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06/01/2024

Cette bonne compagnie de Paris est fort agréable, mais elle ne sert précisément à rien. Elle soupe, elle dit de bons mots, et pendant ce temps-là les énergumènes excitent la canaille, canaille composée à Paris d’environ quatre cent mille âmes

... un million selon eux !

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Pour mémoire

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

6 Mai 1768

Mon divin ange, le mémoire de votre infant 1 m’a paru modéré et ferme. Voilà donc la seconde guerre de Parme et du Saint-Siège ! Quand les Barberins firent la première, ils firent jurer aux soldats de rapporter tous leurs fusils quand la paix serait faite, comptant bien qu’il n’y aurait aucun homme de tué ni de fusil perdu. Les choses ne se seraient pas passées ainsi du temps de Grégoire VII ou d’Innocent IV ; ils auraient dit comme Jodelet à l’infant :

Petit cadet d’infant, vous aurez cent nasardes ;

Car, me devant respect, et l’ayant mal gardé,

Le moindre châtiment c’est d’être nasardé.2

Il faut espérer que Rezzonico 3, qui a un nez à la vénitienne, et qui n’a pas le nez fin, recevra seul les croquignoles.

J’ai eu pendant trois jours M. le marquis de Mora que vous connaissez. Je vous prie de faire une brigue pour qu’on l’associe quelque jour au ministère d’Espagne. Je vous réponds qu’il aidera puissamment le comte d’Aranda, son beau-père, à faire un nouveau siècle. Les Espagnols avancent quand nous reculons. Ils ont fait plus de progrès en deux ans que nous n’en avons fait en vingt. Ils apprennent le français pour lire les ouvrages nouveaux qu’on proscrit en France. On a rogné jusqu’au vif les griffes de l’inquisition, elle n’est plus qu’un fantôme. L’Espagne n’a ni jésuites ni jansénistes. La nation est ingénieuse et hardie ; c’est un ressort que la plus infâme superstition avait plié pendant six siècles, et qui reprend une élasticité prodigieuse. Je suis fâché de voir qu’en France la moitié de la nation soit frivole et l’autre barbare. Ces barbares sont les jansénistes. Votre ministère ne les connaît pas assez. Ce sont des presbytériens 4 plus dangereux que ceux d’Angleterre. De quoi ne sont pas capables des cerveaux fanatiques qui ont soutenu les convulsions pendant quarante années ? Il est cruel d’être exposé aux loups, quand on est défait des renards.

Informez-vous, je vous en prie, du personnage qui a pris le nom de Chiniac La Bastide Duclos, avocat au parlement, et qui est auteur des Commentaires sur le Discours des libertés gallicanes, de l’abbé de Fleury 5. C’est un énergumène qui établit le presbytérianisme tout cru . Il est de plus calomniateur très insolent, à la manière janséniste. Eux et leurs adversaires calomnient également bien, le tout pour la gloire de Dieu et la propagation du saint Évangile.

Comme vous ne voyez aucun de ces cuistres, vous pourriez vous mettre au fait par M. l’abbé de Chauvelin.

Je sais que la bonne compagnie méprise si fort tous ces animaux-là, qu’elle ne s’informe pas seulement s’ils existent. Les femmes se promènent aux Tuileries, sans s’inquiéter si les chenilles rongent les feuilles. Cette bonne compagnie de Paris est fort agréable, mais elle ne sert précisément à rien. Elle soupe, elle dit de bons mots, et pendant ce temps-là les énergumènes excitent la canaille, canaille composée à Paris d’environ quatre cent mille âmes, ou soi-disant telles.

L’autre tripot, j’entends celui de la Comédie, est, quoique vous en disiez, mon cher ange, dans un état déplorable. Voilà vingt femmes qui se présentent, et pas un homme : et encore aucune de ces femmes n’est bonne que pour le métier où elles réussissent toutes, et qu’on ne fait pas devant le public.

