Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

J’aime mieux mourir libre que d’avoir une terre de mon nom.

... et cette terre, je ne veux ni l'occuper d'une tonne de marbre gravé, ni la polluer de mes ossements inutiles ( tout feu tout flamme, vive la crémation ).

 Image associée

You too ! birdy .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

13 juillet [1763] 1

Eh ! qui vous a dit, mes divins anges, que je brochais un drame ? Je vous ai dit que le sang me bouillait : mais que de raisons de le faire bouillir quand je considère tout ce qui se passe dans ce monde ? Si mon pot bout, cela ne dit pas qu’il y ait une tragédie dedans ; mais s’il y en avait une, vous seriez ardemment conjurés de ne la donner jamais sous mon nom. Soyez pleinement convaincus que le public ne se tournera jamais de mon côté quand il verra que je veux paraître toujours sur la scène . On se lasse de voir toujours le même homme. On siffla douze fois Pierre Corneille après sa Rodogune, dont  on avait passé bénignement les quatre premiers actes. Voilà comme sont faits les hommes, et surtout les gens de mon pays. Si on eut un enthousiasme extravagant pour l’extravagante et barbare pièce de ce vieux fou de Crébillon, ce fut parce qu’il était misérable, parce qu’il avait été vingt ans sans rien donner 2, et surtout parce qu’on voulait m’humilier. Je n’ai donné Olympie qu’à cause des remarques qui peuvent être utiles aux gens de bien ; c’est pour avoir le plaisir de parler du beau livre des rois, et pour mettre dans tout son jour l’abomination du peuple de Dieu, que j’ai permis que Colini imprimât la pièce. Je ne perds pas une occasion de rendre de petits services à la sacro-sainte 3. Mon zèle est actif. A l’égard de la pièce, je parierai contre qui voudra qu’elle fera un très grand effet sur le théâtre, et j’en ai la preuve . Mais il faut attendre, et j’attends très volontiers.

J’ai toujours trouvé très bon que M. Lekain et Mademoiselle Clairon imprimassent Zulime . Mais ce n’est pas ma faute si un nommé Duchesne ou Grangé 4 en donna une édition clandestine détestable, et si les libraires ne donneraient pas cent écus pour une édition nouvelle . Ce n’est pas ma faute si ce monde est un brigandage. Je donne tout, et on ne me sait gré de rien : c’est un ancien usage.

Mais encore, si je faisais un drame, je ne le ferais pas en six jours . Il m’en coûterait quinze ou seize, car je m’affaiblis de moitié ; et puis, pour les coups de ciseau, il faudrait trois ou quatre mois. Mais mieux vaudrait tout abandonner que d’être connu, et ce ne serait que l’incognito le plus incognito qui pourrait me déterminer. Je vous y mettrais un style dur qui dérouterait le monde . La pièce serait un peu barbare, un peu à l’anglaise . Il y aurait de l’assassinat . Elle serait bien loin de nos mœurs douces . Le spectacle serait assez beau, quelquefois très pittoresque 5. Enfin, si les anges me juraient par leurs ailes qu’ils cacheraient ce secret dans leur tabernacle, je leur jurerais, de mon côté, que les Thieriot et autres n’en croqueraient que d’une dent. Ce drame serait d’un jeune homme qui promettrait quelque chose de bien sinistre, et qu’il faudrait encourager. Ne serait-ce pas un grand plaisir pour vous de vous moquer de ce public si frivole, si changeant, si incertain dans ses goûts, si volage, si français ? Enfin, mes anges, vous avez ranimé ma fureur pour le tripot . En voilà les effets. Mango-Capac est-il imprimé ? Il faut tâcher que le drame inconnu soit un petit Mango, qu’il y ait du fort, du nerveux, du terrible. On ne pleurera pas cette fois ; mais faut-il pleurer toujours ?

Mes anges pardon si je vous importune encore d'un paquet pour frère Damilaville . Permettez-moi cette liberté . 

J’ai lu les remontrances. Vraiment le parlement d’Angleterre ne parlait pas autrement à Charles Ier . Cela est mirifique.

Mes anges, je n’ai pas un moment à moi depuis dix ans. Je vous conjure de dire à M. le p[rési]d[ent] de La Marche combien je lui suis obligé. Le contrat de l’acquisition de Ferney est au nom de madame Denis ; je lui ai donné la terre. Comment l’appeler de mon nom ? Je n’ai point d’enfants ; et si Messieurs m’échauffent les oreilles, je quitterai tout plutôt que de ne leur pas répondre ; car, après tout, la vérité est plus forte qu’eux, et je connais gens qui prendront mon parti. J’aime mieux mourir libre que d’avoir une terre de mon nom.

Je n’ai point écrit à M. Chauvelin l’ambassadeur. Que lui dirai-je ? que je suis très mécontent de son frère 6 ?

Mes divins anges, pardonnez mon petit enthousiasme.

Respect et tendresse.

V.»

1 Dans l’édition de Kehl , et suivantes, manque le 4è paragraphe biffé sur la copie Beaumarchais .

2 Les sept premières tragédies de Crébillon furent représentées entre 1705 et 1726 ; les deux suivantes, et dernières, le furent ne 1748 et 1754 ; Le Triumvirat eut une gestation particulièrement laborieuse, Cromwell ne fut jamais représenté .

3 Par ironie, la religion chrétienne .

4 ou Grangé est ajouté au dessus de la ligne sur le manuscrit .

6L'abbé Henri-Philippe de Chauvelin : https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Philippe_de_Chauvelin

Lire la suite

30/06/2018 | Lien permanent

J’ai peut-être mieux rencontré quand j’ai dit que si jamais l’empire des Turcs était détruit ce serait par la Russie

... Qui d'autre l'oserait et y aurait intérêt ?

https://www.causeur.fr/erdogan-poutine-otan-afrin-syrie-1...

 

 

 

« A François-Pierre Pictet

[4 juillet 1763] 1

Mon cher géant, vraiment votre lettre 2 est d’un vrai philosophe ; vous êtes un Anacarsis et d’Alembert n’a pas voulu l’être. Je ne sais pourquoi le philosophe de Paris n’a pas osé aller chez la Minerve de Russie. Il a craint peut être le sort d’Ixion 3.

Pour votre Jean Jaques ci-devant citoyen de Genève, je crois que la tête lui a tourné quand il a prophétisé contre les établissements de Pierre le Grand 4. J’ai peut-être mieux rencontré quand j’ai dit que si jamais l’empire des Turcs était détruit ce serait par la Russie 5, et sans l’aventure du Pruth je tiendrais ma prophétie plus sûre que toutes celles d’Isaïe.

Votre auguste Catherine seconde est assurément Catherine unique ; la première ne fut qu’heureuse. J’ai pris la liberté de lui envoyer quelques exemplaires du second tome de Pierre le Grand par M. de Balk qui partit de Genève il y a deux mois 6. Je me flatte qu’elle y trouvera des vérités. J’ai eu de très bons mémoires, je n’ai songé qu’au vrai. Je sais heureusement combien elle l’aime.

