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16/01/2024

les gens qui parlent de tout sans rien savoir, gens qui sont en fort grand nombre, ont fait de beaux commentaires sur le voyage

... Gabriel Attal ne tient pas en place et communique son virus à quelques-uns de ses ministres, ce qui déplait à beaucoup, mais plait à tous ces Français qui se sentent flattés chaque fois qu'une "huile" est à portée de main et de voix, à la stupide ère du selfie et de la gloire du "vu à la TV" .

Qui sont-ce ? https://www.gouvernement.fr/composition-du-gouvernement

 

 

« A François de Chennevières

25 Mai 1768

Il me semble, mon cher ami, qu’on a peu d’attention à la poste pour vos paquets. Non seulement je vous avais envoyé quarante écus pour votre M. de Mesnard, mais je vous avais envoyé encore quarante écus pour madame Denis, avec une lettre. Rien de tout cela n’est arrivé à bon port. Vous voyez qu’il y a des gens qui courent après les sommes les plus modiques. Je ne hasarde point de vous envoyer la Guerre, que vous demandez ; on l’imprime à Paris.

Je sais, mon cher ami, que les gens qui parlent de tout sans rien savoir, gens qui sont en fort grand nombre, ont fait de beaux commentaires sur le voyage de ma nièce ; mais, puisque vous avez eu l’occasion de lui parler de moi, vous savez sans doute qu’il n’y a pas un mot de vrai dans tout ce qu’on a dit. Elle est allée à Paris pour raccommoder nos affaires, qu’une absence de quinze ans avait beaucoup délabrées ; malgré ce délabrement, je lui donne vingt mille francs de pension, et environ dix tant au reste de la famille qu’à madame Dupuits. Un vieillard comme moi a peu de besoins ; il faut qu’il ne vive que pour la retraite et pour la sobriété ; je suis honteux même du beau château que j’occupe ; j’espère bientôt le vendre pour madame Denis, et me retirer dans un ermitage plus convenable à mon âge et à mon humeur. Je vous confie ma situation. Je compte sur votre amitié et sur celle de madame de Chevennièvres. »



15/01/2024

Je veux avant de mourir remplir mon devoir, et jouir de quelque consolation

... Que sera-t-il ce devoir pour Mme Vautrin ministre tricéphale et quelle consolation cherchera-t-elle dans ses nouvelles fonctions, elle qui est anti-avortement et défavorable à tout changement pour la fin de vie ? https://www.msn.com/fr-fr/lifestyle/bien-etre/catherine-v...

Nous donnera-t-elle un testament balzacien ? Il est amusant d'y voir un Moretti , ô coincidence ! http://i-voix.net/2019/05/testament-vautrin.html

 

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire

intime et historiographe de S. A. E.

à Mannheim

A Ferney 24 mai [1768]1

Enfin, mon cher ami, si Leurs Altesses Électorales le permettent, ce ne sera plus mon seul petit buste qui leur fera sa cour, ce sera moi-même, ou plutôt l’ombre de moi-même qui viendra se mettre à leurs pieds et vous embrasser de tout son cœur. Je serai libre au mois de juillet ; je ne serai plus le correcteur d’imprimerie des Cramer. J’ai rempli cette noble fonction quatorze ans avec honneur. Le scribendi cacoethes 2, qui est une maladie funeste, m’a consumé assez. Je veux avant de mourir remplir mon devoir, et jouir de quelque consolation . Celle de revoir Schewsingen est ma passion dominante . Je ne peux y aller que dans une saison brûlante, car telle est ma déplorable santé, qu’il faut que je fasse du feu dix mois de l’année.

Franchement je ne suis pas fait pour la cour de monseigneur l’électeur ; il ne se chauffe jamais, il a toute la vigueur de la jeunesse : il dîne et soupe. Je suis mort au monde ; mais la reconnaissance et l’attachement pourront me ranimer. En un mot, mort ou vif, je vous embrasserai, mon cher ami, à la fin de juillet. Je suis bien vieux, mais mon cœur est encore tout neuf.

V. »

1 Édition Luchet .

2 Juvénal, Satires, VII, 12 . Trad ; : la fâcheuse manie d'écrire . V* qui ne sait guère le grec , écrit cacohetes le mot cacoethes.

Il a daigné faire du bien à ceux que j’ai pris la liberté de lui recommander, et je lui suis trop attaché pour lui présenter des personnes indignes de sa protection.

