03/08/2024
Quant au parlement et à l’ordre des avocats, presque tous ceux qui sont au-dessous de l’âge de trente-cinq ans sont pleins de zèle et de lumières
... On peut rêver ! Quelques données : https://datan.fr/statistiques
« A Charles-Augustin Ferriol comte d'Argental
23 janvier 1769
J’avouerai à mon divin ange qu’en faisant usage de tous les petits papiers retrouvés dans la succession de La Touche 1, je pense que le tout mis au net pourra n’être pas inutile à la vénérable compagnie ; mais permettez-moi de penser que ces brouillons de La Touche peuvent procurer encore un autre avantage, celui de rendre toute persécution odieuse et d’amener insensiblement les hommes à la tolérance. C’était le but de ce pauvre Guimond, qui n’a pas été assez connu. Il faut qu’à ce propos je prenne la liberté de vous faire part de l’effet qu’ont produit certains petits ouvrages dans Toulouse même. Voici ce que me mande un homme en place très instruit 2 :
« Vous ne sauriez croire combien augmente dans cette ville le zèle des gens de bien et leur amour et leur respect pour le patriarche de la tolérance et de la vertu. Vous savez que le colonel de mon régiment et ses majors généraux sont tous dévoués à la bonne doctrine. Ils la disséminent avec circonspection et sagesse, et j’espère que dans quelques années elle fera une grande explosion. Quant au parlement et à l’ordre des avocats, presque tous ceux qui sont au-dessous de l’âge de trente-cinq ans sont pleins de zèle et de lumières, et il ne manque pas de gens instruits parmi les personnes de condition.3 »
Par une autre lettre, on me mande que le parlement regarde aujourd’hui la mort de Calas comme un crime qu’il doit expier, et que Sirven ne risquerait rien à venir purger sa contumace à Toulouse, il me semble, mon cher ange, que c’était votre avis. Si je peux compter sur ce qu’on m’écrit, certainement j’enverrai Sirven se justifier et rentrer dans son bien.
Je suis tous les jours témoin du mal que l’intolérance de Louis XIV, ou plutôt de ses confesseurs, a fait à la France. Le gain que vous ferez en prenant la Corse ne compensera pas vos pertes.
Il est bon que la persécution soit décriée jusque dans le tripot de la Comédie ; mais malheureusement les assassins du chevalier de La Barre n’entendront jamais ni Lekain, ni Mlle Vestris.
Vous ne m’avez point instruit du nom des dames qui doivent passer avant la fille du jardinier .4 Je crois que ce sont de hautes et puissantes dames à qui il faut faire tous les honneurs. Je ne vous dissimule pas que j’ai grande envie que la jardinière soit bien reçue à son tour. N’avez-vous point quelque ami qui pût engager le lieutenant de police à lui accorder la permission de vendre des bouquets ? Il me semble qu’à présent l’odeur de ses fleurs n’est pas trop forte et ne doit pas monter au nez d’un magistrat. Quelque chose qui arrive, songez que je vous suis plus attaché qu’à ma jardinière.
Mille tendres respects aux deux anges.
V.»
1 Voir lettre du lettre du 25 juin 1757 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/11/12/en-attendant-ils-montrent-leur-cul-au-roi-de-prusse-mais-il.html
et celle du 12 janvier 1758 à Sénac de Meilhan : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/03/21/je-me-fais-un-plaisir-de-chercher-toutes-les-raisons-qui-peu.html
C’est sous le nom de Guimond La Touche que Voltaire voulait donner sa tragédie .
2 L’abbé Audra.
3 Il s'agit toujours de la lettre de Joseph Audra, mais ici V* cite le paragraphe intégralement ; voir lettre du 5 janvier 1769 à Gaubert Lavaysse : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/17/il-est-vrai-qu-il-s-y-trouve-plus-qu-ailleurs-des-hommes-dur-6507350.html
4 La tragédie des Guèbres.
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02/08/2024
ces gens-là ont l'esprit trop dur
... Et le coeur sec !
Sans citer de noms dont la liste est interminable, on en trouve autant que du fumier dans les écuries d'Augias et il faudrait un nouvel Hercule pour s'en débarrasser . Je le prierai de commencer par la Russie et le Moyen-Orient, puis l'Afrique, l'Asie, l'Amérique, puis enfin l'Europe . J'ose espérer que l'Antarctique est encore un havre où la science abolit la haine guerrière .
