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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

On sait assez combien tous ces bruits sont faux ; mais, à force d’être répétés, ils deviennent pernicieux. On se résout

... Vrai . Voir : "Rien n'arrête la calomnie" : https://media.blogs.la-croix.com/rien-narrete-la-calomnie...

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https://www.cabinet-zenou.fr/actualites/droit-penal/halte...

 

 

« A Charles Bordes

4 avril [1768]

Mon cher ami l’histoire du bannissement des jésuites de la Chine 1 est une plaisanterie infernale de ce Mathurin Laurent, réfugié à Amsterdam chez Marc-Michel Rey . C’est un drôle qui a quelque esprit, un peu d’érudition, et qui rencontre 2 quelquefois. Il est auteur de la Théologie portative et du Compère Matthieu. J’avais peine à croire qu’il eût fait le Catéchumène 3. Cet ouvrage me paraissait au-dessus de lui . Cependant on assure qu’il en est l’auteur ; ce qu’il y a de triste en France, c’est que des Frérons m’accusent d’avoir part à ces infamies. Je ne connais ni Laurent, ni aucun de ses associés que Marc-Michel Rey fait travailler à tant la feuille. Ils ont l’impudence de faire passer leurs scandaleuses brochures sous mon nom. J’ai vu le Catéchumène annoncé dans trois gazettes, comme étant une de mes productions journalières. On ajoute que  la reine en a demandé justice au roi, et que le roi m’a banni du royaume. On sait assez combien tous ces bruits sont faux ; mais, à force d’être répétés, ils deviennent pernicieux. On se résout aisément à persécuter en effet un homme qui l’est déjà par la voix publique. Je pourrais bien mettre la plume à la main, comme dit Larcher, pour confondre toutes ces calomnies. J’écrirai contre frère Rigolet 4 et contre le Catéchumène. Je dédierai, s’il le faut, l’ouvrage au pape. Est-il possible qu’à mon âge de soixante-quatorze ans on puisse me soupçonner de faire des plaisanteries contre la religion dans laquelle je suis né !

On ne veut pas que je meure en repos. J’espère cependant expirer tranquille, soit au pied des Alpes, soit au pied du Caucase.

Fortem et tenacem propositi virum.5

 Je vous embrasse tendrement.

Voulez-vous bien avoir la bonté de faire mettre à la poste le paquet pour Mgr Turgot le jour que le courrier part pour Limoges en droiture ? La moisson augmente mais l'ivraie du fanatisme est bien épaisse.»

2 On dirait plutôt « rencontrer juste », c'est-à-dire trouver des traits heureux . Effectivement, il en est de tels dans Le Compère Mathieu .

3 Le premier ouvrage est de d’Holbach, le second de du Laurens, et le troisième de Bordes. (G.Avenel.)

On a vu que l'auteur de la Théologie portative est d'Holbach ; que le Catéchumène est d’attribution discutée (voir lettre du 1er mars 1768 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/10/11/je-ne-veux-pas-payer-pour-lui-6465393.html

) ; et enfin que Le Compère Mathieu seul est de Du Laurens que V* appelle(Laurent ( voir lettre du 12 juillet 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/10/04/le-ministere-ne-s-occupe-pas-sans-doute-de-ces-pauvretes-il-6341560.html )

4 Apparemment Jean-Antoine Rigoley de Juvigny qui a défendu Treuvenol (ou Travenol ) contre V* et qui est en butte à l'hostilité des philosophes .

Voir : https://data.bnf.fr/fr/12074114/jean-antoine_rigoley_de_juvigny/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Antoine_Rigoley_de_Juvigny

et : https://www.loc.gov/item/42006751/

Un des interlocuteurs de la Relation du bannissement des jésuites de la Chine. (G.Avenel.)

5 Horace, Odes, III, iii,1, à cela près que l'original porte iustum pour fortem . Traduction : homme fort et ferme en sa résolution.

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28/11/2023 | Lien permanent

les sottises de Paris : elles me paraissent se multiplier tous les jours

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Volti aurait pu être un personnage d'Hergé à l'égal du disciple de Confucius :"il faut trouver la voie", "si vous ne trouvez pas la voie, je vous coupe la tête" ! Louis XVI et quelques milliers d'autres n'ont pas su trouver la voie, bains de sang offerts au peuple effrayé donc en colère. Très effrayé donc meurtrier.

Volti a l'art et la manière de proposer la destruction des entêtés religieux :"quand on étranglerait deux ou trois jésuites, avec les boyaux de deux ou trois jansénistes, le monde s’en trouverait-il plus mal ?" Présenté comme ça, on trouverait presque que c'est normal ; non? Mais il est vrai que forcer le trait est parfois nécessaire . Humour, toujours l'humour ! il va jusqu'à prêter des motifs de réjouissance aux calvinistes genevois. J'appelle ça du billard à trois bandes ! Beau coup (de queue, pour les praticants )!

 

 

« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d’Esclavelles d’Épinay

 

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                            Je ne vous ai point encore remerciée, ma belle philosophe, de votre jolie lettre, et de votre pierre philosophale ; car c’est la vraie pierre philosophale que la multiplication du blé, dont vous m’avez envoyé le secret [à la demande de V*, par l’entremise de Mme d’Epinay, M. d’Epinay, fermier général est intervenu pour aider V* à récupérer un chargement de blé saisi par des commis de Saconnex et empêchaient la libre circulation de son blé]; j’irai présenter la première gerbe devant votre portrait, au temple d’Esculape [= Théodore Tronchin qui possède un portrait de Mme d’Epinay par Liotard] à Genève ; ce portrait sera mon tableau d’autel ; j’en fais bien plus de cas que de l’image de mon ami Confucius ; ce Confucius est, à la vérité, un très bon homme, ami de la raison, ennemi de l’enthousiasme, respirant la douceur et la paix, et ne mêlant point le mensonge avec la vérité ; mais vous avez tout cela comme lui, et vous possédez de plus deux grands yeux, très préférables à ses yeux de chat et à sa barbe en pointe .

