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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je ne suis point surpris que les Welches fassent des difficultés sur cet ouvrage . Il n'est plus permis d'imprimer chez

... Et c'est vrai qu'en France cette opposition à la réforme des régimes de retraite démontre et confirme notre vision obtue de l'avenir . Que la France Insoumise, --en réalité France Immobile,--  se réjouisse, elle  a encore de beaux jours à venir ; ceux qui ne savent pas compter sont encore légions , et experts en dégradation uniquement . Et comme le dit si élégamment Jean-Luc Mélenchon , roi de la pommade et l'autosatisfaction : "à la fin c'est nous qu'on va gagner !" ; qu'il se réjouisse  d'une victoire à la Pyrrhus est bien dans sa nature .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

11è décembre 1764

Ceci est une réponse 1 du 5è décembre reçue aujourd'hui . Il est bon de vérifier les dates . Je vous parlerai d'abord de l'objet le plus intéressant de votre lettre . Frère Cramer viendra chez moi dans deux jours, et je conclurai probablement avec lui une petite affaire recommandée par vous et par la philosophie . Je ne suis point surpris que les Welches fassent des difficultés sur cet ouvrage 2. Il n'est plus permis d'imprimer chez eux que des almanachs et des arrêts du parlement .

Il est très bon qu'on se soit défait des jésuites, mais il ne faut pas aussi persécuter la raison dans la crainte chimérique d'essuyer des reproches d'avoir sacrifié les jésuites à l'introduction de la raison en France . La fureur d’écraser les jésuites d'une main, et la philosophie de l'autre n'est plus l'ouvrage de la justice, c'est celui d'un parti violent, également ennemi des jésuites et des gens raisonnables .

Je sais tout ce que les oméristes projettent ; et je crois même qu'ils iront plus loin que vous ne dites . Mais celui que ces monstres persécutent est, et sera à l'abri de leurs coups .

Un voyageur s'est chargé, mon cher frère, de vous apporter dans huit ou dix jours, deux petits recueils assez curieux, et on trouvera le moyen de vous en faire avoir d’autres , mais il faut attendre quelque temps . La raison est une étoffe étrangère et défendue qui ne peut entrer que par contrebande . Je me servirais de la voie que vous m’indiquez, si le paquet n'était entre les mains d'un médecin anglais 3 que vous verrez incessamment à Paris .

Vous savez que l'abbé de Condillac, un de nos frères, est mort de la petite vérole naturelle, immédiatement après que l'Esculape de Genève avait donné des lettres de vie au prince de Parme en l'inoculant . Vous remarquerez qu'il y avait alors une épidémie mortelle de petite vérole en Italie ; elle y est très fréquente ; la mère du prince 4 en était morte . Quelle terrible réponse aux sottises de votre faculté, et au réquisitoire d'Omer ! Ce malheureux veut-il donc que la famille royale périsse? L'abbé de Condillac revenait en France avec une pension de dix mille livres, et l'assurance d'une grosse abbaye, il allait jouir du repos et de la fortune, il meurt, et Omer est en vie ! Je connais un impie qui trouve en cette occasion la Providence en défaut.

Je voulais écrire à Archimède Protagoras tout ce que je vous mande, mais je ne me porte pas assez bien pour dicter deux lettres de suite . Trouvez bon que celle-ci soit pour vous et pour lui . Dites-lui qu'il sera servi avec le plus profond secret . Vous n'avez qu'à m'envoyer incessamment l'Histoire de la décadence, et sur-le-champ on travaillera .

Je prie instamment tous les frères de bien crier dans l’occasion que le Portatif est d'une société de gens de lettres ; c'est sous ce titre qu'il vient d'être imprimé en Hollande 5. Je prie le philosophe Archimède Protagoras de considérer combien il m’était nécessaire de combattre l'erreur où l'on était à la cour sur le Portatif . Je n'ai fait que ce que des gens bien instruits m'ont conseillé ; j'ai prévenu par un antidote le poison qu'on me préparait . Je sais très bien de quoi on est capable . La notoriété publique aurait suffit pour opérer certaines petites formalités qui ont fort déplu à Jean-Jacques, et qui l'ont conduit par le plus court à la petite vallée de Môtiers-Travers 6.

Avouons pourtant mes chers frères , que notre siècle est plus raisonnable que le beau siècle de Louis XIV . Un homme qui aurait osé alors écrire contre le Testament politique du cardinal de Richelieu, aurait été chassé de l'Académie, et aurait passé pour le descendant d'un laquais d'Erostrate . Nous avons fait quelques pas dans le vestibule de la raison . Courage mes frères, ouvrez les portes à deux battants, et assommez les monstres qui en défendent l'entrée . Écr l'inf . »

1 Il manque quelques mots tels que à votre lettre.

2 L'ouvrage de d'Alembert intitulé : Sur la destruction des jésuites en France, par un auteur désintéressé, 1765 : https://books.google.fr/books?id=_bUCAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

3 Non encore identifié .

4 Louise-Élisabeth de France, morte le 6 décembre 1759 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louise-%C3%89lisabeth_de_France

5 On ne connait aucune édition de ce genre ; V* l'a peut-être inventée .

6 Écrit Moutier sur le manuscrit, conformément à la prononciation du temps .

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13/02/2020 | Lien permanent

qui n'est que sage n'est pas grand chose

 

 

 

  

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Henri Lambert d'Herbigny, marquis de Thibouville [i]

 

A Ferney 22è octobre 1777

 

Messieurs et anges, je vous jure encore une fois qu'aucun mortel ne savait de quoi il était question. Ma folie est à présent publique [ii]. C'est à votre sagesse et à vos bontés de la conduire. J'aurais voulu que cette folie eût été plus tendre, et eût pu faire verser quelques larmes, mais ce sera pour une autre fois. Je suis occupé actuellement d'une nouvelle extravagance à faire pleurer [iii]. Il y a je ne sais quoi de trop philosophique dans celle que vous protégez [iv]. Cela est attachant, cela n'est pas mal écrit ; mais élégance et raison ne suffisent pas . Ce n'est pas assez d'un intérêt de curiosité, il faut un intérêt déchirant. Je crois que la pièce est sage ; mais qui n'est que sage n'est pas grand chose. Tirez-vous de là comme vous pourrez.