« A Joseph Vasselier
Je vous prie, mon cher correspondant, de vouloir bien dire à M Tabareau combien je m'intéresse à sa santé, et d'avoir la bonté de m'en apprendre des nouvelles . Il est bien étrange que les jésuites aient encore un parti à Lyon . Il y a des gens qui voudraient que le dernier jésuite eût chassé le dernier oratorien ; mais ces gens-là ont l'esprit trop dur .
Le solitaire vous embrasse de tout son cœur .
20è janvier 1769 à Ferney. »
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Permettez-moi ensuite d’en appeler à tous les commentateurs passés et à venir.
... Prudence et hypocrisie si vous tenez à votre place ; vous êtes appelés à être entendus par des millions d'auditeurs et surveillés comme le lait sur le feu, attention à tout propos qui pourrait vexer , l'humour et le second degré ne sont pas de mise, la sanction est immédiate comme celle de Bob Ballard "scandaleux" sexiste : https://www.francetvinfo.fr/les-jeux-olympiques/paris-202...
Médaille d'or de la lâcheté pour la chaîne Eurosport qui s'est dégonflée face à X-Fesse-de-bouc , doublée de la médaille des culs serrés .
« A Louise-Bernarde Berthier de Sauvigny
20 janvier 1769 1
Je commence, madame, par vous remercier de la boîte que vous voulez bien avoir la bonté de me faire parvenir par M. Lullin.
Permettez-moi ensuite d’en appeler à tous les commentateurs passés et à venir. Certainement, madame, vous dire qu’il est à craindre que des réfugiés, et surtout un banqueroutier chicaneur, ne déterminent monsieur votre frère à se plaindre, ce n’est pas vous dire qu’il vous menace et qu’il plaidera. Certainement vous exposer ses douleurs et son malheur, solliciter votre pitié naturelle pour votre frère, ce n’est pas vous animer l’un contre l’autre. Je ne connais point d’homme de son état qui soit plus à plaindre, et je n’ai pas douté un moment, quand vous avez voulu que je le fisse venir chez moi, que vous n’eussiez intention de soulager, autant qu’il est en vous, des infortunes si longues et si cruelles : il se les est attirées, je l’avoue ; mais il en est bien puni.
Je ne savais qu’une petite partie de ses fautes et de ses disgrâces. J’ai tout appris ; vous m’en avez chargé ; je lui ai fait quelques reproches, et il s’en fait cent fois davantage. Je crois que l’âge et le malheur l’ont mûri ; mais il est d’une facilité étonnante. C’est cette malheureuse facilité qui l’a plongé dans l’abîme où il est.
Voilà pourquoi j’ai pensé qu’il est à propos de le tirer des mains de l’homme 2 qui semble le gouverner dans le pays de Neuchâtel, et qui lui mange le peu qui lui reste. J’ai cru que ce serait lui rendre un très grand service, et ne pas vous désobliger. Cet homme a été autrefois connu de monsieur votre père 3, et ensuite receveur en Franche-Comté. Il a perdu tout son bien, et vit absolument aux dépens de M. de Morsan. Enfin monsieur votre frère me mande qu’il ne lui reste plus que dix-huit francs. C’est sans doute un grand et triste exemple qu’un homme, né pour avoir deux millions de bien, soit réduit à cette extrémité. Ses fautes ont creusé son précipice ; mais enfin vous êtes sa sœur, et votre cœur est bienfaisant.
Il m’a envoyé un exemplaire de l’arrêt du conseil, du 2 août 1760. Je vois que ses dettes se montaient alors, tant en principaux qu’en intérêts, à plus de onze cent vingt mille livres. Assurément il n’avait pas brillé pour sa dépense.
Je vois, par un mémoire intitulé Succession de monsieur et de madame d’Harnoncourt, que, tout payé, il lui reste encore quatre cent vingt-quatre mille et tant de livres substituées, indépendamment des effets restés en commun, qui ne sont pas spécifiés. Ainsi je ne vois pas comment on lui a fait entendre qu’il pouvait avoir quarante-deux mille livres de revenu.
Quel que soit son bien, je l’exhorte tous les jours à être sage et économe. Mais je crois, comme j’ai eu l’honneur de vous le mander 4, madame, qu’il est de son devoir d’assurer, autant qu’il le pourra, une petite pension à la nièce de l’abbé Nollet, qui s’est sacrifiée pendant quatorze ans pour lui. Je conçois bien que ce n’est pas à vous de ratifier cette pension, puisque vous n’êtes pas son héritière, et que c’est une affaire de pure conciliation entre lui et Mme Nollet, dans laquelle vous ne devez pas entrer. Je n’insiste donc que sur votre compassion pour les malheureux, surtout pour un frère. Je ne lui connais, depuis qu’il est mon voisin, d’autre défaut que celui de cette facilité qui le plonge souvent dans l’indigence. Le premier aventurier qui paraît puise dans sa bourse. Ce serait une vertu s’il était riche ; mais c’est un vice, quand on s’est appauvri par sa faute.
