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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je me le dis aujourd'hui et peut-être demain je serai assez fou pour recommencer! Qui peut répondre de soi?

Pourquoi attendre à demain pour être fou ?

L'insensé était de mise ce jour au château, la preuve !

c insensé chez volti 3839.JPG

 

 

 

 

« A M. DE CIDEVILLE.

Aux Délices, 19 septembre [1755]

 



Oui, ma muse est trop libertine;

Elle a trop changé d'horizon;

Elle a voyagé sans raison

Du Pérou jusques à la Chine.

Je n'ai jamais pu limiter

L'essor de cette vagabonde;

J'ai plus mal fait de l'imiter;

J'ai, comme elle, couru le monde.

Les girouettes ne tournent plus

Lorsque la rouille les arrête;

Après cent travaux superflus,

Il en est ainsi de ma tête.

Je suis fixé, je suis lié,

Mais par la plus tendre amitié,

Mais dans l'heureuse indépendance,

Dans la tranquille jouissance

De la fortune et de la paix,

Ne pouvant regretter la France,

Et vous regrettant à jamais.

 

 


Voilà à peu près mon sort, mon cher et ancien ami, je ne lui pardonne pas de nous avoir presque toujours séparés, et je suis très-affligé si nous avons l'air d'être heureux si loin l'un de l'autre, vous sur les bords de la Seine, et moi sur ceux de mon lac. J'ai renoncé de grand cœur à toutes les illusions de la vie, mais non pas aux consolations solides, qu'on ne trouve qu'avec ses anciens amis. Mme Denis me fait bien sentir combien cette consolation est nécessaire. Elle s'est consacrée à me tenir compagnie dans ma retraite. Sans elle mon jardin serait pour moi un vilain désert, et l'aspect admirable de ma maison perdrait toute sa beauté. J'ai été absolument insensible à ce succès passa-
ger de la tragédie 1 dont vous me parlez. Peut-être cette insensibilité vient de l'éloignement des lieux. On n'est guère touché d'un applaudissement dont le bruit vient à peine jusqu'à nous et on voit seulement les défauts de son ouvrage, qu'on a sous les yeux. Je sens tout ce qui manque à la pièce, et je me dis

 


Solve senescentem (Horace., lib. I, ep. i, v. 8.) 2

Je me le dis aujourd'hui et peut-être demain je serai assez fou pour recommencer! Qui peut répondre de soi? Je ne réponds bien positivement que de la sincère et inviolable amitié qui m'attache à vous pour toute ma vie.

 

V. »

 

1 L'Orphelin de la Chine.

 

2 Horace (liv. I, épît. i, v. 8) donne ce conseil non seulement aux écrivains, mais encore à tous ceux qui l'âge avertit de songer à la retraite :

Solve senescentem mature sanus equum, ne

Peccet ad extremum ridendus et Ilia ducat.

«Réformez à temps votre cheval qui vieillit, si vous ne voulez que, poussif et exténué, il ne fasse rire à vos dépens.»

 

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01/04/2012 | Lien permanent

il faut savoir payer cher son plaisir et sa convenance

 Oui,  Voltaire est fidèle à ses idées exposées dans le Mondain . Qui s'en plaindrait ?

http://www.monsieurdevoltaire.com/article-31117310.html

Mais lorsqu'il parle de "jardin délicieux", a-t-il vu ceci ?

 

JARDIN-DES-DELICES-1.jpg

Et Mme Denis , celà ?

JARDIN-DES-DELICES.jpg

 

 http://www.theatrorama.com/2009/06/le-jardin-des-de...


 

 

« A M. de Brenles

A Prangins, 31 janvier [1755]

