Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

des blessures que la mort seule peut guérir

 http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://rde.revues.o...

 

letr v à denis autographe.jpg

 - Lettre autographe, signée « Voltaire », adressée à sa nièce, mme Denis. Bruxelles, 8 janvier 1741 ; 1 page in-4°, adresse sur le 4° feuillet. « J’arrive à Bruxelles, je vous fais mille tendres compliments sur votre attachement au bon St Louis. [...] Mais compliments à part mes chers enfants, il faut que je vous voye. Monsieur Du Chastelet va à Paris, nous l’acompagne-rons madame Du Chastelet et moy, nous arriverons jeudy vers les trois ou quatre heures [...] J’ay rapporté de Prusse une fluxion sur les yeux qui me rend un fort vilain aveugle ; mais ma chere niece comme ce n’est pas pour mes baux yeux que vous m’aimez, votre oncle le quinze vingt viendra hardiment vous faire la cour. »

 

 

 

Les années ont passé,  la "chère nièce" (très "chère" nièce dorénavant ) a des réflexions un peu vexantes et irrévérencieuses . Trop , c'est trop, mais comme d'habitude ce cher homme va encore pardonner .

Adorable Voltaire ami !

Il est bon de souhaiter à tous un(e) ami(e) tel(le) que lui .

http://www.youtube.com/watch?v=_x0R0vFBHdE&NR=1

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

A Colmar 10 mars 1754

 

             Mon cher et respectable ami, je ne peux que vous montrer des blessures que la mort seule peut guérir. Me voilà exilé pour jamais de Paris, pour un livre qui n’est pas certainement le mien dans l’état où il parait, pour un livre[f1]  que j’ai réprouvé et condamné si hautement. Le procès-verbal authentique de confrontation que j’ai fait faire[f2] , et dont j’ai envoyé sept exemplaires à Mme Denis ne parviendra pas jusqu’au roi[f3]  ; et je reste persécuté.

 

             Cette situation aggravée par de longues maladies ne devait pas, je crois, être encore empoisonnée par l’abus cruel que ma nièce a fait de mes malheurs.

 

             Voici les propres mots de sa lettre du 20 février : « Le chagrin vous a peut-être tourné la tête. Mais peut-il gâter le cœur ? L’avarice vous poignarde. Vous n’avez qu’à parler … je n’ai pris de l’argent chez Laleu que parce que j’ai imaginé à tout moment que vous reveniez et qu’il aurait paru trop singulier dans le public que j’eusse tout quitté surtout ayant dit à la cour et à la ville que vous me doubliez mon revenu. »

 

             Et ensuite elle a rayé à demi l’avarice vous poignarde, et a mis l’amour de l’argent vous tourmente.

 

             Elle continue : ne me forcez pas à vous haïr … vous êtes le dernier des hommes par le cœur, je cacherai autant que je pourrai les vices de votre cœur.

 

             Voilà les lettres que j’ai reçues d’une nièce pour qui j’ai fait tout ce que je pouvais faire, pour qui j’étais revenu en France autant que pour vous, et que je traite comme ma fille.

 

             Elle me marque dans ces indignes lettres que vous êtes aussi en colère contre moi qu’elle-même. Et quelle est ma faute ! de vous avoir suppliés tous deux de me déterrer quelque commissionnaire sage et intelligent qui puisse servir pour elle et pour moi. Pardonnez, je vous en conjure, à l’excès de ma douleur si je répands dans votre sein généreux mes plaintes et mes larmes.

 

             Si j’ai tort, dites-le moi, je vous soumets ma conduite. C’est à un ami tel que vous qu’il faut demander des reproches quand on a fait des fautes. Que Mme Denis vous montre toutes mes lettres, vous n’y verrez que l’excès de l’amitié, la crainte de pas faire assez pour elle, une confiance sans bornes, l’envie d’arranger mon bien en sa faveur, en cas que je sois forcé de fuir, et qu’on me confisque mes rentes (comme on le peut, et comme on me l’a fait appréhender), un sacrifice entier de mon bonheur au sien, à sa santé, à ses goûts. Elle aime Paris. Elle est accoutumée à rassembler du monde chez elle. Sa santé lui a rendu Paris encore plus nécessaire. J’ai pour mon partage la solitude, le malheur, les souffrances, et j’adoucis mes maux par l’idée qu’elle restera à Paris dans une fortune assez honnête que je lui ai assurée, fortune très supérieure à ce que j’ai reçu de patrimoine. Enfin, mon adorable ami, condamnez-moi si j’ai tort. Je vous avoue que j’ai besoin d’un peu de patience. Il est dur de se voir traiter ainsi par une personne qui m’a été si chère. Il ne me restait que vous et elle. Et je souffrais mes malheurs avec courage quand j’étais soutenu par ces deux appuis. Vous ne m’abandonnerez pas. Vous me conserverez une amitié dont vous m’honorez dès notre enfance. Adieu mon cher ange, j’ai fait évanouir entièrement la persécution que le fanatisme allait exciter contre moi jusque dans Colmar au sujet de cette prétendue Histoire universelle[f4]  . Mais j’aurais mieux aimé être excommunié que d’essuyer les injustices qu’une nièce qui me tenait lieu de fille a ajoutées à mes malheurs. Mille tendres respects à Mme d’Argental.

 

             V. »

 

 

 

 


 [f1]Edition « pirate » faite par Néaulme de l’Histoire universelle

 

 [f2]Le 28 févier, il a écrit à La Gazette d’Utrecht : « … qu’ayant fait venir … de Paris » le manuscrit original de l’Histoire universelle, il « en a établi l’authenticité par devant les notaires de Colmar, Callot et Besson, le 25 février ; que ce manuscrit est de l’année 1740, qu’il contient 1254 pages, en deux tomes très usés, outre douze cahiers séparés ; qu’il est sept à huit fois plus ample que la prétendue Histoire Universelle … et due ces deux ouvrages ne se ressemblent pas ». Ce PV, dont une partie est datée du 24 février, l’autre du 27, est encore conservé à Colmar.

