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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

le gouvernement a-t-il six millions à dépenser, toutes charges payées ? c’est de quoi je doute fort. Ce serait à ceux qu

... Voltaire doute, à juste titre, et moi aussi . Chose promise : les impôts ne vont pas augmenter , mais comment faire plus avec moins, mon peu de sens arithmétique est bousculé, aurait-on trouvé la pierre philosophale à l'Elysée ? 

Quant aux actionnaires des riches multinationales , je les vois mal renoncer à leurs dividendes présents pour de possibles dividendes d'entreprises utiles pour beaucoup mais risquées . La dette de la nation n'est pas leur principal souci .

Quand mettra-t-on fin au lamentable et criant manque de logements pour les démunis ?

 

 

 

« A Antoine Deparcieux

A Ferney, le 17 Juin 1768.

Je déclare, monsieur, les Parisiens des Welches intraitables et de francs badauds, s’ils n’embrassent pas votre projet 1. Je suis de plus assez mécontent de Louis XIV, qui n’avait qu’à dire Je veux, et qui, au lieu d’ordonner à l’Yvette de couler dans toutes les maisons de Paris, dépensa tant de millions au canal de Maintenon.

Comment les Parisiens ne sont-ils pas un peu piqués d’émulation, quand ils entendent dire que presque toutes les maisons de Londres ont deux sortes d’eau qui servent à tous les usages ? Il y a des bourses très fortes à Paris, mais il y a peu d’âmes fortes. Cette entreprise serait digne du gouvernement ; il taille aux Parisiens leurs morceaux comme à des enfants à qui on ne permet pas de mettre la main au plat . Mais le gouvernement a-t-il six millions à dépenser, toutes charges payées ? c’est de quoi je doute fort. Ce serait à ceux qui ont des milliers de quarante écus de rente à se charger de ce grand ouvrage ; ils y gagneraient encore ; mais l’incertitude du succès les effraie, le travail les rebute, et les filles de l’Opéra l’emportent sur les naïades de l’Yvette . Je voudrais qu’on pût les accorder ensemble ; il est très aisé d’avoir de l’eau et des filles.

Comment M. Bignon 2 le prévôt des marchands, d’une famille chère aux Parisiens, qui aime le bien public, ne fait-il pas les derniers efforts pour faire réussir un projet si utile ? On bénirait sa mémoire. Pour moi, monsieur, qui ne suis qu’un laboureur à quarante écus, et au pied des Alpes, que puis-je faire, sinon de plaindre la ville où je suis né, et conserver pour vous une estime très stérile ? Je vous remercie en qualité de Parisien ; et quand mes compatriotes cesseront d’être welches, je les louerai en mauvaise prose et en mauvais vers tant que je pourrai.

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que vous méritez, etc., serviteur

Voltaire.

Si M. Delalande 3 est à Paris, je vous supplie de vouloir bien lui présenter mes remerciements et mes respects . »

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03/02/2024 | Lien permanent

Cela fait un galimatias absurde

... Pour vous en convaincre, il n'est qu'à voir ou revoir ( si vous êtes masochistes )  le débat du 21 mai au soir, qui confirme qu'il n'y a pas que sur les réseaux sociaux qu'on est bavard , menteur, insultant et fabuleusement  creux : https://www.touteleurope.eu/vie-politique-des-etats-membr...

Têtes de listes ?! Têtes de lard plutôt ! Que nous réserve le débat du premier ministre Attal vs Bardella , ce candidat à qui on fait trop d'honneur de l'affronter : RIEN !! Rien de Rien !! j'en suis persuadé et je ne prends aucun risque en pariant là-dessus . Bardella, vizir qui veut devenir calife ne va pas innover et va simplement critiquer le gouvernement, roi du "moi-je", un "petit péteux" comme dit ma bien-aimée belle-maman . Attal va tenter d'exposer le programme de la majorité et mettre en avant la liste menée péniblement par Valérie Hayer : rude besogne !