... C'est ainsi que M. Attal  commente ses choix ministériels auprès du président . Les faits , malheureusement, montrent qu'il n'a pas que des blanc-bleu dans son équipe , et les hors-jeu débordent déjà .

A ce rythme là, va savoir ce qui nous attend encore : https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/remaniement-acte-ii-macron-monte-en-premiere-ligne-des-nominations-toujours-attendues_228318.html

 

 

 

« A Henri Lambert d'Herbigny, marquis de Thibouville

22 mai 1768

Je vous aimerai autant que j’aimerai mes anges, c’est-à-dire jusqu’à mon dernier soupir. Je n’écris guère, mon cher marquis, parce que j’ai très peu de temps à moi. La décrépitude, les souffrances du corps, l’agriculture, les peines d’esprit, inséparables du métier d’homme de lettres, une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV, tout cela ne me laisse pas respirer. Ajoutez-y la calomnie toujours aboyante, et les persécutions toujours à craindre, vous verrez que j’ai besoin de solitude et de courage.

Je sais qu’un de mes malheurs est de ne pouvoir être ignoré. Je sais tout ce qu’on dit, et je vous jure qu’il n’y a pas un mot de vrai. Je n’aime la retraite que parce qu’elle est absolument nécessaire à mon corps et à mon âme. Vivez à Paris, vous autres mondains ; Paris est fait pour vous, et vous pour lui. Aimez le théâtre comme on aime sa vieille maîtresse qui ne peut plus donner de plaisir, mais qui en a donné. Tout le monde la trouve fort vilaine ; mais il est beau à vous et à mes anges d’avoir avec elle de bons procédés.

Il y a très longtemps que je n’ai écrit à ces chers anges ; mais si vous leur montrez ma lettre, ils y verront tous les sentiments de mon cœur.

Je suis enchanté que vous causiez souvent avec madame Denis. Vous devez tous deux vous aimer ; je vous ai vus tous deux très grands acteurs. Entre nous, mon ami, la vie de la campagne ne lui convient pas du tout. Je ne hais pas à garder les dindons, et il lui faut bonne compagnie ; elle me faisait un trop grand sacrifice ; je veux qu’elle soit heureuse à Paris, et je voudrais pouvoir faire pour elle plus que je n’ai fait.

J’ai avec moi actuellement mon gendre adoptif , qui sera assurément un officier de mérite. M. le duc de Choiseul, qui se connaît en hommes, commence déjà à le distinguer. Il a daigné faire du bien à ceux que j’ai pris la liberté de lui recommander, et je lui suis trop attaché pour lui présenter des personnes indignes de sa protection.

Je compte toujours sur celle de MM. les ducs de Choiseul et de Praslin. Vous savez que j’en ai un peu besoin contre la cabale fréronique, et même contre la cabale convulsionnaire, qui seraient bien capables de me persécuter jusqu’au tombeau, comme les jésuites persécutèrent Arnauld. Mon curé prend l’occasion de la Pentecôte pour vous faire ses plus tendres compliments. La première fois que je rendrai le pain bénit, je vous enverrai une brioche par la poste.

V. »

 

 

 

les grands médecins de l’antiquité étaient apothicaires, et composaient eux-mêmes leurs remèdes ; en quoi ils l’emportaient beaucoup sur nos médecins d’aujourd’hui, parmi lesquels il y en a plus d’un qui ne sait pas où croissent les drogues qu’il ordonne

...

 

 

« A Jean-Baptiste Tollot

21è mai 1768

Le jeune homme, monsieur, à qui vous avez bien voulu écrire, serait très fâché de vous avoir contristé, attendu qu’il n’a voulu que rire 1. Tout le monde rit, et il vous prie instamment de rire aussi. On peut très bien être citoyen de Genève, et apothicaire, sans se fâcher. M. Colladon, mon ami, est d’une des plus anciennes familles de Genève, et un des meilleurs apothicaires de l’Europe 2. Quand on écrit à un apothicaire en Allemagne, l’adresse est À Monsieur N….., apothicaire très renommé. MM. Geoffroy et Boulduc, apothicaires,3 étaient de l’Académie des sciences, et ont eu toute leur vie de l’amitié pour moi. Tous les grands médecins de l’antiquité étaient apothicaires, et composaient eux-mêmes leurs remèdes ; en quoi ils l’emportaient beaucoup sur nos médecins d’aujourd’hui, parmi lesquels il y en a plus d’un qui ne sait pas où croissent les drogues qu’il ordonne.