 

 

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                            Confucius est un bavard qui dit toujours la même chose, et vous êtes pleine d’imagination et de grâce .Vous êtes probablement , Madame, aujourd’hui dans votre belle terre [La Chevrette], où vous faites les délices de ceux qui ont l’honneur de vivre avec vous, et où vous ne voyez point les sottises de Paris ; elles me paraissent se multiplier tous les jours ; on m’a parlé d’une comédie contre les philosophes [Les philosophes, de Palissot, 2 mai 1760] dans laquelle Préville doit représenter Jean-Jacques marchant à quatre pattes . Il est vrai que Jean-Jacques a un peu mérité ces coups d’étrivières par sa bizarrerie, par son affectation de s’emparer du tonneau et des haillons de Diogène, et encore plus par son ingratitude envers la plus aimable des bienfaitrices ; mais il ne faut pas accoutumer les singes d’Aristophane à rendre les singes de Socrate méprisables [allusion aux « Nuées » d’Aristophane qui raillaient Socrate], et à préparer de loin la ciguë que Me Joly de Fleury voudrait faire broyer pour eux, par les mains de Me Abraham Chaumeix [Joly de Fleury (réquisitoire) et Chaumeix (mémoire) ont fait condamner l’Encyclopédie par le parlement en janvier-février 1759].

 

                            On dit que Diderot, dont le caractère et la science méritent tant d’égards, est violemment attaqué dans cette farce. La petite coterie dévote de Versailles la trouve admirable [d’Alembert écrira :  « Les protecteurs femelles (déclarés) de cette pièce sont Mmes de Villeroy, de Robecq, et du deffand votre amie…. En hommes il n’y a …que … Fréron elle ne peut avoir été jouée sans protecteurs puissants… »] ; tous les honnêtes gens de Paris devraient se réunir au moins pour la siffler ; mais les honnêtes gens sont bien peu honnêtes ; ils voient tranquillement assassiner les gens qu’ils estiment ; et en disent seulement leur avis à souper ; les philosophes sont dispersés et désunis, tandis que les fanatiques forment des escadrons et des bataillons.

 

                            Les serpents appelés jésuites, et les tigres appelés convulsionnaires, se réunissent tous contre la raison, et ne se battent que pour partager entre eux ses dépouilles. Il n’y a pas jusqu’au sieur Lefranc de Pompignan, qui n’ait l’insolence de faire l’apôtre [dans son discours d’entrée à l’Académie française le 10 mars 1760], après avoir fait le Pradon [Pradon avec Racine sont identiques à V* avec Lefranc : V* a écrit « Alzire » et Lefranc « Zoraïde » en même temps, on se demande laquelle a inspiré l’autre ].

 

                            Vous m’avouerez, ma belle philosophe, que voilà bien des raisons pour aimer la retraite. Nos frères du bord du lac ont reçu une douce consolation, par les nouvelles qui sont venues de la bataille donnée au Paraguay entre les troupes du roi de Portugal, et celles des révérends pères jésuites [depuis mai 1758, les jésuites refusaient de cesser leurs commerces]. On parle de sept jésuites prisonniers de guerre, et de cinq tués dans le combat, cela fait douze martyrs, de compte fait. Je souhaite pour l’honneur de la sainte Église que la chose soit véritable. Je me crois né très humain, mais quand on étranglerait deux ou trois jésuites, avec les boyaux de deux ou trois jansénistes, le monde s’en trouverait-il plus mal ?

 

                            Je ne vous écris point de ma main, ma belle philosophe, parce que Dieu m’afflige de quelques indispositions dans ma machine corporelle. Je ne suis précisément pas mort comme on l’a dit, mais je ne me porte pas trop bien [le 14 avril, on parlait déjà de lui trouver un successeur à l’Académie]. Comment aurais-je le front d’avoir de la santé quand Esculape a la goutte ?

 

                            Adieu, ma belle philosophe, vous êtes adorée aux Délices, vous êtes adorée à Paris, vous êtes adorée présente et absente. Mes hommages à tout ce qui vous appartient, à tout ce qui vous entoure.

 

                            Voltaire

                            25 avril 1760. »

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25/04/2009 | Lien permanent

liberté de présenter quelques fruits de son jardin

... Liberté surveillée : https://www.legalstart.fr/fiches-pratiques/commerces-alim...

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Le patriarche n'en avait sans doute pas tant dans ses douze "tribus d'Israël" : https://visite.chateau-ferney-voltaire.fr/Les-parcours/La...

 

 

« A François de Caire

Ingénieur en chef etc.

à Saint-Loup 1

Le pauvre malade de Ferney prend la liberté de présenter quelques fruits de son jardin à monsieur et madame de Caire, et deux bouteilles de vin de Tokay ; il ne les envoie que parce qu'il n'est pas en état de les venir présenter lui-même . Il leur présente son respect .

1er septembre 1768 à Ferney. »

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20/03/2024 | Lien permanent

II y a malheureusement plus de soldats que de laboureurs. Chaque puissance a beaucoup perdu, sans qu'aucune ait réelleme

... Ceci me semble tout à fait s'appliquer à Israël et la Palestine, hier et encore aujourd'hui . 

Faut-il que les Israeliens soient complètement insensés, obnubilés par l'appat du gain pour oser encore, en dépit de toute logique, lancer des programmes de construction en revendiquant des terres "attribuées par Dieu" . Je demande à voir l'acte de cession signé par les parties, donateur : Dieu, et receveur : Moïse, Abraham, ou autre éleveur de chèvres ancêtre d'un peuple qui a perdu les pédales . Je suis constamment écoeuré quand je constate des actes injustes perpétrés sous couvert de religion , bandes de cinglés avides que vous êtes .

M. Uri Ariel, -vous qui réunissez un canton suisse allemand et une marque de lessive-, religieux extrêmiste à qui on a malheureusement donné une parcelle de pouvoir, je vous donne rendez-vous aux murs des lamentations que vous érigez . Fauteur de trouble, soyez banni , retournez à votre médiocrité .