 

 [f3]Le 28 février, V* demandait à Malesherbes à qui il avait envoyé le « procès-verbal authentique » de vouloir « bien faire parvenir au roi la vérité … »

 

 [f4]CF. lettre du 24 février et note concernant les jésuites Mérat et Menoux, et lettre du 26 mars.

Lire la suite

10/03/2010 | Lien permanent

natales grate numeras ? ignoscis amicis ? [tu comptes sans chagrin tes anniversaires ? tu pardonnes à tes amis ?]





« A Jean-Henri-Samuel Formey

Potsdam, 12 mai [1752]

Si vous avez quatre jours à vivre, j’en ai deux, et il faut passer ces deux jours doucement. Si vous êtes philosophe, je tâche de l’être. Voilà d’où je pars, Monsieur, pour achever notre petit éclaircissement. Je vous jure que jamais La Mettrie [#1] ne m’avait dit que vous  m’eussiez attaqué dans votre Bibliothèque impartiale ; il m’avait dit simplement en général que vous aviez dit beaucoup de mal de moi ; à quoi j’avais répondu que vous ne me connaissiez pas, et que, quand vous me connaitriez, vous n’en diriez plus. Dieu veuille avoir son âme. Je vous avouerai encore, pour le repos de la mienne, que la conversation étant tombée ces jours-ci sur l’amitié dont les gens de lettres doivent donner l’exemple, je me vantai d’avoir la vôtre, et pour rabaisser mon caquet, on me montra l’extrait d’un passage de votre Bibliothèque impartiale, où il était dit peu impartialement que je n’étais qu’un plagiaire, et que j’avais volé le Clovis de Saint-Didier, [en une lettre précédente à Formey, V* : « Vous dites dans ce passage que dans La Henriade, j’ai pillé un certain poème de Clovis, d’un nommé Saint-Didier …; il fut fait plusieurs années après La Henriade. »] c’est-à-dire volé sur l’autel, et volé les pauvres, ce qui est le plus grand des péchés. Apparemment qu’on avait avec charité enflé ce passage. Je fus un peu confondu, et je me contentai de prouver que le grand Saint-Didier n’a écrit qu’après moi, et qu’ainsi, s’il y a un gueux de volé, c’était moi-même.

Je poursuis ma confession, en vous disant qu’ayant été honnêtement raillé sur la vanité que j’avais de compter  sur vos bonnes grâces, recevant dans le même temps une lettre de vous avec l’annonce de la Nécessité de plaire de Moncrif  [Formey annonçait les œuvres de Moncrif qui comprenaient une réimpression des Essais sur la nécessité et les moyens de plaire, 1738] je ne pus m’empêcher  de vous glisser un petit mot sur le malheur que j’avais de vous avoir déplu. J’ai surtout en qualité d’historien insisté sur la chronologie du Clovis de Saint-Didier. Voilà à quoi se réduit cette bagatelle : il est bon de s’entendre, c’est principalement faute de s’éclaircir qu’il y a tant de querelles, je vous jure avec la même sincérité, que je n’ai pas le moindre levain dans le cœur sur tout cela, et que j’aurais honte de moi-même, si j’étais ulcéré, encore plus si j’avais la moindre pensée de vous nuire ; car soyez très sûr que je vous pardonne, que je vous estime et que je vous aime.

Les pirates qui ont imprimé la plaisanterie du Micromégas avec l’histoire très sérieuse depuis Charlemagne [#2], auraient bien dû me consulter, ils n’auraient pas imprimé des fragments tronqués dont on a retranché tout ce qui regarde les papes et les moines. Voilà ce que j’ai sur le cœur.

natales grate numeras ? ignoscis amicis ?
[tu comptes sans chagrin tes anniversaires ? tu pardonnes à tes amis ?]

V. »

 

 

 

#1 La Mettrie est mort le 11 novembre 1751 ; était dans l’entourage de Frédéric II.
V* écrit à Richelieu l’oraison funèbre de ce médecin-auteur : « Ce La Mettrie, cet homme-machine, ce jeune médecin, cette vigoureuse santé, cette folle imagination, tout cela vient de mourir pour avoir mangé par vanité tout un pâté de faisan aux truffes. »
A ce que prétendra V* dans une lettre factice à Mme Denis datée du 2 septembre 1751 et dans ses Mémoires, c’est La Mettrie qui lui aurait rapporté cette phrase de Frédéric : « J’aurai besoin de lui (V*) encore un an tout au plus ; on presse l’orange et on jette l’écorce. »

#2 Micromégas de M. de Voltaire, avec une histoire des croisades et un nouveau plan de l’histoire de l’esprit humain ,1752.
V*, le 5 juin, reprend la question dans une lettre à la Bibliothèque impartiale : « Passe que cette ancienne plaisanterie (Micromégas) amuse qui voudra s ‘en amuser ; mais on y a ajouté une Histoire … Il y a quinze ans que je formai ce plan d’histoire pour ma propre instruction … Le Siècle de Louis XIV terminait l’ouvrage. J’ai perdu dans mes voyages [à d’Argental le 3 mai et à Formey le 8, il parle d’un vol commis par son secrétaire Longchamps deux ans avant] tout ce qui regarde l’histoire générale depuis Philippe second … jusqu’à Louis XIV et toute la partie qui concernait le progrès des arts… Je gardais (cette histoire) dans mon cabinet. Les auteurs du Mercure de France me prièrent de leur en donner des morceaux… Les examinateurs retranchèrent pieusement tout ce qui regardait l’Eglise et les papes… Enfin, ils ont imprimé pièce à pièce (avril 1745-juin 1746) beaucoup de morceaux tronqués de cette histoire. Un éditeur inconnu vient de les rassembler. »

 

Lire la suite

13/05/2010 | Lien permanent

. Il ne veut pas que les gens de lettres mêlent les dames dans leurs caquets. Et il a raison

En douceur, encourageant, planant, énergique, tenace, tendu, tout comme j’aime :

http://www.dailymotion.com/video/xqs3d_01-shine-on-you-cr...

