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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

le père reste avec ses filles condamnées comme lui. Il a toujours craint de comparaître devant le parlement

... C'est évidemment la famille Le Pen, gibier de potence pour ses paroles et condamnable pour ses malversations financières : https://www.la-croix.com/france/affaire-des-assistants-du...

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Unis quand ça les arrange ...

 

 

« A Joseph Audra

3 janvier 1769 au château de Ferney

Il s'agit monsieur de faire une bonne œuvre, je m'adresse donc à vous.
Vous m'avez mandé 1 que le parlement de Toulouse commence à ouvrir les yeux, que la plus grande partie de ce corps se repent de l'absurde barbarie exercée contre les Calas. Il peut réparer cette barbarie, et montrer sa foi par ses œuvres 2.

Les Sirven sont à peu près dans le cas des Calas. Le père et la mère Sirven furent condamnés à la mort par le juge de Mazamet dans le temps qu'on dressait à Toulouse la roue sur laquelle le vertueux Calas expira.

Cette famille infortunée est encore dans mon canton; elle a voulu se pourvoir au conseil privé du roi; elle a été plainte et déboutée. La loi qui ordonne de purger son décret, et qui renvoie le jugement au parlement est trop précise pour qu'on puisse l'enfreindre. La mère est morte de douleur, le père reste avec ses filles condamnées comme lui. Il a toujours craint de comparaître devant le parlement de Toulouse, et de mourir sur le même échafaud que Calas. Il a même manifesté cette crainte aux yeux du conseil.

Il s'agit maintenant de voir s'il pourrait se présenter à Toulouse avec sûreté. Il est bien clair qu'il n'a pas plus noyé sa fille que Calas n'avait pendu son fils. Les gens sensés du parlement de Toulouse seront ils assez hardis pour prendre le parti de la raison et de l'innocence contre le fanatisme le plus abominable et le plus fou? Se trouvera-t-il quelque magistrat qui veuille se charger de protéger le malheureux Sirven et acquérir par là de la véritable gloire? En ce cas je déterminerai Sirven à venir purger son décret, et à voir sans mourir de peur la place où Calas est mort.

La sentence rendue contre lui par contumace lui a ôté son bien dont on s'est emparé. Cette malheureuse famille vous devra sa fortune, son honneur et sa vie; et le parlement de Toulouse vous devra la réhabilitation de son honneur flétri dans l'Europe.

Vous devez avoir vu, monsieur, le factum des dix-sept avocats du parlement de Paris 3 en faveur des Sirven. Il est très bien fait, mais Sirven vous devra beaucoup plus qu'aux dix-sept avocats, et vous ferez une action digne de la philosophie et de vous.

Pouvez vous me nommer un conseiller à qui j'adresserai Sirven?

Permettez-moi de vous embrasser avec la tendresse d'un frère.

V. »

1 Dans deux lettres conservées, des 2 et 20 novembre 1768, dans lesquelles Audra affirme : « Je connais actuellement assez Toulouse pour vous assurer qu'il n'est peut-être aucune ville du royaume où il y ait autant de gens éclairés […] . Vous ne sauriez croire combien tout a changé depuis la malheureuse aventure des Calas.[...]. »

Voir : https://obtic.huma-num.fr/elicom/voltaire/

2 Réminiscence de Jacques, II, 18 : https://saintebible.com/james/2-18.htm

3  Sur ce factum, voir lettre du 4 mars 1767 à Élie de Beaumont, il porte non pas dix-sept mais dix-neuf signatures  : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/08/12/p...

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11/07/2024 | Lien permanent

L'éditeur doit par probité et par intérêt ne me point charger de l'iniquité d'autrui

http://www.deezer.com/listen-3774159 : On my shoulders

 

"... par probité et par intérêt ..."

Volti sait parler aux éditeurs et imprimeurs !

Appel au noble sentiment de probité et appel non moins fort à la fibre sensible qui passe par le porte-monnaie .

En lisant ces dénégations de paternité d'ouvrages remarquables, je suis toujours effondré qu'un homme aussi valeureux soit obligé de jouer , encore et toujours, avec une censure imbécile . J'ose espérer que jouer est bien le mot adéquat, sinon c'est un crêve-coeur que d'avoir à se cacher sans cesse .