Je crois vous avoir ponctuellement obéi, et vous avoir assez détaillé tout ce qui est venu à ma connaissance. Ma conclusion est qu’il faudrait qu’il se jetât entre vos bras, que vous lui tinssiez lieu de mère, quoique vous soyez plus jeune que lui ; qu’il sortît de Neuchâtel, et qu’il ne fût plus gouverné par un homme qui peut le ruiner et l’aigrir ; qu’il vécût dans quelque terre, comme madame sa femme. Il a besoin qu’on gouverne ses affaires et sa personne. Il faut surtout qu’il tombe en bonnes mains. Il aime les lettres, il a des connaissances ; l’étude pourrait faire sa consolation. Enfin je voudrais pouvoir diminuer les malheurs du frère, et témoigner à la sœur mon attachement inviolable et mon zèle.
J’ai l’honneur d’être avec bien du respect . »
1 Minute largement révisée par V* ce qui montre l'importance qu'il attache à cette lettre ; édition Supplément au recueil, II, 11è-120.
2 Guérin .Voir lettre du 30 janvier 1769 à Mme de Sauvigny : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-annee-1769-partie-4.html
3 Pierre Durey d’Harnoncourt : 6 mai 1682-27 juin 1765 . Voir : https://books.openedition.org/pufc/3100?lang=fr
4 Voir lettre du 3 janvier 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/12/ceux-que-nous-avons-obliges-une-fois-semblent-avoir-des-droi-6506657.html
08:33 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il y a longtemps que je sais que les femmes ne sont pas infiniment exactes en affaires
... Première réaction : Voltaire sale misogyne !
Après réflexion, que j'espère éclairée, j'espère que vous avez noté ce qui fait toute la différence, et supprime toute condamnation : infiniment . Ce qui nous met tout simplement à égalité avec les hommes qui eux aussi ne peuvent être infiniment exacts en affaires . Et c'est parce qu'il sait ce qu'il dit que j'aime infiniment le patriarche .
« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
20è avril 1769
Je vous avais bien dit, madame, que j’écrivais quand j’avais des thèmes 1. J’ai hasardé d’envoyer à votre grand’maman ce que vous demandiez . Cela lui a été adressé par la poste de Lyon, sous l’enveloppe de son mari. Vous n’avez jamais voulu me dire si messieurs de la poste faisaient à votre grand’maman la galanterie d’affranchir ses ports de lettres. Il y a longtemps que je sais que les femmes ne sont pas infiniment exactes en affaires.
Vous ne me paraissez pas profonde en théologie quoique vous soyez sœur d’un trésorier de la Sainte-Chapelle 2. Vous me dites que vous ne voulez pas être aimée par charité : vous ne savez donc pas, madame, que ce grand mot signifie originairement amour en latin et en grec . C’est de là que vient « mon cher », « ma chère ». Les barbares welches ont avili cette expression divine ; et de charitas ils ont fait le terme infâme qui parmi nous signifie l’aumône.
Vous n’avez point pour les philosophes cette charité qui veut dire le tendre amour ; mais, en vérité, il y en a qui méritent qu’on les aime. La mort vient de me priver d’un vrai philosophe 3 dans le goût de M. de Formont 4; je vous réponds que vous l’auriez aimé de tout votre cœur.
Il est plaisant que vous vous donniez le droit de haïr tous ces messieurs, et que vous ne vouliez pas que j’aie la même passion pour La Bletterie. Vous voulez donc avoir le privilège exclusif de la haine ? Eh bien ! madame, je vous avertis que je ne hais plus La Bletterie, que je lui pardonne, et que vous aurez le plaisir de haïr toute seule.
Vous ne m’avez rien répondu sur l’étrange lettre du marquis de Bélestat. Je lui sais très grand gré de m’avoir justifié ; sans cela, tous ceux qui lisent ces petits ouvrages m’auraient imputé le compliment fait au président Hénault 5. Vous voyez comme on est juste.