 

 

 

 Mais "quid nuper evenit" ?

Où étiez vous dans la nuit du 20 au 21 juillet 1969 ?

 

 

Moi, je me souviens très bien de ce "bond de géant pour l'humanité" et de la mauvaise humeur de ma fiancée qui lasse d'attendre la sortie de Neil s'était endormie avec consigne de la réveille r au bon moment. Elle était si jolie endormie que je me suis réservé ce double plaisirde voir deux lunes dont une à portée de ma main de terrien. Je vous laisse deviner vers laquelle allait ma préférence. Ah ! jeunesse... Je n'ai jamais regretté de l'avoir laissée assoupie ; elle m'en a beaucoup voulu ; tant pis !

 

 

 

 

 

Volti et ses soucis postaux préfigure ceux plus véniels d'aujourd'hui, où pour des raisons financières, il est question de supprimer la distribution du samedi, au grand dam des facteurs, et je les approuve ...

 

 

 

 

 

 

 

« A Claude-Nicolas Thiriot

 

 

                            Mon cher correspondant, quid nuper evenit ? [que vient-il de se passer ?] J’avais envoyé pour vous un gros paquet à M. de Villemorien [directeur de la poste à Paris] il y a environ huit jours, et M. de Villemorien m’écrit qu’il ne peut plus servir à la correspondance .Et il me signifie cet arrêt sans me parler du paquet, et comme je ne me souviens plus de la date, je ne sais s’il m’écrit avant ou après l’avoir reçu, et cela me fait de la peine, et c’est à vous de savoir si vous avez mon paquet, et à le demander si vous ne l’avez pas, et à me dire d’où vient ce changement extrême.

 

 

                            Et vous noterez que dans ce paquet était entre autres ma lettre au Palissot, [lettre du 12 juillet adressée à l’auteur des Philosophes] laquelle vous vouliez lire, et faire lire. Mais les notes du Russe à Paris  en disent plus que cette lettre.

 

 

                            Et vous noterez encore qu’il y avait dans mon paquet un billet pour Protagoras.[=d’Alembert]

 

 

                            On me mande de tous côtés que Lefranc de Pompignan est très mal auprès de l’Académie et du public, qu’on rit avec Vadé, [c'est-à-dire avec Le Pauvre Diable] qu’on bénit Le Russe, que le sermon sur la vanité plait aux élus et aux réprouvés [nombreux libelles]. Dieu soit béni, et qu’il ait la bonne cause en aide. Si on n’avait pas fait cette justice de Lefranc de Pompignan, tout récipiendaire à l’Académie se serait fait un mérite de déchirer les sages dans sa harangue. Je compte que M. Alétoph a rendu service aux honnêtes gens.

 

 

                            On dit qu’on imprime un petit recueil de toutes ces facéties.[Le Recueil des facéties parisiennes pour les six premiers mois de 1760 ; 1760.]. Hélas ! sans le malheureux passage du prophète [Melchior Grimm ; sur l’affaire concernant Mme de Robecq, voir lettres des 10 juin, 9 et 14 juillet 1760] sur Mme la princesse de Robecq on n’aurait entendu que des éclats de rire de Versailles à Paris.

 

 

                            A propos de l’édition vous noterez encore que dans le paquet Villemorien il y avait un paquet pour Corbi [libraire à Paris] .Est-il vrai qu’on va jouer l’Ecossaise ? Que dira Fréron ? Ce pauvre cher homme prétend, comme vous savez, qu’il a passé pour être aux galères mais que c’était un faux bruit .Eh ! mon ami que ce bruit soit vrai ou faux, qu’est-ce que cela peut avoir de commun avec l’Ecossaise ?

 

 

                            Jean-Jacques a-t-il signalé son crédit dans l’affaire de l’abbé mords-les ? [pour faire libérer l’abbé Morellet, auteur de La Vision]. S’il a échoué, je crois avoir plus de crédit que lui . Mais j’ai grand peur que le Roi en personne ne soit inflexible. Il ne veut pas que les gens de lettres mêlent les dames dans leurs caquets. Et il a raison .

 

 

                            Tuus V.

                            Aux Délices 22 juillet. »

Lire la suite

Y a-t-il rien de plus tyrannique, par exemple, que d’ôter la liberté de la presse ? Et comment un peuple peut-il se dire

... Qu'on se le dise et s'en souvienne en tout lieu !

Résultat de recherche d'images pour "liberté de la presse humour"

Jusqu'où peut-on supporter l'hypocrisie et la lâcheté de la censure ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

16è octobre 1765 1

J’ai passé de beaux jours avec vous, mon cher frère ; il me reste les regrets , mais il me reste aussi la douceur du souvenir et l’espérance de vous revoir encore avant que je meure. Qui vous empêcherait, par exemple, de revenir un jour avec M. et Mme de Florian ? Vous savez combien ils vous aiment, car vous avez gagné tous les cœurs.