Je crains que la bien-disance et la bien-pensance ne soient aujourd'hui dictées que par des esprits étroits qui n'osent plus appeler un chat un chat, un crétin  un crétin, etc. Il est vrai que les avocats se régalent d'avoir de plus en plus d'affaires juteuses  !

Ah ! que je déteste tous les intégristes de toutes opinions coercitives qui ne pronent que la loi du bâton au lieu d'instruire sensément .

Ah ! que je trouve stupides les législateurs , pondeurs de lois qui sont à leur image ; quels progrès offrent-ils aux citoyens ? Leur courte vue m'effare .

 

Carte_du_tendre.jpg

 

Rive droite, vous trouverez "probité", entre "grand coeur" en amont et "générosité" en aval .

http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Carte_du_tendre.jpg

 

 

 

« A Louis-François Prault

 

Au château de Ferney 21 mars [1761]

 

J'espérais que Monsieur Prault me ferait tenir un exemplaire de la tragédie de Tancrède . On lui a remis un manuscrit qui a , je crois, pour titre Appel à toutes les nations de l'Europe du jugement des Anglais 1.

 

Monsieur Prault a mandé que cet ouvrage est de moi, il n'en est point ; et si Monsieur Prault me l'attribue je me plaindrai .

 

Il imprime un volume contenant plusieurs pièces fugitives ; comme La Mort de Socrate, Candide, etc.2 Je serais extrêmement affligé si je voyais mon nom à la tête de cette collection . Il y a plusieurs pièces qui ne m'appartiennent point, et que je désavouerai en justice . L'éditeur doit par probité et par intérêt ne me point charger de l'iniquité d'autrui . Cet avertissement sera produit si j'ai le malheur de voir mon nom exposé par l'éditeur . D'ailleurs je ferai à Monsieur Prault les plaisirs qui dépendront de moi .

 

Voltaire. »

 

1 Exactement : Appel à toutes les nations de l'Europe des jugements d'un écrivain anglais ou Manifeste ..., 1761 ;

http://www.voltaire-integral.com/Html/24/33_Appel_a_toute...

encore ouvrage de V*, qui y défend les auteurs dramatiques français contre les anglais . Il avait été ecrit en réponse à deux atricles publiés dans le Journal encyclopédique des 15 octobre et 1er novembre 1760, intitulés : « Parallèle entre Shakespeare et Corneille » et « Parallèle entre Otway et Racine ».

2 Ce sont les Mélanges de littérature, d'histoire, de philosophie, ... Il demandait deux jours auparavant aux d'Argental que Prault ne mette ni son nom, ni un V. à la tête de l'ouvrage ;

lettre MMMCCLXXIII page 206 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800358/f212.image.r...

« Ce volume contient L'Ecossaise, Socrate, mais Socrate hardi ; Candide, mais Candide renforcé, un chapitre sur la tolérance, un sur les bacheliers et sur les sauvages, un sur les allégories, un sur la pluralité des dieux ... »

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21/03/2011 | Lien permanent

Il est impossible que la nécessité où ils m'ont mis de mettre leur erreur au jour n'ait jeté un peu d'aigreur dans les e

... Auraient pu dire, elles-aussi, deux femmes réellement admirables, Mesdames Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion, face aux politiques  dans leur lutte contre la misère .

Elles ont été le poil à gratter sous la chemise de nos gouvernants, les forçant à ouvrir les yeux en permanence sur l'injustice et y remédier, trop faiblement malheureusement ; le chemin est long encore avant que les Restos du Coeur ne soient plus nécessaires, non plus qu'ATD Quart Monde et tant d'ONG caritatives .

 Mesdames Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion, soyez sures que Voltaire vous attend et vous embrasse tendrement, vous êtes selon son coeur .

 de gaulle anthonioz tillion.jpg

 