Non, je ne vous échappe pas . Quand j'habiterais aux portes de Genève, ne viendrais-je pas quelquefois vous voir , et ne daigneriez-vous pas, vous et Mme de Brenles, venir passer chez nous quelques jours ? Tout est voisinage sur les bords du lac . Vous avez très bien deviné : la maison qu'on me vend i est d'un grand tiers en dessous de sa valeur au moins ; mais elle est charmante, mais elle est toute meublée, mais les jardins sont délicieux, mais il n'y manque rien , et il faut savoir payer cher son plaisir et sa convenance . Le marché ne sera conclu et signé par devant notaire que quand toutes les difficultés résultant des lois du pays auront été parfaitement levées, ce qui n'est pas un petit objet . Le conseil d’État donne toutes les facilités qu'il peut donner ii, mais il faut encore bien d'autres formalités pour assurer la pleine possession d'une acquisition de quatre-vingt-dix mille livres . Les paroles sont données entre le vendeur et moi ; j'ai promis les quatre-vingt-dix mille livres à condition qu'on se chargera de tous les frais, et de m'établir toutes les suretés possibles . Avec tout cela l'affaire peut manquer ; mille négociations plus avancées ont échoué . Que fais-je donc ? Je me tourne de tous les côtés possibles pour ne pas rester sans maison dans un pays que vous m'avez fait aimer . J'aurai incessamment des réponses touchant les maisons de M. d'Hervart . Je préfèrerais Prélaz , vous n'en doutez point, puisqu'il est dans votre voisinage ; mais nous soupçonnons qu'il n'y a qu'un appartement d'habitable pour l'hiver , et il faut remarquer que nous sommes deux qui voulons être logés un peu à l'aise . Voilà la situation où nous sommes . Il faut absolument que je prévienne l'embarras où je me trouverais si l'on ne pouvait m'assurer à Genève l'acquisition qu'on m'a proposée . Somme totale, il me faut les bords du lac ; il faut que je sois votre voisin, et que je vous aime de tout mon cœur . Je n'achète des chevaux que pour venir vous voir soit de Genève, soit de Vevai, dès que ma santé me permettra d'aller .

Mille respects à Mme de Brenles ; je vous embrasse et vous demande pardon .

V. »


i A Saint Jean, rive droite du Rhône à Genève, les futures Délices .http://www.ville-ge.ch/bge/imv/

 

ii En date du 1er février 1755, sur les registres du Conseil de la République de Genève on lit : « Le sieur de Voltaire demande et obtient la permission d'habiter dans le territoire de la république, pour être plus à portée du sieur Tronchin son médecin . »

 

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16/11/2011 | Lien permanent

On n'avait donné que quelques soufflets au genre humain dans ces archives de nos sottises, nous y ajoutons force coups d

 Une petite valse entrainante :

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 ... Ah ! ça va bien mieux maintenant !

Un coup de pied dans la montagne : http://www.deezer.com/listen-2157193 , ça soulage aussi ! Volti n'a pas hésité à cogner sur ces montagnes d'injustice, d'intolérance, de fanatisme : Ecr[asons] l'Inf[âme] , encore et toujours ;

 

 

 

 

« A Jacob Vernes

ministre à Céligny.

 

 

Ferney 25è auguste 1761

 

Je suis très fâché, Monsieur, que vous soyez si éloigné de moi. Vous devriez bien venir coucher à Ferney, quand vous ne prêchez pas. Il ne faut pas être toujours avec son troupeau, on peut venir voir quelquefois les bergers du voisinage .

 

Je n'ai point lu L'Âme de M. Charles Bonnet [i]. Il faut qu'il y ait une furieuse tête sous ce bonnet-là, si l'ouvrage est aussi bon que vous le dîtes. Je serai fort aise qu'il ait trouvé quelques nouveaux mémoires sur l'âme. Le 3è chant de Lucrèce me paraissait avoir tout épuisé. Je n'ai pas trop actuellement le temps de lire des livres nouveaux.

 

A l'égard de messieurs les traducteurs anglais, ils se pressent trop. Ils voulaient commencer par l'Histoire générale, on leur a mandé de n'en rien faire, attendu que Gabriel Cramer et Philibert Cramer vont en donner une nouvelle édition un peu plus curieuse que la première [ii]. On n'avait donné que quelques soufflets au genre humain dans ces archives de nos sottises, nous y ajoutons force coups de pied dans le derrière. Il faut finir par dire la vérité dans toute son étendue. Si vous veniez chez nous, je vous ferais voir un petit manuscrit indien de trois mille ans [iii], qui vous rendrait très ébahi.

 

Venez voir mon église,[iv] elle n'est pas encore bénite, et on ne sait encore si elle est calviniste ou papiste. En attendant, j'ai mis sur le frontispice Deo soli, voyez si vos damnés de camarades ne devraient pas avoir plus de tendresse pour moi qu'ils n'en ont. Votre plaisant arabe m'a abandonné tout net depuis qu'il est de la barbare compagnie. Il suffit d'entrer là pour avoir l'âme coriace. Ne vous avisez jamais d'endurcir votre joli petit caractère quand vous serez de la vénérable [v]. Je vous embrasse en Deo solo.