 

 

 

« A Madame Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA

A Lausanne, 28 avril [1758]

Madame, quoique les bords du lac de Genève soient très beaux, on ne laisse pas d'y être malade; et c'est ce qui sauve souvent à Votre Altesse sérénissime des lettres importunes de ma part. Dieu a bien fait, madame, de me rendre malade sans quoi elle aurait plus de mes lettres qu'elle n'a eu chez elle de housards. On me flatte qu'elle est délivrée aujourd'hui de ces hôtes dangereux, et que les dindons de ses sujets sont en sûreté. J'ignore assez ce qui se passe dans le monde, mais il se pourrait faire que les visites des armées auraient beaucoup coûté à Vos Altesses sérénissimes. L’État de Berne a fort souvent de l'argent à placer; si elle en avait besoin pour quelques arrangements, et qu'elle voulût, dans l'occasion, m'honorer de ses commandements, je tâcherais de la servir d'une manière dont elle ne serait pas mécontente. Mais je présume que, malgré les irruptions que son pays a essuyées, la sagesse de son gouvernement la met à l'abri des ressources que le gouvernement de France est toujours obligé de chercher. Je ne cesse d'être étonné, madame, que le roi de France, qui n'est qu'auxiliaire dans cette guerre, et dont les troupes ont dû vivre si longtemps aux dépens d'autrui, ait pourtant emprunté trois cents millions depuis deux ans, tandis que le roi de Prusse, qui a soutenu les efforts de la moitié de l'Europe depuis le même temps, n'a pas mis un sou d'impôt sur ses sujets 1. Tout ce qui s'est passé doit être compté parmi les prodiges. Gustave-Adolphe fit des choses moins extraordinaires. Puissent ces grands événements être suivis d'une heureuse paix, dont il parait que tout le monde a grand besoin ! II y a malheureusement plus de soldats que de laboureurs. Chaque puissance a beaucoup perdu, sans qu'aucune ait réellement gagné, et il ne résultera de toutes ces vicissitudes que du sang répandu et des villes ruinées.

Le roi de Prusse m'écrivit, il y a un mois 2, qu'il était en Silésie, dans un couvent avec l'abbé de Prades'. Je ne sais où il est à présent mais moi, madame, je voudrais être à vos pieds et à ceux de votre auguste famille.

L'ermite suisse V. »

1 V* affecte de décrire ceci comme un prodige alors qu'il sait très bien que l'armée prussienne était depuis l'époque de Frédéric-Guillaume, père de Frédéric II, placée sur un pied de guerre quasi permanent .

2 Le 8 avril 1758, Frédéric II envoyait à Wilhelmine une lettre pour V*, écrite depuis le monastère de Grüssau dont il avait fait son quartier général entre le 20 mars et le 18 avril 1758 :

« J'ai reçu votre lettre de Lausanne, du 22. En vérité, tous les panégyriques que l'on prononce pendant la vie des princes me paraissent aussi suspects que les ex-voto offerts à des images qui cessent de faire des miracles; et, après tout, qui sont ceux qui apprécient la réputation ? Souvent les fautes de nos adversaires font tout notre mérite. J'ignore s'il y a un Turretin prisonnier à Berlin. Si cela est, il peut retourner à sa patrie sans que l'État coure le moindre risque. On dit que vous faites jouer la comédie aux Suisses il ne vous manque que de faire danser les Hollandais. Si vous vouliez faire un Akakia, vous auriez bonne matière en recueillant les sottises qui se font dans notre bonne Europe. Les gens méritent d'être fessés, et non pas mon pauvre président, qui pourrait avoir fait un livre sans beaucoup l'examiner; mais ce livre n'a fait ni ne fera jamais dans le monde le mal que font les sottises héroïques des politiques. S'il vous reste encore une dent, employez-la à les mordre: c'est bien employé. Les mauvais vers pleuvent ici; mais vos grandes affaires de votre comédie sont trop respectables pour que je veuille vous distraire par ces balivernes. Adieu. Je suis ici dans un couvent3 où l'abbé dira des messes pour vous, pour votre âme, et pour vos comédiens. »

 

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11/08/2013 | Lien permanent

Nous sommes tous devenus ici poètes et musiciens sans pourtant être devenus bizarres.

Amis du rock, n'oubliez pas Eddie Cochran dans vos prières !

http://www.youtube.com/watch?v=CJn984u4hos

 

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Pourquoi lui ?

Pourquoi ici et maintenant ?

Parce qu'en ce moment je retrouve des émois dignes de mes jeunes années !

Ce morceau, je suis encore capable de l'écouter ne boucle , ça déménage et j'aime ça .

 Je ne sais toujours pas danser le rock 'n roll (quoique, si on se réfère à l'origine de ce terme, dans ce sens là, je sais le faire ! Allez vous renseigner seuls, je ne veux pas d'ennuis avec la censure !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ici , notre "ministre des niaiseries" fait un rapport de ce qui l'occupa une partie de sa vie : amuser, s'amuser, se moquer , courtiser .

Se moquer, oui mais notre roturier va sentir le poids de la vengeance d'un noble ( Rohan-Chabot) , ou plutôt d'un ig-noble : six mois après, environ, il part en exil pour deux ans et demi en Angleterre et s'y adaptera remarquablement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Marie-Anne de Bourbon, appelée Mademoiselle de Clermont

 

 

                            Les citoyens de Bélébat [château mis à la disposition de Mme de Prie, favorite du duc de Bourbon, près de Fontainebleau] ne peuvent vous rendre compte que de leurs divertissements et de leurs fêtes. Ils n’ont d’affaires que celles de leurs plaisirs, bien différents en cela de monsieur votre frère ainé [Louis-Henri de Bourbon , premier ministre] qui ne travaille tout le jour que pour le bonheur des autres. Nous sommes tous devenus ici poètes et musiciens sans pourtant être devenus bizarres. Nous avons ici de fondation un grand homme qui excelle en ces deux genres : c’est le curé du village de Courdimanche. Ce bonhomme a la tête tournée de vers et de musique, et on le prendrait volontiers pour l’aumônier du cocher de M. de Vertamon [Le « cocher de M. de Vertamon » = Estienne, compositeur de chansons populaires .] . Nous le couronnâmes hier poète en cérémonie dans le château de Bélébat. Et nous nous flattons que le bruit de cette fête magnifique excitera partout l’émulation et ranimera les beaux arts en France.

