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De là vient que la vie des sots devient enfin un enfer

... Comment ? me direz-vous .

En devenant dévot, tout bêtement . Ou un fan de ... Un supporter de foot . Un ami de Cyril Hanouna .... Etc, etc.  Adieu liberté .

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« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

Aux Délices 23 décembre 1761 1

Vraiment c'est un port de vin du marché . Nous venons d'en boire aussitôt qu'il est arrivé aux Délices, et nous avons répété le vers de votre fontaine, qui pour jouer sur le mot, est digne de La Fontaine :

Là sans crainte des loups l'agneau se désaltère .

Jugez comme vous avez été fêté, loué, célébré par Mme Denis et par nos convives . Vraiment ce n’est pas de belle eau claire que vous faites boire à vos agneaux des Délices . Vous vous êtes souvenu que vos agneaux sont bourguignons . Le président fétiche ne nous aurait jamais fait boire que du vinaigre, ou de l'eau bourbeuse .

Que je suis enchanté de vos estampes mon digne et grand magistrat ! Vous n'avez cru graver que votre reconnaissance, et vous avez gravé votre gloire ; votre inscription pour M. de Berbisey 2, est simple, noble, précise, affectueuse et modeste . C'est le cœur qui parle avec esprit sans chercher l'esprit . J'ai le malheur jusqu'à présent de n'avoir pu être que le bienfaiteur de l’Église . J'ai fait bénir la mienne en grande cérémonie . Mon grand christ en Apollon du Belvédère, doré comme un calice, attire tous les curieux . Quelle piété ! dit-on . Je l'avais toujours prévu que ce vieux mauvais plaisant finirait par être dévot . Voilà de que disent les bonnes âmes, et on assure que tous les mondains finissent par là . C'est la mode de tous les temps .

Inde Acherusia fit stultorum denique vita 3.

Je ferais une œuvre bien plus méritoire si je pouvais arracher mon petit pays de Gex à la tyrannie des fermiers généraux . Mais il est plus aisé de s'accommoder avec Dieu qu'avec eux , aussi sont-ils maudits par saint Matthieu qui les connaissait bien pour avoir été leur commis .

Puisque je suis en train sur ces belles matières je prends la liberté de vous envoyer un petit sermon 4 qu'on m'a fait tenir ces jours passés et que vous ne montrerez pas à l'ambassadeur de Portugal 5. Le rabin Akib me paraît un bon diable . Vous pensez sans doute comme lui au judaïsme près . Personne n'a moins l'air d'un Juif que vous .

Nous vous adorons à Ferney et aux Délices, du culte de dulie, et de la plus tendre dulie 6. »

1 V* semble avoir utilisé un papier déjà daté « 22. j » qu'il a modifié ; la date est confirmée par un endos contemporain .

2 Sur Jean de Berbisey, voir lettre du 4 novembre 1761 à Fyot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/11/09/a-5872214.html

3 De là vient que la vie des sots devient enfin un enfer ; Lucrèce, De natura rerum . Pour inde, lire hic .

4 Sermon du rabbin Akib, 1761 .

5 Le sermon est une satire mordante à propos de l'exécution de Malefinda . Voir : http://voltaire.lire.ish-lyon.cnrs.fr/IMG/pdf/RV_11_1_6_AGurrado.pdf

6 Le culte de dulie est rendu aux saints, le culte de latrie à Dieu seul .

 

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20/12/2016 | Lien permanent

On peut douter, à toute force, des décisions d’un médecin, quand il assure qu’un homme est vivant ; mais quand il le dit

... Covid-19 ou pas , la Faculté a ses limites .

Le virus est en tout cas plus fort que tous les syndicats pour mettre en rade un pays ;  15 millions d'Italiens cloitrés d'un seul coup, la courbe des naissances va surement monter d'ici Noël, comme après la panne de courant du siècle au Canada, ou alors c'est à désespérer !

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Le meilleur bureau pour le télé - travail !

