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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Sans ces trois objets il faudrait demander l'aumône pour le présent ,... Je viendrai à bout de tout avec une sage économ

... Comprenez-vous maintenant pourquoi la première ministre use à tour de bras du 49-3 pour l'adoption du budget national ?

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Souriez ! c'est la fête de tout le monde !

 

 

« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy

15è mars 1768

Mon cher magistrat, maman doit avoir reçu une lettre , adressée à son passage à Dijon pour être renvoyée à Paris dans votre maison . Je lui ai écrit depuis en droiture . Je ne lui écris point aujourd'hui afin de ne pas multiplier des ports de lettres sans nécessité, ce qui est un ancien axiome d'Aristote .

Je pense avec vous que l'abbé Blet est un goguenard qui amuserait un conseiller au Parlement pendant un an, avant de lui payer un écu, et je suis persuadé que M. le maréchal de Richelieu ne pourra pas tenir contre la présence et les besoins de Mme Denis .

Comme M. de Lézeau n'est pas si grand seigneur que monsieur le maréchal, gouverneur de Guyenne, premier gentilhomme de la Chambre, etc., je me flatte que le procureur boiteux le forcera de payer . Je me charge de M. le duc de Virtemberg . Sans ces trois objets il faudrait demander l'aumône pour le présent , Mme Denis m'ayant laissé quinze mille livres de dettes criardes à payer comptant . Je viendrai à bout de tout avec une sage économie .

Tous les procédés de La Harpe ont été bien cruels pour moi . Il m'a fait un mal qu'il ne pourra jamais réparer, mais il faut l'oublier et lui pardonner . La colère n'est bonne à rien ; les reproches sont inutiles, je lui ferais du mal , et je ne veux certainement pas lui en faire ; il n'est pas riche, il est marié, il a besoins d'avoir des protecteurs et de n'avoir point d'ennemis . Enfin n'en parlons plus ; ne songeons qu'à rendre maman heureuse, et vous aussi mon cher neveu, si je le puis, avant de rendre mon corps aux quatre éléments .

J'embrasse bien tendrement maman, et le gros abbé ; mettez vos grosses joues auprès de celles de ma fille adoptive, mais n'allez pas trop fort de peur de déplaire à mon capitaine que j'embrasse de tout mon cœur .

Avant de fermer ma lettre j'en reçois une de maman du 10 , avec un billet du capitaine et de marmousette 1. Maman aura sans doute reçu la lettre que je lui ai écrite à Dijon et deux autres à Paris . Je n'écrirai à maman qu'au premier ordinaire . Je la conjure de regarder l'affaire avec M. de Richelieu comme son objet principal, tout le reste viendra après . Je lui apprends que tout est à Genève dans une paix profonde . Plusieurs gens des deux partis sont actuellement chez moi et boivent du thé ensemble de la meilleure amitié . Il y a huit jours qu'on était prêt de s’égorger . Dites à Mme Denis que je ne suis pas si mal avec Dieu et le diable . »

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01/11/2023 | Lien permanent

J'espère beaucoup des Russes

... Au point où l'on en est , seul l'espoir subsiste . La réalité est plus dure .

 Et je suis toujours amusé par cet ami Voltaire qui, il y a peu, s'adaptant à son interlocuteur, disait franchement : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/04/g...

Cette attitude , de nos jours, est tout à fait le reflet de la politique des affaires étrangères, selon que l'on envisage les Russes comme des adversaires ou des clients potentiels .

 Résultat de recherche d'images pour "J'espère beaucoup des Russes humour"

Déclare Poutine à son peuple !

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire de

Son Altesse Sérénissime Électorale Mgr

l’Électeur Palatin

à Manheim

Aux Délices 20 janvier [1762] 1

Mon cher Collini, le paquet que j’ai adressé à Son Altesse Électorale était si gros que je n'ai pas osé y mettre un autre nom que le sien de peur que la poste refusât de s'en charger . Au reste cette pièce dont vous parlez n'est qu'une simple esquisse ; et je travaille à rendre l'ouvrage plus digne de lui .

Je suis bien vieux et bien cassé . Ma vue s'affaiblit, mes oreilles deviennent bien dures . Cependant je ne perds jamais de vue l'affaire de Francfort, et je ne désespère pas d'obtenir justice . J'espère beaucoup des Russes . Il faudra bien qu'à la fin les Smith et les Freitag connaissent qu'il y a une providence . J'aiderai un peu cette providence si j'ai la force de faire un voyage ; et comme on espère toujours, j'espère faire un voyage et vous embrasser dès que je serai quitte de mon Pierre Corneille.