J’ai reçu votre lettre de Dijon, et Mme de Florian ne vous rendra la mienne qu’à Paris. Je me flatte que votre zèle, conduit par votre prudence, va servir la bonne cause avec toute la chaleur que la nature a mise dans votre cœur généreux, sincère et compatissant. Les indignes ennemis de la raison et de la vertu sentiront bientôt qu’il n’y a de raison et de vertu que chez les vrais philosophes. L’infâme Jean-Jacques est le Judas de la confrérie, mais vous ferez de dignes apôtres.

J'attends le factum d'Elie en faveur des Sirven, et les estampes de la famille des Calas . Vous avez la note de ceux qui ont payé entre mes mains, et si vous n'avez pas d'argent à moi vous en pourrez envoyer prendre chez M. de Laleu .

Vous savez avec quelle impatience j’attends les manuscrits de Fréret 2 que vous m’avez promis. Ceux que vous avez emportés 3 peuvent se multiplier aisément. La lumière ne doit pas demeurer sous le boisseau. Je me flatte que vous m’instruirez des querelles du Parlement et du clergé . Nous sommes cette fois-ci parlementaires et de dignes paroissiens de M. l’archevêque de Novogorod 4.

Les divisions de Genève éclateront bientôt. Il est absolument nécessaire que vous et vos amis vous répandiez dans le public que les citoyens ont raison contre les magistrats ; car il est certain que le peuple ne veut que la liberté, et que la magistrature ambitionne une puissance absolue. Y a-t-il rien de plus tyrannique, par exemple, que d’ôter la liberté de la presse ? Et comment un peuple peut-il se dire libre, quand il ne lui est pas permis de penser par écrit ? Quiconque a le pouvoir en main voudrait crever des yeux à tous ceux qui lui sont soumis . Tout juge de village voudrait être despotique . La rage de la domination est une maladie incurable.

Je commence à lire aujourd’hui le livre italien Des Délits et des Peines 5. A vue de pays, cela me paraît philosophique ; l’auteur est un frère.

Adieu, vous qui serez toujours le mien. Adieu, mon cher ami ; périssent les infâmes préjugés qui déshonorent et qui abrutissent la nature humaine, et vive la raison et la probité, qui sont les protectrices des hommes contre les fureurs de l’infâme ! Adieu, encore une fois, au nom de Confucius, de Marc-Antonin, d’Épictète, de Cicéron et de Caton. »

1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais omet le troisième paragraphe, suivie par les éditions .

2 Des manuscrits de la Lettre de Trasybule à Leucippe, 1758 ; Les lettres à Eugénie, ou Préservatif contre les préjugés, 1768, sont l'une et l'autre sans doute d'Holbach et peut-être de Naigeon, et l'Examen critique des apologies de la religion chrétienne, 1766, qui peut être des mêmes ou de Lévêque de Burigny .

V* a écrit sur son exemplaire de la Lettre [...] « livre dangereux » et sur l'Examen [...] : « Je ne crois pas que cet examen soit de M. Fréret, il est très dangereux pour la foi. » ; voir : https://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1978_num_4_1_1377

Voir : https://data.bnf.fr/fr/13328631/nicolas_freret_lettre_de_thrasybule_a_leucippe/

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1521153q.image

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k845348.image

3 Parmi ces manuscrits, peut-être celui de l'ouvrage mentionné à propos de la lettre du 25 novembre à Cramer, comme semble l'indiquer la suite ; voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/01/22/aussi-bien-dans-le-comique-que-dans-le-tragique-6292671.html

4 Voir le Mandement du révérendissime père en Dieu.

5 Du marquis Cesare Bonesana Beccaria : Dei delitti e delle pene, 1764, qu'on retrouvera par la suite . Voir : https://journals.openedition.org/asterion/2184?lang=fr

et : https://data.bnf.fr/fr/13328966/cesare_beccaria_dei_delitti_e_delle_pene/

Lire la suite

14/02/2021 | Lien permanent

Vous sentez, monsieur, combien il est important de mettre un frein, si on peut, à ces iniquités

... La maltraitance dans les EHPAD , on le doit , on le peut . Je peux malheureusement dire qu'ORPEA n'en a pas le monopole, j'ai dû malheureusement  constater qu'une structure Maisons de Famille d'Ile de France avait ( je crains d'avoir encore à dire "a" ) aussi de graves lacunes dans la surveillance médicale de ses pensionnaires . Orpea est indéfendable, que sa condamnation fasse un exemple et que toutes les maisons/hospices revoient leur mode de fonctionnement .

Maltraitance en Ehpad : le groupe Orpéa mis en cause dans un livre, enquête  possible par le gouvernement | Orpea | Epoch Times

Le Covid tue, c'est bref ; l'EHPAD fait souffrir , c'est intolérable .

 

 

« A Antoine Maillet du Clairon 1

Au château de Ferney, 4 novembre 1766 par Genève 2

Lorsque j’eus l’honneur de vous écrire 3, monsieur, je n’avais point encore lu la page 166, où l’auteur des notes a l’insolence et la mauvaise foi de vous accuser d’avoir volé le manuscrit de la tragédie de « Cromwell »4 à M. Morand votre ami 5.

J’avais parcouru seulement quelques endroits de cet ouvrage punissable. J’avais surtout remarqué la page 16 des trois lettres ajoutées après coup à l’édition 6 ; on lit ces mots dans cette page 16 : Il est donc presque impossible, mon cher Philinte, qu’il y ait jamais un grand homme parmi nos rois, puisqu’ils sont abrutis et avilis dès le berceau par une foule de scélérats qui les environnent et les obsèdent jusqu’au tombeau. 

J’étais indigné, avec non moins de raison, de voir une lettre, que j’avais écrite en 1761 à M. Deodati, défigurée d’une manière bien cruelle. On y déchire M. le prince de Soubise 7, à qui j’avais donné les plus justes éloges. On l’insulte avec la malignité la plus outrageante : c’est à la page 98.