 

 

« A Charles Bordes

A Ferney, 4 Janvier 1765.1

Vous savez à présent, mon cher monsieur, que l’abbé de Condillac est ressuscité ; et ce qui fait qu’il est ressuscité, c’est qu’il n’était pas mort. On ne pouvait s’empêcher de le croire mort, puisque M. Tronchin l’assurait. On peut douter, à toute force, des décisions d’un médecin, quand il assure qu’un homme est vivant ; mais quand il le dit mort, il n’y a pas moyen de douter . Ainsi nous avons regretté l’abbé de Condillac de la meilleure foi du monde. On avait désespéré de sa vie à Parme avec beaucoup de raison, puisque M. Tronchin n’avait pu le voir dans sa maladie. Dieu merci, voilà un philosophe que la nature nous a conservé. Il est bon d’avoir un lockiste de plus dans le monde, lorsqu’il y a tant d’asinistes 2, de jansénistes, etc., etc.

Je suis bien aise que vous ayez lu l’Apocalypse d’Abauzit 3. On ne doutera plus, après cette épreuve, que le Dictionnaire philosophique ne soit de plusieurs mains. Les articles Christianisme et Messie sont faits par deux prêtres. L’arche est abandonnée par les lévites.

Vous ne me parlez plus de votre comédie ; elle aurait fait la clôture de mon théâtre, que je vais détruire. Je suis trop vieux pour être acteur, et les Genevois ne méritent guère qu’on leur donne du plaisir. Jean-Jacques, que vous avez si bien réfuté 4, met tout en combustion dans sa petite république . Il traite le Petit Conseil de Genève comme il avait traité l’Opéra de Paris. Il avait voulu persuader au parterre que nous n’avions point de musique, et il veut persuader à la ville de Genève qu’elle n’a que des lois ridicules. Je n’ai point encore lu son livre 5, que les magistrats trouvent très séditieux, et que le peuple trouve très bon. Diogène fut chassé de la ville de Sinope, mais il ne la troubla pas.

Adieu, monsieur ; s’il vous prend jamais envie de venir passer quelques jours sur les bords du lac, vous nous comblerez de joie.

Vous savez que mes yeux ne me permettent pas d’écrire de ma main.

V. »

1 La copie Beaumarchais est sérieusement endommagée : la date et une partie du second paragraphe ont dû être prises ici dans l'édition de Kehl .

2 Encore un néologisme de V*, création amusante enregistrée dans les additions au Supplément du Littré, qui donne aussi le lockiste de la ligne précédente .

3 Sur l'Apocalypse d'Abauzit, voir lettre de 1757-1758 à Jacob Vernes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/03/02/y-a-t-il-rien-de-plus-net-et-de-plus-decisif.html

5 Ce que dit ici V* est contredit par sa lettre du 31 décembre 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/03/06/cela-peut-etre-adroit-mais-cela-n-est-pas-honnete-6217858.html

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09/03/2020 | Lien permanent

J’ai acheté assez cher la liberté tranquille dans laquelle je finis mes jours, pour n’en pas faire le sacrifice

... J'aimerais en dire autant .

 

 

« A Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

13è auguste 1764

Votre ami M. Tiepolo, madame, est arrivé très malade. J’ai envoyé tous les jours chez lui. Je lui ai mandé que j’étais à ses ordres. Je n’ai pu aller le voir ; et voici mes raisons. J’ai prêté les Délices à MM. les ducs de Randan et de Lorges. M. le prince Camille 1 arrive . Mme la présidente de Gourgues et Mme la marquise de Jaucourt sont à Genève . C’est une procession qui ne finit point. Je suis à deux lieues de cette ville. Si je faisais une visite, il faudrait que j’en fisse cent . Ma santé ne me le permet pas. Je passerais ma vie à courir, je perdrais tout mon temps, et je ne veux pas en perdre un 2 instant. Les tristes assujettissements auxquels mes maladies continuelles me condamnent me forcent à la vie sédentaire. Tout ce que je puis faire, c’est de bien recevoir ceux qui me font l’honneur de venir dans mon ermitage. J’ai acheté assez cher la liberté tranquille dans laquelle je finis mes jours, pour n’en pas faire le sacrifice. M. l’ambassadeur de Venise m’a promis qu’il viendrait à Ferney ; nous aurons grand soin de l’amuser et de lui plaire . Nous le promènerons . Il verra un pays plus beau que sa Brenta, et nous lui jouerons la comédie . C’est tout ce que je ferais pour un doge.