 

Mes compliments à Mme Volmar et à son faux germe.[vi]

 

V. »

i Essai analytique sur les facultés de l'âme, 1760.

ii Cf. lettre au Journal encyclopédique du 3 mars 1761.

iii Allusion à l'Ezour -Veidam que V* croit très précieux ; cf. lettres au Journal encyclopédique du 3 mars 1761 et Deshauterayes du 21 décembre.

iv V* et les difficultés rencontrées pour cette construction : cf. lettre aux d'Argental du 21 juin.

v La Vénérable Compagnie des pasteurs de Genève ; Vernes deviendra pasteur à Genève en 1770.

vi Dans

La Nouvelle Héloïse : Mme de Wolmar = « Mme Volmar ».

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25/08/2010 | Lien permanent

Si quelque chose pouvait me consoler dans le malheur public,

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Oui, quelque chose peut me consoler dans le malheur public : le rugby français  ! Tant pis pour les Ecossais ... qu'ils écoutent ceci, si ça peut les consoler :

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france-rugby_0.jpg

 

 

 

« A Charles Pictet

 

Au château de Ferney 6 février 1766

 

Monsieur

 

La lettre que j’écrivis ces jours passés à M. Lullin i, est exactement conforme à la copie que vous me faites l’honneur de m’envoyer, elle n’est pas moins conforme à la vérité dans tous les points ii. Il me semble qu’on aurait dû commencer dans toute cette affaire par examiner le fait dont il était question iii. La vérité eût été bien vite reconnue et tout aurait été apaisé, deux ou trois fausses démarches ont causé bien des peines et des inquiétudes qu’on pouvait éviter iv. On s’est détrompé, mais trop tard. J’ai vu avec douleur les tristes suites de cette affaire. Si quelque chose pouvait me consoler dans le malheur public, c’est qu’au moins on me rend justice ; et la lettre dont vous m’honorez, monsieur, est assurément une de mes plus flatteuses consolations.

 

J’ai l’honneur d’être avec les sentiments les plus respectueux

Monsieur

Votre très humble et très obéissant serviteur

 

Voltaire »

 

 

 

i Le 30 janvier 1766 . Pierre Lullin (1712-1789) est avocat et professeur de droit, conseiller de Genève depuis 1756, secrétaire d’Etat depuis 1762 ; il sera syndic en 1782.

 

ii Suite à cette correspondance, V* va se réconcilier avec Charles Pictet qui était partisan de JJ Rousseau.

 

iv V* s'est défendu d'avoir été pour quelque chose dans la condamnation de Jean-Jacques Rousseau par le Conseil genevois . Les divisions entre le parti de la bourgeoisie, les Représentants, qui voient dans le Contrat Social de Jean-Jacques Rousseau un « arsenal de liberté », et les tenants du régime aristocratique, les Négatifs, finiront par paralyser la République ; ainsi, le Conseil général, abusant du droit appelé « ligne de nouvelle élection » qui lui avait été concédé par le

« Règlement de l’Illustre Médiation » en 1738, refusa d’élire les quatre syndics pour l’année 1766 et 1767 : le « quadrille » élu pour 1765 resta trois ans en fonction. Le Petit Conseil finira par solliciter la médiation des Puissances garantes de l’ordre établi en 1738. Cette seconde médiation, à laquelle participa la France, représentée par son ambassadeur auprès des cantons suisses, le chevalier de Beauteville, et les gouvernements de Berne et Zurich, aboutira à l’Edit de conciliation approuvé par le Conseil général le 11 mars 1768. Les choses iront ensuite cahin caha jusqu’à l’explosion de la révolution d’avril 1782 qui entraînera une intervention armée et une troisième médiation, cette fois sans la participation de Zurich mais avec celle de la Sardaigne.

 


 

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06/02/2011 | Lien permanent

Vous savez qu'il faut entrer un peu dans l'opinion des gens qu'on sollicite

 Une Pandore rigolote :  http://www.youtube.com/watch?v=aTybefyQ6FY

 Une Pandora fatale :

Pandora-Pandora-and-the-Flying-Dutchman-1951-2.jpg

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« A Jean-Benjamin La Borde i

 

5 mai 1773

 

Quoi ! Mon cher Orphée, vous voulez que ce soit moi qui agisse ii, moi si étranger dans votre cour, moi pauvre vieillard dont toute l'ambition est d'être oublié dans ce pays-là ! moi persécuté, moi mourant ! moi qui n'ai jamais eu la moindre correspondance avec la personne iii dont vous parlez !