Ce qu’elle a daigné dicter à son géant 7 me paraît d’un esprit bien supérieur. Oh qu’elle a raison quand elle fait sentir cette fastidieuse prolixité d’écrits pour et contre les jésuites, et quand elle parle de ces quatre-vingt pages d’extraits sur des choses qu’on doit dire en dix lignes ! que j’ai de vanité de penser comme elle !

Mais on ne doit jamais rendre public ce qu’on admire à moins d’une permission expresse, sans quoi il faudrait, je pense, imprimer toutes ses lettres. Savez vous bien que madame la princesse sa mère m’honorait de beaucoup de bontés ? et que je pleure sa perte 8? Si je n’avais que soixante ans je viendrais me consoler en contemplant de loin sa divine fille.

Notre cher géant mettez à ses pieds je vous prie ce petit papier pomponné 9. Si vous êtes bigle, vous verrez que je deviens aveugle et sourd.

Elle daigne donc protéger la petite fille de Corneille ? Eh bien n’est il pas vrai que toutes les grandes choses nous viennent du nord ? ai-je tort ?

Madame votre mère 10 vous mandera les nouvelles de Genève. Pour moi je suis 11 pénétré du billet que j’ai lu de votre auguste impératrice que j’en oublie jusqu’à votre grande république. J’ai baisé ce billet. N’allez pas le lui dire au moins ; cela n’est pas respectueux.

J’embrasse mon cher géant sans cérémonie.12 »

 

 

 

1 L'édition de Kehl donne 1762 corrigé en 1763 et après hésitations, septembre pour le mois . La date est ici fournie par quelques faits : 1° la lettre de Pictet à laquelle répond V* est celle du 10 mai 1763 ; 2° les exemplaires du second tome de Pierre le Grand doivent avoir été prêts en avril-mai 1763 ; 3° la date exacte de la présente lettre est alors fournie par une lettre du prince Dmitri Mikhaïlovitch Golitsin à V* du 11 septembre 1763 qui mentionne deux lettres de V* reçues par lui, à Vienne, du 4 juillet 1763 et du 12 août, dont la première contient une « incluse » pour Pierre Pictet .

2 Cette lettre dont on parle ci-dessus, est importante pour comprendre les sentiments de V* à l'égard de Catherine II, et plus généralement sa russophilie contrastant avec les idées de JJ Rousseau . La voici : lettre D11201 page 23 et suivantes sur http://www.archivesfamillepictet.ch/bibliographie/documents/Voltaire_et_Rousseau_2012.pd

3 Ixion, roi des Lapithes, chassé de ses états pour un crime qu'il avait commis, fut accueilli dans l'Olympe par Jupiter . Ixion devint amoureux de Junon et Jupiter, pour tromper sa passion produisit un nuage ressemblant à Junon : de ce commerce naquirent les centaures . Quant à Ixion il fut condamné à tourner éternellement sur une roue .

6 Ces cinq mots figurent seulement dans la copie Beaumarchais-Kehl .

7 Voici le texte de ces propos transmis également par Picte à V* ; voir page 26 et suivantes : D 11210 : http://www.archivesfamillepictet.ch/bibliographie/documents/Voltaire_et_Rousseau_2012.pdf

8 Elle est morte le 30 mai 1760 .

9 Ce « petit papier » ne nous est pas parvenu directement , mais à la suite de la copie de la présente lettre faite par Pictet, et conservée à la bibliothèque de Dijon, on lit les vers suivants, qui furent publiés dans les Mémoires secrets, I ,292 à la date du 31 octobre 1763 , puis avec quelques variantes dans le Mercure de France de janvier 1764, I, 30 .

Dieux qui m’ôtez mes yeux et mes oreilles,

Rendez les moi ; je pars au même instant.

Heureux qui voit vos augustes merveilles

O Catherine, heureux qui vous entend !

Plaire et régner c’est là votre talent :

Mais le premier me touche davantage.

Par votre esprit vous étonnez le sage ;

Il cesserait de l’être en vous voyant.

10 Suzanne Gallatin, femme d'Isaac Pictet .

11 V* semble avoir oublié si .

12 Cette dernière phrase ne figure que sur la copie Beaumarchais-Kehl.

Lire la suite

23/06/2018 | Lien permanent

J'ai l'honneur de vous envoyer, monsieur, l'esquisse sur la tolérance, c'est-à-dire, à mon gré, sur un des droits les pl

... La tolérance n'est pas l'acceptation de tout, loin de là, et Voltaire aurait sans doute approuvé  Saint Augustin : « À force de tout voir l’on finit par tout supporter… À force de tout supporter l’on finit par tout tolérer… À force de tout tolérer l’on finit par tout accepter… À force de tout accepter l’on finit par tout approuver ! »

 Résultat de recherche d'images pour "tolérance droit sacré humour"

 

 

 

« A Paul-Claude Moultou

Ferney , 2è janvier 1763

J'ai l'honneur de vous envoyer, monsieur, l'esquisse sur la tolérance, c'est-à-dire, à mon gré, sur un des droits les plus sacrés du genre humain . Vous devriez bien rendre cet ouvrage supportable en y ajoutant quelques-unes de vos réflexions, que je vous supplierai de mettre sur un papier séparé . Voici bientôt Genève […]1 . Il est essentiel que l'ouvrage paraisse incessamment, parce que l'affaire des Calas va être jugée ce mois-ci ; c'est ce que me mande leur avocat M. Mariette .

Puis-je vous demander ce que c'est qu'un Accord parfait etc.2 composé par un prétendu capitaine de cavalerie cité à la page 474 du détestable livre de ce fripon d'abbé de Caveyrac 3, plus ennemi encore du genre humain que le vôtre ? Je me défie des livres qui annoncent quelque chose de parfait ; cela n'est bon que pour le parfait maréchal, et pour le parfait confiturier ; cependant faites-moi l’amitié de m'envoyer toujours cet Accord parfait .

J'ai l'honneur de vous envoyer les livres que vous avez eu la bonté de me prêter .

Je vous souhaite, monsieur, au commencement de cette année, toute la félicité que vous méritez . »