« A Jean-Philippe FYOT DE LA MARCHE 1
Au château de Tournay, par Genève,

pays de Gex, 28 mai 1760.
Monsieur, ayant acquis pour la vie la terre de Tournay, de M. le président de Brosses, située dans le ressort du parlement au bailliage de Gex, et étant en marché avec lui pour l'acquisition à perpétuité; ayant de plus d'autres terres dans le pays, je compte parmi mes devoirs celui de vous présenter mon respect, et de demander votre protection. Les bontés dont monsieur votre père m'a honoré toute ma vie semblent me donner quelque droit aux vôtres.
Les juges du bailliage de Gex firent, l'année passée au mois d'août, une procédure bien vive contre un Suisse qui demeurait auprès de ma terre de Tournay, et qui défendit ses noix, que lui volait un Savoyard. Ils firent pour six cent livres de frais, comptant que je les payerais.
L'endroit où fut commis le délit s'appelle la Perrière : c'est un fief de Genève, dont la juridiction a été cédée au roi par l'article 2 du traité de 1749, traité que les juges de Gex et le procureur du roi ne devaient pas ignorer.
J'ai l'honneur, monsieur, de vous envoyer la copie de l'acte authentique, tirée des registres de Genève, certifiée par le résident du roi. Vous verrez, monsieur, par cet acte, que la république de Genève avait la juridiction suprême sur cet endroit nommé la Perrière, juridiction dont le roi est en possession depuis 1749.
Ayant ainsi démontré avec un peu de peine et d'embarras la méprise où le bailliage de Gex était tombé, oserai-je prendre la liberté, monsieur, de recourir à vos bontés et vous supplier de daigner me recommander à messieurs du bailliage dans tout ce qui sera d'une exacte justice ? Il est impossible que la nécessité où ils m'ont mis de mettre leur erreur au jour n'ait jeté un peu d'aigreur dans les esprits, quoique je me sois conduit avec tous les égards possibles. Un mot de vous préviendrait tous les petits mécontentements, et maintiendrait la concorde entre messieurs du bailliage et les juges de mes terres. Le repos est le premier bien, et je le devrais à vos bontés.
Je présume trop peut-être, et je devrais me borner à vous prier d'agréer le profond respect avec lequel j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre, etc.
VOLTAIRE,
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi ».

 Que font ceux qui sont censés travailler au bien public sous les ors de la République ? Ils ne font qu'exprimer leur aigreur . Par exemple, pour rester actuel , un énième projet de loi répressive, obligeant tout usager des transports en commun à présenter une pièce d'identité en cas de contravention pour accroitre les chances de paiement ! Niaiseries ! Je ne suis pas devin, mais je peux vous assurer que ces ministres, députés et sénateurs, et fonctionnaires zélés ne pourront jamais avoir quelque reconnaissance que ce soit, ils pensent petit, ils sont minuscules, dressés sur leurs e(r)go(t)s, volailles engraissées à nos dépens . 

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27/05/2015 | Lien permanent

mon frère ne peut-il pas dans les deux cas espérer qu’on lui rendra justice ?

... Le "frère" israëlien et le "frère" palestinien se rendront-ils un jour réciproquement justice : http://www.leparisien.fr/international/un-palestinien-tue...

C'est mal barré !

Image associée

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

25 août 1762

Mon frère viendra-t-il nous voir cet automne, comme il nous en a flatté? La mort de M. Berryer 1 ne changera-t-elle rien à la disposition qu'on faisait pour la place de directeur général du vingtième 2?

On dit que M. Bertin 3 va être garde des sceaux . On parle de la surintendance pour M. le duc de Choiseul 4; mais soit qu'on le fasse surintendant, soit qu'on nomme un nouveau contrôleur général, mon frère ne peut-il pas dans les deux cas espérer qu’on lui rendra justice ?

Je prie mon cher frère de vouloir bien faire mettre à la poste la lettre ci-jointe pour M. Daumart 5 à Averton-au-Maine par Alençon . Celui à qui on l'adresse n'a pas trop de quoi payer les ports de lettres et mon frère aime à faire plaisir .

Jouera-t-on Le Droit du seigneur cet automne à Paris 6? Nous le jouerons du moins à Ferney avec Cassandre . Nous demanderons à mon frère la préférence sur la troupe parisienne . Je voudrais bien qu'il vît jouer ma nièce et Mlle Corneille . Je me livrerai volontiers à ces plaisirs, si les affaires de nos Calas vont bien . Je serais d'avis que M. de Beaumont fit signer sa consultation par une trentaine d'avocats et qu'on écrasât le parlement barbare de Toulouse sous le poids de tant de témoignages réunis .

