à la vente Charavay le 17 avril 1880.
2 Ms 2 : de faire encore .
3 Pierre Firmin de Lacroix : https://data.bnf.fr/fr/ark:/12148/cb12239578w
4 Ed 1 : le .
5 Ce paragraphe manque sur Ms3.
6 Ms 3 : au bonhomme .
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c'est un grand art que celui de rendre les hommes heureux pendant deux heures ...c'est être heureux que d'avoir du plaisir
... Merci M. Steven Spielberg pour tous ces moments d'évasion, et n'ayez plus de remords à propos de Hook que , comme des millions de spectateurs, j'ai bien aimé :
« A Michel-Jean Sedaine 1
Au château de Ferney 11è avril 1769
Je vous ai plus d'obligation que vous ne croyez, monsieur . J'étais très malade lorsque j'ai reçu les deux pièces que vous avez bien voulu m'envoyer 2. Elles m'ont fait oublier tous mes maux . Je ne connais personne qui entende le théâtre mieux que vous, et qui fasse parler ses acteurs avec plus de naturel ; c'est un grand art que celui de rendre les hommes heureux pendant deux heures ; car, n'en déplaise à messieurs de Port-Royal, c'est être heureux que d'avoir du plaisir . Vous devez aussi en avoir beaucoup en faisant de si jolies choses . Je suis bien fâché de n'applaudir que de si loin à vos succès 3.
J'ai l'honneur d'être avec toute l'estime que vous méritez, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
2 Apparemment La Gageure imprévue, 1768 et certainement Le Déserteur ( et non Le Philosophe sans le savoir, 1765 , comme on l'a toujours dit ), représentée au Théâtre Italien le 6 mars 1769 et publiée peu après .
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Gageure_impr%C3%A9vue
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86261469
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_D%C3%A9serteur_(op%C3%A9ra)
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1165042z.image
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Philosophe_sans_le_savoir
3 Voir lettre du 22 novembre 1765 au marquis de Florian : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/18/je-ne-sais-si-les-spectacles-ont-cesse-a-paris-dans-la-crise-6304229.html
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13/10/2024
la vie est courte, l'art très long, et l'expérience incertaine
... Qu'ajouter ?
« A l’abbé Régley
11 avril 1769 au château de Ferney par Genève
Je vous dois, monsieur, les plus grands remerciements de l'honneur que vous m'avez fait de m’envoyer votre livre 1 dans lequel il y a beaucoup à s'instruire , et qui me paraît un monument précieux d'un esprit philosophique, et d'une persévérance infatigable à découvrir la vérité. Vous avez raison de vous y prendre de bonne heure . Vous savez que la vie est courte, l'art très long, et l'expérience incertaine […] Je ne doute pas que vous ne regardiez tous les systèmes avec défiance, à commencer par la manière subtile de Descartes, et à finir par les monades, et par tout ce qui ressemble à ces romans dont on nous accable . C'est le Soleil et la Lune qui ont dit à la mer : « Tu iras jusqu'ici, et pas plus loin . », et c'est Dieu qui en a dit autant à Newton et à Loke , les deux seuls philosophes qui aient véritablement instruit le monde 2.
J'ai l'honneur d'être avec reconnaissance et toute l'estime que vous méritez, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 La traduction de Spallanzani ; voir lettre du 5 janvier 1769 à Touraille : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/16/la-sottise-la-calomnie-et-la-renommee-leur-tres-humble-serva-6507264.html
Voir : https://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/669-charles-regley
2 Réminiscence de la fin de la XVè Lettre philosophique « Sur l'attraction » que V* termine aussi par la même citation du Livre de Job, XXVII, 11 . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_philosophiques/Lettre_15
11:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
Nous ne vous mandâmes rien que de vrai
... C'est ce qu'essaie de faire France Info confrontée aux fake news pullulantes , comme celles-ci : https://www.francetvinfo.fr/vrai-ou-fake/vrai-ou-faux-gue...
