Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/10/2024

votre manière est de ne pas répondre aux choses dont vous ne voulez pas qu'on vous parle

... Ça me rappelle quelqu'un : E* M*** ?

-- Elon Musk ?

-- Non.

-- Un président ?

-- Juste !

 

 

« A Marie-Louise Denis

17è avril 1769

Je reçois, ma chère nièce, votre lettre du 17 avril . Je suis bien aise que M. de Lézeau vous ait tenu parole pour le passé . Mais il vous doit je crois actuellement deux années ou une au moins, en son propre et privé nom ; c'est ce que vous pourrez aisément vérifier . J'espère que vous ne serez pas moins contente de M. de Richelieu . Je veux que vous soyez heureuse quand j'ai renoncé à l'être . J'ai encore une petite fièvre toutes les nuits , qui est peut-être plus dangereuse que les onze ou douze accès violents que j'ai essuyés . Je n'ai fait aucune difficulté de communier dans mon lit lorsque j'étais en danger . Il y a une très grande différence entre nos philosophes se portant bien qui dédaignent dans Paris une cérémonie inutile et un vieillard malade qui est malheureusement célèbre, qui doit ne pas révolter les barbares dont il est environné, qui est forcé d'imposer silence à un évêque ultramontain, fanatique et persécuteur, qui doit surtout éviter un scandale désagréable pour sa famille et pour l’Académie française dont il est membre . J'ai donné même un exemple que tout bon citoyen suivra peut-être . J'ai déclaré que je voulais mourir et que j'avais toujours vécu dans la religion de mon roi et de ma patrie laquelle fait partie des lois de l’État . C'est la déclaration d'un honnête homme ; elle fait taire le fanatisme, et ne peut irriter le philosophe . Je trouve Boindin très ridicule de n’avoir point voulu se soumettre aux lois de son pays. Qu'a-t-il gagné par cette opiniâtreté ? Il a fait de la peine à sa famille et il a été jeté à la voirie 1.

Je présume que je pourrai vivre encore jusqu'à l'hiver prochain . Vous trouverez alors le Châtelard bien bâti et la terre dans le meilleur état possible .

Ma maladie m'a mis absolument hors d'état de travailler . Je me fais lire ; je vois mes ouvriers quand le temps le permet ; je me couche à dix heures précises, je ménage ainsi le peu de forces qui me restent .

On ne sait ce qu'est devenu Perrachon . Votre lettre est probablement perdue 2 . Vous pourriez aisément me mander ce qu'elle contenait, et me l’envoyer par M. Lefèvre .

J'avoue que ç'aurait été une consolation pour moi, et en même temps un grand amusement, si vous aviez pu faire réussir l'affaire de La Touche cette année . Peut-être en viendrez-vous à bout, personne n'en est plus capable que vous .

J'ignore le projet dont vous me parliez dans votre dernière lettre . Je suis tout dérouté quand vous me dites que vous n'aimez pas Paris 3. Vous avançâtes votre voyage de trois jours pour revoir vos parents, vos amis, les spectacles , et pour jouir de tout ce que la capitale peut avoir d'agréments, tandis que j'ai vécu dans une espèce de prison pendant une année entière . La solitude de la campagne est faite pour moi, pour ma situation, et pour ma mauvaise santé qui exige la retraite . Mais vous êtes encore d'un âge à goûter tous les plaisirs de la société . La vie que je mène serait un supplice pour vous . Enfin je ne puis concevoir le dégoût que Paris semble vous inspirer . Je ne puis le regarder que comme un dégoût passager qui s 'évanouira bientôt . Ouvrez-moi votre cœur, parlez-moi avec confiance ; soyez très sûre que je partage vos plaisirs et vos peines . J'imagine que vous pourriez louer l'appartement qu'occupait chez vous Mme Dupuits à quelque homme de lettres, dont la société serait pour vous un agrément de plus . C’est peut-être ce que vous auriez de mieux à faire .

J'ignore toutes les nouvelles . La gazette de Berne prétend que M. de Laborde est exilé 4, et je n'en crois rien . C'est un homme trop sage pour s'être attiré cette disgrâce . Mais je crains beaucoup pour ses actions de la caisse d'escompte . Je crois vous avoir dit que j'ai entre les mains presque le seul bien libre qui me restait . S'il lui arrivait un malheur j'en serais la première victime, et je serais bien embarrassé pour assurer quelque chose à votre neveu d'Hornoy par son contrat de mariage . Nos affaires avec le duc de Virtemberg sont dans la plus grande sécurité; mais tout ne sera arrangé que dans trois mois . Il me semble que je vous en ai aussi informée .