1 Une dizaine de mots ont été ici lourdement biffés sur le manuscrit, apparemment par V* lui-même .

2 Ouvrage du chevalier de Beaumont : L'Accord parfait de la nature et de la raison, de la révélation et de la politique, ou Traité dans lequel on établit que les voies de rigueur, en matière de religion, blessent les droits de l’humanité, [etc.], 1753 . on regarde quelquefois cet ouvrage comme une version adoucie du Patriote français et impartial, du protestant Antoine Court, 1751 . V* s'intéresse à cet ouvrage en raison de son propre Traité sur la tolérance . Voir : https://books.google.fr/books?id=Wq0AAAAAcAAJ&pg=PP1&lpg=PP1&dq=L%27Accord+parfait+de+la+nature+et+de+la+raison,+de+la+r%C3%A9v%C3%A9lation+et+de+la+politique,+ou+Trait%C3%A9+dans+lequel+on+%C3%A9tablit+que+les+voies+de+rigueur,+en+mati%C3%A8re+de+religion,+blessent+les+droits+de+l%27huamnit%C3%A9&source=bl&ots=y62PJnmWky&sig=lJacgy5hXy-qtXUGs-xgA5Xg3zE&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi83N_nw7fXAhXCC-wKHS6UDR8Q6AEILTAA#v=onepage&q=L%27Accord%20parfait%20de%20la%20nature%20et%20de%20la%20raison%2C%20de%20la%20r%C3%A9v%C3%A9lation%20et%20de%20la%20politique%2C%20ou%20Trait%C3%A9%20dans%20lequel%20on%20%C3%A9tablit%20que%20les%20voies%20de%20rigueur%2C%20en%20mati%C3%A8re%20de%20religion%2C%20blessent%20les%20droits%20de%20l%27huamnit%C3%A9&f=false

et : http://www.sudoc.abes.fr//DB=2.1/SET=1/TTL=1/CLK?IKT=1016&TRM=L%27accord+parfait+de+la+nature,+de+la+raison,+de+la+re%CC%81ve%CC%81lation,+et+de+la+politique+ou+Traite%CC%81+dans+lequel+on+e%CC%81tablit,+que+les+voies+de+rigeur+en+matie%CC%80re+de+religion,+blessent+les+droits+de+l%27humanite%CC%81+et+sont+e%CC%81galement+contraires+aux+lumie%CC%80res+de+la+raison+a%CC%80+la+morale+e%CC%81vangelique+et+au+ve%CC%81ritable+inte%CC%81re%CC%82t+de+l%27Etat.+Par+un+gentil-homme+de+Normandie,+ancien+Capitaine+de+Cavalerie+au+service+de+S.M.+Tome+premier+%5B-second%5D

et : https://www.museeprotestant.org/notice/antoine-court-1695-1760/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Court

Lire la suite

12/11/2017 | Lien permanent

environné, tout du long de la route, d'affaires, de feux de joie, de fusées, de bals, de comédies, de cris de joie, de b

... Ce qui n'est pas tout à fait le cas à 6h30, où le seul feu de joie est celui du soleil levant sur les Alpes, les battements de main ceux d'un éventuel auto-stoppeur me faisant un bras d'honneur quand je ne le prend pas, femmes et filles ne se bousculant pas sur mon passage , soyons réaliste !

tout aulong de la route9324.JPG

 

 

« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.

Aux Délices, 6 septembre [1756].

Je ne conçois pas trop comment mon héros, environné, tout du long de la route, d'affaires, de feux de joie, de fusées, de bals, de comédies, de cris de joie, de battements de mains, de femmes, de filles, daigne encore trouver le temps de donner une lettre à Florian 1 pour moi. Je vous remercie tendrement, monseigneur. Soyez bien persuadé que je serais venu vous faire ma cour à Lyon mais je crains pour la vie d'une de mes nièces. Tronchin sera un grand médecin s'il la tire d'affaire.
Quand vous pourrez m'envoyer quelque petit détail de votre belle expédition de Mahon, je vous serai vraiment très-obligé; mais à présent je ne fais qu'un tableau général des grands événements, et je ne peins qu'à coups de brosse. Puisque j'avais commencé une Histoire générale, il a fallu la finir; et, dans cette histoire, ce qui fait le plus d'honneur à la nation, y est marqué en peu de mots 2. Je dis que vous avez sauvé Gênes, que vous avez contribué plus que personne au gain de la bataille de Fontenoy. Je parle de l'assaut de Berg-op-Zoom, pour mettre au-dessus de cette entreprise l'assaut général que vous avez donné à des ouvrages bien moins entamés que ceux de Berg-op-Zoom tout cela sans affectation, sans avoir l'air de vouloir parler de vous, et comme conduit par la force des événements. J'aurai eu du moins le plaisir de finir une Histoire générale par vous.
Il est venu, dans mon trou des Délices, un petit garçon haut comme Ragotin, nommé Dufour, qui a fait un petit divertissement à Lyon en votre honneur et gloire. Il dit que c'est vous qui me l'avez adressé, qu'il va à Paris, qu'il veut être votre secrétaire, qu'il faut que je lui donne une lettre pour vous. Je lui donnerai donc cette lettre, qui contiendra que le porteur est le petit Dufour, et vous ferez du petit Dufour tout ce qu'il vous plaira; mais je serai fort surpris si le petit Dufour peut vous aborder. On dit qu'un abbé 3 va à Vienne. J'espère qu'il bénira l'aigle à deux têtes 4, et qu'il maudira celui qui n'en a qu'une. Les ermites suisses vous présentent leurs tendres respects. »

1 Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian, futur époux en 1762, de Marie-Elisabeth de Fontaine devenue veuve .

2 Voir la lettre à Richelieu, du 4 février 1757 « Je ne sais si mon héros aura déjà reçu un fatras d'histoire qui commence à Charlemagne, et même plus haut, et qui finit par le vainqueur de Mahon .Vous n'aurez guère, monseigneur, le temps de lire dans votre année d'exercice ; ... »

3 L'abbé de Bernis .

4 L'aigle autrichien à deux têtes, arboré par Vienne car depuis 1461, Frédéric III accorde des privilèges à la ville en remerciement, ainsi que le droit d'apposer l'aigle à deux têtes et la couronne impériale sur les armoiries de la ville. Le prussien a une seule tête.

 

Lire la suite

15/08/2012 | Lien permanent

Ameutez-vous, et vous serez les maîtres. Je vous parle en républicain ...Ô la pauvre république!

... Suite de la manif contre le mariage pour tous : la république n'a que faire de tel mouvement . Les forces de police , ô ironie, ont simplement appliqué les consignes de l'ex-ministre Guaino qui me rappelle les joueurs de Jokari distraits se prenant leur balle en pleine tête . 

 

jokari.png


Sur les trois cent mille ou un million de traine-intolérance de ce dimanche , combien ont un fils ou une fille homosexuel(le) ? Combien savent vraiment ce que ceux-ci vivent au quotidien ? Combien  de papas-mamans, parisiens d'un jour, auront divorcé dans les trois ans qui viennent ?

Ô pauvre république que celle de ces myopes de l'esprit !

 

 

 

« A M. Jean Le Rond d'ALEMBERT.

A Lausanne, 19 janvier [1758].