M. le duc de Choiseul a envoyé seize officiers dans mon hameau : domandavo acqua, non tempestà 6. Quand j’arrivai dans ce désert, on n’aurait pu y loger quatre sergents. Tous les officiers y sont assez à leur aise ; mais l’église est devenue trop petite . Il faut l’agrandir, et édifier mes paroissiens. J’y fais prier Dieu pour la santé de la reine. J’ai déjà été exaucé sur celle de madame d’Argental. Puisse-t-elle longtemps jouir avec vous de la vie la plus heureuse ! Pour moi, tant que je respirerai, je conserverai pour vous deux mon culte de dulie. 

V.»

1 Ferdinand , duc de Parme dont d'Argental est le ministre à Paris . Voir : https://books.openedition.org/pul/6585?lang=fr

4 Comme d'habitude, V* utilise ce terme au sens général d'anti-épiscopalien . Voir : https://normandie-univ.hal.science/hal-02060733/document

5 Chiniac en était bien l’auteur. (Georges Avenel.)

Sur cet ouvrage, voir lettre du 25 mars 1768 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/11/17/on-a-toujours-raison-quand-on-rit-6471523.html

6 Je demandais de l'eau, non la tempête.C’est l’exclamation d’un paysan italien qui demandait au ciel de la pluie, et non de l’orage. (Beuchot.)

Je me flatte cependant que malgré nos détestables cagots, je vous apprendrai bientôt de bonnes nouvelles

... Pas mieux ! 2024 que nous réserves-tu ?

 

 

« A Jacob Vernes

[vers le 5 mai 1768] 1

J'ai sondé le terrain, mon cher philosophe, il est encore un peu trop raboteux, mais j'espère l'aplanir 2.

Vous me félicitez sur la Russie, félicitez-moi donc aussi sur l'Espagne . J'ai eu chez moi pendant trois jours le gendre du premier ministre d’Espagne qui remplit la Sierra Morena de familles protestantes, qui arrache les dents et les ongles de l'Inquisition, qui fait entrer librement tous les bons livres où les hommes peuvent puiser l'horreur pour le fanatisme, et qui enfin a fait faire en un an plus de chemin aux Espagnols que les Français n'en ont fait depuis vingt . Je me flatte cependant que malgré nos détestables cagots 3, je vous apprendrai bientôt de bonnes nouvelles . Ce sera alors qu’on pourra obtenir plus aisément la grâce de Lamande 4 ; mais je ne conçois pas votre conseil magnifique ou mesquin ; c'est à lui à donner la grâce qu'on demande, et non pas M. le duc de Choiseul, et je ne sais si ce digne ministre est assez content du conseil pour interposer ses bons offices .

Vous n'êtes point charitable, vous ne venez point voir les malades qui vous aiment . Mes compliments aux deux Eusèbes, au prêtre Arius qui faisait des chansons, et même à Nestorius . »

1 L'édition Beaune place la lettre en 1761 . La date réelle se déduit de l'allusion aux deux visiteurs espagnols et à l'inquisition privée de ses ongles .

2 Vernes sera nommé à la paroisse de Saconnex le 16 septembre 1768 . Voir Edouard Dufour : Jacob Vernes, 1728-1791; essai sur sa vie et sa controverse apologétique avec J.-J. Rousseau ... 1898, p. 24 ; et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Vernes

3 Selon V* les cagots sont « … de vils calomniateursDétestables cagots, infâmes délateurs », et non pas ceux -ci : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cagot

4 Voir lettre du 4 novembre 1768 à Beauteville ( http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-annee-1768-partie-30.html ) où il est question de la grâce de ce Joseph Lamande , auteur du Dictionnaire des Négatifs, 1766 , voir page 19 de https://books.google.fr/books?id=Avt8nQEACAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

, ouvrage en prose, catalogue satirique de personnages imaginaires .