Voir : https://www.touteleurope.eu/vie-politique-des-etats-membres/elections-europeennes-2024-comment-voir-le-debat-entre-gabriel-attal-et-jordan-bardella/

Et pendant ce temps-là il y a grève dans le monde de l'audio-visuel (ce qui permet de profiter de l'écoute d'une foule de musiques et chansons qui n'ont habituellement pas voix au chapitre tant le bizness est maître de la programmation ) : https://www.lindependant.fr/2024/05/23/programmes-perturbes-ce-jeudi-a-france-bleu-france-inter-france-info-et-france-tv-en-raison-dune-greve-dans-laudiovisuel-public-pour-protester-contre-un-projet-de-fusion-11968464.php

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« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin

12è novembre 1768 à Ferney 1

Monseigneur,

Je n’ai pas osé vous faire moi-même ces compliments de consolation, qui sont surcroît d’affliction  . Je les ai adressés à M. d’Argental 2, qui veut bien faire valoir mes sentiments auprès de vous, et qui en a pour vous de si tendres. Puissiez-vous jouir très longtemps d’une santé affermie, et de tout ce qui peut contribuer à ce qu’on appelle le bonheur !

Comme je passe les trois quarts de ma vie dans mon lit, je n’ai pu avoir soin de la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV. Il s’y est glissé une faute qui doit vous intéresser plus que personne, puisqu’il s’agit de la paix dont la France vous a l’obligation. On a mis à la page 202 du tome IV une addition qui était destinée pour la paix d’Aix-la-Chapelle . Cela fait un galimatias absurde. Voici le carton qu’on peut très aisément substituer. Je vous demande pardon pour mon libraire. Si M. d’Argental est encore avec vous, souffrez que je prenne la liberté de vous adresser le même carton pour lui, et je vous prie de conserver à l’auteur les bontés dont vous l’avez toujours honoré. Il vous sera attaché jusqu’au dernier moment de sa vie, avec autant de reconnaissance que de respect. 

V.»



1 Original de la main de Wagnière ; édition Cayrol & François .

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23/05/2024 | Lien permanent

Il faut se remuer, se trémousser, agir, parler, et l'emporter... j'ai amélioré la terre ; mais je brûlerai tout si on me

...

 

 

 

« A Charles de BROSSES, baron de Montfalcon
23 mai [1759], aux Délices.
Nouvelles importunités, monsieur. On me persuade que vous pouvez finir cette désagréable affaire du centième denier, qui en entraînerait d'autres. La terre de Tournay est dans un cas si singulier, et a de si étranges privilèges, qu'il ne faut sans doute en perdre aucun. MM. de Faventine et Douet 1 sont les deux fermiers généraux chargés du domaine. Les connaissez-vous, ces Douet et Faventine? Non, vous connaissez Salluste et Horace. Mais il vous est aisé d'avoir accès auprès de ces puissances ; il ne s'agit que d'un délai, d'une surséance de leurs édits. Vous êtes dans Paris, président chez les Bourguignons, beau-frère d'un ex-contrôleur général, si je ne me trompe 2. Il faut se remuer, se trémousser, agir, parler, et l'emporter. J'ai embelli Tournay, j'ai amélioré la terre ; mais je brûlerai tout si on me vole le moindre de mes droits. Je suis Suisse, je n'entends point raison quand on me vexe. J'ai de quoi vivre sans Tournay. Et j'aime mieux y laisser croître des ronces que d'y être persécuté. Heureusement, monsieur, ma cause est la vôtre. Qui empêcherait un jour un intendant qui ne serait pas votre ami de dire, ou à vous ou aux vôtres : La terre a perdu ses droits ; la propriété a passé en des mains étrangères, et si bien passé que le centième denier a été payé ! Vous pouvez très-aisément, monsieur, prévenir ces difficultés en exigeant par vos amis qu'on attende seulement quelques mois la décision de cette affaire. Je vous répète que, par trois lettres de M. le garde des sceaux Chauvelin, au nom du roi, l'exemption du centième denier est comprise dans l'exemption de toutes les charges et impositions quelconques. Je n'ai transigé avec vous qu'à cette condition préalable que je jouirais de toutes les franchises. Vous le savez, vous me les avez garanties par écrit. Je lui garantis les lods et les franchises de l'ancien dénombrement 3. Voilà vos expressions. J'ai votre parole d'honneur que vous soutiendrez vos droits et les miens ; votre intérêt vous y engage. Vous n'avez certainement pas voulu me tromper, et vous ne vous êtes pas trompé vous-même, en stipulant vos privilèges.
Tous les motifs vous déterminent à les maintenir. En un mot, je compte que vous en viendrez à bout. M. de Chauvelin peut aisément engager MM. de Faventine et Douet à se taire.
J'ajouterai, moi qui ne me tais point, que si vous pouviez voir aujourd'hui le château de Tournay, vous verriez que j'en ai fait une terre qu'un jour vous vendrez le double de ce que vous l'auriez vendue. J'ose dire que vous ne devez pas être mécontent de mon aversion mortelle pour tout ce qui est délabrement. Je vous ai mieux servi que vous ne l'espériez, rendez-moi le bon office que j'espère.
Mille respects très-tendres.