Je reçois, mon cher philosophe, votre lettre du 11. Je vous dirai que je viens de lire votre article Géométrie. Quoique je sois un peu rouillé sur ces matières, j'ai eu un plaisir très-vif, et j'ai admiré les vues fines et profondes que vous répandez partout. Je vous ai envoyé Hémistiche et Heureux 1, que vous m'avez demandés. Hémistiche n'est pas une commission bien brillante. Cependant, en ornant un peu la matière, j'en aurai peut-être fait un article utile pour les gens de lettres et pour les amateurs. Rien n'est à dédaigner, et je ferai le mot Virgule quand vous le voudrez. Je vous répète que je mettrai toujours avec grand plaisir des grains de sable à votre pyramide mais ne l'abandonnez donc pas, ne faites donc pas ce que vos ridicules ennemis voulaient, ne leur donnez donc pas cet impertinent triomphe.
Il y a quarante ans et plus que je fais le malheureux métier d'homme de lettres, et il y a quarante ans que je suis accablé d'ennemis. Je ferais une bibliothèque des injures qu'on a vomies contre moi, et des calomnies qu'on a prodiguées. J'étais seul, sans aucun partisan, sans aucun appui, et livré aux bêtes comme un premier chrétien. C'est ainsi que j'ai passé ma vie à Paris. Vous n'êtes pas assurément dans cette situation cruelle et avilissante, qui a été l'unique récompense de mes travaux. Vous êtes des deux Académies, pensionné du roi 2. Ce grand ouvrage de l'Encyclopédie, auquel la nation doit s'intéresser, vous est commun avec une douzaine d'hommes supérieurs qui doivent s'unir à vous. Que ne vous adressez-vous en corps à M. de Malesherbes?3 que ne prescrivez-vous les conditions? On a besoin de votre ouvrage il est devenu nécessaire il faudra bien qu'on vous facilite les moyens de le continuer avec honneur et sans dégoût. La gloire de M. de Malesherbes y est intéressée. On doit vous supplier d'achever un ouvrage qui doit toujours se perfectionner, et qui devient meilleur à mesure qu'il avance.

Je ne conçois pas comment tous ceux qui travaillent ne s'assemblent pas, et ne déclarent pas qu'ils renonceront à tout si on ne les soutient mais, après la promesse d'être soutenus, il faut qu'ils travaillent. Faites un corps, messieurs, un corps est toujours respectable. Je sais bien que ni Cicéron ni Locke n'ont été obligés de soumettre leurs ouvrages aux commis de la douane des pensées, je sais qu'il est honteux qu'une société d'esprits supérieurs, qui travaillent pour le bien du genre humain, soit assujettie à des censeurs indignes de vous lire, mais ne pouvez- vous pas choisir quelques réviseurs raisonnables ? M. de Malesherbes ne peut-il pas vous aider dans ce choix ? Ameutez-vous, et vous serez les maîtres. Je vous parle en républicain mais aussi il s'agit de la république des lettres. Ô la pauvre république!
Venons à l'article Genève. Un ministre me mande qu'on vous doit des remerciements; je crois vous l'avoir déjà dit. D'autres se fâchent, d'autres font semblant de se fâcher, quelques-uns excitent le peuple, quelques autres veulent exciter les magistrats. Le théologien Vernet, qui a imprimé que la révélation est utile est à la tête de la commission établie pour voir ce qu'on doit faire 4, le grand médecin Tronchin est secrétaire de cette commission, et vous savez combien il est prudent. Vous n'ignorez pas combien on a crié sur l'âme atroce de Calvin, mot qui n'était pas dans ma lettre à Thieriot, imprimée dans le Mercure galant, et très-fautivement imprimée. J'ai une maison dans le voisinage qui me coûte plus de cent mille francs aujourd'hui, on n'a point démoli ma maison. Je me suis contenté de dire à mes amis que l'âme atroce avait été en effet dans Calvin, et n'était point dans ma lettre. Les magistrats et les prêtres sont venus dîner chez moi comme à l'ordinaire. Continuez à me laisser avec Tronchin le soin de la plaisante affaire des sociniens de Genève, vous les reconnaissez pour chrétiens, comme M. Chicaneau reconnaît de Pimbesche
Pour femme très-sensée et de bon jugement 5.
Il suffit. Je suis seulement très-fâché que deux ou trois lignes vous empêchent de revenir chez nous. Je vous embrasse tendrement.
P. S. Permettez-moi seulement les politesses avec ces sociniens honteux, ce n'est pas le tout de se moquer d'eux, il faut encore être poli. Moquez-vous de tout, et soyez gai. »

2 D'Alembert était au nombre des pensionnaires dans l'Académie des sciences.

3 Voir sur son rôle de censeur : http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1995-04-0106-013

4 La Vénérable Compagnie des pasteurs avait fait dresser un mémoire à l'usage du Conseil de Genève après avoir nommé des commissionnaires pour examiner l'article « Genève » . Voir entre autres la délibération du Conseil du 8 février 1758 qui demande « qu'il ne fût fait aucune mention du Magistrat dans le mémoire de la Vénérable Compagnie » ; voir aussi lettre du 7 mars 1758 à d'Alembert : page 417 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f420.image

5 Les Plaideurs de Racine .

 

 

Lire la suite

25/03/2013 | Lien permanent

Un des grands défauts qu’on reproche à la nation française, c’est que les hommes de mérite qu’elle a produits ont été pr

... Tiens, ça me fait penser aux Balkany et au manque de moralité conséquent de leurs électeurs qui les adulent . Et ce n'est qu'un des nombreux exemples de truands élus par des gogos immoraux . Nicht wahr ?

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

15 mai 1765

Puisque vous avez reçu, Monseigneur, le dernier paquet que j’eus l’honneur de vous adresser, il y a quelque temps, par M. Jeannel, en voici un autre 1 qui m’arrive de Hollande et que je vous dépêche par la même voie. Je ne crois pas que vous ayez besoin de l’eau de Lausanne pour vos yeux ; ils ont vingt-cinq ans, comme votre imagination et vos grâces. Les miens sont très vieux, et ont souffert des ophtalmies affreuses par les vents du nord autant que par la lecture . Mais si vous voulez employer cette eau pour quelqu’un de vos amis, vous n’avez qu’à me donner vos ordres, j’écrirai sur-le-champ 2 à Lausanne, afin qu’on en fasse partir quelques bouteilles par la voie que vous voudrez bien indiquer. Ce remède n’est bon que pour ceux qui ont des ulcères aux paupières, et n’est nullement propre d’ailleurs à rétablir l’organe de la vue . Il lui ferait même plus de mal que de bien. Il reste encore à savoir si cette recette, qui est favorable dans le printemps, peut faire le même effet en hiver, ce dont je doute beaucoup.

Permettez-moi de vous dire un petit mot des spectacles, qui sont nécessaires à Paris, et que vous protégez. J’ignore si vous pourriez vous servir de l’occasion présente pour faire sentir combien il est contradictoire que des personnes payées par le roi, et qui sont sous vos ordres, soient en prison au fort ou au four de l’Évêque, si elles ne remplissent pas les devoirs de leur profession ; et excommuniées, damnées par l’évêque, si elles les remplissent. Est-il juste qu’on perde tous les droits de citoyen, et jusqu’à celui de la sépulture, parce qu’on est sous votre autorité ? Si quelqu’un peut jamais avoir la gloire de faire cesser cet opprobre, c’est assurément vous, et Paris vous élèverait une statue comme Gênes 3. Mais quelquefois les choses les plus simples et les plus petites sont plus difficiles que les grandes ; et tel homme qui peut faire capituler une armée d’Anglais ne peut triompher d’un curé.