Adio caro.

V. »

1 Collini a mentionné sur le manuscrit la date et un résumé de la lettre . Dans le second paragraphe, il a biffé les noms de l' « affaire de Francfort » et les a remplacés par Sch... et Fr...

 

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17/01/2017 | Lien permanent

un bon catholique comme moi ne croit pas que les discours des Genevois soient des paroles de l’Évangile

... Mis en ligne le 12/11/2020 pour le 17/7/2015

 

 

« Au comte Alexandre Romanovitch Vorontsov

La lettre dont vous m'honorez, monsieur, m'a fait bien plus de plaisir que vous ne pensez ; elle achève de me convaincre que Pierre le Grand n'a fait que cultiver un des meilleurs terrains de la terre . On n'est point créateur ; on ne donne point de l'esprit ; on ne fait que développer ce que la nature a formé . Ce grand homme avait bien raison de dire que les arts faisaient le tour du monde ; je ne vois que des Russes qui parlent mieux notre langue que nous , et qui pensent mieux que nous sur bien des choses .

J’attends le reste des mémoires de Pétersbourg, pour m’occuper uniquement de Pierre le Grand ; en attendant, j'ai lu avec grand plaisir le petit ouvrage de M. Alethof . Ce secrétaire d'ambassade m'a paru extrêmement poli . Il ne dit pas aux Parisiens la dixième partie de ce qu'il pouvait leur dire, et encore s'exprime-t-il avec une circonspection qui fait voir combien il est civil et honnête . Je suis très fâché qu'une fluxion de poitrine l'ait enlevé de ce monde ; mais aussi de quoi s'avisait-il de lire le discours du sieur Lefranc de Pompignan ? Je conçois qu'il dût être saisi d'un froid mortel, et qu'ensuite, s'étant mis en colère, il s'en est ensuivi une révolution qui lui a causé la mort . Il faut que l'abbé Trublet devienne sage par cet exemple, qu'il prenne de bons bouillons, et qu'il ne s'échauffe plus le sang à compiler, compiler, ce qu'il a jadis entendu dire .

Divertissez-vous, monsieur, de toutes nos folies ; il y en a quelquefois d’amusantes . Je me flatte que nos troupes guerrières réussiront mieux que nos troupes de comédiens, et qu'elle remporteront quelques victoires pour imiter les vôtres . Le bruit courait hier dans Genève que nous avions été battus, mais un bon catholique comme moi ne croit pas que les discours des Genevois soient des paroles de l’Évangile .

J'ai l'honneur d'être, avec bien du respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

L'ermite des Délices

16 juillet [1760] »

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17/07/2015 | Lien permanent

les moutons, comme vous savez, respirent un peu quand les loups et les renards se déchirent

Hier, je me suis partagé entre la Traviata, à mes oreilles, magnifique, à mes yeux, invisible, puis j'ai zappé ( le mot est fort, car sur mon erzatz de microposte, on tourne encore les boutons ! Je suis un manuel dans l'âme !!!) pour "Strip tease, l'émission qui vous déshabille" .Deux  reportages, sans commentaires : http://www.programme-tv.com/15072009/hertzien/ma-soiree.h... ;

des Français en action (Les Tontons squatters) d'une part, pour donner un toit aux sans logis alors que des hectares de logements potentiels sont inoccupés, -et je dis grand bravo à ces gaillards là,- et d'autre part un patron ni méchant ni  aimable, un brave bourgeois self made man lyonnais qui se bagarre pour garder sa fabrique, ses revenus et ses ouvriers, et au passage son épouse Pépette.

 

Tranches de vie d'actualité, réalité sans masque . Je me sens bien faible et quasi égoïste quand je vois certaines actions tentées par des concitoyens gonflés !

Serais-je fondamentalement lâche ? Oui, j'ai peur du gendarme !

Et vous ? Qui vous freine pour râler et agir ?

 

 

 

 

 

-Volti, mon grand menteur devant l'éternel, et pour dire encore plus mon aimable menteur, auriez vous encore sous la main, sans vous faire prendre de risque, un petit ouvrage satanique pour moi ?

-James, tu me connais, il n'y a qu'à demander à te servir :

 http://www.monsieurdevoltaire.com/article-33809654.html

 

Satisfait ?

 

- On le serait à moins ! Merci  Volti, oh ! pardon Monsieur de Voltaire, alias loveV...