 

V.
Je compte sur vos bontés auprès de monsieur l'intendant. »

1  On trouve aussi ce nom sous la forme Drouet .

L'éditeur de la Correspondance inédite note : « Voltaire se trompait . M. de Moras, contrôleur général de 1756à 1757, puis ministre de la marine n'était point le beau-frère de M. de Brosses, mais cousin germain de sa femme . » Exact , François-Marie Peirenc de Moras , mari de Jeanne-Catherine Moreau de Séchelles, n'était pas contrôleur général, il était intendant des finances . Son père Abraham Peirenc, seigneur de Moras, avait épousé Anne-Marie-Joséphine de Fargès, tante de Mme de Brosses .

Ce passage ne figure pas dans les documents qui nous sont parvenus ; selon la lettre à Bussy du 3 juin 1759, il s'agissait d'une clause secrète  . Ces mots ne se trouvent ni dans l'acte du 11 décembre 1758, ni dans la
lettre du 17, qui lui sert de complément. Au reste, la question n'était pas là. Le point était de savoir si, pour un bail à vie, Voltaire devait ou non un demi-droit de mutation, comme pour un achat d'usufruit, ce qui n'avait rien de commun avec l'exemption d'impôt foncier et les autres franchises de la terre de Tournay.
(Note du premier éditeur.)

 

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07/07/2014 | Lien permanent

Le curé était venu l'oindre sur le champ et craignait beaucoup, à ce qu'il m'a dit, que ce ne fut de l'huile perdue parc

 ... Eh oui, il n'y a pas de petites économies dans le bas clergé .

 Personnellement je trouve un côté "cautère sur une jambe de bois" à toutes ces simagrées ; un peu d'huile , si sanctifiée fut-elle, permet-elle de glisser entre les  griffes du vilain Lucifer et de venir lubrifier les portes du paradis ? J'ai comme un doute existentiel , peut-on faire une bonne sauce avec du saint chrême , où est-ce simplement pour accompagner dignement un bon vieux bouillon de onze heures ?

 

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Pour une belle burette, c'est une belle burette !


 

 

« A Pierre-Michel Hennin

[vers le 5 septembre 1758] 1

Je supplie instamment monsieur Hennin de vouloir bien excuser un malade s'il n'a pas l'honneur d'aller le voir et je le supplie de ne pas oublier l'homme du monde qui a été le plus tôt et le plus sensible à son mérite . Je me flatte qu’avant d'aller sur la tombe du pauvre Patu, il n'oubliera pas le squelette des Délices .

V. »

1 Cette lettre fut rangée par Pierre Hennin dans un dossier portant la mention : « premiers jours de septembre 1758 » . elle était accompagnée des vers suivants écrits de la main de V* sur une carte à jouer :

Tendre et pure amitié dont j'ai senti les charmes,

Tu conduisis mes pas dans ces tristes déserts,

Tu posas cette tombe, et tu gravas ces vers

Que mes yeux arrosaient de larmes .

Au dos de cette carte, Hennin écrivit : « Ces vers sont de M. de Voltaire et de sa main . Il les fit pour être mis par M. H, à la fin de l'épitaphe qu'il se proposait d'élever à la mémoire de son ami Patu à St Jean-de-Maurienne. » [lieu du décès de Patu le 20 août 1757 , à son retour d'Italie].

Avec cette carte s'en trouve une autre portant également une note de la main de V*, en italien : « Venezia, il signor Algarotti ./ a Padua la comtesse Wortley Montaigu ./ a Sienna l'abbate Franquini , governatore./ a Firenze alcuni academici mei buoni fratelli ./ a Roma il cardinale Passionei . » Hennin a noté : « Commissions que M. de Voltaire m'a données de sa main à Genève le 4 septembre .