Je crois que vous recevrez à la fois M. d’Argental et ma lettre . Ainsi, madame, je vais parler à tous deux de mon petit ex-jésuite. Il m’est venu trouver avec une lettre de M. de Chauvelin l’ambassadeur, qui persiste toujours dans son goût pour les Roués. Je lui ai dit que votre avis était qu’ils fussent imprimés, mais qu’il fallait en retrancher des longueurs, et même des scènes qui font languir l’action ; qu’il fallait surtout y semer des beautés frappantes, et faire passer l’atrocité du sujet à la faveur de quelques morceaux saillants, fortifier le dialogue, retrancher, ajouter, corriger. Il n’en a point dormi ; il a réformé des actes entiers . Un peu de dépit peut-être lui a valu du génie. Il a voulu que ses anges en vinssent à leur honneur, et que ce qu’ils ont cru passable devînt digne d’eux. Je suis très content des sentiments de ce pauvre diable, qui paraît vous être infiniment attaché . Cela est tout jeune, et plein de bonne volonté.

Ayez donc la bonté, mes anges, de faire retirer l’exemplaire de Lekain aussi bien que les rôles. Je conseillerais à Lekain de faire imprimer l’ouvrage lui-même, et de le débiter à son profit . Peut-être y gagnerait-il plus qu’avec un libraire. Il y a tant de gens qui font des recueils de toutes les pièces bonnes ou mauvaises, qu’on ne risque presque rien. D’ailleurs le petit prêtre serait très fâché qu’il y eût un privilège . Ces privilèges entraînent toujours des procès. C’est assez que notre grand acteur fasse un profit honnête de cette édition . L’auteur compte vous envoyer l’ouvrage dès qu’il sera au net. Il ne faudra à Lekain qu’une permission tacite. On mettra une petite préface au-devant de l’ouvrage, le tout sous l’approbation des anges, à qui l’ex-jésuite a voué un culte d’hyperdulie pour le moins.

Je n’ai pas la moindre facétie italienne pour fournir à la Gazette. De plus, comment pourrais-je y pourvoir à présent que j’ai les Roués sur les bras ? Un petit jésuite à conduire n’est pas une besogne aisée. Toutefois, divins anges, daignez dire dans l’occasion un mot des dîmes. Je crains la Saint-Martin 3 autant que les buveurs l’aiment 4.

Je suis à vos pieds et au bout de vos ailes.

V. »

1 Le 15 aout 1764, Montpéroux devait informer Praslin de l'arrivée à Genève, la veille, du prince Camille de Rohan, du chevalier de La Tremblaye et du prince Louis de Wurtemberg .

2 Mot ajouté par V* au dessus de la ligne .

3 E poque de la rentrée des tribunaux .

4 On banquetait en famille ce jour-là .

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13/10/2019 | Lien permanent

bonnet sale ou sale bonnet, c’est la même chose

... C'est ce que portent François de Rugy et Gérard Larcher à ce jour , après la réunion élyséenne d'hier, où ils étaient tenus de réfléchir (ce qui est beaucoup leur demander ) et se décider (encore plus difficile ) pour une réduction du nombre de parlementaires de trente pour cent . De toutes façons, quand on voit le taux de présence aux séances de l'Assemblée, 30% d'absents seulement serait remarquable . Dur dur, pour des politicards professionnels de vivre un plan social qu'ils voient habituellement appliqué au vulgum pecus , mais il est impératif de renvoyer un bon nombre de ces députés improductifs qui nous reviennent si cher à nous tax payers .

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En attendant le retour des cloches ...

 

«  Charles-Augustin Ferriol ,comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Veille de Pâques [2 avril 1763] aux Délices 1

Mes yeux permettent à ma main d’écrire. Mes anges, vous êtes bien tutélaires, et vous n’êtes pas oisifs. Le père Mabillon 2 n’a jamais tant fait de recherches que vous daignez m’en envoyer. Il y a surtout un Corneille, vinaigrier, dans le treizième siècle, qui est un point d’érudition assez rare. N’est-ce point ce vinaigrier-là qui a fait Suréna et Pulchérie ?

Il est vrai, mes anges, que je me plains quelquefois du temps que ces dernières pièces me font perdre. Figurez-vous la mine que fait un pauvre homme qui a été presque aveugle tout l’hiver, et qui était forcé de lire Attila imprimé menu. Ma mauvaise humeur n’empêche pas que je ne rende à notre père Pierre toute la justice qui lui est due ; et si je révèle la turpitude de notre père, c’est en adorant ce qu’il a de bon.