 

On dit que les acteurs, excepté Lekain, et ceux ou celles que vous voudrez honorer de vos conseils, sont supérieurement plats. On dit que la plupart de ces messieurs débitent des vers comme on lit la gazette.

 

Je vous prierai donc, messieurs, dans l'occasion, d'empêcher qu'on ne m'estropie et qu'on ne me barbarise.

 

Je viens d'écrire à M. le mal de Duras [v], comme vous me l'avez ordonné. Je lui ai dis, avec raison, que la consolation de la fin de mes jours dépendait de lui. Car, messieurs mes anges, sachez que je ne puis avoir le bonheur de vous revoir qu'en Sicile [vi]. Sachez que si je vivais assez pour aller jusqu'à Constantinople [vii], je ne pourrais faire ce second voyage qu'après avoir passé par Syracuse.

 

Je n'ai point dit à M. le mal de Duras de quoi il s'agissait précisément. Je l'ai seulement prévenu que vous lui montreriez quelque chose qui avait un grand besoin de sa protection. Je me suis bien donné de garde de lui dire que vous lui laisseriez ce quelque chose entre les mains. Je suis bien sûr que ma Syracuse ne sortira pas des vôtres, tout serait perdu si elle en sortait. Autant vaudrait jeter Agathocle et Idace dans le gouffre du mont Etna. Pour moi, j'ai bien l'air de me jeter la tête la première dans le lac de Genève, si vous ne réussissez pas dans ce que vous entreprenez. Nous avons eu deux filles qui se sont noyées ces jours passés ; j'irai les trouver au lieu de venir me mettre à l'ombre de vos ailes ; mais je n'ai que faire de me tuer, mon âge, mes travaux forcés, mes maux insupportables, et la Sicile, et Constantinople me tuent assez , et si je meurs, c'est en me recommandant à messieurs et anges. »

 

 

ii On sait qu'il veut, à son âge, encore faire jouer une tragédie.

iii Une troisième pièce ? Jean Huber écrit à Palmerson (en ayant fait allusion au passage de Joseph II près de Ferney) que V* « a fait en badinant trois tragédies qui ne se joueront jamais. »

iv Agathocle ; cf. lettre du 5 septembre 1777. http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/08/s...

 

v Premier gentilhomme de la chambre « d'année » ; auparavant, V* a écrit par erreur au duc d'Aumont ; cf. lettre du 10 octobre à d'Argental.

vi A l'occasion de la représentation d'Agathocle qui se passe en Sicile ; elle ne sera jouée que l'année suivant la mort de V*, le 31 mai 1779.

vii Irène.

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23/10/2010 | Lien permanent

Je leur réponds à tous , et vous croyez bien que ce n’est pas pour leur  dire des choses qui leur déplaisent

...

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

2è novembre 1764

Les neiges sont sur nos montagnes, et me voilà redevenu aveugle ; Dieu soit béni !

Mon divin ange me parle de Mlle Doligny 1 et de Mlle de Luzy 2 ; je le supplie de mander quels rôles il faut donner à l’une et à l’autre : j’exécuterai vos ordres sur-le-champ. En attendant, elles peuvent apprendre ceux que vous leur destinez.

M. le maréchal de Richelieu aura peut-être oublié qu’il m’a écrit que je pouvais disposer de tous ces rôles ; mais heureusement j’ai sa lettre, ainsi que des preuves convaincantes que le Testament politique n’est point du cardinal de Richelieu. Je brave M. le maréchal, et madame la duchesse d’Aiguillon, et M. de Foncemagne 3, et le dépôt des Affaires étrangères. Je leur réponds à tous 4, et vous croyez bien que ce n’est pas pour leur  dire des choses qui leur déplaisent. Ma réponse est bien respectueuse, bien flatteuse, mais, à mon gré, bien curieuse. J’espère qu’elle vous amusera, et que M. le duc de Praslin n’en sera pas mécontent. J’y dis un petit mot sur les livres qu’on impute à de pauvres innocents 5.

Au reste, mon cher ange, je n’ai point prétendu que M. le duc de Praslin débutât, dans une séance du Conseil Le Portatif n’est pas de V. ; mais il est indubitable, il est démontré, que le Portatif est de plusieurs mains ; et si vous en doutez, je vous enverrai l’original de Messie avec la lettre de l’auteur, tous deux de la même écriture. Alors, étant convaincu de la vérité, vous la ferez mieux valoir  et M le duc de Praslin, convaincu par ses yeux, serait plus en droit de dire dans l’occasion : V. n’a point fait le Portatif ; il est de plusieurs mains.

Je sais qu’on fait actuellement une très belle édition de ce Portatif en Hollande, revue, corrigée, et terriblement augmentée. C’est un ouvrage très édifiant, et qui sera fort utile aux âmes bien nées.

Au reste, que peut-on dire à V. quand V. n’a donné cet ouvrage à personne, et quand il a crié le premier au voleur, comme Arlequin dévaliseur de maisons ? V. est intact, V. s’enveloppe dans son innocence 6. V. reprendra les Roués en considération, quand il pourra avoir au moins la moitié d’un œil. V. remercie tendrement son ange pour notre gendre  , lequel est assigné à comparoir au Grand-Conseil, et à plaider contre les religieux corsaires de Malte. Nous sommes très disposés à en passer par ce que M. l’ambassadeur de Malte voudra. Je suis persuadé que l’ordre dépenserait beaucoup d’argent à cette affaire, et y gagnerait très peu de chose. V. remercie surtout pour la grande affaire des dîmes, dans laquelle heureusement son nom ne sera point prononcé , ce nom fait un assez mauvais effet quand il s’agit de la sainte Église.