L'autre La Borde, premier valet de chambre du du roi, m'inquiète un peu . Vous ne m'accusez point la réception d'un paquet que je lui ai envoyé pour vous il y a trois semaines . Je ne reçois de lui aucune nouvelle . Il paraît ne plus songer à Pandore, c'était pourtant une belle fête à donner à la Dauphine 5.

On fait trois nouvelles éditions du Siècle de Louis XIV , à Leipsick, à Lausanne, et dans la ville d'Avignon. Celui qui a frappé ma médaille 6 s'appelle Wachter, il est sujet de l'électeur palatin .

J'ai répondu à tous les articles de votre [lettre ] . Il est inutile à présent que M. d'Hornoy passe chez la veuve Duchesne, elle a entièrement réparé sa faute . Renvoyez-moi, je vous prie, le petit billet pour Laleu afin que tout soit en règle . Je mets un ordre très exact dans toutes mes affaires . Mon âge et ma mauvaise santé l'exigent . Je vous embrasse avec la plus tendre amitié.

V. »

1 Nicolas Boindin, procureur et auteur dramatique, né en 1676, mort à Paris le 30 novembre 1751 . Voir lettre du 9 avril 1769 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/11/il-faut-etre-poli-et-ne-point-refuser-un-diner-ou-l-on-est-p-6518425.html

2 Dans la lettre du 26[30] mars à laquelle répond V*, Mme Denis demandait : « […] avez-vous reçu mon cher ami une grand lettre que je vous ai envoyée par Perrachon ? Il me semble que je vous dis bien des choses dans cette lettre . J'espère que vous m'y répondrez ( car votre manière est de ne pas répondre aux choses dont vous ne voulez pas qu'on vous parle ), mais je vous déclare que je ne resterai pas à Paris.[...] Quand vous voudrez savoir mon projet je vous le dirai .»

3 Voir note précédente, où Mme Denis fait une comparaison entre l'hiver à Paris et en Jura s'achevant ainsi : « Mon corps est ici, mais mon cœur et ma tête sont toujours à Ferney. »

4 Les Nouvelles de divers endroits du 12 avril 1769 rapportent en effet, dans une dépêche datée du 3 avril :'Le bruit a court depuis deux jours que M. de Laborde est exilé à sa terre de La Ferté dans le Perche. On n'en donne pas la raison . »

19/10/2024

aucune satire, aucun conte ordurier, rien par conséquent qui réveille l'attention des hommes

... Il n'est qu'à voir la fréquentation et le suivi d'influenceurs.euses pour voir que ce ne sont pas les plus instructifs et ceux de bonne volonté qui sont les plus suivi.es . Messieurs, l'actualité donne raison au Patriarche Voltaire, viol et violence , voila bien de quoi avoir honte , jusqu'à quand serons-nous si terriblement menés par de bas instincts ?

Pour info sur le "regard masculin" : https://www.youtube.com/watch?v=0oMsFlQk_m4&ab_channel=Lescouillessurlatable

 

 

« A Gabriel Cramer

[avril 1769]

Cette petite édition 1 est charmante ; continuez mon cher Caro . Voici deux petites additions pour la fin des nombres 14 et 30 . Vous concevez aisément qu'il ne faut pas tirer un nombre prodigieux d'exemplaires de cette bagatelle . Il n'y a que très peu de plaisanterie, aucune satire, aucun conte ordurier, rien par conséquent qui réveille l'attention des hommes . Toutes les fois qu’il ne s'agira que de raison, tirez peu d'exemplaires . Je vous embrasse du meilleur de mon cœur, et j'ai grande impatience de vous voir .

Ce n'est point Panckoucke c'est Merlin qui n'a pas fourni les six exemplaires en question . On va le presser . »

1 D'après les détails donnés plus loin il ne peut s'agir que de la Collection d'anciens évangiles qui parut au début mai 1769 .