 

J'ai grand peur qu'Orphée n'ait joué de sa lyre devant des animaux jaloux de lui . Mais vous approchez des dieux, vous êtes de l'Olympe iv, vous êtes à portée d’obtenir tout des déesses . Ces divinités daigneraient-elles seulement répondre à un mortel confiné dans un désert ? liraient -elles seulement sa lettre ? Le héros qui préside aux fêtes v daigne quelquefois se souvenir de moi, mais bien rarement . Je vais lui écrire et le prier de parler à la belle déesse . Je lui demanderai même si je puis hasarder une lettre, ce qui est extrêmement délicat dans la position où je suis . On m'a dit que beaucoup de choses avaient été applaudies à une répétition que vous fîtes faire , il y a , je crois, trois ans vi, quoique cette répétition fût très mal exécutée, mais que surtout la symphonie et les voix s’acquittèrent très mal de leur devoir au quatrième acte, et la musique ne parut que du bruit .

 

Cette répétition qui devait faire l'effet le plus favorable, en fit un désavantageux . Cette impression est restée à ce qu'on prétend dans la fête du surintendant des fêtes de cette année . Je lui dirai que ce quatrième acte est tout changé et que vous avez surtout accourci quelques endroits qui parurent trop longs .

 

Vous savez qu'il faut entrer un peu dans l'opinion des gens qu'on sollicite ; en un mot je vais faire tout ce qui dépendra de moi, mais encore une fois ce n'est pas dans les limbes où je suis que l'on dispose de la cour céleste .

 

Je vous embrasse bien tendrement ; je baise le manche de votre lyre et je finis ma lettre pour écrire au maître des Jeux.vii »


ii Pour qu'on représente l'opéra de Pandore, livret de V*, musique de La Borde.

iii Mme du Barry.

iv De La Borde était premier valet de chambre du roi .

v Le duc de Richelieu, premier gentilhomme de la chambre chargé des spectacles en 1773.

vi Fin novembre 1769.

vii Voir lettre à Richelieu du même jour : page 193 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800416/f198.image.r...

 

 

 

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03/05/2011 | Lien permanent

la dissertation sur les monnaies runiques éclaircit un peu l’histoire triste et obscure des peuples du Nord

Sunday, sunday, belle journée .

Jour du Seigneur, pour certains, je vais officier sans doute trois fois ce jour en tachant de n'avoir pas un sermon soporifique devant un public attentif.

 

Scoop du matin, Volti est toujours vivant, JJ Rousseau peut en témoigner, ils ont encore passé la nuit ensemble (en tout bien tout honneur ! ) dans le vestibule du château . Le gardien de nuit n'est pas intervenu, la discussion est restée courtoise et je dois constater qu'une fois de plus ils restent campés sur leurs positions . A suivre ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Nicolas-Claude Thiriot

 

 

                    Si vous passez quelquefois chez Brisson, le libraire, vous me feriez bien plaisir d’examiner deux livres qui sont chez lui, l’un est une histoire universelle en 7 volumes du p. don Calmet,[Augustin Calmet, Histoire universelle, sacrée et profane….1735_1747, 8 volumes] que je ne connaissais pas, l’autre est une dissertation latine faite par Bayer [Gottlieb-Siegfried Bayer, Historia osrhoena ex numis illustrata, 1734 ] ou par quelque autre Allemand sur les monnaies runiques. Dites-moi, je vous prie, si l’histoire de don Calmet est pleine de recherches curieuses du Moyen Age, et si la dissertation sur les monnaies runiques éclaircit un peu l’histoire triste et obscure des peuples du Nord. Si vous croyez ces deux livres bons, je les achèterai.

 

 

                    Faites, je vous prie, mille compliments à M. de Maupertuis.[revenu en France après l’aventure de Molwitz (victoire de Frédéric II, où Maupertuis a été pris, dépouillé et envoyé à Vienne avec les prisonniers ; V*, dans ses Mémoires montre Maupertuis « suivant Sa Majesté sur son âne, du mieux qu’il pouvait « !), irrité contre V*, celui-ci lui se sentira obligé de lui envoyer une lettre de justification le 1er juillet, alléguant sa « franchise »].  Y-a-t’il quelque chose de nouveau sur vos affaires ? [pension promise par Frédéric] Je crois comme vous qu’il faut attendre la fin de la campagne.

 

 

                    Je vous embrasse de tout mon cœur.

 

 

                    V.