Adélaïde du Guesclin, ou le Duc de Foix, bonnet sale ou sale bonnet, c’est la même chose . C’est-à-dire que ces deux pièces sont également médiocres, à cela près que le bonnet sale d’Adélaïde est encore plus sale que celui du Duc de Foix. Puisque me voilà sur l’article du tripot, je vous avouerai que j’ai du faible pour le Droit du Seigneur, et que l’ouvrage me paraît neuf et piquant. J’ai peut-être tort .

Je sens encore entrailles de père pour Olympie. Croyez-moi, cela fait un beau spectacle. Je compte les yeux pour quelque chose. Une petite fille tendre, naïve, avec un petit grain de noblesse et de fermeté, est plus mon affaire pour Olympie qu’une héroïne fière, vigoureuse, connaissant toutes les finesses de l’art, et ayant l’air d’avoir rôti le balai. Olympie ressemble plus à Zaïre qu’à Cornélie.

Passons à la prose, mes anges. Je mets à l’ombre de vos ailes ce tome  du czar Pierre 3. Lisez les chapitres sur la religion et sur la mort d’Alexis.

M. le duc de Praslin a-t-il le temps de lire ? Mais à Genève on est un mois à relier un livre .

Il y a une autre prose plus intéressante, c’est celle des derniers chapitres de l’Histoire générale 4. J’estime qu’il faut absolument que ni M. de Malesherbes ni personne n’en permettent l’entrée en France avant que mes anges et leurs amis aient donné leur approbation, et qu’ils aient indiqué ce qui pourrait trop déplaire. On sait bien qu’il faut dire la vérité, mais les vérités contemporaines exigent quelque discrétion.

Mes anges, nous baisons tous le bout de vos ailes.»

1Manuscrit olographe sur lequel la date est complétée par une main contemporaine ; l'édition de Kehl, et les suivantes omettent le sixième paragraphe .

3 Seconde partie de l'Histoire de la Russie sous Pierre le Grand .

4 Ces chapitres appartiennent aujourd'hui au Précis du Siècle de Louis XV .

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31/03/2018 | Lien permanent

Je prie Hubert de dessiner saint Paul, il en fera un portrait fort ressemblant d'après l'idée qu'en donnent de vieux aut

... Citez-moi un seul catholique qui ait alors attenté à la vie du peintre Huber et de son commanditaire Voltaire ! Et pourtant à cette époque l'Eglise était souverainement présente et redoutable . Le dieu des chrétiens et ses prophètes sont-ils moins sanguinaires qu'Allah et Mohammed, ou ont-ils plus d'humour que les musulmans ?

Lire les Actes des Apôtres

 

 

 

« A Charles Michel , marquis de Plessis-Villette

24 juin [1765]1

J'ai reçu, monsieur, votre lettre du 12 juin et je dois supposer par le dessus de la lettre que vous me l'avez adressée en droiture . Je crois vous avoir déjà dit que certaines lettres de Paris à Genève sont souvent ouvertes et que si vous n'adressez pas vos lettres au Sieur Wagnière chez monsieur Souchay à Genève sous le couvert de M. Tabareau, vous courrez risque d'avoir plus d'un confident de vos secrets .

Ce que vous me dites du prélat harangueur m'a étonné et affligé car on m'avait flatté que dans une espèce de sermon à son assemblée il avait prêché la tolérance . Sa sortie contre les philosophes est plus dangereuse qu'on ne croit . On n'en veut déjà que trop aux partisans de la raison et vous avez dû vous en apercevoir au refus que M. d'Alembert essuie jusqu'à présent d'une petite pension à laquelle il a un droit incontestable et que l'Académie des sciences demandait pour lui . Il me semble qu'il n'est pas bien honorable pour la France qu'on prive de douze cents livres de rente un homme si supérieur qui a fait un sacrifice de cent mille livres d’appointements pour rester dans son pays qu'il honore . C'est une réflexion que sans doute tout le monde a faite et qui vaut la pension .

J'avais raison comme vous voyez de ne point envoyer ce brimborion de frère Oudin, qu'on ne peut avoir fait courir que très défiguré . On ne doit parler du porc de saint Antoine et du chien de saint Roc pendant l'assemblée du clergé, qu'avec un profond respect . Vous avez beau me dire qu'on lèvera l'excommunication si justement fulminée par ceux qui jouent des farces latines, contre ceux qui jouent des pièces françaises ; je connais trop l’Église . Elle ne peut pas plus se relâcher qu'elle ne peut errer, les comédiens trouveront plus d'indulgence au Parlement dans quelque occasion favorable où ils plaideraient contre l'archevêque .

