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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je crains qu'elle ne finisse, parce qu'elle peut finir tristement

... Hélas oui, Miss-Tic ne vit plus que par son oeuvre géniale : https://www.pariszigzag.fr/paris-au-quotidien/miss-tic-sa...

Miss Tic

A voir sans tarder, remarquable  : http://missticinparis.com/

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

30è janvier 1767

Nous sommes délivrés de la famine, mon cher ami, par les bontés de M. le duc de Choiseul .

J'ai tellement refondu Les Scythes que l'édition de Cramer ne peut plus servir à rien, et qu'il faut en faire une autre . Voici la préface en attendant la pièce . J'ai été bien aise de rendre un témoignage public à Tonpla 1 . Ce n'est pas que je sois content de lui . On dit qu'il laisse élever sa fille dans des principes qu'il déteste . C'est Orosmade qui livre ses enfants à Arimane . Ce péché contre nature est horrible . Je me flatte qu'il sèvrera enfin un enfant qu'il a laissé nourrir du lait des furies .

L'affaire de la Doiret nous donne toujours de vives inquiétudes . Je crains qu'elle ne finisse, parce qu'elle peut finir tristement . Je reste dans mon lit, en attendant que j'aie des montagnes de neiges et de glaces à traverser .

Je vous embrasse du fond de mon cœur , È L. »

1 Hommage rendu à Diderot par V* dans la préface des Scythes : http://théâtre-documentation.com/content/les-scythes-voltaire#_ftn1

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25/05/2022 | Lien permanent

Nous sommes en guerre, je suis malade, et j’ai manqué un jour de bouillon

...  dit le président .

La majorité présidentielle risque fort de boire ce bouillon dimanche prochain, véritable soupe à la grimace , sauce NUPES - bleu Marine dure à avaler  . On va fort tchatcher ces jours-ci .

 

 

« A François de Chennevières

Ferney, 6 février 1767 1

Vraiment, mon cher ami, vous auriez bien raison de me venir voir . J’appartiens de droit à présent à vos hôpitaux militaires. Nous sommes en guerre, je suis malade, et j’ai manqué un jour de bouillon. J’ai été bloqué par le cordon de troupes qui entoure Genève ; mais M. le duc de Choiseul a eu pitié de moi. Je ne m’en porte pas mieux . Je suis au milieu de trente lieues de neiges, impotent et perdant les yeux . C’est mon revenu de tous les hivers. Je commence à me dégoûter fort de la retraite que j’ai choisie. Elle ne produit rien ; il n’y a de beau que le paysage, et cette beauté n’est pas pour les aveugles. Je ne sais comment les choses de ce monde sont arrangées, mais il me semble qu’on finit toujours tristement. »

1 Copie par Boissy d'Anglas (Clarke).

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13/06/2022 | Lien permanent

Vous trouverez chez moi des livres, de la liberté, l'amour de la vérité, une estime parfaite pour vous, et une grande en

... Essayez de trouver une invitation plus aimable ! Heureux celui/celle qui l'entend . Remarquable celui qui le dit . C'est bien du Voltaire  .

 

 

« A François-Louis Allamand

Ministre

à Corzier

près de Vevey

Le corps est faible chez moi, monsieur, et l'esprit n'est pas prompt 1. Je vous réponds tard, mais j'espère vous voir bientôt . Vous trouverez chez moi des livres, de la liberté, l'amour de la vérité, une estime parfaite pour vous, et une grande envie de vous plaire . Vous me direz comment les têtes que j'ai coupées à mes colimaçons sont revenues 2. Voilà un beau problème de physique et de métaphysique .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que vous méritez, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

l'ermite de Ferney.

27è juillet 1768. »

1 D'après l'évangile de Matthieu, XXVI, 41 : https://www.aelf.org/bible/Mt/26

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28/02/2024 | Lien permanent

J'ai mis tout en ordre et je fais mon métier de correcteur

... Gérard Larcher l'affirme et s'oppose à l'inscription de l'IVG dans la constitution, ce en quoi je l'approuve fermement : https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/01/23/gerar...