 

 

 

 

 

« A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

           Mon grand philosophe, et pour dire encore plus, mon aimable philosophe, vous ne pouvez me dire  Simon dors-tu ? [le 9 juillet d’Alembert écrit :  « je dirais …comme défunt le Christ à défunt Simon Pierre : Simon, dormis ? Il y a un siècle que je n’ai entendu parler de vous . »] ni Tu dors Brutus [référence à La Mort de César]; car assurément je ne me suis pas endormi, demandez plutôt à l’Inf…

 

 

           Comment avez-vous pu imaginer que je fusse fâché que vous soyez de mon avis ?[d’Alembert a écrit :  « Votre long silence m’a fait craindre un moment que vous ne fussiez mécontent de la liberté avec laquelle je vous ai dit mon avis sur le Corneille ,… vous auriez du multiplier les croquignoles et les références. »] Non, sans doute je n’ai pas été assez sévère sur les vaines déclamations, sur les raisonnements d’amour, sur le ton bourgeois qui avilit le ton sublime, sur la froideur des intrigues ; mais j’étais si ennuyé de tout cela que je n’ai songé qu’à m’en débarrasser au plus vite.

 

 

           Il se pourrait très bien faire que saint Crépin [sans doute l’Electeur palatin ; d’Alembert avait écrit :  « …quand le roi de Prusse me demanda si, retournant en France, je m’arrêterais dans toutes ces petites cours borgnes (celles de « tous ces petits principiaux d’Allemagne), je lui répondis que non, parce que « quand on vient voir Dieu, on ne se soucie guère de voir St Crespin »] prît à ses gages maître Aliboron [Fréron]; fréron.jpgil m’a su mauvais gré de ce que j’avais une fluxion sur les yeux qui m’empêchait d’aller chez lui. L’impératrice de Russie est plus honnête ; elle vous écrit des lettres charmantes, quoique vous ne soyez point allé la voir. C’est bien dommage qu’on ne puisse imprimer sa lettre, elle servirait à votre pays de modèle et de reproche.

 

 

           Je souhaite de tout mon cœur qu’il reste des jésuites en France [d’Alembert avait écrit :  « Voilà déjà des parlements qui concluent à garder les jésuites ; j’ai bien peur que ce ne sois enterrer le feu sous la cendre. » La compagnie de Jésus sera dissoute en novembre 1764 par édit du roi.]; tant qu’il y en aura, les jansénistes et eux s’égorgeront : les moutons, comme vous savez, respirent un peu quand les loups et les renards  se déchirent. Le testament de Meslier devrait être dans la poche de tous les honnêtes gens. Un bon prêtre, plein de candeur, qui demande pardon à Dieu de s’être trompé, doit éclairer ceux qui se trompent.

 

 

           J’ai ouï parler de ce petit abominable Dictionnaire [un exemplaire demandé par d’Alembert]; c’est un ouvrage de Satan. Il est tout fait pour vous, quoique vous n’en ayez que faire. Soyez sûr que, si je peux le déterrer, vous en aurez votre provision. Heureusement, je n’ai nulle part à ce vilain ouvrage, j’en serais bien fâché ; je suis l’innocence même, et vous me rendrez bien justice dans l’occasion. Il faut que les frères s’aident les uns les autres. Votre petit écervelé de Jean-Jacques n’a fait qu’une bonne chose en sa vie, c’est son Vicaire savoyard, et ce vicaire l’a rendu malheureux pour le reste de ses jours. Le pauvre diable est pétri d’orgueil, d’envie, d’inconséquences, de contradictions et de misère. Il imprime que je suis le plus violent et le plus adroit de ses persécuteurs [référence à lettre de Rousseau à Duchesne du 28 mai et publiée « Lettre de M. Rousseau de Genève à M. X*** à Paris (1764) ; V* demandera si c’est à Duclos que cette lettre a été adressée]; il faudrait que je fusse aussi méchant qu’il est fou pour le persécuter. Il me prend donc pour maitre Omer ! Il s’imagine que je me suis vengé parce qu’il m’a offensé. Vous savez comme il m’écrivit, dans un de ses accès de folie, que je corrompais les mœurs de sa chère république, en donnant quelquefois des spectacles à Ferney qui est en France [17 juin 1760 :  « vous avez perdu Genève pour le prix de l’asile que vous y avez reçu. » A cette époque le théâtre se donne encore à Tournay. Le 29 septembre, il écrit à Mme de Fontaine :  « Le théâtre de Tournay sera désormais à Ferney. J’y vais construire une salle de spectacle… »]. Sa chère république donna depuis un décret de prise de corps contre sa personne ; mais comme je n’ai pas l’honneur d’être procureur général de la parvulissime [= la plus petite, sous entendu république], il me semble qu’il ne devrait pas s’en prendre à moi. J’ai peur, physiquement parlant, pour sa cervelle ; cela n’est pas trop à l’honneur de la philosophie ; mais il y a tant de fous dans le parti contraire qu’il faut bien qu’il y en ait chez nous. Voici une folie plus atroce. J’ai reçu une lettre anonyme de Toulouse, dans laquelle on soutient que tous les Calas étaient coupables, et qu’on ne peut se reprocher que de n’avoir pas roué la famille entière. Je crois que s’ils me tenaient, ils pourraient bien me faire payer pour les Calas. J’ai eu bon nez de toute façon de choisir mon camp sur la frontière ; mais il est triste d’être éloigné de vous, je le sens tous les jours ; Mme Denis partage mes regrets. Si vous êtes amoureux, restez à Paris ; si vous ne l’êtes pas, ayez le courage de venir nous voir, ce serait une action digne de vous.