Voir : https://www.e-rara.ch/gep_r/content/zoom/26160996

et : https://books.openedition.org/pum/20904?lang=fr

05/01/2024

Quand vous mettrez encore trois ou quatre mois à polir cet ouvrage, le succès vous paiera de toutes vos peines

... "Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage" M. le ministre Clément Beaune : https://www.20minutes.fr/politique/4068928-20240103-immig...

Qu'arrivera-t-il de bon ? Arrivera-t-il quelque chose de bon ?

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon, de

l'Académie des belles-lettres,

rue du Doyenné Saint-Louis du Louvre

à Paris

5 mai 1768 à Ferney

Mon cher ami, je suis comme vous, je pense toujours à Eudoxie. Je vous demande en grâce de ne vous point presser. Je vous conjure surtout de donner aux sentiments cette juste étendue, nécessaire pour les faire entrer dans l’âme du lecteur ; de soigner le style, de le rendre touchant ; que tout soit développé avec intérêt, que rien ne soit étranglé, qu’un intérêt ne nuise point à l’autre ; qu’on ne puisse pas dire : « Voilà un extrait de tragédie plutôt qu’une tragédie » ; que le rôle de l’ambassadeur soit d’un politique profond et terrible ; qu’il fasse frémir, et qu’Eudoxie fasse pleurer ; que tout ce qui la regarde soit attendrissant et que tout ce qui regarde l’empire romain soit sublime ; que <le>1 lecteur, en ouvrant le livre au hasard, et en lisant quatre vers, soit forcé, par un charme invincible, de lire tout le reste.

Ce n’est pas assez qu’on puisse dire  cette scène est bien amenée, cette situation est raisonnable ; il faut que cette scène soit touchante, il faut que cette situation déchire le cœur.

Quand vous mettrez encore trois ou quatre mois à polir cet ouvrage, le succès vous paiera de toutes vos peines. Elles sont grandes, je l’avoue ; mais le plaisir de réussir pleinement auprès des connaisseurs vous dédommagera bien.

Vous vous amusez donc toujours de Pandore ? Je conçois que l’époux soumis et facile 2 est un vrai Parisien, et qu’il ne faut pas faire rire dans un ouvrage aussi sérieux que le péché originel des Grecs.

Comme j’en étais là, je reçois votre charmante lettre du 29 d’avril. Elle a beau me plaire, elle ne me désarme point. Voici ma proposition : c’est que vous vous remplissiez la tête de toute autre chose que d’Eudoxie, pendant trois mois, que vous y reveniez ensuite avec des yeux frais, alors vous pourrez en faire un ouvrage supérieur. Tenez-la prête pour l’impression dès que quelqu’un des quarante passera le pas, et vous serez mon cher confrère ou mon successeur 3.

Mandez-moi, je vous en prie, comment il faut s’y prendre pour vous faire tenir un petit paquet qui ne vous coûte rien. Bonsoir, mon très cher et très aimable ami. »

1 L'article est tombé dans le manuscrit par « saut du même au même »

2 Citation de Pandore, ac. V : Némésis :« Vous régnerez sur votre époux

            Il sera soumis et facile. » . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Pandore_(Voltaire)/1877

3 Chabanon succédera à Foncemagne à l'Académie en 1780 . Voir : https://www.academie-francaise.fr/les-arts-et-les-lettres

Je ferai tout pour eux excepté de les voir . Ma porte est fermée à double tour pour tout le monde

... Paroles de président, ou de première ministre avant un remaniement ministériel envisagé depuis longtemps et qui semble bien être proche ( la période des soldes est là ) : https://www.lefigaro.fr/politique/remaniement-gabriel-att...