Le 17 septembre Hennin écrira de Turin à V* : « Arrivé à St Jean de Maurienne, je me suis informé de la fin de mon pauvre Patu . Ses hôtes m'ont dit qu'un instant après être descendu de sa voiture il était tombé en faiblesse et s'était endormi insensiblement du sommeil éternel . Le curé était venu l'oindre sur le champ et craignait beaucoup, à ce qu'il m'a dit, que ce ne fut de l'huile perdue parce que le patient ne paraissait pas prendre goût à la cérémonie ./ […] ces bonnes gens […] l'enterrèrent parmi les nobles à la cathédrale . […]

/ J'ai réfléchi , monsieur, sur l'inscription que vous avez eu la bonté de faire […] outre qu'elle ne parle pas de lui, il me semble qu'on ne peut guère traiter un pays de tristes désert à la barbe de ses habitants . Je joins ici celle que je me propose d'y faire graver si vous l'approuvez . [à la fin de la lettre ]/ A la mémoire de Claude Pierre Patu écuyer / avocat au parlement de Paris / né à Paris le [un blanc] octobre 1729 . / Il eut dans un corps faible/un coeur sensible et généreux / un esprit vif et pénétrant . / Il cultiva la littérature et la poésie / et ses premiers succès/ lui présageaient une grande réputation . Estimé en Angleterre/ applaudi à Rome / chéri dans sa patrie / il mourut à St Jean de Maurienne / dans le cours de ses voyages / le 20 août 1757 . / P.M.H. Son compatriote et son ami / après avoir versé des pleurs sur sa tombe, / y a fait graver cette épitaphe/ le 9 septembre 1758. »

 

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20/10/2013 | Lien permanent

quand on m’en parle je nie, et on ne me croit pas.





« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

A Ferney 8è mai 1772

J’ai quelque soupçon que mon héros me boude, et me met en pénitence. Trop de gens me parlent des Lois de Minos ; et Monseigneur le premier gentilhomme de la chambre [les premiers gentilshommes de la chambre étaient chargés à tour de rôle de la Comédie française], monsieur notre doyen [Richelieu, doyen de l’Académie française] peut dire : On ne m’a point confié ce code de Minos, on s’est adressé à d’autres qu’à moi [Richelieu se vexe des rapports de V* avec les d‘Argental ; V*, le 9, après leur avoir reproché d’avoir dit qu’il est l’auteur : « … un certain doyen sera piqué de n’avoir pas été dans la confidence. Il trouvera la pièce scandaleuse… Voyez quel remède vous pouvez apporter à ce mal… Pour moi je n’y sais d’autre emplâtre que de me confier au doyen. Après quoi il me faudra dans l’occasion me confier aussi au chancelier ; car vous frémiriez si je vous disais ce qui est arrivé « . Le 25 mai, à Richelieu, V* dira n’avoir pas eu «  la plus légère correspondance avec M. le duc de Duras… » et « certifiera que M. d’Argental a ignoré très longtemps cette baliverne des Lois de Minos » et « qu’il y a trois ans qu’il n’a écrit à Thiriot »] .

Voici le fait.

Un jeune homme [« le jeune avocat du Roncel », prétendu auteur] et un vieillard passent ensemble quelques semaines à Ferney. Le jeune candidat veut faire une tragédie. Le vieillard lui dit : « Voici comme je m’y prendrais. » La pièce étant brochée : «Tenez, mon ami, vous n’êtes pas riche, faites votre profit de ce rogaton ; vous allez à Lyon, vendez-la à un libraire ; car je ne crois pas qu’elle réussît au théâtre. D’ailleurs nous n’avons plus d’acteurs. » Mon homme la donne à un libraire de Lyon [Rosset]. Le libraire l’adresse au magistrat de la Librairie. Ce magistrat est le procureur général. Ce procureur général voyant qu’il s’agit de Lois, envoie vite la pièce à M. le chancelier qui la retient, et on n’en entend plus parler. Je ne dis mot. Je ne m’en avoue point l’auteur. Je me retire discrètement. Pendant ce temps-là un autre jeune homme que je ne connais point [« le jeune homme » de Thibouville cf. lettre du 19 janvier aux d’Argental] va lire la pièce aux comédiens de Paris. Ceux-ci qui ne s’y connaissent guère la trouvent fort bonne ; ils la reçoivent avec acclamation [V* le dit aussi à Vasselier le 30 mars ; elle ne sera pas jouée à la Comédie française]. Ils la lisent ensuite à M. le duc de Duras et à M. de Chauvelin. Ces messieurs croient deviner que la pièce est de moi [le 9, V* reprochera aux d‘Argental de l‘avoir « calomnié en le faisant passer pour l‘auteur « ]. Ils le disent, et je me tais ; et quand on m’en parle je nie, et on ne me croit pas.