« Bigex [Voltaire]
à Mme Veuve Nicolas-Bonaventure Duchesne,
au Temple du goût
rue Saint-Jacques
à Paris 1
Madame,
Monsieur de Voltaire qui est toujours très malade, a reçu votre lettre du 4 avril 2 . Il est très sensible à l'attention que vous avez de faire corriger les infamies dont les éditeurs mal intentionnés avaient souillé le livre utile que vous avez fait imprimer 3 . Tout sera réparé très aisément au moyen d'un carton tel que celui que je vous ai envoyé .
Nous ne vous mandâmes rien que de vrai dans la lettre que notre surprise et notre indignation nous força de vous écrire mes amis et moi pendant la maladie de M. de Voltaire 4. Cette indignation ne pouvait tomber que sur les auteurs et non sur vous , et nous ne pouvons avoir à présent d'autres sentiments, M. de Voltaire et nous, que ceux de la satisfaction et de la reconnaissance, dès que vous mandez que vous avez fait le carton nécessaire . Cette manœuvre atroce avait beaucoup alarmé la famille et les amis de monsieur de Voltaire, il n'y a rien qu'il ne fasse pour reconnaître les attentions que vous avez pour lui .
J'ai l'honneur d'être en mon particulier,
madame,
votre très humble et très obéissant serviteur
Bigex. »
1 Lettre manifestement dictée par V* ; le manuscrit olographe est conservé, avec double cachet « de Lyon » . Voir lettre du 7 février 1769 de Bigex[Voltaire] : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/17/m-6510908la-plupart-des-autres-mensonges-qu-il-avance-sont-punissables-il-n.html
2Lettre perdue .
3La France littéraire , de Jacques Hébrail, Joseph de Laporte .
Voir note 4 .Voir : https://www.edition-originale.com/fr/livres-anciens-1455-1820/editions-originales/la-porte-la-france-litteraire-1769-47377
4 Voir lettre du 3 avril 1769 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/06/ce-mot-d-inutile-convient-beaucoup-a-tout-ce-qui-se-fait-dans-ce-monde.html
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12/10/2024
je sais que vous êtes un honnête homme quoique vous soyez une honnête femme . Il y a quelques honnêtes femmes dans le monde que je crains beaucoup ; mais vous m'inspirez ... la plus grande confiance, ainsi qu’un véritable attachement et un profond respect
... Honneur à Han Kang, autrice, prix Nobel de littérature 2024 , digne du compliment du patriarche Voltaire
Honnête femme
« A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul
A Ferney 9 avril 1769
Madame,
Mon gendre vous a fait une infidélité ; il m'a envoyé une lettre dont vous l'avez honoré , Cette lettre joint[e] à celle que ma fille Corneille et moi reçûmes de vous m'a bien fait changer de note .
J'entrevis autrefois les restes précieux
Du plus beau siècle de ma France,
Les Vendôme et les Chaulieu,
Marianne 1, la sœur d'Hortense 2,
Marianne Bouillon dont la vive éloquence
Égalait l'éclat de ses yeux .
Boileau vivait encore ; et sa muse affaiblie
Conservait du bon goût les éternelles lois .
Dans les jardins de Sceaux, Melpomène et Thalie
À la voix des Condés mêlaient encore leurs voix.
Ce grand siècle n'est plus que dans notre mémoire .
Les plaisirs de l'esprit, la splendeur de la gloire,
La politesse et les beaux-arts
Ont suivi tristement aux bords de l'onde noire
La foule des héros du Parnasse et de Mars.
Je pensais à ces temps, les vieillards d'ordinaire
Pour les regrets sont réservés.
Mais à la fin j'ai vu ce que vous écrivez,
Et ce que votre époux sait faire ;
Je renonce à la plainte, et je m'aperçois bien
Malgré mon fond frondeur et mon goût trop sévère
Que je ne dois regretter rien .