Je m’applaudis tous les jours de m’être retiré à la campagne depuis quinze ans. Si j’étais à Paris, les tracasseries me poursuivraient deux fois par jour. Heureux qui jouit agréablement du monde ; plus heureux qui s’en moque et qui le fuit ! Il y a, je l’avoue, un grand mal dans cette privation : c’est qu’en quittant le monde je vous ai quittée . Je ne peux m’en consoler que par vos bontés et par vos lettres. Dès que vous me donnerez des thèmes, soyez sûre que vous entendrez parler de moi, que je suis à vos ordres, et que je vous enverrai tous les rogatons qui me tomberont sous la main.
Mille tendres respects.
V. »
1 Voir lettre du 6 janvier 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/18/m-6507463si-elle-repond-qu-il-n-y-a-nul-danger.html
2 Nicolas-Marie de Vichy de Chamrond ; V* a dicté nièce avant de corriger en sœur ; il est bien le frère de Mme Du Deffand : https://gw.geneanet.org/charaltouvi?lang=fr&n=de+vichy&oc=1&p=nicolas
3 Damilaville.
4 V* ne songe à ce rapprochement que parce que Formont a fait parie du cercle de Mme Du Deffand ; voir lettre du 8 mars 1769 à la marquise : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-annee-1769-partie-9.html
Au reste le « fanatique » Damilaville était au reste très différend du dilettante Formont .
5 Voir lettre du 13 septembre 1768 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/26/m-6491423.html
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01/08/2024
Est-il vrai qu'on ait supprimé la caisse d'escompte
... Oui, et plutôt deux fois qu'une : https://fr.wikipedia.org/wiki/Caisse_d%27escompte
Il est à ne pas oublier que le taux de rendement du LEP passe ce jour de 5% à 4% ! Merci aux ministres qui visiblement n'en ont jamais eu besoin et à la future fournée qui ne fera pas mieux .
« A Marie-Louise Denis
rue Bergère, vis-à-vis l'hôtel des Menus
à Paris
20è janvier 1769
Ma chère nièce, vous recevrez incessamment, deux paquets que vous apporte M. Des Franches, l'un contient de petites apostilles sur l'affaire de Guimond de La Touche, l'autre regarde votre terre de Ferney, et vous y trouverez un mémoire que vous pourrez envoyer à M. Gayot . Je crois que vous pouvez m'écrire avec liberté par la voie de M. Marin . Les lettres contresignées chancelier ne sont jamais ouvertes, et d'ailleurs une liberté sage n'est jamais dangereuse .
Est-il vrai que le lit de justice 1 n' a pas été bien reçu dans Paris ? Est-il vrai que le public soit indisposé contre M. le duc de Choiseul, et désapprouve hautement la guerre de Corse ? Est-il vrai qu'on ait supprimé la caisse d'escompte que M. de Laborde avait formée ? Voilà de ces choses qu'on peut mander avec la discrétion requise, sans rien risquer, surtout quand 2 est mêlé avec les affaires de La Touche et de la Comédie .
Dites-moi surtout des nouvelles de votre santé, qui m'intéresse beaucoup plus que La Touche et Mme Vestris . Bonsoir , ma chère nièce, votre ancien ami vous embrasse très tendrement. »
1 Le lit de justice du 11 janvier 1769 où de nouveaux impôts et de nouveaux emprunts furent enregistrés par le parlement . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8614225k.image
2 Un mot comme on a été probablement oublié .
17:40 | Lien permanent | Commentaires (0)
les filles n'y ont gagné que la vérole, il est bien juste que la ville de Gex en ait sa part
... Non, ce n'est pas le bilan des festivités du 1er août à Genève, mais pour ceux qui connaissent cette ville, on n'en est pas loin, le commerce sexuel y étant florissant au grand dam de Calvin ; lequel commerce ne connaissant pas de frontière, Gex n'y échappe sûrement pas .
Suivez le programme : https://lepaysgessien.lemessager.fr/649320972/article/202...
« A Marie-Louise Denis
17è janvier 1769 à Ferney
Je vous envoie, ma chère nièce, un petit paquet par M. Des Franches, dans lequel vous trouverez les changements essentiels pour l'ouvrage de La Touche . Ils sont dans une grande feuille, divisée par coupons comme des effets royaux ; rien ne sera plus aisé que de mettre ces coupons à leur place, avec quatre petits pains .