M. de La Harpe est à Ferney mais il n'a pas encore beaucoup travaillé . J'espérais qu'il ferait à Ferney quelque petit Warwick . Il n'y a que Mme Dupuits qui se mettre chez nous à faire des enfants . Pour moi je mène toujours la même vie . Je lis avec édification les Pères de l’Église . Je prie Hubert de dessiner saint Paul, il en fera un portrait fort ressemblant d'après l'idée qu'en donnent de vieux auteurs qui ont été en tiers avec lui et sainte Tècle . Ce sera une bonne caricature .

Dieu soit loué que vous soyez toujours dans le dessein d'aller voir votre terre de Bourgogne et de visiter en passant des reclus qui vous sont bien tendrement attachés .

Voulez-vous permettre que je glisse ce petit billet dans mon paquet ? Il est pour un homme qui doit sentir tout ce que vous valez et par conséquent vous aimer autant que je vous aime .

V. »

1 L'édition Œuvres du marquis de Villette, 1784, donne une version incomplète, peu soignée et non datée .

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18/10/2020 | Lien permanent

nos agréments sont très modernes, et notre barbarie très ancienne

... Elle perdure inéluctablement grâce à ceux qui vivent en ne respectant que la sacro-sainte tradition , celle qui mène, entre autres, des millions d'ahuris à mutiler des femmes ou spolier ceux qui n'ont pas la même religion . Et si la tradition n'est pas assez coercitive, de modernes salopards se font fort de créer de nouvelles règles , voir pour mémoire le vice des talibans : https://www.lexpress.fr/monde/asie/voyage-au-coeur-de-la-...

Comme si le réchauffement climatique ne suffisait pas à nous rendre ce monde invivable !

 

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

Avocat en Parlement

rue Pavée-Saint-André

à Paris

Ainsi donc mon cher défenseur de l'innocence in propria revit, et sui eum non receperunt 1. Je vous croyais en pleine possession de Canon, et je vois, en jouant sur le mot, qu'il vous faudra du canon pour entrer chez vous. Il faudra cependant bien qu'à la fin Mme de Beaumont jouisse de la maison de ses pères. Il faut qu'elle soit habitée par l'éloquence et par l'esprit, après l'avoir été par la finance, afin qu'elle soit purifiée.

Notre ami M. Damilaville est actuellement plus embarrassé que vous. On lui conteste une place qui lui a été promise, et qu'il a méritée par vingt ans de travail assidu.

Je suis très fâché de la mort de M. Cassen. Il sera aisé de trouver un avocat au Conseil qui le remplace. M. Chardon n'attend que le moment de rapporter. Il est tout prêt. Je pense même que le petit orage que le parlement de Paris lui a fait essuyer ne ralentira pas son zèle contre le parlement de Toulouse.

J'attends avec grande impatience le mémoire que vous avez bien voulu faire pour les accusés de Sainte-Foy 2. Ils sont encore aux fers, et vous les briserez. Il est inconcevable que la jurisprudence soit si barbare dans une nation si légère et si gaie. C'est, je crois, parce que nos agréments sont très modernes, et notre barbarie très ancienne.

Je ne savais pas que l'honnête criminel existât en effet, et qu'il s'appelât Favre 3. Si la chose est comme le dit l'auteur de la pièce, le père est un grand misérable et l'ouvrage serait plus attendrissant si le père venait se présenter au bout d'un mois, au lieu d'attendre quelques années. Quoi qu'il en soit, il y a trop de fanatiques aux galères, conduits par d'autres fanatiques. La raison et la tolérance vous ont choisi pour leur avocat, elles avaient besoin d'un homme tel que vous. Je présente mes respects à Mme de Beaumont, et je partage entre vous deux mon attachement inviolable et ma sincère estime. 

V.

16è janvier 1768. »

1Évangile de Jean, I, 11 : https://www.aelf.org/bible/Jn/1

Il est venu dans ses domaines et les siens ne l'ont pas accueilli.

2 Ce mémoire ne fut envoyé que le 22 février 1768 ; voir lettre du 4 mars 1768 à de Beaumont : lettre 7201 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut

3 Sur la pièce, voir la lettre du 1er décembre 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/06/16/par-quelle-fatalite-deplorable-faut-il-que-des-ennemis-du-ge-6447905.html . Il paraît en effet que ce drame bourgeois repose sur une affaire authentique .