Êtes-vous fâché qu’on dise que vous faites de beaux vers ? Si Hippocrate fut apothicaire, Esculape eut pour père le dieu des vers. En vérité, il n’y a pas là de quoi s’affliger ! On vous aime et on vous estime ; soyez sain et gaillard, et n’ayez jamais besoin d’apothicaire. »

3 Les frères Etienne-François (1672-1731 ) et Claude-Joseph Geoffroy ( 1685-1752 ) ainsi que Simon Boulduc ( 1652-1729 ) et son fils Gilles-François ( 1675-1742 ) furent tous des maîtres apothicaires et des membres de l'Académie des sciences .

Voir : https://books.openedition.org/mnhn/1858?lang=fr

14/01/2024

il n'en est pas moins sensible à vos attentions obligeantes

... Tel doit être Eric Dupont Moretti envers Emmanuel Macron : https://www.francetvinfo.fr/politique/eric-dupond-moretti...

 

 

 

« A madame Nicolas-Bonaventure Duchesne

Libraire

rue Saint-Jacques au Temple du goût

à Paris

M. de Voltaire, madame, étant toujours très malade, me charge de vous remercier de votre lettre du 29 avril . Il n'a point reçu le paquet de M. d'Audifret 1 ; il n'en est pas moins sensible à vos attentions obligeantes.

J'ai l'honneur d'être, madame, votre très humble et très obéissant serviteur

Wagnière

pour M. de Voltaire.

Au château de Ferney 18è mai 1768. »

13/01/2024

c’est là la véritable politique d’un homme d’État, de faire craindre un meurtre qu’il n’aurait pas même intention de commettre

... Ou comment dégommer Rachida Dati, promue on ne sait pourquoi, en la mettant sous le feu des projecteurs, soupçonnée de corruption passive . M. Attal, vous vous marchez sur le sac ( Vuitton, bien entendu ) si c'est involontaire, et bravo si c'est le but de la manoeuvre .

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon, de

l'Académie des belles-lettres

rue du Doyenné Saint-Louis du Louvre

à Paris

18è mai 1768 à Ferney

Il n’y a pas de milieu, mon cher ami, vous le savez, vous le voyez, vous en convenez ; il faut que l’amour domine ou qu’il soit exclu. Tous les dieux sont jaloux, et surtout celui-là. C’est bien lui qui demande un culte sans partage. Vous pouvez faire d’Eudoxie une tragédie vigoureuse et sublime, en vous contentant honnêtement de peindre la veuve d’un empereur assassiné, une fille qui voit mourir son père, une mère qui tremble pour son fils. Encore une fois, cela est beau, cela est grand, et ceux qui aiment la vénérable Antiquité vous en sauront beaucoup de gré. Mais vous êtes amoureux, mon cher ami, et vous voulez que votre héroïne le soit : vous avez dit : Faciamus Eudoxiam ad imaginem nostram 1. De tendres cœurs vous ont encouragé, vous avez voulu mêler l’amour au plus grand et au plus terrible intérêt. Sancho Pança vous dirait qu’on ne peut pas ménager la chèvre et le chou.

Si vous voulez absolument de l’amour, changez donc une grande partie de la pièce ; mais alors je vous avertis que vous retomberez dans le commun des martyrs, que vous vous privez de tous les beaux détails, de tous les grands tableaux que votre ouvrage comportait.

Je penserai toujours que vous pouvez faire un rôle admirable de l’ambassadeur ; il peut et il doit faire trembler Eudoxie pour son fils ; c’est là la véritable politique d’un homme d’État, de faire craindre un meurtre qu’il n’aurait pas même intention de commettre. Je ne vois pas trop quel intérêt aurait ce Genséric de conserver le fils de Valentinien  mais il a certainement un très grand intérêt de déterminer Eudoxie à se joindre à lui, par la crainte qu’il doit lui inspirer pour la vie de son fils. Rien n’est si naturel, et surtout dans un barbare tel que Genséric : l’histoire en fournit cent exemples. Je ne me souviens plus quelle était la femme qui défendait sa ville contre des assiégeants qui étaient déjà sur la brèche et qui lui montraient son fils prisonnier, prêt à périr si elle ne se rendait pas ; elle troussa bravement sa cotte : « Voilà, dit-elle, qui en fera d’autres. »

Je vous demande en grâce de me faire tenir vos Commentaires sur Pindare 2 quand ils seront imprimés.