Voici une autre affaire . C'est une requête que je vous prie très fort de signer, et d'envoyer à M. Gayot, votre ancien ami . Nous avons été terriblement vexés, le pauvre Mallet et moi . Les soldats du régiment de Cambrésis sont ingouvernables, quelque peine que les officiers aient prise pour les contenir . Votre pauvre village a été foulé, figurez-vous qu'on a été obligé de fournir cinquante paires de draps, autant de couvertures et dix-sept lits garnis d'officiers . Mallet et moi, nous avons presque tout fourni . Le paysan était près de tout abandonner et de s'enfuir . Des hommes et des femmes ont été battus, les filles n'y ont gagné que la vérole, il est bien juste que la ville de Gex en ait sa part . Pour moi, j'avoue que je ne puis tenir à ce voisinage . Je ne veux point importuner M. le duc de Choiseul de ces détails dans lesquels il n'entre guère . Je le crois assez embarrassé de la malheureuse expédition en Corse . Ces petites choses très importunes dépendent entièrement de M. Gayot . Je ne doute pas qu'il n'ait beaucoup d'égard à vos représentations . La chose presse, voici le temps de la distribution des quartiers . Il ne vous en coûtera qu'une petite lettre à M. Gayot pour appuyer la requête . Plût à Dieu que vous eussiez vendu Ferney qui ne rapporte que de l'embarras, vous auriez beaucoup d'argent comptant, et je mourrais tout aussi bien à Tournay qu'à Ferney, le président De Brosses ayant eu honte enfin de ses infâmes procédés, et s'étant mis à la raison .
Je me flatte, ma chère nièce,que votre santé est entièrement raffermie . On dit que votre saison est charmante et que vous avez le printemps au mois de janvier ; nous l'avons aussi,mais nous le paierons chèrement .
Je n'ai point entendu parler du paquet du président Hénault que vous vouliez m'envoyer par la diligence de Lyon .
Aimez-moi toujours un peu, c'est mon unique plaisir dans ma profonde retraite.
V. »
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Je sais bien que l’Europe n’approuve pas cette guerre , mais les ministres peuvent voir ce que le reste du monde ne voit pas. D’ailleurs cette entreprise étant une fois commencée, on ne pourrait guère y renoncer sans honte
... Voila ce qui résume fort bien les prises de position vis-à-vis de l'Ukraine contre la Russie . Jusqu'où peut-on aller sans faire tuer nos concitoyens ? Nos ministres sont-ils/elles si clairvoyant.e.s ? Je crains bien que non .
« A François-Gabriel Le Fournier, chevalier de Wargemont
16è janvier 1769
Le solitaire, monsieur, à qui vous daignez vous expliquer avec confiance, le mérite du moins par son extrême attachement pour vous. Il pense comme vous qu’on casse des cruches de terre avec des louis d’or, et qu’après s’être emparé d’un pays très misérable, il en coûtera plus peut-être pour le conserver que pour l’avoir conquis. Je ne sais s’il n’eût pas mieux valu s’en déclarer simplement protecteur avec un tribut ; mais ceux qui gouvernent ont des lumières que les particuliers ne peuvent avoir. Il se peut que la Corse devienne nécessaire dans les dissensions qui surviendront en Italie. Cette guerre exerce le soldat et l’accoutume à manœuvrer dans un pays de montagnes.
Je sais bien que l’Europe n’approuve pas cette guerre , mais les ministres peuvent voir ce que le reste du monde ne voit pas. D’ailleurs cette entreprise étant une fois commencée, on ne pourrait guère y renoncer sans honte.
Si vous voyez M. de Chauvelin, je vous supplie, monsieur, d’ajouter à toutes vos bontés celle de lui dire combien je m’intéresse à lui. Je lui suis attaché depuis longtemps. La nation corse ne méritait guère qu’on lui envoyât l’homme le plus aimable de France et le plus conciliant.
Je vous tiens très heureux, monsieur, de pouvoir passer votre hiver auprès d’un homme aussi généralement aimé et estimé que M. le prince de S*** 1. Il me semble que le public rend justice à la noblesse de son âme, à sa générosité, à sa bonté, à sa valeur et à la douceur de ses mœurs. Il m’a fait l’honneur de m’écrire une lettre 2 à laquelle j’ai été extrêmement sensible ; cela console ma vieillesse, qui devient bien infirme. Je mourrai en le respectant. Je vous en dis autant, monsieur, et du fond de mon cœur.
V.»
1 Soubise .
2 Dans cette lettre qui est connue, le prince de Soubise remercie V* de l'envoi de « quatre volumes du Siècle de Louis XIV et de Louis XV » et de la délicatesse avec laquelle il a traité de la bataille de Rossbach .
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