 Mme Denis et moi vous embrassons le plus tendrement du monde.

 

 

           Voltaire

           16 de juillet 1764. »

 

 

 

Juste pour la route : deux français experts en sécurité ont été enlevés alors qu'ils venaient en douce éduquer les autorités d'un lointain pays où on sait se battre à longueur d'année, mais pas donner de quoi manger au peuple !

J'en ris , je me remémore Coluche qui se moquait des professeurs de facultés qui "ne les avaient pas toujours" et qui prétendaient donner de l'intelligence aux étudiants alors "qu'ils n'en ont même pas un échantillon sur eux !". Nos vendeurs à la sauvette de moyens de securité ne me semblent pas plus doués, ni fiables .

Encore un marché que va perdre la France !  

Dupond-et-Dupont-dans-desert.gif

"Mon nom est Paumé, Juste Paumé " aurait déclaré le premier, le second n'aura que le temps d'ajouter "Et je dirais même plus..." avant de recevoir le premier coup de pied au derrière.

Je ne leur confierais plus la surveillance de mon vélo !!

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Caro, il faut s'aider dans la vie

... En famille, en voisins, en humains .

 

 

« A Gabriel Cramer

Mardi au soir [juin 1768]1

Caro, il faut s'aider dans la vie . Je vous prie très instamment de me faire avoir les volumes intitulés Lettres et mémoires de Mornay 2.

S'il y a quelque chose dans la bibliothèque de Genève touchant les premiers états de Blois, je vous prie aussi de me le faire avoir . Je ne garderai ces deux livres qu'un jour, et je vous aurai obligation deux ans si je vis deux ans .

Comme la vie est très courte et que je suis très pressé, je vous demande en grâce de me procurer ces deux livres avec tout la diligence que l’amitié inspire . »

1 Édition Gagnebin . Pour la date, voir note suivante .

2 Sur cet ouvrage, voir lettre de septembre-octobre 1767 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/10/me-procurer-des-instructions-necessaires-6442377.html

et voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8620760s/f7.item

V* dut chercher à l'emprunter après avoir lu l'ouvrage dont d'Alembert lui parle au début d'une lettre du 15 juin, laquelle dût lui parvenir à peu près vers le même moment : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/03/correspondance-avec-d-alembert-partie-49.html

L'ouvrage visé par d'Alembert est l'Examen de la nouvelle histoire de Henri IV, de M. de Bury, 1768 , auquel La Beaumelle avait peut-être eu part . V* l'ouvrage  : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k319144h/f8.item

Voir aussi la Correspondance littéraire, VIII, 101-104 .

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01/02/2024 | Lien permanent

Il parait que le parti est pris d'armer toutes les aigles, tous les vautours, tous les faucons ...Moi, qui suis un pauvr

... Je roucoule, je roucoule ! Comme dit le Portugais en faisant son créneau .

 La colombe de la paix va finir en sauteuse , entourée de petits pois dans cette volière de carnassiers .

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« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA

A Colmar, en Alsace, 14 août 1758 1

Madame, je reçus en partant de la cour palatine la lettre 2 par laquelle Votre Altesse sérénissime daignait m'apprendre que son affaire était presque finie avec le Genevois Labat, nouveau baron de Grandcour. Je suis sensiblement affligé que les descendants d'Albert le Dépravé 3 aient eu besoin du Genevois Labat. Mais je me tiens le plus heureux des hommes d'avoir reçu des ordres de Vos Altesses sérénissimes dans cette occasion. Si les horreurs de la guerre continuent, s'il y a quelque autre moyen de prouver mon zèle et mon attachement à la plus digne princesse que j'aie jamais vue, je serai toujours tout prêt tant que j'aurai un reste de vie. Si j'avais été en Angleterre ou en Hollande, je me serais vu à portée de procurer des sommes plus considérables, et probablement à un meilleur prix.