Il n'y aura qu'à mettre une enveloppe à la lettre pour M. Daumart . »

1 Berryer qui avait reçu les Sceaux le 13 octobre 1761 tandis que Choiseul prenait la marine, mourut le 15 août 1762 . Voir : http://data.bnf.fr/16260004/nicolas_rene_berryer/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas-Ren%C3%A9_Berryer

3 Bertin resta ministre sans portefeuille ; c'est Paul-Esprit Feydeau de Brou qui succéda à Berryer . Voir : http://data.bnf.fr/14570470/paul-esprit_feydeau_de_brou/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul-Esprit_Feydeau_de_Brou

4 La surintendance des Postes était au nombre des compétences de Choiseul .

5 Pour mémoire, la mère de Voltaire était Marie-Marguerite Daumart ou d'Aumart . Voir aussi : http://www.communes.com/pays-de-la-loire/mayenne/averton_53700/

6 La pièce ne fut jamais reprise .

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22/07/2017 | Lien permanent

Vous avez, Dieu merci, Messieurs, la coutume de ne jamais motiver vos jugements

... Ô talibans ! n'avez-vous donc jamais eu de mères pour vous attaquer ainsi aux femmes et les asservir . Êtes-vous si incapables de travailler, de créer, que vous ne connaissiez de métier que celui des armes et de l'anathème ? Heureusement, vous êtes comme les virus, vous qui ne pouvez vivre qu'en exploitant votre hôte, vous serez éradiqués immanquablement, le peuple afghan saura vous rejeter ; n'oubliez pas que les femmes sont invincibles .

Celles-ci sont l'espoir , les lumières .

Peut-on croire des tueurs : https://www.drumpe.com/2021/08/17/les-talibans-annoncent-...

 

 

« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d’Hornoy, Conseiller

au Parlement
rue d’Anjou, au Marais

à Paris
30è mai à Ferney [1766]
Je vous suis sensiblement obligé des mémoires pour et contre Lally, et encore plus de l’espérance que vous me donnez de vous voir cet automne. J’avais fort connu ce Lally autrefois 1, et je l’avais connu pour un jeune homme violent et absurde. Je ne m’étonne point qu’il ait trouvé tout d’un coup le secret de se faire des ennemis de tous les officiers, et de tous les habitants de Pondichéry. Je ne doute pas qu’il n’ait été légitimement condamné, mais j’avoue que je ne vois pas pourquoi. Les mémoires ne contiennent que des injures assez vagues, et des récits confus d’opérations militaires dont un conseil de guerre aurait bien de la peine à juger. Il faut qu’il y ait eu des concussions, et cependant ses nombreux ennemis n’en articulent aucune. Le terme de concussion ne se trouve pas même dans l’arrêt. Vous avez, Dieu merci, Messieurs, la coutume de ne jamais motiver vos jugements, et vous êtes, je crois les seuls dans l’Europe qui soyez dans cet usage. Vous me feriez un extrême plaisir de me dire précisément sur quoi il a été condamné et à quoi se montait son bien. Je présume qu’il ne vous sera pas difficile de la savoir de vos confrères.

Je vous demande une autre grâce, c’est de vouloir bien m’instruire de l’édifiante affaire des capucins 2. J’ai un goût si décidé pour les gens de cette espèce que je m’intéresse vivement à tout ce qui regarde la sainteté de leur ordre, surtout quand il y a mort d’homme. Je souhaite que pareille aventure puisse arriver chez tous les moines ; on les rendrait tous à la charrue qu’ils ont quittée. Votre tante et moi, y gagnerions beaucoup; nous sommes au rang des meilleurs cultivateurs du royaume et nous manquons de manœuvres. Nous attellerions d’un côté six bœufs et de l’autre six moines, et nous verrions qui labourerait le mieux. On pourrait aussi trouver parmi leurs jeunes gens   quelques bons sujets pour la comédie. Les cordeliers, surtout, ont la voix forte et sonore, et on prétend que c’est-ce qui manque à vos acteurs.

Adieu, Monsieur, j’embrasse tendrement neveux 3 et  arrière-neveux 4 . Songez, je vous en prie à mes deux requêtes.

V »

1 Lally et V* militaient ensemble pour le prétendant Charles-Edouard en 1745-1746 ; la France avait préparé un débarquement en Angleterre avec Richelieu comme commandant des troupes. Lally a été condamné à mort et conduit bâillonné au supplice le 9 mai 1766 .

Et voir : https://docplayer.fr/213818563-Une-distance-de-dix-siecles-l-affaire-du-comte-de-lally-en-1811.html

2 « Est-il vrai que les capucins ont assassiné leur gardien à Paris » demande V* à Damilaville le 23 mai 1766 ; déception quand il apprendra que le supérieur s’est simplement suicidé.