 

                            On avait illuminé la grande salle de Bélébat au bout de laquelle on avait dressé un trône sur une table de lansquenet, au-dessus du trône pendait à une ficelle imperceptible une grande couronne de laurier où était enfermée une petite lanterne allumée qui donnait à la couronne un éclat singulier. M. le comte de Clermont et tous les citoyens de Bélébat étaient rangés sur des tabourets, ils avaient tous des branches de laurier à la main, de belles moustaches faites avec du charbon, un bonnet de papier sur la tête fait en forme de pain de sucre et sur chaque bonnet on lisait en grosses lettres le nom des plus grands poètes de l’Antiquité. Ceux qui faisaient les fonctions de grands-maitres des cérémonies avaient une couronne de laurier sur la tête, un bâton à la main et étaient décorés d’un tapis vert qui leur servait de mante.

 

                            Tout était disposé et le curé étant arrivé dans une calèche à six chevaux qu’on avait envoyée au-devant de lui, il fut conduit à son trône ; dès qu’il fut assis l’orateur lui prononça à genoux une harangue dans le style de l’Académie, pleine de louanges, d’antithèses et de mots nouveaux. Le curé reçut tous ces éloges avec l’air d’un homme qui sent bien qu’il en mérite d’avantage, car tout le monde n’est pas de l’humeur de notre reine qui hait les louanges autant qu’elle les mérite. Après la harangue, on exécuta le concert dont on vous envoie les paroles, les chœurs allèrent à merveille et la cérémonie finit par une grande pièce de vers pompeux à laquelle ni les assistants ni le curé ni l’auteur n’entendirent rien. Il faudrait avoir été témoin de cette fête pour en bien sentir l’agrément. Les projets et les préparatifs de ces divertissements sont toujours agréables, l’exécution rarement bonne, et le récit souvent ennuyeux.

 

Ainsi dans les plaisirs d’une vie innocente

Nous attendons [tous] l’heureux jour

Où nous reverrons le séjour

De cette reine aimable et bienfaisante

L’objet de nos respects, l’objet de notre amour

Le plaisir de vivre à sa cour

Vaut la fête la plus brillante.

 

                            Le curé de Courdimanche parut élevé sur un trône dressé sur une table de pharaon qui servait d’estrade, tous les habitants de Courdimanche vinrent en cérémonie le haranguer. M. …[sur la copie on indique dans la marge qu’il s’agit du président Hénault] portait la parole, la harangue finie la cérémonie commença ainsi. [la copie conservée à la B.N. donne à la suite de la lettre le texte du divertissement proprement dit – ballet intitulé La Fête à Bélébat – dont V* composa certainement quelques couplets, et qui figure dans se Œuvres. »]

 

 

                            Voltaire

                            Octobre – novembre 1725. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme je ne touche plus terre depuis quelques jours, je suppose que les paysans font encore la grève du lait (un de mes cousins, concerné par le problème, a des vaches conciliantes qui font solidairement la grève : en termes techniques elles sont "agouttées", en attendant qu'elles vêlent ) : je leur dédie ceci (aux vaches d'abord, à leurs propriétaires ensuite ) :

Milk cow blues : http://www.youtube.com/watch?v=WKxG-6qmW6U&NR=1

Avec ça, on aura directement beurre et yaourts si ces braves bêtes arrivent à suivre le rythme.

 

S'ils manquent de monde à leurs manif qu'ils chantent : C'mon everybody !

http://www.youtube.com/watch?v=lyU5bsfRdpE&feature=re...

les CRS ne pourront pas sévir, ils rejoindront les rangs des manifestants, j'en suis sûr !

 

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ils sacrifient le genre humain à un seul homme

Vous avez peut-être remarqué que mes notes ne sont pas quotidiennes ! Pourquoi donc ceci-celà ? Flemmardise ? Non! Manque d'inspiration ? Non !! Manque de liaison Web ? Yes !! Aujourd'hui, fidèle à la RSR 1 (radio suisse romande) j'ai ouï une déclaration de ce gourou -coucou- de Séguéla (j'ai corrigé "Slégela" !) prenant la défense de Sarko qui  arborait des montres à épater les minettes dans sa période bling-bling :"si à 50 ans on n'a pas une Rolex, c'est qu'on n'a pas réussi sa vie" !Eh bien moi, Monsieur,  à 19 ans j'avais déjà un Solex !Et ça m'était bien plus utile pour aller à la fac qu'une Rolex qui pesait à ctte époque autant qu'un âne mort (un âne au bras ou un(e) bardot, c'est tout comme pour faire de l'épate ).

J'ai aussi une pensée émue (sniff!) pour les habitants de Guadeloupe, Martinique et Réunion  qui sont en grève, manifestent contre la vie chère ! Je suis seulement ébahi qu'on s'en soit aperçu . De très mauvaises langues, dont la mienne, disent que vu le travail qu'ils font en temps ordinaire, ne rien faire laisse voir une maigre différence ! Advienne que pourra, mais comme dit JJ : "si tu veux têter, il faut pleurer !"

 

 

          Ci-dessous, en voici un qui savait défendre son ouvrage en vérité, lui qui excellait dans l'art de la dissimulation pour la bonne cause, -cela va sans dire !.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Marie-Louise Denis, rue Traversière, près de la fontaine Richelieu à Paris

 

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                            Je suis encore obligé, ma chère nièce, de vous importuner au sujet de ces impertinentes éditions d’une Histoire prétendue universelle qu’on a osé mettre sous mon nom. Mon indignation redouble tous les jours. Un des plus savants hommes de l’Europe, M. Vernet, professeur d’histoire à, Genève, que je vis il y a douze    ans à Paris chez le cardinal de Polignac, et qui a conservé une copie du commencement de mon véritable ouvrage, me mande qu’il a vu avec horreur combien il est défiguré. L’insolent éditeur de Hollande [ Néaulme ] a mis dans l’introduction ces paroles : Les historiens, semblables en cela aux rois, sacrifient le genre humain à un seul homme ; et il y a dans mon manuscrit : Les historiens imitent en cela quelques tyrans dont ils parlent ; ils sacrifient le genre humain à un seul homme. Il y a cent passages aussi indignement falsifiés ; vous en avez la preuve dans le manuscrit qui est dans ma maison. Je ne puis trop répéter que je vous conjure de montrer ces différences essentielles à M. de Malesherbes. Tout le monde me doit la justice de concourir avec moi pour condamner l’insolence avec laquelle un éditeur de Hollande m’a imputé ses propres sottises, et pour me justifier dans l’esprit des honnêtes gens. J’écrivis il y a six semaines  à M. de Malesherbes ces propres paroles : si M. de Malesherbes veut ajouter à ses bontés celle d’empêcher que cette partie de l’Histoire universelle imprimée en Hollande, n’entre en France, je lui aurai une nouvelle obligation.