Je voudrais bien que vous protégeassiez les encyclopédistes. Ce sont pour la plupart des hommes infiniment estimables. Leur ouvrage, malgré ses défauts, fera beaucoup d’honneur à la nation ; et ce ne sera pas un honneur passager et ridicule. Un des grands défauts qu’on reproche à la nation française, c’est que les hommes de mérite qu’elle a produits ont été presque toujours opprimés ou avilis et qu’on leur a préféré des misérables. Feu M. Le Normand de Tourneheim avait relégué les tableaux de Vanlo dans la chambre de ses laquais. Votre protection, accordée à ceux qui travaillent à l’Encyclopédie, les encouragerait ; la plus saine partie de la nation vous en saurait beaucoup de gré.

Il est un peu humiliant que les Russes récompensent magnifiquement 4 ceux que le parlement de Paris a persécutés.

On m’a dit que les pairs avaient présenté au roi un mémoire sur leurs droits. J’ai longtemps examiné cette matière en étudiant l’histoire de France, et je suis convaincu que l’origine de toute juridiction suprême en France est la pairie . Mais vous avez M. Villaret, votre secrétaire 5, qui en sait beaucoup plus que moi, et qui sans doute vous a très bien servi . C’est un homme très instruit. Conservez vos bontés à votre ancien serviteur, qui vous sera toujours attaché avec un profond respect.

V. »

1 La Philosophie de l’histoire

2 Ce mot, sur le manuscrit en surcharge un autre illisible.

4 Achat de la bibliothèque de Diderot par Catherine II.

5 Continuateur de Velly . L’historien Claude Villaret est le secrétaire du groupe « ducs et pairs » au parlement . Les « ducs et pairs » y siègent de droit, sous réserve de la « réception », à la différence des ducs ordinaires .

Lire la suite

06/09/2020 | Lien permanent

c'est quelque chose d'avoir fait cinq actes sans amour, quand on est français

http://www.deezer.com/listen-2296938

http://www.deezer.com/listen-574139

http://www.deezer.com/listen-3117804

tigre-singe.jpg

 Volti dit dans cette lettre " Dans quel pays de singes et de tigres êtes-vous !", et ce n'est pas alors un compliment pour la France . Et il a raison . En 1761, oui, en 2011, oui encore, je crois .

La photo qui précède devrait inciter tous les humains à effacer la barrière de ce qu'on nomme races .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

Aux Délices 1er avril [1761]

 

A peine avais-je fait partir mes doléances 1 qu'une lettre de mes anges du 25 mars est venue me consoler et m'encourager . Sur le champ la rage du tripot m'a repris . J'ai déniché un vieil Oreste ; et presto, presto , j'ai fait des points d'aiguille à la reconnaissance d'Oreste et d'Electre, et à la mort de Clytemnestre ; puis étant de sang-froid j'ai écrit la pancarte du privilège, et la requête aux comédiens pour les rôles 2. Et j'envoie le tout à mes chers anges, félicitant mon respectable ami de la guérison de ses deux yeux qui vont mieux que mes deux oreilles . M. d'Argental voit ; et moi je n'entends guère . Surdité annonce décadence . Mais la main va et griffonne .

 

Vous saurez que M. de Lauraguais a fait aussi son Oreste 3, et qu'il est juste qu'il soit joué sur le théâtre qu'il a embelli 4, mais il permet que je passe avant, pour lui faire bientôt place . Sa folie d'être représenté n'est pas une folie nécessaire ; et la mienne l'est . On a eu l'injustice de me reprocher d'avoir traité le même sujet que Crébillon mon maître 5, comme si Euripide n'avait pas fait son Electre après celle de Sophocle . Euripide ne réussit pas comme Sophocle, mais il fut joué ; on ne lui fit pas un crime d'avoir travaillé sur le même sujet, on ne voulut pas le perdre auprès de madame de Pompadour . Mon Pammène ne vaut pas le Palamède de Crébillon . Mais peut-être ma Clytemnestre vaut mieux que la sienne, et c'est quelque chose d'avoir fait cinq actes sans amour, quand on est français . Si Mlle Dumesnil s'imagine que Clytemnestre n'est pas le premier rôle, elle se trompe . Mais il faut que Mlle Clairon soit persuadée que le premier est Electre . Je mets le tout à l'ombre de vos ailes . Signalez vos bontés et vos crédits . Je sais bien qu'on est tombé rudement sur Jean-Jacques 6. Mais ce petit valet de Diogène méritait encore pis . M. de Chimènes et moi nous sommes pire que Bertrand et Raton 7. Je suis le Bertrand . Raton tire mes marrons du feu . Il a amené d'ailleurs avec lui une espèce de secrétaire qui ayant transcrit l’Épître sur l'agriculture 8 se hâta de l'envoyer, avant que mes paquets fussent faits . J'en ai grondé Raton . Vous devez avoir les prémices .

 

Je vous demande en grâce de vouloir bien m'envoyer Tancrède et l'Appel sous l'enveloppe de M. de Courteilles .

 

M. le duc de La Vallière , tout grave auteur qu'il est, m'a donc trompé 9. Voila de la pâture pour les Fréron. Heureusement je connais des sermons tout aussi ridicules que le recueil des Facéties . Et j'en ferai usage pour l'édification du prochain . Pour l'amour de Dieu dites-moi ce que vous pensez de la paix . Pour moi je ne l'attends pas si tôt .

 

Est-il bien vrai que l'abbé Coyer soit exilé 10 et que son approbateur soit en prison ? et pourquoi ? qu'a-t-on donc vu ou voulu voir dans l'Histoire de Dobiesky qui puisse mériter cette sévérité ? S'agit-il de religion ? La fureur du fanatisme a-t-elle put être portée jusqu'à trouver partout des prétextes de persécution ? Que diront nos pauvres philosophes ! Dans quel pays de singes et de tigres êtes-vous ! Mes chers anges, que ne pouvez-vous être les anges exterminateurs des sots ! »

 

1  V* pense sans doute à sa lettre du 19 mars où il se plaint de ne pas avoir vu arriver Lekain, de ne pas avoir eu l'édition de Tancrède et de l'Appel aux nations que celui-ci devait lui apporter, où il se plaint de l'indiscrétion de Prault . Voir page 206 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800358/f212.image.r=.langFR

et Appel à toutes les nations de l'Europe : http://www.voltaire-integral.com/Html/24/33_Appel_a_toutes.html

2  Cette « requête » datée du 30 mars demande « de vouloir bien se prêter aux arrangements des rôles que M. Lekain leur présentera de sa part ... »

3  En réalité la tragédie du comte de Lauraguais et de Clinchamps de Malfilâtre était en réalité intitulée Clitemnestre ; elle ne fut pas représentée ; elle était dédiée à V*. Louis-Léon de Brancas , duc de Lauraguais : http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-L%C3%A9on_de_Brancas

Jacques Clinchamps de Malfilâtre :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Clinchamps_de_Malfil%C3%A2tre

4  Le comte avait débarrassé la scène des spectateurs en offrant une grosse somme aux comédiens ; voir lettre du 6 avril : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/04/05/est-ce-l-infame-amour-propre-dont-on-ne-se-defait-jamais-bie.html

 

5  En 1708 a été jouée pour la première fois une Electre de Crébillon. « Crébillon mon maître » pourrait être une allusion à l'emploi de cette expression dans l’Épître dédicatoire de Tancrède .