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« A Gabriel Cramer

au château de Tournay

J'ai envoyé à l'imprimerie les feuilles de l'ancienne édition corrigée jusqu'aux chapitres VII et VIII . J'ai envoyé les feuilles manuscrites jusqu'au numéro 12 inclusivement . J'envoie la suite de ces feuilles manuscrites depuis le numéro 13 jusqu'à 62 . Le tout avec les ratures et les renvois nécessaires qui demandent une grande attention de la part de l'imprimeur . J'ai envoyé par Chirol vendredi la dernière épreuve que j’ai corrigée ; j'attends le retour de cette dernière épreuve pour la confronter avec ce qui précède et ce qui suit, de peur qu'on ne se soit trompé ou que je ne me sois trompé moi-même .

J’informe monsieur Cramer de tout ce détail et je le prie de vouloir bien diriger d'un coup d’œil cette petite opération , qui peut-être est difficile, attendu le mélange des imprimés et des m[anus]crits que j’ai envoyé et la multiplicité des renvois . J'ai mis tout en ordre et je fais mon métier de correcteur d’imprimerie du mieux que je puis .

Dimanche matin 5 juin 1768 . »

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24/01/2024 | Lien permanent

Le monde est rempli d’automates qui ne méritent pas qu’on leur parle

... Ce sont tous ces suiveurs  qui consomment du  réseau social "d'influenceurs" compulsivement et perdent tout sens raisonnable, de même que ceux qui se pâment d'admiration en croyant que Cyril Hanouna est un bienfaiteur et que ses chroniqueurs sont payés pour être francs , tout ceux-là sont de lamentables spectateurs bornés .

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«  A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La

Touraille, Premier gentilhomme de

la chambre de S.A.S. Monseigneur le

Prince de Condé

à l'hôtel de Condé

à Paris

À Ferney, 16è septembre 1768

Je reconnais, monsieur, la justesse de votre esprit et la honte de votre cœur dans la lettre dont vous m’honorez. J’ai toujours pensé que les athées étaient de très mauvais raisonneurs, et que cette malheureuse philosophie n’est pas moins dangereuse qu’absurde. La plupart des hommes, et encore plus des dames, jugent sans réfléchir, et parlent sans penser. Une femme, dirigée par un janséniste, croit que c’est être athée que de nier la grâce efficace, comme les dévotes des jésuites accusaient d’athéisme ceux qui doutaient de la grâce versatile 1. Je suis persuadé qu’actuellement les dévotes de Rome regardent le roi de France, le roi d’Espagne, le roi de Naples et le duc de Parme, comme de francs athées 2. Le monde est rempli d’automates qui ne méritent pas qu’on leur parle. Le nombre des sages sera toujours extrêmement petit. Vous êtes non-seulement, monsieur, de ce petit nombre des élus, mais encore du plus petit nombre des bienfaisants. Pour moi, à qui mon âge et mes maladies ne laissent que peu de temps à vivre, je serai jusqu’au dernier moment de ma vie au nombre, non moins petit, des reconnaissants. »



1 La grâce versatile est, d'après certains théologiens, particulièrement aux molinistes, ce qui peut être obtenu par le simple effort de la volonté .

2 Tous ces princes avaient chassé les jésuites de leurs États et confisqué des biens ecclésiastiques .

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03/04/2024 | Lien permanent

J'ai la fantaisie de cultiver dans mon terrain hérétique quelques ceps catholiques

 ... Cette "fantaisie" renait de nos jours et il est en projet de recréer un petit vignoble là où Voltaire en avait fait planter un au château de Ferney . Rude besogne .

Qui va bien vouloir s'y coller ? car bien entendu , le Centre des Monuments Nationaux, représenté par l'administrateur François-Xavier Verger, ne veut pas se lancer dans les dépenses . Il est vrai que si l'on peut avoir le beurre et l'argent du beurre , le choix est vite fait ; le moins coûtant emportera la palme .

Il faudra que la nature soit bien généreuse pour moi et qu'un jour vendanges soient faites et que le vin soit dans mon verre . Joli projet .  

 

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« A Antoine-Jean-Gabriel Le BAULT

conseiller au Parlement de Bourgogne

à Dijon

Aux Délices 4 juin [1757] 1

Je suppose monsieur que M. Tronchin vous a payé 2 votre bon vin dont je vous remercie et que je bois à votre santé . Je vous supplie de vouloir bien m'en envoyer autant toutes les années tant qu’il plaira à la nature de me permettre de boire 3.