                    Ce 19 juillet 1741 à Bruxelles. »

 

 

 

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Mon miracle est d’exister

Brutalement, sans fioriture, depuis le "bouge indigne" de Ferney, "l'antre des Alpes"

«  A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

                            Si j’avais quelque vingt ou trente ans de moins, il se pourrait à toute force, mon cher et illustre ami, que je me partageasse entre vous et Mlle Clairon. Mais en vérité je suis trop raisonnable pour ne pas vous donner la préférence. J’avais promis, il est vrai, de venir voir à Lyon L’Orphelin chinois, et comme il n’y avait à ce voyage que de l’amour –propre, le sacrifice me parait bien plus aisé. [d’Alembert lui écrivit de Lyon que le bruit avait couru qu’il devait venir entendre la Clairon dans le rôle d’Idamé dans la nouvelle salle que Soufflot  a fait construire]. Mme Denis devait être de la partie de l’Orphelin. Elle pense comme moi, elle aime mieux vous attendre. Ceci est du temps de l’ancienne Grèce où l’on préférait à ce qu’on dit les philosophes.

 

 

                            Le bruit court que vous venez avec un autre philosophe.[Patu] Il faudrait que vous le fussiez terriblement l’un et l’autre pour accepter les bouges indignes qui me restent dans mon petit ermitage.[d’Alembert restera à Genève du 10 au 30 juillet et recueillera les informations pour écrire l’article Genève dans l’Encyclopédie, source de polémique en 1757]. Ils ne sont bons tout au plus que pour un sauvage comme Jean-Jacques, et je crois que vous n’êtes pas à ce point de sagesse iroquoise. Si pourtant vous pouviez pousser la vertu jusque là, vous honoreriez infiniment mes antres de Alpes en daignant y coucher. Vous me trouverez bien malade. Ce n’est pas la faute du grand Tronchin. Il y a certains miracles qu’on fait, et d’autres qu’on ne peut faire. Mon miracle est d’exister, et ma consolation sera de vous embrasser. Ma champêtre famille vous fait les plus sincères compliments.

 

 

                            V.

                            Aux Délices 2 août 1756. »

 

                           

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02/08/2009 | Lien permanent

un gras ingrat, un maigre bon mec !

« A Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

         Ma foi, Madame, vous venez trop tard .[ on lui recommandait de ne pas continuer à écrire à Choiseul qui a été disgracié le 24 décembre 1770 ]. J’aurai cru devoir au moins un petit mot de respect et d’attachement ; je l’ai donné, et je crois qu’on le trouvera fort bon. On n’a jamais commandé l’ingratitude [ il est reconnaissant de l’établissement de Mlle Corneille, des franchises de ses terres, de l’aide apportée à ses protégés  ]; je suis hors de ligne, et la voix d’un pauvre mourant ne peut faire ombre à personne.

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 http://www.ambafrance-at.org/spip.php?article2334&id_...

         Je supplie instamment monsieur d’Argental de vouloir bien me renvoyer les cinq anti-Crébillon [ 5 actes de sa pièce Les Pélopides en opposition à l’Atrée et Thyeste de Crébillon ].

Je parle de votre montre tous les jours, et j’espère bientôt vous l’envoyer. Il n’y aura rien à y refaire ; ce n’est pas comme l’œuvre des onze jours [ sa tragédie ], aussi y en a-ton mis davantage. Ma pauvre colonie ne se trouvera pas bien de cette affaire-ci [ disgrâce de Choiseul]. Tous les malheurs m’arrivent à la fois. J’avais recommandé mes fabriques à M. le cardinal de Bernis, il n’en a tenu compte ; je me suis mis en colère contre lui ; il s’est moqué de ma colère . Vous ne me parlez point de lui, Madame, c’est peut-être parce qu’on en parle beaucoup [ pour lui accorder un ministère ].

 

         Renvoyez-moi toujours mes cinq actes si vous voulez en avoir cinq autres.

 

         Mille tendres respects mes anges.

 

         V.

         3 janvier 1771 »

 

    On pourra dire ce qu’on veut de Voltaire, mais pas qu’il était ingrat . Qu’on se le dise haut et fort (sic) !

 

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03/01/2009 | Lien permanent

L'humeur d'un côté, certain intérêt de l'autre, auront vraisemblablement plus de crédit de près que la raison qui vient

... Ce qui permet de justifier le ballet des chefs d'Etats , de gouvernement, d'entreprises autour de la terre . Il est plus aisé d'obtenir un accord en tête à tête , en faisant jouer ses humeurs, bonnes ou mauvaises, en défendant ses intérêts privés -ou publics dans le meilleur des cas- .  

