Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/06/2024

il n’y a point aujourd’hui d’inquisiteurs en France qui fassent brûler les peintres qui les dessinent

... Et vive Charlie ! couverture ancienne mais l'actualité des trublions parlementaires est raccord :

ch1584.jpg

Fondamentalement lâches, les gueulards n'osent pas affronter ouvertement Charlie .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

21 novembre 1768

Il vaut mieux servir tout à la fois que plat à plat . Ainsi j’envoie à mon divin ange les Guèbres tout entiers, sous le couvert de M. le duc de Praslin. Il m’a paru impossible d’adoucir les traits contre messieurs de Pluton. Si ce sont en effet des prêtres païens, des prêtres des enfers, on ne peut trop les rendre odieux . Si les malintentionnés s’obstinent à traiter cela d’allégories, rien ne les en empêchera, quelque tour que l’on prenne.

Je sens bien que mon nom est plus à craindre que la pièce même. Ce serait mon nom qui ferait naître toutes les allusions ; il porte toujours malheur à la sacro-sainte. Il est constant que la chose en elle-même est non-seulement de la plus grande innocence, mais de la meilleure morale. Si les allusions qu’on peut faire devaient empêcher les pièces d’être jouées, il n’y en aurait aucune qu’on pût représenter. Le possédé a pris son parti . Si on ne peut avoir une approbation, il s’en passera très bien ; il fera imprimer la facétie, qui déplaira beaucoup aux persécuteurs, mais qui plaira infiniment aux persécutés.

Et, après tout, comme il n’y a point aujourd’hui d’inquisiteurs en France qui fassent brûler les peintres qui les dessinent, je ne vois pas qu’il y ait plus de danger à imprimer cette pièce que celle du Royaume en interdit 1, ou de l’Honnête Criminel 2.

Je vous demande en grâce, mon cher ange, de lire l’article « Lally »3  au quatrième volume du Siècle. Je suis convaincu qu’il était aussi innocent que le brutal, et que rien n’est aussi injuste que la justice.

L’abbé de Chauvelin, cette fois-ci, ne doit pas être mécontent . Au reste, il est bien difficile de contenter tout le monde et son père 4.

Respect et tendresse.

V. »

1 Lothaire et Valrade, ou le Royaume mis en interdit, tragédie en cinq actes et en vers (par Gudin de la Brenellerie), 1767, in-8°, publié en 1768 à Amsterdam, mais jamais joué ; voir lettre de mai 1768 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/01/10/en-attendant-on-le-prie-d-envoyer-les-quatre-volumes-des-nou-6479620.html

3 Au chapitre XXXIV du Précis du siècle de Louis XV : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_34

4 La Fontaine, « Le meunier , son fils et l'âne » : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/meunfils.htm

03/06/2024

lokje n’ai point entendu parler de vous

... Pas le moins du monde !

Et ce ne sont pas les spots politico-publicitaires que vous faites qui vont m'instruire sur votre curiculum et votre programme, mesdames et messieurs les candidat.e.s aux élections européennes . Pourquoi s'encombrer l'esprit avec les dires, de Bardella à Elisabeth Bornes  ? Dès le 9 juin au soir, et pour 90% d'entre vous ( sur quatre-vingt-un partants ), vous retournerez à l'oubli ou vous y resterez, et n'aurez que le souci de tenter de vous faire rembourser vos frais de campagne, ce qui est bien le moindre .

Voir tous ces zigotos : https://www.touteleurope.eu/vie-politique-des-etats-membr...

 

 

 

« A Philippe-Charles-François-Joseph de Pavée, marquis de Villevielle

19è novembre 1768 à Ferney

Je vous ai attendu, mon cher marquis, et je n’ai point entendu parler de vous. Si je suis assez malheureux pour ne vous pas posséder chez moi, si vous êtes à Montpellier, je vous demande une grâce, c’est de me mettre au fait d’un prétendu marquis de Bélestat. J’ai reçu plusieurs lettres sous ce nom, datées de Montpellier. Celui qui les écrit se dit un jeune homme qui aime les lettres. Il m’envoya, il y a quelques mois, un Éloge de Clémence Isaure. Je lui ai écrit, depuis ce temps-là, deux lettres pour une affaire très importante . Je n’ai point eu de réponse ; et on m’avertit que ce marquis de Bélestat n’existe pas. Dites-moi, je vous prie, ce que vous en savez. Soyez bien persuadé surtout que de tous les marquis de votre pays vous êtes celui que j’aime le mieux.