6  Dans ses Lettres sur la Nouvelle Héloïse, de V*, mais signées par Ximènes .

Page 117 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80022x/f122.image.r...

7  Fable de La Fontaine : Le singe et le chat .

8  De d'Alembert .

9  La Vallière avait trouvé une anecdote obscène dans les Orationes seu sermones ou Sermones festivi (1515) de Codrus (pseudonyme de Antonio Urceo) et l'avait envoyé à V* comme appartenant aux « sermons du révérend père Codret » . V* utilisa l'information sans la vérifier dans l'Appel aux nations ..., comme exemple de l’obscénité des prédicateurs . Le duc reconnait dans une lettre du 9 avril 1761, dont il autorise la publication, que c'est lui qui a induit V* en erreur .

Antonio Urceo : http://xavier.hubaut.info/paillardes/gaudeamus.htm

10  Par une lettre d'Helvétius, V* a appris la nouvelle qui est exacte ; l'abbé Coyer a été exilé pour son Histoire de Jean Sobieski, roi de Pologne, pour raisons politiques ; l'approbateur était Charles-Georges Doucet , dit Coqueley de Chaussepierre .

http://books.google.fr/books?id=joc2AAAAMAAJ&printsec=frontcover&dq=Histoire+de+Jean+Sobieski,+roi+de+Pologne&source=bl&ots=U9_hRmaBB8&sig=s2N1cwo9T1G7ZvqVEyCEdjPxzrQ&hl=fr&ei=ziWeTZzLGciHhQfAq_msBA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBkQ6AEwAA#v=onepage&q&f=false


 

Lire la suite

08/04/2011 | Lien permanent

Comment peut-on dire soyons amis à un homme qu’on accable d’un si profond mépris ?

... N'est-ce pas petit Nicolas Sarkozy, ce n'est pas bien de se comporter ainsi envers son ex-premier ministre quand il vient de vous faire prendre une déculottée .

 

 

 

« A Charles Pinot Duclos

Aux Délices 25 décembre 1761

Je présente à l’Académie ma respectueuse reconnaissance de la bonté qu’elle a eue d’examiner mon commentaire sur les tragédies du grand Corneille, et de me donner plusieurs avis dont je profite.

Nous allons commencer incessamment l’édition. Les frères Cramer vont donner leur annonce au public ; les noms des souscripteurs seront imprimés dans cette annonce : on y verra l’empereur, l’impératrice-reine, et l’impératrice de Russie, qui ont souscrit pour autant d’exemplaires que le roi notre protecteur 1. Cette entreprise est regardée par toute l’Europe comme très honorable à notre nation et à l’Académie, et comme très utile aux belles-lettres.

Le nom de Corneille, et l’attente où sont tous les étrangers de savoir ce qu’ils doivent admirer ou reprendre dans lui, serviront encore à étendre la langue française dans l’Europe.

L’Académie a paru confirmer tous mes jugements sur ce qui concerne la langue, et me laisse une liberté entière sur tout ce qui concerne le goût : c’est une liberté dont je ne dois user qu’en me conformant à ses sentiments, autant que je pourrai les bien connaître . Il est difficile de s’expliquer entièrement de si loin, et en si peu de temps.

Dans les premières esquisses que j’eus l’honneur d’envoyer, je remarque dans la Médée de Corneille les enchantements qu’elle emploie sur le théâtre  et comme mon commentaire est historique aussi bien que critique, et que je compare les autres théâtres avec le nôtre, je dis que « dans la tragédie de Macbeth, qu’on regarde comme un chef-d’œuvre de Shakespear 2, trois sorcières font leurs enchantements sur le théâtre, etc. »

Ces trois sorcières arrivent au milieu des éclairs et du tonnerre, avec un grand chaudron dans lequel elles font bouillir des herbes. Le chat a miaulé trois fois, disent-elles, il est temps, il est temps ; elles jettent un crapaud dans le chaudron, et apostrophent le crapaud en criant en refrain : Double, double, chaudron trouble !, que le feu brûle, que l'eau bouille, double, double . Cela vaut bien les serpents qui sont venus d’Afrique en un moment, et ces herbes que Médée a cueillies, le pied nu, en faisant pâlir la lune, et ce plumage noir d’une harpie, etc.

C’est à l’Opéra , c’est à ce spectacle consacré aux fables que ces enchantements conviennent, et c’est là qu’ils ont été le mieux traités.

Voyez dans Quinault, supérieur en ce genre :

Esprits malheureux et jaloux,

Qui ne pouvez souffrir la vertu qu’avec peine ;

Vous dont la fureur inhumaine

Dans les maux qu’elle fait trouve un plaisir si doux,

Démons, préparez-vous à seconder ma haine ;

Démons, préparez-vous

A servir mon courroux.3

Voyez en un autre endroit, ce morceau encore plus fort que chante Médée :

Sortez, ombres, sortez de la nuit éternelle ;

Voyez le jour pour le troubler :

Que l’affreux désespoir, que la rage cruelle,

Prennent soin de vous rassembler.

Avancez, malheureux coupables,

Soyez aujourd’hui déchaînés ;

Goûtez l’unique bien des cœurs infortunés :

Ne soyez pas seuls misérables.

Ma rivale m’expose à des maux effroyables :

Qu’elle ait part aux tourments qui vous sont destinés.

Non, les enfers impitoyables

Ne pourront inventer des horreurs comparables

Aux tourments qu’elle m’a donnés,

Goûtons l’unique bien des cœurs infortunés :

Ne soyons pas seuls misérables.4

Ce seul couplet est peut-être un chef-d’œuvre ; il est fort et naturel, harmonieux et sublime. Observons que c’est là ce Quinault que Boileau affectait de mépriser, et apprenons à être justes.

J’ai l’attention de présenter ainsi aux yeux du lecteur des objets de comparaisons, et je présume que rien n’est plus instructif. Par exemple, Maxime dit :

Vous n’aviez point tantôt ces agitations,

Vous paraissiez plus ferme en vos intentions,

Vous ne sentiez au cœur ni remords ni reproche.

CINNA.

On ne les sent aussi que quand le coup approche,

Et l’on ne reconnaît de semblables forfaits

Que quand la main s’apprête à venir aux effets.

L’âme, de son dessein jusqu’alors possédée, etc.5

Shakespear, soixante ans auparavant 6, avait dit la même chose dans les mêmes circonstances ; Brutus, sur le point d’assassiner César, parle ainsi :

« Entre le dessein et l’exécution d’une chose si terrible, tout l’intervalle n’est qu’un rêve affreux. Le génie de Rome et les instruments mortels de sa ruine semblent tenir conseil dans notre âme bouleversée. Cet état funeste de l’âme tient de l’horreur de nos guerres civiles. 7»

Je mets sous les yeux ces objets de comparaison, et je laisse au lecteur à juger.