Sub umbra alarum tuarum. »

1 Louise-Adélaïde de Berthon de Maisonneuve, appelée Louise Doligny a fait ses débuts à la Comédie-Française le 3 mai 1763, et est sociétaire depuis le10 avril 1764. Voir : https://www.comedie-francaise.fr/fr/artiste/mlle-doligny#

2 Dorothée Luzy a fait ses débuts le 26 mai 1763 et est aussi reçue le 10 avril 1764 . Voir : https://www.comedie-francaise.fr/fr/artiste/mlle-luzy#

3 Foncemagne, éditeur de l'ouvrage est soutenu dans son entreprise par Anne-Charlotte de Crussol-Florensac, duchesse d'Aiguillon : voir la lettre qu'il lui adresse à ce propos en 1761 ; l'ouvrage fut publié sous le titre Maximes d’État ou Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal de Richelieu, 1764, et comporte un essai de Foncemagne sur l’authenticité du document. Voir : https://books.google.fr/books?id=8hnWqJsGDJIC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52507326d/f9.image

4 Sous le titre Doutes nouveaux sur le testament attribué au cardinal de Richelieu, daté Genève 1765, paru en novembre 1764 . Voir : https://books.google.fr/books?id=8jAHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

5 Vers la fin des Doutes nouveaux …, page 64, V* écrit : « Jamais on ne parla à Louis XIII du Testament politique attribué au cardinal de Richelieu, et on parle quelquefois à Louis XV et à sa cour d'écrits qu'on m'attribue, et auxquels je n'ai pas la moindre part . ».

6 Odes, III, xxiv, 54-55, d'Horace .

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22/12/2019 | Lien permanent

Notre nation n’est jamais bien informée de rien dans la première chaleur des événements, et la nation anglaise se trompe

... La preuve par l'absurde en a été apportée par notre gestion de la pandémie du Covid . Persiste et signe . Rien de nouveau sur notre globule, mon cher Voltaire .

Fondre comestible Feuilleter blanc bonner et bonnet blanc -  kairoscompensation.com

Deux alliés que l'on peut qualifier d'enflures

 

 

« A Clément de La Jonquière

[1765-1766]1

 Il est vrai que j’ai hasardé un Essai sur l’Histoire générale, qui n’est qu’un tableau des malheurs que les rois, les ministres, les peuples de tous les pays, s’attirent par leurs fautes. Il y a peu de détails dans cet ouvrage. Si dans ce tableau général on plaçait tous les portraits, cela formerait une galerie de peinture qui régnerait d’un bout de l’univers à l’autre. Je me suis contenté de toucher en deux mots les faits principaux. Le peu que j’ai dit du combat de Finistère 2 est tiré mot à mot des papiers anglais. Notre nation n’est jamais bien informée de rien dans la première chaleur des événements, et la nation anglaise se trompe très souvent. Je sais au moins qu’elle ne s’est pas trompée sur la justice qu’elle a rendue à tous les officiers français qui combattirent à cette journée ; et comme vous étiez, monsieur, un des principaux, cette justice vous regarde particulièrement. Il se peut très bien faire qu’alors on ignorât à Londres si vous alliez au Canada, ou si vous reveniez de la Martinique 3. Il est encore très naturel que les Anglais aient qualifié les six vaisseaux de guerre français de gros vaisseaux du roi, pour les distinguer des autres ; l’amiral anglais était à la tête de dix-sept vaisseaux de guerre ; et quoique vous n’eussiez affaire qu’à quatorze, votre résistance n’est pas moins glorieuse. Je suis encore très persuadé que les Anglais outrèrent, dans les premiers moments de leur joie, leurs avantages, et qu’ils se trompèrent de plus de moitié en prétendant avoir pris la valeur de vingt millions. Vous savez qu’à ce triste jeu les joueurs augmentent toujours le gain et la perte.

Mon seul but avait été de faire voir la prodigieuse supériorité qu’on avait laissé prendre alors sur mer aux Anglais, puisque de trente-quatre vaisseaux de guerre il n’en resta qu’un au roi à la fin de la guerre : c’est une faute dont il paraît qu’on s’est fort corrigé 4.

Quant aux espèces frappées avec la légende Finistère, il y en eut peu, et j’en ai vu une. Je verrais sans doute avec plus de plaisir, monsieur, un monument qui célébrerait votre admirable conduite dans cette malheureuse journée. On commencera bientôt une nouvelle édition de cet Essai sur l’Histoire générale. Je ne manquerai pas de profiter des instructions que vous avez eu la bonté de me donner. Je rectifierai avec soin toutes les méprises des Anglais, et surtout je vous rendrai la justice qui vous est due 5. Je n’ai point de plus grand plaisir que celui de m’occuper des belles actions de mes compatriotes. Les rois, tout puissants qu’ils sont, ne le sont pas assez pour récompenser tous les hommes de courage qui ont servi la patrie avec distinction. La voix d’un historien est bien peu de chose ; elle se fait à peine entendre, surtout dans les cours, où le présent efface toujours le souvenir du passé. Mais ce sera pour moi une très grande consolation, si vous voyez, monsieur, votre nom avec quelque plaisir dans un ouvrage historique qui contient très peu de noms et de détails particuliers. Il s’en faut de beaucoup que cet Essai historique soit un temple de la gloire ; mais s’il l’était, ce serait avec plaisir que j’y bâtirais une chapelle pour vous. J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments qui vous sont dus,

monsieur.