3 La mère et le beau-père du destinataire, marquise et marquis de Florian .

4 Le destinataire et le neveu du marquis de Florian, futur fabuliste, (« neveu par ricochet. »de V*) ; Alexandre habite chez le marquis.

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23/08/2021 | Lien permanent

On meurt plus à son aise chez soi que chez des rois

...

 

« Au marquis Francesco Albergati Capacelli , Senatore di Bologna, etc.

à Verone

Italie

Je suis encore entre le mont Jura et les Alpes, monsieur, et j'y finirai bientôt ma vie. Je n'ai point reçu la lettre par laquelle vous me faisiez part de votre chamberlanie 1. Je vous aimerais mieux dans votre palais à Bologne, que dans l'antichambre d'un prince. Si vous allez en Pologne je vous recommande la tolérance avec les dissidents 2. J'ai été aussi chambellan d'un roi, et d'un roi victorieux 3, mais j'aime cent fois mieux être dans ma chambre que dans la sienne. On meurt plus à son aise chez soi que chez des rois; c'est ce qui m'arrivera bientôt. En attendant, je vous présente mes respects.

V.

1er octobre 1767 à Ferney. »

1 Néologisme pour chambellanie.

2 La phrase considérée comme choquante a té omis par l'édition de Kehl . Les « dissidents » sont les orthodoxes soutenus par Catherine II contre leur patrie .

3 Ces cinq mots manquent dans toutes les éditions .

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11/05/2023 | Lien permanent

On lui a brûlé les pieds par essai; il n'a rien avoué

... Moi non plus .

 

bruler les pieds.jpg

Après ce hors d'oeuvre, Damiens ajoutera avant son éxécution "la journée sera rude !"

http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Fran%C3%A7ois_Damiens

Les dictateurs et tyrans étant mieux protégés que les dirigeants débonnaires, nous ne sommes pas encore près de voir disparaitre Bachar al Assad et les meneurs d'Al Qaïda.

Et sans transition : Petit reportage sur un régicide ordinaire, par notre envoyé spécial le comte Marc-Pierre de Voyer de Paulmy d'Argenson .

 

 

 