Voir : https://books.google.nl/books?id=ihA3AAAAMAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

et : https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1996_num_28_1_2139_t1_0572_0000_3

18/10/2024

je n'écrirais en Russie pour sa créance qu'à la fin de la campagne

... Dixit Trump ! MAGA ! Make America Great Again, laissez moi rire ! Trump n'est d'abord qu'un profiteur, et son dieu est le dollar, qu'il vienne de Russie ou de truands de tous bords . Pour info : "Révélations sur les liens entre Trump et Poutine" : https://www.youtube.com/watch?v=kEFwOHPWkdk&ab_channe...

images.jpg

2017 ! à ne surtout pas reproduire

 

 

« A Gabriel Cramer

[avril 1769] 1

Je vous renvoie, mon cher Caro, la tante au lieu de la belle-sœur . Il serait à souhaiter que l'A.B.C. parût tout seul . Cependant si vous le voulez absolument on tâchera de vous fournir quelque chose 2.

J'ai dit expressément à votre homme que je n'écrirais en Russie pour sa créance qu'à la fin de la campagne . Je n’écris actuellement que pour le jeune Gallatin .

Pifre s'est enivré tous les jours de ma maladie . Il ne peut se corriger, et je ne puis le garder . Gardez-vous bien d'écrire à Mme Denis en sa faveur . Je paierai tout ce que Mme Denis lui doit, mais il faudrait que cela lui fit une petite rente . Si on lui donnait tout à la fois, il le boirait en quinze jours . Il ne peut rentrer en grâce qu'en se mettant à l'eau pure . »

1 Datée d'après la référence à Gallatin .

2 A cette date il doit s'agir de La Raison par alphabet, 6è édition, 1769, dont le second volume inclut le dialogue intitulé L'A.B.C. Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_philosophique...)

 

 

17/10/2024

rien n’est plus juste qu’une augmentation de petits appointements quand le travail augmente

... Voltaire n'a pas attendu les mots d'ordre de quelque syndicat ou parti politique pour affirmer cela , qu'on se le dise et l'applique du gouvernement  au  MEDEF .

Voir à quoi s'intéresse le MEDEF :  https://www.medef.com/fr/

 

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

[avril 1769] 1

Rien n’est plus à sa place que la supplication d’un vieux malade pour un jeune médecin ; rien n’est plus juste qu’une augmentation de petits appointements quand le travail augmente. Monseigneur sait parfaitement que nous n’avions autrefois que des écrouelles dans les déserts de Gex, et que depuis qu’il y a des troupes nous avons quelque chose de plus fort 2 – le vieil ermite, qui, à la vérité, n’a aucun de ces maux 3, mais qui s’intéresse sincèrement à tous ceux qui en sont atteints 4 prend la liberté de représenter douloureusement et respectueusement que le sieur Coste , notre médecin très aimable, qui compte nous empêcher de mourir, n’a pas de quoi vivre, et qu’il est en ce point tout le contraire des grands médecins de Paris. Il supplie monseigneur de vouloir bien avoir pitié d’un petit pays dont il fait l’unique espérance.5 »

1 Copie Beaumarchais-Kehl avec mention en tête « Requête de l'ermite de Ferney à Mgr le duc de Choiseul présentée au mois d'août par M. Coste, médecin » ; édition Supplément aux nouvelles de divers endroits, 14 octobre 1769 . La date d'avril portée sur la copie de Kehl, quoique d'autres dates aient été proposées .

2 La vérole . Ce thème est traité à fond dans L'Homme aux quarante écus , chap. 11 : https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Homme_aux_quarante_%C3%A9cus/XI

3 L'édition Garnier porte reçu aucun de ces deux bienfaits de la Providence pour aucun de ces maux .

4 L'édition Garnier porte honorés pour atteints .

5 « Coste fut très bien accueilli du duc de Choiseul ; on l’invita à dîner. Ses appointements, qui n’étaient que de 150 francs, furent portés à 1200 francs, et il eut en outre une gratification de 600 francs pour son voyage. » (Beuchot).

Si je me suis trompé dans quelques occasions, j’ai droit de m’adresser à vous pour être remis sur la voie

... On n'entendra jamais cette phrase de la bouche de Netanyahou . On pourra  l'imaginer dite par Macron ou Barnier ou tout ministre actuel et à venir, dans un moment de crise, pour promouvoir un changement illusoire .

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

15è avril 1769 à Ferney

Après douze accès de fièvre dont je me suis tiré tout seul, je remplis, en revenant pour quelque temps à la vie, un des devoirs les plus chers à mon cœur, en vous renouvelant, monseigneur, un attachement qui ne peut finir qu’avec moi.