Il y a vingt atrocités pareilles contre des ministres, contre des hommes en place ; j’ai été forcé de recourir au témoignage de ceux à qui j’avais écrit ces lettres, que le faussaire a falsifiées.

Vous sentez, monsieur, combien il est important de mettre un frein, si on peut, à ces iniquités qui déshonorent la librairie. Je ne vous dirai pas que votre intérêt vous y engage, ce serait peut-être une raison pour vous empêcher d’agir ; mais il importe de découvrir un scélérat qui a insulté les plus grands seigneurs du royaume.

Vous êtes à portée de le découvrir, soit en tirant ce secret de Marc-Michel Rey, imprimeur de Jean-Jacques Rousseau, soit en vous adressant à messieurs les bourgmestres d’Amsterdam. Je puis vous assurer, monsieur, que les ducs de Choiseul et de Praslin ne vous sauront pas mauvais gré des soins que vous aurez pris pour arrêter ces infamies. Ils sont trop grands, à la vérité, pour être sensibles aux satires d’un malheureux, qui ne mérite que le mépris ; mais ils sont trop justes et trop amis du bon ordre pour ne pas réprimer une audace trop longtemps soufferte.

Pour moi, monsieur, je vous avoue que ce petit événement, tout désagréable qu’il est, me laisse une grande consolation dans le cœur, puisqu’il a servi à renouer notre correspondance, et qu’il me donne une occasion de vous renouveler les sentiments de la véritable estime que vous m’avez inspirée, et de vous dire avec combien de vérité j’ai l’honneur d’être de tout mon cœur, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. »

1 Antoine Maillet du Clairon, né près de Mâcon le 16 novembre 1721, est mort à Paris le 16 novembre 1809. Il était, en 1766, commissaire de la marine à Amsterdam. Outre quelques écrits en prose, il a composé une tragédie de Cromwell, et traduit de l’anglais de Brooke une tragédie de Gustave Wasa, 1766, in-8°.

2 V* a noté sur la manuscrit « copie de la lettre de M. de Voltaire à M. du Clairon » et au verso « aux anges ».

4Cromwell, de du Clairon est représentée le 7 juin 1764 au Théâtre-Français et publié la même année .

5 En rapportant cette accusation page 166, Robinet ajoutait même que tous les amis de Moran y ajoutaient foi. L’accusation est portée de façon insidieuse et se termine par ces mots : »Malheureusement tout le monde, et surtout les amis de M. [Pierre de] Moran, ajoutent foi à cette accusation . » (Note p. 166 de Lettres à M. de Voltaire à ses amis du Parnasse )

6 Ces trois lettres ajoutées étalent données comme attribuées à Montesquieu ; voir : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Appel_au_public/%C3%89dition_Garnier

Lettres de M. de Voltaire à ses amis du Parnasse, compilées par Robinet, qui a déjà publié de façon aussi peu honnête les Lettres secrètes .

Lire la suite

04/02/2022 | Lien permanent

Je suis toujours étonné de vivre quand je vois des jeunes gens mourir

... Etonné ? Non, plutôt révolté . Mais pas au point de vouloir mourir à la place de l'un d'eux, si je me permets d'être franc , ou alors seulement si c'est un membre de ma famille .

Nobody's perfect !

Retour vers le futur

 retour vers le futur 1402.png

C'est une maison bleue ....

http://www.youtube.com/watch?v=0rxGgX7HknA

 

 

« A M. le ministre Jacob VERNES 1
chez monsieur son père à Genève

 
Au Chêne, à Lausanne, 26 octobre.
Je regrette sensiblement le petit Patu 2 il aimait tous les arts, et son âme était candide. Je suis toujours étonné de vivre quand je vois des jeunes gens mourir. Tout sert, mon cher monsieur, à me convaincre du néant de la vie et du néant de tout.
J'ai peine à croire l'armistice dont on parle. S'il y en avait un, il ne pourrait être que dans le goût de celui du duc de Cumberland 3; et le roi de Prusse me trompera fort s'il signe un pareil traité. Je le crois dans un triste état. Il aura bientôt plus de besoin d'être philosophe que grand capitaine.
Tâchez de convertir Mme de Montferrat c'est la plus belle victoire que vous puissiez remporter; mais je tiens la place imprenable.
Mme Denis vous fait ses compliments. Elle est occupée du matin au soir à embellir la maison de Lausanne. Elle me rend trop mondain mais il faut tout souffrir.
Je vous embrasse du meilleur de mon cœur. 

V.»

2 Mort le 20 août 1757 ; voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Pierre_Patu

3 A Closter-Zeven, le 8 septembre. 1757.

 

Lire la suite

17/01/2013 | Lien permanent

Il faut à présent que le fanatisme rougisse, se repente, et se taise ... ce siècle sera le tombeau du fanatisme

... Optimiste , inénarrable Candide !

https://www.youtube.com/watch?v=AzBlD5TrfWI&list=RDjt...

 

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence etc.

au château de Dirac

près d'Angoulême

19è avril 1765 à Ferney

Que diront donc, mon cher marquis, les ennemis de la raison et de l’humanité, quand ils apprendront que le roi a daigné donner trente-six mille livres à la famille Calas, avec la permission de prendre à partie les homicides qui ont fait rouer un innocent ? Il faut à présent que le fanatisme rougisse, se repente, et se taise. Au reste, l’arbre qui a porté dans tous les temps de si détestables fruits doit être jeté au feu par tous les honnêtes gens.