Voilà donc, mon héros, à quel point nous en sommes. [Cinna]

Je suppose que vous êtes toujours à Paris dans votre palais, et non dans votre grenier de Versailles. Je suppose encore que  vos occupations vous permettent de lire une mauvaise pièce ; que vous daignerez vous amuser un moment des radoteries de la Crète et des miennes. En ce cas, vous n’avez qu’à donner vos ordres. Dites-moi comment il faut s’y prendre pour vous envoyer un gros paquet, et dans quel temps il faut s’y prendre ; car Monseigneur le Maréchal a plus d’une affaire, et une plate pièce de théâtre est mal reçue quand elle se présente à propos, et à plus forte raison quand elle vient mal à propos.

Pour moi c’est bien mal à propos que j’achève ma vie loin de celui à qui j’aurais voulu en consacrer tous les moments, et dont la gloire et les bontés me seront chères jusqu’à mon dernier soupir.

V. »

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11/05/2010 | Lien permanent

Il s'agit des usurpations de notre saint-Père le pape

Iconoclaste ? Oh ! non , je n'oserais pas ! quoique ...  

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Et un coup de gueule de 1995, qui est encore d'actualité, tant la papauté est une fonction qui échappe aux lois de l'évolution, comme disait ce savant Darwin ! Pourtant Jean-Paul, tu m'as plu, mais trop de dogme tue la foi . La mienne y compris !

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Plus récent : http://www.deezer.com/listen-3504933 tout aussi ironique, moins mordant , et totalement absent des programmations radio et TV ! Dieu seul sait pourquoi !

 

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

 

9è septembre 1768

 

Mon cher ami, mon cher confrère, il y a tantôt deux mois que je n'ai écrit à personne. J'avais fait un travail forcé qui m'a rendu longtemps malade ; mais en ne vous écrivant point je ne vous ai pas oublié, et je ne vous oublierai jamais.

 

Vous avez eu tout le temps de coiffer Eudoxie [i], et je m'imagine qu'à présent c'est une dame des mieux mises que nous ayons. Pour Pandore, je ne vous en parle point. Notre Orphée [ii] a toujours son procès à soutenir, et son père mourant est à soigner [iii]. Il n'y a pas moyen de faire de la musique dans de telles circonstances. Est-il vrai que celle du Huron [iv] soit charmante ? Elle est d'un petit Liégeois que vous avez peut-être vu à Ferney . J'ai bien peur que l'opéra-comique ne mette un jour au tombeau le grand opéra tragique. Mais relevez donc la vraie tragédie qui est, dit-on, anéantie à Paris . On dit qu'il n'y a pas une seule actrice supportable. Je m'intéresse toujours à ce maudit Paris du bord de mon tombeau.

 

On dit que l'oraison funêbre de notre ami Jean-George [v] est un prodige de ridicule, et pendant qu'il la débitait on lui criait : « Finissez-donc. » C'est un terrible Welche que ce Jean-George ; on dit qu'il est pis que son frère ; les Pompignan ne sont pas heureux. Je n'ai point vu la pièce ; mais on m'en a envoyé de petits morceaux qui sont impayables.

 

J'ai lu une brochure assez curieuse, intitulée Les Droits des hommes et les Usurpations des autres [vi]. Il s'agit des usurpations de notre saint-Père le pape sur la suzeraineté du royaume de Naples, sur Ferrare, sur Castro et Ronciglione, etc., etc. Si vous êtes curieux de la lire, je vous l'enverrai pourvu que vous me donniez une adresse. Adieu mon cher ami, aimez toujours le vieux solitaire, qui vous aimera jusqu'au temps où l'on n'aime personne . »

 

i Tragédie de Chabanon.

ii La Borde qui composait la musique de la Pandore de V*.

iii Le fermier général.

iv La musique composée par Grétry pour Le Huron, opéra-comique de Marmontel, d'après L'ingénu de V*, représenté le 2 août 1768.

v Oraison funèbre de la reine, prononcée par Lefranc de Pompignan le 11 août 1768 et imprimée ; elle contient des protraits satiriques des philosophes.

vi De V*.

 

De tout temps, le pape ne laisse pas indifférent et inspire foi ou dérision ; je limite là mes illustrations musicales fortement orientées, me direz-vous . Eh ! alors ?

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09/09/2010 | Lien permanent

Est-il vrai que La Popelinière a eu l'avantage de mourir cocu ?