J’avais oublié d’insérer, dans mes remarques envoyées à l’Académie, une anecdote qui me paraît curieuse. Le dernier maréchal de la Feuillade 8, homme qui avait dans l’esprit les saillies les plus lumineuses, étant dans l’orchestre à une représentation de Cinna, ne put souffrir ces vers d’Auguste :

Mais tu ferais pitié, même à ceux que j’irrite,

Si je t’abandonnais à ton peu de mérite.

Ose me démentir, dis-moi ce que tu vaux,

Conte-moi tes vertus, tes glorieux travaux,

Les rares qualités par où tu m’as su plaire, etc.9

« Ah ! dit-il, voilà qui me gâte toute la beauté du Soyons amis, Cinna. Comment peut-on dire soyons amis à un homme qu’on accable d’un si profond mépris ? On peut lui pardonner pour se donner la réputation de clémence, mais on ne peut l’appeler ami ; il fallait que Cinna eût du mérite, même aux yeux d’Auguste. 10»

Cette réflexion me parut aussi juste que fine, et j’en fais juge l’Académie.

Cette considération sur le personnage de Cinna me ramène ici à l’examen de son caractère. Je pense, avec l’Académie, que c’est à Auguste qu’on s’intéresse pendant les deux derniers actes ; mais certainement, dans les premiers, Cinna et Émilie s’emparent de tout l’intérêt ; et dans la belle scène de Cinna et d’Émilie, où Auguste est rendu exécrable, tous les spectateurs deviennent autant de conjurés au récit des proscriptions. Il est évident que l’intérêt change dans cette pièce, et c’est probablement par cette raison qu’elle occupe plus l’esprit qu’elle ne touche le cœur.

Nota bene. C’est presque le seul endroit où je me sois écarté du sentiment de l’Académie, et j’ai pour moi quelques académiciens que j’ai consultés 11.

Les remords tardifs de Cinna me font toujours beaucoup de peine ; je sens toujours que ces remords me toucheraient bien davantage si, dans la conférence avec Auguste, Cinna n’avait pas donné des conseils perfides, s’il ne s’était pas affermi ensuite dans cette même perfidie. J’aime des remords après un crime conçu par enthousiasme ; cela me paraît dans la nature, et dans la belle nature : mais je ne puis souffrir des remords après la plus lâche fourberie ; ils ne me paraissent alors qu’une contradiction.

Je ne parle ici que pour la perfection de l’art, c’est le but de tous mes commentaires ; la gloire de Corneille est en sûreté. Je regarde Cinna comme un chef-d’œuvre, quoiqu’il ne soit pas de ce tragique qui transporte l’âme et qui la déchire ; il l’occupe, il l’élève. La pièce a des morceaux sublimes, elle est régulière, c’en est bien assez.

J’ai été un peu sévère sur Héraclius, mais j’envoie à l’Académie mes premières pensées, afin de les rectifier. M. Magens 12, éditeur de Don Quichotte et de la  Vie de Cervantes, prétend que l’Héraclius espagnol est bien antérieur à l’Héraclius français 13; et cela est bien vraisemblable, puisque les Espagnols n’ont daigné rien prendre de nous, et que nous avons beaucoup puisé chez eux : Corneille leur a pris le Menteur 14, la Suite du Menteur 15, Don Sanche 16.

Je demande permission à l’Académie d’être quelquefois d’un avis différent de nos prédécesseurs qui donnèrent leur sentiment sur le Cid. Elle m’approuvera sans doute, quand je dis que fuir est d’une seule syllabe, quoiqu’on ait décidé autrefois qu’il était de deux.

J’excuse ce vers :

Le premier dont la race a vu rougir son front.17

Je trouve ce vers beau ; la race y est personnifiée, et en ce cas son front peut rougir.

J’approuve ce vers :

Mon âme est satisfaite,

Et mes yeux à ma main reprochent ta défaite.18

L’Académie y trouve une contradiction ; mais il me paraît que ces deux vers veulent dire : Je suis satisfait, je suis vengé, mais je l’ai été trop aisément ; et je demande alors où est la contradiction. On a condamné instruisez-le d’exemple 19; je trouve cette hardiesse très heureuse. Instruisez-le par exemple serait languissant ; c’est ce qu’on appelle une expression trouvée, comme dit Despréaux 20. J’ai osé imiter cette expression dans la Henriade :

Il m’instruisait d’exemple au grand art des héros 21, et cela n’a révolté personne.

Je prends aussi la liberté d’avoir quelquefois un avis particulier sur l’économie de la pièce. Ceux qui rédigèrent 22 le jugement de l’Académie disent qu’il y aurait eu, sans comparaison, moins d’inconvénient dans la disposition du Cid de feindre, contre la vérité, que le comte ne fût pas trouvé à la fin véritable père de Chimène ; ou que, contre l’opinion de tout le monde, il ne fut pas mort de sa blessure. Je suis très sûr que ces inventions, d’ailleurs communes et peu heureuses, auraient produit un mauvais roman sans intérêt.

Je souscris à une autre proposition : c’est que le salut de l’État eût dépendu absolument du mariage de Chimène et de Rodrigue. Je trouve cette idée fort belle ; mais j’ajoute qu’en ce cas il eût fallu changer la constitution du poème.

En rendant ainsi compte à l’Académie de mon travail, j’ajouterai que je suis souvent de l’avis de l’auteur de Télémaque, qui, dans sa Lettre à l’Académie sur l’Éloquence, prétend que Corneille a donné souvent aux Romains une enflure et une emphase qui est précisément l’opposé du caractère de ce peuple-roi 23. Les Romains disaient des choses simples, et en faisaient de grandes. Je conviens que le théâtre veut une dignité et une grandeur au-dessus de la vérité de l’histoire ; mais il me semble qu’on a passé quelquefois ces bornes.

Il ne s’agit pas ici de faire un commentaire qui soit un simple panégyrique ; cet ouvrage doit être à la fois une histoire des progrès de l’esprit humain, une grammaire, et une poétique.

Je n’atteindrai pas à ce but, je suis trop éloigné de mes maîtres, que je voudrais consulter tous les jours ; mais l’envie de mériter leurs suffrages en me rendant plus laborieux et plus circonspect, rendra peut-être mon entreprise de quelque utilité.

Nota bene  que je ne puis me servir dans le Cid de l’édition de 1664, parce qu’il faut absolument que je mette sous les yeux celle que l’Académie jugea quand elle prononça entre Corneille et Scudéry.

J’ajoute que si l’Académie voulait bien encore avoir la bonté d’examiner le commentaire sur Cinna, que j’ai beaucoup réformé et augmenté, suivant ses avis, elle rend

Lire la suite

24/12/2016 | Lien permanent

Il y aura toujours des fous qui se feront égorger, des fous qui se ruineront, et des gens habiles qui en profiteront .

L'actualité du monde regorge d'exemples qui viennent confirmer ce constat voltairien . Pour les noms, les listes de chaque catégorie sont trop longues, je vous laisse choisir ceux que vous voulez . Bon, allez, juste un de chaque : Ben Laden, Madof, les banquiers ....