« De M. le comte d'ARGENSON 1

6 janvier, à Versailles [1757]. 2

Hier au soir, sur les six heures un quart, le roi quitte monsieur le dauphin et madame la dauphine pour monter en carrosse et se rendre à Trianon. Au moment qu'il met un pied sur le marchepied et qu'il se retourne un peu de côté, en disant « Un tel est-il là? » un homme de cinq pieds six pouces pousse un des cent-suisses, s'avance, et par derrière donne un grand coup d'un instrument pointu au roi. Le roi se retourne « Voilà un homme qui vient de me donner un furieux coup de poing. » Il porte alors la main sur la partie, et la voit tout humide de sang. « Je suis blessé, dit-il. Voilà le coquin qui a fait le coup: qu'on l'arrête; mais qu'on ne lui fasse cependant point de mal. » En disant ces mots, il se rend dans sa chambre sans être soutenu, avec sang-froid et tranquillité, pour savoir ce que c'était que cette blessure.
Sur les discours du roi, M. de Verzeil, exempt des gardes du corps, l'arrête et lui dit « C'est toi, misérable, qui viens de blesser le roi? Oui, répond-il, c'est moi-même. » On le fouille, on lui trouve dans la poche un méchant morceau de bois, armé d'une pointe de fer, en forme de canif, de la longueur d'un pouce et demi, large de deux lignes, trente louis dans la poche, une Bible, pas un seul papier. Il était vêtu d'un méchant habit gris, veste rouge, culotte de panne, et avait le chapeau sur la tête. On a mis l'homme nu comme la main sans trouver sur lui d'autre renseignement. On a songé à lui attacher les mains; dès qu'il a aperçu ce dessein « Il ne faut pas de force, dit-il; tenez, les voilà, » en les croisant derrière son dos. On l'a mené en prison, les fers aux pieds et aux mains.
Monsieur le garde des sceaux et monsieur le chancelier sont venus l'interroger. Ils lui ont demandé les raisons de son assassinat. Il a répondu que c'était son affaire, mais qu'il n'y aurait pas songé si on eût pendu quatre ou cinq évêques qui le méritaient. On lui a demandé si son arme était empoisonnée il a répondu qu'il n'y avait pas pensé seulement, et cela sur son âme. Il avait dans sa poche un Nouveau Testament in-4°, d'une jolie édition; on lui a demandé ce qu'il en faisait; il a répondu qu'il y était fort attaché. On lui a demandé s'il était seul; il a répondu que non, qu'il avait plusieurs complices, et que monsieur le dauphin aurait son tour. On l'a menacé; il a répondu qu'on pouvait le tenailler, qu'il ne nommerait personne, et qu'il rapporterait tout à la gloire de Dieu et mourrait martyr. On lui a dit pourquoi il n'avait pas pris une arme plus forte; il a répondu qu'il n'était pas encore préparé, et qu'il avait compté de faire son coup le jour des Rois; qu'il le préméditait depuis huit jours, sans avoir eu une occasion favorable; qu'il était resté dans la cour et dans le froid terrible qui a gelé la Seine, depuis quatre heures jusqu'à six, à attendre le roi. La main ne lui a point trernblé cependant le roi n'a été blessé que légèrement, entre la troisième et quatrième côte; l'instrument s'est arrêté sur la côte, et n'a pu aller plus loin. Le roi avait d'ailleurs une camisole de flanelle sur la peau, une chemise, une autre camisole, veste juste-au-corps, et un volant de velours noir. Le fer a encore porté sur les coutures, qui ont émoussé la pointe du canif, et la graisse du roi lui a été utile. Somme totale, la plaie sondée et examinée est sans le moindre danger actuel point de fièvre, beaucoup de courage et de discours admirables. Je l'ai vu ce matin dans son lit. Toute la France est à Versailles. Le roi s'est confessé avec beaucoup de zèle. On lui a demandé ce qu'il voulait qu'on fît du scélérat. « Demandez-le, dit-il, à mon lieutenant, en montrant monsieur le dauphin; car pour moi je lui pardonne de tout mon cœur. » Le roi n'a jamais été plus digne d'amour que dans cette circonstance. Il sera guéri après-demain; il dort et est au mieux.
Le scélérat régicide n'est point encore connu. Il se dit d'Artois; il se nomme Damiens, et aujourd'hui il a dit qu'il se nomme Lefeure. Il a annoncé d'avance que les tortures ne lui feraient rien avouer. Il a pris monsieur le garde des sceaux pour monsieur le chancelier, et lui a demandé pourquoi il avait quitté sa compagnie. Il a déclaré être de la religion catholique, apostolique et romaine. On lui a brûlé les pieds par essai; il n'a rien avoué. On a changé de méthode; on s'y prend avec douceur. On espère savoir bientôt qui il est. Il a dit avoir trente-cinq ans. Personne ne le voit; il est dans la geôle de Versailles, ayant vingt gardes du corps dedans, et cinquante fusiliers des gardes françaises et suisses dehors.
Le parlement a demandé au roi la permission de s'assembler aux conditions qu'il lui plairait, pour venger cet assassinat. On rapporte là-dessus des choses admirables. Il parait que cet assassin est un fanatique furieux, qui se persuade mériter le ciel par cette action. »

 

 

 

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18/09/2012 | Lien permanent

J'attends, puisqu'il le faut, ces deux rivaux cruels

... dit Antonio Guterres, à l'ONU, concernant les USA et l'Iran en bisbille :

http://www.lefigaro.fr/international/2018/09/25/01003-201...

 

 

 

« A Marc-Antoine-Jean-Baptiste Bordeaux de Belmont

Directeur des spectacles

à Bordeaux

[septembre-octobre 1763]

Corrections et additions faites à Olympie

acte IV, scène 3

 

Est la honte d’Éphèse et l'horreur de l’Asie.

 

Cassandre

Va ! Ton lâche artifice est ce qui fait horreur .

 

L’Hiérophante

Modérez l'un et l'autre une indigne fureur,

Rendez-vous à la loi, révérez sa justice etc.

Elle est commune .1

 

Scène IV

 

Sostène, elle est leur fille ; elle a le droit affreux .

 

mettez

 

Olympie est leur fille ; elle a la droit affreux

De haïr sans retour un époux malheureux.

Sostène, elle m'abhorre, et moi je la préfère, 2etc.