Je tremble toujours, madame, que la guerre n'approche de vos terres et ne ravage encore ce qui reste de Troie 4. Il parait que le parti est pris d'armer toutes les aigles, tous les vautours, tous les faucons contre l'aigle des anciens Alains et Vandales. Moi, qui suis un pauvre vieux pigeon, je m'en retourne à mon colombier, et je vais redoubler mes gémissements et mes vœux pour la paix publique. Il paraît qu'en général tous les peuples et beaucoup de princes sont bien las de cette guerre, où il y a tant à perdre et rien à gagner. Je ne sais, madame, aucune nouvelle depuis que j'ai quitté la cour palatine. S'il se passait quelque chose dans vos quartiers, je supplie Votre Altesse sérénissime de daigner m'en faire donner part. L'intérêt que je prends à tout ce qui arrive dans le voisinage de ses États autorise cette liberté. J'ai eu l'honneur de voir à Schwetzingen messeigneurs les princes de Mecklembourg 5, qui m'ont paru très-aimables et très bien élevés. Que vont-ils faire à Genève? Ce n'est pas là qu'ils apprendront le métier des armes, auquel ils se destinent. On ne connaît dans ce pays-là que des disputes très-paisibles de sociniens, disputes dont tout prince s'embarrasse fort peu. Je vais porter, madame, dans ce séjour tranquille mon respect pour Votre Altesse sérénissime, pour toute votre auguste maison, et mon éternel attachement.

Le Suisse V. »

1 Le même jour Maupertuis écrivait de Neuchâtel à Bernouilli : « Ce que vous me dites de l'attente de Voltaire à Bâle ne s'accorde point avec [ce] que M. Bertrand, ministre de Berne, qui a passé ici et qui est en grand commerce avec Voltaire nous a dit . Il nous assura que Voltaire devait se rendre de Mannheim à Paris,mais non pas pour y demeurer comme quelques autres le prétendaient […] [il] voulait me faire croire qu'il était venu exprès de Berne ici pour me voir, mais je ne crois pas si facilement , sachant surtout son intimité avec le plus malhonnête homme que je connaisse […] Le même Bertrand me dit que la comtesse de Bentinck était à Lausanne . C'est une espèce comme Voltaire, sa grande amie et bien digne de l'être. »

2 Du 5 juillet 1758 : « Je n'ai qu'un très petit instant à ma disposition que j'emploie avec plaisir à vous dire , monsieur, que j'ai reçu votre chère lettre du 27 de juillet et pour vous instruire que M. Le Bat [Labat] a répondu qu'il fait les choses galamment et que par conséquent notre affaire va être conclue et finie en peu de jours ... »

4 Andromaque, Ac. I, sc. II, Racine .

5 Charles, né en 1741, futur Charles II, duc puis Grand duc de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale ; Georges-Auguste ne en 1748 .

 

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02/10/2013 | Lien permanent

heureux celui qui contemple ces débats, et qui en rit en secret!

 

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Inspiré par Kala69, que je remercie pour le partage de ses oeuvres d'art photographiques .

Voici la réponse de Dupont à la lettre du 6 avril de Voltaire .

 

 

 

 

« DE M. DUPONT

 

Avocat.

Colmar, 15 avril 1755.

Vous m'écrivez des Délices. Que cette terre est bien nommée vous y habitez. Lorsque vous étiez à Colmar, j'aurais pu dater de même. Tandis que vous élevez des murs sur un terrain étranger, je vous élève des autels dans mon cœur. J'envie le sort de vos ouvriers. Ils vous voient, ils vous entendent; que ne suis-je au milieu d'eux ! Hélas l le destin ne le veut pas, il faut bien s'y soumettre, malgré qu'on enrage. On a cela de commun avec Jupiter.
Vos infirmités me désespèrent. Faut-il donc que la santé imite la fortune, et qu'elle ne se donne qu'à des gens qui en font mauvais usage ? Encore la fortune est-elle plus judicieuse, du moins vous a-t-elle bien traité à quelques égards. Mais pour la santé, elle vous a toujours été cruelle. L'espèce de gens qu'elle traite bien dégoûte de ses faveurs. Heureusement vous avez su vous en passer, persistez dans votre mépris, puisqu'elle persiste dans son oubli; continuez à faire votre corps tous les matins, et votre exemple apprendra aux hommes l'art de digérer sans estomac, le secret d'être gai dans les douleurs et de se bien porter étant malade. Conservez votre corps au milieu des maladies, comme un pilote habile conserve son vaisseau au milieu des orages; et si la Providence veut que l'on croie ce que l'on dit de la longue vie des patriarches, qu'elle vous fasse durer en années ce que vos écrits dureront en siècles, vous méritez bien ce miracle. Après avoir lu les deux Électres de Sophocle et d'Euripide, les Choéphores d'Eschyle, et l'Électre de Crébillon, j'ai lu la tragédie d'Oreste. Ah ! quelle différence ! si l'un des trois Grecs avait fait Oreste, avec quel transport d'admiration n'en parlerait-on pas?