Ce qui vous surprendra, c’est qu’il y a une affaire à peu près semblable à celle des Calas sur le tapis. Tâchez, si vous avez quelque correspondant à Paris, d’avoir une lettre imprimée de M. de Vol*** à M. Dam*** etc. Elle pourra vous étonner et vous attendrir. Bénissons le ciel, qui permet que la raison s’étende de tout côté chez les Welches : ce siècle sera le tombeau du fanatisme.

Pardonnez si je vous écris des lettres si courtes ; mais j’en suis si accablé que cela prend tout mon temps. »

Lire la suite

04/08/2020 | Lien permanent

Vos huit tonneaux sont devenus d'assez bon vinaigre . C'est un très petit inconvénient dans ce bas monde, où tout est co

... Vous comprenez mieux pourquoi, de nos jours, il est fait un battage formidable pour le Beaujolais nouveau, à boire sans délai . Voltaire a fait les frais de ce nectar fait pour assaisonner les cornichons (j'en ai fait partie, dans l'ancien temps ) .

 Fruité, gouleyant , etc., etc. voilà ce qu'on dit chaque année pour tous ces vins primeurs qui viennent nous agacer les papilles et faire pisser . Ils ont ceci de bon, on les oublie vite, et ceci de mauvais on oublie l'année suivante qu'ils ne valent pas vraiment le coup de sortir le tire-bouchon . Mais business is business . Vive les Japonais et autres buveurs assoiffés de mode et prêts à tout pour épater leurs voisins .

 

vinaigre-maison-72.png

Si ma "mère vient de voyager" je lui proposerai désormais de se reposer dans un petit bol avec un verre de vin . Je suis certain qu'elle sera d'accord pour le petit verre, mais qu'elle refusera d'entrer dans le bol, mauvais souvenir de jeunesse et de sa fameuse coupe au bol  . Evitons donc tout ce qui pourrait faire tourner les affaires au vinaigre !

Prudemment , donc, je laisserai "la mère agir tranquillement", comme je vous le conseille également si vous voulez rester en bons termes .

 

« A Jean-Robert Tronchin

14 octobre [1758]

Comptons, mon cher correspondant, afin que je ne fasse pas de sottises . Il faudra probablement, soixante mille livres au mois de décembre, vingt mille livres pour une autre affaire, soixante mille livres à la fin de mars, et vingt mille livres en juillet . J'ai déjà donné 90 mille livres au baron .

Voilà donc délogés de mon frusquin 1 :

 

60 000

£

 

60 000

 

 

90 000

 

 

20 000

 

plus pour menus frais

 

10 000

 

encore au mois de juillet

 

 

total

240 000

£

 

 

 

 

Vous aviez à moi d'une part environ

400 000

£

 

 

 

de l'autre en annuités

et billets de loterie, etc. environ

36 000

 

en voici 20 mille

en une lettre sur Laleu

20 000

 

 

_______

 

 

456 000

£

voilà donc

456 000 £ et plus

 

pour payer

240 000 £ ou environ

 

restera entre

vos mains

 

 

216 000 £

 

Que la guerre continue, que la paix se fasse, que les hommes s'égorgent ou se trompent, vivamus et bibamus 2. Votre vin ne vaudra pas mieux cette année-ci que l'autre . Vos huit tonneaux sont devenus d'assez bon vinaigre . C'est un très petit inconvénient dans ce bas monde, où tout est composé d'anicroches . On me fait espérer de vieux vin de Languedoc fort bon . La terre de Ferney rendra d'excellent froment ; ainsi nous aurons la bénédiction de Jacob et d'Esaü . Quant à votre terre qu'on appelle ici Saint Jean dans les rues basses et à qui j'ai ôté le nom d'un saint, vous la retrouverez un jour un peu plus agréable que M. Mallet ne vous l'a remise . C'est une vraie retraite de philosophe genevois et vous finirez par l'être .

Pour achever la bénédiction de Jacob il me faut de l'huile d'olive et j'en attends de vos bontés . Votre cousin le docteur veut qu'on y ajoute de la casse . Ainsi vous encourez les anathèmes de la faculté si vous ne m'en envoyez pas une douzaine de livres . Vous voyez mon cher monsieur que c'est par vous que je vis .

Et le sucre dont il me faut des tonneaux ? et le café dont il me faut des balles ? tout cela est-il devenu bien cher, grâce aux déprédations anglicanes 3? Il faudra bientôt demander à ces pirates d'Anglais la permission de déjeuner . Dieu les confonde, eux et leurs semblables qui désolent l'Europe, et Dieu nous tienne en joie .

Je me flatte que vous avez terminé l'affaire de vos six millions 4. Vous devez réussir dans tout ce que vous entreprenez .

Je vous embrasse, autant en fait ma nièce .

V. »

1 Le saint-frusquin est « le petit bien d'une personne » . l'expression est faite sur Saint Crépin , qui a le même sens avec substitution de radical (frusques= habits).

2 Vivons et buvons .

3 L'emploi plaisant d'anglican n'est pas sans exemple . De même Robert Challe écrit en 1716 dans ses Mémoires qu'il craint que le Canada ne soit « anglicanisé » . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Challe

4 Prêt fait par la ville de Lyon au roi ; voir lettre du 24 juin 1758 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/09/03/j-ai-oublie-de-vous-dire-5155513.html

 

 

Lire la suite

19/11/2013 | Lien permanent

Je m'unis, à tout hasard, aux sentiments des saints, sans savoir ni ce qu'ils disent ni ce qu'ils pensent.

... En ce dimanche, où je peux , grâce à mes modestes talents de bricoleur, sous la houlette du Saint Système-D, reprendre ma coupable industrie de blogger .

Pour ceux qui me suivent depuis quelque temps, vous avez pu noter mon absence -ou non-, dûe à une rupture de cable téléphonique (parrainée par saint Frusquin)  que j'ai enfin pu réparer de mes blanches mains , perché sur une échelle pour me rapprocher sans risque des bonnes ondes de saint Web ! Alléluhihahh !