 

Scène V au second vers

 

au lieu de qu'il se condamne ! hélas ! mettez , qu'il se déteste 3 hélas !

 

même scène, après ce vers

 

Tout mon sang fut formé pour couler sous ta main

 

ôtez ce qui suit, et mettez

C'est là ma destinée .

 

Cassandre

Ah ! C'est trop de vengeance,

J'eus moins de cruauté, j’eus moins de violence.

Le ciel sait faire grâce, et vous savez punir ;

Est-ce donc votre époux qu'il vous fallait haïr !

 

Olympie

Ma haine est-elle juste, et l'as-tu méritée ?

Cassandre, si ta main féroce ensanglantée,

Ta main qui de ma mère osa percer le flanc,

N’eut frappé que moi seule, et versé que mon sang,

Je te pardonnerais, je t'aimerais – barbare !

Va , tout nous désunit .

 

Cassandre

Non, rien ne nous sépare .

Vous ne punirez point des crimes, des malheurs

Vengés par mes remords, effacés par mes pleurs,

Oubliés par les dieux, expiés par vous-même .

Vous avez à l'autel prononcé, je vous aime,

Ce mot saint et sacré ne peut se profaner .

 

Olympie

Ah ! Si ma mère encore pouvait te pardonner !

 

Cassandre

Donnez-lui cet exemple .

 

Olympie

Eh le puis-je ?

 

Cassandre

Oui, cruelle !

J'aurai ma grâce enfin des dieux, de vous, et d'elle .

Amis eussiez-vous Cassandre encor plus en horreur

Dussiez-vous m'épouser pour me percer le cœur,

Vous me suivrez – il faut 4 etc.

 

Scène VII

 

Qui périt infidèle , ou meurt dénaturée .

Cassandre c'en est fait , sans doute il faut te fuir

Il faut t'abandonner ; – mais comment te haïr ?5 etc .

 

scène VIII

 

Elle tombe, elle touche au moment de la mort .

 

corrigez

 

Elle tombe, et peut-être elle touche à la mort .6

 

acte V, scène III

 

Faites venir ici ces deux rivaux cruels .

 

corrigez

 

J'attends, puisqu'il le faut, ces deux rivaux cruels .7

 

scène V

 

Je veux en périssant te voir et t'adorer .

 

Olympie

 

Ô dieux qui l'entendez ! Dieux cachez-lui mes larmes !

 

Cassandre

Mais indigne de vivre, indigne de tes charmes,

J'ose exiger au moins 8 qu'un barbare après moi,

Un rival odieux n'obtienne point ta foi .

Ta bouche l'a promis, ton cœur n'est point parjure

Va, l'hymen est encor 9 etc .

 

scène VI, ôtez le commencement, et mettez celui-ci :

 

Antigone

S'il ose vous parler j'aurai la même audace ;

J'ai le droit qu'il usurpe ; il vous demande grâce .

Je demande justice : il insulte les morts,

Je viens pour les venger .

 

Cassandre

Non perfide, je sors,

Suis-moi .

Antigone

Je te suivrai – commence par entendre

L'irrévocable arrêt que sa bouche doit rendre .

Princesse prononcez et ne redoutez rien ;

Vous êtes en ces lieux et son juge et le mien .

Vous saurez aisément, et du moins je l'espère,

Distinguer l'assassin du vengeur d'une mère , etc .

 

On fait mille compliments à monsieur de Belmont . »

1 Ce passage fut profondément remanié .

2 Sauf le premier vers maintenu, le reste de ce passage fut adopté dans une forme légèrement modifiée .

3 Le changement ne fut pas effectué .

4 Le texte fut légèrement modifié .

5 Ces vers furent incorporés sous une forme modifiée et sensiblement amplifiée .

6 Le changement ne fut pas apporté .

7 Cet autre changement ne fut pas davantage adopté .

8 Sur le manuscrit , encor exiger corrigé par V* en exiger au moins .

9 Les vers 2-6 furent remplacés par un seul vers .

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26/09/2018 | Lien permanent

étant catholique il me fallait un château où je puisse exercer notre sainte religion

... Si jamais cette religion est sainte, certains de ses représentants du culte sont diaboliques , pommes pourries à écraser sans remord , l'actualité des  faits divers incitant plus au rejet qu'à la conversion .