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

Ma chère nièce, je me sers de la main de notre ami Bigex pour répondre à votre lettre du 29 . Premièrement je vous prie de dire à M. Guesseman que quand on écrit à Moscou on n' a de réponse qu'au bout de quatre mois , et que les impératrices ne répondent quelquefois qu'au bout de six ans . Vous m'étonnez beaucoup de me dire que les frères Cramer font une souscription 1 . Je ne sais pas un mot de cela . Frère Cramer le conseiller est trop important pour que je le voie ; frère Cramer le libraire est trop dissipé ; il est à Tournay et ne m'instruit de rien . Je n'ai rien vu de son édition qui probablement sera pleine de fautes . Je n'aime de libraires que ceux qui sont à mes ordres . Cependant les frères Cramer sont cause que je suis venu m'enterrer entre les Alpes et le mont Jura . Nous avons actuellement quatorze officiers dans Ferney ; Mallet et moi leur avons fourni des lits, des draps, des pots, des serviettes . M. Dupuits est allé les complimenter . Je ferai tout pour eux excepté de les voir . Ma porte est fermée à double tour pour tout le monde . Si vous voyez le duc de … 2 ne manquez pas de lui dire que j'ai déjeuné plus d'une fois avec vous, que c'est une chose absolument nécessaire dans un pays où tout le monde déjeune, les uns plus, les autres moins ; que l'air est dévorant, que les médecins ordonnent qu'on mange, et qu'il faut mépriser assez les hommes pour faire comme eux ; que je crains surtout ceux qui n'osent pas manger et qui mangeront un jour ; qu'au reste je suis son admirateur . Le premier des hommes de ce siècle, c'est lui ; le second, c'est le comte d'Aranda, et le troisième peut-être est le fils de l’ambassadeur d'Espagne qui est venu passer quelques jours avec moi et qui contribuera certainement avec le premier ministre son beau-père à réformer la nation espagnole . Le duc de Villa Ermosa vous a remis ou doit vous remettre un très gros paquet . Vous savez que M. Dupain a des appointements . Je n'écrirai à mes neveux que dans quinze jours, afin de donner à M. de Laleu le temps d’arranger nos petites affaires . Je les embrasse tendrement aussi bien que l'enfant . J'ignore si M. de Florian est encore à Paris . Ma santé est toujours bien faible et la solitude m'est absolument nécessaire . Voilà un compte exact de ma vie . Ce qu'elle a de plus agréable c'est que vous m'aimez et que je vous aime de tout mon cœur .

V.

4 mai 1768. »

1 Certainement pour l'édition quarto . Voir : https://www.christies.com/en/lot/lot-5996766

2 Choiseul ; la suite peut s'expliquer parle fait que Choiseul passait pour avoir l'estomac délicat , ou plus probablement y voir une allusion à la communion de ses pâques (Jacques P. )

04/01/2024

cela ne pouvait être autrement

... Google sur la bonne piste de la rédemption ( ? ) va cesser progressivement de nous espionner et nous pister comme de vulgaires gibiers : https://www.msn.com/fr-fr/actualite/technologie-et-scienc...

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« Au Conseil suprême de Montbéliard

A Ferney 3è mai 1768

Messieurs,

J'ai reçu enfin le compte que je demandais depuis trois mois . M. Surleau me l'a envoyé . Il est absolument conforme au mien ; et cela ne pouvait être autrement . Comme c'est lui qui m'a envoyé le compte , c'est à lui que j'ai adressé ma quittance générale, avant même d'avoir reçu le reliquat qu'on me doit .

Je me flatte, messieurs , que vous serez contents de mes procédés, et que je n'aurai pas déplu à Son Altesse Sérénissime en acceptent pour ce qui m'est dû jusqu'au dernier mars deux billets purs et simples, payables l'un dans un an, l'autre dans deux .

Je compte sur votre justice et sur vos bontés, pour être exactement payé dorénavant ; car donnant à ma famille une pension de trente mille livres, je serais réduit à la mendicité si vos fermiers et vos régisseurs n'exécutaient pas ponctuellement vos ordres .