Dans la même veine , voir :

http://blog.lesoir.be/ketpaddle/2010/02/08/le-carrosse-de-cocu-du-marquis-de-montespan/

 

 

ou :

 

voldessucocu.jpg

Et puis chantons Le cocu, avec Georges le Grand :

http://www.youtube.com/watch?v=Pl22-LoWDIk&feature=fv...

Et comme je suis partisan d'un monde équilibré, voyons l'avis/la vie de l'amant :

http://www.youtube.com/watch?v=0a6Xt4eeu7E&feature=re...

 

 

 

 

« A Jean-François Marmontel

[à Monsieur de Marmontel

rue Saint Honoré vis-à-vis les Capucins

à Paris]

 

2è mars 1763

 

    M. Radonvilliers, soit i. Mais il faut absolument, mon cher frère, que vous ayez la place suivante ii, et que frère Diderot iii soit ensuite des nôtres . Votre Poétique iv sera une nouvelle clef qui ouvrira toutes les portes . J'ai toujours été fâché qu'un vil coquin comme Fréron vous ait fait abandonner la poésie . N'oubliez pas de peindre, je vous prie , ces misérables Zoïles qui se mêlent de juger ce qu'ils n'entendent point .

 

L'aventure de M. Carpot, et des lettres patentes est délicieuse v et vaut encore mieux, s'il est possible, que le sermon prêché à Pompignan vi. Mme Denis en a bien ri, toute malade qu'elle est depuis un mois .

 

Tout ce qui est à Ferney vous embrasse de tout son cœur .

 

Est-il vrai que La Popelinière a eu l'avantage de mourir cocu vii? »

 

 

i Le jésuite , abbé Claude-François Lizarde de Radonvilliers, n'avait écrit que deux brochures, mais a contribué à l'éducation des enfants de France . Il fut reçu le 26 mars à l'Académie française, successeur de Pierre de Marivaux .

http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academici...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Fran%C3%A7ois_Lizarde...

ii Marmontel fut reçu le 22 décembre 1763 , successeur de Jean-Pierre de Bougainville . http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academici...

http://www.voltaire-integral.com/__La%20Bibliotheque/Tabl...

iii V* avait fait campagne en faveur de Diderot en 1760 ; voir lettres à d'Alembert du 9 juillet 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/07/09/t...

à Mme d'Epinay et à Grimm vers le 10 août 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/10/q...

iv Poétique française, 1763, ouvrage sévèrement attaqué par Fréron, ce qui n'empêchera pas Marmontel d'entrer à l'Académie . http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-88954

v V* raconte cette histoire dans la Lettre de Paris du 20 février 1763 ; M. Carpot, secrétaire du roi, avait rédigé des patentes qui érigeaient en marquisat la terre de Pompignan . Convoqué par le garde des Sceaux, il avait avoué les avoir rédigées d'après les indications de Pompignan . La Lettre se termine par le refrain de l'Hymne : « Et vive le roi et Simon Lefranc / Son favori / Son favori ... »

http://www.voltaire-integral.com/Html/24/57_Paris.html...

vi Discours prononcé dans l'église de Pompignan le jour de sa bénédiction : voir lettre à Mme d'Argental du 9 février 1763 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/09/j...

vii Alexandre-Joseph La Popelinière, mort en 1762, séparé de sa femme depuis plusieurs années :- http://www.memo.fr/Dossier.asp?ID=431

 

 

 

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02/03/2011 | Lien permanent

Il est dur pour un homme de mon âge,...d’être compromis avec de pareils personnages

http://www.dailymotion.com/video/x1v18p_jean-ferrat-cest-beau-la-vie_music

Notre chère France, par la volonté de ses dirigeants a censuré Jean Ferrat .

Certaines vérités , dites, écrites ou chantées font peur à ceux qui craignent pour leur carrière ou veulent que le peuple n'entende qu'un ronron bien pensant. Mai 68 surviendra quand même ...

http://www.dailymotion.com/video/xg9mb_jean-ferrat-tu-aur...

http://www.dailymotion.com/video/x3m9a_jean-ferrat-dingue...

http://www.dailymotion.com/video/xg9ie_jean-ferrat-petite-fille-modele

Et tant d'autres titres qu'il faut réécouter, savourer et garder ce goût pour l'indignation contre l'injustice, pour aussi, délicieusement parler d'amour.

Jean , je t'aime toujours et je pense que Volti t'apprécie.

Ecr[asons] l'Inf[âme] !