 DSC03795 il me fallait un chateau.png

 

 

« A François Guillet, baron de Monthoux 1

à Annemasse

Aux Délices 8 mars [1759]

Monsieur, je prends une part bien véritable et bien sensible à l'état de votre santé,et je vous souhaite ce bien précieux sans lequel les autres ne sont rien . Je sais ce que c'est que cette privation funeste . Il s'en faut de beaucoup, monsieur, que je sois en état d'acheter une terre . Les acquisitions que j’ai faites dans ce pays ci m'étaient nécessaires parce qu'étant dans la nécessité de recourir continuellement à M. Tronchin 2 je ne pouvais pas être loin de Genève et qu'étant catholique il me fallait un château où je puisse exercer notre sainte religion . Ayant rempli cet objet, et n'ayant pas de quoi acheter d'autres domaines il ne me reste qu'à vivre et mourir en paix .

J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus respectueux

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire »

2 Théodore Tronchin, le médecin .

 

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11/04/2014 | Lien permanent

Les hommes ne méritent certainement pas qu'on se livre à leur jugement, et qu'on fasse dépendre son bonheur de leur mani

 ... Mais quelle est la femme désabusée qui parle ainsi ?

Voltaire, dites-vous , en qualité d'auteur !

Qu'ajouter ? Les ligues féministes pourraient bien utiliser cette phrase hors contexte pour stimuler leurs troupes, et je serais d'accord avec elles, pour une fois [sic] .

Si j'approuve la parole de femmes libres, je suis plus réticent pour écouter les discours issus de ligues souvent outrancières, caricaturales , en quête d'adhérent(e)s . Quelles puissent dire comme Volti "j'ai heureusement fini par fuir tous les esclavages possibles" suffit à mon bonheur . Vous m'entendez ?

 DSCF4073 entendez moi bien.JPG

 

 

« A Françoise-Paule d'Issembourg d'Happoncourt Huguet de Graffigny

Aux Délices ce 16 mai 1758

Je suis bien sensible, madame, à la marque de confiance que vous me donnez . Nous pouvons nous dire l'un à l'autre ce que nous pensons du public, de cette mer orageuse que tous les vents agitent et qui tantôt vous conduit au port, tantôt vous brise contre un écueil, de cette multitude qui juge au hasard de tout, qui élève une statue pour lui casser le nez et qui fait tout à tort et à travers , de ces voix discordantes qui crient hosanna le matin et crucifige 1 le soir , de ces gens qui font du bien et du mal sans savoir ce qu'ils font . Les hommes ne méritent certainement pas qu'on se livre à leur jugement, et qu'on fasse dépendre son bonheur de leur manière de penser . J'ai tâté de cet abominable esclavage et j'ai heureusement fini par fuir tous les esclavages possibles .

Quand j'ai quelques rogatons tragiques ou comiques dans mon portefeuille, je me garde de les envoyer à votre parterre, c'est mon vin du cru, je le bois avec mes amis . J'histrionne 2 pour mon plaisir sans avoir ni cabale à craindre, ni caprice à essuyer ; il faut vivre un peu pour soi, pour sa société, on est alors en paix ; qui se donne au monde est en guerre et pour faire la guerre, il faut qu'il y ait prodigieusement à gagner, sans quoi on la fait en dupe, ce qui est arrivé autrefois 3 à quelques puissances de ce monde .

Au reste les cabales n'empêcheront jamais que vous ne soyez regardé, madame, comme la personne du monde qui a l'esprit le plus aimable et le meilleur goût . Je n'ose vous prier de m'envoyer votre Grecque 4, mais je vous avoue pourtant que les lettres de la mère me donnent une grande envie de voir la fille .

Comptez, madame, sur la tendre et respectueuse amitié du Suisse

V. »

1 Crucifiez le .

2 Verbe passant pour avoir été inventé par V* ; voir lettre à Cideville du 3 mars 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/06/28/il-faut-toujours-qu-il-y-ait-en-france-quelque-maladie-epide.html

3 Les copies Beaumarchais et Bréquigny portent quelquefois pour autrefois .

4 La fille d'Aristide de Mme de Graffigny : Cette comédie en cinq actes, , fut jouée la première fois le 29 avril 1758 .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7oise_de_Graffigny

et : http://books.google.fr/books?id=hFhbAAAAQAAJ&printsec...

 

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20/08/2013 | Lien permanent

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