 

                            Je vous écrivis trois lettres consécutives pour vous prier d’exiger cette grâce de M. de Malesherbes [en décembre 1753, le 11 déjà ]; vous étiez malade alors ; et ce fripon de libraire hollandais faisait déjà débiter son impertinent ouvrage à Paris où il l’avait apporté lui-même dans des ballots de toile. M. de Malesherbes ne put donc malgré ses soins empêcher que la France ainsi que l’Europe ne fut inondée de ce livre que j’ai condamné si hautement [ le 5 janvier, édition Duchesne, et le 17 il y a cinq éditions connues de Voltaire : France, Hollande, Genève, Leipzig ; il enverra des errata à Lambert et à Walther ] ; mais assurément sa probité courageuse doit l’engager à faire parvenir au roi mon innocence . On est bien fort quand on demande justice, et surtout quand cette justice se borne à faire reconnaître seulement la vérité. Je vous prie donc avec la plus vive instance de montrer cette lettre à M. de Malesherbes ; il peut parler fortement à M. le chancelier son père ; il peut parler à Mme de Pompadour. Ce n’est point ici une affaire qui demande des démarches délicates et des négociations ; il s’agit uniquement de dire la vérité, et de s’en tenir là. C’est ce que j’attends de votre amitié, et ce que je ne cesserai de vous demander. Je vous embrasse tendrement et je vous prie de m’écrire en droiture.

 

                            Je suis trop malade pour vous écrire de ma main.

 

 

                   Voltaire

                   Seconde lettre du 17 février 1754. »

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17/02/2009 | Lien permanent

je les ai fort assurés que j'avais trouvé le pupitre, qu'il ne restait plus qu'à trouver le traité à signer dessus

...

table à la tronchin.jpg

 Table "à la Tronchin"

http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odore_Tronchin

 

 

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

[30 novembre 1759]1

[Transmettant une lettre de Frédéric II 2, V* se compare lui-même au bureau sur lequel il souhaite que fût signé le traité de paix]"

1 L'existence de cette lettre est connue par ce qu'en dit V* lui-même en début de sa lettre du 30 novembre 1759 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/30/on-dit-qu-une-nouvelle-scene-de-finances-va-egayer-la-nation.html

Et aussi par les premiers mots de la lettre du 20 décembre 1759 de Choiseul : « Je réponds mon cher ermite à vos lettres du 30 novembre , une autre sans date, à celles des 3 décembre et 15 décembre . » Choiseul continue : « J'aime mieux votre lettre du 30 novembre que toutes celles de Luc et même que les exploits des différentes parties belligérantes ; vous avez un esprit charmant . J'ai montré cette lettre au roi et à sa société ; je les ai fort assurés que j'avais trouvé le pupitre, qu'il ne restait plus qu'à trouver le traité à signer dessus une base aussi agréable . » Plus loin , Choiseul rejette comme inadmissible la demande de restitution de la Lorraine présentée par Frédéric .Voir le nota bene de la lettre du 19 novembre 1759 de Frédéric , ci-dessous .

 

2 Lettre du 19 novembre 1759 de Frédéric : « DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Wilsdruf, 19 novembre 1759.
Je viens de recevoir la lettre du rat ou de l'aspic, du 6 novembre, sur le point de finir la campagne. Les Autrichiens s'en vont en Bohême, où je leur ai fait brûler, par représailles des incendies qu'ils ont causés dans mes pays, deux grands magasins. Je rends la retraite du benoît héros aussi difficile que possible, et j'espère qu'il essuiera quelques mauvaises aventures entre ci et quelques jours. Vous apprendrez par la déclaration de la Haye si le roi d'Angleterre et moi nous sommes pacifiques. Cette démarche éclatante ouvrira les yeux au public, et fera distinguer les boute-feux de l'Europe de ceux qui aiment l'humanité, la tranquillité et la paix. La porte est ouverte, peut venir au parloir qui voudra. La France est maîtresse de s'expliquer.
C'est aux Français qui sont naturellement éloquents à parler, à nous à les écouter avec admiration, et à leur répondre dans un mauvais baragouin, le mieux que nous pourrons. Il s'agit de la sincérité que chacun apportera dans la négociation. Je suis persuadé que l'on pourra trouver des tempéraments pour s'accommoder. L'Angleterre a à la tête de ses affaires un ministre modéré et sage. Il faut de tous les côtés bannir les projets extravagants, et consulter la raison plutôt que l'imagination. Pour moi, je me conforme à l'exemple du doux Sauveur qui, lorsqu'il alla la première fois au temple, se contenta d'écouter les pharisiens et les scribes. Ne pensez pas que les Anglais me confient tous leurs secrets; ils ne sont point pressés de s'accommoder; leur commerce ne souffre point, leurs affaires prospèrent, et l'État ne manque ni de ressources ni de crédit. Je fais une guerre plus dure qu'eux par la multitude d'ennemis qui m'attaquent, et dont le fardeau est accablant.
Cependant je répondrai toujours bien de la fin de la campagne; il est impossible d'en faire autant pour tous les événements. Je suis sur le point de m'accommoder avec les Russes ; ainsi il ne me restera que la reine d'Hongrie, les malandrins du Saint-Empire, et les brigands de Laponie, pour l'année qui vient. Notre démarche nous a été dictée par le cœur, par un sentiment d'humanité qui voudrait tarir ces torrents de sang qui inondent presque toute notre sphère, qui voudrait mettre fin aux massacres, aux barbaries, aux incendies, et à toutes les abominations commises par des hommes que la malheureuse habitude de se baigner dans le sang rend de jour en jour plus féroces. Pour peu que cette guerre continue, notre Europe retombera dans les ténèbres de l'ignorance, et nos contemporains deviendront semblables à des bêtes farouches. Il est temps de mettre fin à ces horreurs. Tous ces désastres sont une suite de l'ambition de l'Autriche et de la France.
Qu'ils prescrivent des bornes à leurs vastes projets ; que si ce n'est la raison, que l'épuisement de leurs finances et le mauvais état de leurs affaires les rendent sages, et que la rougeur leur monte au front en apprenant que le ciel, qui a soutenu les faibles contre l'effort des puissants, a accordé à ces premiers assez de modération pour ne point abuser de leur fortune et pour leur offrir la paix. Voilà tout ce qu'un pauvre lion, fatigué, harassé, égratigné, mordu, boiteux et fêlé, vous peut dire. J'ai encore bien des affaires, et je ne pourrai vous écrire à tête reposée qu'après être arrivé à Dresde. Le projet de faire la paix est celui de rendre raisonnables des hommes accoutumés à être absolus, et qui ont des volontés obstinées. Réussissez; je vous féliciterai de vos succès, et je m'en féliciterai davantage. Adieu au rat qui fait de si beaux rêves qu'on les prendrait pour des inspirations; qu'il jouisse, dans son trou, du repos, de la tranquillité, de la paix qu'il possède, et que nous désirons. Ainsi soit-il.
FÉDÉRIC.
N. B. Vous savez que les interprètes et les commentateurs de l'Écriture ont des opinions différentes sur le sens des passages. Suivant le révérend père Dionysius-Hortella, il faut, lorsque César est roi des Juifs, et bien juif lui-même, et lorsqu'il est duc de Lorraine, que les Turcs et les Français donnent à César ce qui est à César. Il dit qu'un pareil exemple de restitution encouragerait toutes les petites puissances de l'Europe à l'imiter : qu'en pensez-vous? Ce savant docteur ne raisonne pas si mal. »