Tous les mêmes :  http://www.deezer.com/listen-3943623

Vent de panique :   http://www.deezer.com/listen-3943612

Face aux Terrorisés :   http://www.deezer.com/listen-3943619

 

Attendons Un jour nouveau :    http://www.deezer.com/listen-3943616

 char.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian

 

[vers le 15 mai 1757]

 

Mon cher surintendant des chars de Cyrus 1, j'ai oublié toujours de vous dire qu'un petit coffre sur le char, avec une demi-douzaine de doubles grenades ferait un ornement fort convenable . J'ai honte, moi barbouilleur pacifique, de songer à des machines de destruction . Mais c'est pour défendre les honnêtes gens qui tirent mal, contre les méchants qui tirent trop bien. On verra malheureusement , et trop tard, qu'il n'y a pas d'autre ressource 2.

 

On disait aujourd'hui Prague prise 3, je veux n'en rien croire . On m'assure que Frédéric a désarmé la ville de Nuremberg, et qu'il exige huit cent mille florins d'empire . Ce n'est pas là faire la guerre à ses dépens . Il est sûr que les Russes marchent 4. Voilà la plus singulière position depuis la chute de l'empire romain. Il y aura toujours des fous qui se feront égorger, des fous qui se ruineront, et des gens habiles qui en profiteront . Mais les plus habiles à mon sens sont ceux qui restent chez eux tranquilles .

 

Conservez votre amitié à V... »


1 V* avait conçu un projet de char d'assaut qu'il avait confié au marquis de Florian quand celui-ci était venu aux Délices avec Mme de Fontaine en juin 175. Il en parlait à Richelieu le 1er novembre : « (le marquis, officier)... a pris la chose sérieusement. Il m'a demandé un modèle, il l’a porté à M. d'Argenson. On l’exécute à présent en petit ... On le montrera au roi . Si cela réussit, il y aura de quoi étouffer de rire que ce soit moi qui soit l'auteur de cette machine destructive . Je voudrais ... que vous tuassiez force Prussiens avec mon petit secret. »

2 Le maréchal de Richelieu, ainsi que le dit V* dans une lettre le 19 juillet, renverra la « machine aux anciens rois d'Assyrie ».Voir page 19 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80034x/f24.image.r=...

Après la défaite de Rossbach, V* écrit à Mme de Fontaine : « Il valait mieux, dira votre ami, faire courir les chariots d'Assyrie en rase campagne que de se faire assommer entre deux collines ... » ; voir lettre à Mme de Fontaine du 10 décembre 1757 : page 71 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80034x/f76.image.r=...

3 Les Autrichiens ont été battus le 6 mai sous les murs de Prague, mais les Prussiens ne sont pas entrés dans la ville .

4 Officiellement alliés aux Autrichiens depuis février 1757, ils vont remporter des victoires.

Lire la suite

15/05/2011 | Lien permanent

trop forts ces jeux du XIXème !

Dans le domaine,  « je cause dans le poste et je ne sais plus où j’en suis », ce matin, lors d’un reportage au musée suisse du jouet, la conservatrice a eu le malheur de se mélanger un peu les pinceaux . Au sujet des jouets à la mode au XIXème siècle, elle a dit que ceux-ci étaient très orientés vers des sujets historiques et qu’ils se calquaient sur les grandes guerres du XIXème et XXème siécles (sic). Nos jeux sur consoles n’ont donc rien inventé ! Le jeu permet d’avoir une longueur d’avance et de décrire les évenements futurs ! Trop forts ces jeux du XIXème !!

 

Revenons à Volti, presque père de famille, éducateur en tout cas .

 

 

 

 

« A Charles du Molard-Bert

 

        Mon cher ami, nous ne montrons encore que le français à Cornélie [ Marie-Françoise, arrière petite nièce de Corneille ]. Si vous étiez ici, vous lui apprendriez le grec . Nous ne cessons jusqu’à présent de remercier M. Titon et M. Le Brun de nous avoir procuré le trésor que nous possédons. Le cœur parait excellent, et nous avons tout sujet d’espérer que si nous n’en faisons point une savante, elle deviendra une personne très aimable qui aura toutes les vertus, les grâces et le naturel qui font le charme de la société . Ce qui me plait surtout en elle, c’est son attachement pour son père, sa reconnaissance pour Le Brun , pour M. Titon , et pour toutes les personnes dont elle doit se souvenir . Elle a été un peu malade. Vous pouvez juger si Mme Denis en a pris soin. Elle est très bien servie. On lui a assigné une femme de chambre qui est enchantée d’être auprès d’elle. Elle est aimée de tous les domestiques. Chacun se dispute l’honneur de faire ses petites volontés et assurément ces volontés ne sont pas difficiles. Nous avons cessé nos lectures depuis qu’un rhume violent l’a réduite au régime et à la cessation de tout travail. Elle commence à être mieux. Nous allons reprendre nos leçons d’orthographe. Le premier soin doit être de lui faire parler sa langue avec simplicité et avec noblesse. Nous la faisons écrire tous les jours. Elle m’envoie un petit billet et je la corrige. Elle me rend compte de ses lectures. Il n’est pas encore temps de lui donner des maîtres. Elle n’en a point d’autres que ma nièce et moi. Nous ne lui passons ni les mauvais termes, ni  prononciations vicieuses. L’usage amène tout. Nous n’oublions pas les petits ouvrages de la main. Il y a des heures pour la lecture, des heures pour les tapisseries de petit point. Je vous rends un compte exact de tout. Je ne dois point omettre que je la conduis moi-même à la messe de paroisse. Nous devons l’exemple, et nous  le donnons. Je crois que M. Titon et M. Le Brun ne dédaigneront point ces petits détails, et qu’ils verront avec un sensible plaisir que leurs soins n’ont pas été infructueux. Je souhaite à M. Titon ce qu’on lui a sans doute tant souhaité : les années du mari de l’Aurore [ Tithon, mari de l’Aurore était doté de l’immortalité ]. Dites, je vous en prie à M. Le Brun que personne ne lui, est plus obligé que moi .On dit que son ode a encore un nouveau mérite auprès du public par les impertinences de ce malheureux Fréron [ Fréron est outré qu’on ait confié Mlle Corneille à Voltaire, et celui-ci porte plainte pour diffamation ]  . Il est pourtant honteux qu’on laisse aboyer ce chien. Il semble qu’en bonne police on devrait étouffer ceux qui sont attaqués par la rage. Voici un petit billet de Cornélie en réponse à votre lettre. Elle l’a écrit seule, sans aucun secours et je n’y ai corrigé que peu de fautes. Je vous embrasse de tout mon cœur.

 

….. « Je vous prie si vous voyez mon père, de lui dire que j’ai du regret d’être heureuse loin de lui… »

 

 

                        Voltaire

                        A Ferney en Bourgogne par Genève

                        15 janvier 1761. »

 

 

 

 

 

J’en connais qui vont sauter au plafond en voyant Ferney situé en Bourgogne, les Pégans vont vite rappeler à Voltaire que la frontière de la « Bargogne » est sur la Valserine .

Lire la suite

17/01/2009 | Lien permanent

Page : 221 222 223 224 225 226 227 228 229 230 231