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19/08/2023 | Lien permanent

la ridicule infamie que des Velches ont attachée à réciter ce qu’il est glorieux de faire

... Les mesures que veut prendre Marine Le Pen concernant l'écologie et autres sujets sensibles sont aberrantes , quand bien même elles sont présentées comme plus que géniales par cette bonimenteuse de foire, qui débite son texte d'arnaqueuse . Vaut-il mieux entendre cela qu'être sourd ? Non . Franchement, il est grand  temps de ressortir la machine à claques .

 

 

« A Claude-Joseph Dorat Ancien

mousquetaire du roi, etc.

rue de Vaugirard, à l'ancienne Académie

à Paris

À Ferney, ce 8è janvier 1767 1

Monsieur, à la réception de la lettre dont vous m’avez honoré, j’ai dit, comme saint Augustin : Ô felix culpa 2 ! Sans cette petite échappée dont vous vous accusez si galamment, je n’aurais point eu votre lettre, qui m’a fait plus de plaisir que l’Avis aux deux prétendus sages 3 ne m’a pu causer de peine. Votre plume est comme la lance d’Achille, qui guérissait les blessures qu’elle faisait.

Le cardinal de Bernis, étant jeune, en arrivant à Paris, commença par faire des vers contre moi, selon l’usage, et finit par me favoriser d’une bienveillance qui ne s’est jamais démentie. Vous me faites espérer les mêmes bontés de vous, pour le peu de temps qui me reste à vivre, et je crie Félix culpa ! à tue-tête.

J’ai déjà lu, monsieur, votre très joli poème sur la déclamation 4; il est plein de vers heureux et de peintures vraies. Je me suis toujours étonné qu’un art, qui paraît si naturel, fût si difficile. Il y a, ce me semble, dans Paris beaucoup plus de jeunes gens capables de faire des tragédies dignes d’être jouées qu’il n’y a d’acteurs pour les jouer. J’en cherche la raison, et je ne sais si elle n’est pas dans la ridicule infamie que des Velches ont attachée à réciter ce qu’il est glorieux de faire. Cette contradiction velche doit révolter tous les vrais Français. Cette vérité me semble mériter que vous la fassiez valoir dans une seconde édition de votre poème.

Je ne puis vous dire à quel point j’ai été touché de tout ce que vous avez bien voulu m’écrire. J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que méritent la candeur de votre âme et les grâces de votre génie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire .

P. S. Ma dernière lettre à M. le chevalier de Pezay 5 était écrite avant que j’eusse reçu la vôtre. J’en avais envoyé une copie à un de mes amis ; mais je ne crois pas qu’il y ait un mot qui puisse vous déplaire, et j’espère que les faits énoncés dans ma lettre feront impression sur un cœur comme le vôtre. »

1 Original signé ; édition C.-J. Dorat: Mes nouveaux torts, 1775 .Voir : https://data.bnf.fr/fr/documents-by-rdt/11900414/te/page1

2 Ce mot de St Augustin est inclus dans l'Exultet de la messe du dimanche de Pâques : https://fr.wikipedia.org/wiki/Exultet

Voir la note 3 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome29.djvu/592

4 Même lettre, même note .

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16/04/2022 | Lien permanent

Ce n'était pas la peine d'appeler à grands frais trois puissances médiatrices, pour ne rien faire de ce qu'elles ont ord

... Ainsi va le Niger et la CEDEAO : https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230805-ultimatum-de-la-c%...

Il n'est pas besoin de gratter profond pour trouver les meneurs hostiles à la France, vieille tactique pour satisfaire le peuple pauvre et abusé et lui désigner un groupe expiatoire, un bouc émissaire comme il est habituel d'en désigner encore une fois sur les réseaux sociaux favorables à la Russie . Sale temps sur la planète !

La Cédéao en réunion à Abuja, au Nigeria le 2 août 2023 pour se pencher sur le coup d'Etat au Niger.

 

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon , de

l'Académie des belles-lettres, etc.

rue du Doyenné Saint-Louis du Louvre

à Paris

11è janvier 1768

Mon très cher confrère, vous êtes assurément bien bon quand vous travaillez à Eudoxie, de songer à la maîtresse de Prométhée1. Je suis persuadé que vous aurez été un peu en retraite pendant les grands froids, et qu'Eudoxie est actuellement bien avancée. L'empire romain est tombé, mais votre pièce ne tombera point.