Vous me donnez , madame, des ordres positifs de vous envoyer ce qui paraît de nouveau dans les pays étrangers . Me voilà installé votre bibliothécaire de rogatons . Voyez une petite brochure un peu hardie 3, d'un moine défroqué qui est quelquefois assez plaisant . Je n'enverrai certainement pas de pareils ouvrages à d'autres qu'à vous, surtout dans ce saint temps de Pâques, mais je sais que vous êtes un honnête homme quoique vous soyez une honnête femme . Il y a quelques honnêtes femmes dans le monde que je crains beaucoup ; mais vous m'inspirez , Madame, la plus grande confiance, ainsi qu’un véritable attachement et un profond respect .
Le vieillard des Alpes . »
1 Marie-Anne Mancini, duchesse de Bouillon : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Anne_Mancini
2 Hortense Mancini, duchesse de La Meilleraye, dont le mari devint ultérieurement duc de Mazarin . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hortense_Mancini
3 Ce serait La Canonisation de Saint Cucufin, suppose Th. Besterman ; mais la duchesse de Choiseul écrivait déjà à V* le 2 février qu'elle le remerciait de lui « avoir fait faire la connaissance de Saint-Cucufin », que V* lui avait effectivement envoyé le 3 . Il pourrait donc s'agir de la Collection des anciens Evangiles .
Voir : https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1996_num_28_1_2139_t1_0572_0000_3
et : http://www.monsieurdevoltaire.com/2017/07/collection-d-anciens-evangiles-partie-1.html
16:59 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il faut être poli, et ne point refuser un dîner où l’on est prié, parce que la chère est mauvaise.
... Mais si l'hôte.sse est détestable on peut évidemment s'abstenir de figurer à sa table, ce qui permettra à notre président d'éviter de prendre du ventre à la table d'un Poutine ou d'un Bachar al-Assad , du moins je l'espère .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
9è avril 1769
Mon cher ange, je n’ai point entendu parler des remarques de l’aréopage . Je les attendrai très patiemment. L’état où je suis ne me permettrait guère actuellement de m’occuper d’un travail qui demande qu’on ait tout son esprit à soi. J’ai toujours un peu de fièvre depuis six semaines, et j’en ai essuyé dix accès assez violents. On en rira tant qu’on voudra ; mais j’ai été obligé de faire au dixième accès ce qu’on fait dans un diocèse ultramontain 1. Quand cette cérémonie passera de mode, je ne serai pas assurément un des derniers à me déclarer contre elle ; mais je ne vois pas qu’il faille se faire regarder comme un monstre par les barbares au milieu desquels je suis, pour un mince déjeuner . C’est d’ailleurs un devoir de citoyen . Le mépris marqué de ce devoir aurait entraîné des suites désagréables pour ma famille. Vous savez ce qui est arrivé à Boindin 2, pour n’avoir pas voulu faire comme les autres. Il faut être poli, et ne point refuser un dîner où l’on est prié, parce que la chère est mauvaise.
On m’assure que Stopani est pape. Il me doit assurément sa protection, car il y a deux mois que nous jouâmes aux trois dés la place vacante du Saint-Siège. Je tirai pour Stopani, et j’amenai rafle.
Vous avez eu la bonté de m’envoyer une lettre de M. Bachelier. Comme je ne sais point sa demeure, voulez-vous bien me permettre de vous adresser ma réponse 3 ?
Je me flatte que Mme d’Argental est en bonne santé ; conservez la vôtre, mon cher ange ; jouissez d’une vie agréable ; quand je finirai la mienne, ce sera en vous aimant. »
1 La rétractation dont il est question à propos de la lettre du 19 mars au curé Gros, suivie de la confession et de la communion . Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/22/vous-etes-instruit-sans-doute-des-reglements-faits-par-les-p-6515642.html
2 Connu comme athée, il était mort sans sacrement ; on lui refusa la sépulture appelée alors ecclésiastique. On l’enterra sans cérémonie ; voir Nicolas Boindin : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome14.djvu/62
3 Apparemment une lettre à Jean-Jacques Bachelier . Mais la date du 9 mai fait difficulté . Faut-il supposer que la date de l'une des deux lettres comporte une erreur de mois ?
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Bachelier
et : https://data.bnf.fr/fr/12524506/jean-jacques_bachelier/
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