A l’égard de la musique d’opéra, mon cher ami, il faut du génie et des acteurs ; ce sont deux choses peu communes. Ne doutez pas que je ne fasse pour le péché originel tout ce que vous croirez convenable. Notre aimable musicien 3 peut m’envoyer tous les canevas qu’il voudra, je les remplirai comme je pourrai, bien persuadé que le pauvre diable de poète doit être l’esclave du musicien comme du public.

Je vous remercie tendrement de votre acharnement pour Pandore, mais ayez-en cent fois plus pour Eudoxie ; ne l’oubliez que deux mois pour la reprendre avec fureur ; soyez terrible et sublime autant que vous êtes aimable.

Je vous envoie une fadaise 4 à l’adresse que vous m’indiquez. Je vous envoie cette lettre en droiture, afin que vous soyez averti 5. »

1 Adapté de la Genèse, I, 26 ; Faisons Eudoxie à notre image .

2 Discours sur Pindare et sur la poésie lyrique, avec la traduction de quelques odes, 1769 . (Georges .Avenel.)

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96333217/texteBrut

3 La Borde

4 Probablement La Guerre civile de Genève .

5 On trouve dans le Dictionnaire philosophique, à l’article ANA, et sous l’adresse de Damilaville, une lettre adressée à Thieriot le 7 Mai 1768. (G.A.)

12/01/2024

Nardi parvus onix eliciet cadum / Un petit onyx plein de nard fera sortir une jarre 

... Un petit jeune, premier ministre plein d'assurance, fera sortir un gouvernement.

Mais, sacré nom de Zeus pourquoi a-t-il fait revenir Rachida Dati, qui plus est en délicatesse avec la justice ? Vous me direz, on n'en est plus à un ministre près qui soit plus ou moins en dehors des clous . Dati ! à la Culture ! les marques de luxe ont désormais leur ministre , la culture restera Stéphane Bern .

https://www.liberation.fr/politique/en-direct-remaniement-et-gouvernement-attal-suivez-la-nomination-des-nouveaux-ministres-20240111_HTQD6D5ST5GFVAH3NIDMWKHTAY/

 

 

 

« A George Keate, Esqr
Nandos Coffee-house

à Londres

A Ferney 17è mai 1768 1

Enfin, monsieur, je viens de recevoir et de lire les beaux vers dont vous m'honorez ; je sais encore assez d'anglais2 pour sentir tous les charmes de votre ouvrage . Vous ne pouviez mieux me consoler de votre absence . Il me semble que vos vers sont assez dans le goût de Thompson, mais je vous trouve fort supérieur à lui par l'aménité que vous répandez sur tout ce que vous écrivez . Vous êtes à présent presque le seul qui souteniez en Angleterre l'honneur des muses 3 .

Je ne manquerai pas de vous envoyer sans délai la collection très mal imprimée qui ne mérite pas la place que vous voulez lui donner dans votre bibliothèque

Nardi parvus onix eliciet cadum 4 ,

mais mon cadus ne vaut pas votre nardus 5.

Je suis honteux d'avoir fait tant de vers, et Dieu merci, je suis dans un âge où l'on renonce aux passions dangereuses .

Versus et cœtera ludicra pono 6,

mais moins je fais de vers français, plus j'aime vos vers anglais .

Croyez que je suis aussi très sensible à certaines beautés naturelles et fortes de Shakespeare . Si ses tragédies ne sont pas de notre goût, il y a des détails qui me charment . Il en est ainsi de Lopez de Vega en Espagne . S'il y avait plus de chaleur et d'intérêt dans le Caton d'Addison 7, cette pièce serait à mon gré la première de l'Europe .

Adieu mon très cher confrère, recevez avec bonté les tendres embrassements d'un vieux solitaire malade

V. »

1 Original, initiale autographe, mention « franco Engen ».

3Effectivement seuls Thomas Gray et Christopher Smart écrivaient encore des vers de quelque valeur à cette époque

4 Un petit onyx plein de nard fera sortir une jarre : Horace, Odes, IV, xii, 17 ; https://fr.wikisource.org/wiki/Odes_(Horace,_Leconte_de_Lisle)/IV/12

Une petite coquille de nard fera paraître le tonneau qui est couché dans les celliers de Sulpicius abondant en espérances nouvelles et très-efficace contre les soucis amers.

5 Cadus = chaudron . Nardus = nard .

6Horace, Épîtres, I, i, 10 ; j'abandonne les vers et les autres divertissements .