V. »



02/06/2024

Vous vous êtes rendu monsieur

... et madame aussi, à Bruxelles et à Strasbourg, mais pour quoi faire et comment : https://www.francetvinfo.fr/elections/elections-europeenn...

Maintenant vous savez ...

 

 

 

« A Charles de Brosses, baron de Montfalcon

Ferney 19 novembre [1768] 1

Vous vous êtes rendu monsieur aux prières de M. Legouz [concernant les meubles de Voltaire].

1 Le manuscrit olographe de trois pages a été vendu par Charavay et acheté par Darel à la vente Fatio du 15 juin 1932. Année et destinataire se déduisent de la lettre du 11 novembre 1768 à de Ruffey : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/05/20/il-eut-mieux-fait-de-se-desister-entierement-qu-en-partie-6499110.html

il en faut faire une ville commerçante ou n'en rien faire du tout . Mais pour y appeler des habitants et le commerce il faut y jeter des trésors et y établir en tout genre une liberté inaltérable . Sans ces deux moyens, on perdra toutes ses avances

... Bien vu mon cher Voltaire .

Des moyens financiers et surtout une liberté absolue, sources de développement indispensables, deux conditions qui semblent plus que difficiles à réunir dans toutes ces petites communes qui perdent leurs commerces et leurs médecins .

Etat des lieux : https://www.journaldeslycees.fr/actualite-jeunes/morbihan/lycee-jean-baptiste-colbert/petits-commerces--bientot-un-souvenir---,1889.html

et :  https://brm-conseil.fr/fr/2023/03/30/commune-recherche-son-medecin-generaliste-voici-pourquoi-vous-ne-trouvez-pas/

On connait le mal, reste à appliquer le remède .

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

rue Bergère, vis-à-vis l'hôtel des Menus

à Paris

18è novembre 1768

Ma chère nièce, le résultat de votre dernière lettre et de celle de M. d'Argental a produit son effet en grande partie . Les premières scènes du Vè acte qui étaient très languissantes et faiblement écrites sont devenues touchantes et fortes, et tout ce qu'on a demandé avec juste raison a été fait sur-le-champ ; mais pour le grand point qui regarde la prêtraille, il est impossible d'y remédier . C'est le fondement de la pièce . Un grand inquisiteur païen ne peut être qu'un objet d'horreur ; et si ce païen ressemble à quelques chrétiens, ce n'est pas ma faute . Il faudra voir si en présentant l'ouvrage à monsieur le Chancelier, qui est un homme d’esprit et qui n'est pas sacerdotal, on ne pourrait pas fermer la bouche aux faiseurs d'allusions . Le temps est plus favorable qu'on ne croit . On me mande de Toulouse que j'ai converti les trois quarts du parlement 1 . Il en est à peu près de même à Dijon, à Besançon et à Grenoble . Il est certain que le monstre du fanatisme rend les derniers soupirs en se débattant . Les Guèbres lui donneront l'extrême-onction . Si on ne les joue pas, on les fera imprimer avec la préface la plus sage, et la plus capable de dérouter les faiseurs d'allusions . C'est à mon gré l'ouvrage le moins mal inventé et le moins faible qui soit sorti du cabinet de votre ami . J'oubliais de vous dire que monsieur le Chancelier m'a écrit, sur Le Siècle de louis XIV, la lettre la plus agréable et la mieux faite . On en parait très content jusqu'à présent .

On me mande que le roi de Danemark avait dit au roi de France que je lui avais appris à penser 2. Un prince qui parle ainsi était bien en état de penser sans moi .

Vos voisins les républicains de Genève paraissent bien changés ; ils jouent tous la comédie . Je suis sorti une fois de ma solitude pour aller à leur invitation . Ils m'ont reçu mieux qu'un ambassadeur . Je ne suis pas si content des éléments . Je crains une grande disette pour l'année prochaine . Je me suis obstiné à faire semer trois fois un petit champ que je protège, et que je cultive comme un potager .