Je dois d’abord vous dire, comme au chef de l’Académie, que j’ai fait à l’égard de la religion tout ce que la bienséance exige d’un homme qui est d’un corps à qui le mépris de ces bienséances pourrait attirer une partie des reproches que l’on eût fait à ma mémoire. J’ai déclaré même que je voulais mourir dans la religion professée par le roi, et reçue dans l’État1. Je crois avoir prévenu par là toutes les interprétations malignes qu’on pourrait faire de cette action de citoyen, et je me flatte que vous m’approuvez. Je suis d’ailleurs dans un diocèse ultramontain, gouverné par un évêque fanatique, qui est un très méchant homme, et dont il fallait désarmer la superstition et la malice.

Si on vous parlait de cette aventure par hasard, j’espère que vous me rendrez la justice que j’attends de la bonté de votre cœur . Si vous savez railler ceux qui vous sont attachés, vous savez encore plus leur rendre de bons offices ; et je compte plus sur votre protection que sur vos plaisanteries, dans une occasion qui, après tout, ne laisse pas d’avoir quelque chose de sérieux.

Une chose non moins sérieuse pour moi est la dernière lettre dont vous m’avez honoré 2. Vous m’y disiez que vous aviez daigné commencer un petit écrit dans lequel vous aviez la bonté de m’avertir des méprises où je pouvais être tombé sur quelques anecdotes du siècle de Louis XIV. Si vous aviez persisté dans cette bonne volonté, j’en aurais profité pour les nouvelles éditions qui se font à Genève, à Leipsick, et dans Avignon.

Il y a à la vérité dans cette histoire quelques anecdotes bien étonnantes : celle de l’homme au masque de fer 3, dont vous connaissez toute la vérité ; celle du traité secret de Louis XIV avec Léopold 4, ou plutôt avec le prince Lobkovitz 5, pour ravir la Flandre à son beau-frère encore enfant, traité singulier qui existe dans le dépôt des Affaires étrangères, et dont j’ai eu la copie ; la révélation de la confession de Philippe V, faite au duc d’Orléans régent par le jésuite d’Aubenton 6, friponnerie plus ordinaire qu’on ne croit, et dont M. le comte de Fuentes 7 et M. le duc de Villa-Hermosa 8 ont la preuve en main ; la conduite et la condamnation de ce pauvre fou de Lally, d’après deux journaux très exacts 9. Enfin je n’ai écrit que les choses dont j’ai eu la preuve, ou dont j’ai été témoin moi-même. Je ne crois pas que jamais aucun historien ait fait l’histoire de son temps avec plus de vérité, et en même temps avec plus de circonspection . Mais, de toutes les vérités que j’ai dites, les plus intéressantes pour moi sont celles qui célèbrent votre gloire. Si je me suis trompé dans quelques occasions, j’ai droit de m’adresser à vous pour être remis sur la voie. Vous savez que Polybe fut instruit plus d’une fois par Scipion.

Il y aura incessamment une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV, in-4° 10. M. le comte de Saint-Florentin m’a mandé qu’il n’y aurait aucun inconvénient à la présenter au roi 11; mais je ne ferai rien sans votre approbation. Vous savez que je suis sans aucun empressement sur ces bagatelles ; je sais, il y a longtemps, avec quelle indifférence elles sont reçues, et qu’on ne doit guère attendre de compliments que de la postérité : mais daignez songer que j’ai travaillé pour elle et pour vous. Je touche à cette postérité, et vos bontés me rendent le temps présent supportable.

Agréez, monseigneur, mon tendre respect. »

1 Il est pratiquement impossible de s'y retrouver au milieu des nombreuses professions de foi de V*. L'évêque Biord lui en avait demandé une plus précise et surtout mieux rédigée que celle que rapporte le curé Gros (voir lettre du 30 mars 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/28/m-6516543-il-n-a-fait-que-m-inquieter-et-m-envoyer-des-billets-et-il-me-men.html ) et dont voici le texte d'après la copie minutée par Castin et envoyée par lui à Gros :

« [31 mars 1769]