Je vous demande pardon, monsieur, de ne vous pas écrire de ma main, étant assez malade. »

1 L'édition de Kehl place la lettre fin 1765, comme adressée à « M. M*** /officier de marine », qu'on pense être le marquis de Vandreuil .

2 Bataille du 16 mai 1747 . V* en parle dans ce qui est actuellement le chapitre XXVIII du Précis du siècle de Louis XV : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_28

3 V* a écrit : « Ce qu’il y avait de surprenant, c’est que le marquis de La Jonquière, chef de cette escadre, eût soutenu longtemps le combat, et donné encore à un convoi qu’il amenait de la Martinique le temps d’échapper. Le capitaine du vaisseau le Windsor s’exprimait ainsi dans sa lettre sur cette bataille : « Je n’ai jamais vu une meilleure conduite que celle du commodore français ; et pour dire la vérité, tous les officiers de cette nation ont montré un grand courage ; aucun d’eux ne s’est rendu que quand il leur a été absolument impossible de manœuvrer. »

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9ment_de_Taffanel_de_La_Jonqui%C3%A8re

4 Après le traité de Paris, le gouvernement tenta avec succès de restaurer la marine , ce qui lui permettra de remporter de beaux succès dans la guerre d'Indépendance américaine . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_Paris_(1763)

et https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65431869/f164.item

5 V* ne changera rien à son premier texte (Beuchot).

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21/04/2021 | Lien permanent

Cela peut être vrai, mais cela n'est pas possible.

... Dur à concevoir ! non ?

Autre problème pour neurones survoltés

 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.
Aux Délices, 4 juin [1760]
Mon divin ange, la paix sera aussi difficile à établir parmi les gens de lettres qu'entre la France et l'Angleterre.
Palissot m'envoie sa pièce, et m'écrit. Jugez de sa lettre par ma réponse 1. Je prends la liberté de vous l'adresser, et en même temps je vous conjure de me dire s'il est vrai que Diderot ait fait deux libelles contre Mmes de Robecq et de La Marck 2. Cela peut être vrai, mais cela n'est pas possible.
Vous pourriez bien, avant d'envoyer ma réponse à Palissot, la faire transcrire, ne varietur : car je dois craindre qu'on ne me reproche d'être complice de la comédie des Philosophes. Dieu soit loué qu'on ne joue point Médime! elle viendrait mal à propos; elle serait sifflée. Il est très-heureux, très-décent, qu'on ne me joue pas après les Philosophes.
D'ailleurs, mon cher ange, je suis à vos ordres. Décidez pour Socrate, pour l'Écossaise; je ferai tout ce qu'il faudra. Je suis en train d'aimer le tripot, et de rire.
N'abandonnons point le droit de cuissage; il me semble qu'on en peut faire quelque chose de très-intéressant. Le IVe et le Ve étaient à la glace 3; mais en quinze jours on ne peut avoir un feu égal dans son fourneau.
Cela ne ressemblera point à Nanine.

Pourquoi ne feriez-vous point jouer Rome sauvée? Mais avez-vous des acteurs? Si vous n'en avez point pour Catilina, vous n'en aurez pas pour la Mort de César; et vice versa.
Mon cher ange, comment se porte Mme Scaliger? Il me prend parfois des fureurs de venir vous voir ; mais il faut se contenir ; il faut marcher toujours sur la même ligne.
Paris, que veux-tu de moi ?
Mon cœur n'est pas fait pour toi. 4

Il est fait pour vous, mon cher ange.

V. »

2 Palissot avait écrit à Voltaire, le 28 mai 1760, qu'il donnait le nom de faux philosophe « à celui qui, à la tète d'une traduction du Vero Amico et du Padre- di famiglia de Goldoni, a osé imprimer deux libelles scandaleux contre deux dames infiniment respectables ». Comme Diderot est auteur du drame du Père de famille, qu'on disait une copie de Goldoni, Voltaire crut qu'il s'agissait de Diderot; en 1758 avaient paru des traductions, par Deleyre, du Père de famille et du Véritable Ami, de Goldoni. Grimm, qui en fut éditeur (voyez la seconde édition du Dictionnaire des anonymes de Barbier, n° 14025), y mit deux épîtres dédicatoires satiriques adressées à la princesse de Robecq et à la comtesse de La Marck. Ces dames voulaient faire punir l'auteur des dédicaces. Diderot, pour calmer les offensées, se donna pour le coupable. Mmes de Robecq et de La Marck apprirent bientôt après que Diderot s'était chargé du délit de Grimm, et l'affaire n'eut pas de suite. (Beuchot.)

3 Le Droit du Seigneur, d'abord en cinq actes, a ensuite été réduit en trois; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-theatre-le-droit-du-seigneur-partie-1-121767950.html

Sur le prétendu droit , voir l'Essai sur les mœurs chapitre LII ainsi que l'article « cuissage » des Questions sur l'Encyclopédie : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-dictionnaire-philosophique-c-comme-cuissage-ou-culage-84651088.html

 

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05/06/2015 | Lien permanent

Cela peut être adroit, mais cela n’est pas honnête

... Telle est , en résumé, la défense du couple Fillon par Marc Joulaud : https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/05/le-loya...

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

31 Décembre 1764.

Les gens de bien, et surtout mon cher frère, doivent savoir que Jean-Jacques a fait un gros libelle contre la parvulissime 1 république de Genève 2, dans l’intention de soulever le peuple contre les magistrats. Le Conseil de Genève est occupé à examiner le livre, et à voir quel parti il convient de prendre.

Dans ce libelle, J.-J. fâché qu’on ait brûlé Émile, m’accuse d’être l’auteur du Sermon des Cinquante 3. Ce procédé n’est pas assurément d’un philosophe ni d’un honnête homme. Je voudrais bien savoir ce qu’en pense M. Diderot, et s’il ne se repent pas un peu des louanges prodiguées à Jean-Jacques dans l’Encyclopédie 4. Vous remarquerez que pendant que J.-J. faisait cette belle manœuvre à Genève, il faisait imprimer le Sermon des Cinquante, et d’autres brochures, par son libraire d’Amsterdam, Marc-Michel Rey, sous le titre de Collection complète des Œuvres de M. de V. Cela peut être adroit, mais cela n’est pas honnête.