Vous avez raison assurément sur ce potier de Prométhée qui ferait une fort plate figure lorsqu'on danserait et qu'on chanterait autour de Pandore, et qu'il resterait assis sur une banquette verte sans dire un mot à sa créature. Il n'y a, ce me semble, d'autre parti à prendre que de le faire en aller pendant le divertissement, pour demander à l'Amour quelques nouvelles grâces.

Après que le chœur a chanté

0 ciel ciel! elle respire.

Dieu d'amour, quel est ton empire !

Il faudra que le potier dise ces quatre vers :

Je revole aux autels du plus charmant des dieux.

Son ouvrage m'étonne, et sa beauté m'enflamme.

Amour, descends tout entier dans mon âme,

Comme tu règnes dans ses yeux 12.

Le musicien 3 même peut répéter le mot d'amour, pour cause d'énergie mais ce musicien ne répond point à mes lettres. Ce musicien me traite comme Rameau traitait l'abbé Pellegrin, à qui il n'écrivait jamais. Je le crois fort occupé à Versailles mais fût-il premier ministre, il ne faut pas négliger Pandore.

Tout paraît tendre aujourd'hui à la réconciliation dans le monde, depuis qu'on a chassé les jésuites de quatre royaumes 4. La tolérance vient d'être solennellement établie en Pologne comme en Russie, c'est-à-dire dans environ treize cent mille lieues carrées de pays . Ainsi la Sorbonne n'a raison que dans deux mille cinq cents pieds carrés, qui composent la belle salle où elle donne ses beaux décrets. Certainement le genre humain l'emportera à la fin sur la Sorbonne. Ces cuistres-là n'en ont pas encore pour longtemps dans le ventre. C'est une bénédiction de voir comme le bon sens gagne partout du terrain ; il n'en est pas de même du bon goût, c'est le partage du petit nombre des élus.

Il est arrivé malheur au petit Gallien que vous avez vu à Ferney . M. Hennin a été obligé de le chasser . Je ne crois pas que M. le maréchal de Richelieu le reprenne , ni que je me charge une seconde fois de son éducation 5.

Les perruques de Genève proposent actuellement des accommodements aux tignasses. Ce n'était pas la peine d'appeler à grands frais trois puissances médiatrices, pour ne rien faire de ce qu'elles ont ordonné. M. le duc de Choiseul doit être las de voir des gens qui demandent à Hercule sa massue pour tuer des mouches. Toute cette affaire de Genève est du plus énorme ridicule.

Tout ce qui est à Ferney vous embrasse assurément de tout son cœur.

V. »

1 Pandore, opéra de Voltaire; voyez tome III.

2 Ces vers n'ont point été admis dans la pièce. Ils étaient destinés à la scène 1 de l'acte II.

3 Laborde .

4 Espagne, Portugal,France, Naples.

5Ce paragraphe est omis dans l'édition de Kehl .

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06/08/2023 | Lien permanent

Comment vont vos affaires ? Êtes-vous content ?

... M. François Bayrou ? https://www.20minutes.fr/justice/4074472-20240205-affaire...

Vous avez bien su jouer les Sainte-Nitouche, le bon père de famille, mais vous êtes un innocent aux mains pleines . Tricher, tricher, tricher, empocher, empocher, empocher, maladie des professionnels de la politique de tous les bords y compris ceux du centre ou prétendus tels !

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« A Sébastien Dupont, Avocat

au Conseil Souverain d'Alsace

à Colmar

Au château de Ferney, 20 Juin 1768 1

J’ai compté, mon cher ami, sur votre protection auprès du sieur Rosé, fermier ou régisseur de Riquewihr. Pourriez-vous avoir la bonté de me faire savoir quand et comment il veut me faire toucher au commencement de juillet les sept mille livres qu’il doit me faire compter tous les quartiers ? Il faut que dans cette affaire, où j’ai eu tant de peines, je vous doive toutes les consolations.