Tout le Châtelard tombe de vétusté . Je commence de nouveaux bâtiments qui coûteront quinze mille livres . Cela augmentera votre terre que j'améliore autant que je peux .

Je ne sais pas encore ce que deviendra Versoix . Il est certain qu'il en faut faire une ville commerçante ou n'en rien faire du tout . Mais pour y appeler des habitants et le commerce il faut y jeter des trésors et y établir en tout genre une liberté inaltérable . Sans ces deux moyens, on perdra toutes ses avances . Je serais outré de désespoir que M. le duc de Choiseul ne réussit pas dans ses entreprises . On dit que les Français ont encore été battus par les Corses le 2 du mois . Cela est d’autant plus triste que toute l'Europe est corse .

Je ne sais où est actuellement votre frère le Turc . Il a dû recevoir son Siècle comme vous le vôtre. J'ai à lui écrire et je ne sais où le prendre . J'attends le retour d'Hornoy pour le remercier de tous ses bons offices .

Je crois vous avoir déjà mandé que l'affaire du président Hénault n'était point du tout finie, et qu je suis chargé de le défendre 3 contre les violentes critiques du prétendu marquis de Bélestat, sous le nom duquel on a vexé le président . Il y a là un fond d'intrigue fort singulier et fort plaisant . Je cherche à découvrir l'espiègle qui a joué cette comédie . C'est malheureusement un homme d'esprit et savant . L'abbé Boudot cherche actuellement des armes pour m'aider à combattre .

Je vous embrasse le plus tendrement du monde vous et vos deux enfants .

V. »

1 On a vu dans la lettre du 13 novembre 1768 à Christin , qu'Audra est loin d'avoir dit cela ; mais on a vu aussi que c'est déjà ce que répète V* depuis quelque temps ; voir lettre du12 novembre 1768 au duc de Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/05/22/vous-etes-accoutume-a-reparer-quelquefois-les-fautes-d-autrui.html

et voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/05/24/non-seulement-toute-la-jeunesse-du-parlement-mais-une-grande-partie-du-cent.html

2 C'est ce qu'a dit d'Alembert à V* le 12 novembre 1768 : page 181 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_%28d%E2%80%99Alembert%29/Correspondance_avec_Voltaire/Texte_entier

à quoi Mme Du Deffand apporte une confirmation en écrivant les 7 décembre 1768 à Walpole que le roi ne dit rien qui vaille la peine d'être rapporté « excepté quelques louanges qu'il donne de temps en temps à Voltaire et au feu président de Montesquieu »

3 L'expression montre à quel point V* sait donner un tour aux événements qu'il rapporte . Mme Du Deffand s’exprime à cet égard comme suit dans une lettre à Walpole du 23 novembre 1768 : « Il y a dans cette brochure [l'Examen de la nouvelle histoire de Henri IV ] une critique amère et cinglante de la Chronologie du président ; nous avons été occupés pendant quatre mois à empêcher qu’il en eût connaissance […] Il y a six semaines ou deux mois que le président reçoit une lettre de Voltaire qui lui parle de cette brochure et lui transmet l'article qui le regarde, et une autre qu'on peut appliquer à une personne bien considérable . Nous fûmes bien déconcertés ; le président ne fut pas aussi troublé que nous l'appréhendions . Il fait une réponse fort sage : Voltaire lui a récrit trois lettres depuis cette première ; il veut absolument qu’il réponde, et comme le président persiste à ne le vouloir pas, il lui offre de répondre pour lui . Le président y consent, pourvu que Voltaire y mette son nom. » Mme Du Deffand ajoute qu'on soupçonne Voltaire lui-même d'avoir fait cet Examen, ce qui est très invraisemblable .

01/06/2024

Il me déplaît infiniment

... [ me déplaisent ] Mélenchon, Bardella, Zemmour et tutti quanti ...