Mon cher frère avait bien raison de me dire, quand Jean-Jacques maltraita si fort les philosophes dans son roman d’Émile, que cet homme était l’opprobre du parti . Je prie mon cher frère de me mander s’il a reçu le paquet du médecin anglais. Ce médecin aurait dû faire l’opération de la transfusion à Jean-Jacques, et lui mettre d’autre sang dans les veines ; celui qu’il a est un composé de vitriol et d’arsenic. Je le crois un des plus malheureux hommes qui soient au monde, parce qu’il est un des plus méchants.

Omer travaille à un réquisitoire pour le Dictionnaire philosophique. On continue toujours à m’attribuer cet ouvrage, auquel je n’ai point de part. Je crois que mon neveu, qui est conseiller au parlement, l’empêchera de me désigner.

Voilà, mon cher frère, toutes les nouvelles que je sais. La philosophie est comme l’ancienne Église, il faut qu’elle sache souffrir pour s’affermir et pour s’étendre.

Je crois qu’on commence aujourd’hui l’édition de la Destruction. C’est un livre qui ne sera point brûlé, mais qui fera autant de bien que s’il l’avait été.

J’embrasse tendrement mon cher frère, et je me recommande à ses prières, dans les tribulations où les méchants m’ont mis. Les orages sont venus des quatre coins du monde, et ont fondu sur ma petite barque que j’ai bien de la peine à sauver. »



2 Ce livre contre la république de Genève n'est autre que les Lettres écrites de la montagne .

3 A la fin du chapitre V du livre I des Lettres […] de la montagne, Rousseau met dans la bouche de V* une tirade antireligieuse, avec une allusion expresse au Sermon des cinquante (qui est bien entendu de V* ).

4 Ces éloges se trouvent particulièrement dans le « Discours préliminaire », paragraphe. xxxiii ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Encyclop%C3%A9die/1re_%C3%A9dition/Discours_pr%C3%A9liminaire

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06/03/2020 | Lien permanent

sa toilette n'est pas encore faite

... à cet Ordre des Chirurgiens-dentistes de France, et hasard du calendrier, ou malice du destin, cette nouvelle tombe pour la Ste Apolline patronne des praticiens sus-nommés . On voit par là que la François-Fillonite n'est pas une maladie orpheline, et nécessite, pour combattre sa contagiosité, des remèdes de cheval (à moins que les vétos ne mentent , eux aussi, comme des arracheurs de dents )  . Les praticiens restent compétents, mais leur Ordre né sous Pétain attend un peu plus d'ordre, et la fin d'un régime de république bananière .

http://www.lepoint.fr/economie/cour-des-comptes-petits-ar...

apolline dentistes.png

N. B. -- La Cour des comptes a plus d'un gibier  (faisandé, ô misère à poil ! ) dans son carnier annuel : http://www.lepoint.fr/dossiers/economie/cour-des-comptes/

 

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

16 [février] 1762 1

J'ai encore changé d'avis, ma chère nièce, attendu que la volonté est ambulatoire . Mon dernier avis est que vous ayez la bonté de me renvoyer Cassandre . J'y ai fait cent changements ; je vous la dépêcherai toute musquée, mais sa toilette n'est pas encore faite . Je me repens bien de vous avoir priée de la faire lire . Si heureusement vous n'avez point encore fait cette assemblée dont je vous parlais 2, ne la faites point , je vous en prie . Cassandre serait un mauvais plat dans l'état où il est .

Je crois vous avoir mandé que j'avais fait une grande perte dans l'impératrice russe, mais que j'avais mis à sa place l'impératrice reine . Il faut toujours comme Moncrif avoir quelque reine pour soi 3.

Renvoyez-moi Cassandre .

Je vous embrasse, etc. »

1 La copie porte comme date janvier, ce qui fait difficulté si les autres lettres sont correctement datées ; voir lettre du 6 février à la même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/29/je-ne-vois-pas-ce-qui-vous-empecherait-de-jouer-cassandre-ve-5904567.html

3 Moncrif était toujours lecteur de la reine . L'expression de V* est proverbiale dans les jeux de cartes comme le mariage .

 

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09/02/2017 | Lien permanent

Mandez-moi, je vous prie, comment vont les affaires publiques ; ce n'est pas curiosité, c'est nécessité.

... Mon avenir, et le vôtre bien sûr, en dépendent .

 

affaires publiques.jpg

 

 

« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'ÉPINAY
Aux Délices, 7 décembre 1759.
J'ai deux grâces à vous demander, ma chère philosophe, lesquelles ne tiennent en rien à la philosophie : la première, c'est de vouloir bien m'envoyer un second exemplaire de la Mort et de l'Apparition de mon cher frère Berthier; la seconde, de vouloir bien vous abaisser en ma faveur jusqu'à jeter un coup d'œil sur les misérables affaires de ce monde matériel, et de me dire si les actions des fermes sont un effet qui puisse et qui doive subsister. Ce sont deux propositions de théologie et de finances dont je suis honteux. Le paquet Berthier pourrait être contre- signé Bouret, car ce cher et bienfaisant Bouret a la bonté de me contre-signer tout ce que je veux. Ma respectable philosophe, vous êtes bien tiède : quoi ! vous et le prophète de Bohême 1, vous êtes à Paris, et l'infâme n'est pas encore anéantie 2! Il faudra que je vienne travailler à la vigne.
Ma chère philosophe, vous n'avez pas eu de confiance en moi, et vous l'avez prodiguée à des prêtres genevois. Vos livres 3 courent Genève ; je suis obligé de vous en avertir 4; je vous aime.
Vous avez été déjà la dupe d'un Genevois 5 ; ah! ma philosophe, ne vous fiez qu'aux solitaires comme moi, et aux Bohémiens 6; ne me trahissez pas, mais tâchez de rattraper tous vos exemplaires. Votre fils serait un jour désespéré si cela transpirait.
Mandez-moi, je vous prie, comment vont les affaires publiques ; ce n'est pas curiosité, c'est nécessité. Je suis dans la même barque que vous : il est vrai que j'y suis à fond de cale, et vous autres au timon ; mais nous sommes battus des mêmes vents. Ma belle philosophe, vous êtes vraie ; mettez-moi au fait, je vous en prie, et daignez conserver quelque amitié pour l'ermite. »