Je vous fais mes compliments sur la belle entrée de M de Rochechouart et du parlement d’Aix dans Avignon 2, sur les acclamations du peuple, sur les fleurs dont les filles jonchaient les rues. Jamais sacrilège n’a été plus gai et plus applaudi 3. Mandez-moi, je vous en prie, si madame Dufresnay est encore souveraine des lettres à Strasbourg 4, et si je puis m’adresser à elle pour vous faire tenir un petit paquet. Comment vont vos affaires ? Êtes-vous content ? Je vous embrasse bien fort. »

1 Manuscrit olographe sauf l'adresse,mention « franc » et « Bâle », cachet « Bâle » .

2 En raison des événements déjà évoqués dans la lettre du 11 juin 1768 à Mme Denis . Rochechouart est entré dans Avignon le 11 juin 1768.Voir Voyez le chap. XXXIX du Précis du Siècle de Louis XV. (G.Avenel.) : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_39

3 La formule n'est pas seulement caractéristique de V*, elle l'est aussi de l'attitude de beaucoup de Français à la veille de la Révolution .

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05/02/2024 | Lien permanent

On ne plaint point son argent pour avoir un Opéra-Comique, et on le plaindra pour avoir des aqueducs dignes d'Auguste

... On ne plaint point son argent pour les chaines payantes et les places de stade pour le foot et les footeux millionnaires et on râle pour l'installation d'éoliennes et parcs photovoltaïques  . On a des priorités d'égoïstes imbéciles . On en crèvera .

 

 

« A Antoine Deparcieux

Au château de Ferney, par Genève, le 17 juillet 1767 1

Vous avez dû, monsieur, recevoir des éloges et des remerciements de tous les hommes en place ; vous n'en recevez aujourd'hui que d'un homme bien inutile, mais bien sensible à votre mérite et à vos grandes vues patriotiques 2. Si ma vieillesse et mes maladies m'ont fait renoncer à Paris, mon cœur est toujours votre concitoyen. Je ne boirai plus des eaux de la Seine, ni d'Arcueil, ni de l'Yvette, ni même de l'Hypocrène ; mais je m'intéresserai toujours au grand monument que vous voulez élever. Il est digne des anciens Romains, et malheureusement nous ne sommes pas Romains. Je ne suis point étonné que votre projet soit encouragé par M. de Sartines. Il pense comme Agrippa mais l'Hôtel de Ville de Paris n'est pas le Capitole. On ne plaint point son argent pour avoir un Opéra-Comique, et on le plaindra pour avoir des aqueducs dignes d'Auguste. Je désire passionnément de me tromper. Je voudrais voir la fontaine d'Yvette former un large bassin autour de la statue de Louis XV. Je voudrais que toutes les maisons de Paris eussent de l'eau, comme celles de Londres. Nous venons les derniers en tout. Les Anglais nous ont précédés et instruits en mathématiques, les Italiens en architecture, en peinture, en sculpture, en poésie, en musique; et j'en suis fâché.

J'ai l'honneur d'être, avec l'estime infinie que vous méritez, et avec la reconnaissance d'un concitoyen, monsieur, votre, etc. »

 

1 Édition Épîtres, satires, contes, odes et pièces fugitives, .

2 Antoine Deparcieux, né le 28 octobre 1703, à Cessous, diocèse d'Uzès, associé de l'Académie des sciences depuis 1746, mort le 2 septembre 1768, avait publié des Mémoires sur la possibilité et la facilité d'amener auprès de l'Estrapade à Paris les eaux de la rivière d'Yvette, 1763, in-i". Il a donné un Troisième Mémoire sur le projet d'amener l'Yvette d Paris, 1768, in-12. ( note de édition Garnier )

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Deparcieux_(1703-1768)

et : https://www.ifpass.fr/leblogdesexperts/antoine-deparcieux-pere-de-lactuariat-moderne

Deparcieux, un physiocrate, a envoyé à V* son Second mémoire sur le projet d'amener à Paris la rivière d'Yvette, , ou même un premier exemplaire du Troisième mémoire sur le projet d'amener l'Yvette à Paris, 1768 dont il a lu le texte à l'Académie des sciences en 1767, ou encore les Analyses comparées des eaux de l'Yvette, de Seine, d'Arcueil, de Ville-d'Avray, de Sainte-Reine et de Bristol, imprimées à la suite du second mémoire sur le projet d'amener à Paris la rivière d'Yvette, lu à l'assemblée publique de l'Académie royale des sciences, le mercredi 12 novembre 1766; sur ce dernier ouvrage, voir la Correspondance littéraire, VII, 398 .

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9661863h/texteBrut

et : https://vieux-marcoussis.pagesperso-orange.fr/Chroniques/yvette1.htm

 

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08/02/2023 | Lien permanent

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