 

 

« A Gabriel Cramer

J'ai envoyé chercher les quatre exemplaires deux fois chez M. Souchay . Monsieur Cramer m'a oublié absolument . Il est portant nécessaire d'envoyer ces quatre exemplaires à des journaux . Je l'ai promis , et on me saurait très mauvais gré d'y manquer . Je renvoie les deux volumes de Duplessis-Mornay. Ce que je cherche est dans la bibliothèque de Genève ou dans celle de M. Turetin 1. Il est très important pour l'Histoire générale que je consulte ces deux volumes .

Je ne sais pas ce que monsieur Cramer imprime actuellement, mais j'espère qu'il m'en informera . Il y a beaucoup de choses à insérer dans l'histoire générale, ainsi que dans Le Siècle de Louis XIV.

Le procédé de Panckoucke est inconcevable . Il me déplaît infiniment ; il a tort de me manquer, et monsieur Cramer en conviendra .

Mille compliments à madame Cramer.

V.

18è novembre [1768] »

1 Marc Turrettini ( 1712-1793 ) a hérité d'une fort belle bibliothèque de son père Jean Alphonse Turrettini ( 1671-1737 ) ; voir Eugène de Budé, Vie de François Turrettini, 1880 : https://archive.org/details/viedefranoistur00budgoog/page/n8/mode/2up

Voir : https://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr&n=turrettini&oc=2&p=marc

et : https://humanities.unige.ch/turrettini/presentation-de-la-correspondance/les-personnes-et-les-themes-de-la-correspondance

31/05/2024

On dit que les Français ont encore été frottés en Corse

... Fake news du XVIIIè siècle , mais pas si loin de l'actualité du XXIè.

images.jpg

 

 

 

« A Charles Bordes

18è novembre 1768 1

Il y a mille ans que je ne vous ai écrit, mon cher ami ; voici un petit livre qui m’est tombé entre les mains[ 2 ; je vous prie de m’en dire votre avis 3.

Vous avez reçu sans doute le Lion et les Trois Empereurs. On dit que les Français ont encore été frottés en Corse le 2 du mois 4. Que diable allaient-ils faire dans cette galère !5

La révolution s’opère sensiblement dans les esprits, malgré les cris du fanatisme. La lumière vient par cent trous qu’il sera impossible de boucher. Je vous embrasse mille fois. »

1 Original ; édition Kehl, voir lettre du 16 septembre 1768 à Bordes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/03/on-ne-fait-pas-toujours-tout-ce-dont-on-serait-capable-6492490.html

Voir note de l'édition de Cayrol et François. — Ce billet, presque entier, faisait jusqu’alors partie de la lettre à Bordes du 17 décembre. (Georges Avenel.) [http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-...]

2 L’A, B, C.

3 Dans la lettre du 17, on lisait ici : « Je ne vous ai point envoyé les Siècles parce qu’ils sont pleins de fautes typographiques : mon sort est d’être ridiculement imprimé. »

4 Nouvelle largement répandue d'une défaite française, mais fausse .

30/05/2024

Croyez-vous que Moustapha l’imbécile déclare la guerre

... Oui ! On ne compte plus les Moustapha va-en-guerre dans ce Moyen-Orient et cet Orient qui menacent le monde d'embrasement . Ils ont pour modèle ce Poutine qui rêve d'empire et ne craint pas de tuer une population pour avoir son territoire . Ajoutons à ce scénario catastrophe un Neanyahou jusqu'au-boutiste et un Hamas dégueulasse . Pour ne citer que le minimum . Sale temps pour la planète .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

18 novembre 1768

Mes anges avaient très grande raison de s’endormir, comme au sermon, aux deux premières scènes du cinquième acte des Guèbres ; le diable qui affligeait alors le petit possédé était un diable très soporatif 1, un diable froid, un diable à la mode. Ces scènes n’étaient que des jérémiades où l’on ne faisait que répéter ce qui s’était passé, et ce que le spectateur savait déjà. Il faut toujours, dans une tragédie, que l’on craigne, qu’on espère à chaque scène ; il faut quelque petit incident nouveau qui augmente ce trouble ; on doit faire naître à chaque moment, dans l’âme du lecteur, une curiosité inquiète. Le possédé était si rempli de l’idée de la dernière scène, quand il brocha cette besogne, qu’il allait à bride abattue dans le commencement de l’acte, pour arriver à ce dénoûment, qui était son unique objet.