2 Nouvelle préparation de la formule qui prendra sa forme définitive « écrasez l'infâme » . la suite fait allusion à la parabole des « ouvriers de la dernière heure » dans l'évangile de Matthieu .

3 Lettres à mon fils, 1758, in-8°; 1759, in-12 : Mes Moments heureux, 1758, in-8°; 1759, in-12.

4 Le 23 avril 1759, elle a écrit de la Briche à Sedaine : « Je vous montrerai quelque jour une assez bonne lettre que j'écrivis à Voltaire […] on avait imprimé à Genève une de mes lettres qu'on m'avait volée . Je le sus à temps pour en empêcher le débit . Mais il s’en échappa quelques exemplaires à mes recherches, Voltaire m'en écrivit et je lui répondis. » cet extrait est tiré d'un catalogue de vente ; on est surpris que la date ne corresponde pas mieux à celle de la présente lettre .

5 Jean.-Jacques Rousseau.

6 C'est-à-dire à Grimm.

 

 

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14/12/2014 | Lien permanent

Employer ainsi sa peine, son temps, son éloquence, son crédit ; et loin de recevoir un salaire, procurer des secours à d

... Et vous devez y penser aussi, monsieur le Président, en vous demandant "en vous levant le matin, ce que vous pouvez faire pour la nation " .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

4è février 1763 au château de Ferney 1

Mon cher et illustre confrère,

Il me semble que si quelques pédants ont attaqué en France la philosophie, ils ne s'en sont pas bien trouvés, et qu’elle a fait une alliance avec les puissances du Nord . Cette belle lettre de l'impératrice de Russie vous venge bien . Cela ressemble à la lettre que Philippe écrit à Aristote, à la différence près qu'Aristote eut l'honneur d'accepter l'éducation d'Alexandre, et que vous avez la gloire de la refuser .

Je me souviens que dans mon enfance je n'aurais pas imaginé qu'on écrirait un jour de pareilles lettres de Moscou, à un académicien de Paris . Je suis du temps de la création, et voilà quatre femmes de suite qui ont perfectionné ce qu'un homme a commencé . Votre galanterie française doit quelques compliments au sexe féminin sur cette singularité dont l'histoire ne fournit aucun exemple .

La belle lettre que celle de Catherine ! Ni sainte Catherine d'Alexandrie , ni sainte Catherine de Boulogne, ni sainte Catherine de Sienne n'en auraient jamais écrit de pareilles . Si les princesses se mettent aussi à cultiver leur esprit, la loi salique n’aura pas beau jeu .

Ne remarquez-vous pas que les grands exemples et les grandes leçons nous viennent souvent du Nord ? Les Neuton, les Loke, les Gustave, les Pierre de Grand et gens de cette espèce ne furent point élevés à Rome dans le collège de la Propagande . J’ai parcouru ces jours passés une grosse Apologie des jésuites 2, pleine d'Itos et de Pathos 3. On y fait le dénombrement des grands génies qui illustrent notre siècle . Ils sont tous jésuites . C'est , dit l'auteur, un Perusault 4, un Neuville 5, un Chapelain 6, un Baudory 7, un Buffier 8, un Desbillons 9, un Castel 10, un La Borde 11, un Briet 12, un Garnier 13, un Pezenas 14, un Simonnet 15, un Huth 16, et ce Berthier 17, ajoute-t-on, qui a été si longtemps l'oracle des gens de lettres .

Je suis assez comme M. Chicaneau 18, je ne connais pas un de ces gens-là, excepté frère Berthier que je croyais mort sur le chemin de Versailles 19, mais enfin je suis ravi que la France ait encore de grands hommes .

On dit aussi que l'on compte parmi ces sublimes génies un M. Le Roi 20, prédicateur de Saint-Eustache qui prêche avec l'éloquence du révérend père Garasse .

À vous parler sérieusement, je trouve que si quelque chose fait honneur au siècle, ce sont les trois factums de MM. Mariette, de Beaumont, de Loyseau en faveur de la famille infortunée de Calas . Employer ainsi sa peine, son temps, son éloquence, son crédit ; et loin de recevoir un salaire, procurer des secours à des opprimés, c'est là ce qui est véritablement grand, et ce qui ressemble plus aux temps des Cicéron et des Hortensius, qu'à ceux de Briet, de Huth, et de frère Berthier . J'attends tranquillement le jugement qu'on rendra, car Dieu merci, l’Europe a déjà jugé, et je ne connais de tribunal infaillible que celui de tous les honnêtes gens de différents pays qui pensent de même . Ils composent sans le savoir un corps qui ne peut errer, parce qu'ils n'ont point l'esprit du corps .

Je ne sais ce que c'est que le petit libelle 21 dont vous me parlez, où l'on me dit des injures à propos d'un examen de quelques pièces de Crébillon . Je ne connais ni cet examen ni ces injures ; j'aurais trop à faire s'il me fallait lire tous ces rogatons .