J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de reconnaissance

messieurs

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

Cette formalité était absolument nécessaire

... Il était temps de cesser d'engorger les usines d'incinération des ordures de nos déchets organiques recyclables : https://www.marmiton.org/anti-gaspi/tri-des-dechets-oblig...

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« A François-Louis Jeanmaire

3 mai 1768 à Ferney

Je reçois, monsieur, de M. Surleau mon compte entièrement conforme à celui que j'avais envoyé depuis si longtemps . Cette formalité était absolument nécessaire . Je ne crois pas que je vive assez pour toucher dans deux ans le montant des billets que m'a faits Mgr le duc de Virtemberg ; mais je serai assez content si dorénavant les fermiers et les régisseurs me paient avec l'exactitude que vous leur avez recommandée . Je donne trente mille francs par an à ma famille . Sa subsistance et la mienne sont uniquement fondées sur Son Altesse Sérénissime .

J'ai l'honneur d'être, avec tous les sentiments que je vous dois

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire. »

03/01/2024

Je suis malheureusement un homme public, et très public, et entre les deux extrémités où je me trouvais je crois avoir choisi la moins dangereuse

...Par exemple  voyons Joachim Roncin, père de "Je suis Charlie ! " :

https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/l-auteur-du-slogan-improvise-je-suis-charlie-raconte-dans-un-livre-le-voyage-en-absurdie-qui-a-suivi_6280449.html

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« A Marie-Louise Denis

3è mai 1768 1

Je comptais, ma chère nièce, vous envoyer des paquets par Des Franches et par Calas, qui sont tous deux partis trop tôt . La providence m'a envoyé M. le duc de Villa-Hermosa avec M. le marquis de Mora, gendre de cet adorable premier ministre d'Espagne qui a ouvert la porte à la vérité et qui a rogné les griffes de l'Inquisition . Mes ouvrages entrent aujourd'hui plus librement en Espagne qu'en France . La raison a fait des progrès rapides à Madrid et en Italie, mais le monstre à qui on porte tant de coups d'un bout à l'autre de l'Europe se débat dans son sang avec tant de fureur qu'il déchire encore ceux qui l'attaquent . Les jansénistes surtout sont devenus plus insolents et plus dangereux que les jésuites . J'ai toujours prévu que les loups succéderaient aux renards, et il ne faut aller à la chasse aux loups qu'avec les plus extrêmes précautions . J'attends de votre amitié que vous fermerez la bouche aux gens de lettres indiscrets qui me font l'auteur des brochures dont l'Europe est inondée . Vous savez que je n'en ai fait aucune, et que je ne dois pas être la victime de la calomnie .

Il y a trois fanatiques très dangereux dans la pays que j'habite, l’aumônier de la Résidence à Genève, le pauvre évêque d'Annecy, et le riche évêque de Saint-Claude 2. C'est avec ces trois loups qu'il faut que je hurle . Ferney est actuellement peuplé de plus de deux cents personnes ; ce sont des bœufs, et je suis leur bouvier, il faut que je sois à leur pâturage quand ils broutent leur herbe .

Vous savez que nous avons fait faire ensemble des prières pour la santé de la reine ; je les fais toujours continuer . On ne doit certainement reprocher à personne l’accomplissent des devoirs que tout le monde rempli . Je suis malheureusement un homme public, et très public, et entre les deux extrémités où je me trouvais je crois avoir choisi la moins dangereuse . Je m'en remets sur tout cela, encore une fois, à votre amitié et à votre sagesse ; et je me flatte que vous serez secondée par votre famille que j’embrasse de tout mon cœur .

Vous savez que M. Dupuits est ici avec MM. Rieu et Christin . Dîtes à l'enfant combien je l'aime ; j'ai reçu une lettre d’elle qui m'a fait beaucoup de plaisir par les sentiments et même par l'orthographe . »

1 Sur le manuscrit Mme Denis a changé le 3 de la date en 2 .