À peine eut-il lu la lettre céleste des anges qu’il refit sur-le-champ les trois premières scènes qu’il vous envoie. Il ne s’en est pas tenu là ; il a fait, au IVè acte, des changements pareils : il polit tout l’ouvrage. Ce n’est plus le seul Arzémon qui tue le prêtre, c’est toute la troupe honnête qui le perce de coups. Il n’y a pas une seule de vos critiques à laquelle votre exorcisé ne se soit rendu avec autant d’empressement que de reconnaissance. Le diable de la Chose impossible 2 n’était pas plus docile.

À l’égard des adoucissements sur la prêtraille, c’est là véritablement la chose impossible, qui est au-dessus des talents du diable. La pièce n’est fondée que sur l’horreur que la prêtraille inspire ; mais c’est une prêtraille païenne. Mahomet a bien passé, pourquoi les Guèbres ne passeraient-ils pas ? Si on craint les allusions, il y en avait cent fois plus dans le Tartuffe.

Trouveriez-vous à propos que Marin montrât la pièce au chancelier 3, ou plutôt que quelqu’un de ses amis la lui confiât comme un ouvrage posthume de feu La Touche, auteur de l’Iphigènie en Tauride ? Un homme fraîchement sorti du Parlement ne s’effrayera pas de l’humiliation des prêtres. Il m’a écrit une lettre charmante sur le Siècle de Louis XIV 4.

À l’égard des acteurs, j’oserais presque dire que la pièce n’en a pas besoin . C’est une tragédie qu’il faut plutôt parler que déclamer. Les situations y feraient tout, les comédiens peu de chose ; et le sujet est si piquant, si intéressant, si neuf, si conforme à l’esprit philosophique du temps, que la pièce aurait peut-être le succès du Siège de Calais, et du Catilina de Crébillon, quoique ces deux pièces soient inimitables.

Il y a plus encore : c’est que cette tragédie pourrait faire du bien à la nation . Elle contribuera peut-être à éteindre la flamme où le chevalier de La Barre a péri, à la honte éternelle de ce siècle infâme.

Si on ne peut jouer les Guèbres, il se trouvera un éditeur qui la fera imprimer avec une préface sage 5, dans laquelle on ira au-devant de toutes les allusions malignes. Un jour viendra que les Welches seront assez sages pour jouer les Guèbres. C’est dans cette douce espérance que je me mets à l’ombre de vos ailes avec toute la tendresse imaginable.

Est-ce Villars qu’on appelle aujourd’hui Praslin ? ou est-ce Praslin auprès de Châlons ?

Croyez-vous que Moustapha l’imbécile 6 déclare la guerre à ma Catau-Sémiramis ? Ne pensez-vous pas que le pape aide sous main les Corses ? Si vous ne faites pas rentrer l’infant dans Castro 7, je vous coupe une aile.

Et du blé, en aurez-vous ? Je vous avertis que j’ai été obligé de semer trois fois le même champ. L’Évangile ne sait ce qu’il dit quand il prétend que ce blé doit pourrir pour germer 8 ; les pluies avaient pourri mes semences, et, malgré l’Évangile, je n’aurais pas eu un épi. Je suis un rude laboureur.

V. »

1 Les exemples donnés par Littré montrent que V*a dû contribuer à répandre l'emploi figuré de ce mot, qui n'était jusque-là à peu près qu'un terme de médecine ; soporifique était un terme employé dans le même sens par les médecins.

2 Tiré d’un conte de La Fontaine « La Chose impossible » : https://www.museejeandelafontaine.fr/?CHOSE-LA-IMPOSSIBLE&lang=fr

3 Maupéou.

4 La lettre de Maupéou à V* est conservée et est en effet aimable .

5 Cette préface n’était pas encore composée, à ce qu’il paraît ; mais ce fut dans les mêmes idées que Voltaire composa celle-ci : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome6.djvu/499

6 Le sultan Moustapha III (28 janvier 1717 – 21 janvier 1774) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_souverains_ottomans . L’Empire ottoman déclara la guerre à la Russie le 6 octobre 1768 : https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2022/04/23/la-guerre-russo-turque-de-1768-a-1774/