Pierre le Grand et le grand Corneille m'occupent assez . J'en suis malheureusement à Pertharite, et je marie la nièce pour me consoler . Nous mettrons dans le contrat qu’elle est cousine germaine de Chimène et qu'elle ne reconnait pour ses parents , ni Grimoald, ni Unulphe 22. Elle pourra bien avoir fait un enfant avant que l'édition soit achevée ; beaucoup de grands seigneurs ont souscrit généreusement, les graveurs disent que leurs noms ne sont pas des lettres de change .

J'envoie à l'Académie l'Heraclius que j'ai traduit de Calderon, et qui est imprimé avec l'Heraclius français . Vous jugerez quel est l'original , de Calderon ou de Corneille ; vous poufferez de rire ; cependant vous verrez qu'il y a dans ce Calderon de bien brillantes étincelles de génie . Vous recevrez aussi bientôt une certaine Histoire générale . Le genre humain y est peint cette fois-ci de trois quarts , il ne l'était que de profil aux autres éditions . Quoique je sois bien vieux, j'apprends tous les jours à le connaître .

Adieu, mon très illustre philosophe, je suis obligé de dicter, je deviens aveugle comme La Mothe . Quand l'abbé Trublet 23 le saura, il trouvera mes vers meilleurs . »

1 On dispose de plusieurs copies de cette lettre ; la première envoyée à Mme Du Deffand et portant en-tête la mention de Wagnière « Lettre de M. de Voltaire à M. d'Alembert du 4è février 1763 » . semble présenter le meilleur texte et a été préférée pour l'impression . On peut aussi citer entre autres, la copie envoyée à la reine de Suède ; l'édition Lettre de M. de Voltaire à M. d'Alembert 1763, brochure de 8 pages signée A qui date la lettre du 11 février , ce qui est peu vraisemblable, la réponse de d'Alembert étant datée du 12 février 163 . Le texte de cette édition est pratiquement semblable à celui de la copie de Wagnière, la seule différence notable étant l'addition des mots le jour de la naissance d'Alexandre au premier paragraphe, après écrivit à Aristote ; voir plus loin une autre variante commune à une autre édition . Une seconde édition de de la lettre est représentée par les Lettres de M. de Voltaire à ses amis du Parnasse, 1766, dont le texte est semblable à celui du manuscrit 1, avec une addition concernant Berthier ; en effet au cinquième paragraphe, les mots mais enfin se trouvent remplacés par et qui se confessa malheureusement sans le savoir au gazetier ecclésiastique l'abbé Poignard, qui lui refusa par trois fois l'absolution . Notons enfin que les Mémoires secrets reproduisent aussi la lettre , à la date du 9 mars 1763 . Ici encore , une seule variante à signaler , qui se trouve aussi dans l'édition séparée décrite la première : le sixième paragraphe, après révérend père Garasse, est complétée par les mots ; , jésuite, qui a écrit il y a plus de cent ans contre les esprits forts, en style bouffon et burlesque . Les autres variantes , pour la plupart simplement orthographiques, ou tout simplement insignifiantes, ont été ignorées ; il est difficile de savoir si elles sont dues à V* ou aux éditeurs .

2 Voir lettre du 30 janvier 1763 à Ruffey ; les mots en italique ne sont pas une citation directe de l'ouvrage de Cerutti et les noms cités se trouvent au chapitre XX. Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/12/26/en-vous-remerciant-de-l-epigramme-sur-le-cocu-du-parlement.html

4 Sylvain Perussault, auteur de sermons .

5 Charles Frey de Neuville, autre prédicateur dont le sermon le plus connu est l'Oraison funèbre de Son Éminence le cardinal de Fleury […] prononcée […] dans l'église de Paris le 25 mai 1743, 1743 .V* possédait ses Observations sur l'institut de la société des jésuites, 1762 , peut-être œuvre de Pierre-Claude Frey de Neuville .

6 Charles-Jean -Baptiste Le Chapelain, auteur d'ouvrages de piété et de sermons .

7 Joseph Du Baudory, auteur d’œuvres diverses .

8 Claude Buffier, auteur de nombreux ouvrages et d'articles publiés dans les Mémoires de Trévoux, objet des railleries de Desfontaines dans le Dictionnaire néologique ; V* possédait sa Pratique de la mémoire artificielle, 1705 .

9 François-Joseph Terrasse Desbillons, polygraphe estimé .

10 Le père Castel, physicien cartésien, dont V* a admiré le Clavecin oculaire .

11 Vivien de La Borde, auteur d'essais de théologie pastorale .

12 Philippe Briet auteur de vastes Annales mundi, 1662-1663 .

13 Jean Garnier, savant auteur du Liber diurnus romanorum pontificum, 1680 , et du Systema bibliothécae collegii parisiensis Societatis Jesu, 1678 .

14 Esprit Pezenas, astronome et mathématicien .

15 Edmond Simonnet, auteur de Institutiones theologicae ad usum seminariorum, 1721-1728, en onze volumes .

16 Adam Huth, deux fois provincial des jésuites .

17 On a vu dans la lettre du 6 septembre 1762 à d'Argental que Berthier avait été nommé sous-précepteur du dauphin .Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/08/03/malheur-aux-compliments-quand-ils-sont-longs-5968453.html

18 Allusion aux Plaideurs ,II, 5, de Racine

19 En allant prendre ses fonctions de sous-précepteur .

20 La présence de ce Le Roi, qui n'est pas un jésuite, pourrait surprendre . Il s’agit du curé de Saint Herbland, diocèse de Rouen, qui prêchant à Saint Eustache, avait osé mettre sur le même plan Bayle et Voltaire . D'Alembert en a averti V* dans sa lettre du 31 mars 1762, et lui a recommandé de ne pas « oublier cet honnête homme » à la « première bonne digestion qu'il aurait ».