 

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05/12/2014 | Lien permanent

, Ce qu’on nous dit dans notre enfance nous fait une impression durable, et j’étais destiné à ne rien oublier de ce qu’o

...Et je n'ai (presque) rien oublié .

Comme tout enfant j'ai été crédule sur tout .

En particulier pour le fait religieux attirant par son côté merveilleux, plus fort encore que le père Noël qui, lui, disparait quand on sait lire et que le catéchisme prend le relais .

Ah ! le pouvoir du prêtre représentant de Dieu et lui causant dans une langue inconnue du vulgum pecus qui se contente de la répéter comme un perroquet .

Oh ! les pénibles messes basses où l'on ne voit que le dos du curé qui bon an mal an doit exécuter plus de trois cents gestes rituels le temps d'un office ! La réforme de Vatican II a allégé le protocole catholique , cependant que l'âge de raison me venait sans intervention divine, et je me passe  fort bien d'elle, j'ai débranché la prise/l'emprise .

 débrancher oa prise.png

 

 

 

 

« A Pierre-Joseph Thoulier d'Olivet

[vers le 10 septembre 1761] 1

Je vous jure, mon cher Cicéron, que le chanoine de Reims a très mal vu. Les princes du sang se sont mis en possession de venir prendre la première place sur les bancs du théâtre, quand il y avait des bancs, et il fallait bien qu’on se levât pour leur faire place ; mais assurément Corneille ne venait pas déranger tout un banc, et faire sortir la personne qui occupait la première place sur ce banc.

S’il arrivait tard, il était debout  s’il arrivait de bonne heure, il était assis ; il se peut faire qu’ayant paru à la représentation de quelqu’une de ses bonnes pièces, on se soit levé pour le regarder, qu’on lui ait battu des mains. Hélas ! à qui cela n’arrive-t-il pas ? Mais qu’il ait eu des distinctions réelles, qu’on lui ait rendu des honneurs marqués, que ces honneurs aient passé en usage pour lui, c’est ce qui n’est ni vrai, ni vraisemblable, ni même possible, attendu la tournure de nos esprits français. Croyez-moi, le pauvre homme était négligé comme tout grand homme doit l’être parmi nous. Il n’avait nulle considération, on se moquait de lui ; il allait à pied, il arrivait crotté de chez son libraire à la comédie ; on siffla ses douze dernières pièces ; à peine trouva-t-il des comédiens qui daignassent les jouer. Oubliez-vous que j’ai été élevé dans la cour du Palais par des personnes qui avaient vu longtemps Corneille ? Ce qu’on nous dit dans notre enfance nous fait une impression durable, et j’étais destiné à ne rien oublier de ce qu’on disait des pauvres poètes mes confrères, mon père avait bu avec Corneille . Il me disait que ce grand homme était le plus ennuyeux mortel qu’il eût jamais vu, et l’homme qui avait la conversation la plus basse. L’histoire du lutin est fort connue, et malheureusement son lutin l’a totalement abandonné dans plus de vingt pièces de théâtre ; cependant on veut des commentaires sur ces ouvrages qui ne devraient jamais avoir vu le jour . À la bonne heure on aura des commentaires ; je ne plains pas mes peines.

Tout ce que je demande à l’Académie, mon cher maître, c’est qu’elle daigne lire mes observations aux assemblées, quand elle n’aura point d’occupations plus pressantes. Je profiterai de ces critiques. Il est important qu’on sache que j’ai eu l’honneur de la consulter, et que j’ai souvent profité de ses avis. C’est là ce qui donnera à mon ouvrage un poids et une autorité qu’il n’aurait jamais si je ne m’en rapportais qu’à mes faibles lumières. Je n’aurais jamais entrepris un ouvrage si épineux, si je n’avais compté sur les instructions de mes confrères.

Venons à ma lettre du 20 août ; elle était pour vous seul ; je la dictai fort vite : mais si vous trouvez qu’elle puisse être de quelque utilité, et qu’elle soit capable de disposer les esprits en faveur de mon entreprise, je vous prie de la donner à frère Thieriot. J’ai peur qu’il n’y ait quelques fautes de langage. On pardonne les négligences, mais non pas les solécismes ; et il s’en glisse toujours quelques-uns quand on dicte rapidement. Je me mets entre vos mains à la suite de Pierre, et je recommande l’un et l’autre à vos bons offices, à vos lumières, et à vos bontés.