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« A René Berryer de Ramenoville

 

A Paris 15 mars 1750

 

              Monsieur,

 

              Je me suis présenté à votre porte pour vous supplier de ne point laisser avilir les gens de lettres en France, et surtout ceux que vous honorez de vos bontés au point qu’il soit permis aux sieurs Fréron et abbé de La Porte d’imprimer tous les quinze jours les personnalités les plus odieuses[f1]  . L’abbé Raynal attaqué comme moi est venu avec moi, Monsieur, pour vous supplier de supprimer ces scandales dont tous les honnêtes gens sont indignés[f2]  . Ayez la bonté, Monsieur, d’en conférer avec M. d’Argenson si vous le jugez nécessaire. Daignez prévenir les querelles violentes qui naitront infailliblement d’une pareille licence. Elle est portée au plus haut point, et pour peu que vous le vouliez  elle cessera. Il est dur pour un homme de mon âge, pour un officier du roi, d’être compromis avec de pareils personnages. Je vous conjure de m’en épargner le désagrément. Je vous aurai deux obligations, celle de mon repos, et celle de rester en France [au lieu d’accepter l’invitation du roi de Prusse]. J’ai l’honneur d’être avec une respectueuse reconnaissance,

             

              Monsieur,

         Votre très humble et très obéissant serviteur,

                   Voltaire. »


 [f1]Dans les Lettres sur quelques écrits de ce temps.

Lettre du 4 août 1749 : « Connaissance des beautés et des défauts de la poésie…, ouvrage singulier où M. de Voltaire est continuellement mis au-dessus de tous les poètes et de tous les écrivains » ;

lettre du 12 janvier 1750 : « Epitre de M. Fréron à M. V*** » ; lettre du 15 janvier 1750 : « Des mensonges imprimés, brochure de M. de Voltaire, et Réfutation du sentiment de M. de Voltaire sur le Testament politique du Cardinal de Richelieu »

 [f2]le 17, V* dissuadera Frédéric de prendre Fréron comme correspondant littéraire à Paris, en remplacement de Baculard d’Arnaud parti en Prusse.

Il se propose dans un premier temps de le faire, puis il recommandera l’abbé Raynal.

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15/03/2010 | Lien permanent

Vous me demanderez pourquoi je me suis chargé de ce procès ; c’est parce que personne ne s’en chargeait, et qu’il m’a pa

... Ami Voltaire tu es bien bon de dire "étaient", c'est plutôt "sont" qui convient .

Je viens de regarder "Les routes de l'impossible", reportage passionnant une fois de plus, et une fois de plus me partageant entre l'admiration et la rage . Admiration des exploits de ces humains qui risquent leur vie pour se nourrir et nourrir leurs familles, rage devant l'abyssale gabegie de leurs gouvernements et souvent l'abominable surexploitation de ces pays par des multinationales infernales (le mot étant encore trop faible) . A ceux qui hurlent "dehors" aux émigrés, je dis , "allez chez eux, bandes de dégonflés", vous n'y tiendriez pas deux jours , spectateurs béats des conneries de Cyril Hanouna et des calembredaines d'Arthur .

Bonnes vacances, et bons gros bouchons dans vos voitures climatisées . Roulez au pas, ne roulez plus, gardez le sourire, ne pensez qu'à vous, plaignez-vous , râlez encore , et si jamais (on peut rêver)  vous êtes encore lucides pensez qu'il y a en ce monde des humains sans vacances qui doivent subir trois jours et trois nuits exposés aux intempéries pour faire 300 km !

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« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

Aux Délices le 3 septembre [1762] 1

Je suis affligé en mon étui, monseigneur ; mes sens me quittent l’un après l’autre, en dépit de Tronchin. La nature est plus forte que lui dans une machine frêle qu’elle mine de tous les côtés. Une fluxion diabolique m’a privé de l’ouïe, et presque de la vue. La famille d’Alexandre s’en est mal trouvée . Je l’ai abandonnée jusqu’à ce que je souffre moins ; mais je n’ai pas abandonné la famille des Calas, qui est aussi malheureuse que celle d’Alexandre. Je prends la liberté d’envoyer à Votre Éminence un petit mémoire assez curieux sur cette cruelle affaire 2; la première partie pourra vous amuser, la seconde pourra vous attendrir et vous indigner. Le conseil enfin est saisi des pièces, et l’on va revoir le jugement de Toulouse. Vous me demanderez pourquoi je me suis chargé de ce procès ; c’est parce que personne ne s’en chargeait, et qu’il m’a paru que les hommes étaient trop indifférents sur les malheurs d’autrui. Si Pierre III n’avait pas été un ivrogne, son aventure serait un beau sujet de tragédie. Deux rivales, une femme près d’être répudiée, une révolution subite ; l’étoffe ne manque pas 3.  L’amour encore a fait assassiner le roi de Portugal  4; et puis qu’on aille dire que nous avons tort de mettre de l’amour dans nos pièces !