La raison qui vient de loin est boiteuse et met trop de temps à venir l'emporter sur les beaux parleurs-menteurs-profiteurs . 

Il n'est pas encore venu le temps où nous ferons des économies en jouant la carte des visio-conférences .

Vive le WEB -Ouab-Ouap pour tous

 

DSCF1329 visioconférence rurale.jpg

 

 

« A M. Jean-Robert TRONCHIN,

à Lyon
Lausanne, 26 janvier [1758]
Le départ de M. l'abbé de Saint-Germain des Prés 1 et les nouvelles mesures qu'on prend ne laissent guère imaginer qu'on veuille entrer dans les sages mesures d'un homme 2 que son esprit, ses lumières et son expérience, devraient faire écouter. L'humeur d'un côté, certain intérêt de l'autre, auront vraisemblablement plus de crédit de près que la raison qui vient de loin. Quelque chose qui arrive il faut se bien porter . Je vous prie de présenter mes respects à l'homme sage et respectable que vous savez et de l'assurer de l'intérêt que je prends à sa santé .

Quoi qu'il arrive à Shwednits, à Yablonska 3, à Zell, à Cassel, il me vient quatre gros flambeaux d'argent à mettre sur un autel les jours de fête avec des bobèches de même . Cela vous est adressé pour moi par le coche et je vous prie de les adresser à votre correspondant M. Cathala par la messagerie, avec prière à M. Cathala de les dépêcher sur le champ par le coche à Lausanne . Mme Denis fait de la maison de Lausanne un petit palais . Elle me ruine en Suisse . Une Parisienne porte Paris partout .

Quand vous serez de loisir ne m'enverrez-vous pas le petit compte de mes clients pour le bien de mon âme . »

1 Le duc de Richelieu avait été rappelé le 22 janvier et quitta Hanovre le 8 février . Il fut remplacé par le comte de Clermont, Louis de Bourbon-Condé qui parmi ses nombreux bénéfices jouissait de celui de Saint-Germain-des-Prés . Il prit son poste à Hanovre le 14 février .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_de_Bourbon_%281709-1771%29

2 Le cardinal de Tencin à Lyon .

3 Jablunkau en Silésie orientale .

 

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30/03/2013 | Lien permanent

Si j'étais plus jeune , si j'avais de la santé les choses ne se passeraient pas ainsi

 ... Oh ! là là !! vous verriez ce que vous verriez !

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« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

Aux Délices 17 décembre [1757]

Puisque vous voulez madame mettre le portrait de votre saint 1 dans votre oratoire, voici l'antienne qui peut convenir à vos sentiments pour lui .

De l'auguste Thérèse il mérita le choix,

Il fait le bonheur de l'empire,

Le voir , l'entendre quelquefois

Est le bonheur que je désire .2

J'exprime mes idées avec les vôtres madame, mais je suis un vieux Suisse qui n'est pas fait pour prétendre à la jouissance comme vous . Si j'étais plus jeune , si j'avais de la santé les choses ne se passeraient pas ainsi . J'aurais fait mon pèlerinage à Vienne, j'aurais tâché d'entrevoir de loin l’immortelle Thérèse, de pouvoir m'approcher un peu du grand homme qui vous enchante, de remercier le très aimable M. de Durazzo 3, de faire quelques coquetteries à la belle Idamé 4 dont vous êtes si contente . Au lieu de me donner toutes ces belles fêtes, je vais quitter les neiges du voisinage de Genève pour les glaçons de Lausanne, je vais madame, au lieu de vers doux et galants en faire de tristes sur vos perfidies 5, sur vos inconstances, sur les promesses trompeuses que vous m'aviez faites de venir philosopher avec moi sur le beau billet que vous avez donné à Panchaud ; tantôt vous poursuivez votre procès, tantôt vous partez pour Venise, puis vous vous engagez pour le pays de Vaud, de là vous faites votre paquet pour Rome, et somme totale, vous restez à Vienne . Je le crois bien vraiment . La gloire de votre auguste Thérèse et les succès de votre grand homme, de belles victoires, de belles fêtes, tout cela vaut bien la Suisse . Souvenez-vous au moins de moi madame quand vous aurez gagné quelque nouvelle bataille et pris quelque capitale .

Mille respects,

V. »

2 Cette phrase remplace celle-ci biffée : Est le vrai bonheur où j'aspire .

3 Giacomo Durazzo qui fut ambassadeur de Gênes à Vienne : http://fr.wikipedia.org/wiki/Giacomo_Durazzo

 

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21/02/2013 | Lien permanent

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