Adieu, mon cher maître ; votre vieillesse est bien respectable ; plût à Dieu que la mienne en approchât ! Vous écrivez comme à trente ans. Je sens combien je dois vous estimer et vous aimer.

V.

Le président de Ruffey, qui est chez moi, vous fait ses compliments. »

1 La date est fixée notamment par rapprochement avec la lettre du 14 septembre (voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-... ) au même qui fait référence elle aussi à la « lettre du 20 août » (http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/07/25/490b8d596f02afd3eb06f6b8d6215222-5829833.html)

 

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16/08/2016 | Lien permanent

Ces privilèges sont fondés

... Combien sont-ils, ceux qui font grève pour conserver envers et contre tout les intouchables avantages acquis, privilèges parfaitement infondés, pieusement nommés acquis sociaux pour berner le public qui n'en peut mais . Le choix des privilèges ne manque pas dans notre république soumise au mauvais vouloir de syndicats qui font du clientélisme . La dernière (je veux dire la plus récente) grève annoncée, celle d'Air France, est un modèle du genre écoeurant : money-money-money et peut importe que l'entreprise coule pourvu que l'Etat  paye cette gabegie . 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/08/14/air-franc...

Sans parler de la SNCF qui, pour une fois, n'est pas en retard .

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E-C-O-E-U-R-A-N-T !

 

 

« Voltaire et Marie-Louise Denis à

[destinataire inconnu]

28 auguste 1763

[pas de texte disponible]. 1

1L'original signé, avec la formule autographe, est passé à la vente du « portefeuille de Voltaire » chez Charavay le 12 mars 1855. Cette lettre était certainement en rapport avec la lettre suivante, de même date, signée de Jacob de Budé, Jacques Pictet et Marie-Louise Denis, adressée au roi, et à laquelle V* a certainement mis la main .

« Sire,/ Jacob de Budé, colonel au service de Hollande, Jacques Pictet, colonel au service du roi de Sardaigne, et Marie-Louise Denis, veuve de Nicolas-Charles Denis, capitaine au régiment de Champagne, commissaire ordonnateur des troupes de Votre majesté etc. , demandent très humblement pour toute grâce à Votre Majesté, qu'Elle daigne demeurer juge en son conseil du droit que les suppliants réclament . Ce droit est celui de toutes les terres du pays de Gex, dont les seigneurs ont toujours été en possession des dîmes .

Il s'agit , Sire, d'une terre seigneuriale, nommée Ferney, qui passa de la main des ducs de Savoie à celle des seigneurs de Berne .

Les seigneurs de Berne vendirent cette terre et ses dîmes , en 1542 . Elle tomba ensuite dans la maison de Budé, qui l'a vendue en 1759, à la dame Denis, et Votre Majesté, par un brevet du 18è mai 1759 , a maintenu la dame Denis dans tous les privilèges de cette terre, dont l'acquisition eût pu lui être très onéreuse sans cette grâce .

Ces privilèges sont fondés ,

1° sur le traité de Lausanne en 1564 fait entre les ducs de Savoie et le canton de Berne, sous la médiation du roi Charles IX . Il y est dit , Que les ventes faites subsisteront, quelques choses, et quelques bien qu'elles puissent concerner, sans en rechercher le premier état .

Or les seigneurs de Berne avaient vendu toutes les dîmes à tous les différents seigneurs du pays de Gex, qui demeurèrent sans difficulté en possession de ces dîmes qui avaient appartenu autrefois aux ducs de Savoie .

2° sur le traité de Lyon conclu en 1601, entre Henri le Grand et Charles Emmanuel, duc de Savoie, qui céda le pays de Gex à Henri le Grand . Le 12è article porte, Que pour le regard des ventes et aliénations faites à titre onéreux, Sa Majesté y sera obligée, tout ainsi que le duc y avait été tenu.

3° sur le traité d'alliance conclu à Arau en juin 1658 entre le feu roi et les cantons portant, Que tous les abergements et aliénations faites par la ville et le canton de Berne, des biens ecclésiastiques et autres dans le pays de Gex subsisteraient ; que le roi voulait qu'ils demeurassent en force et vigueur, et que les possesseurs ne fussent au préjudice d'iceux en aucune façon inquiétés ni molestés, conformément aux traités faits en 1564 entre le duc de Savoie, et le dite ville et canton de Berne, par la médiation et ratification du roi Charles IX et de plus entre le roi Henri IV, notre aïeul, et Charles Emmanuel, duc de Savoie, en 1601 .

4° sur les lettres du feu roi au conseil de Genève, l'une du 17è juin 1642, l'autre du 30è mai 1643, portant toutes deux, Que Sa Majesté ne souffrira pas que les causes concernant les dîmes du pays de Gex soient portées ailleurs que devant Elle en son conseil.

5° sur l'arrêt du conseil privé du roi du 12è avril 1657 qui évoque à lui la cause de François Lullin, attaqué pour la possession de ces dîmes, et fait défense au parlement d'en connaître .

6° sur l'arrêt du conseil de 1663, du 16è novembre, confirmatif de tous ceux qui évoquent au conseil toutes les causes concernant les dîmes du pays de Gex.

7° sur l'arrêt du 25è juin 1759 qui évoque à lui la cause instante entre des suppliants Jacob de Budé et Charles Pictet, et par conséquent celle de la dame Denis, contre le sieur Gros , curé de Ferney, lequel possédant dans la paroisse, plus de terres que le seigneur, et y ayant même des fiefs, demande encore les dîmes, transmises aux seigneurs de temps immémorial .

Le dit curé, comblé d'ailleurs de biens par la dame Denis, et sachant que les sieurs de Budé et Pictet étaient dans les pays étrangers, a surpris contre les suppliants, il y a quelques mois, un arrêt du conseil de Sa Majesté, par défaut, lequel renvoie les parties au parlement de Dijon.

Les suppliants représentent très humblement à Sa Majesté qu'Elle est seule juge et interprète de ses traités et de ses grâces .

Que le parlement de Dijon n'en peut juger, puisqu'il ne les connait pas, et qu'il ne juge que sur le droit commun .