En voilà trop pour un sourd presque aveugle. Nous répétons Cassandre. Mademoiselle Corneille ne jouera pas mal Olympie ; mais elle jouera mieux Chimène, comme de raison.

Je vous réitère mes très tendres respects.

V.»

1 Bernis a écrit à V* le 7 août 1762 .

2 Histoire d’Élisabeth Canning . Voir : http://tolosana.univ-toulouse.fr/notice/144379333

3 Le complot est de septembre 1758 ; l'amour y a-t-il joué un rôle ?V* avait-il reçu la lettre que François-Pierre Pictet avait envoyée le 4/15 août 1762, sans doute à l'instigation de Catherine ? Voir page 13 : http://www.archivesfamillepictet.ch/bibliographie/documents/VoltaireetRousseau.pdf

Voir Albert Lortholary : Le Mirage russe en France au XVIIIè siècle, 1931 ; http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1952_num_7_4_2123_t1_0549_0000_2

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29/07/2017 | Lien permanent

Vous êtes mal outillés, je l'avoue, mais allons toujours

... Nous mettre dans cette galère orientale irakienne, ça nous rappellera la piteuse époque où nous, Roumis, ramions sur la Méditerranée sous le fouet des barbaresques , pirates entre les pirates, voleurs sanguinaires . Comble de l'ironie, cette fois on fournit le fouet !

 galere barbaresque.jpg

 

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 30 juin 1759]1

Il faut avouer mon cher ami que l'imprimeur de Socrate 2 est bien allemand . Espérons que Pierre sera mieux traité, le caractère est beau, et avec une grande marge on peut réparer votre réputation . Donnons-y tous nos soins . Le manuscrit est un peu difficile à déchiffrer . Je vous prie très instamment de ne faire tirer aucune feuille sans que j'aie revu la dernière épreuve 3. Comptez que nous avons besoin de la plus grande exactitude .

Il faudra je crois imprimer en demi-feuilles pour la commodité de la révision .

Le graveur en bois peut fournir des vignettes à mesure .

Il faudrait la médaille du csar à la tête de l'avant-propos .

Je soupçonne que vous n'avez point de lettres grises 4. Vous êtes mal outillés, je l'avoue, mais allons toujours .

Je vous embrasse de tout mon cœur .

V. »

1 Datée d'après la date d'impression de l'Histoire de l'empire de Russie, et d'après le fait que V* envoya Socrate à d'Argental le 20 juillet 1759 ( voir lettre du 20 juillet 1759 page 142 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f154.image )

La première partie de l’Histoire de Russie fut imprimée en 1759. Toutefois, la publication n’eut lieu que l’année suivante, car Voltaire attendait le consentement de la cour de Pétersbourg, où son ouvrage fut gardé un an. La seconde partie ne vit le jour qu’en 1763. Cette édition sans mention de lieu a paru a Lyon, chez Bruyset. En 1763 le même editeur publiera un second volume.

2 Ceci semble confirmer l'existence d'une édition de Genève de Socrate ; l'édition de Paris porte comme titre : Socrate , ouvrage dramatique traduit de l'anglais de feu M. Tompson ,par feu M. Fatéma comme on sait ,1759 ; voir page 908 : http://books.google.fr/books?id=aB0TAAAAQAAJ&pg=PA908&lpg=PA908&dqn&source=bl&ots=801mZarBaG&sig=pBLK2w65bB6XjWuknblpJxUtqbU&hl=fr&sa=X&ei=i13rU5nQJKeb0QXdkICICQ&ved=0CCUQ6AEwAA#v=onepage&q=Socrate%20%2C%20ouvrage%20dramatique%20traduit%20de%20l%27anglais%20de%20feu%20M.%20Thompson&f=false

3 Le mot est écrit preuve, par saut du même au même .

4 « Grandes lettres gravées sur bois ou sur cuivre, qui ont des vides de manière à ne pas être tout à fait noires, et dont on se sert au commencement des chapitres » Littré .

 

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13/08/2014 | Lien permanent

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