« Je soussigné etc. pénétré des sentiments dont un vrai chrétien doit être animé pour recevoir avec fruit les sacrements, et du désir sincère de vivre et de mourir dans la foi de l’Église catholique ; je déclare que je crois purement et simplement, et d’une foi ferme et sincère toutes les vérités contenues dans la profession de foi du saint Concile de Trente . Je condamne, désavoue, et je rétracte au besoin tous les ouvrages écrits contre la religion lesquels m'ont été attribués ; condamnant de même tous les écrits et ouvrages tendant à établir le matérialisme, le déisme, le tolérantisme, tout système et opinion contraire à la précision des vérités de la foi orthodoxe, aux règles des mœurs, à l'autorité de l’Église catholique, apostolique et romaine . Je condamne et je rétracte les discours et tous propos qui m'ont échappé contre la religion . Et comme dans les pièces de poésie qui sont sorties de ma plume, il y a des pensées et des expressions qui méritent d'être réformées, mon intention est qu'elles le soient, et je promets de rien négliger pour faire ces corrections . Je déclare que je regarde et reconnais la religion chrétienne comme divine et la seule véritable, et l’Église catholique apostolique et romaine comme la seule dans laquelle on peut faire son salut . Touché d'un repentir sincère des scandales auquel j'ai donné lieu de quelque manière que ce soit je déclare que je suis déterminé à employer pendant le peu de temps qu'il me reste à vivre, les moyens qui dépendront de moi pour les réparer, et pour vivre en vrai chrétien . Et afin de commencer dès aujourd'hui de détruire les mauvaises impressions que le public a prises contre moi j'ai fait en présence de M. le curé de Ferney et des autres témoins soussignés la profession de foi dressée par le concile , et je veux de plus que les déclarations, condamnations et rétractations que j'ai faites avec une pleine liberté d'esprit, et signées de ma main devant mondit sieur curé et les autres témoins signés au bas, soient rendues publiques . Fait dans mon château de Ferney etc. »

 

D'autre part, un groupe de témoins a attesté que V* s'est exprimé dans les termes qui suivent , d'après une pièce conservée avec la précédente et qui sera imprimée dans les Lettres de Mgr l'évêque de G*** à M. de V*** :

« Du 15 avril 1769

« L'an mil sept cent soixante neuf, et le quinze avril, par-devant moi Claude Raffo, notaire royal au bailliage de Gex, résident à Ferney soussigné, et en présence des témoins ci-après nommés sont comparus Révérend sieur Pierre Gros prêtre et curé dudit Ferney, Rd Père Claude-Joseph prêtre et capucin du couvent de Gex, Pierre Larchevêque syndic, Claude-Etienne Mauzié orfèvre bijoutier, Jean-Baptiste-Antoine-Guillaume-Louis Bugros chirurgien agréé à l'académie royale de Montpellier et juré en ce dit bailliage, et Pierre Jaquin maître d'école demeurant tous audit Ferney, lesquels ont déclaré avoir été présents, lorsque messire François- Marie Arouet de Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, l'un des quarante de l'Académie française, seigneur de Ferney, Tournay, Prégny et Chambésy, demeurant à son château audit Ferney, a fait la confession de foi suivante, le premier avril présente année sur les neuf heures du matin, avant que de recevoir le Saint Viatique dudit sieur curé de Ferney : je crois, dit-il, fermement tout ce que l’Église catholique apostolique et romaine croit et confesse.

Je crois en un seul Dieu en trois personnes,père, fils et Saint-esprit, ayant la même nature, la même divinité et la même puissance, que la seconde personne s'est faite homme, s'appelle Jésus-Chris mort pour le salut de tous les hommes, qu'il a établi la Saint Église, à laquelle il appartient de juger du véritable sens des Saintes Écritures .

Je condamne aussi toutes les hérésies que la même Église a condamnées et rejetées, tous mauvais sens et interprétations qu'on y peut donner .

C'est cette foi véritable et catholique, hors de laquelle on ne peut pas être sauvé, que je professe et reconnais comme seule véritable . Je jure , promets et m'engage de la professer et de mourir dans cette croyance, moyennant la grâce de Dieu .

Je crois aussi d'une foi ferme et je confesse tous et chacuns des articles qui sont contenus dans le Symbole des Apôtres, qu'il a récité en latin fort distinctement .

Je déclare de plus que j'ai fait cette même confession de foi entre les mains dudit Rd Père capucin, avant que de me confesser . Telle est l'audition desdits comparants qu'ils ont affirmée par serment véritable, et de laquelle ils m'ont demandé acte que je leur ai octroyé, pour leur servir et valoir ce que de raison : fait,lu, et passé dans le presbytère dudit Ferney, en présence de Bernard Jacquet manœuvre et Jean Larchevêque ancien syndic, demeurant audit Ferney, témoins requis, lesdits comparants et déclarant ont signé à la minute avec moidit Raffo notaire et non lesdits témoins, pour ne savoir écrire de ce enquis .