J'ai la fantaisie de cultiver dans mon terrain hérétique quelques ceps catholiques . Serait-ce prendre trop de liberté que de m'adresser à vous pour avoir deux cents pieds des meilleurs vignes ? Ce n'est qu’un très petit essai que je veux faire . Je sens combien ma vilaine terre est indigne d'un tel plan mais c'est un amusement dont je vous aurais l'obligation .

Je m'y prends à l'avance pour obtenir cette faveur . Aussi le principal de ma lettre est de vous remercier du fruit de la vigne que je vous dois plutôt que de vous demander des vignes . Je vous prie de prendre très sérieusement mes remerciements et de ne vous moquer que le moins que vous pourrez de ma proposition .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois

Monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 La datation de cette lettre a été faite d'après les références à Tronchin et à la commande de ceps .

2 Voir lettre du 10 mai à J-R Tronchin : « Vous êtes un homme charmant . Il n'y a rien de difficile, rien de long avec vous . Voici deux guenillons mon cher correspondant sur gens peu connus . Votre Sétubal est arrivé . M. Le Bault m’envoie un petit tonneau de bourguignon . Je vous prie de vouloir bien lui faire payer à Dijon 240 livres tournois. On se bat sur terre et sur mer et nous buvons et malgré ma mauvaise santé je me tiens très heureux . Sachez que mon bonheur consiste principalement dans un correspondant tel que vous »

3 Voir déjà une lettre du 16 décembre 1755 à propos d'une commande de vin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/25/je-crois-que-les-cent-bouteilles-de-vin-de-bourgogne-que-vou.html

 

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06/11/2012 | Lien permanent

ce parlement a tant grêlé sur le persil qu'il ne faut plus qu'il grêle

 ... Bien dit , Monsieur de Voltaire !

Vous ne pouvez imaginer comme il est difficile pour ses membres de se réformer . Ce n'est pas demain qu'ils  renonceront à piler sous de nouvelles lois le citoyen/persil (tant le plat que le frisé ) . Mais c'est sans doute aux calendes grecques que seront discutées et adoptées les révisions à la baisse d'une partie de leurs -trop- confortables revenus :

  http://www.20minutes.fr/politique/974465-assemblee-deputes-incapables-reformer-frais-mandat

 Droite et gauche, même combat : touche pas à mon pognon !

Messieurs et mesdames les députés, je ne vous salue pas .

Hausse du SMIC = 2% !

2% = ce qui est au dessus de mon degré d'estime pour votre comportement digne de footballers friqués ; vous êtes bien heureux que le "persil" vous rapporte beaucoup d'oseille  .

 

http://www.deezer.com/music/track/990128persil.jpg

 

 

« A M. l'abbé de VOISENON. 1

Aux Délices, 24 juillet [1756]

Vraiment, notre grand-aumônier, c'est bien à un vieux Suisse de faire des épithalames 2



Vous êtes prêtre de Cythère;
Consacrez, bénissez, chantez

Tous les nœuds, toutes les beautés
De la maison de La Vallière. 3
Mais, tapi dans vos voluptés,
Vous ne songez qu'à votre affaire.
Vous passez les nuits et les jours
Avec votre grosse bergère;
Et les légitimes amours
Ne sont pas votre ministère.


Mme Denis l'Helvétique se souvient toujours de vous avec grand plaisir, comme elle le doit. J'ai ici une paire de nièces 4 fort aimables, qui égayent ma retraite. Mon lac n'a point de vapeurs, quoi que vous en disiez. J'en ai quelquefois, mon cher abbé; mais si vous étiez jamais capable de venir consulter M. Tronchin, quand vous serez bien épuisé, ce ne serait pas à lui, ce serait à vous que je devrais ma santé car gaieté vaut mieux que médecine. Il est doux d'être retiré du monde, mais encore plus doux de vous voir.
Vous avez fait, mon cher abbé, une action de bon citoyen, de recommander au prône d'un avocat général les infamies de La Beaumelle. Mais ce parlement a tant grêlé sur le persil qu'il ne faut plus qu'il grêle. Une censure de ces messieurs fait seulement acheter un livre. Les libraires devraient les payer pour faire brûler tout ce qu'on imprime. Le public a plus de besoin de gens éclairés, qui fassent voir les grossières impostures dont le livre de La Beaumelle est plein mais il est bien honteux qu'un tel homme ait trouvé de la protection.
Adieu, très-aimable et très-indigne prêtre. Ayez toujours assez de vertu pour aimer de pauvres Suisses qui vous aiment de tout leur cœur. »


 

1Claude-Henri de Fusée de Voisenon , le « cher ami Greluchon » de V* : http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Henri_de_Fus%C3%A9e_d...

et : http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academici...