Le parlement a osé dire dans un arrêt qu'il y avait abus dans l'exécution de la bulle Unigenitus. C'était donner un coup de couteau dans la cuisse du bœuf Apis. Le conseil d'État vient de punir cet horrible sacrilége en cassant l'arrêt du parlement; on imite assez bien les anciens prêtres d'Égypte : on punit ceux qui ne sont pas superstitieux ; heureux celui qui contemple ces débats, et qui en rit en secret!

Mme et MM. de Klinglin ont été enchantés de votre ressouvenir. Nous avons vu ici l'ex-préteur. Quel stoïcien , il a autour du cœur une cuirasse d'airain qui émousse tous les traits de la mauvaise fortune. Aucun n'a pu pénétrer ; quoique tout le monde le trouve malheureux, il est heureux à sa manière.

Que ferai-je avec M. de Paulmy? Y songez-vous? Ressouvenez-vous qu'Horace bégayait devant Mécène quand il y fut présenté par Virgile; que fera donc un pauvre diable qui n'a ni langue ni plume que pour dire et pour écrire, en mauvais style, qu'il vous est entièrement dévouè, et qu'il n'a d'autre bonheur que de penser que vous daignez quelquefois vous ressouvenir de lui? »

 

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09/01/2012 | Lien permanent

Si quid novisti rectius istis candidus imperti (Si tu sais quelque projet plus judicieux que ceux-là, fais m'en part cla

« J'ai goûté la vengeance de le consoler »

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Vengeance, toi qui inspire beaucoup plus que la consolation, tu viens, semble-t-il, plus vivement que la consolation . Ah ! faibles humains que nous sommes !

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Consoler son ancien tourmenteur, délice de connaisseur en vengeance, être du bon côté de la vie, -cette fois-ci,- comme ça fait du bien ! Ah ! que je t'approuve, Volti, et que cette formule me plait ! Ah ! qu'elle me console des conn... quotidiennes !

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« A François Tronchin

conseiller d'État à Genève.

 

Au Chêne à Lausanne 2 septembre [1757]

 

Premièrement mille obéissances, mille tendres compliments à tout Tronchin de tout sexe et de tout âge.

 

Ensuite je vous dirai que dans une lettre de Vienne du 24 août nous lisons ces paroles : Nous recevons la confirmation d'une glorieuse victoire remportée par le colonel Janus à Landshut en Silésie avec cinq ou six bataillons contre huit mille Prussiens commandés par deux généraux. La perte de l'ennemi passe trois mille hommes, tandis que la nôtre , ce qui est peu croyable, mais ce qui est très vrai, n'est que de dix-sept morts, et de quatre-vingt-un blessés [i]. Cette nouvelle a besoin dans mon église d'un nouveau sacrement de confirmation.

 

Or, mes amis, ouvrez les yeux et les oreilles. Le roi de Prusse m'écrit qu'il ne doute pas que je ne me sois intéressé à ses succès et à ses malheurs, et qu'il lui reste de vendre cher sa vie etc.[ii] La margrave de Bareith m'écrit une lettre lamentable [iii], et je suis actuellement à consoler l'un et l'autre [iv]. Je ne hais pas ces petites révolutions [v]; elles amusent et elles exercent; elles affermissent la philosophie.

 

Mme Denis vous embrasse. Elle s'occupe à faire une maison très agréable de la maison du Chêne . Nous espérons vous y posséder quelque jour. Nous y avons déjà mangé des gélinottes.

 

Je me flatte que la tracasserie de Servet [vi] est anéantie, du moins elle l'est par mon silence. Je ne songe qu'à vivre et à mourir tranquille soit au Chêne soit aux Délices pourvu que ce soit auprès de vous

Si quid novisti rectius istis

candidus imperti [vii]... et vale.