Que si les seigneurs de Ferney se soumettent au jugement de Sa Majesté, un curé doit s'y soumettre aussi, et qu'il ne peut décliner sa justice .

Qu'ils demandent à revenir contre l'arrêt obtenu par défaut, arrêt longtemps caché à la dame Denis, et qui ne lui a été signifié qu'au bout de plus de six mois .

Cette surprise est non seulement faite aux suppliants, mais à Sa Majesté même, et à ses ministres, seuls juges de cette affaire, dans laquelle sont intervenus les conseil de Berne, et en dernier lieu la république de Genève, comme parties intéressées . Sa Majesté ayant évoqué le dit procès à son conseil, sur les remontrance du canton de Berne ; et M. le duc de Praslin ayant été supplié par le république de Genève , de maintenir le traité d'Arau en cette partie comme dans tout le reste .

De Budé

Denis

Pictet. »

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24/08/2018 | Lien permanent

On se plaît à analyser tout. Les Français se piquent à présent d’être profonds...Ce qu’ils pourraient faire de plus judi

... communément dénommé Assemblée Nationale . La chasse au perchoir est ouverte, les unions sont périmées, les divorces sont évités pour de pures raisons financières, les adultères sont inévitables : qui restera fidèle cinq ans ?

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

[10 février 1767]

[Recommande d'Etallonde à l'attention du roi .] 1

1 V* signale cette lettre du 10 février à Frédéric II dans sa lettre du même jour à d'Etallonde . Frédéric répondra le 28 février 1767 , ce qui nous donne une idée des sujets abordés par V* : «  Potsdam, 28 février.

Je félicite l’Europe des productions dont vous l’avez enrichie pendant plus de cinquante années, et je souhaite que vous en ajoutiez encore autant que les Fontenelle, les Fleury et les Nestor en ont vécu. Avec vous finit le siècle de Louis XIV. De cette époque si féconde en grands hommes, vous êtes le dernier qui nous reste. Le dégoût des lettres, la satiété des chefs-d’œuvre que l’esprit humain a produits, un esprit de calcul, voilà le goût du temps présent.

Parmi la foule de gens d’esprit dont la France abonde, je ne trouve pas de ces esprits créateurs, de ces vrais génies qui s’annoncent par de grandes beautés, des traits brillants, et des écarts même. On se plaît à analyser tout. Les Français se piquent à présent d’être profonds. Leurs livres semblent faits par de froids raisonneurs, et ces grâces qui leur étaient si naturelles, ils les négligent.

Un des meilleurs ouvrages que j’aie lus de longtemps est ce factum pour les Calas, fait par un avocat[1] dont le nom ne me revient pas. Ce factum est plein de traits de véritable éloquence, et je crois l’auteur digne de marcher sur les traces de Bossuet, etc., non comme théologien, mais comme orateur.

Vous êtes environné d’orateurs qui haranguent à coups de baïonnettes et de cartouches : c’est un voisinage désagréable pour un philosophe qui vit en retraite, plus encore pour les Genevois.

Cela me rappelle le conte du Suisse qui mangeait une omelette au lard un jour maigre, et qui, entendant tonner, s’écria : « Grand Dieu ! voilà bien du bruit pour une omelette au lard[2]. » Les Genevois pourraient faire cette exclamation en s’adressant à Louis XV. La fin de ce blocus ne tournera pas à l’avantage du peuple. Ce qu’ils pourraient faire de plus judicieux serait de céder aux conjonctures, et de s’accommoder. Si l’obstination et l’animosité les en empêchent, leur dernière ressource est l’asile que je leur prépare, et qui se trouve dans un lieu que vous jugez très-bien qui leur sera convenable [3].

Je ne sais quel est le jeune homme dont vous me parlez[4]. Je m’informerai s’il se trouve à Wesel quelqu’un de ce nom. En cas qu’il y soit, votre recommandation ne lui sera pas inutile.

Voici de suite trois jugements bien honteux pour les parlements de France. Les Calas, les Sirven et La Barre devraient ouvrir les yeux au gouvernement, et le porter à la réforme des procédures criminelles ; mais on ne corrige les abus que quand ils sont parvenus à leur comble. Quand ces cours de justice auront fait rouer quelque duc et pair par distraction, les grandes maisons crieront, les courtisans mèneront grand bruit, et les calamités publiques parviendront au trône.

Pendant la guerre, il y avait une contagion à Breslau : on enterrait cent vingt personnes par jour ; une comtesse dit : « Dieu merci, la grande noblesse est épargnée ; ce n’est que le peuple qui meurt. » Voilà l’image de ce que pensent les gens en place, qui se croient pétris de molécules plus précieuses que ce qui fait la composition du peuple qu’ils oppriment. Cela a été ainsi presque de tout temps. L’allure des grandes monarchies est la même. Il n’y a guère que ceux qui ont souffert l’oppression qui la connaissent et la détestent. Ces enfants de la fortune, qu’elle a engourdis dans la prospérité, pensent que les maux du peuple sont exagération, que des injustices sont des méprises ; et pourvu que le premier ressort aille, il importe peu du reste.

Je souhaite, puisque la destinée du monde est d’être mené ainsi, que la guerre s’écarte de votre habitation, et que vous jouissiez paisiblement dans votre retraite d’un repos qui vous est dû, sous les ombrages des lauriers d’Apollon : je souhaite encore que, dans cette douce retraite, vous ayez autant de plaisir que vos ouvrages en ont donné à vos lecteurs. À moins d’être au troisième ciel[5], vous ne sauriez être plus heureux.

Fédéric.

  • Le Mémoire de Sudre ou celui d’Elie de Beaumont, mentionnés dans la note, tome XXIV, page 365, sous les nos ii et iv.

  • Beaucoup d’auteurs, et Voltaire lui-même (voyez tome XXVI, page 498), attribuent ce mot à Desbarreaux.

  • La lettre où Voltaire parle, pour la première fois, à Frédéric du malheureux d’Étallonde de Morival paraît perdue. (B.) — Dominique de Morival, cadet au régiment d’infanterie du général d’Eichmann, n° 48, à Wesel, fut nommé officier le 27 avril 1767.

  • « Au premier ciel. » (Œuvres posthumes, édit. de Berlin.) »

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21/06/2022 | Lien permanent

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