2 Les poèmes de la Loi naturelle et du Désastre de Lisbonne, dont une nouvelle édition paraissait depuis la fin de juin.

3 Chez qui séjournait souvent l'abbé, dans le château de Montrouge .

4 Mme Denis et de Fontaine.

 

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21/07/2012 | Lien permanent

de deux maux il faut éviter le pire et le plus grand des maux est la crainte

 

Quand on rit on ne trouve rien mauvais ...!

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« A M. le comte d'ARGENTAL

Aux Délices attristées, 4 juin [1755]

Mon divin ange, nos cinq actes; notre Idamé, notre Gengis 1, iront bien mal tant que je serai dans les angoisses de la crainte qu'on n'imprime ce malheureux vieux rogaton 2 si défiguré, si imparfait, si tronqué, si désespérant. Je voudrais du moins que vous en eussiez un exemplaire au net, bien complet, bien corrigé, bien gai (puisqu'il fut autrefois si gai), bien honnête, ou moins malhonnête. Je voudrais que M. de Thibouville 3 l'eût de cette façon. Je voudrais vous l'envoyer, soit par M. de Chauvelin 4, soit par quelque autre voie, telle qu'il vous plairait. Il me semble que la seule ressource est de faire un peu connaître la véritable copie, pour étouffer l'autre. Encore une fois, de deux maux il faut éviter le pire et le plus grand des maux est la crainte. Non, il y en a un encore plus grand, c'est de voir mes amis offensés par des rapsodies qui courent sous mon nom. Votre dernière lettre à Mme Denis, et toutes celles que nous recevons, nous confirment le danger. Je suis réduit à souhaiter que cette plaisanterie de trente années soit connue, toute opposée qu'elle est aujourd'hui à mon âge et à ma situation. Elle n'est guère que plaisanterie, et, quand on rit, on ne trouve rien mauvais. Adieu, mon divin ange, je suis entre l'enclume et le marteau, entre la Chine et Grisbourdon 5; et je me mets en tremblant sous les ailes de mes anges. »

1 Personnages de L'Orphelin de la Chine .

2 La Pucelle.

3 Henri Lambert d'Herbigny, marquis de Thibouville : http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri-Lambert_de_Thibouville

4 François-Claude-Bernard-Louis de Chauvelin : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Claude_Chauvelin

5 Personnage peu recommandable de La Pucelle, le cordelier Grisbourdon tentera de violer celle-ci .

Voir : http://books.google.fr/books?id=VC4HAAAAQAAJ&pg=PA237&lpg=PA237&dq=grisbourdon+la+pucelle+voltaire&source=bl&ots=HVCpSGvMwP&sig=iZ27B3PF21DSUoAtOY8JcSAYtfM&hl=fr&sa=X&ei=pX4lT9KJD8nr8QOU75nHBw&ved=0CCYQ6AEwAQ#v=onepage&q=grisbourdon%20&f=false

 

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29/01/2012 | Lien permanent

Si Confucius et Mencius avaient fait vos lois les fils liraient au moins les mémoires de leur père

... Et il est un pays où un fils, ambitieux,  a porté une attention toute particulière à un édit de son vieux  père : l'Arabie Saoudite

 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/06/21/ar...

 Pour autant, verra-t-on dans un proche avenir une égalité de droits hommes-femmes ? J'ai comme un doute, le prince (quidam dont les ancêtres ont fort bien manié le sabre) , semble plus doué pour les affaires d'argent  que pour l'application de la charte des Droits de l'Homme .

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Qui sera son Tintin ?