 

V. »

i Dans les nouvelles de Vienne datées d'août, parues dans le Mercure d'octobre, on décrira une victoire remportée à Landshut par le colonel Janus et donnera les mêmes chiffres que V* pour les pertes. Le Nouvelliste suisse et le Journal encyclopédique d'août signalent aussi l'occupation de Landshut.

ii Le 12 août, il semble que Frédéric lui ait écrit : « Je vous remercie de la part que vous prenez à mes succès et à mes malheurs. J'ai à peu près toute l'Europe contre moi, il ne me reste qu'à vendre cher ma vie et la liberté de ma patrie... »

iii Le 19 août.

iv Le 29 août à d'Alembert :  « J'aurais été attendri si je n'avais songé à l'aventure de ma nièce et à ses quatre baïonnettes (à Francfort) ; à Constant d'Hermenches le 12 septembre : « J'ai été attendri de sa lettre et je me suis souvenu que je l'avais aimé » ; mais à d'autres, comme à la comtesse Bentinck le 2 novembre ou à Dupont le 5 novembre : « J'ai goûté la vengeance de le consoler » ; cf. lettre de « consolation » adressée à Frédéric le 15 octobre.

v C'est son refrain, il trouve la situation « curieuse », « singulière », « extraordinaire ».

vi C'est-à-dire la polémique à propos de « l'âme atroce » de Calvin et du « meurtre de Servet » dont V* a parlé dans l'Essai sur les mœurs et dans la lettre du 26 mars à Thiriot, publiée dans le Mercure de mai ; cf. lettre à Thiriot du 20 mai et lettre à Le Fort du 6 septembre.

vii Si tu sais quelque projet plus judicieux que ceux-là, fais m'en part clairement.

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02/09/2010 | Lien permanent

Il est juste que l'admiration des étrangers se signale dans ce temps de merveilles.

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« A Marie-Thérèse Geoffrin

rue Saint-Honoré à Paris.


 

18 juillet [1760]


 

 

Oui, Madame, c'est Alexis Kouranskoy qui a eu l'honneur de vous envoyer les dernières volontés de son cousin Alétof.[de V* :Le Russe à Paris, Petit poème en vers alexandrins composé à Paris au mois de mai 1760, par M. Ivan Alethof ; cf. lettre du 30 juin . Vorontsov en accusât réception : « Je viens de recevoir de M. Alethof, cousin de M. Kouranskoy, le discours dont M. Kouranskoy l'avait fait dépositaire. »]. Ce Russe a su de vos nouvelles, Madame ; M. de Marmontel lui en avait beaucoup parlé dans son dernier voyage en Orient, au pays des lacs et des montagnes [il est venu aux Délices de fin mai à fin juin 1760]. Alexis Kouranskoy était instruit de plusieurs merveilles de votre bonne ville de Paris ; il savait ce qui s'était passé sur les tréteaux au faubourg qu'on appelle Saint-Germain, à une certaine représentation d'une comédie gaie, tendre, touchante, et tout à fait honorable pour la France [de Palissot : Les Philosophes ; D'Alembert écrit le 6 mai que 450 billets ont été donnés à la claque pour la première représentation]. Il avait été très édifié de l'honneur que M. Lefranc de Pompignan avait fait à sa patrie dans sa harangue à l'Académie. Il savait positivement que le roi avait été enchanté du Mémoire de Lefranc de Pompignan [fait en réponse aux Quand de V*, qui répondait à l'agressif Discours de réception à l'Académie de Pompignan ; Mémoire présenté au roi le 11 mai 1760, à la suite de quoi il battit en retraite et se réfugia dans son château] ; qu'il se le fait lire tous les jours à son souper, et qu'il regarde actuellement Montauban comme la première ville de son royaume, puisqu'elle a produit Lefranc de Pompignan.


 

Alexis Kouranskoy a vu avec un extrême plaisir une ou deux pages d'un nommé Fréron [dans l'Année littéraire], et il ne sait si ce Fréron n'est pas pour le moins un aussi grand homme que Pompignan, mais l'un et l'autre mis ensemble ne pourront jamais égaler Ramponeau [cabaretier très populaire qu'un entrepreneur de spectacles, Gaudon, en 1760, voulut montrer sur son théâtre, conclut un marché avec lui, mais Ramponeau n'honora pas son contrat ; Élie de Beaumont, avocat, fit un Mémoire contre Ramponeau ; le procès qui n'eut jamais lieu donna lieu à de nombreuses facéties ; en juin 1760, V* écrit Plaidoyer de Ramponeau] . Il est juste que l'admiration des étrangers se signale dans ce temps de merveilles. M. Alétof, en mourant recommanda très expressément à son cousin d'envoyer un exemplaire à Madame de Geoffrin, attendu qu'elle doit être pénétrée de respect et de reconnaissance pour l'auteur de la charmante comédie qui a fait courir tout Paris [Les Philosophes de Palissot, jouée le 2 mai 1760 pour la première fois].