J'ai quand même pu m'adonner à sainte Parabole ( et non pas madoner à Madonna ) pour  suivre en priorité les épreuves du tir à l'arc des JO ; j'ai encore une grande marge de progression si je veux aller à Rio , ou alors je me consacre à l'entrainement de consommation de cachaça, là , j'ai mes chances !

sainteparabole8753.JPG

 

 

 

« A M. THIERIOT.

Aux Délices, 9 août [1756]

Mon cher et ancien ami, je ne sais ce que c'est que cette Critique dévote dont vous me parlez 1. Est-ce une critique imprimée? est-ce seulement un cri des âmes tendres et timorées ? Vous me feriez plaisir de me mettre au fait. Je m'unis, à tout hasard, aux sentiments des saints, sans savoir ni ce qu'ils disent ni ce qu'ils pensent.
On me mande qu'on a défendu à l'évêque de Troyes d'imprimer des mandements, c'est défendre à la comtesse de Pimbesche 2 de plaider.
Est-il vrai qu'on joue Sémiramis? que l'ombre n'est pas ridicule, et que les bras de Lekain 3 ne sont pas mal ensanglantés ? Vous ne savez rien de ces bagatelles; vous négligez le théâtre; vous n'aimez que les anecdotes, et vous ne m'en dites point. Je ne sais guère de nouvelles de Suède. J'ai peur que ma divine Ulrique ne soit traitée par son sénat avec moins de respect et de sentiment qu'on n'en doit à son rang, à son esprit, et à ses grâces.
Vous saurez que l'impératrice-reine 4 m'a fait dire des choses très-obligeantes. Je suis pénétré d'une respectueuse reconnaissance. J'adore de loin; je n'irai point à Vienne; je me trouve trop bien de ma retraite des Délices. Heureux qui vit chez soi avec ses nièces, ses livres, ses jardins, ses vignes, ses chevaux, ses vaches, son aigle, son renard, et ses lapins, qui se passent la patte sur le nez ! J'ai de tout cela, et les Alpes par-dessus, qui font un effet admirable. J'aime mieux gronder mes jardiniers que de faire ma cour aux rois.
J'attends l'encyclopède d'Alembert, avec son imagination et sa philosophie. Je voudrais bien que vous en fissiez autant, mais vous en êtes incapable.
Est-il vrai que Plutus-Apollon-Popelinière a doublé la pension de madame son épouse 5? Tronchin prétend qu'elle a toujours quelque chose au sein je crois aussi qu'elle a quelque chose sur le cœur. Je vous prie de lui présenter mes hommages, si elle est femme à les recevoir.
C'est grand dommage qu'on n'imprime pas les mémoires de ce fou d'évêque Cosnac !6
Pour Dieu, envoyez-moi, signé Jannel 7 ou Bouret 8, tout ce qu'on aura écrit pour ou contre les Mémoires de Scarron-Maintenon.
Interim vale et scribe. Æger sum, sed tuus. »

1 Voir lettre du 21 juillet 1756 à Thieriot : « une lettre anonyme que je reçois, selon ma coutume, m'apprend qu'on imprime une critique dévote contre mes ouvrages mais ces gens-là seront forcés
d'avouer que je suis prophète [au sujet de la victoire de Richelieu à Port Mahon]».C'était peut-être quelque mandement. Du reste, ce fut vers cette époque que parut l'
Anti-Naturaliste, ou Examen du poème de la Religion naturelle Berlin, 1756, in-8° de 21 pages.

2 Personnage des Plaideurs de Racine.

4 Marie-Thérèse d'Autriche .

5 Cette première femme de La Popelinière mourut d'un cancer au sein vers le commencement de novembre 1756.

6 Daniel de Cosnac évêque de Valence, puis archevêque d'Aix, mort en 1708 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_de_Cosnac

; ses Mémoires ne seront pas imprimés avant 1852 . V* en fait déjà la demande dans la lettre du 21 juillet à Thieriot .

7 Robert de Jannel : intendant général des postes, qui violait le secret des lettres et en communiquait des extraits à Louis XV aussi fut-il bientôt chevalier de l'ordre du roi. (Condorcet.) Voir page 724 paragraphe XII : http://books.google.fr/books?id=4T8TAAAAQAAJ&pg=PA724&lpg=PA724&dq=jannel+intendant+g%C3%A9n%C3%A9ral+des+postes&source=bl&ots=f8HzhJyO7H&sig=pfraO1anhbVj8Hg4N4Iz7HgmFVg&hl=fr&sa=X&ei=myseUI3iJYSr0QWDj4HIBA&sqi=2&ved=0CDgQ6AEwAg#v=onepage&q=robert%20de%20jannel%20intendant%20g%C3%A9n%C3%A9ral%20des%20postes&f=false

8 Fermier général et administrateur des postes , Etienne-Michel Bouret 1710-1777, voir page 366 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5839019n/f397.image...

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne-Michel_Bouret

 

Lire la suite

05/08/2012 | Lien permanent

dans un chariot détesté Par Satan sans doute inventé, Dans ce pesant climat belgique.


http://www.dailymotion.com/video/x66u4_francis-cabrel-encore-et-encore_music


"...Dans ce pesant climat belgique..." : météorologiquement parlant selon Voltaire, politiquement parlant selon notre XXIème siècle .


http://www.youtube.com/watch?v=8zAuUjvbFQI&feature=re...

"Je leur avais appris le partage..."dit Cabrel-Dieu : mais partager la Belgique, c'est comme partager une cacahuète pour dix personnes ! Mais, bon , enfin  , ça les occupe un moment et pendant ce temps la France les amuse avec ses ministres et hommes politiques dont la conduite , si elle était contrôlée comme sur la route, mériterait un sévère retrait de points, et pour certains le retrait du permis de berner le peuple !