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

Aux Délices 30 juillet [1762] 1

Je vois bien mon respectable et vertueux magistrat que la Bourgogne n'est pas une province de la Chine . Si Confucius et Mencius avaient fait vos lois les fils liraient au moins les mémoires de leur père . Je veux croire que s'il n'a pas voulu voir vos raisons c'est qu'il s'en rapporte à vous et aux arbitres que vous avez choisis l'un et l'autre . Autrement il faudrait gémir sur la nature humaine . Je pleure quelquefois sur elle, et vous verrez bien par les nouveaux mémoires sur l’horrible aventure des Calas qu'il y a de quoi pleurer . Il est malheureusement plus aisé d'être roué que d'obtenir une révision du conseil . Mais que dites-vous des pénitents blancs et des deux trous de leur masque ? C'est pourtant cette mascarade qui a mis sur la roue une père de famille vertueux . J'ai vu son fils qui a partagé ses fers et je l'ai vu fondre en larmes . Les fanatiques et les parricides ne pleurent point . Si je voulais peindre l’innocence je peindrais ce jeune homme .

Les tragédies de Corneille me consolent un peu de celle de Calas . Elles sont pourtant bien remplies de bourre . Je plains surtout votre dessinateur s'il est obligé de lire les pièces sur lesquelles il travaille . C'est un cruel emploi de lire Attila, Agésilas, Pulchérie, Othon, Don Sanche d'Aragon, Andromède, La Toison d'or, Pertharite, Théodore, Tite et Bérénice . Danchet et l'abbé Pellegrin n'ont rien fait de si mauvais . Comment peut-on tomber ainsi de la nue dans la fange ? Cela doit faire trembler quiconque a sa petite portion d'une étincelle de génie .

Il est plus sûr de s'en tenir à cultiver son champ ; mais quand j'ai serré mon blé je sens qu'il faut encore autre chose . Les plaisirs de la campagne ne suffisent pas à l’esprit humain . Vous manquez bien davantage à mon cœur . Je demanderai à Corneille la permission de venir vous faire ma cour pendant les vendanges .

V. »

1Le manuscrit olographe est passé à la vente Sotheby le 11 juin 1968 ; l'édition Moulin donne la lettre imprimée en deux parties .

 

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21/06/2017 | Lien permanent

j'ai pris mon parti sur toutes les sottises de ce monde et sur les miennes .

... Surtout sur les miennes qui ne sont pas des moindres . Pour celles de ce monde, vous n'avez qu'à multiplier par 3 milliards et demi (sans compter les femmes et les petits enfants comme dit l'ami Rabelais ) et vous ne serez pas loin du compte ; ça donne le vertige et rend assez humble pour tenter de ne les pas augmenter .

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 C'est clair !

 

« A François de Chennevières

5 mai [1760] aux Délices

Mon cher correspondant, vous faites saigner le cœur par ce que vous dites de Mgr le duc de Bourgogne  1; il paraît qu'on doit s'attendre à le perdre ; on prétend pour comble de malheur que M. le duc de Berry 2 est attaqué de la même maladie ; je ne veux pas le croire ; de telles nouvelles sont trop affligeantes pour tous les bons citoyens . Je pense qu'il y aura des batailles avant que le prétendu congrès de Breda s'assemble . Je pense que si les Anglais nous donnent la paix, ce ne sera qu'à des conditions bien dures . Je pense que l'idée d'une descente en Irlande était très bonne, mais qu'il fallait avoir cinquante vaisseaux de ligne bien commandés 3; à force de penser à tout cela, je ne pense plus .

J'ai lu Spartacus que M. Saurin m'a envoyé ; la pièce n'est pas touchante , mais il y a de belles choses ; on veut à toute force en jouer une de moi où il y a des endroits très touchants, mais qui ne vaut rien ; je ne m'en embarrasse guère, j'ai pris mon parti sur toutes les sottises de ce monde et sur les miennes .

Voulez-vous bien permettre que cette lettre passe par vous, pour aller à M. Saurin ? Spartacus ne lui pas assez valu pour qu'il lui en coûte des ports de lettres de cent lieues .

Les Délices vous embrassent vous et la sœur du pot .

V. »

2 Le futur Louis XVI qui échappera à cette mort prématurée et dont V* saluera les débuts .

 

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04/05/2015 | Lien permanent

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