 

On la soupçonne d'être en effet, comme elle le dit, dans un coin de sa chambre quand tant de gens sortent de chez eux pour aller admirer tant de merveilles. Les sages restent dans leurs coins tandis que les autres jouissent en public de leur beau triomphe.


 

Madame de Geoffrin est très humblement suppliée de vouloir bien demander à Marmontel des nouvelles de la goutte qu'il a à la main droite. Mme Denis s'attendait à une petite lettre d'honnêteté de ce voyageur [suite à sa venue aux Délices]; il avait promis d'écrire des nouvelles de tout ce qu'il y a de bon et d'excellent dans Paris ; apparemment que chat échaudé craint l'eau froide [Marmontel a été embastillé fin décembre 1759 et a perdu sa place au Mercure . Thiriot le 30 juillet écrit qu'une lettre de Marmontel dit avoir écrite à V* a fait décacheter toutes les lettres de V* et de ses amis et a fait refuser le contreseing des fermiers généraux]; mais encore faut-il être avec ses amis , quand on n'ose pas être bavard.


 

Alexis se met aux pieds de Madame de Geoffrin. »

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18/07/2010 | Lien permanent

j'aime la liberté, et je hais la symétrie

... Souvenir, souvenirs ... : yes ! Jethro Tull :  ça décolle la pulpe , mettez la poignée dans le coin,  et puisqu'on fait des attentats dans des gares , pour contrer ces cinglés islamistes :  Locomotive breath : https://www.youtube.com/watch?v=gWubhw8SoBE

et sans transition : https://www.youtube.com/watch?v=2u0XXpVGUwk&ebc=ANyPx...

 

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« A George Keate Esq.

Nandos Coffee-House

London

Au château de Ferney pays de Gex

en Bourgogne par Genève 4è avril 1761

Monsieur, il est bien triste de ne pas vous faire de ma main les sincères et tendres remerciements que je vous dois, et il est difficile de les exprimer . Votre livre 1 m'a paru excellent en son genre, sage, vrai, et écrit précisément du style dont il le fallait écrire, ce qui n'est pas une chose commune ; bien peu de gens savent proportionner leur esprit aux sujets qu'ils traitent . Jugez, monsieur, combien l'honneur que vous m'avez fait m'est précieux : j'ai écrit sur le champ au conseil de Genève, pour le féliciter de la gloire qu'a la république d'avoir été si bien célébrée par vous, et si bien encouragée à mériter toujours ce que vous dites d'elle . Je n'ai point renoncé à mes petites Délices, qui sont dans le territoire de Genève, elles me seront toujours chères, puisque j'ai eu le bonheur de vous y posséder quelquefois . Mais je donne la préférence à un château que j'ai fait bâtir dans le pays de Gex en Bourgogne . J'ose me flatter que milord Bourlington 2 en aurait été content ; mes jardins ne sont point à la française, je les ai faits plus irréguliers, et les plus champêtres que j'ai pu ; j'ose les croire tout à fait à l'anglaise, car j'aime la liberté, et je hais la symétrie . Je suis les leçons de M. Thull,3 en fait d'agriculture ; et je finis ma carrière comme Virgile avait commencé la sienne, en cultivant la terre ; il s'ennuya au lac de Mantoue, et je ne m'ennuie point à celui de Genève . Si je regrette quelque chose au monde, ce sont les bords de la Tamise ; si jamais quelque jeune Anglais qui vous ressemble vient à Genève, je vous supplie de me l'adresser, afin que j'aie souvent le plaisir de lui parler de vous . Adieu, monsieur, comptez que je serai pénétré toute ma vie de l'estime, de l'amitié et de la reconnaissance que je vous dois .

Voltaire . »

2 Richard Boyle, troisième comte de Burlington et quatrième comte de Cork, qui sacrifia amplement à son goût pour l'architecture, dont Burlington house est le monument le plus fameux . Voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Burlington_House

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Boyle_%283e_comte_de_Burlington%29

3 Les idées de Jethro Tull sur l’agriculture étaient probablement connues de V* par l'intermédiaire de Henri-Louis Duhamel de Monceau, Expériences de la nouvelle culture des terres […] et réflexions relatives au Traité de la culture des terres, 1754 .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jethro_Tull_%28agronome%29

et : http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/31789/C&T_1986_16_236.pdf?sequence=1

 

 

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24/03/2016 | Lien permanent

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