Mais, je rêve, nous sommes en France, "peuple léger et frivole" comme disait Volti, pays des "Welches", donc sauf révolution, rien ne bougera ...

 




 

« A Frédéric II

A La Haye ce 20 juillet à neuf heures du soir 1740



Tandis que Votre Majesté

Allait en poste au pôle arctique,

[au moins jusqu'à Koenigsberg]

Pour faire la félicité

De son peuple lituanique,

Ma très chétive infirmité

Allait d'un air mélancolique, dans un chariot détesté

Par Satan sans doute inventé,

Dans ce pesant climat belgique.

Cette voiture est spécifique

Pour trémousser et secouer

Un bourgmestre apoplectique ;

Mais certes il fut fait pour rouer

Un petit Français très éthique,

Tel que je suis sans me louer.



J'arrivai donc hier à La Haye après avoir eu bien de la peine à obtenir mon congé.[de Mme du Châtelet]



Mais le devoir parlait, il faut suivre ses lois.

Je vous immolerais ma vie.

Et ce n'est que pour vous digne exemple des rois

Que je peux quitter Émilie.



Vos ordres me semblaient positifs, la bonté tendre et touchante avec laquelle Votre Humanité me les a donnés, me les rendait encore plus sacrés. Je n'ai donc pas perdu un moment. J'ai pleuré de voyager sans être à votre suite, mais je me suis consolé puisque je faisais quelque chose que Votre majesté souhaitait que je fisse en Hollande.



Un peuple libre et mercenaire,

Végétant dans ce coin de terre

Et vivant toujours en bateau,

Vend aux voyageurs l'air et l'eau,

Quoique tous deux n'y valent guère ;

Là plus d'un fripon de libraire

Débite ce qu'il n'entend pas

Comme fait un prêcheur en chaire ;

Vend de l'esprit de tous états

Et fait passer en Germanie

Une cargaison de romans

Et d'insipides sentiments,

Que toujours la France a fournie.



La première chose que je fis hier en arrivant fut d'aller chez le plus retors et le plus hardi libraire du pays,[Van Duren, chargé d'imprimer l'Anti-Machiavel] qui s'était chargé de la chose en question. Je répète encore à Votre majesté que je n'avais pas laissé dans le manuscrit un mot dont personne en Europe pût se plaindre [#]. Mais malgré cela, puisque Votre Majesté avait à cœur de retirer l'édition [à sa lettre du 25 juin, Frédéric ajouta ce post-scriptum : « Pour Dieu, achetez toute l'édition de l'Anti-Machiavel. »], je n'avais plus ni d'autre volonté ni d'autre désir. J'avais déjà fait sonder ce hardi fourbe nommé Jean Vanduren, et j'avais envoyé en poste un homme qui par provision devait au moins retirer sous des prétextes plausibles quelques feuilles du manuscrit, lequel n'était pas à moitié imprimé : car je savais bien que mon Hollandais n'entendrait à aucune proposition. En effet je suis venu à temps , le scélérat avait déjà refusé de rendre une page du manuscrit. Je l'envoyai chercher, je le sondai, je le tournai dans tous les sens. Il me fit entendre que maître du manuscrit il ne s'en dessaisirait jamais pour quelque avantage que ce pût être, qu'il avait commencé l'impression, qu'il la finirait.



Quand je vis que j'avais affaire à un Hollandais qui abusait de la liberté de son pays, et à un libraire qui poussait à l'excès son droit de persécuter les auteurs, ne pouvant ici confier mon secret à personne, ni implorer le secours de l'autorité, je me souvins que Votre Majesté dit dans un des chapitres de l'Anti-Machiavel qu'il est permis d'employer quelque honnête finesse en fait de négociations. Je dis donc à Jean Vanduren que je ne venais que pour corriger quelques pages du manuscrit. Très volontiers, Monsieur, me dit-il, si vous voulez venir chez moi, je vous le confierai généreusement feuille à feuille, vous corrigerez ce qui vous plaira enfermé dans ma chambre en présence de ma famille et de mes garçons. J'acceptai son offre cordiale ; j'allai chez lui, et je corrigeai en effet quelques feuilles qu'il reprenait à mesure, et qu'il lisait pour voir si je ne le trompais point. Lui ayant inspiré par là un peu moins de défiance, j'ai retourné aujourd'hui dans la même prison où il m'a enfermé de même et ayant obtenu six chapitres à la fois pour les confronter je les ai raturés de façon et j'ai écrit dans les interlignes de si horribles galimatias, et des coq-à-l'âne si ridicules que cela ne ressemble plus à un ouvrage. Cela s'appelle faire sauter son vaisseau en l'air pour n'être point pris par l 'ennemi. J'étais au désespoir de sacrifier un si bel ouvrage, mais enfin j'obéissais au roi que j'idolâtre, et je vous réponds que j'y allais de bon cœur.



Qui est étonné à présent et confondu ? C'est mon vilain. J'espère demain faire avec lui un marché honnête, et le forcer à me rendre le tout, manuscrit et imprimé et je continuerai de rendre compte à Votre Majesté. »


#Un envoyé de Frédéric, Camas, avait dit à V* « qu'il y a un ou deux endroits qui déplairaient à certaines puissances » (lettre à Frédéric du 5 juillet). On peut penser que c'est un passage du chapitre cinq où il était question de la folie des conquérants et celui du chapitre 10 où est critiquée la vanité ruineuse des petits princes allemands.

Lire la suite

20/07/2010 | Lien permanent

Page : 246 247 248 249 250 251 252 253 254 255 256