21 Ce « libelle » est constitué par une ou deux livraisons de La Renommée littéraire, attribué à Ecoucha

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04/01/2018 | Lien permanent

je n’ai confié à personne qu’à vous mes propositions politiques. Tâchez de faire notre affaire

... Confidence du président à son premier ministre ; à quel sujet ? je ne suis pas dans le secret, mais tant pis , c'est leur affaire . Disons qu'elle sera bonne pour tous , et qu'on arrête ces manifestations de rue stériles, et finalement couteuses pour la nation .

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« a Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

16 décembre [1762] 1

O mes anges ! vous avez entrepris d’affubler mademoiselle Corneille du sacrement de mariage, seul sacrement que vous devez aimer. Mon demi-philosophe, que vous m’avez dépêché, n’est pas demi-pauvre, il l’est complètement. Son père n’est pas demi-dur, c’est une barre de fer. Il veut bien donner à son fils mille livres de pension ; mais, en récompense, il demande que je fasse de très grands avantages ; de sorte que je ne suis pas demi-embarrassé. Je n’ai presque à donner à mademoiselle Corneille que les vingt mille francs que j’ai prêtés à M. de La Marche, qui devraient être hypothéqués sur la terre de La Marche, et sur lesquels M. de La Marche devrait s’être mis en règle depuis un an ; au lieu que je n’ai pas même de lui un billet qui soit valable. Cela s’est fait amicalement, et les affaires doivent se traiter régulièrement. 

Ces vingt mille francs donc, 1400 livres de rente déjà assurés, environ quarante mille livres de souscriptions, le marié et la mariée nourris, chauffés, désaltérés, portés 2 pendant notre vie, c’est là une raison qui n’est pas la raison sans dot 3; et si un père qui ne donne rien à son fils le philosophe trouve que je ne donne pas assez, vous sentez, mes anges, que ce père n’est pas un homme accommodant.

Cependant il faut tâcher de faire réussir une affaire que vous m’avez rendue chère en me la proposant.

Notre futur a fait noblement son métier de meurtrier, tout comme un autre : puis il me paraît trop philosophe pour aimer beaucoup l’emploi de tuer du monde pour de l’argent et pour une croix de Saint-Louis. Je le crois très propre aux importantes négociations que nous avons avec la petitissime et pédantissime république de Genève. Voici un temps favorable pour employer ailleurs M. de Montpéroux, résident à Genève. Il y a bien des places dont M. le duc de Praslin dispose. Il me semble que si vous vouliez placer à Genève notre futur, vous obtiendriez aisément cette grâce de M. le duc de Praslin . Rien ne serait plus convenable pour les Genevois et pour moi, et surtout pour madame Denis, qui commence à trouver les hivers rudes à la campagne au milieu des neiges. Mademoiselle Corneille vous devrait son établissement, madame Denis et moi nous vous devrions la santé, M. de Vaugrenant vous devrait tout. Voyez, anges bienfaisants, si vous pouvez faire tant de bien, si M. le duc de Praslin veut s’y prêter. Vous pouvez faire quatre heureux, et c’est la seule manière de célébrer ce beau sacrement de mariage sous vos auspices . Sans cela l’inflexible père ne donnera point son consentement, et voici comment il raisonne . L’argent des souscriptions est peut-être peu de chose, et l’on ne saura que dans dix-huit mois à quoi s’en tenir. On ne veut guère articuler dans un contrat de mariage l’espérance d’un produit de souscriptions pour un livre imprimé par des Genevois. Les 1400 livres de rente qui appartiendront à mademoiselle Corneille ne sont que viagères ; elle n’aura donc que mille livres de rente à stipuler réellement.

Il pourra même pousser plus loin ses scrupules, s’il sait que le premier président actuel de Dijon dispute à son père jusqu’à la propriété de la terre de La Marche. Notre sacrement est donc hérissé de difficultés, et toutes seraient aplanies par l’arrangement que j’imagine. Le sort de mademoiselle Corneille est donc entre les mains de mes anges.

Je baise le bout de leurs ailes avec plus de ferveur que jamais . Il est vrai que je ne leur envoie point de tragédie pour les séduire. Je suis occupé à présent à faire un parc d’une lieue de circuit, qui a pour point de vue, en vingt endroits, dix, quinze, vingt, trente lieues de paysage. Si je peux trouver d’aussi belles situations au théâtre, vous aurez des drames ; mais laissons passer les plus pressés, et faisons-nous un peu désirer. Je sais bien que M. de Marigny 4 ne m’élèvera point de mausolée  ; mais mes anges diront : il avait quelque talent, il nous aimait.

Au reste, je n’ai confié à personne qu’à vous mes propositions politiques. Tâchez de faire notre affaire . Si vous voulez que M. de Vaugrenant et mademoiselle Corneille fassent des philosophes et des faiseurs de tragédies, donnez-nous la résidence de Genève.

Mes anges, faites comme vous voudrez, comme vous pourrez ; pour moi, je suis à vos ordres, à vos pieds, à vos ailes jusqu’au dernier moment de ma vie.

N.B. – Madame Denis et mademoiselle Corneille ne sont pas si contentes que moi du demi-philosophe ; elles le trouvent sombre, duriuscule 5, peu poli, peu complaisant, marchandant, et marchandant mal . Mais si la résidence genevoise était attachée à ce mariage, nos dames pourraient être plus contentes. Enfin ordonnez.

V. »

1 L’édition Supplément au recueil est très inexacte .

2 Allusion au Joueur de Regnard, III, 3 . Portés fait référence à l'équipage .

3 Réminiscence comique de L'Avare, I, 5 .

4 Marigny, frère de la marquise de Pompadour et intendant des bâtiments du roi, avait commencé à faire ériger un mausolée à la mémoire de Crébillon le tragique qu'avait protégé sa sœur .

5 Allusion comique au Malade imaginaire , II, 9 ; voir : https://www.littre.org/definition/duriuscule

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25/10/2017 | Lien permanent

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