Contrôlé à Gex ledit jour 15 avril 1769, reçu vingt-et-un sols. Signé Delachault

Par première expédition audit Rd père capucin

Raffo notaire

approuvant deux mots interlignés »

D'après V* le texte de cette profession de foi aurait été composé par Gros et des amis de l'écrivain . Enfin V* produisit différents actes émanant des mêmes personnages que précédemment, et qui ne sont en fait que des attestations de moralité ; voir lettre du 3 août 1769 au cardinal de Bernis : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7619

 

Voir aussi : https://www.jstor.org/stable/40520328?read-now=1#page_sca... : https://www.jstor.org/stable/40520328?read-now=1#page_scan_tab_contents

2 Elle n'est pas connue .

5 Prince Georg Christian von Lobkowitz, dont il est question page 174 : https://www.persee.fr/doc/hes_0752-5702_1986_num_5_2_1422

6 Précis du Siècle de Louis XV, chap. I : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_1

Voir le cinquième des Articles extraits du Journal de politique et de littérature : « Mémoires d’Adrien-Maurice de Noailles, duc et pair, maréchal de France, ministre d’État ».

7 Juan Pignatelli de Aragon, comte de Fuentès, ambassadeur à Paris, père du marquis de Mora .

8 Le duc de Villa-Hermosa, recommandé à V*, cmme Mora, par d'Alembert .

9 Précis du Siècle de Louis XV, chap. XXXIV (1758 ) : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_34

10 Formant les tomes XI et XII de l’édition in-4° de Cramer .

11 C'est ce qu'a en effet écrit Saint-Florentin dans une lettre du 3 novembre 1768 .

16/10/2024

ce mourant tâchera de leur faire les honneurs de son tombeau autant qu'il lui sera possible

... Heureusement ce mourant a la vie dure et pourra évoquer son tombeau encore neuf ans, pour la plus grande gloire de l'esprit français et le plaisir de ceux qui aiment la liberté et la justice .

 

 

« A Gabriel Cramer

Je suis dans l'état le plus triste, j'ai la fièvre toutes les nuits ; M. Rieu m’amena hier un étranger à dîner, je ne pus me mettre à table . Je voudrais être en état de recevoir MM. les comtes de Schombourg 1 et de Goerts 2 comme je le dois . Mais s'ils ont la curiosité de voir un mourant, ce mourant tâchera de leur faire les honneurs de son tombeau autant qu'il lui sera possible .

Je prie monsieur Cramer d'avoir la bonté de leur présenter mon respect, je lui serai très obligé

Voltaire.

Ce 14 avril 1769. »

15/10/2024

Il faut sans doute aimer sa maîtresse ; mais il ne faut pas abandonner tout le monde

... Demande , prière réservée aux célibataires !

Pour le cas des couples, aimer sa maîtresse et ne pas abandonner son épouse, réclame une bonne santé et un fichu caractère de faux-jeton , détestable .

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

13è avril 1769

J’apprends que le père d’Eudoxie donne à sa fille un beau trousseau dans une seconde édition . Heureusement le libraire de Genève n’a point encore commencé la sienne 1. Ainsi, mon cher ami, j’attendrai que vous m’ayez envoyé la nouvelle Eudoxie pour la faire mettre dans ce recueil ; plus vous aurez mis de beautés de détail dans votre ouvrage, plus il sera touchant . Ce n’est que par ces détails qu’on va au cœur ; ce n’est que par eux que Jean Racine fait verser des larmes. Les situations, les sentences, ne sont presque rien : il y en a partout ; mais les beaux morceaux qu’on retient malgré soi, et qui vont remuer le fond de l’âme, font seuls passer leur homme à la postérité.

Je suis très en peine de votre ami M. de La Borde. Il m’avait écrit, il y a deux mois, pour une affaire importante, et depuis ce temps je n’ai eu aucune nouvelle de lui, quoique je lui aie écrit trois lettres 2 consécutives. Je lui avais envoyé un paquet pour Mme Denis : point de nouvelles de mon paquet. Aurait-il abandonné Pandore, ses affaires, ses amis, pour une femme dans laquelle il est enterré jusqu’au cou ? Il faut sans doute aimer sa maîtresse ; mais il ne faut pas abandonner tout le monde . Vous avez pourtant la mine d’en faire autant que lui. »

2 Elles sont perdues.